Atelier d'écriture du 24 août 2024
Anne-Marie
« Les chats »
Début de la séance de gym japonaise : mouvements lents, équilibre, étirements. Positions suspendues dans l’espace. Je suis un chat, mon corps s’étire dans un espace-temps infini.
Mistinguett dos rond bondit soudain vive comme l’éclair. La proie que tu as guettée des heures entières, va finir dans ta gueule de carnassier. Je vois la musculature puissante de tes mandibules, appareil à broyer les petits oiseaux et les mulots. J’ai peur.
Ton joli nez rose, ta bouche fine et tes jolies moustaches ne me font pas oublier que tu es le premier petit félin sur terre.
Une passion dans ma vie : les chats. Mistinguett est ma dernière compagne. Ni un bébé, ni une peluche. Elle sait attirer mon attention par ses miaulements sonores et intempestifs. Elle doit posséder un gène de siamois. Bavarde comme une pie, elle cause. D’ailleurs je cherche un cours de langue de chat. Je n’ai pas encore trouvé. Alors comme il ne lui manque pas la parole je communique avec elle approximativement. Elle aussi fait des efforts. J’ai cru percevoir parfois un oui ou un non dans ses conversations.
Dans ma vie j’ai un petit magasin nommé chatterie du refuge augeron. Je m’y rends toutes les semaines et là ils sont tous à moi. Du vieux pépère au chaton minuscule, des petites mamans attentives à leur progéniture. Je leur parle, les brosse, les caresse.
Si l’aventure vous tente ou si vous voulez devenir famille chat me joindre au 07...
Camille
« Contre-addiction »
J’inspire.
J’expire.
Le gang retentit.
Il me transporte dans un temps infini
Sa vibration puissante infuse ma tête,
mon corps, la couleur de mes sentiments
Il fait resplendir le présent.
Il arrête mes pensées
canalise mes émois
A la fois marque un coup d’arrêt
A la fois se dilate en moi
Se répand dans l’espace ce son cristallin
les volumes vides deviennent pleins.
Tandis que je tends l’oreille
mon tonus se détend sans pareil
Le bol chantant s’impose
Et bien qu’il marque une pause
Il sait comment saisir un sursaut de suspens,
Tout en venant s’inscrire dans une temporalité se dilatant
Au retentir je me connecte à mon cœur battant
Tel la résonnance du métal
mon esprit est là tout en s’envolant
Je suis ici mais aussi là-bas
Je suis magie et ancrée dans le réel ici-bas
Mon corps est tranquille
Tandis que déjà mon esprit pétille
Je dégusterais bien encore l’instant
Je me précipiterais bien dans l’élan qui m’éprend
« Destination impro »
Irais-je ou pas ?
Demain ou plus loin ?
Un jour ou troyes ?
Seule ou accompagnée ?
D’un ami commun ou de mon bien-aimé ?
Flottement, sous pression.
Temps livre, sensation qu’il m’appartient celui-là,
arraché aux contraintes, aux obligations professionnelles.
Hier je répétais six fois, pleine de délices dans la voix
Youpi, je suis en vacances.
Rien prévu, rien de programmé.
Si, ce week-end, un couple d’invités
quelques tartes et compotes par l’arrivée des fruits imposées.
En dehors de ces considérations liées à la saison, les pages de ma vie sont pages blanches à colorer de mes envies.
J’hésite, irais-je rejoindre la copine en bord de mer.
Je ne connais pas assez le Cotentin.
Ça serait doux et cocooning un bain de chatons.
Je rendrais visite à mon frère, on randonnerait dans de nouvelles contrées.
A mon retour, dans mes cahiers je les conterai.
La nuit apportera ses réponses.
Selon les récoltes, on verra où en sont les projets culinaires.
Je n’ai rien prévu
Je n’ai rien fixé
Je n’ai rien figé
Ni courses ni menus établis
Restée longuement dans mon lit.
Quand il arriva l’heure
Nous décollâmes tous de bon cœur
Voyage à l’internationale.
Je sors les baguettes magiques
Et nous voilà atterris autour
d’une planche de makis et sashimis.
Dehors, sans discontinuer, la pluie
Résultat nous ne bougerons pas.
Jeux de société enchaînés
Voilà déjà l’heure du dîner
Destination ? On repart en Asie
Rouleaux de printemps
Puis saut dans le Pays d’Auge profond
Pesto à l’ail des ours
Tarte aux mirabelles.
Allez, au dodo, destination mystère
Nos rêves en décideront
Ce matin rebelotte, petit dej’ typique
terroir, torture du réveil
car atelier d’écriture ce matin
mais aussi la chaude odeur des crêpes montant à l’étage, jusqu’aux dormeurs.
Une fois parvenue pas très à l’heure, à notre cercle de poètes disparates,
je voyagerai là où la plume m’envolera.
« Chalpaga »
Chat chinchilla chien
Chacun s’attachant aux siens
Chevaux ânes perruches alpagas
Des petites bêtes nous sommes vite gagas
Une chatte avait trouvé refuge chez nous
Nous avons réussi à la faire adopter
Par une famille câline, généreuse et attentive.
Ils l’avaient baptisée Minette
Nous ne parvenons plus à nous remémorer le prénom dont nous l’avions baptisée, transitoirement. Dans le fond, ces sobriquets respectèrent son identité mystérieuse.
Un autre chat vint déposer en notre nid douillet empli de belles énergies son ultime soupir. Nous lui offrirons sa dernière demeure dans un coin du jardin, des larmes aux yeux.
Je photographie fière de ma collection toutes les petites bêtes, même minuscules, qui traversent mon jardin, sous terre, dans les airs, dans les recoins aquatiques ou cachés dans les feuillages.
Mon amoureux l’autre jour m’annonce une géniale nouvelle. « Regarde » dit-il en me montrant un caca. « Devine qui c’est. » Alors qu’il ajoute « ça va te plaire ». Je devine la présence d’un hérisson. De fait, j’avais par le passé trouvé sur un chantier un de ces spécimens patauds, un peu bruyants, peu discrets. Sur mon porte-bagages, j’avais essayé de l’adopter de force.
Je lui avais prévu des monticules de branches et des recoins caillouteux pour abris ; hélas je ne l’ai jamais revu et je crains qu’il n’ait pas été consentant avec mon initiative quelque peu péremptoire.
En parlant de selles. Je me contente en bonne voisine de récupérer celles des alpagas de mon quartier, accompagnées parfois d’une douzaine d’œufs, puisque les poules et chèvres également se délectent de mes trognons de pommes et légumes trop avancés.