
Octave MIRBEAU, journaliste, critique d'art, romancier etdramaturge français né à Trévières (Calvados), le 16 février 1848,décédé à Paris le 16 février 1917.Oeuvres principales : l'Abbé Jules (1888), Sébastien Roch (1890), le Jardin des supplices (1899), le Journal d'une femme de chambre (1900), les Affaires sont les affaires (1903).
Les sites officiels de SociétéOctave Mirbeau (1) (2).
Textes parus dans Gil Blas, L'Echo de Paris, Le Journal de 1886 à 1913.
Le Concombre fugitif : "Je vous diraique j'aime les fleurs d'une passion presque monomaniaque. Les fleurs mesont des amies "silencieuses et violentes", et fidèles. Et toute joieme vient d'elles. Mais je n'aime pas les fleurs bêtes car, siblasphématoire que cela paraisse,..."
Explosif et baladeur : "Le concombrefugitif a fait du chemin - c'est bien le cas de le dire, avec et sansimage - depuis le jour où je l'aperçus qui "se trottait" dans lesjardins du père Hortus. Il a disparu et n'a plus donné de sesnouvelles. Voici la lettre que le vieux jardinier de Granville m'écrità ce sujet. Elle est navrante, botaniquement parlant :..."
Mon jardinier : "Mon jardinier, lebon Clément, met des tuteurs aux glaïeuls. Cette année, les glaïeulsfont triste mine ; le pied est tout jaune, les grandes feuilles, àforme de glaive, retombent, sans force, çà et là marbrées de rouille,et les hampes sortent, tortillées et veules, montrant les spathesroussies par les coups de soleil..."
Le mur : "Le père Rivoli a un mur. Ce murlonge une route. Et il est fort délabré. Les pluies et la pioche ducantonnier en ont miné la base ; les pierres, déchaussées, ne tiennentplus guère, et des brèches s'ouvrent. Il est pourtant joli,..."
La vache tachetée : "Depuis un an que lemalheureux Jacques Errant avait été jeté dans un cachot noir comme unecave, il n'avait vu âme qui vive, hormis des rats et son gardien, quine lui parlait jamais..."
Un point de vue : "... Et voicicomment il parla : - Monsieur le Juge, vous voyez en moi l'homme leplus stupéfait du monde. Vrai, je vous le jure, jamais je n'auraisimaginé qu'une telle chose fût possible ! Après ces quinze jours dedétention, de menottes aux mains, d'interrogatoires incompréhensibles,de courses vertigineuses, entre deux gardes, de la prison au Palais etdu Palais à la prison... oui, malgré cette réalité horrible, j'en suisencore à me demander si je ne rêve pas !..."
Pantomime départementale : "C'estdans un journal de l'Eure, qui me fut communiqué par mon ami monsieurAlphonse Allais, avec toutes les garanties légales de la plusincontestable authenticité, que je trouve les détails de la sombre etfunambulesque histoire qu'on lira plus loin..."
Le Gamin qui cueillait les cèpes : "Vous connaissez Porcellet, Guillaume-Adolphe Porcellet, le député millionnaire et socialiste ?..."
Un joyeux drille ! : "Figurez-vous unpetit tonneau, planté sur de courtes jambes et surmonté, en guise devisage, d'une tomate rougeoyante et dodue, d'une belle tomate à qui unelarge fente dans le travers de sa pulpe donnerait une constanteexpression de rire. Tel est l'exact, succint et symbolique portrait demonsieur Cléophas Ordinaire..."
Les millions de Jean Loqueteux : "JeanLoqueteux, fatigué d'avoir longtemps marché, s'assit sur la berge de laroute. Le soleil perçait les brumes, dégelait la terre, amollissaitl'herbe où le givre fondait en eau. Et personne ne passait sur laroute. Jean Loqueteux enleva de dessus son dos sa besace toute pleinede cailloux, compta les cailloux, en les alignant près de lui, lesremit en place avec gravité et respect, et il se dit..."
Le pantalon : "Hier, c'était le boutde l'an, à la Madeleine, de notre pauvre ami Jean des Lombes... Bout del'an sinistre et sans fleurs !... Le service fut dépêché dare-dare, lamesse dite à la va-te-faire-fiche, à la va-comme-je-te-pousse, par desprêtres inquiets et rapides... car - Jean n'a jamais eu de chance - ily avait, à la Madeleine, ce jour-là, un grand mariage,..."
Idées générales... : "- MonsieurGeorges Marrieul ? demanda Jules Rigard à un garçon de bureau qui,assis devant une table, grognon et tout chauve, ficelait maladroitementdes paquets de journaux, tandis qu'un autre, près de lui, debout, sale,les cheveux en broussaille, les mains tachées d'encre, triait deslettres qu'il insérait avec soin dans les petits compartiments d'uncasier, en épelant les suscriptions à haute voix..."
Monsieur Joseph : "La semaine passée,on vendait à l'Hôtel Drouot la bibliothèque du comte Trémoli. Elleétait célèbre. Bien des anecdotiers en avaient, jadis, conté l'histoireet énuméré les richesses..."
Vers le bonheur : "... Ma femme estjolie divinement : jamais de plus admirables yeux n'illuminèrent deplus de beauté un plus délicieux visage ; elle est bonneinépuisablement.. Je l'aime, elle m'aime ; il y a juste six moisaujourd'hui que nous sommes mariés..."
La peur de l'âne : "L'autre jour, un homme conduisant un âne par la bride descendait les Champs-Elysées, à l'heure élégante..."
La tristesse de mait'Pitaut : "Ronchonnant, sacrant, crachant, maît' Pitaut habillait ses chevaux dans l'écurie et se préparait à partir pour le labour..."
L'enfant mort : "Vers le soir, commeneuf heures sonnaient dans la chambre, l'enfant eut une dernièreconvulsion, poussa un dernier râle et mourut..."
Une bonne affaire : "Le père Radiguetrentra, un soir, chez lui, plus tard que de coutume, et grognon,préoccupé, il alla s'accagnarder près du feu, sans prononcer uneparole. Il ne parlait pas souvent, le père Radiguet,..."
Les bouches inutiles : "Le jour qu'ilfut bien avéré que le père François ne pouvait plus travailler, safemme, beaucoup plus jeune que lui et très vive, avec deux petits yeuxbrillants d'avare,..."
La mort du père Dugué : "- D'abord,ça l'a pris dans l'vent'e,... y a pas tant seu'ment huit jou's. MonDieu, t'nez, c'tait jeudi d' l'au' semaine... des c'liques, desc'liques, ça y tordait les bouyaux... Et il allait, il allait, yn'arrêtait point d'aller..."
retour
table des auteurs et des anonymes