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[MAZARINADE] ARGENCES,Tanneguy-Joseph d' (16..-16..) : Haranguefaite en la présence du roy de la Grande Bretagne lors de l'arrivée deSa Majesté britannique en la ville de Pontaudemer, où ce prince y fitla reveûë généralle de ses troupes le samedy une heure après midy 21 dejuin mil six cens quatre vingt douze...- [Rouen] : [N. LeTourneur], [1692].- 3 p. ; 25 cm.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (04.V.2012)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
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Texte établi sur l'exemplaire de laMédiathèque (Bm Lx : Norm br 1183)

Harangue faite en présence du roy de la Grande-Bretagne (1692)

~*~

HARANGUE
FAITE EN LA PRESENCE
DU ROY de la Grande Bretagne
lors de l'arrivée de Sa Majesté Bri-
tannique en la Ville de Pontaude-
mer, où ce Prince fit la Revûë
generale de ses Troupes, le Samedy
une heure aprés midi 21 de Juin
mil six cens quatre-vingt-douze.

Par Monsieur DARGENCES, CONSEILLER DU ROY,
et LIEUTENANT AU BAILLIAGE DE PONTAUDEMER,
en offrant à ce MONARQUE les Presens de la Ville.

JE viens SIRE, me prosterneraux pieds de VOSTRE MAJESTE', en vous presentant les Juges & lesOfficiers du ROY TRES-CHRESTIEN, avec les Maires & Echevins de saVille de Pontaudemer.

Qu'ilseroit ici à souhaitter pour moy, pour cette Ville que je voistoute en Armes, toute éclatante en réjoüissances, comme pour tout cegrand Monde qui contemple avec plaisir, & qui environne la PersonneSacrée de VOSTRE MAJESTE'. Que nos vœux pussent être aujourd'huiexaucez ! en arrêtant VOSTRE MAJESTE' au milieu de tous ses Gardes queje vois ici qui l'environne, & de ses Régimens qui marchent sur sespas augustes : Mais sur tout, au milieu de sa course Royalle précipitée: comme autrefois ce fameux JOSUE' arrêta le Soleil, afin de pouvoiradmirer deprés ce qui rend VOSTRE MAJESTE' digne de l'admiration detout l'Univers, en contemplant à loisir UN ROY de trois grandsRoyaumes, qui combat avec tant de gloire à la face du Ciel & de laTerre, contre les ennemis de celuy qui fait regner les ROIS : Mais quicombat contre ce MONSTRE ASMATIQUEque l'Irréligion, la Revolte, la Trahison & la Caballe, de concerttoutes quatre ensemble ont couronné avec cette trop dénaturée PRINCESSE,à l'horreur, à l'étonnement, à l'execration de l'Univers entier.MONSTRE bien plûtôt de nature, tout horrible, tout epouventable, quel'Enfer avec les Flots irritez d'une Mer toute écumante & touteengagée vomit subitement il y a environ trois ans pour le jetter surles bords de la Capitale d'un des trois Royaumes de VOSTRE MAJESTE' ;ayant par son venim maudit & trop contagieux infecté dans le mêmemoment, dans le même instant, les Cours même les plus Augustes &les plus Saintes, comme les plus Catholiques des Potentats &Souverains de l'Europe, aussi-bienque les Parties du Monde les plussaines qu'il a corrompuës.

QU'IL EST Glorieux pour VOSTRE MAJESTE' SIRE, de voir que vos troisCouronnes, où l'Art comme la Nature, toutes deux à l'envi l'une del'autre, ont épuisé tous leurs Thresors pour les rendre les pluséclatantes : mais par une industrie seule semblable à elle-même, commeaussi par un trop charmant & spirituel mélange, l'on remarque àpresent quelles sont devenuës toutes trois les plus brillantes de toutl'Univers, lors que l'on y entrevoit quelque peu d'Epines agreablemententrelassées de celle DU ROY de tous LES ROIS.

C'EST icy, SIRE, qu'il faut que malgré moy, je fasse cederl'impetuosité de mon zele, au profond Respect, aux bornes du temps,comme aux prodiges tous surprenans de la vie toute Miraculeuse DEVOSTRE MAJESTE'.

S'IL métois permis de me laisser aller au plaisir trop secret, que jesens à toucher cette Matiere, que ne dirois-je pas icy. MAIS jem'aperçois bien, SIRE, que les vœux même de tant de personnes siégallement Illustres, que je presente à VOSTRE MAJESTE', si distinguez,tant du côté de la Sainteté des Autels, que par le Sanctuaire de laJustice, aussi bien que par le brillant éclat des Armes & de cellesmêmes qui font les delices & l'ornement de leur sexe, ne peuventpas être exaucez. ALLEZ, SIRE, ALLEZ, recevoir les Caresses de la REINEvôtre Epouse, les tendresses DU PRINCE DE GALLE, les embrassemens DELOUIS LE GRAND (MONARQUE) lequel ne voit plusque le CIEL, pour le termeAuguste de sa Gloire, étant si rempli de celle de tout l'Univers, dontcet invincible HEROS est égallement les delices ; l'admiration comme laTerreur, ensemble les Respects & Hommages de sa Cour, la pluspompeuse du Monde, qui vous attend avec impatience ; Pendant que nousAllons redoubler nos vœux & nos prieres ves le Ciel, pour la Santé& prosperité DE VOSTRE MAJESTE'.

Harangue faite en présence du roy de la Grande-Bretagne (1692) Harangue faite en présence du roy de la Grande-Bretagne (1692)