Atelier d'écriture du 7 décembre 2024
Un atelier spécial animé par l'auteur Marcus Malte !
L'occasion de créer de toutes pièces un personnage, et de le mettre en situation...
Jean-Lou
Nom et prénom : Renaud Poulin
Surnom : Poulie
Âge : 32 ans
Taille : 1m50
Poids : 50 kg
Principal trait de caractère : ambitieux
Particularité physique ou psychologique : autiste Asperger
Situation familiale : célibataire
Profession ou activité principale : projectionniste
Domicile (maison, appart...) : appart
Environnement (ville, campagne, bord de mer...) : ville
Moyen de transport : à pied
Passion ou hobby : jeux vidéo
Animal préféré : chauve-souris
Animal détesté : loutre
Plat préféré : kebab
Plat détesté : lasagnes
Couleur préférée : noir
Couleur détestée : jaune
Chiffre porte-bonheur : 19
Objet fétiche : clé de sa maison en or
Qui est sur la photo qu’il garde toujours dans son portefeuille ? Sa mère qui est morte depuis 1 an
Un soir quand je suis sorti du cinéma ou je travaillais j’ai découvert que j’avais perdu les clés de la maison je les ai cherchées dans mon sac à dos que je portais ce soir-là et du coup j’avais vu qu’une chauve-souris noire qui survolait le ciel est passée au-dessus de chez moi. Ça m’a redonné l’espoir de ne pas baisser les mains et de rechercher les clés. Du coup j’ai fait une crise de panique en pensant à ma mère qui est décédée il y a pile un an mais je n’ai pas pleuré car je suis adulte. Donc j’ai pas trouvé les clés que j’avais perdues le matin même puis j’ai refait le chemin en sens inverse quand soudain à un croisement d’une rue, je suis tombé sur une petite clé accrochée à un porte clé en Or. Je me dis c’est normal car on est le 19 du mois. Je la prends dans mes bras et je me rends compte que c’est la clé de ma maison. Donc je me dépêche d’aller essayer si elle rentre dans la serrure de la maison. Et elle rentre dans le barillet puis je pénètre dans ma maison je me déchausse sur le tapis en tissu noir qui est dans le sas d’entrée. J’enlève mon manteau je vais dans le salon pour jouer à Mario Kart mais la foudre tombe sur la télévision puis le soleil se couche sur cette belle ville du nord de la France.
Camille
Nom et prénom : Marlon Dousset
Surnom : Mamadou
Âge : 34 ans
Taille : 1m82
Poids : 72 kg
Principal trait de caractère : solitaire
Particularité physique ou psychologique : insomniaque
Situation familiale : célibataire
Profession ou activité principale : veilleur de nuit
Domicile (maison, appart...) : studio en centre-ville
Environnement (ville, campagne, bord de mer...) : petite ville côtière
Moyen de transport : tram
Passion ou hobby : la pêche
Animal préféré : sa perruche, Pénélope
Animal détesté : le chien de sa voisine, Hunter
Plat préféré : les lasagnes
Plat détesté : tout ce qui est pimenté
Couleur préférée : bleu
Couleur détestée : noir
Chiffre porte-bonheur : 7
Objet fétiche : stylo avec le petit ballon rotatif
Qui est sur la photo qu’il garde toujours dans son portefeuille ? Son grand-père maternel décédé
Je m’appelle Marlon, Marlon Dousset. Et je déteste mon prénom.
Ma mère était follement éprise du beau et ténébreux Marlon Brando. C’est tellement ridicule de s’intituler Marlon Dousset. Je ne le souhaite à personne, vraiment. Je déteste mon existence, plate, morne, insipide.
Je trouve que c’est vachement dur de porter un prénom américain avec un patronyme français. Mon identité est le symptôme d’une génération télé.
Je ne porte pas bien mon prénom, et j’ai développé un grand mépris pour le fanatisme, les groupies, et les prénoms américains.
Bon, j’aime ma mère quand même, hein, heureusement.
A chaque fois qu’on me demande si ça se prononce Marlon ou Marlon(e), je lui en veux un peu.
Derrière ce prénom des plus doux, beaucoup s’attendent à tomber sur un grand black à la carrure imposante. Ils tombent sur un blanc bec frêle et longiligne.
Et puis bon, ça ne passe pas comme ça, parce que votre identité, contrairement à votre gentilé, vous vous la gardez toute votre vie…
Ou alors, il faudrait que je me marie avec une Américaine. Là oui ce serait la classe. M’enfin ça fait une paire d’années que je suis solitaire, et célibataire, et sédentaire, dans mon studio rikiki de ma petite ville côtière.
Je travaille comme veilleur de nuit, alors ce n’est pas au boulot que je risque de rencontrer la femme de ma vie. J’ai choisi ce métier parce que je souffre de longue date d’insomnie. Quitte à être décalé dans mes nuits et fatigué en journée, j’avais imaginé que ce métier me conviendrait. Je ne dors pas beaucoup plus la journée, mais au lieu de tourner en rond, et rallumer les lumières, moi qui n’aime pas le noir, j’ai choisi une profession où mon insomnie m’irrite moins toutes les nuits.
Je me promène et je trimballe avec moi mon stylo fétiche. Il y a bien longtemps qu’il n’a plus d’encre et que je lui cherche en vain des recharges, mais de toutes façons j’écris très peu. Mes pages sont aussi blanches que mes nuits, c’est dire comme ce stylo fait plutôt office de balle anti-stress, avec le cliquetis interminable et le petit embout rotatif en forme de ballon de foot.
J’aime pas tellement le foot, même si j’ai passé des heures devant des matchs. Je trouvais ça tellement ennuyeux que j’imaginais que ça m’endormirait de regarder des mecs courir après un ballon. Ben non, même pas.
En journée, ben je m’occupe, je pars à la pêche, j’y passe des heures plus ou moins éveillé, voire mal réveillé, à moitié endormi, mais ça se voit moins, que je dors debout, avec des valises sous les yeux, alors comme mon métier ce hobby s’est un minimum imposé à moi à cause de mes insomnies.
C’est moche de se dire que mes troubles du sommeil ont régi mes choix de vie, qu’on est plutôt à 90% créatures et un petit 10% créateurs.
Et puis bon, j’aime bien passer du temps dans la nature, mais entre ma perruche, ma Pénélope, qui reste en cage pour mon plaisir, de ne pas me sentir trop seul sur Terre, et les poissons, qui agonisent pour que j’aie l’impression de faire quelque chose de mes journées, je pense que j’ai vraiment une existence tant ce qu’il y a de plus dérisoire et inutile. Y’aurait pas de quoi écrire un roman.
Ma vie à moi est tellement vide qu’elle en est fatigante à raconter.
Léa
Nom et prénom : Léveillé Marina
Surnom : Mina
Âge : 26 ans
Taille : 1m58
Poids : 50 kg
Principal trait de caractère : nerveuse
Particularité physique ou psychologique : crinière rousse indomptable
Situation familiale : célibataire
Profession ou activité principale : tatoueuse
Domicile (maison, appart...) : Appartement, en colocation avec sa sœur
Environnement (ville, campagne, bord de mer...) : centre-ville
Moyen de transport : à pied
Passion ou hobby : la musique, notamment assister à des concerts
Animal préféré : le rat (elle en possède deux)
Animal détesté : l’oie
Plat préféré : bobun sans coriandre
Plat détesté : tout ce qui contient de la coriandre
Couleur préférée : vert sapin, même si ça ne prend pas bien en tatouage
Couleur détestée : jaune poussin
Chiffre porte-bonheur : 7
Objet fétiche : le médiator du guitariste de son groupe préféré
Qui est sur la photo qu’il garde toujours dans son portefeuille ? Sa sœur
J’avais fait la queue pendant trois heures pour être au premier rang, contre la barrière. Il faisait froid ce jour-là, et j’attendais l’ouverture des portes en gesticulant. J’aurais pu attendre trois heures de plus, pas grave. Enfin, j’allais le voir. En vrai. Il allait se tenir à quelques mètres de moi, plus réel que jamais.
Du mouvement, les portes s’ouvrir, faire valider son billet, se faire fouiller, courir pour se placer à droite de la scène. La meilleure place. Devant lui. Envie de faire pipi, mais tant pis. J’y étais, enfin.
Il faisait chaud dans la salle. Le choc thermique m’avait filé une bonne suée. Je sentais mon nouveau tatouage tout frais du matin tirailler et suinter dans le haut de mon dos. La salle se remplissait, la température continuait de monter.
Puis enfin, le noir. Les applaudissements, les cris. Les silhouettes émergeant de l’ombre et la fumée. La basse d’abord, la batterie – kick tom kick tom tom. Éclairage. Il se tenait là, avec sa Telecaster fière et braquée vers moi. Un hold-up de l’âme. Le son divin, pendant une heure trente, Bam.
Puis si vite, la fin. Comme si je sortais d’un rêve flou, je me tenais toujours devant la scène, hagarde, plus personne autour. Le show était terminé, et je ne m’en étais même pas rendu compte. Une main sur mon épaule me sortit de mon effarement pour me dire qu’il faut partir madame. Sortie de ma stupeur, je me baissai pour ramasser mon sac, quand un objet blanc au sol attira mon regard. Je le ramassai pour découvrir le médiator. Son médiator. Cet objet en plastique qui ne vaut rien, mais qui depuis, ne quitte plus la poche droite de mon jean.
Maïlys
Nom et prénom : Diane Sochal
Surnom : Dagny
Âge : 33 ans
Taille : 1m60
Poids : 55 kg
Principal trait de caractère : déterminée
Particularité physique ou psychologique :
Situation familiale : célibataire
Profession ou activité principale : fleuriste
Domicile (maison, appart...) : maison
Environnement (ville, campagne, bord de mer...) : campagne
Moyen de transport : voiture et vélo
Passion ou hobby : la peinture
Animal préféré : le chat
Animal détesté : le cheval
Plat préféré : omelette aux champignons
Plat détesté : bœuf bourguignon
Couleur préférée : rouge
Couleur détestée : beige
Chiffre porte-bonheur : 4
Objet fétiche : un pendentif avec des fleurs séchés à l’intérieur
Qui est sur la photo qu’il garde toujours dans son portefeuille ? : son frère jumeau
Mon chat m’attend quand je passe le pas de la porte. Il est resté au chaud aujourd’hui, la neige d’hier n’a pas encore totalement fondu. Je m’installe à côté de lui devant la cheminée froide, le regard dans le vide. Sans m’en rendre compte, j’ai porté la main à mon pendentif, il est devenu parfaitement lisse à force de le triturer.
Il y avait du jasmin, ce jour-là…
C’était à peu près à cette période. Il neigeait ou il allait neiger, je ne sais plus trop. A 4h du matin, j’ai commencé à avoir mal au ventre, j’ai tout de suite su. Mes parents dormaient à poings fermés. Je n’ai même pas hésité à les réveiller, je ne l’ai pas fait. Je ne voulais pas qu’ils soient là, surtout papa, surtout pas… Je suis allée chercher Alex dans sa chambre et lui ai juste dit « C’est pour bientôt ». Il s’est mis à pleurer puis très vite s’est ressaisi. Il a été là pour moi, comme toujours. Il a attendu avec moi que les contractions se rapprochent, se rapprochent, se rapprochent encore. Jusqu’à ce que je doive étouffer des râles de douleur. Les parents ont poursuivi leur nuit paisible pendant que mon frère se faisait broyer la main.
Nous avons pris le premier bus, à 6h10. Je vois encore les minutes s’égrainer lentement sur le tableau d’affichage. L’impatience. La douleur. Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, tout s’est accéléré, je ne me souviens plus très bien. J’ai juste gardé en mémoire cette vision de quelques fleurs de jasmin. Je les fixais en poussant, je ne voyais qu’elles, leur jaune éclatant. Je ne sais pas qui les avait déposées là.
Quand ils ont emmené mon bébé, j’ai demandé à Alex d’en récupérer quelques pétales. Je n’ai jamais revu ma fille après ça. Accouchement sous X, c’était ma seule solution.
J’ai fait sécher les fleurs et je les porte depuis ce jour dans mon pendentif. C’est un peu ma seule façon de savoir que ça a vraiment existé.
Crédit photo : F. Gattoni