Les coups de cœur du printemps du café BD
Tous les deux mois, un samedi matin, un rendez-vous-à-ne-pas-manquer a lieu à la médiathèque de Lisieux. Pendant 2h, amateurs ou passionnés de bandes dessinées se réunissent autour d'un café, pour parler de leurs derniers coups de coeur, découvrir les dernières acquisitions de la médiathèque et les emprunter en avant-première. Ces rencontres sont ouvertes à tous, sans inscription, gratuitement. On peut y participer pour proposer ses propres lectures favorites, ou juste écouter Geoffrey et Christelle proposer leurs dernières lectures préférées. Découvrez les coups de coeur du mois d'avril de l'équipe de Lisieux.
Moi ce que j'aime, c'est les monstres - tome 2 d’Emil Ferris
Dans ce volume 2 abondent de sombres mystères passés et présents dans le Chicago chaotique de 1968. La jeune Karen participe à une manifestation et se retrouve prise dans une charge de police. Elle poursuit secrètement son enquête sur la récente mort de sa voisine Anka et découvre une dernière cassette qui éclaire les activités héroïques d’Anka en Allemagne nazie. Karen se débat avec son identité sexuelle, avec la mort de sa mère et avec les secrets qu’elle soupçonne son frère Deez de détenir.
Le premier tome, paru en 2018, avait été un énorme succès, couronné notamment par le Fauve d'or à Angoulême. Dans ce 2e tome, nous retrouvons le personnage de Karen, qui venait de perdre sa mère à la fin du premier tome. En parallèle, Karen enquête également sur la disparition de sa voisine. Ces évènements marquants vont amener Karen à se poser beaucoup de questions, et notamment sur elle-même. C'est un vrai plaisir de se replonger dans ces planches superbes, dessinées au stylo-bille, qui avaient tant marqué lors de la parution du premier tome. Lire cette BD.
Impénétrable d'Alix Garin
Dans un récit profondément intime et émouvant, Alix Garin nous raconte son voyage libérateur à travers les méandres des troubles de la sexualité. Comment le combat pour reprendre possession de son corps, de son désir et sauver son couple se transforme en une quête émouvante de guérison, d'émancipation et d'amour. À travers des hauts et des bas, des échecs et des victoires, elle explore les profondeurs de sa psyché, les liens entre le physique et le mental et la complexité de la sexualité. Avec courage et honnêteté, Alix livre un témoignage sincère, beau et bouleversant sur les difficultés liées à la sexualité, encore trop méconnues et souvent taboues. Prix du Public France TV à Angoulême.
Ce récit pose beaucoup de questions. Alix s’interroge sur les notions de désirs qu’ils soient sexuels ou pas, de couple mais aussi de savoir ce qui est bien pour soi et pas pour les autres. Elle se demande comment se libérer de l’éducation, des normes imposées par la société ? Comment aller vers sa liberté ? L’écriture de cette histoire est un véritable acte de courage, pour elle-même, pour Lucas (qui lui aussi affronte les problèmes courageusement), pour son couple. Alix Garin est d’une grande maturité et ne se cache pas derrière une langue de bois. Sa manière d’aller au bout de ses réflexions sans pudeur et avec un franc-parler est admirable. Lire cette BD.

L'escamoteur de Sébastien Goethals et Philippe Collin

Marcie : le point de bascule de Cati Baur
Alors que la cinquantaine arrive, et avec elle les affres de la périménopause, Caroline se fait licencier de son travail. Constatant que plus personne ne la considère, Caroline décide de mettre à profit sa fadeur pour devenir détective privée dans une agence réputée. Ce changement de cap va la conduire jusqu'à New York sur les traces d'un mystérieux fantôme, et à la rencontre d'elle-même, en lui permettant de renouer avec sa véritable identité, celle de Marcie Bangor !
Cati Baur s'empare avec malice et légèreté d'un sujet de société, l'invisibilisation des femmes mûres, pour raconter une enquête où optimisme et bonne humeur sont au rendez-vous. Les dialogues sont savoureux, et ceux avec sa fille, intéressants. Ce n’est pas un manifeste féministe pur et dur mais la postface dédiée aux femmes, plus militante, clôt bien ce récit. Lire cette BD.
Le cas David Zimmerman de Lucas et Arthur Harari
Paris, de nos jours. David Zimmerman, la trentaine, n'en finit pas de rester au bord de sa vie. Il est photographe mais presque personne ne le sait, cantonné aux mariages et Bar-Mitzvah. Ce soir de 31 décembre, il se laisse embarquer dans une grosse fête par son unique ami Harry, aussi exubérant que lui est asocial. Au milieu de la foule, son regard est aimanté par celui d'une jeune femme brune énigmatique, qu'il ne peut s`empêcher de suivre...
Les frères Harari se sont associés pour nous offrir une bande dessinée mystérieuse et angoissante. Nous suivons David, jeune photographe, qui à la suite d'une soirée, se réveillera dans le corps d'une femme. Passé le temps de la sidération, David va chercher à comprendre ce qui a pu se passer, et nous, lecteurs, sommes pris en otage dans cette quête d'identité. Le style graphique, la construction des planches et l'impact de ses études en architecture font de cette bande dessinée une très belle réussite ! Lire cette BD.

Les participants ont également présenté leurs propres coups de coeur : Là où gisait le corps de Brubaker et Phillips, Les formidables aventures de Lapinot de Trondheim, Les enfants de l'empire de Yudori, Sounds of vinyl de Kezuka.
Prochain café BD le samedi 21 juin... Toutes les informations sont à retrouver ici.