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DUBOSC,Georges (1854-1927) : L’Imageriepopulaire à Rouen(1926). Saisie du texte : S.Pestel pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (10.XI.2004) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographe et graphieconservées. Texteétabli sur l'exemplaire de lamédiathèque des Chroniquesdu Journal de Rouen desdimanches 2 & 9 mai 1926. L’Imageriepopulaire à Rouen par Georges Dubosc ~*~I LesComplaintes - Les calendriers - Les « canards » Quand jadis on grimpait jusqu’à l’église deBonsecours,aux jours de grandes fêtes, arrivé sur le plateaudesAigles, on suivait en tournant à gauche, prèsd’unepâtisserie populaire, le chemin de l’église,ruelleà moitié campagnarde, bordée d’uncôté par des maisons et des murs, et de l’autre,par deshaies verdoyantes. En quelques pas, on atteignait le sanctuaire. Or, le long de ce chemin, on rencontrait une véritableexposition d’images populaires, pendues sur des ficelles, qui sesuccédaient et paraient, de leurs vives couleurs, lanudité des murs. Quelles images ne figuraient pas dans cettecollection en plein-vent ? Il y avait là le Juif errant et Geneviève de Brabant, lamélancoliquecomplainte de Damon et Henriette: Henrietteétait fille D’un baron derenom. D’anciennebonne famille, Etait le beauDamon. Elleétait faite au tour. Elleétait jeune et belle, Et d’unparfait amour Elleétait le modèle ! Et puis, tenues par des épingles en bois, sur les cordestendues, il y avait encore là d’autres feuilles : Pyrame etThisbé, la complainte de la Bête deGévaudan,L’arbre d’amour, Les degrés de la vie, puis l’amusant Crédit est mort, les mauvaispayeurs l’ont tué,et Legrand diable d’argent, dont on tire la.…. queue, toute uneiconographie tour à tour sentimentale, pittoresque etamusante !La plupart de ces feuilles volantes sortaient ducélèbreatelier de Pellerin à Epinal, mais il y en avait aussiquelques-unes qui portaient la marque des fabriques rouennaises, commeLecrène-Labbé et bien d’autres. * ** Rouen, en effet, fut un centre fort important pour l’imageriepopulaire, pour les cartes à jouer et pour tout ce qu’onappelait autrefois la dominoterieet les papiers de tenture. On està peu près sûr maintenant que notreville, avec lafabrique de Le François et avec Papillon et ses papiersbrillants, fut le berceau de l’industrie, si prospèreaujourd’hui, des papiers veloutés et drapés, despapiersdécorés à l’aide de tontisses dedraps. A Rouen,les Imagiers créant les images populaires formaient lacorporation des Cartiers-Dominotiers-Feuilletiers, dont le bailli Jeand’Estoutteville avait rédigé, en 1540, lesstatuts,confirmés en 1550 par Henri II et en 1588 par Henri III. Cesanciens statuts, devenus insuffisants, furent revisés etmodifiés encore par François de Houppeville,lieutenantdu Bailliage, et confirmés par Louis XV en 1730. On y voit que les trois gardes du métier étaienttenus devisiter tous les maîtres particuliers, aussi bien pour lescartes, que pour les images, lesfeuillets comme on disait alors.Après serment, le jeune ouvrier, devait servir pendantquatreans d’apprentissage, avant d’être admis au chef d’oeuvre. Lesfilset les filles des maîtres étaient reçussansapprentissage et sans « chef-d’oeuvre ». Les veuvesjouissaient des privilèges et des prérogatives deleursmaris et pouvaient travailler, avoir un apprenti, tenir boutique, maisseulement quand elles restaient veuves. Un article de ces statuts est à noter. C’est celui qui exigequetout Imagier Dominotier, voulant travailler au«métier», doit déposer unemarqueparticulière et différente de celle des autresmaîtres, pour la faire imprimer sur les enveloppes de sesmarchandises, « laquelle marque seraprésentée parles gardes à l’assemblée des maîtres etempreintesur un tableau général. » Devaient ainsifigurer surcette marque leur nom, surnom et la rue de Rouen,« où ilsdemeureront. » Or, ce livre extrêmement curieux, formant un recueil de touslesImagiers Dominotiers, de leurs marques, de leurs devises, de leursadresses, ayant vécu à Rouen, depuis le milieu duXVIesiècle jusqu’à la fin du XVIIIe, existe bel etbien. Ilest extrêmement curieux et illustré de toutes cesmarques,rehaussées de couleurs. C’est un document unique pourl’histoirede l’imagerie rouennaise. Récemment, dans leurtrès beaulivre sur l’Imagerie populaire,Pierre-Louis Duchartre etRenéSaulnier, en ont extrait une liste de plus de 350 noms d’artisans,maîtres-imagiers rangés par ordrealphabétique defamilles. Voici les Amette, qui vont de 1687 à 1708 ; lesAmyqui avaient pour devise : « Si tu trouves un emy, turencontres untrésor » ; les Baudart ; les Bernières;les Bougon ;les Carpentier : Au Colomb royal; les de Hautot ; Au coeur royal,rue du Gros-Horloge, au XVIIe siècle,que notre concitoyenGeorges Ruel, avait ressuscité dans son originale expositiond’imagerie de la rue Saint-Romain, en 1907. Viennent encore : les Delamare : Ala perle royale ; toute lalignée des Delespine, qui porte pour devise : A l’Espinefleurissante et à L’Espinecouronnée ; lesDubosc ;les Dugripont ; les Follope et leur devise morale : « Priant,lisant, apprend qu’il faut espérer tout bonheur d’enhaut ».Très nombreuse est aussi la tribu desGuérin; celle des Guerould et des Goujon, qui débutent en 1540 ;lesHellebout ; Pierre Hellot qui arbore comme devise : « Dieu estmonayde pour tout espoir », devise gravée sur une despoutresde l’ancienne maison de la rue du Bon-Espoir, au Musée desAntiquités. Voici maintenant : les Le Cauchois ; les Lecornu, qui portent pourmarque une licorne avec ces mots : « La Licornedéjetanttout venin » ; les Le Feugueux et Guillaume Lynant, au haut delarue Grand-Pont ; Les Lemoine : Auxarmes de la ville de Rouen ; toutela lignée des Le Roux ; les Lesueur ; les Le Testu ; les deLynant ; un Jehan Mollière qui remonte à 1540 ;lesPaillette ; les Paumier ; les Picquefeu : Au Cerisiercouronné; toute la suite des Primoult ; les Savonay : Au bon marchand ; Jacques Subito ;les Thiboutot ; les Thieuvin, en 1541 ; les Thubeuf ;Vincent marin, qui avait une devise bien originale :« Quiconquese veut divertir, se joue avec la perdrix ». Et nous enpassons etdes meilleurs ! Au fond, ce cercueil des marques desCartiers-Dominotiers, est du plus vif intérêt etc’est unbonheur inespéré que d’avoir pu retrouver lalisteentière de ces artisans, qui pendant troissiècles ontgravé, enluminé et vendu les images populaires,jusqu’aumilieu du XVIIIe siècle où lesMaîtres-imprimeursse mirent aussi à fabriquer des images. Eh bien de tous ces Imagiers rouennais, si nombreux, sesuccédant de famille en famille, ayant tiré desmilliersd’images, c’est à peine si quelques oeuvres ontsurvécu aucours des siècles. Notre concitoyen et ami Georges Ruelpossède pourtant une de ces images. C’est le Cantiquespiritueloù sont représentés lesmystères de laPassion de N.S.J.C. chanté sur le chant « Enfin,j’aimetant », à Rouen, chez la VeuveLe Feugueux etGuillaumeLynant, en haut de la Rue Grand-Pont, sur un«bois» duXVIIe siècle, édité d’abord par lepremier LeFeugueux, en 1661. Cette planche est coloriée en vermillon,enviolet, en jaune et en gris clair. Elle étaitcollée surles plats d’un carton à bonnets, que, parprivilège, lesCartiers avaient le droit de fabriquer, ainsi que les étuisà chapeaux. A l’Exposition de l’Imagerie populaire, qui avaitété sipittoresquement organisée, dans la vieille maison de la rueSaint-Romain, figuraient aussi, de la fabrication de A. C. de Hautot,un Saint-Pierre, une N.-D. de la Délivrande, unfragmentd’une Sainte-Catherine,trouvés aussi dans un cartonàchapeaux. Comme on le voit, les images populaires anciennes,fabriquées par la corporation des Cartiers-Dominotiers sontextrêmement rares à Rouen, avant que lesMaîtres-imprimeurs ne s’en mêlent. Comment les Cartiers exécutaient-ils ces images sirecherchées aujourd’hui ? En gravant leurs planches, sur duboisde poirier, au grain fin et serré, avec un outillagetrèssimple et très primitif. A Epinal, les graveurs se servaientd’une sorte de pointe ou clou,emmanchée dans un couteau.Legraveur d’image Garnier dit qu’on se servait aussi de ressorts demontres, fixés à un manche en forme de fuseau,tenu pardes ficelles enroulées. Notre concitoyen, le bonpoèteFrancis Yard, l’auteur de l’An de laterre, qui aime àornerde « bois » ses poèmes, use ainsi debaleines deparapluies, taillées et emmanchées. Des butavantset desgouges pour échopper les blancs, complétaientl’outillage. Le travail ne pouvait être trèsdélicat ; il était fait à gros traitsindiquant lecontour et supportant le tirage. Par la suite, quelques hachures,séparées par des contre-tailles, achevaientl’oeuvre. Pour l’impression en noir, d’après Garnier, on fixait le« bois » avec des clous sur la table de l’atelier et,à l’aide d’une brosse à longs poils, onl’imprégnait d’un ton noir, formé de noir defuméeet de colle de peau. On plaçait dessus la feuille de papierd’Auvergne, souvent un peu bleuté et on obtenaitl’impression,au frottoir ou frotton fait de crin et de colleforte. Plus tard,on usa de la presse en bois, puis de la presse métallique… Tout était ensuite dans le coloriage, la joie,l’allégresse du coloris qui plaît tant auxenfants, auxsimples, au peuple ! Le coloris de la vieille imagerie a toujoursété frais, chantant, gai. Jamais de tons faux oucriardsavec les anciennes couleurs. Les tons faux, violacés oubleusfadasses, n’ont, en effet, fait leur apparition qu’en 1880, avec lescouleurs chimiques d’aniline. Les couleurs, toujours d’aprèsGarnier, étaient peu nombreuses. Elles seréduisaient, aurouge, au bleu, au jaune et brun, et à un rouge clairappelé rosette. Leviolet et le vert étaientobtenuspar superposition de deux tons. Les laques étaientconservées dans des pots de grès. La grained’Avignonfournissait le brun ; la rosetteétait extraite du bois duBrésil et le brun provenait de la terre de Sienne. Pour lecollage de ces couleurs, on employait la gomme arabique. Le coloriage de ces images populaires était fait au«patron», à l’aide de grosses brossesdrues etserrées, qui étendaient les tons. Ces pochoirsétaient faits en carton découpé, assezépais pour ne pas se déformer sous le passage delabrosse humide. Aussi, comme la confection des pochoirs étaitlongue et difficile, pour ne pas les recommencer, on les durcissaitavec un enduit composé d’huile brûléeet delitharge. Le séchage se faisait sur des cordes tendues dansl’atelier, tout pavoisé de ces feuillesbariolées, dontle coup d’oeil était fort réjouissant. * ** Les Cartiers-Imagiers des nombreuses villes où se trouvaientdesateliers, vendaient dans leurs boutiques, leurs images dont ils avaientdes collections, mais ils les cédaient surtout aux marchandsambulant, aux colporteurs de la Haute-Garonne, aux chanteurs decantiques qui traversaient la France, accompagnés d’enfants,souvent traités assez durement, transportant leurs ballotsd’images à l’aide d’un petit âne. Les colporteurslorrainsremplissaient le même office dans les foires etmarchés,exhibant surtout des images religieuses : Sainte-Véroniqueprésentant la Sainte-Face ; Saint-Hubert et le Cerfmiraculeux,puis des cantiques de pèlerinage, le cantique de Notre-Dame-de-Liesse, celui sinaïf de la Création duMonde, ou encore le cantique du Pèlerinage deSaint-Jacques-de-Compostel, en Galice. Qu’est-ce que ne comprenait pas autrefois le domaine de l’imageriepopulaire dans les ateliers des imagiers de Rouen ou d’ailleurs ? Il yavait les images religieuses, dites de« préservation » ; les drapelets etpavillons deprocession, dans le goût de ceux qui furentrénovésà Rouen, lors de certaines fêtes franco-belgespendant laguerre ; des blasons de corporation ; des cantiques et des complainteschantées aux veillées ; des images de propagande,portraits de souverains, de grands seigneurs, de prélats,imagesde batailles ; images militaires reproduisant les différentscorps et les différentes tenues. En dehors de cette imagerie proprement dite, il faut faire encorerentrer dans ce domaine de l’image différentesappropriationstrès diverses ; les « rabats decheminée »bandes décorées qu’on fixait au manteau de lacheminée ; « tours de lit » formantfrises,remplacés quand ils étaient sales ; les affichesd’intérieurs de cabarets, comme Crédit est mortoucomme La bonne bière de Marsdont on annonçaitla venue; les jeux de loto, de l’Oie, et le jeu des Aluettes,imprimésà Nantes ; les ombres chinoises, les constructionsàdécouper. Quoi encore ? Les canardsd’actualité, leschansons, les grands calendriers, les litres funéraires et,cequi est un peu spécial à Rouen, les cadransd’horloge.Savary des Brûlons, cite encore, comme rentrant dans lafabrication de la dominoterie,les papiers servant àdoublerles coffres, les tiroirs, les layettes, à faire les gardesdeslivres ou des brochures, et, enfin « les lanternes de papierqu’onmet aux fenêtres des manoirs dans lesréjouissancespubliques sur lesquels sont imprimés et peintes desarmoiries,des fleurs de lys, des dauphins et autres figures convenables au sujetqui cause la joye du peuple ». Enfin, ainsi que nous l’avonsditau début, il y avait surtout à Rouen les papiersdetenture, les purs dominos et l’ouvrage sur L’Imagerie populaire enFrance, constate que M. Georges Ruel, dont les fonctionsd’architectefacilitaient les recherches, a réuni un certain nombre decespapiers de tenture, qui sont vraiment délicieux. Ces dominoteries étaientimprimées en une seulecouleur, enplusieurs teintes, ou simplement marbrées. Ellesreprésentaient des tissus brochés, des toilesimprimées, des « Flammésd’Yvetot ». Pourapposer ces papiers peints, une des bordures étaitcoupée, et on collait, bout à bout, plusieurs decescarrés mesurant 35 x 40. En général lenom etl’adresse du dominotier restaient au bas de la bande et c’est ainsi queM. Ruel a pu, en les décollant avec précaution,retrouverdes vieux dominos, avec les références desfabriquants.La collection Tumbeuf renferme un échantillon de ces papiersdetenture, sortant de chez Amy, rue duGrand-Pont, 1724,ornéd’arabesques d’une rare élégance. Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, les Cartiers-dominotiers deRouen conservèrent le privilège de l’Imagerie,maisà partir de cette époque et même un peuantérieurement, les Imprimeurs rouennais eurent unevéritable spécialité de calendriersmurauxornés des épreuves sur bois, etéditèrentdès lors de nombreuses et véritables imagesproprementdites. MM. Duchartre et René Saulnier, dans leur nouveauvolume,aidés par la curieuse Histoirede l’Imagerie en Normandie,duDr Hélot, et par leurs recherches personnelles, ontdonnéun liste très complète de la plupart de cesImprimeursrouennais qui remplacèrent les Cartiers-Dominotiers. On yretrouve, classés chronologiquement, les noms suivants : Louis du Mesnil-Pétète, rue Saint-Jean(1616) ;NicolasHamilton, devant le Portail Saint-Jean (1619) ; Pierre de Larrivey,d’origine troyenne (1625) ; Adrien Delamare (1664-1710) ; GuillaumeMachuel, rue Ecuyère (1666) ; François Oursel,grande rueSaint-Jean (1750-1764) ; F. Béhourt et sa veuve (1752-1762);J.-F. Béhourt, rue Ecuyère (1753-1756) ; P.Seyer, rueEcuyère (1765-1789) ; Pierre Ferrand, rue NeuveSaint-Lô(1782-1786) ; P. Seyer et Béhourt (1790-1805) ; Montier, rueNeuve-Saint-Lô ; Nicolas Labbey, 12, rue de la Grosse-Horloge(1803) ; N.-A. Lebourg, rue des Arpents, 52 (1805). Pierre Periaux, né à Asnièresprès Bayeux 9décembre, mort à Rouen 15 décembre1836, rue de laVicomté, 30 et 9, rue Herbière (1796-1826) ;NicolasPeriaux, son second fils, rue de la Vicomté, 55 (1826-1843);Emile Periaux, fils aîné, rue Percière,qui imprimatant de Canards (1820-1855) ;Frédéric Baudry(1797-1813) ; Frédéric Baudry fils, rue desCarmes, 20(1814-1837), qui fut un des directeurs du Journal de Rouen ;Lecrêne-Labbey, né à Falaise 1774, mortàRouen en 1864, marié à la fille de Labbey, rue delaGrosse-Horloge, 12, puis Grande-Rue, 173, en 1810 (1806-1845) ; Ch.Bloquel, 34, rue Saint-Lô (1807-1821) ; Bloquel fils et veuveBloquel (1821-1846) ; veuve Béhourt etTrenchard-Béhourt(1809-1816) ; J.-B.-Sébastien Mégard (1821-1844),200,rue Martainville ; Sébastien Mégard, son fils,granderue, 156, puis rue du Petit-Puits, 21 (1859-1871) ; Ernould (1831) ;veuve Brunet, rue des Faulx, ; près la place Saint-Ouen(1831) ;Berdalle, rue de la Savonnerie (1836) ; Boniface Delamarre, rue desMurs-Saint-Ouen, puis rue des Charrettes, 47, imprimeur ducélèbre canardier Duchesne (1838-1858) ; SurvilleetGrindel, rue Saint-Antoine, 10, puis rue des Bons-Enfants, 46 ; veuveSurville, rue des Bons-Enfants, 46-48, puis 64 (1851-1863). C’estl’imprimerie actuelle bien connue de MM. J. Lecerf père etfils,qui sont les successeurs émérites des imagiers dejadis. * ** C’est à cette série d’imprimeurs qu’il fautrapportertous les calendriers royaux rouennais ornés de planchesd’actualité très curieuses, dont plusieurs ontété gravées par les Lesueur et par lefameuxgraveur J.-M. Papillon, qui a même établi uncatalogue deses propres oeuvres publié par M. le Dr Helot. On cite encoreparmi les graveurs : Cotte, en 1777 ; Dubuc, auteur de plusieurs boisrelatifs à la vie de Napoléon et de sujetspopulaires,comme Geneviève de Brabant,Pyrame et Thisbé ;Neveu etDujardin. En dehors des naissances, baptêmes, mariages, mortsdessouverains, batailles, fêtes, feux d’artifice, plusieurs decesimages fournissent des renseignements curieux sur Rouen même;une vue du Pont de bateaux,avec les observateurs de lacomète(1812) ; le Port de Rouen etle Pont Napoléon, aveclerécit du passage de l’impératrice Marie-Louise(1814) ;l’incendie de la flèche de la Cathédrale (1823) ;la Foire Saint-Romain (1836),dont le bois a servi àillustrer uncanard populaire ; le Pont suspendu,et enfin, à uneépoque plus ancienne, une vue généralede Rouen etdu Pont de bateaux. Sont encore oeuvres des Imprimeurs, les canards populaires,gravés d’une façon fruste et sommaire, parfoispar lescolporteurs ou canardierseux-mêmes, et qu’ilsdébitaient dans les campagnes ou par les rues et quartiersdesvilles. A Rouen, un des premiers colporteurs fut le chansonnierMorainville, puis Charasse, qui se rendait de Rouen au Havre, et qui,en 1850, se retira à Elbeuf, rue Maurepas. Duchesne, dontnousavons esquissé le portrait dans un de nos livres, Rouenbizarre, en 1888, fut le « roi des Canardiers ».C’était un type qu’on avait surnommé Louis XVI,àcause de son nez bourbonnien et de son carrick vert àcolletssuperposés, rappelant ancien régime. Le sieurLacriquepère, composait les dessins que Duchesne gravaitlui-mêmegrossièrement au couteau. Le tout étaitporté chezl’imprimeur Emile Periaux, qui tirait 1.000 à 2.000exemplaires,suivant l’importance. Duchesne, qui était aussi montreur demarionnettes, avait souvent pour collaborateur, HyacintheLelièvre, dont M. Chanoine-Davranches a écritl’amusantebiographie dans la Normandielittéraire, pour seschansons, etLouis Grava, qui en a signé quelques-unes. Il y a bien dessortes de canards,judiciaires, politiques, d’actualités,et canards imaginaires etfantaisistes. Les« canards »judiciaires rouennais, ce sont : l’ExécutiondunomméDecaux ; l’Exécutionde Ginester et de Salabert ;l’Exécution du nomméMarc et de la filleDelabarre,imprimés chez Periaux et gravés chez Duchesne. Cecanardest bien curieux, parce que Duchesne, n’ayant pas le portrait de Marc,le remplaça par celui de son ami Josse. Dans les campagnes,onn’y regardait pas de si près ! Avec la célèbre complainte du Crime deFualdès,rééditée chez Bloquel, en une petitebrochure de36 pages, l’un des canardsqui obtint le plus fort tirage fut celuides crimes de Thibert, le fameux Médecinà lacorde,qui fut condamné à mort etexécuté, le 28avril 1844. Quatre canardsfurent alors publiés parSurville.Détail curieux, dans l’un, le portrait durégicideFieschi est donné pour celui de Thibert. Il y eut aussi unechanson sur le crime par Levasseur, puis une chanson,éditée chez Periaux, pour Duchesne. Paris publiaaussiquelques complaintes sur le Médecinà la corde,imprimées chez Chassaignon, rue Gît-le-Coeur, 7.Parmi ces canardsjudiciaires, on rencontre encore, en 1836, chez Berdalle, quifut le père du critique dramatique Berdalle de la Pommeraye: Le Jugement de la Cour d’assisesde Rouen, condamnant àmortles nommés Jean-Pierre Lavergne*… et d’autres canardsimprimés et publiés à Caen. Les canards politiques,soumis au visa de l’autorisationpréalable, sont peu nombreux. Ils apparaissent surtout auxchangements de dynasties ou de ministères. Un a traitàla chute du ministère Polignac. Un autre montre Charles Xet leDey d’Alger, en grande conversation ; un autre encore,édité par Duchesne : Louis-Philippen’a plus queça de nez, imprimé chez Delaunay-Bloquel.Viennentencore les canards… chantantsqu’interprétaient dans lesrues Le père Lajoie etsurtout, vers la fin de l’Empire, lechanteur Boulard, qui se promenait par les rues avec ses grosseslunettes bleues. C’étaient LeVeau qui tette ou le Rendez-vousde la Saint-Vivien ; La foired’Elbeuf ou le Réveilde la Saint-Gilles ; Saint-Vivien,soutenez-nousafinque nous ne nous cassions pas le cou, par Gustave, de Rouen, etla Saint-Vivien, parLevasseur, artiste au spectacle du Pont-Neuf,c’est-à-dire les anciennes Folies-Dramatiques deSaint-Sever. Ily a encore les chansons sur les chemins de fer et leur inauguration,sur la foire Saint-Romain, qui constituèrent aussi le grandrépertoire de Duchesne ! Les plus beaux canardsétaient peut-être lescanardsimaginaires, inventés de toutes pièces, quicorrespondaient à l’imagination populaire : LaBête duGévaudan ; Le Menaras,animal-amphibie ; La Fille dutombeau,avec une complainte de Lelièvre,éditée chezSurville et Grindel, en 1839 ; Lesdétailsintéressantssur la Femme à la tête de mort ! Il resterait encore à passer en revue, en dehors de toutescesimages historiques ou fantaisistes, les images religieuses deprotection et les Confréries et de Corporations, qui sontpeut-être les plus nombreuses parmi celles qui ontsurvécujusqu’à nos jours. Ce sera le sujet d’une nouvelle causerie,aucourant du mois de mai, qui est le temps des pélerinagesrouennais et normands ! II Les Images de Confréries Toute l’ancienne société françaisereposait sur lesystème des corporations, brutalement supprimépar laRévolution et remplacé forcémentaujourd’hui parles groupements syndicaux de patrons et d’artisans. De làaussi,la création sous diverses formes, de confrériesdiverses: confréries des «patrons» protecteursde lacorporation, comme celles qu’a relevées Ouin-Lacroix, dansson Histoire des anciennescorporations d’art et métiers ;confréries spéciales de dévotionà un saint; confréries de pélerinage, de genss’étant rendusensemble aux « lieux saints », ou àquelquesanctuaire vénéré, comme leMont-Saint-Michel ouSaint-Jacques-de-Compostelle. Enfin, surtout en Normandie, étaient fort nombreuses, lesconfréries de charité, si curieuses par leurstraditions,leurs costumes, leurs usages pittoresques et qui existent encore,surtout dans le département de l’Eure.Créés auXIe siècle, fondés à l’occasion desépidémies de peste, alors qu’on laissait lesmorts sanssépulture, les Frèresde Charitéeurent pour butde les ensevelir convenablement en suivant tout uncérémonial symbolique. Comme jadis, les Marqueurs de laPeste, à Rouen, ils avaient dans leurs fonctions, uncostumespécial, consistant en un chapeau spécial ou chaperon,dont le nom est resté à l’ornement en forme debaudrierqu’ils portent en sautoir et où est souventbrodéel’image du Saint Patron. Ce vêtement, primitivement,ressemblaitau coqueluchon, ou capuce,destiné à sepréserver de l’air contaminé par la peste. Demêmeque les lépreux avertissaient le public de leurprésencepar le bruit des sonnettes, de même les Frères deCharité avaient leurs Cliqueteurspour annoncer leurpassage,en agitant leurs clochettes ou tintenelles,fonctions parfoisremplies par les Charitons,les plus jeunes frèresreçus. Les Frères deCharitéportaient aussileurs chandeliers, leurs instruments, leurs masses surl’épaule. Les confréries de charité, en dehors de leurrôlede sociétés de secours mutuels, donnaient untrèsgrand luxe aux processions, notamment à celle de laFête-Dieu ou de la Pentecôte. Il faut, pour s’enrendrecompte, se rendre à l’église de la Couture, deBernay, lelundi de la Pentecôte. Dès lespremières lueurs dujour les confréries, de cinq à six lieuesà laronde, accompagnées de leur clergé paroissial,défilaient majestueusement par toutes les routes et par tousleschemins, pour se rendre à l’église oùaprèss’être fait dire des évangiles, lesconfrèresrestaient debout, tenant des cierges ornementés de rubans,surde longues hampes. Le spectacle était inoubliable. Sortis del’église, les frères remisaient leurs ornementset labarrette sur l’oreille, passaient du sanctuaire au cabaret, pourapaiser un peu leur faim… et leur soif, aiguisés par l’airdumatin. Les « Confréries du Saint-Sacrement »,étaientdifférentes des Charités. Ellesétaientspécialement chargées d’escorter le viatiquequand on leporte aux malades ; leur origine datait du XVIe siècle. Il yenavait notamment à Lisieux, à Caen, àSainte-Croix-de-Bernay, au Petit-Andely et surtout àBroglie,où les quatorze confrères portaient la soutane dedrapblanc, avec ceinture et chaperon également blancs. LaConfrérie de la Passion, à Saint-Patrice, futaussicélèbre pour avoir fait représenter unmystère, qui fut publié de nos jours par M. P. LeVerdier. Telles étaient les principalesconfrériesnormandes, et de leur formation, toutes les images religieuses, quenous allons passer en revue, tiraient leur origine. D’oùprovenaient, en effet, ces images trèsparticulières ettrès diverses ? * ** De ce que lorsqu’un nouveau membre se faisait inscrire sur le registrede la Confrérie, il devait recevoir une sorte dediplôme,de brevet, comme on disaitparfois à l’époque,prouvantson incorporation, par une mention spéciale.C’étaitl’image de la confrérie. Dans les circonstances solennelles,le« maître en charge » de laConfrérie allaitdéposer, de maison en maison, ces images pieuses qu’onappelaitdes « frairies » où se trouvaientimprimées,les noms des saints protecteurs de la Confrérie, son origineetson histoire, les convocations à la fête. Ces images, assez simples, un peu frustes, étaientgénéralement composées, dit le DrHelot, d’unsujet central, toujours le même pour chaqueConfrérie,représentant les saints en l’honneur desquels on avaitcréé la Confrérie. Autour, comme unebordure, setrouvaient des petits sujets religieux sans grandintérêt,des vignettes formant un encadrement au sujet central,tiré sur bois ou sur cuivre. D’une annéeàl’autre, ces petits sujets pouvaient varier. Enfin, au bas de cettefeuille volante, il y avait la place pour les inscriptions et pour cequ’on appelait l’acrostiche. L’acrostiche n’était autrequ’unepièce en vers, formée par lespremières lettres duprénom et du nom du maître en charge, nouvellementélu. M. le Dr Helot, dans ses intéressantes Notes surl’imagerie populaire en Normandie, parues en 1908, dit« qu’ilconnaît une Confrérie des environs de Rouen, quitous lesans, fait encore tirer un certain nombre d’images par un imprimeur deRouen, mais ce dernier est obligé de faire l’acrostiche dumaître en charge ». Les images de Confrérie ne sont pas toujours deschefs-d’oeuvre.Elles sont souvent d’un dessin lourd et naïf, mais elles nesontpas à dédaigner. Elles aident àconnaître,comme le faisait remarquer M. Charles de Beaurepaire, la date del’établissement et le titre des Confréries, quitiennentune place importante dans l’évolution de l’idéereligieuse. Plusieurs de ces Confréries sont mêmespéciales aux communautés d’art. Les images deConfrérie fournissent aussi des renseignementstrèsutiles sur les accessoires,sur les symboles des saints, ce queCahier et Martin ont appelé les CaractéristiquesdesSaints, si utiles aux verriers et aux graveurs pour lareprésentation des scènes religieuses.Trèssouvent, ces images religieuses représentaient, enfin, lesdifférents genres de contretables, qui, pendant plus de deuxsiècles, ont fait l’ornement des principaux sanctuaires.C’était, pour les dessinateurs et les graveurs du XVIIIesiècle, un thème tout trouvé. La plupart du temps, les planches ou le cuivre, servant àimprimer les images de Confrérie, appartenait àlaCorporation qui, tous les ans, en faisaient tirer des exemplaires parl’imprimeur. Quelques Confréries ne faisaient pas ces fraischaque année. On laissait en blanc, comme sur l’image duManoir-sur-Seine, la date et le nom du maître en charge,qu’on inscrivait ensuite à la main. Ces images,dites frairies,étaient fort nombreuses. En 1573, àRoncherolles-sur-le-Vivier, on payait à l’imprimeur delivres, 3sous pour leur impression. A Saint-Léger-du-Bourdeny, en1725,les confrères payaient encore à M. Le Prevost,pour 800 frairies à 1livre 10 sous, le cent 12 livres. Le tiragequis’en était fait à 400, en 1740,s’élevajusqu’à 900 en 1744, pour retomber à 500 en 1781.Cesimages, qu’on distribuait par tournées, étaientsouventcollées aux portes, tandis que d’autres imagesétaientplacées dans les maisons. Un de nos collectionneursrouennais amême acquis une fort jolie armoire rouennaise, parcequ’àl’intérieur avait étécollée une image deconfrérie. Les colleurs semblent avoirétépayés une quinzaine de sous par tournée. Pendantlongtemps, ces distributions d’images furent faites par les chapelainsdes Confréries. Cela donna lieu vraisemblablementà desabus, puisqu’on voit, à plusieurs reprises, le Chapitredéfendre aux chapelains de la cathédrale de secharger decette commission qui paraissait peu digne de leur caractère.Lesregistres capitulaires, à la date de juillet 1632,rappellentque Me Simon Duchesne, chapelain de la Confrérie deSainte-Anne,fut blâmé par le Chapitre, pour s’êtreabsenté du choeur de la cathédrale, pour allerporter desfrairies par les rues de Rouen, contre et au préjudice desordonnances. Les images de Confrérie, comme on le voit, tiréesà un nombre énorme d’exemplaires,distribuéesà profusion sont pourtant assez rares. On pourrait s’enétonner, dit M. Charles de Beaurepaire, mais en yréfléchissant on conçoit que le nombreinfini deces images populaires, a dû être une des causes deleurdisparition parce qu’en général on n’attache deprix auxobjets qu’en raison de leur rareté. Il faut encore remarquercesgravures étaient d’un grand format etconséquemmentdifficiles à conserver ; et, de plus, affichéesauxportes des confrères, ce qui les exposait à unedétérioration et même à unedestructionpresque certaine. * ** Malgré toutes ces difficultés, notreéruditconcitoyen M. E. Pelay, avait réuni un nombreconsidérable d’images de confrérie et, pendant salonguecarrière, s’étaitspécialisé dans larecherche des images religieuses. Malheureusement, cette admirablecollection a été dispersée, lors de savente.Cependant, un certain nombre d’images religieuses rouennaises servantde «chemises» à des dossiers du fond duBaillage deRouen, ont été conservées etdécrites parM. Ch. de Beaurepaire, dans les Mélangeshistoriques etarchéologiques (1897) p. 346. D’autres aussi ontété conservées par certainscollectionneursrouennais ou normands et méritent une rapide description. Parmi ces images de confrérie, voici celle de l’EgliseSaint-Amand, représentant Saint-François,recevant lesstigmates, Saint-Amand et Saint-Louis, confrériefondéeen 1631, exemplaire de 1675 avec acrosticheen l’honneur de Nicolas-Droman. Viennent ensuite les images de Saint-André, PorteCauchoise pour la Confrérie de la Viere, Sainte-Anne,Sainte-Marguerite, faite en 1601, et refaite en 1669 et en 1782, cellede Saint-Cande-le-Vieux.Confrérie de Saint-Ursin et deSainte-Clotide, auquel il faut joindre Saint-Nicolast,trouvéprincipalement à Lisieux, dont dépendaitl’égliseSaint-Cande et qui y possédait une châssemagnifique. Dated’origine de la Confrérie : 1638. - Eglise Saint-Eloi :Confrérie du Saint-Sacrement, fondée en 1548,imagereprésentant un ostensoir avec les statues de la Vierge etSaint-Eloi, dont la planche donnée, en 1768, futgravéepar Neveu. - EgliseSaint-Etienne-des-Tonneliers : imagereprésentant l’Annonciation, entourée desinstruments dedistillation de la corporation des Vinaigriers-Limonadiers, avec lesreprésentations de Saint-Vincent, Saint-Nicolas etSaint-Etienne. Gravure en taille-douce, donnée, en 1767, parL.J. Le Vacher. - Eglise Saint-Maclou: Confrérie deSaint-Clair, fondée en 1615 et Confrérie desTrois-Nativités, gravure de Pierre Le Sueur, 1704. - EgliseSainte-Marie-la-Petite : Confrérie de Saint-Cyr et deSainte-Julitte. Gravure en taille-douce, par Jean Housset, en 1664,refaite sur cuivre en 1720. Eglise Saint-Nicaise :image de confrérie,représentantla Sainte-Trinité, avec cinq personnages en bas, en costume,dont un enfant malade sur un lit, soutenu par sa mèrependantqu’un prêtre l’administre. La planche avaitétédonnée par Me J. Daudebourg, ouvrier en la monnaie de Rouen.Autre image de la Confrérie des Pèlerins du MontSaint-Michel, signées J. D. B. 1605. - EgliseSaint-Nicolas :Cadre richement orné, image de Sainte-Reine et de sonsupplice,gravée sur cuivre, en 1696, par Duvivierl’aîné,dont quelques exemplaires sur satin. Autre image, par Pierre Le Sueur,1701. Eglise Saint-Paul :Image de la Sainte-Vierge, donnant un livreà Saint-Paul, tandis que l’enfant Jésus remet lesclefsà Saint-Pierre. Donnée par les anciens et lejeunemaître de cette charité, en 1710,gravée par P. LeSueur. - EgliseSaint-Pierre-l’Honoré. En haut l’entrevuedeSainte-Anne et de Joachim à la Porte-Dorée ; enbas,Saint-Foy avec un dragon et un diable à ses pieds.Confrérie pour les Maîtres Peigniers, CornetiersetTabletiers de Rouen. Gravé par P. Costil (1704). Autre imageavec Saint-Clair, Sainte-Catherine et Sainte-Marguerite (15 novembre1644). On voit par ce placard que les confrères et leurssoeursallaient en pèlerinage à Saint-Clair-sur-Epte,après s’être arrêtésà la ChapelleSainte-Clotilde, aux Andelys.- EgliseSaint-Sever : Image de laconfrérie de Saint-Severt, fondée le 7 novembre1489, etconfirmée en 1514. Planche donnée par JacquesMoisant etJean Lemonnier, maître en charge (1696). Autre image pour lamême confrérie donnée par F.-G. Jaudin,en 1767,gravée par Gouël. Autre image de laConfrérie deSainte-Suzanne, Saint-Mathurin, Sainte-Clotilde, gravée parP.Le Sueur -1697). - EgliseSaint-Vivien : image avec Saint-Nicolas etles enfants, Saint-Hubert et le Cerf. Colonnes surmontées devases de fleurs. Image de la Confrérie de Saint-Mathurin etdeNotre-Dame-de-Pitié, signée T.D.V. Belley. Imagede laConfrérie de Sainte-Trinité, Sainte-Vierge et desaintes.Gravure sur bois du XVIIIe siècle. En dehors de ces églises principales, d’autreséglisesavaient des images de confrérie : l’église des Carmes,avec une planche sur bois, gravée par Delamare, en 1725 etuneautre en 1731 retouchée par Maintru, en 1752, aux armoiriesdesvitriers l’église des Cordeliers,image gravéeparJacques, en 1758 ; - LePrieuré de Saint-Lô :Image, etde Saint-Jean-Porte-Latine des imprimeurs-libraires, par Le Sueur(1668), planche qui est reproduite par X Boutigny dans l’atelier denotre concitoyen et ami G. Dervois ; l’église de Bonsecours,et son image de confrérie, représentant laVierge,datée de 1609 et signée de Pierre Le Sueur.Signalonsencore les images de la confrérie de Saint-Martin de Canteleu; de la Charité de Grand-Quevilly,gravée parJ.Guéroult, I.-B., 1609 ; de la Charité deSaint-Ouen,à Oissel ; deSaint-Roch d’Orival ; deSaint-Aubin du Petit-Couronne,gravée au XVIe siècle, sans nomdegraveur ; de la Charité de Saint-Adrien etSaint-Sébastien, de Saint-Crespin-du-Becquet,gravéepar Le Sueur, en 1607 ; du Saint-Sacrement à Saint-Etienne-du-Rouvray (1664). Il faut encore joindre à ces images de confrériesrouennaises ou proches de Rouen, quelques feuilles volantesintéressantes, signalées par le Dr Helot, dansses Notessur l’Imagerie populaire en Normandie et même reproduites:celle, par exemple, de la Confrérie de Saint-Vigor, dePont-de-l’Arche où un clerc tient un espèce dedragonmonstrueux, semblable à la Gargouille, qui ravageait lesenvirons de Bayeux. Dans l’admirable collection Pelay, une image decette confrérie de Saint-Vigor existait sous une autreforme.Elle avait été imprimée chezMégard, en1845. Le président de cette confrérie religieuses’appelait le Roi, ce qui ledistinguait de celui de laSociété de Saint-Michel de la mêmeéglise,chargée des inhumations et qui prenait le titre d’Echevin.Uneautre image de Confrérie religieuse est celle de laCharité Saint-Martin, fondée àSaint-Martin-du-Vivier et qui représente lesscènescélèbres du partage du manteau avec un pauvrerencontré sur le chemin, puis, enfin, l’image de laCharité de Saint-Geneviève, de Bourg-Baudouin. LaSainteest représentée gardant les moutons dans lacampagne deNanterre, dans un goût qui rappelle les vierges italiennes.C’estPapillon qui grava cette jolie image. * ** Dans une très curieuse notice sur quelques graveursrouennais, Derniers Mélangeshistoriques et archéologiquesdeRouen 1909 (p. 332), M. Ch. de Beaurepaire a donnéquelquesdétails sur certains graveurs des images deconfrérie. Ilcite Jean Asselin, graveur, rue aux Juifs, qui étaitprotestant,et figure, en 1698, dans l’Etat desnouveaux convertis ; du Bellay,dont Papillon, dans son Traitéhistorique de la Gravure surbois, a dit qu’il avait été le maîtrede Pierre LeSueur et de Jean Papillon ; Jacques Belleau, en 1698, demeurant rued’enfer ; Nicolas Bougon, faiseur d’images en papier,domiciliéen 1527-1531 sur la paroisse Saint-Jean ; Delamare, que nous avonscité comme ayant gravé, en 1725, une planched’uneConfrérie de la Sainte-Trinité, enl’église desCarmes ; Jean Duval, sur la paroisse Saint-Croix-des-Pelletiers, quigrava, en 1635-36, des figures pour des affiches des pardons de laCathédrale ; Louis Duveau, graveur rue Massacre, 1744 ;Duvivierl’aîné, qui grava, en 1696, l’image de laConfrériede Sainte-Reine ; Gouël le jeune, qui habitait, en 1765, danslarue de la Poterne ; Jean-Pierre Jacques, graveur et marchandd’estampes, locataire d’une boutique près de la Tour Georgesd‘Amboise, chargé par la Ville de faire les coins dugouverneurduc d’Harcourt en 1765 ; il ne réussit pas et ces coins sebrisèrent. Il en fut de même à laMonnaie, quand ilprésenta quelques louis. Il a signé deux cartesd’adresse: A la Clef d’or et A la Boule d’or ; Le Cordier, en1681 ; J.-B.Le Gris, graveur, 1788 ; Les Le Sueur, qu’on connaît surtoutparPapillon. Pierre Le Sueur, né à Rouen en 1636,mort le 19décembre 1716, qui fut un admirable graveur sur bois, et quiasigné les images des confrériesd’Amfreville-la-Campagne,1665, et de diverses confréries que nous avonscitées. Ilétait entré dans la Confrérie deSaint-Maclou, le24 avril 1708 ; Pierre Le Sueur, dit l’aîné, sonfils,né en 1663 « Il gravoit ordinairement son nom toutau longsur ses ouvrages, et quelquefois en abrégé, aveccestrois lettres : P.L.S. Il savoit aussi dessiner assez proprement. Il agravé plusieurs pièces excellentes, telles que legrandfleuron du Dictionnaire de l’Académie française...»J’ai eudepuis, de hasard, une autre estampe de ce graveur pour des billetsmortuaires, qui est un beau morceau. Vincent Le Sueur, 1668-1743, aencore gravé un grand nombre de vignettes et de fleurons.PierreLe Sueur grava les estampilles et marques de toilesapportéesaux Halles ; Claude Maintru, d’une famille de graveurs,décédé rue du Petit-Salut, agravé laplanche sur cuivre de la Confrérie de laSainte-Trinitédes Carmes, en 1731 ; Nicolas Meru ; Pierre Mullard ; Les Papillon -Jean Papillon, né à Rouen, originaire deTouraine,graveur sur bois sans savoir dessiner, mais habile comme praticien,signait I. P., mourut en 1710. - Papillon, né en 1661,élevé à Rouen, chez songrand-père, venuà Paris chez Noël Cochin, inventeur des papiers detapisserie, qu’il mit en vogue en 1688. « Le sieur Papillonest undes plus célèbres graveurs sur bois dans lesgenres lesplus précieux et les plus délicats. Lesvignettes, lesarmoiries, les paysages et les portraits qui ontétéexécutés par cet habile artiste sontregardésà juste titre, comme des chefs-d’oeuvre de l’art ». Il faut encore cité J.-B. Patrice Picquenot,élèvede Descamps, qui fut surtout un graveur d’estampes, comme le prouve sa Vue du Prieuré des Deux Amants,en 1781 ; la famille desAntoine, Jacques, Laurent, Louis, Renault, qui furent tous graveurs auXVIIe siècle ; Theroulde, Jean Toutain, maîtregraveur,demeurant rue de la Poterne, mort le 25 novembre1705 ; Jean et ClaudeVallier, imagiers, en 1618. On voit, par le nombre des graveurs rouennais, et nous en avons omis,comme P. Costil, comme G. Amy, qui a signé l’image de laConfrérie de Quincampoix, et Le Cartel, - parfaitement - quisigne celle de la Confrérie de Saint-Gervais, que le nombredesimages de confréries dut êtreconsidérable. Pour leseul département de l’Eure, E. Veuclin, qui fut unredoutablechercheur, dans ses Documentsconcernant les confréries decharité normande (1892), a recueilli des renseignementssurplus de quatre cents charités normandes. La Basse-Normandieencomptait aussi un grand nombre. * ** Il faut bien dire que, seul à Rouen, M. Edouard Pelay avaitréuni une documentation générale surlesconfréries de charité et surtout sur les imagesreligieuses. Seul, il aurait pu résumer lerésultat deses recherches. Heureusement que ses nombreux cartons sur l’imageriereligieuse normande, ont été recueillis par un denosplus distingués collectionneurs. Cette documentation siintéressante, pourra rendre possible la publication d’unouvraged’ensemble sur l’imagerie populaire religieuse dans notre pays normand. GEORGESDUBOSC |