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Extraits du Bulletinde la Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie,n°2 - 1868-1869.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (19.IX.2015)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
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Orthographeetgraphie conservées.
Texte établi sur les exemplaires de lamédiathèque (Bm Lx: Norm 1101) 


EXTRAITS
du

BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE
DU
CENTRE DE LA NORMANDIE

N°2 - 1868-1869



RAPPORT
De la Commission nommée par la Société d'horticulture du Centre de laNormandie, pour la visite des jardins du littoral,
Par
M. A. PANNIER, secrétaire de la Société d'Horticulture.


MESSIEURS,

Les membres de la commission chargée de visiter les jardins du littoralse sont dirigés, mercredi dernier, 4 de ce mois, vers Deauville,l'élégante et aristocratique cité balnéaire que la Sociétéd'Horticulture du centre de la Normandie a choisie, cette année, pourle théâtre de ses opérations et l'exhibition de ses plus beaux produitshorticoles.

L'un des membres de cette commission étant empêché, les membresprésents m'ont fait l'honneur de me proposer de me joindre à eux etengagé à vous présenter le rapport suivant.

Trouville et Deauville, que nous avons visités, possèdent, comme voussavez, Messieurs, les plus jolis et les plus riants jardins dulittoral normand.

L'air salin exerce sur les arbres et sur les plantes, en un mot, surtoute la végétation une heureuse influence. Les fleurs, dans ce petitcoin privilégié de notre riche province qui, tous les ans, est visitépar l'élite de la société parisienne et un grand nombre d'étrangers dedistinction, brillent de l'éclat le plus vif et présentent les nuancesles plus belles et les plus variées. Le sol, formé d'une terreglaiseuse ou argile d'Oxford, rebelle à la culture des plantesornementales et des arbres fruitiers, a été heureusement modifié, commenous le verrons, de manière à favoriser leur prompt développement.

Que d'efforts les horticulteurs de Trouville et de Deauville nedéploient-ils pas dans leurs travaux couronnés d'un plein succès

Que de soins n'apportent-ils pas dans la préparation de la terre quidoit recevoir les semences et les plantations diverses qui font-deTrouville et Deauville un véritable Éden ? Ce sont ces effortsincessants, ces soins assidus, que la commission se propose deconstater dans son rapport. Ce sont surtout les créations récentes,qui représentent le travail et l'intelligence, qui méritent d'êtresignalées et encouragées par la Société d'horticulture du centre de laNormandie.

La commission s'est d'abord dirigée vers l'établissement horticolecréé, au commencement du printemps de 1867, par M. Piel, jardinier àDeauville. Ce jardin est situé à l'extrémité méridionale de l'ancienmarais, au pied du coteau verdoyant que couronne d'une manièrepittoresque la vieille église romane et les maisons du village. Il estplacé sur le bord d'un ruisseau, divisé en deux parties distinctes etentouré de palissades qui le protègent contre les vents d'est, du nordet de l'ouest. La superficie du terrain est de 6,000 mètres environ.L'exhaussement moyen du sol, composé de sables, décombres et engraissur un fond glaiseux, est de 40 centimètres. La commission a remarquéque dans la partie la plus exhaussée la végétation était beaucoup plusvigoureuse que dans la partie basse. M. Piel est le seul jardiniermaraîcher qui ait réclamé notre visite. Les palissades qui entourentson jardin sont garnies d'arbres fruitiers plantés en cordons.L'intérieur de son exploitation est également planté d'arbres fruitierssur les plates-bandes qui entourent les carrés. Les cordons, lescontre-espaliers et les pyramides y sont disposés avec intelligence etgoût. Le nombre des poiriers, pommiers, pêchers et abricotiers s'élèveà environ 800. Aucun de ces arbres n'est encore en production, cequ'expliquent les plantations récentes, dont la plus ancienne neremonte qu'à deux années ; mais les pyramides, contre-espaliers etcordons qui ont été soumis à la taille nous ont paru parfaitementcommencés. Nous ferons, néanmoins, observer que les abricotiersbasses-tiges, placés en cordons, pourraient bien être peu productifs, àcause du sol bas et humide sur lequel cette culture est établie. Lacommission a également constaté que, parmi les arbres fruitiersplantés par cet intelligent horticulteur, ceux qui n'avaient qu'uneannée de greffe lors de leur plantation ont acquis aujourd'hui le plusgrand développement ; ils sont vigoureusement charpentés, tandis queles sujets qui étaient greffés depuis deux ou trois ans sont restés enarrière ; leur végétation a été beaucoup plus lente.

Le jardin que nous visitons offrait primitivement, comme l'ancienmarais dont il faisait partie, une terre argileuse, tenace, formée parles alluvions provenant des affaissements des coteaux d'argiled'Oxford qui dominent la mer. M. Piel l'a assaini par des canaux,divisé et assoupli par des apports de sable des dunes, sur uneépaisseur moyenne de 30 à 40 centimètres, et il est devenu fertile àforce d'engrais, malgré les ravages des vers blancs qui désolent toutle littoral et contre lesquels luttent avec énergie les horticulteurs.Il l'a rendu tout à fait propre à la culture maraîchère, en établissanttrois bassins alimentés par des canaux qui permettent de l'arroser àvolonté. Au moyen de travaux bien dirigés et d'irrigations bienentendues, M. Piel est parvenu à faire de ce jardin maraicher l'un desmeilleurs de la contrée ; les légumes de toutes espèces y croissent enabondance. La culture des plantes potagères est alternée, de manière àne laisser aucune parcelle de terrain improductive et à pourvoirabondamment les marchés de Deauville et de Trouville pendant la saisondes bains.

M. Piel est un travailleur actif et intelligent. Il a lutté avecénergie et avec les seules ressources dont il pouvait disposer contreun sol ingrat, qu'il a su, par son travail, rendre productif ; il aheureusement mis en pratique ce vers d'Horace : Labor improbus omniavincit. Aussi la commission a-t-elle l'honneur de vous proposerd'ajouter aux récompenses que cet habile horticulteur a remportées dansles concours précédents un prix spécial comme récompense de sa bonneculture de plantes potagères et pour encourager cette utile création, àlaquelle il se propose de donner une plus grande extension parl'établissement d'une serre en construction.

Les membres de la commission ont, ensuite, visité les plus beauxjardins qui bordent la magnifique terrasse de Deauville, le Brigtonnormand, et constaté avec plaisir la belle tenue de ces jardins quisont une véritable conquête sur les dunes.

Il y a quelques années, à la place des élégantes et coquettes villasqui attirent les regards des étrangers, s'élevaient des monticules desable où croissaient l'Eryngium Maritimum, l'une des plus bellesplantes du littoral, Veronica teucrium, var. prostrata, aux joliesgrappes d'un bleu vif que nous voudrions voir cultivée dans lesjardins, la Viola tricolor, var. nana, et autres plantesintéressantes. De frais et verts gazons, décorés de corbeilles defleurs et semés de jolis massifs d'arbres, émaillent aujourd'hui cettepartie du littoral, véritables oasis qui reposent agréablement la vue.

Jardin Demidoff — Le jardin qui entoure la riche villa Italienne duprince Demidoff, laquelle rappelle aux étrangers par son architectureélégante et sa distribution intérieure la maison pompéienne qui aappartenu au prince Napoléon, offre une jolie pelouse et plusieursbeaux arbres exotiques qui ont plus ou moins souffert de la violence duvent, très-fort dans ces parages, entr'autres l'Abies Pinsapo, leCèdre de l'Hymalaya, le Wellingtonia et le Biota aureaL'Araucariaimbricata parait supporter assez bien les coups de vent sur tout lelittoral.

Jardin de M. Donon. — Le jardin qui entoure la villa Elisabeth,appartenant à M. Donon, consul général de l'Empire ottoman à Paris,présente une superficie de 3,500 mètres. Son immense pelouse composéede trèfle rampant (Trifolium repense, de raygrass, fétuques,pâquerettes et d'Akillées qu'on retrouve dans le marais, estparfaitement entretenu et très vert pour la saison. L'arrosement Cambisest excellent pour les pelouses lorsqu'on dispose d'une forte pression.Parmi les arbres isolés qui font l'ornement de ce jardin, nous citeronsle Cupressus marcrocarpa le pin noir ou pin d'Autriche, qui résistentparfaitement aux vents violents de l'ouest et du nord ouest et sont enpleine vigueur. Le lierre d'Irlande tapisse un des murs de la villa etprésente un riche manteau de verdure. N'oublions pas les richesbordures de pétunias et de géranium zonal et les brillantes corbeillesqui émaillent les pelouses.

Jardin de Lady Olliffe. — Le jardin qui précède du côté de la valléede Touques, Victoria Lodge qui était la résidence favorite de M.Olliffe, ancien médecin de l'Ambassade anglaise et l'un des principauxfondateurs de Deauville, offre de beaux massifs d'arbres exotiques,entr'autres le Pin noir d'Autriche qui est d'une grande vigueur. Lejardinier, M. Jean Barette, est très actif et très intelligent.Indépendamment des soins que réclame ce parc, d'une moins grandeétendue que le précédent, il cultive un jardin potager. L'absence dupropriétaire de cette charmante villa qui rappelle, ainsi quel'habitation de M. Donon, les cotages anglais, sera remarquée à ce concours et à cette fête des fleurs.

Jardin de M. le duc de Sesto. — Le jardin qui entoure l'importantevilla que le fondateur de cette cité, M. le duc de Morny, deregrettable mémoire, avait fait construire, est une véritablemerveille. rien de plus gracieux et de plus séduisant à l'œil que cesbrillantes corbeilles de fleurs, admirablement disposées ; rien de plusfrais et de plus doux que ce tapis de gazon parfaitement entretenu ;Rien de plus surprenant pour l'étranger que cette luxuriante végétationqui semble défier la tempête. Parmi les arbres isolés nous avonssurtout remarqué le Cupressus Macrocarpa qui croit partout sur lacôte et qu'on ne saurait trouver, croyons-nous, plus beau ni plusvigoureux sur le bord de la mer. N'oublions pas ce magnifique groupe deYuccas qui élèvent fièrement leur tête au-dessus des autres plantesornementales. Comme disposition et comme tenue ce jardin, le plusétendu de cette partie du littoral, ne laisse selon la commission, rienà désirer. Il a été planté il y a six ans, par M. Diot, le jardinierqui le cultive encore aujourd'hui, avec un zèle et un goût artistiquequi décèlent une longue expérience et l'amour le plus profond de saprofession. Son talent n'a d'égal que sa modestie et son abnégation;modestie qu'il porte à un point tel que s'il avait connu les intentionsde la commission à son égard il n'eût assurément pas voulu se rendre àla distribution des récompenses. C'est une raison de plus pour que lacommission ait l'honneur de proposer au jury de décerner à cet habilehorticulteur l'une des plus hautes récompenses dont la société puissedisposer.

La commission regrette vivement que le temps ne lui ait pas permis devisiter les autres jardins qui bordent la terrasse de Deauvilleentr'autres le beau jardin de M. Gontaut-Byron.

Trouville. — La commission s'est ensuite transportée sur la falaiseverdoyante qui domine Trouville afin de visiter les nombreux jardinsdont elle est parsemée. Cette partie, très accidentée et trèspittoresque, a subi, depuis vingt ans, environ, une complète etmerveilleuse transformation; elle forme un contraste charmant etgracieux avec l'ancien marais que nous venons de parcourir, et qui,aujourd'hui, est couvert de nombreuses villas.

Jardins, et Parc de M. le Comte d'Hautpoul, Président du Comité de laSociété à Trouville. — Les jardins et l'immense parc que M. le comted'Hautpoul, ancien maire de Trouville, a fait dessiner sur la côte enregard de Deauville et auquel on accède par une magnifique rampe, sontconfiés aux soins intelligents de M. Bazile Lemonnier, son jardinier.

Le parc, admirablement dessiné, offre de beaux massifs d'arbresindigènes et exotiques, entr'autres six cupressus macrocarpa obtenusde semis faits il y a neuf ans, et en pleine vigueur, un wellingtoniaet sept à huit variétés de magnolias.

La tenue des jardins est excellente. Le jardin potager, surtout, et lesarbres fruitiers, par leurs belles formes, leur excellente dispositionet une taille parfaitement raisonnée, ont attiré l'attention de laCommission ; aussi, a-t-elle l'honneur de vous demander, pour cejardinier qui a su, par son habileté, leur imprimer une si bonnedirection, une récompense qui sera le juste tribut de ses laborieux etintelligents travaux.

Jardins de M. Leclerc de Lannoy, Maire de Trouville. — Les produitsdes jardins de M. Leclerc ont reçu, l'année dernière, à l'exposition deTrouville, la grande médaille d'honneur. La Commission, dont la visiten'était pas attendue, a constaté avec plaisir que M. Tabard, jardinierde M. Leclerc de Lannoy, continue de mériter la haute récompense quilui a été accordée, pour l'excellente tenue de son jardin d'agrément,le goût parfait qui préside à la distribution de ses massifs de fleurs,et la bonne culture du petit nombre de plantes de serre qu'il dirigelui-même. Aussi, la Commission a l'honneur de vous proposer de donnerà M. Tabard un rappel de la médaille d'or qui lui a été décernéel'année dernière.

Parc et Jardins de M. Cordier. — Les deux jardins potagers, qui sontrenfermés dans le magnifique parc qui entoure le chalet de M. Cordier,l'une des plus belles créations en ce genre qui existent sur la côtenormande, offrent des produits remarquables. Ils sont abondammentfournis de tous les légumes connus. On y remarque les piments et lesaubergines des contrées méridionales, en pleine croissance. Les énormesoignons de Madère croissent à côté des énormes choux de Brunswick etdes choux rouges du nord.

Ces jardins, admirablement tenus, sont confiés, ainsi que la serre, leschâssis et les nombreux massifs de fleurs disséminés dans le parc, auxsoins de M. Révérend. Ce zélé jardinier n'emploie que deux aides pourtous ses travaux. Le soin des allées du parc est donné à un autreouvrier pendant la belle saison. La Commission propose au Jury dedécerner à M. Révérend une récompense spéciale pour l'excellente tenuedes jardins qu'il dirige, la perfection de sa culture et la nombreusevariété des légumes qu'il cultive.

Le jardinier en chef de M. Cordier, M. Charles-Etienne Martin, dirigeactuellement les travaux d'embellissement que la nouvelle société sepropose d'exécuter sur le penchant de la falaise qui subira unecomplète transformation.

Jardin de Mme Jollois. — Le magnifique jardin qui entourel'habitation de Mme Jollois, occupe le point culminant du coteau quidomine Trouville. De ce délicieux parc, remarquable par l'heureusedistribution de ses massifs d'arbres ; mais, exposé à tous les vents,l'œil embrasse un splendide panorama maritime et plonge dans laplantureuse vallée de Touques, dont la luxuriante végétation se marieparfaitement à celle du coteau sur lequel nous étions placés. Les plusbeaux massifs sont composés de pins noirs plantés depuis huit à dixans. On ne saurait trop multiplier cet arbre précieux et propager saplantation sur toute la côte normande où il réussit parfaitement ;c'est un des plus beaux arbres exotiques acclimatés dans nos contrées.

Le savant horticulteur et zélé directeur de notre société, M. Oudin, ena fait planter dans les dunes de sable qui s'étendent près de Cabourg,dunes achetées dans le but d'expérimenter la naturalisation desvégétaux sur ce sol aride. Parmi toutes les espèces qui ont étéplantées, le pin noir est celui dont l'accroissement a été le plussatisfaisant. D'après le désir exprimé par M. le duc de Morny, il y aquelques années, M. Oudin essaya de planter cet arbre précieux par sonombrage et imposant par son port dans les dunes de Bénerville, et cetessai fut couronné de succès.

Les pins noirs plantés, ainsi que nous l'avons dit, il y a dix ans,chez Mme Jollois, atteignent aujourd'hui 5 à 6 mètres de hauteur.

M. Victor Anfry, le jardinier de Mme Jollois, est un intelligent etzélé travailleur. L'étendue de terrain qu'il cultive est immense et iln'a qu'un seul aide pour exécuter tous ses travaux. La Commission al'honneur de proposer au Jury de décerner à M. Anfry une récompensecomme témoignage de la satisfaction qu'elle a éprouvée en visitant lescultures qui lui sont confiées.

Jardins et Parc de M. Bossan de Caragnol, Chef d'Escadron au 1erChasseur d'Afrique. — Le jardin qui entoure la charmante habitation deM. Bossan est dessiné sur le versant méridional du coteau et abrité desvents qui soufflent de la mer. Le sol est d'excellente qualité, ce quiexplique la vigueur de la végétation et la fraîcheur des massifs quidécorent le parc ; les corbeilles de fleurs sont composées avec goût etparfaitement distribuées. La Commission a témoigné à M. Tabayer,jardinier, sa satisfaction pour la bonne tenue de ce parc confié à sessoins.

Jardin de M. Renault, Directeur des Ponts-et-Chaussées. — Ce jardin,caché comme un nid dans l'un des plis du coteau que domine la route deTrouville à Honfleur par Saint-Gatien, est un véritable Eden. C'estdans ce petit parc, dont on est loin de soupçonner la richesse, quel'on voit le plus beau cupressus macrocarpa qui, probablement,existe en France. Cet arbre mexicain, si gracieux de forme, paraît seplaire au milieu des pelouses de tous les jardins situés près de la mer.

M. Jean Levesiel cultive ce jardin avec le plus grand zèle et une rareintelligence. Nous vous proposons, Messieurs, de lui décerner l’unedes récompenses destinées aux plus habiles horticulteurs.

Parc de M. Hauttement. — Le dernier jardin que la Commission a visitésur la côte est celui qui entoure la maison normande, vendue à lanouvelle société qui exploite aujourd'hui le magnifique hôtel des Roches-Noires. L'aspect de ce jardin diffère complètement de tousceux que nous avons visités. Les fleurs sont peu nombreuses ; mais lesarbres, parmi lesquels on distingue plusieurs espèces exotiquestrès-intéressantes, sont disséminés avec goût sur tous les points dujardin, disposés en bouquets ou isolés. Un magnifique étang, sur lequelsont jetés des ponts rustiques, et qui est alimenté par un ruisseaudont le lit est semé de roches de l'effet le plus pittoresque, sedéveloppe derrière la maison d'habitation et entretient la fraîcheurdu parc situé au pied du coteau boisé qui domine la nouvelle route deTrouville à Honfleur. C'est un jardin tout à fait champêtre qui disposeà la rêverie, et sous les frais ombrages duquel un poète pourraittrouver d'heureuses inspirations.

Le créateur de ce délicieux parc, M. Robert, est  à la fois unjardinier instruit et un travailleur infatigable. Il a planté lui-mêmeplusieurs bosquets et dessiné plusieurs jardins, sur les coteaux élevésqui dominent la mer, dans un sol qui paraissait, jadis, stérile etétait tout à fait improductif. Il suffit de parcourir les jardins deMM. Hauttement et Chevalier pour apprécier l'énergie et l'habileté q necet horticulteur a déployées. C'est avec de petits moyens, trop souventnégligés par les architectes et les entrepreneurs de jardins, qu'il aobtenu le résultat que nous signalons. Sur toute la surface du terrainqui doit être converti en jardin, M. Robert ramassa avec soin lesparcelles de terre végétale ; il les réunit et les fait porter auxendroits où il se propose de faire ses plantations. Il défonce, s'il lefaut, le sol et le creuse à une profondeur plus ou moins grande pour entirer toute la terre propre à la culture. Il profite des accidents duterrain, qui est très-mouvementé, pour creuser un lac ou une pièced'eau, créer un vallon et former des paysages d'un effet gracieux etnaturel. C'est la culture et la méthode primitives appliquées avecintelligence.

La Commission pense que M. Robert mérite pour le zèle, le goût etl'énergie qu'il déploie dans l'exécution de ses travaux, l'une deshautes récompenses que vous décernez aux .hommes de mérite.

Les membres de la Commission, après cette intéressante visite, ontdescendu la pente rapide de la falaise et, après avoir jeté un coupd'œil sur les travaux gigantesque en cours d'exécution, se sont dirigésvers le magnifique jardin de M. Honoré, qui borde la plage. Ce jardin,au milieu duquel s'élève une construction importante et fantaisiste,œuvre d'un architecte de talent, attire les regards par ses nombreuxmassifs et la disposition accidentée et pittoresque du terrain, semé depièces d'eau et de rochers. Le jardin inférieur offre plusieursmerveilles de végétation, entre autres des aloès (agape americana)élevés en pleine terre. L'une de ces plantes, que la Commission aadmirée, est d'une vigueur telle que chacune des feuilles du centremesure environ 2 mètres de hauteur. Pendant l'hiver, ces magnifiquesplantes sont placées dans une espèce de serre portative qui les protègecontre les intempéries el le froid.

La serre, fort belle et parfaitement disposée, renferme plusieursplantes exotiques intéressantes, entre autre l'arbre à caoutchouc. —Sept à huit ouvriers sont employés par le jardinier pour l'entretiendu parc. — La Commission regrette vivement que le temps ne lui ait paspermis de visiter le délicieux jardin de M. le duc de Maillé, lequel aappartenu à Mme la comtesse de Boigne. Ce jardin, qui fait l'admirationdes étrangers, a été planté et est encore dirigé aujourd'hui, par notresavant et modeste confrère, M. Etienne Lemaire, membre du comitéd'horticulture. Le prochain Bulletin de la Société d'Horticulture duCentre de la Normandie contiendra l'énumération de tous les végétauxexotiques qui prospèrent sur le littoral.

Nous ajouterons, en terminant ce rapport, que tous les jardiniers deTrouville et Deauville, qui ont parfaitement accueilli les membres dela Commission, sont des horticulteurs distingués et laborieux, et quel'art de la culture des jardins dans ces deux cités élégantes, que lamode a adoptés, est en plein progrès.

Lisieux, ce 1 août 1869.

A. PANNIER ; EUGÈNE TIFFENNE, Horticulteur, rue du Camp - Franc,Lisieux ; GUSTAVE CHAMBRY, Horticulteur à Lisieux.

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* *

Tandisqu'une partie de la Commission parcourait les élégants jardins de lacôte, une autre fraction poussait plus loin ses investigations etvisitait divers autres jardins de l'arrondissement de Pont-l'Evêque.Cette seconde fraction de la Commission avait choisi pour sonrapporteur, M. Jules Oudin, qui a déposé le rapport suivant, lu àl'Assemblée par M. Amédée Tissot, à la suite de celui de M. A. Pannier,et que voici :

RAPPORT
Sur les visites faites les 5 et 6 aoilt 1869, au château du Val-Richer et au chdteau de Reux,
Présenté par M. JULES OUDIN.

Aonze kilomètres de la ville de Lisieux, un peu au-delà du village de laBoissière, une route bordée de haies, de ces haies touffues percées declairières s'ouvrant sur les pommiers dont s'ombragent les prairiesnormandes, débouche sur la route impériale de Cherbourg à Paris : c'estcelle qui mène au Val-Richer.

Cenom réveille de nobles souvenirs ; il met sous nos yeux le tableau desaustérités de la vie d'abnégation et d'études de ces pieux reclusdévoués au service de Dieu ; il nous rappelle la piété naïve etprofonde du moyen âge ; il nous montre une de ces saintes retraites,asile des cœurs brisés et des esprits forts en Dieu, où les vocationsreligieuses venaient s'écarter d'un monde frivole : le Val-Richer estune ancienne abbaye. Ce nom nous entretient aussi d'une des plusgrandes célébrités politiques et littéraires de notre époque : le Val-Richer est la demeure de M. Guizot.

Lavariété dans la simplicité, tel est le caractère du jardin. L'allée quicontourne une grande pelouse de gazon faisant face à l'habitation, àpartir d'un gigantesque sapin de Norwège dont les rameaux s'inclinentsur un catalpa plusieurs fois centenaire, se resserre pour multiplierses capricieuses ramifications et promener le visiteur des coteaux auxvallons, des gazons aux massifs de Pavia, aux bois de pins, aux groupesde hêtres à feuilles de fougères, laissant apercevoir un Pinsaposplendide et quelques-uns des plus beaux conifères exotiques, arrivantainsi à l'avenue de marronniers qui domine la vallée qui donna son nomà l'abbaye et au fond de laquelle coule, sous des peupliers et dessaules, une source mélodieuse. De là, la perspective embrasse, par deséchappées lointaines, les massifs boisés penchés sur les collines quiencadrent le vallon. Cette avenue limite et abrite un jardin potagergarni d'arbres fruitiers en espaliers, en pyramides et en cordons. Lejardinier qui les cultive, M. Barbulet est jeune, doué d'une grandeénergie. Avec l'aide de deux vieillards, très-anciens serviteurs de lamaison, il cultive le parc et le potager, soigne la serre et lesnombreux massifs de fleurs qui ornent les jardins. Malgré l'énorme dosede travail qu'il accomplit, toutes ses cultures étaient à l'époque denotre visite en excellent état, les produits maraichers des plus variéset des plus abondants. Aussi notre Commission a-t-elle été unanime àreconnaître que cet excellent travailleur a droit à l'une de vosrécompenses.

Dans le voisinage du parc nous avons visité unhêtre colossal de quarante mètres de hauteur et de six mètres decirconférence. M. Guizot aime à se reposer sous son ombrage.

Ce ne sont pas seulement les richesses horticoles des jardins ni les combinaisons élégantes du parc du Val-Richer,qui classent notre visite parmi celles qui nous ont le plusprofondément impressionnées ; c'est cette poésie grave et mélancoliquedont sont empreintes les choses qui se développent sous les yeux del'homme supérieur ; c'est ce reflet de son génie éclairant d'une lueurmystérieuse les objets qu'il a touchés, les aspects qui l'ont faitsourire ou l'ont attristé.

La nature des choses s'agrandit, elleaccuse ses traits d'une manière plus saillante sous l'influence dugénie. Le génie laisse un mot de sa pensée aux aspects qui l'ont faitméditer : Byron à la roche abrupte, Chateaubriand à la forêt vierge,Lamartine au Liban, Guizot à l'arbre géant.

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Adeux kilomètres de la ville de Pont-l’Evêque, penché sur la collinequi, à l'est, fait face à la vallée de la Touque, un manoir féodal duseizième siècle, oublié depuis longues années parmi de grands arbresenfouis dans les ronces et autres végétations parasites qui enobstruaient les abords, se montrait encore l'année dernière. Labaguette d'une fée paraît avoir touché le vieux castel. Là où onn'apercevait que des ruines, château et jardins du moyen âge viennentd'apparaître.

Le possesseur est M. Borel ; le jardinier qui,sous la direction de Etienne Lemaire, a transformé ce délicieux coin deterre, s'appelle Léopold Leroy.

M. Leroy, un tout jeune hommed'une vingtaine d'années, auquel M. Borel, l'habile ingénieur del'isthme de Suez, a reconnu assez de talent pour lui confierl'exécution des importants travaux de cette restauration.

Aumois de février dernier commencèrent les travaux qui malgré les pluiesdu printemps et les difficultés que présentait un sol compacte furentconduits avec une activité telle qu'au jour de notre visite,indépendamment de la création d'un jardin potager de treize millemètres superficiels, nous avons pu admirer celle d'un splendide jardindu style moderne mis en honneur par Le Nôtre, dans lequel sepressaient, en légions serrées, des myriades des plus charmantesfleurs, dont vous avez pu remarquer les magnifiques échantillons dansle salon de l'Exposition.

Tout ce que l'Allemagne, l'Angleterreet la Hollande ont produit de variétés perfectionnées, plantesannuelles, s'y trouve réuni : à côté des Phlox de Heynhold, des Œilletschinois et japonais, figurent les plus rares variétés de Margueritesqui ont remporté les prix des concours de Paris, Londres, Erfurt etHaarlem. L'Œillet Diadème,dont M. Borel est probablement le seul possesseur en Normandie, estl'une des plus belles conquêtes de l'horticulture Allemande.

Aussila Commission, en présence des importants et intelligents travauxexécutés par M. Leroy, de l'activité et du bon goût dont il a faitpreuve, a-t-elle été d'avis unanime de demander au Jury qu'il veuillebien lui décerner une récompense en rapport avec ses talents et sesefforts.

La Commission ne doit pas terminer ce rapport sansfaire remarquer qu'elle n'était attendue dans aucun des jardinsvisités, et que par conséquent aucuns préparatifs n'avaient été faitspour la recevoir. — Les produits exposés sont donc, en très-grandnombre du moins, ceux qui fournissent nos maisons et contribuent àl'alimentation de nos marchés.

Elle ajoute qu'il est extrêmementregrettable que quelques-uns des laborieux jardiniers, dont elle aexaminé les travaux sur leur terrain même, n'aient pas cru devoirenvoyer leurs produits à l'exposition, et qu'ils aient ainsi refusé deprendre part à un concours dans lequel ils auraient pu lutter avecavantage.

M. Amédée Tissot a ensuite ajouté :

Après lesintéressants rapports que je viens d'avoir l'honneur de lire, j'ai àvous entretenir de l'Exposition horticole elle-même, qui a  eul'heureux privilège d'attirer dans les salons du Casino de Deauvilleune foule aussi nombreuse que brillante et distinguée.

Maisrassurez-vous, je ne veux ni abuser de vos instants, ni mettre à uneplus longue épreuve la patience des vaillants lauréats de ce pacifiqueconcours. Je serai aussi bref que possible : je n'ai pas la moindrevelléité de refaire sur l'utilité incontestée et sur les bienfaitsincontestables de l'Horticulture un discours cent fois fait déjà etdans la collaboration desquels mes éloquents devanciers, poëtes etprosateurs, entreraient certainement pour la plus large part.

C'estla seconde fois que, depuis sa fondation encore récente, la Sociétéd'Horticulture du Centre de la Normandie organise à Deauville uneExposition florale et maraîchère ; c'est aussi la seconde fois qu'ellereçoit de l'administration municipale aussi bien que de la Direction duCasino, un accueil empressé, un précieux appui. Mais de même que cesdeux administrations ne se lassent point de se montrer hospitalières etcordiales, de même la Société d'Horticulture ne se lasse point de semontrer reconnaissante. Aussi, son premier soin doit-il être et est-ilen effet de leur adresser à l'une et à l'autre, l’expression biensincère de ses remerciements et de sa vive gratitude.

L'Expositionde ce jour, nous le constatons avec une vive satisfaction, estsensiblement supérieure à celle de 1861. Elle atteste un progrès marquédans la culture et témoigne tout à la fois de l'intelligence et desefforts de nos courageux jardiniers.

Sans entrer dans le détaildu consciencieux travail auquel s'est livré le Jury, je dois dire qu'ila été tout particulièrement frappé de la nombreuse et magnifiquecollection de fleurs annuelles exposée par M. Léopold Leroy, sous le n°21.

L'obtention de ces plantes, si vigoureuses et si fraîches,dans un jardin mis en culture depuis six mois à peine, est aux yeux dujury un véritable tour de force ; aussi réserve-t-il à M. Léopold Leroyune des plus hautes récompenses.

Pour avoir moins d'éclat etpour captiver moins l'attention des visiteurs, la corbeille de fougèresexposée par M. Laronde, horticulteur à Trouville, n'en est pas moinsremarquable ; aussi a-t-elle été distinguée par le jury. La culture desfougères, destinées à l'ornement des boudoirs et des salons, estextrêmement, délicate et elle exige de la part de l'horticulteur unelarge dépense de soins, une vigilance de tous les instants. Les sujetsexposés par M. Laronde prouvent que les soins et la vigilance ne leuront pas fait défaut ; ils dénotent chez l'horticulteur des effortslaborieux qui vont dès aujourd'hui recevoir leur récompense, commeprélude à celles que nous aurons, sans nul doute, à lui offrir dans nosprochaines expositions.

Je ne vous parle pas de la magnifiquecollection de roses coupées apportées de l'établissement de LaPommeraye : elle est tout simplement splendide. Sortie des jardins deM. Jules Oudin, l'infatigable directeur de la Société d'Horticulture,elle est hors de concours. Mais le jury a pensé que le collaborateurintelligent et zélé, qui a donné ses soins incessants à ces nombreusesvariétés de rosiers, avait droit à une récompense, que nous allons êtreheureux de lui décerner.

Avant de quitter l'exposition florale,permettez-moi, Messieurs, de remercier publiquement notre estimable etsavant ami. M. Gustave Thierry, le directeur du jardin botanique deCaen, qui non content de nous prêter le concours de son savoir commemembre du jury, a tenu à cœur de mettre à notre disposition, pourparfaire l'ornement des salons d'exposition, les plantes les plus rareset les plus nouvelles de ses précieuses serres. Nous ne saurions tropconstater et reconnaître l'inaltérable dévouement qu'il apporte àtoutes les fêtes de l'horticulture.

Quoique peu nombreuse etmoins brillante que l'exposition florale, l'exposition maraîchère n'enest pas moins très intéressante. Chacun des lots dont elle se compose,contient des produits véritablement remarquables que le jury varécompenser avec d'autant plus de satisfaction que ces produitsimportent à la grave question de l'alimentation publique, objet de lasollicitude de la Société.

Je devrais sans doute terminer icicette allocution ; mais le secrétaire de la Société d'Horticulture nepeut guère oublier qu'il est un des enfants de cette bonne et belleNormandie qui a le privilège envié d'attirer et de retenir lestouristes. Il est toujours difficile, sinon impossible, vous le savez,d'étouffer complétement les souvenirs, et je confesse humblement quedans la circonstance présente, je me sens dominé par la réminiscenced'une légende des côtes normandes, que je vous demande permission deconter en manière de péroraison.

Elle est fort ancienne, cettelégende : elle date des temps mythologiques ; mais elle me semblenéanmoins se rattacher par plus d'un point au lieu et à l'objet même decette réunion :

Lorsque la blonde Thétis, dont le limpidedomaine sert de ceinture à nos vertes vallées, épousa le roi Pelée (roide la Phthïotide en Thessalie et d'Iolcos), la Discorde, que lesfiancés, dans tout le feu de leur amour, avaient oublié d'inviter, laDiscorde, dis-je, pour se venger de cet affront, jeta, au milieu del'assemblée des dieux et des déesses, une pomme sur laquelle on lisait: A la plus belle !

Voussavez que trois déesses, Minerve, Vénus et Junon se disputèrent cettepomme, prix de la beauté, et vous n'avez point oublié que le bergerPâris, choisi pour arbitre, l'adjugea à Vénus, sous les ombragesdiscrets du mont Ida.

Mais il y avait encore, dit la légende,une quatrième déesse qui avait des prétentions à la beauté. Elle vitdans le jugement du beau berger une injure faite à ses charmes etrésolut de se venger. Cette déesse n'était autre que la belle Thétiselle-même, la jeune mariée qui devait plus tard devenir la mère dubouillant Achille. Ayant appris, sans doute par un chroniqueurindiscret de l'époque, — ils n'ont guère changé depuis, — que Vénusdevait venir, sur les rivages des Gaules, chercher des perles pour s'enfaire un collier, Thétis commanda à tous les Tritons sous ses ordres des'emparer de la pomme dont Vénus, depuis son éclatant triomphe, ne seséparait jamais.

Les Tritons dociles obéirent, et l'un d'euxsaisissant la pomme tant convoitée, courut en bondissant sur la lame ladéposer aux pieds de Thétis enchantée.

Incontinent, Thétis, pourprotester contre l'arrêt du berger, et sans doute aussi pour éternisercette délicate question de la beauté, en vulgarisant le fatal présentde la Discorde, Thétis déchira la pomme avec ses ongles roses, en pritles pépins et les sema sur les côtes de la Normandie.

C'est delà, disent les vieux Celtes, nos aïeux, que viennent tout à la fois etla multitude de pommiers qui croissent en Normandie et la beauté desfemmes qui peuplent si gracieusement nos vallées et nos coteaux.

Jene sais, — je ne veux pas savoir, — si la Discorde, pour me servird'une expression locale, hante encore quelques points de ces parages,où Thétis continue de tenir brillamment sa cour et d'ouvrirdémocratiquement à tous son domaine azuré ; mais ce que je sais, c'estqu'en voyant l'élégant et gracieux auditoire qui m'entoure, je me sensentraîné à partager la naïve croyance de nos bons aïeux : il me sembleque la légende mythologique est devenue la réalité !

Et je suisconvaincu que si, par impossible, les dieux et les déesses de la fablemettaient aujourd'hui pied à terre sur cette plage privilégiée, s'ilsentraient en ce moment dans cette enceinte, lorsqu'ils verraient cettebrillante réunion, lorsqu'ils aspireraient avec les douces senteurs deces arbustes et de ces fleurs, les effluves harmonieuses de nosconcerts, ils croiraient assurément retrouver le coin préféré de leurantique Olympe, et se figureraient être appelés à ressaisir le sceptredu monde.

Ils se tromperaient sans doute ; mais leur illusionaurait du moins quelque fondement, car la présence simultanée desbaigneuses et des fleurs fait assurément de Deauville-Trouville unparadis normand.

La lecture de ces rapports et cette allocution ont été accueillies par d'unanimes applaudissements.

Il a été ensuite procédé à la distribution des récompenses. Voici la liste des lauréats :

EXPOSITION

Médaille de vermeil.
M. Lereverend, jardinier chez M. Cordier, à Trouville. Pour son exposition remarquable de légumes et fruits.

Médaille d'argent (grand module).
M. Piel, jardinier du Casino de Deauville. Pour sa culture maraîchère et l'ensemble de son exposition.

Médaille d'argent (grand module).
M. Léopold Leroy, jardinier chez M. Borel, au château de lieux. Pour son exposition de fleurs coupées.

Rappel de médaille d'argent.
M. Bergeron, jardinier chez M. Halphen, à St-Désir-de-Lisieux. Pour sa collection de géraniums.

LeJury remercie M. Bergeron d'avoir exposé de nouveau une magnifiquecorbeille de ses verveines Phoebus, pour laquelle il a été récompenséil y a trois ans.

Rappel de médaille d'argent (grand module).
M. Amand Dubois. Pour sa collection de roses.

Médaille d'argent (petit module).
M. Bazile Lemonnier, jardinier chez M. le comte d'Hautpoul. Pour fruits, plantes potagères et ensemble d'exposition.

Médaille d'argent (petit module).
M. Laronde, horticulteur à Trouville. Pour sa collection de fougères et de plantes d'appartement.

Médaille de bronze.
M. Victor Anfry, jardinier chez Mme Jollois. Pour plantes potagères et ensemble d'exposition.

Médaille de bronze.
M. Barbulet, jardinier chez M. Guizot, au Val-Richer. Pour une corbeille de fruits variés.

Mention honorable.
M. Alfred, jardinier chez M. Piel. Pour une corbeille de fleurs.


VISITE DES JARDINS.

Médaille d'or, donnée par S. M. l'Impératrice.
M. Diot, jardinier chez M. le duc de Sesto. Pour la formation et la tenue exceptionnelle du jardin qu'il dirige.

Rappel de médaille d'or.
M. Tabard, jardinier chez M. Leclercq de Lannoy. Pour ses belles cultures.

Médaille de vermeil.
M.Piel, jardinier du Casino de Deauville. Pour la mise en culture d'unterrain aquatique converti en jardin potager et la culture parfaitemententendue de ce jardin.

Médaille de vermeil.
M.Léopold Leroy, jardinier chez M. Borel, au château de Reux. Pourl'énergie et le talent qu'il a déployés dans l'exécution des travauxexécutés à Reux.

Médaille de vermeil.
M.Bazile Lemonnier, jardinier chez M. le comte d'Hautpoul. Pour la bonnedirection des arbres fruitiers et la bonne tenue du jardin potager.

Médaille de vermeil.
M.Théophile Robert, jardinier à Trouville. Pour les travaux deterrassement bien entendus et les bons procédés de plantation desjardins qu'il a créés.

Médaille d'argent, donnée par S. M. l'Impératrice.
M. Lereverend, jardinier chez M. Cordier, à Trouville. Pour la bonne tenue du jardin potager et de diverses cultures.

Médaille d'argent, donnée par S. M. l'Impératrice.
M. Barbulet, jardinier chez M. Guizot ; au Val-Richer. Pour la bonne tenue de ses cultures.

Médaille d'argent (grand module).
M. Victor Anfry, jardinier chez Mme Jollois. Pour la bonne tenue de ses cultures.

Médaille d'argent (petit module).
M. Levesiel, jardinier chez M. Renaud, à Trouville. Pour la bonne tenue de ses cultures.