Aller au contenu principal
Corps
LAMIREY (18..-19..) :  Traditions populaires surles animaux dans la région d'Évreux aux XIXe et XXe siècles (1939)
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (03.XII.2018)
[Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'uneseconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.
Courriel : mediatheque-lisieux@agglo-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@agglo-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusionlibre et gratuite (freeware)

Orthographe etgraphie conservées.

Texte établi surl'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : Norm 850) de l'Annuaire des Cinq Départements de laNormandie, 1939, publié à Bayeux par l'Imprimerie Colas en1840-1941



TRADITIONS POPULAIRES SUR LES ANIMAUX
DANS LA RÉGION D'ÉVREUX
AUX XIXeET XXe SIECLES


Par

M. Lamirey

_____

Les traditions populaires qui suivent ont été généralement recueilliesdans la région d'Évreux, entre la Seine, la Risle et l'Avre. Ceslimites nous ayant paru quelque peu arbitraires, nous nous sommespermis de rares incursions sensiblement au-delà, quand cela nous a paruutile. Toutes ces traditions eurent cours pendant le XIXe et ont coursencore, au moins en partie. Nous indiquons souvent la région, ou mêmela commune, où nous les avons recueillies, mais cette indicationn'implique pas que c'était leur site exclusif. Quelquefois, nous avonsdonné la date où le fait a été constaté, suivie des noms des témoinspuis de la date du témoignage. L'absence de date indique une traditionactuelle. L'absence de lieu indique la région d'Evreux.

Ce travail, sur les traditions concernant les animaux, n'est qu'unepetite partie d'une enquête considérable que nous avons faite surtoutes les parties du folklore de la région d'Évreux.

ABEILLES.

Essaim. — Quand un essaim est parti, il s'agit d'éviter qu'ils'éloigne et il faut le faire « appiéger », c'est-à-dire se poser,autant que possible à un endroit où il sera aisé à « cueillir ». Pourcela, on frappe sur un chaudron, une casserole ou tout autre instrumentbruyant en criant « Appiégez, ou appiez, mes belles », car l'apiculteurne parle pas aux abeilles autrement qu'en les appelant « mes belles »et en termes aimables, sans jamais employer de termes brutaux etgrossiers ou des jurons, surtout le nom de Dieu, car alors ellesdeviendraient méchantes. Quand l'essaim est appiégé, on le cueille dansune ruche retournée, préalablement enduite intérieurement de miel,qu'on place debout sur une table ou une caisse sur laquelle on aétendu, au préalable, une serviette blanche. L'appel à grand bruitserait, dans certaines régions, une mainmise sur l'essaim, montrantqu'il est suivi à vue.

Piqûre. — On peut impunément toucher de toutes manières les abeilles,comme les guêpes, si l'on prend la précaution de se serrer la langueentre les dents pendant la durée du contact. (Evreux, M. Langlois,Instituteur. Notre témoin a constaté de visu l'exactitude du fait).

Deuil. — Quand le fermier ou le propriétaire d'un rucher vient àdécéder, il est obligatoire de placer un crêpe à chaque ruche. Il enest de même à la mort de la femme. Si on oubliait de leur faire porterle deuil, les abeilles se disperseraient et rien ne pourrait lesretenir ; mais en apercevant le crêpe de leur ruche, ellesn'abandonneront pas celle-ci. (Vallée d'Eure. Pays d'Ouche).

Dans la région de Pont-Audemer, un frère de charité va spécialementfaire part du décès du patron aux abeilles. (Robin. Dictionnaire depatois normand).

Buis. — Il est d'usage, à Heudreville-sur-Eure, de placer une branchede buis bénit sur les ruches, au jour des Rameaux. (Vallée d'Eure, M.Lemeilleur).

Mouches. — L'apiculteur cultive les abeilles, mais le paysan quipossède quelques ruches a des « mouches à miel » ou plus simplementdes mouches.

Ruche.- Les ruches, rondes et coniques, sont en osier avec unepoignée à la partie supérieure. L'osier est recouvert d'un enduit, faitde bouse de vache et d'argile, puis recouvert d'une toiture en chaume.Un récipient, retourné à la partie supérieure, cache la poignée etempêche la pénétration de l'eau de pluie.

ANE.

Jeu de mots. — Vincent mit l'âne dans un pré, s'en vint dans l'autre.Combien cela fait-il de queues, de pattes et d'oreilles ? Réponse : 1queue, 4 pattes et 2 oreilles, car il n'y a qu'un âne.

Braiement. — On empêche l'âne de braire en lui attachant un poids ouune brique au bout de la queue.

Vigne. — On dit que c'est un âne qui a appris aux hommes la taille dela vigne en broutant l'extrémité des branches.

ANGUILLE.

Sang. — Le sang d'anguille se fait boire aux ivrognes pour les guérirde leur vice.

Peau. — La peau de l'anguille sert à faire l'attache de la lanière dufouet au manche.

ARAIGNÉE.

Dictons. — Araignée du matin = chagrin.
                     Araignée du matin = argent en chemin.
                     Araignée du midi = souci.
                     Araignée du soir = espoir.

Toiles. — Les toiles d'araignée, blanches de brouillard, sont des «fils de la Vierge ».

— Quand on voit des toiles d'araignée dans une maison c'est l'indicequ'il y a dans cette maison une ou des filles à marier. (1880, valléed'Eure).
— On laisse les toiles d'araignée dans les écuries ou étables pourprendre les mouches et arrêter la poussière.
— Les toiles d'araignée ont la propriété d'arrêter le sang des plaies.On les emploie pour panser une vache écornée, ou pour panser la queuedes agneaux femelles quand on la coupe. (Voir MOUTONS, queue). On lesemploie aussi pour arrêter le sang humain. Mais cette coutumeanti-hygiénique est de plus en plus délaissée.

BLAIREAU.

Hivernage. — Le blaireau passe l'hiver le nez dans le fondement etdurant ce temps se nourrit de sa propre graisse.

BÉTAIL.

Ce mot, employé péjorativement, désigne toute espèce de bête en dehorsdu bétail de la ferme. Il désigne même parfois des insectes. On ditaussi, dans le même sens : bestiaux.

BÊTE.

La ou les. — Dénomination collective s'appliquant à tous les animauxqui s'attaquent aux clapiers et poulaillers, tels que les fouines,putois, belettes.

Hommes changés en — L'eau de la mare de Mme de Cacauxrouges, prèsAveny, possédait le pouvoir de changer les hommes en bêtes et quiconqueriait de cela ne s'en moquait pas deux fois. (Aveny, près Dampmesnil.Société Normande d'études préhistoriques, 1908 : excursion àBertheville, etc., par Morel).

BIBET.

Petit moucheron.

BOUC.

Guérisseur. — Un bouc, introduit dans un troupeau d'autres bestiaux,empêche la fièvre aphteuse et les autres épizooties de se déclarer.Dans la plaine de Saint-André on lui attribue cette propriété à causede l'odeur qui chasse le mauvais air. (1937, M. Marais, Jumelles). Ondit souvent que le bouc « ramasse toutes les maladies » des autresanimaux qui se trouvent ainsi guéris. Mais lui ne peut être malade, caril se guérit en s'urinant dans la bouche. (1938, LaFerrière-aux-Étangs, M. Gromesnil et Saint-André, M. Marais).

BUFFLE.

Quand saint Taurin, apôtre d'Évreux, vint évangéliser le pays, le démonvoulant entraver sa mission prit successivement la forme d'un ours,d'un buffle et d'un lion. Alors qu'il avait l'aspect du buffle, Taurinle prit par une corne et la lui arracha. Aussi montrait-on dansl'abbaye de Saint-Taurin d'Évreux une énorme corne qui y resta jusqu'àla Révolution. Quand on approchait l'oreille de l'ouverture, onentendait clairement le démon qui disait : « Taurin, rends-moi ma corne».

CABOT.

Nom du têtard (larve de grenouille).

CABOT ou CAFOT.

Petit poisson d'eau douce à grosse tête, comestible, mais peu estimé.

CANARDS.

Appel. — « Béri, béri » (M. Marais, Jumelles). « Bérou, bérou, bérou »(M. Delage, Chavigny). « Bourr. Bourr. Bourr. » (1) (M. Duguay,Damville).

CHAT.

Queue. — Beaucoup de personnes font couper l'extrémité de la queuedes jeunes chats pour leur retirer un ver.

Pain bénit. — Les chats qui mangent du pain bénit, ou boivent del'eau bénite miaulent continuellement.

Bouchons. — On met un collier de bouchons de liège aux chattes pourfaire passer leur lait.

Présage. — Quand le chat, faisant sa toilette, passe la pattederrière l'oreille, c'est un indice de pluie prochaine. On dit qu' « ilpasse l'oreille ».

Expressions. — Quand il fait son ronron « il file sa quenouille ».S'il tire la langue « il fait pello ». (Elbeuf, M. Gromenil).

Cliquet. — On désigne parfois le chat sous le nom de cliquet (?).(Tournedos, Bois-Hubert).

CHAT-HOU.

C'est ainsi qu'on désigne le chat-huant (Pluriel : Chat-houx). On ditaussi ca-hou aux environs de Saint-André.

Voyez : FERDAILLE et HOUPEUX.

CHENILLES.

Nid. — Quand les arbres sont couverts de nids de chenilles, lespaysans disent « qu'un v'lin a passé par là », semblant entendre quec'est une sorte de maladie contagieuse. On en dit autant des mauvaisesherbes se propageant vite.

CHEVAL.

Queue. — Dans la plaine du Neubourg, on coupe la queue des poulainsle jour du Vendredi-Saint. Ce sont les maréchaux-ferrants qui fontl'opération et la chute leur appartient, ce qui leur fournit unbénéfice appréciable. (Plaine du Neubourg). Ailleurs, comme dans laplaine de Saint-André, on n'a pas de jour spécial pour cette opération,qu'on pratique pour que les chevaux soient plus faciles à harnacher.C'est ce qu'on appelle « secouer » les chevaux. (Plaine de Saint-André).

Longe. — Lors des ventes publiques, le cheval est attaché à une cordenommée longe. Un pourboire fixe obligatoire, pour le clerc d'huissier,est censé payer la longe.

Entorse. — « Prière pour la foulure ou entorse du cheval. Dire cesparoles « A Lay de salay avalde marche ». Il faut répéter trois foisen frappant le sabot du cheval. Si c'est du côté du montoire, frappezle pied gauche. Elle sert aussi pour les hommes ». (Copié d'unmanuscrit écrit au XIXe siècle, à Saint-Elier, Vallée du Rouloir).

Tranchées. — Conduire le cheval sur du fumier, de porc de préférence,et attendre qu'il urine. (1936, Branville ; M. Gondard à Claville).

Prière contre les avives ou tranchées rouges des chevaux : « Cheval(nommez le poil) appartenant à M. X... Si tu as des avives, de quelleque couleur qu'elles soient et tranchées rouges ou tranchesons ou detrente-six sortes d'autres maux, en cas qu'ils y soient, Dieu teguérisse et le Bienheureux Saint Eloi. Au nom du Père et du Fils et duSaint-Esprit. » Puis dire 5 Pater et 5 Ave Maria et à genoux.(Copié d'un manuscrit écrit au XIXe siècle à Saint-Elier, Vallée duRouloir).

Un guérisseur soignait les tranchées rouges, mais il voulait être seuldans l'écurie avec le cheval, ou bien l'emmenait sur un chemin, maistoujours seul, faisant ses prières et le cheval était ramené guéri. Ilfaut remarquer qu'il était anticlérical. (XXe siècle, plaine deSaint-André, M. Marais, à Jumelles).

Autre prière : prendre l'oreille gauche du cheval dans la main gauche,mettre la main droite sur le cœur et prononcer ces paroles, en faisantface au soleil levant : « Tranchée donnée ou non donnée, je te conjure,au nom du Grand St Eloi, de sortir du corps de cet animal, sans luifaire plus de mal que le petit Jésus n'en fit à la Très Sainte Viergelorsqu'elle enfanta ». Dire 5 Pater et 5 Ave. (XXe,Saint-Germain-de-Fresnay, M. Oscar Legras, Adjoint au Maire d’Évreux,1937).

Le maréchal-ferrant de la commune d'Ambenay exerçait gracieusement lamission de « guérisseur ». Un jour, le cheval de son voisin est pris detranchées. Vite son voisin va le trouver, mais le maréchal est dans lebois. Le mal empirant, la femme du guérisseur s'en alla le rejoindre.Elle lui exposa l'objet de sa démarche : « C'est bien, répond notrehomme, tu peux rentrer à la maison et rassurer le voisin, je connais lacouleur de son cheval, je vais faire son affaire. » « Cessant alors letravail, il se jette à genoux au pied d'une cépée, et, avec une foiabsolue dans la vertu de sa prière, il adresse au Dieu de l'infini lessuprêmes invocations dont il a le secret ; puis il reprend sa serpe,achève son fagot et rentre chez lui. Le cheval était guéri. Une autrefois, c'est à l'atelier, à genoux au pied de son enclume, au milieu deses compagnons qui le respectent, qu'il accomplit son rite mystérieux.» (Rugles. Desloges, Christianisme et Croyances Populaires. SociétéNormande d'Études préhistoriques, t. XXII, p. 124 et 125).

Arrêt. — Un magicien ou sorcier empêchera un cheval de passer entraçant sur la route des signes cabalistiques. (Vallée d'Eure, 1880).

Un sorcier demanda à monter dans une voiture se dirigeant versNonancourt, service qui lui fut refusé. « C'est bon, dit-il, je seraiarrivé à Nonancourt avant vous. » En effet, quelques instants après lecheval s'immobilisa sur la route et rien ne put le décider à avancer.Le sorcier victorieux arriva ainsi à pied à Nonancourt avant l'autre.(Plaine de Saint-André, M. Delage, ancien Maire de Chavigny, et M.Marais, à Jumelles, 1938).

Au Tilleul-Othon, deux paysans étaient en rivalité pour la possessiond'un champ. Quand l'un fut envoyé en possession de la pièce de terre,l'autre lui dit : « Tu as le champ, mais tu ne le laboureras que quandje voudrai. » « Pourtant répond l'autre, pas plus tard que demain jecommencerai le travail. » Le lendemain il vient avec ses chevaux pourlabourer. A la lisière du champ les chevaux refusèrent d'avancer. Ni ladouceur, ni les coups ne purent les dompter. Ils étaient encore làquand l'adversaire vint dire : « Tu vois, je t'avais bien dit que tu nele labourerais que quand je voudrais. Eh bien, maintenant que tu as vumon pouvoir, tu pourras demain te mettre au travail. » En effet, lelendemain tout se passa normalement. (Vers 1925, Le Tilleul-Othon, MmeFretet, 1937).

Sur ce sujet il est utile de rappeler que saint Thomas d'Aquin setrouvait incommodé dans ses études par le grand bruit des chevaux quipassaient tous les jours sous ses fenêtres pour aller boire. Comme ilétait habile à faire des talismans, il fit une petite figure de cheval,qu'il enterra dans la rue, et depuis les palfreniers furent contraintsde chercher un autre chemin ne pouvant plus à toutes forces, fairepasser aucun cheval par cette chaussée. (Colin de Plancy : Dictionnaire infernal, art. Thomas).

Légendes. — A Saint-Martin de Pitre existe une pierre vénérée, surlaquelle les pèlerins, qui veulent guérir du carreau et de la patted'oie (sic), vont se frotter. Elle porterait l'empreinte des pieds desaint Martin et des pas de son cheval. (1910, Vallée de la Seine).

On raconte qu'un charretier, conduisant ses chevaux dans le vallonentre Boisset et le Plessis-Hébert, disparut avec son attelage dans uneprofonde excavation ouverte soudain sous ses pieds. Depuis, lors desorages, on entend un bruit extraordinaire sortant des profondeurs dusol, et l'on dit que c'est le galop des chevaux engloutis naguère. Enréalité c'est un bruit de cascade, et il est probable qu'il y a là unerivière souterraine, ce qui expliquerait l'accident. Le lieu s'appellel'Auge au Cheval. (Comte de Bonardi, Président du S. I. d'Évreux1935).

Commandements. — Pour avancer : Hue, Hie, Ahie.

Pour reculer : Hourié (arrière).

Pour arrêter : Hô (long).

Pour aller à gauche : Dia (court).

Pour aller à droite : Hueho (long) à Saint-André.

- - - Ohue, à Damville.

- - - Hue, au Neubourg.

Pour avancer vers la gauche : Diorq-hue, semble n'être employé que pardes étrangers au pays.

Pour le faire uriner : le charretier siffle une suite de petits coups crescendo.

Fiente. — La fiente de cheval délayée dans de l'eau est excellentepour nettoyer les récipients en verre.

Fers. — Sur la porte de certaines églises dédiées à saint Martin ou àsaint Eloi, on remarque des fers de chevaux cloués. Ainsi, la porte del'église de Saint-Martin de Brosville en était autrefois couverte et onen remarque encore actuellement 29 de modèles variés. (Vallée del'Iton).

— Dans l'église d'Amfreville-sur-Iton, il existe, sur le côté droit duchœur, un fer à cheval fixé sur un coussin rouge maintenu lui-même àune armature de fer fixée au mur par un scellement de fer. (M.Gromesnil, instituteur ).

— La Chapelle Saint-Eloi, à Fontaine-La-Soret, les pèlerins quiviennent se soigner pour l'eczéma déposent comme offrande des fers dechevaux neufs ou usés. Il y en a un énorme tas au pied de la statue desaint Eloi.

De nombreux clous forgés sont également enfoncés dans le mur del'abside, sans doute en l'honneur du même saint qui guérit les clous etfuroncles. (1934, vallée de la Risle).

Talisman. — Trouver un fer à cheval est un porte bonheur.

CHEVENNE.

Voy. JUERNE.

CHIEN.

Urine. — A Brosville, pour guérir tous les maux des enfants, on donneleur urine à boire à un chien. Si le chien meurt, l'enfant guérira. Lepaysan rusé ne fait cette expérience que sur de vieux chiens, maladesgénéralement, qui même sans cela, n'iraient pas bien loin. Enconséquence l'enfant guérira plus sûrement. (Brosville, M. Gromenil,instituteur, 1938).

Dent. — Il ne faut jamais égarer une dent de lait, car si elle étaitmangée par un chien, c'est une dent de chien qui pousserait à sa place.Il faut la placer sous un balai et le lendemain on trouvera un sou à laplace. (Croyance des écoliers en 1890).

Hurlement. — Le chien qui « hurle à la mort » indique une mortprochaine aux alentours.

Billet de loterie. — Il est des paysans qui prennent un billet deloterie au nom de leur chien. (Brosville).

Fleurs. — Violette de chien, rose de chien : Violettes et rosessauvages.

CHIEN DE BERGER.

Commandements -     « A ton bord » = Veille de ton côté.
« Ramène-les » = s'ils s'éloignent.
« Arrête-les » = s'ils prennent la fuite.
« Arrête » = pour que le chien s'arrête lui-même.
« Amène » = rassemblement. (Plaine de Saint-André).
« Avance » = si le troupeau s'écarte de sa route. (Plaine du Neubourg).

CHIENS DE MEUTE.

Messe de saint Hubert. — A la chapelle Saint-Marc, dans la forêt deBeaumont, on dit une messe de la Saint-Hubert, avec bénédiction deschiens de meute de l'équipage de Boisgelin, suivie d'une chasse àcourre. (Mme Erhard, à Beaumont, 1935) (Saint-Marc, prononcerSaint-Mââr = mord, pour que les chiens aient plus de mordant).

Commandements. — « Aho ! Aho ! » pour appeler les chiens égarés. « Ala voie ! A la voie ! » pour les remettre sur la voie de la bête.

COCCINELLE.

Voy. POULETTE A BON DIEU.

COCHON.

Hémorragies. — Les hémorragies nasales sont immédiatement arrêtéespar l'introduction du malade dans la soue à cochon (l'étable). (1880,Croisy, Vallée d'Eure). La fiente de porc, placée sous le nez au moment de l'hémorragie, a lemême résultat.

Abatage. — Le charcutier qui va tuer un porc mettra à sa porte : « Ontue tel jour ».

Viande. — Quand on tue un cochon, avant de le fendre, il fauttoujours avoir soin de boire la goutte, pour avoir bonne haleine etne pas faire tourner la viande, et personne ne devra approcher sansavoir bu la goutte. (Orne, M. Gromenil, instituteur). — Une femme indisposée ne doit pas aller près du lard salé, elle feraittourner la viande. (Plaine de Saint-André).

Hâtille. — La hâtille, dite aussi l'âme du cochon, est un platcomposé exclusivement des poumons du porc coupés en petits morceaux etmis en civet, avec une sauce semblable au civet de lièvre. — A Jouy-sur-Eure, la hâtille est composée des viscères du porc misen pâté. (Vallée d'Eure, M. Lebugle).

Atignolles. — Boulettes de viande de porc hâchée, placées dans unplat en terre et cuites dans la graisse. Elles étaient vendues un soupièce par les charcutiers. (Avant 1914, Evreux).

Vente. — Quand un paysan vend un cochon au charcutier, il est d'usagequ'il donne, en sus, deux bottes de paille de blé pour le flamber.

Noms. — La truie est une coche. Le cochon est nommé souvent un nocturiau, un gentilhomme, un habillé de soie.

Repas de cochon. — Le dimanche qui suit le jour où on tue un porc, onen profite pour inviter les parents et amis à un repas où l'on ne mangeguère que des plats composés de viande de porc : potage de bouillon detête, hatelet (rôti), saucisses, boudin, hâtille (Voy. hâtille),foie, oreille grillée, avec de nombreux trous normands pour fairepasser. Le déjeuner, commencé à midi, se termine vers cinq ou six heures pouraller donner à manger aux bêtes, se dégourdir et faire de la place,et à huit heures on se remet à table pour un souper qui se prolongeassez longtemps dans la nuit, comme il se doit. Ces deux repas sont cequ'on appelle le repas de cochon, sans idée péjorative. On y mangel'âme du cochon (la hâtille). Ce jour s'appelle la Saint Cochon.Celui qui n'en a pas l'habitude renonce bientôt à concurrencer lafaculté d'absorption des estomacs normands, qui est incroyable, maisqui savent aussi bien se contenter d'un repas frugal les joursouvrables.

Repas du — Celui-ci est très différent du précédent. Il fut en usagedans différentes confréries de charité où l'on servait un cochon delait entier rôti. (Début du XIXe siècle. Plaine du Neubourg, Ch.Leroy).

Anecdote. — Une mendiante venait de se voir refuser l'aumône par unefermière enceinte. Elle lui dit en partant : « Je ne vous souhaite pasde mal, mais seulement d'avoir autant d'enfants que votre coche(truie). Or, la coche donna naissance à douze petits, et la fermière eneut autant. On les porta au baptême sur un plateau d'argent.(Croisy-sur-Eure, 1880).

Appels. –           «  Quiaux ! Quiaux ! » (Vallée d'Eure).
« Quia ! Quia ! » doux (Pays d'Ouche).
« Quia ! Quia ! » guttural (Plaine du Neubourg).
Pour les chasser « Housse, housse (Combon).

COCHON DE LAIT.

Ce nom, qui est celui d'un animal, est aussi employé pour désigner lefruit de l'aubépine. On dit aussi chenelle ou cenelle.

COQ.

Sur l'église. — Quand on place un coq sur un clocher, il est d'usagede le promener par la paroisse et de recueillir des offrandes aubénéfice des ouvriers. Avant de placer le coq au Clocher d'Argent de lacathédrale d'Évreux, les ouvriers le promenèrent tout enrubanné par laville et reçurent des pourboires.

Sur le pain bénit. — L'abbé Cochet, en parlant d'un petit coq enterre cuite trouvé dans une incinération gallo-romaine, compare cetobjet et le dit analogue à celui dont on surmontait le pain bénit à sonépoque, en 1855 (Estuaire de la Seine ; Eure).

Sur les meules. — On remarqua en 1937 plusieurs meules de la régionde Prey, surmontées d'un coq en paille. C'était l'œuvre d'un couvreurde meules et bedeau de Prey. (MM. Vautier et Marais).

Chant. — Pour empêcher un coq de chanter, on l'enferme en un lieu oùil ne pourra dresser la tête.

Plaisanterie. — Le coq d'un miséreux, dont la volaille couchaitdehors, chantait plaintivement « L'hiver est long ». Celui d'un voisinguère plus riche, nourrissant difficilement sa basse-cour, répondaitplaintivement « Comment le passerons-nous ? » Mais le coq du château,qui était grassement nourri, les rassurait en chantant sur un tonorgueilleux et satisfait : « T'embarasse pas ! ». (1880,Croisy-sur-Eure).

Œufs de — Voyez à ŒUF l'article sur les œufs de coq.

Présage. — Quand une poule chante « le coq », c'est-à-dire chantecomme le coq, c'est un porte-malheur : il faut la tuer.

Erigots. — Les ergots du coq.

Légende. — Quand saint Adjutor revint miraculeusement de TerreSainte, il se trouva sur les bords de la Seine. Là il rencontra unpetit pâtre : « Va au château de Blaru et dis à la Noble Rosamonde queson fils est ici. » Au château on savait qu'Adjutor était prisonnier enPalestine et on mit le petit pâtre à la porte. Celui-ci revint trouverAdjutor qui lui dit : « Retourne au château et déclare qu'il est aussivrai qu'Adjutor est ici, sur les bords de la Seine, qu'il est vraiqu'on entendra chanter le coq qui est à la broche. » Le petit pâtreremplit exactement sa mission, et à peine eut-il invoqué le témoignagedu coq qui était à la broche que celui-ci se mit à chanter. » (Bréauté,Bibl. de Louviers. Enquête ministérielle sur la poésie et les chantspopulaires en 1854, Archives de l'Eure, Série T 141 Mss).

COQUELICOTS.

Quand on entend dire « il y a du coq dans les champs », il ne faut pass'y méprendre, le paysan entend par là qu'il y a des coquelicots.Toutefois au singulier il dira coquelicot.

CORBEAU.

Voy. CORNEILLE et CORNOUILLARD.

CORNEILLE.

C'est sous ce nom général qu'on désigne corbeaux et corneilles. Le mot corbeau n'est presque jamais employé.

CORNOUILLARD.

Petit corbeau encore au nid. (Baux-Ste-Croix).

COUCOU.

Chant. — Dès qu'on entend le coucou chanter, on dit que le cidrebouché est « bon à boire ». La première fois de l'année que l'on entend le coucou chanter, on estsûr d'avoir de l'argent toute l'année, si l'on a la chance d'en avoirdans sa poche à ce moment. Quand le coucou chante « Katroucou !katroucou ! » on dit qu'il est en train de « manger les œufs des autresoiseaux et qu'il en mange quatre au coup ». (1880, Vallée d'Eure).

COULEUVRE.

Rhumatisme. — On guérit le rhumatisme en portant une couleuvrevivante dans sa chemise. (Evreux, M. Vautier).

Talisman. — Celui qui porte sur lui une couleuvre ou un crapaud nepeut être abusé par les magiciens qui voudraient lui faire voir deschoses inexistantes. Un magicien montrait au public un coq qui traînaitune poutre. Une femme chargée d'un fagot de bois s'étant approchée,s'informa, et étant renseignée s'écria : « Moi je vois un coq quitraîne un fétu ». « Allez, rentrez chez vous ma bonne femme, luidit-il, car vous avez sûrement dans votre fagot un crapaud ou unecouleuvre ». (1880, Vallée d'Eure).

Comestible. — La couleuvre ne se mange pas habituellement, mais ceuxqui en ont goûté en matelotte vantent la saveur de l'anguille dehaie, aussi succulente que l'anguille de rivière. (Evreux, Comte deBonardi).

Herbe à — On appelle herbe à couleuvre, l'ellébore fétide(elleborus foetidus, Linné). C'est la plante que dans le Centre onappelle : pommeraie, rose de serpent, herbe à sétons. Le nomd'herbe à couleuvres ne semble figurer dans aucune flore.(Saint-Germain-sur-Avre, A. Langlois).

Vache. — On prend souvent comme préjugé populaire le fait que lacouleuvre va téter les vaches. Or, ce fait est véridique, d'aprèsnombre de témoins. La couleuvre s'enroule autour d'une patte dederrière de la vache sans que celle-ci se défende si peu que ce soit.

CRAPAUD.

Préjugé. — Le crapaud qui chante à la porte doit être tué, car ilporte malheur. (Orne, M. Gromesnil).

Voir aussi à COULEUVRE, talisman et VACHE, maigreur.

Venin. — Des promeneurs rencontrèrent un jour un crapaud et unevipère, d'autres disent une couleuvre, qui essayaient de s'occiremutuellement. La vipère attaquait, mais le crapaud se protégeait alorsde son « venin », dont la vipère se trouvait touchée. Elle allait alorssur une touffe de plantain, sur laquelle elle s'essuyait soigneusementet revenait à l'assaut de son ennemi. Après qu'ils eurent assisté àplusieurs épisodes du combat, où les mêmes faits se reproduisirent, lestémoins coupèrent alors la touffe de plantain pendant l'absence de lavipère. Quand elle revint, pour se purifier de la même façon, netrouvant pas son contrepoison, elle mourut sur place. (Rapporté par monpère, 1890, et par M. Langlois, inst. et naturaliste à Évreux, 1938).

DÉFENSE.

de pâturer. — Une poignée de paille attachée à une branche d'arbre,ou à un bâton piqué au bord d'un champ, s'appelle une défense, etindique qu'il est défendu d'y faire paître, le propriétaire de champ seréservant ce droit.

DINDON.

Gourme. — Ce qu'on appelle gourme du dindon, c'est sa crête. (Valléed'Eure).

Appel. — « Guerlou, guerlou » (Plaine du Neubourg).

DRUS.

Les petits d'une couvée sont drus, quand ils sont prêts à prendreleur vol.

ÉCUREUIL.

Gibier. — J'ai vu, vers 1890, détruire un nid d'écureuils, sous leprétexte que les écureuils détruisent le gibier. (Croisy-sur-Eure).

ÉPINOCHE.

Voy. ÉQUIGNE.

ÉQUIGNE.

C'est l'épinoche, petit poisson de rivière appelé dans certains pays« étrangle chat ».

FALE.

L'œsophage de certains volatiles.

FERDAILLE.

Présage. — La « ferdaille » à St-André, La « fresaie » à Evreux, La «fersâ » à Damville, La « fersée » dans l'Orne, sont les noms parlesquels on désigne les oiseaux nocturnes. C'est le présage d'une mortaux alentours lorsqu'on entend leur cri.

Prédiction. — Le sorcier de Fay (près Thomer) avait annoncé que «quand son garçon mourrait, une ferdaille passerait sous le cercueil etirait se poser sur le mur du cimetière ». Or, lors de l'inhumation, en1925, les assistants constatèrent la vérité de la prédiction. (1925,Thomer et M. Marais à Jumelles).

FAUCHEUX.

Araignées aquatique et terrestre à longues pattes.

FOURRAGES VERTS.

Les bestiaux enfleront s'ils mangent des fourrages verts semés ledimanche des Rameaux. (Plaine de Saint-André, M. Delage).

FOURMIS.

Chasseur d'œufs. — Les œufs de fourmis sont fort appréciés deséleveurs de faisans, mais il faut s'en procurer. C'est pourquoicertains « industriels » se sont spécialisés dans la récolte de cesœufs. Pour réussir, il leur faut une patience extrême ; qu'on en juge :afin de découvrir sûrement une fourmillière, ils suivent une fourmi,qui les conduira forcément, à l'aller ou au retour, à la fourmillière.C'est la grosse fourmi de nos forêts qui est leur principalepourvoyeuse. Les mains des chasseurs d'œufs de fourmis sont couvertesde piqûres de ces insectes qui, naturellement, se défendent.

Jaunisse. — Pour guérir la jaunisse, on fait cuire un œuf dansl'urine du malade et on l'enfouit dans une fourmillière. (1900, valléed'Eure).

Frémi. — La fourmi est nommée frémi.

FRELONS.

Piqûre. — Il en faut trois pour tuer un homme et cinq pour tuer uncheval.

GEAI.

Enigme. — « Je ne fais pas ce que geai fait,
                     Car si je faisais ce que geai fait,
                      Je ferais ce que jen'ai jamais fait. »

Réponse : le nid du geai. (Vallée d'Eure).

GOBELIN.

C'est un monstre aquatique fabuleux, par la crainte duquel les parentséloignent les enfants des bords des mares et des cours d'eau. Combiende fois ai-je entendu dire, à moi ou à d'autres bambins : « Si turestes près de la rivière le Gobelin va venir te prendre ! Il y a ungobelin ! Tu vas voir le Gobelin ! » (Uniquement dans la rég. Évreux).

GISIER.

Le gésier des volailles.

GRENOUILLES.

Légende. — Saint Meslain, fondateur de l'Ermitage de N.-D. du Désert(forêt de Breteuil), fut un jour incommodé dans ses oraisons par lescoassements des grenouilles de la mare voisine. Sans hésiter, il lesmenaça des peines de l'Enfer et de l'excommunication. Aussitôt il sefit un silence complet. On construisit plus tard en ce lieu unechapelle dédiée à sainte Suzanne. Les grenouilles de Sainte-Suzannen'ont plus jamais chanté. D'autres disent que c'est sainte Suzannequi aurait excommunié les grenouilles. Or sainte Suzanne, bienqu'honorée dans la chapelle, où se trouvent de ses reliques, n'estjamais venue dans le pays. Cette légende a de l'analogie avec celle desaint Thomas d'Aquin. (Voir CHEVAUX, arrêt).

Chant. - « Vers onze heures commençait le chœur des grenouillesdemandant : « Un soliveau, un roi » ou bien encore, comme disent lespaysans : « Pique, trèfle, cœur, carreau » ce qui donne exactement leurbruit si quatre bouches les prononcent ensemble. » (La Varende ; Paysd'Ouche).

Comestible. — J'ai vu autrefois un marchand de cuisses degrenouilles. Il les portait dans un énorme panier ayant, dans le fondet sur le dessus, une serviette blanche. Il les vendait à la douzaineet on les mangeait frites dans de la pâte à beignet. (Vers 1890,Evreux).

Nom. — La Varende nomme aussi les grenouilles des grouazelles.(Pays d'Ouche). Dans la forêt d'Évreux ce sont des guernouilles.

GRILLON.

Présage. — Le grillon, dit cricri, porte bonheur dans la maison oùil se fait entendre.

GUÊPES.

Piqûres. — Voy. ABEILLES.

HAÏR.

Se dit des oiseaux ou volailles qui abandonnent leur nid avec les œufsou les petits. Une paysanne, dont le pigeonnier avait été abandonné, medit : « Les chat-houx l's ont fait haï » (c'est-à-dire les chats huantsavaient pris la place des pigeons qui s'étaient éloignés. (1924,Gauville, Plaine du Neubourg).

HARENG.

Le Jeudi-Saint. — A l'église Sainte-Foy de Conches, le Jeudi Saint,on distribuait un hareng désalé à chacun des enfants qui avaientfiguré les apôtres au lavement des pieds. Celui qui avait personnifiéJudas avait deux harengs, en raison des brimades dont il était l'objetde la part des autres gamins. (Avant 1914, Conches).

HÉRISSON.

Vaches. — Le hérisson fait avorter les vaches. On estime que c'est unpréjugé populaire, mais c'est un fait prouvé.

Comestible. — Il y a deux sortes de hérissons, celui à nez de chienet celui à nez de cochon. Celui-ci seul est comestible.

Pommes. — On dit que le hérisson va sous les pommiers se rouler etrapporte les pommes piquées dans son dos pour s'en faire une provisionpour l'hiver. Mais, le hérisson est insectivore. (1880, Vallée d'Eure).

HIRONDELLES.

Nid. — Portent bonheur dans les maisons où elles font leur nid. Lepaysan ne détruit pas un nid d'hirondelles. (Croyance générale).

HOUPEUX.

Tout oiseau de nuit à cause de son hululement. Le cri du « houpeux »,comme celui de la « ferdaille », est un présage de mort prochaine auxalentours.

HUITRE.

L'écaille de l'huître est une « écale ».

JUERNE ou JUERGNE.

C'est le chevenne, poisson d'eau douce. (Vallée d'Eure).

LAMPRION.

Sorte de petite anguille de rivière, longue de 0 m. 20, vivant engroupe (Vallée d'Eure).

LAPIN.

Fierté. — Quand on transporte de jeunes lapins dans une caisse ou unpanier, il faut avoir soin de leur mettre une litière de paille, foinou herbe, sans quoi ils meurent souvent dans le transport. Les lapinsde garennes et les lièvres y sont particulièrement sensibles. On ditalors qu'ils sont morts de fierté, que c'est la fierté (voy. RENARD). (Env. d'Évreux).

Bouchons. — Pour faire passer le lait des lapines, on leur met (commepour les chattes), un collier de bouchons de liège et on leur donne dupersil à manger. (Env. d'Évreux).

LÉZARD VERT.

Voy. VER MOURON.

LIÈVRE.

Présage. — Quand sur une route un lièvre passe devant vous, celaporte malheur ; il faut faire demi-tour afin de prendre un autre cheminpour passer devant lui. (La Barre-en-Ouche).

Fierté. — Voy. LAPIN et RENARD.

LIMAÇON.

Sirop. — On fait du sirop de limaçon pour les maux de gorge (Evreux).

Tisane de — D'après un manuscrit du XIXe siècle voici la « manière defaire la tisane de limaçons, très efficace dans les maladies depoitrine : prendre 7 à 8 limaçons à coque, les bien laver, les écraser,les jeter dans une pinte d'eau bouillante et les laisser bouillir unquart d'heure, puis passer et édulcorer chaque tasse avec un peu desucre. Les limaçons dont on se sert sont ceux qu'on trouve dans lespieds des murs. » (Vers 1860, Vallée de la Seine).

Jeu. — Les enfants ayant trouvé un limaçon chantent :
                Calimaçonborgne,
                Montre-moi tes cornes,
                Si tu ne veux pas les montrer
                On va t'étouffer. (Echauffour).

LOIR.

Voy. RAT BAILLET.

LOUP.

Dents de loup. — On appelait colliers dents de loup les colliers àperles longues en os qu'on faisait porter aux enfants pour faciliter ladentition ou préserver des convulsions. (Les Andelys ? L. Coutil).

MANS.

Ou ver blanc : larve du hanneton.  Ver qui vit dans latête de certains moutons et les rend fous. Par extension, on dit d'unindividu dont la raison est chancelante qu'il a un mans.

MARINGOUIN.

Grand moustique.

MOCET.

Nom du moineau.

MOINEAU.

Voy. MOCET.

MORUE.

Repas de la — De nombreuses charités faisaient un repas maigre LeVendredi saint. Nous disons maigre, mais non frugal. On y mangeait ensuffisante abondance pour contenter des estomacs de charitons.Certaines charités envoyaient même une voiture à Quillebeuf ou àHonfleur spécialement chargée de rapporter le poisson nécessaire, dontla morue était l'un des éléments. De là le nom de repas de la morue.(XIXe s. Plaine du Neubourg ; Roumois. E. Guillemare).

MOUCHES.

Préjugé. — Manger des mouches rend le cœur gai. (Evreux).

Abeilles. — Nom commun des abeilles. Le paysan a des mouches ou des mouches à miel, mais l'apiculteur a des abeilles. Voy. ABEILLES.

MOULES.

Toxiques. — En Normandie ce sont des moulettes. On reconnaît qu'ellessont toxiques si, en plaçant une pièce d'argent ou une cuiller de mêmemétal dans le plat, elle devient noire. (Croyance fausse). L'écaillédes moules est une « écale ».

MOUTON.

1ER Agneau. — Si le premier agneau de l'année est un mâle, lepropriétaire du troupeau fait faire des crêpes au repas et arrose,pour que toute la ferme prenne part à cette bonne nouvelle. (Chavigny,M. Delage).

Queue. — On coupe la queue des agneaux femelles afin de favoriser lessaillies, et on arrête le sang avec des toiles d'araignée.

Saint-Jean. — Le jour de la Saint-Jean les bergers, tant les bergersparticuliers que le berger commun du lieu, mettent des couronnes defleurs aux moutons et aux vaches et les conduisent, ainsi parés, auxportes de leurs maîtres qui leur donnent leur vin, c'est-à-dire unerémunération. Puis on jette les moutons à l'eau et on les passe dans lafumée du feu de la Saint- Jean, cela les préserve de la gale. (Déb. duXIXe s. Rég. de Laigle. Vaugeois : Hist. de l'Aigle).

Noël. — Lors de la fête des Bergers, qui se célébrait pendant lamesse de minuit, le jour de Noël, les bergers, au milieu de chantsd'allégresse, « allaient offrir un mouton ou un agneau, paré de rubans,à l'Enfant-Dieu couché dans la crèche. L'offrande de l'agneau avaitlieu au moment de l'Adoration. » (Plaine du Neubourg. Ch. Leroy : Paysans Normands. Annuaire des cinq départements de Normandie,année 1904). En 1938, c'est à Claville que cette fête a été célébrée.

Apparition. — Une journalière rentrant chez elle par un chemin vert,craignait de se mettre en nuit. Le sorcier du Fay « qui faisait le bien» lui dit : « t'as pas besoin d'avoir peur, j'vas t'faire accompagnerd'un petit mouton. » En effet, il fit apparaître un petit agneau, insaisissable, qui accompagna la pauvre femme en gambadant jusqu'à sademeure. (Combon, Plaine du Neubourg, M. Glaçon. — Jumelles, Plaine deSaint-André, M. Marais).

Appels. — Pour appeler les brebis, dans la région de Saint-André, leberger fait : « Brou ! » (long). Aux abords de Conches, il dit : «Brou, Bê ».

Pour les commandements au chien de berger : voy. CHIEN DE BERGER.

Maléfice. — A Grossœuvre, chez le fermier du château, les moutonsmouraient. On fit venir un sorcier, plus fort que celui qui étaitl'auteur de l'épizootie, et la mortalité s'arrêta. (M. Marais,Jumelles). — Un berger de Gauville, en 1939, évite de venir à Claville par crainteque la mère X., la sorcière, jette un sort à ses moutons. (1939,Claville).

Présage. — Si la lune éclaire pendant la messe de minuit, lesbergeries ne prospéreront pas, le contraire aura lieu s'il fait obscur.(Déb. du XIXe, Laigle. Vaugeois : Hist. de l'Aigle). — Quand les moutons sautent, c'est signe d'orage et de pluie. (1939,Evreux).

Le Mignard. — Mouton favori du berger, souvent le plus beau. (M.Delamarche).

MUSÉRAIGNE.

Musaraigne.

ŒUFS.

Pâqueret. — Pendant le temps pascal, les enfants de chœur setransforment en « cueilleux d'œufs ». Ils vont de maison en maisondemander leur pâqueret, en chantant des complaintes de circonstance,dont les paroles varient parfois d'une paroisse à une autre. On leurdonne des œufs ou quelque piécette. (Toute la région d'Évreux).

Voici la chanson en usage à Évreux :

I.

N'oubliez pas les enfants de chœur
Qui chantent les louanges du Seigneur.
Un jour viendra,
Dieu vous l'rendra.
Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !

II.

Mettez d' l'argent dans nos goussets
Ou bien des œufs dans nos paniers.
Un jour viendra,
Dieu vous l'rendra. Alléluia ! etc.

III.
Couplet de remerciement

Nous remercions les gens de cœur
Qui ont donné aux enfants de chœur.
Un jour viendra,
Dieu vous l'rendra. Alléluia ! etc.

IV.
Couplet de malédiction si on refuse

Catherine a mis sa poule à couver.
C'était pour pas nous en donner.
Un jour viendra,
Ta poule crèvera. Alléluia ! etc.

(1938, Evreux, paroisse St-Taurin).

Conserves. - Les œufs à mettre en conserve doivent être choisis parmiceux pondus entre les deux Notre-Dame (15 août et 8 septembre). On peutles conserver dans de la cendre ou « du linge blanc de lessive ».(1890, Vallée d'Eure). — Une femme indisposée ne doit pas aller près des œufs en conserve ; «elle les ferait tourner ». (Vallée de l'Avre).

Couvée. — Quand on met des œufs à couver, on place dessous la pailleun morceau de fer qui empêchera les poussins d'être tués par la foudreou de naître aveugles ou les pattes retournées. Pendant la lune rousseon abrite les couvées avec des toiles, pour que les rayons de la lunene fassent pas mourir les poussins. On fait de même pour les jeuneslapins. (1920, à Conches).

Crapauds. — Pendant la Semaine sainte, tout au moins pendant lesjours de jeûne où les œufs étaient défendus, ceux-ci avaient descrapauds dedans. Ainsi les enfants n'insistaient pas pour en manger.(Fin du XIXe s., Evreux, Conches).

Fausse couche. — Lorsqu'une femme enceinte fait une chute qui luifait craindre un accident, il faut qu'elle avale un œuf cru, après yavoir mêlé des hachures très menues d'un fil de soie cramoisi. On ditque cela rattache. (Déb. du XIXe s., Vaugeois : Hist. de l'Aigle).

Divination. — On jette un blanc d'œuf dans l'eau, on le bat : on yvoit des tours si l'on doit demeurer à la ville ; des villages, si l'ondoit habiter la campagne ; des couvents, si l'on doit entrer enreligion. (Déb. du XIXe s. Vaugeois : Hist. de l'Aigle).

Coquilles. — On ne doit pas brûler les coquilles d'œuf, car c'estavec des coquilles d'œuf et des pelures d'oignon que saint Laurent aété grillé. (Beaumont-le-Roger). Les coquilles d'œuf éloignent les papillons des jardins. Les coquillesd'œuf écrasées servent à nettoyer les récipients de verre.

Jaunisse. — Voy. FOURMIS.

Jaune. — Le jaune de l'œuf est le moyeu. (Plaine du Neubourg).

Plaisanterie. — « Il aime bien ses parents mais se fout d'eux »(Œufs). (Baux-Sainte-Croix).

Œufs de coq. — Ce sont de fort petits œufs, de la grosseur d'un œufde pigeon, dépourvus de jaune. Certains prétendent que ces œufs sontpondus par des coqs. C'est une erreur grossière, le coq ne possédantpas les organes de la gestation. Ils sont pondus par de vieilles poulesà la fin de leur ponte, ou par des jeunes à la fin de leur ponteannuelle. Bien qu'ils n'aient pas de jaune, ils sont parfois fécondés,mais, naturellement, sans que cette fécondation ait de résultat,puisque n'ayant pas de jaune, ils n'ont pas de germe. Dans certainesrégions on dit que de ces œufs, mis à couver, écloront des serpentsailés ou basilics. Nous n'avons pas connaissance de cette croyance dansnotre région.

OISEAUX DE PROIE.

Quand ils battent des ailes en l'air, sans changer de place, on ditqu'ils planent et qu'alors ils endorment un oiseau posé à terre.

OISEAUX DE NUIT.

Voy. CHAT-HOU, FERDAILLE et HOUPEUX.

ORVAIRE.

Orvet. — Petit serpent non venimeux ; substantif féminin en normand.D'une femme méchante on dira : c'est une orvaire ».

ORVET.

Voy. ORVAIRE.

OS.

A peler. — L'écorce du chêne, destinée à faire le tan, s'appelle petard. L'instrument qui sert à peler l'arbre est l'os à peler, ou peleux ou os de mulet. (Plateau du Neubourg, Evreux). C'estgénéralement un fémur de bœuf ou d'autre animal, taillé en biseau. Il ala propriété de ne pas couper l'écorce, ce qui la rendrait cassante.Quand un bûcheron a un bon os à peler, il s'en sert pendant des années.J'en ai trouvé qui avaient fait un si long service qu'ils étaient poliset brillants comme de l'ivoire. Quand l'os devient trop lisse, et parconséquent glissant dans la main, l'ouvrier lui fait des stries avecune râpe à bois ou un grès.

Des murs. — Dans beaucoup de murs en bauge (pisé) on voit de grosos, fémurs, tibias, cubitus, etc., de bœuf ou de cheval fixés dans labauge, même où ils ont été placés lors de la construction du mur. Cesos sont destinés à fixer les lattes de bois des treillages servant àmettre les arbres en espalier, car il est impossible de fixer des clousdans la bauge.

OURS.

Dicton. — « Quand à la Chandeleur le soleil luzierne
                    « L'ours pour quarante jours rentre dans sacaverne ».

Ce qui signifie : Quand le jour de la Chandeleur le soleil se montre etse cache plusieurs fois, le mauvais temps de l'hiver durera encorequarante jours. (Déb. du XIXe s., Vaugeois : Hist. de LAigle).

OUTARDES.

Voy. « PITERNE ».

PANSE.

L'estomac chez la plupart des animaux.

PAPILLON.

Galeux. — Certains papillons ont la réputation de transmettre lagale. Ce sont des papillons galeux. (Evreux, M. Langlois,naturaliste).

PIE.

Présage. — Si l'on rencontre une pie ou des pies en nombre impair =malheur. Si elles sont en nombre pair = bonheur. « Pie apiégée (posée), chance assurée » (Conches).

Enigme. —     Pie a haut nid. (La pie fait son nidhaut).
                         Caille a bas nid.(La caille fait son nid en bas (à terre)
                         Quien passe à l'eau.(Le chien passe à l'eau facilement).
                         Cat n'osa. (Le chatn'ose la passer).

                                                                
                                                  (XIXe s., vallée d'Eure).


Fromage à la — Fromage blanc plutôt mou.

PIGEON.

Méningite. — On guérit la méningite par l'application, tous les jourssur la tête du malade, d'un pigeon vivant, ouvert en deux, sans luitoucher le cœur. Quand l'animal deviendra tout noir il aura pris lemal du patient et celui-ci guérira. (Cette croyance est générale. Onl'applique encore à Évreux).

Saint Esprit. — L'origine de cette croyance, aussi bizarre quecruelle, vient d'une dévotion au Saint Esprit. On la trouve chez nousdans l'église de Combon, où l'on vient faire des prières au SaintEsprit, représenté au-dessus de la chaire, pour tous les maux de têteet particulièrement la méningite. Car n'est-ce pas dans la tête queréside l'esprit ; il est donc naturel d'invoquer l'Esprit Saint et dele représenter comme guérisseur direct, par son emblème : un pigeon.(1938, Combon, près Beaumont-le-Roger).

On applique aussi le pigeon vivant pour diverses autres maladies. (Rég.d'Evreux).

Fale de. — Couleur gorge de pigeon. La fale est l'œsophage decertains volatiles.

PINTARDE.

Pintade.

PITERNE.

Chasse à la. — La piterne était un animal fabuleux qui servait à semoquer d'aucuns. Un ouvrier de ferme, ou de culture, semblait-il un peunaïf, ses camarades, et même aussi ses patrons, proposaient un soird'aller à la piterne ou à la chasse à la piterne.En pleine nuit sans lune, on partait munis de lanternes, tambours etbâtons, accompagnés de chiens. Le héros de la farce devait portersimplement « une pouche » (sac) pour enfermer la bête. Il était placé àun endroit où sa consigne était de ne pas s'éloigner, le sac tout grandouvert entre les jambes écartées et sur le passage certain de la bêtequi devait se précipiter affolée dans le sac où elle demeureraitprisonnière. Les autres battaient la forêt à grand bruit, frappant descoups de bâton sur les arbres, battant le tambour et excitant leschiens. Mais, graduellement la troupe s'éloignait en éteignant leslumières, jusqu'à ce qu'un silence complet régnât dans les ténèbres. Lemalheureux abandonné s'apercevait alors, mais trop tard, qu'on s'étaitjoué de lui. Dans le Pays d'Ouche, piterne est féminin ; mais dans laplaine de Saint-André, il est masculin. A un chasseur ayant des alluresde tartarin on demandera : « Vas-tu à la chasse à la piterne, té gas ?» (XIXe s., Conches).

Le surnom de La Piterne désigne ceux qui furent victimes de la farce.Dans la vallée d'Eure, la piterne est remplacée dans le même but parles outardes (XIXe s. Croisy-sur-Eure).

POISSON.

Rogue.- Les œufs des poissons. Un poisson qui a des œufs est rogué.

Pêche. — Avec un peu de graisse humaine on attire tous les poissons.

Légende. — Saint Lubinvivait dans un ermitage de la forêt de Louviers. Il se rendit au marchéde la ville pour acheter du poisson, seul mets qu'il ajouta à sonfrugal repas. A son retour, très fatigué, il s'endormit au pied d'uneépine et son sommeil dura sept années. Lorsqu'il se réveilla, il trouvales poissons aussi frais qu'ils étaient avant son sommeil. Il fonda là,la communauté de l'Epine. On y vient en pèlerinage pour les douleurs etrhumatismes. Et on voit toujours l'épine témoin du miracle.Malheureusement elle n'a guère plus de 180 ans. (De Vesly : Causerie sur les forêts du Bord et de Louviers, Annuaire des cinq Départements, 1904).

POISSONS ROUGES.

Comestible. — Dans uneferme j'ai assisté, étant enfant à un repas où l'on a servi despoissons rouges à la crème. Si je me souviens bien, ce n'était pas trèsfameux. (1890, Reg. de Conches).

PORC.

Voy. COCHON.

POUX.

Préjugés. — Les pouxsont un indice de santé des enfants ; il ne faut pas les détruire.Oncite un entrepreneur qui faisait mettre des poux sur ses enfants pourles rendre vigoureux, au grand désespoir de sa femme. (Mme Ehrard, àBeaumont). Les poux naissent spontanément sur les gens très vieux. Ilarrive aussi dans certaines maladies que les poux naissent spontanémentsur la malade et même... à l'approche de la mort, on a vu des pouxsortir d'un trou derrière la tête du malade. Il n'y a alors plus rien àfaire car « la pouyère est crevée ». (Sic). (1890, Evreux).

Destruction. — Pour détruire les poux on place une petite emplâtre, dite mouche de Milan, sur l'avant-bras gauche. (1937, Evreux, H. Bellenger).

POULE.

Ensorcelée. — Undomestique fut renvoyé d'une ferme et annonça qu'il se vengerait. Apeine eut-il franchi la porte de sortie que toutes les poules se mirentà danser pendant plusieurs heures. (Chavigny, M. Delage).

Offrande. — Avant laguerre de 1914, il n'était pas rare, le jeudi, jour du marché, detrouver derrière le maître-autel de l'église de Sainte-Foy de Conches,des volailles vivantes déposées là comme offrande. (Conches, témoignaged'un habitant).

Préjugé. — La poule qui chante comme un coq, « chante le coq ». « Elle porte malheur, il faut la tuer. »

Cloquer. — C'est l'appel de la poule à ses poussins quand elle fait « Cloc, Cloc ».

Coureux — Poulet élevéen liberté ; c'est le contraire d'un poulet engraissé. Les paysannesles vantent ainsi : « C'est des coureux, ça r'soud ». C'est-à-dire qu'ils gonflent à la cuisson.

Etigots. — Ce sont lesplumes pas encore formées des oiseaux, et particulièrement des poulets,dont le tube est encore rempli de sang. Par extension, j'ai entendudire d'un balai de bouleau usé : « Il ne lui reste que les étigots ».

Etigoter. — Enlever les étigots d'une volaille.

Pattes. — Manger des pattes de poules fait dormir.

Appel. — La fermière appelant ses poules leur dit : « P'tits, p'tits ». A Combon on dit aussi : « Tits, tits » aigu.

POULE D'EAU.

La poule d'eau est respectée dans la plupart de nos communes. Des municipalités en interdisent la destruction.

POULETTE A BON DIEU.

C'est le roitelet qui est ordinairement un oiseau très respecté. Ondonne aussi ce nom à la coccinelle qui est généralement un insecterespecté. Les enfants prennent une coccinelle sur le bout du doigt etlui disent3 fois : « P'tite poulette, y fera t'y beau dimanche ». Ils concluentqu'il fera beau, si elle s'envole avant la fin. (Evreux, M. Gromenil).

PROVANNE.

La provende des animaux.

PUCES.

Croyance. — La pailled'avoine engendre des puces. Il en est de même des copeaux de chênemouillés d'urine. (Evreux ?) Une sorte de menthe sauvage porte le nomvulgaire de chasse puce. (Vallée d'Eure).

RAGONDIN.

On a donné ce nom au rat musqué ou ondatra qui, bien qu'originaired'Amérique, peuple abondamment les vallées de l'Iton et du Rouloir,depuis qu'il y a été accidentellement importé il y a quelques années.

RAT BAILLET ou RAT VERRÉ.

Dans la Vallée d'Eure on donne ce nom au loir. Dans la plaine de Saint-André on l'appelle rat verré ou rat varais.

RENARD.

Fierté. — Un renard pris au piège se trouve si honteux qu'il peut enmourir. On dit alors qu'il est « mort de fierté ». (Chavigny, M.Delage).

ROITELET.

Voy. POULETTE A BON DIEU.

SAINTS GUÉRISSEURS DES BESTIAUX.

SAINT ELOI.- A Léry on fait une solennité de la fête de saint Eloi pourla préservation des bestiaux. Mais c'est une messe comme une autre sansaucune particularité. (1938, abbé Desdouits, curé de Pont-de-l'Arche).

SAINT EVROULT.— A Saint-Elier, le saint le plus couramment vénéré pourla guérison des maladies du bétail est saint Evroult. Pourquoi plutôtsaint Evroult qu'un autre ? Nous nous le sommes demandé, et, encomparant les noms des saints guérisseurs du pays avec leursattributions, nous avons le plus souvent reconnu l'origine dupèlerinage dans le nom du saint. Pour saint Evroult, nous pensons qu'il fut choisi parce que lesbestiaux qui se portent bien s'ébrouent gaiement. Mais, si l'on trouveune étymologie meilleure, nous accepterons d'abandonner celle-là. Lepèlerinage le plus important a lieu le 21 mai dans l'église deSaint-Elier, près Conches. Ce jour-là, fête de saint Evroult, un grandnombre de cultivateurs des environs immédiats de Saint-Elier seréunissent. Une messe est dite pour la protection des animaux pendantl'année. Il n'y a pas de cérémonie particulière, mais une bénédictionde fleurs et, surtout, de touffes de buis et de petits rubans que l'on fait toucher à la statue du saint. Buis etrubans sont emportés par les fidèles. Le buis sera réparti dans lesbâtiments agricoles. Des branches de buis bénit aux Rameaux sont aussi placées sur lesbâtiments pour les épizooties et contre la foudre. Les rubans serontimposés sur la tête des animaux en cas de maladie, les pèlerins se fontréciter des évangiles. Ce jour-là, la paroisse de Saint-Elier a deuxpains bénits, l'un dit de la paroisse, l'autre, le pain bénit de saintEvroult, offert par un des pèlerins étrangers à la paroisse, qui avaitaccepté, l'année précédente, de l'offrir à la Saint Evroult suivante.(1935, Vallée du Rouloir, SaintElier).

A Claville, dans l'église, une autre statue de saint Evroult, fortintéressante, puisqu'elle est du XIIIe siècle, est visitée par lespaysans pour la guérison de leurs animaux. (1937, plaine du Neubourg).

A Pont-de-l'Arche, il en est de même dans l'église. On fait dire desmesses et on fait toucher un ruban de dévotion, dont la moitié estattachée à la statue et l'autre moitié emportée. (1937, Chan.Desdouits, doyen de Pont-de-l'Arche).

SAINT YVES.- A Saint-Maclou, saint Yves est imploré pour les maladiesdes bestiaux à Saint-Maclou, près de Pont-Audemer. On fait dire desmesses, des évangiles et l'on met des cierges.

Au Marais-Vernier. — Le même saint est imploré au Marais-Vernier pourla même raison. (Il est à remarquer que dans les litanies de saint Yvesil n'est pas question des bestiaux. (1937, Reg. de Pont-Audemer, M.l'abbé Bouillon).

SAINT ROCH. — A Beaubray. — L'épizootie de fièvre aphteuse de l'hiver1937-1938 a donné naissance à un nouveau pèlerinage. Cette fois c'estsaint Roch qui a été imploré dans l'église de Beaubray. Saint Roch aété vénéré de tous temps pour les épidémies, au même titre que saintSébastien. Il est, du reste, représenté presque toujours montrant sajambe nue affligée d'un bubon pesteux. Donc, le 2 janvier 1938, dans la modeste église de Beaubray, où le curéréunit difficilement une fois par mois à sa messe, une douzaine defidèles, des centaines de pèlerins s'étaient réunis pour implorer saintRoch d'intervenir pour arrêter l'épizootie. Ils s'y retrouvèrent ànouveau le 6 février suivant. La messe fut précédée de la bénédictionsolennelle du pain bénit, des médailles et images de saint Roch destinéesaux pèlerins. Puis ce fut la vénération des reliques et une grand messe chantée. Ilétait précisé dans l'annonce du pèlerinage, qu'on pourrait « seprocurer des cierges et emporter de l'eau bénite ». (Pays d'Ouche. Journal de Conches, 7 janvier et 3 février 1938).

(Lescierges bénits le 6 février sont considérés comme cierges de laChandeleur et, comme tels, ils ont la réputation de préserver de lafoudre quand on les allume pendant les orages).

SALAMANDRE.

Voy. TAC.

SANGSURE.

Les sangsues sont des « sangsures ». Un hameau d'Évreux appeléautrefois la Sangsurière, et de nos jours « la Censurière », sembleavoir été un lieu où se recueillaient ces animaux.

SOURIS.

Saint-Jean. — Le jour de la Saint-Jean, prenez dans un champ un épi deblé, suspendez-le dans votre maison ; les souris ne feront aucun tort àvos récoltes pendant l'année. (Début du XIXe s. Vaugeois : Hist. del'Aigle).

TAC.

La Salamandre, à laquelle les paysans donnent le nom de Tac, ou sourd, à la réputation de sauter à la figure de l'homme, malgré ses mœurs trèspaisibles. Les paysans le croient sourd (jaune avec des taches noires)et disent fréquemment : « Si le tac entendait, si la taupe voyait... »,sous-entendant par là que les choses iraient autrement. On ditaussi, « méchant comme un tac ». (Ëvreux, M. Langlois, instituteur,naturaliste).

On lui donne aussi le nom de mouron ou ver mouron. Mais ces noms désignent aussi le lézard vert. (Voy. VER MOURON).

TAUPE.

Talisman. — Les quatre pattes d'une taupe mises dans un sachet de toilesuspendu en scapulaire, empêche les convulsions. (Vexin, Cuiseniers M.Langlois, inst.).

TÊTARD.

Voy. CABOT.

TRUITE.

Légende. — Entre Ivry et Anet existe une source dédiée à saint Germain.Ce saint homme, passant par là, guérit une jeune paysanne qui avait eula main mangée par une truite. Une chapelle y fut construite et devintun lieu de pèlerinage le second dimanche de mai, sous le titre deSaint-Germain-la-Truite. On y vient pour les maladies cutanées desmains et pour avoir beaucoup d'enfants. (1925, Vallée d'Eure).

VACHE.

Ferrement. — Jusqu'autroisième quart du XIXe siècle, les marchands de bestiaux les amenaientà pied, par la route, parfois de fort loin. Afin de leur préserver lacorne des pieds, on ferrait non seulement les bœufs, ce qui se faitcouramment dans les pays où les bœufs travaillent, mais aussi lesvaches laitières. (XIXe s., vallée d'Eure).

Cornes.— Alors que lescornes des vaches ont commencé de pousser, vers six mois, on peut leurdonner la forme que l'on veut. Il faut prendre un pain chaud, sortantdu four, et plonger les cornes dedans, puis on tourne pour donner à lacorne la forme désirée. La chaleur assouplit la corne. (Coudres, d'unmarchand de vaches). Quand une vache est écornée, il faut recouvrir lablessure avec des toiles d'araignée. (Jumelles, M. Marais). Le paysanprend très souvent une corne de vache pour se faire un buhot.C'est ainsi qu'on appelle le petit réservoir que le faucheur porte à laceinture, qui lui sert à mouiller sa pierre à faulx.

Pis.— Afin de fairevaloir la grosseur du pis des vaches, sur les foires, les vendeurstaillent des haricots en pointe et l'introduisent dans les tétines. Lavache ainsi conserve son lait et a un pis de belle apparence.Aussitôt la vente conclue une « trayeuse en foire », généralement uneindigente, vient bénévolement traire la bête ; elle bénéficienaturellement de la traite.

Empiètement. — Afind'empêcher les vaches de s'enfuir, pendant qu'elles sont à paître enliberté, on attache les cornes à l'une des pattes de devant. Tout en leur laissant la latitude de paître, cela les empêche derelever complètement la tête et par conséquent de courir. Une vacheainsi attachée est dite « empiétée ». (Le Cormier. Plaine deSaint-André).

Maigreur.— Si le paysana des vaches trop maigres, il a un bon moyen de les guérir : « Il fautprendre un crapaud et le brûler dans l'étable, puis frotter les pattesdes vaches avec le son qu'elles laissent dans leur auge ». (Vers 1890,Chavigny. M. Delage, d'après un sorcier de Mantes). Le procédé estévidemment presque infaillible, car si les vaches sontmaigres, c'est souvent qu'elles manquent de nourriture. Or quand ellesen laissent dans l'auge, c'est qu'elles sont rassasiées. A partir de cemoment elles reprendront de l'embonpoint.

Fiente.— On bouche lesjoints du tablier du pressoir avec de la mousse et de la bouse devache. On retire ces joints après chaque usage. On fait un mastic avecde la bouse de vache et de l'argile pour les ruches et les plaies desarbres.

Fièvre aphteuse. — Cettemaladie est nommée dans la région d'Évreux, la cocotte. « Un homme deLa Barre-en-Ouche touche une des vaches malades, puis toutes les vachessaines, puis il va prier dans une église de lui seul connue ». C'est samanière de soigner l'épizootie. (1938, La Barre-enOuche).

Fièvre aphteuse (prièrecontre la). — « Faire le signe de la croix. Sortir le taureau ou laplus belle vache (ou brebis) de l'étable ; lui tourner la tête ausoleil levant ; passer la main trois fois sur l'animal, du museau à laqueue en prononçant ces mots : Vingluse, fructuse, mortuse.Détacherla corde et tourner l'animal à droite ; le rentrer ainsi à l'étable.L'opération doit être faite par le maître de la maison, avec la volontéde vouloir (sic) empêcher la maladie de gagner ses animaux. Faire cela le matin au petit jour, les animaux étant à jeun ». (Copiéd'un feuillet manuscrit, 1938, Plaine de Saint-André. M. Marais,Jumelles).

Enflure. — Prière pour l'enfle (sic) des vaches :

« Je t'ai laissé manger
Super mango
Consuma flua. »

Il faut répéter 3 fois ces paroles, en faisant le signe de la Croixavec le pouce sur le côté de l'enfle, et répéter cinq Pater et cinq Ave». (Vallée du Rouloir. Copié d'un manuscrit du XIXe siècle).

Vêlage. — Quand la vacheest vêlée, on lui fait boire la rôtie, composée de 4 à 5 litres decidre et de pain grillé afin d'aider à la délivrance. (Coutume actuelledu pays d'Ouche).

Urine. — Un ancien mairede Brosville, atteint de faiblesse de poitrine (sic), buvait de l'urineencore chaude de vache fraîchement vêlée. (1907, Brosville, M.Gromenil, inst., 1937).

Corde.— Dans les ventes publiques, les vaches sont attachées avec une corde,par les cornes. Il est d'usage qu'un pourboire fixe soit donné au clercd'huissier, soi-disant pour « la corde ».

Empommée. — Une vache s'empomme quand elle étouffe à cause d'une pomme qu'elle a avalée sans la mâcher.

Empouchée. — Une vache empouchée étouffe à cause d'un objet ou d'un fruit qui lui reste dans l'œsophage.

Noms. — Les noms des vaches choisis d'après leur couleur sont :

La Bringée = pour une blonde.
La Caillette ou la Caille = pour une tachetée de blanc.
La Blanche, La Blonde ou ma Blonde.
La Noire, La Brune ou ma Brune.
La Pâquerette = marquée de blanc et de jaune, ou achetée à Pâques.

Si le nom est choisi d'après leurs qualités on trouve :

La ou Ma Mignonne. La ou Ma jolie, etc...
Le taureau ou robin, est généralement nommé Cadet.

On donne souvent aux vaches le nom, ou le surnom, féminisé de celui dequi elles ont été acquises. Le Cinéma et la T.S.F. faisant connaitrepartout les noms des vedettes, on trouve des vaches nommées maintenantde noms exotiques. On nous a signalé également Gonzesse.

Appel. — Dans la plaine du Neubourg pour appeler les vaches c'est « Cû viens. — Cû la cû J». L'appel pour les vaches en liberté est « Cû Cû » long et traînant. (Plaine de St-André).

Dans la forêt d'Évreux, dans les parties où les paysans ont le droit d'aller aux champs dans le bois (sic), l'appel est « Hoû hoû » long ettraînant. (Les Baux-Ste-Croix). C'est le même appel qu'emploient les Belges immigrés en Normandie.

Bedon. - Grand veau ou petite vache. (Vallée d'Eure).

Téteux. - Veau resté à l'herbage qui continue à tèter sa mère quoiqu'en âge d'être sevré.

VAIRON.

Œil de, ou œil vairon. — Se dit des yeux d'un animal qui sont de couleur dissemblable : « Il a l'œil de vairon ».

VEAU.

Envoûtement. — Un cœur de veau piqué d'épingles, et enterré, est unmaléfice destiné à faire du mal à la personne que le sorcier a visée ;il agira à mesure de sa décomposition. (1938, Heudreville-sur-Eure,Thomer-laSôgne).

Vers 1925-1930, le curé de Pont-de-l'Arche fut prévenu qu'un cœur deveau était attaché à la croix du cimetière des Damps et qu'il veuillebien venir l'enlever.
— Que ne l'enlevez-vous vous-même ? répondit-il.
— Ah ! Monsieur le Curé, personne ne l'enlèvera, car on pourrait êtrevictime d'un maléfice. Tandis que vous, vous n'avez pas cela à craindre. (Les Damps. Vallée de la Seine).

Viande. — Dans la région de Bernay, le jour de l'Ascension, on ne mange comme viande que du veau.

VER MOURON ou MOURON.

Le lézard vert (lacerta viridis), insectivore, inoffensif, (long. 0 m.35) rare en Normandie, est nommé par les paysans le ver mouron, ou mouron. Il a la réputation, toute gratuite, d'être un animal très dangereuxcherchant toujours à sauter à la figure des gens qu'il rencontre. Commeil pousse un léger sifflement, celui-ci n'est pas fait pour atténuerla frayeur qu'il inspire. Un paysan m'a dit « Son nom indique bien unanimal terrible : Mouron » (sic). Son sifflement fait dire de quelqu'un d'asthmatique ou d'essouflé « Il souffle comme un mouron ». Les mêmes noms sont donnés aussi à la salamandre. Voy. : TAC.

VER SOLITAIRE.

Guérison. — Pour guérir du ver solitaire, il faut manger pendant 4 à 5jours quarante pépins de citrouille par jour, puis se purger. Ou encorefaire un cataplasme de racine de fougère mâle, bouillie dans du vinblanc et l'appliquer sur le ventre. Le même jour se purger.

VERS DE TERRE.

Pour combattre la fièvre, mettre aux pieds du malade une application de vers de terre. (M. Gromesnil, Elbeuf).

VERS INTESTINAUX.

Sainte Barbe est la guérisseuse des vers intestinaux dans la région dela Basse-Eure. On va l'implorer dans les églises deFontaine-Heudebourg, Sainte-Barbe-sur-Gaillon, Heudreville-sur-Eure.(Basse-Eure, Lemeilleur, à Bois-Ricard, 1937).

Tanésie. — On écrase entre deux bois la plante nommée « tanésie », onen fait un onguent de coulepr brune, qui sent très fort, et onl'applique sur diverses parties du corps de l'enfant : creux des mains,sous les pieds, creux du ventre, creux de l'estomac, etc. (1886, Valléed'Eure).

VIPÈRE.

Peau. - Le rhumatisme est guéri par l'application d'une peau de vipère tombée lors de la mue.


NOTE :
(1) En patois normand les canards sont des bourres et les canes des bourrettes.