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Le Courrier de Madon (1789) - PropectusProspectus d'unjournal portant pour titre : Le Courrier de Madon à l'AssembléeNationale permanente.- Parie : de l'Imprimerie de Demonville,rue Christine, 1789.- 2 p. ; 19 cm.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la Médiathèque AndréMalraux deLisieux (15.VII.2016)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros]obogros@lintercom.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées à l'exception des S longs restitués.
Texte établi sur l'exemplaire de laMédiathèque (BmLx : Prosp. 13).



PROSPECTUS D’UN JOURNAL
PORTANT POUR TITRE :
LE COURRIER DE MADON
à l'ASSEMBLÉE NATIONALE permanente.

DANS le pays immense des Nouveautés, qui n'a pas entendu parler du Courrier de Madon ? Ce Courrier modeste se contente de servir avec zèleles Habitans d'un Village ignoré de cette grande Capitale. Cependantles Amateurs ont connu le Cahier de Madon, ouvrage qui fait l'éloge destalens de son Auteur. Depuis peu de jours il vient de paroîtrel'Hermite de Madon, qui, pour l'intérêt de sa besace, & par unetendre reconnoissance se déclare hautement le défenseur des OrdresReligieux. C'est ainsi que la divine Providence a placé dans un petitHameau, sur les bords de la Loire, un Publiciste qui fait des Cahiersde doléances, & un Hermite qui se déclare le Champion du Monachismeexpirant. Voyez, Parisiens, avec quelle rapidité se propagent leslumières & les talens ! Plein d'une noble audace, j'ai cru que jepeindrois aussi bien que le Corrège ; j'ai pris le rôle actif deCourrier. Observez, Messieurs, que je ne rougis point de ma petiteorigine. J'aurois pu m'établir le Courrier d'une grande Province, d'uneCité célèbre : qui auroit osé me disputer ces sublimes qualités ? Jecrois que si j'avois eu l'orgueil de m'en parer, je les auraisdéfendues avec la tenacité la plus courageuse. Mais je suis de Madon,j'arrive de Madon, pour assister aux Séances de cette Assemblée, dontje veux entendre les Orateurs. Le Curé de Madon m'a assuré que j'avoisun peu de style & d'intelligence. Je l'ai cru ; car il est facilede croire ceux qui nous flattent. Cependant, comme le proverbe a rendutrès - suspectes les louanges qu'un Parleur fait de sa docile brebis,je veux essayer le goût du Public. Il est bien difficile, dit-on. Eh !que m'importe ? Je ne l'ennuierai pas plus que tant d'autresJournalistes qui n'ont pas le bonheur, comme moi, d'arriver toutfraîchement de Madon. Je dirai tout ce que j'aurai vu & entendu.Quelquefois je me permettrai de penser, de causer avec mon Lecteur,& mon Lecteur n'en sera pas fâché. Motions, Débats, Décrets,événemens importans, tout sera écrit avec exactitude & rapidité.Tous les matins j'éveillerai mes Abonnés ; ils m'aimeront à cause de mafranchise ; & par une suite de la confiance qui s'établira entrenous, je leur ferai part des nouvelles que je recevrai de mon Village.Je ne puis commencer qu'au premier novembre ; mais pour satisfaire monLecteur, & lui fournir une collection complète, je lui jure, foi de Courrier de Madon, que je lui ferai un petit Ouvrage qui le mettra aupair, jusqu'à l'époque de mes Feuilles. Eh ! comment ferez-vous,Monsieur le Courrier ? me dira-t-on ; vous arrivez de votre Hameau.Irez-vous compiler tous les Journaux, pour compléter votre Ouvrage ? Jerépondrai par mes œuvres à cet interrogateur pressant : s'il estcontent de mon genre, il sentira que je puis lui tenir ma parole.

Ne me sera-t-il pas permis de répandre quelquefois le sel de la gaîtésur quelques évènemens qui en feront susceptibles ? Eh bien, cettepartie sera destinée pour le boudoir philosophique d'une jolie femme.Il faut bien amuser instruire ce sexe charmant qui fait les délices dela vie. Je serai, le plus souvent, sérieux, & même énergique.J'étois, dans mon Village, un Prédicateur infatigable de la liberté.Enfin je ferai tous mes efforts pour acquérir un peu de gloire, afinque dans tout l'Univers on dise : Voyez comme la France produit desHommes célèbres il s’est trouvé, dans un petit Hameau, un Publiciste,un Hermite savant, & un Courrier qui a fait gémir la Presse &rempli la France du bruit de ses Productions.

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On souscrit, à Paris, chers GATTEY, Libraire de Son A. S. Madame laDuchesse D'ORLÉANS, au Palais Royal, N° 13, 14, 15, à raison de 6 liv. par mois pour la Province ,& 5 liv. pour Paris, franc de port.

Cette Feuille, qui paraîtra tous les matins, fera composée au moins dehuit  pages, du même caractère que ce Prospectus. La collectioncomplette de ce Courrier, depuis l’ouverture des Etats jusqu’au premiernovembre, formera deux volumes, pour lesquels on souscrit à raison de 6liv., et de 8 livres pour ceux qui n'auront pas souscrit.

On prie d'affranchir le port des lettres & de l'argent.

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De l'Imprimerie de DEMONVILLE, rue Christine. 1789.