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Extraits du Bulletinde la Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie,n°4 - 1872. Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (19.IX.2015) [Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom, [Olivier Bogros]obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographeetgraphie conservées. Texte établi sur les exemplaires de lamédiathèque (Bm Lx: Norm 1101) EXTRAITS du BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DU CENTRE DE LA NORMANDIE N°4 - 1872 COURS DE BOTANIQUE Le cours de Physiologie végétale professé par M. Gahéry, sous lesauspices de la Société d'Horticulture et de Botanique du centre de laNormandie, a obtenu un grand et légitime succès, ainsi que l'attestel'analyse suivante, que nous devons à la plume élégante d'un amateurdistingué. La parole chaleureuse et imagée du savant et zéléprofesseur, jointe à une méthode excellente, qui sait mettre la scienceà la portée de toutes les intelligences et la rendre agréable, aproduit sur son nombreux auditoire, parmi lequel on remarquaitplusieurs dames, une heureuse impression. Il a initié la jeunesse àl'étude d'une science trop négligée de nos jours, et à laquellel'horticulture est intimement liée. Les plus belles plantes, cultivéesdans nos jardins, et qui font l'ornement de nos parcs, necroissent-elles pas spontanément dans les contrées les plus lointaines? Elles nous viennent de la Chine et du Japon et autres pays éloignés,où les botanistes-horticulteurs vont les recueillir à grands frais etnon sans danger pour leur existence ; d'autres sont indigènes. LaBotanique et l'Horticulture sont deux sœurs qui vivent l'une à côté del'autre, dans un parfait accord ; l'une, belle dans sa simplicité,emprunte tout son éclat à la nature, qui la revêt des plus vivescouleurs ; l'autre emprunte sa brillante parure et son développementanormal, nous pourrions ajouter sa coquetterie, à l'art del'horticulteur et à la mode. L'une et l'autre captivent les regards dusavant et de la plus belle moitié du genre humain. Et si, parune culture intelligente et raisonnée, l'horticulteur rencontre tousles jours une nouvelle jouissance en créant de véritables merveilles,il n'oublie pas le concours dévoué et persévérant du botaniste, animéde l'ambition de conquérir ces richesses, dont la découverte est lavictoire intellectuelle remportée sur l'inconnu. La Botaniqueoffre plus qu'un délassement à ceux qui l'étudient ; elle réunit poureux l'utile à l'agréable. Citons ici le témoignage d'un grand maître :« Cette habitude, dit Cuvier, que l'on prend nécessairement en étudiantl'histoire naturelle, de classer dans son esprit un très-grand nombred'idées, est l'un des avantages de cette science, dont on a le moinsparlé ; on s'exerce par là dans cette partie de la logique, qui senomme la Méthode, à peu près comme on s'exerce par l'étude de la géométrie, dans celle qui se nomme le Syllogisme,par la raison que l'histoire naturelle est la science qui exige lesméthodes les plus précises, comme la géométrie est celle qui demandeles raisonnements les plus rigoureux. Or, cet art de la méthode, unefois qu'on le possède bien, s'applique avec un avantage infini, auxétudes les plus étrangères à l'histoire naturelle. Toute discussion quisuppose un classement des faits, aorte recherche qui exige unedistribution de matières, se fait d'après les mêmes lois ; et tel jeunehomme qui n'avait cru faire de cette science qu'un objet d'amusement,est surpris lui-même à l'essai, de la facilité qu'elle lui a procuréepour débrouiller tous les genres d'affaires. Elle n'est pas moins utiledans la solitude, assez étendue pour suffire à l'esprit le plus vaste,assez intéressante pour distraire l'âme la plus agitée, elle consoleles malheureux elle calme les passions haineuses. Une fois élevé à lacontemplation de cette harmonie de la nature, irrésistiblement régléepar la providence, que l'on trouve faibles et petits les ressortsqu'elle a bien voulu laisser dépendre du libre arbitre des hommes. » PREMIÈRE LEÇON -- 8 MAI Aprèsavoir remercié les nombreux assistants qui se pressaient autour de sachaire. M. Gahéry a demandé de consacrer ses premières paroles à lamémoire du savant auteur de la Flore normandeet de tant d'autres travaux connus et appréciés dans le monde entier,de M. de Brébisson, de Falaise, qui vient d'être enlevé à l'amour de safamille, à l'affection de ses amis et à l'estime de son pays, dont ilrestera l'une des gloires les plus pures. « Qu'il me soitpermis, ajoute-t-il, d'associer au nom de ce maitre de la science celuid'un éminent botaniste lexovien, de M. Durand-Duquesnay, auteur d'untravail très estimé sur la végétation des plantes vasculairesdes arrondissements de Lisieux et de Pont-l’Evêque, et possesseur d'unimmense herbier qu'il a légué à ma sollicitude. Ces deux hommes, sibien faits pour se comprendre formaient avec les Delise, les Chauvin,les René Lenormand, pour ne parler que de ceux qui ne sont plus, unepléiade de botanistes qui ont marqué leur passage par des œuvresimpérissables. « Leur humble disciple saisit avidementl'occasion de remplir un devoir de pieuse et filiale gratitude, enévoquant le souvenir vénéré de ceux qui ont guidé et soutenu sespremiers pas dans la connaissance et l'étude de la nature, et qui l'onthonoré, jusqu'à leur mort, de leur bienveillante et constante amitié. » Lessciences naturelles et la Normandie ont fait, dans M. de Brébisson, uneperte immense, qui serait à tout jamais irréparable, si un autre savantde premier ordre, un enfant du Calvados, M. Morière, le vulgarisateuréminent et populaire de la science botanique et agricole dans notrepays, n'avait accepté, par un legs formellement exprimé, de continuerl'œuvre de son illustre ami. En de telles mains, la science normande nepériclitera pas. » Après ces paroles émues, le professeur aborde son sujet. Tous les êtres de la nature se divisent en deux grandes catégories : le règne des corps inorganisés, et le règne des corps organisés, c'est-à-dire, pourvus d'organes ou instruments qui concourent à une des manifestations de la vie. La planteest un être vivant, capable de se reproduire, mais dépourvu desensibilité et de mouvement volontaire ; elle se compose principalementd'un axe végétal, organeessentiel, centre de vie, sorte de colonne vertébrale qui s'étenddepuis les premières radicelles jusqu'à l'extrémité des rameaux : cetaxe de direction double se compose de deux systèmes, l'un supérieur etascendant, c'est la tige ; l'autre inférieur et descendant, c'est la racine ; leur point de jonction, simple ligne de démarcation, s'appelle collet. Les végétaux supérieurs sont constitués, en général, par trois sortes d'organes élémentaires : les cellules ou utricules, les fibres et les vaisseaux. Lacellule est un petit sac de formes et de dimensions diverses ; c'est, adit un célèbre botaniste, le laboratoire microscopique dans lequella nature opère sa plus haute chimie, c'est l'incomparable merveilleque nous rencontrons dès les premiers pas. Dieu manifeste sa puissanceaussi bien dans les infiniment petits que dans les mondes qui roulentau-dessus de nos têtes. De l'unité passant à la pluralité,pluralité incalculable, les cellules se multiplient, s'allongent enracines, s'élèvent en tiges, s'étalent en feuilles, en corolles, segroupent en fruits, se remplissent de matières qui, changées en chairpar les herbivores, subissent une dernière transformation dans lescarnivores. Le végétal produit ; l'animal consomme. Les cellules, en s'allongeant se perforent, produisent le tissu fibreux qui constitue le bois, et enfin le tissu vasculaire qui forme les vaisseaux. Passantà un autre ordre d'idées, il nous montre la sève, s'améliorant,s'épaississant en s'élevant, aspirée par une espèce de succion desracines. Il nous parle de la capillarité, de l'endosmose, de la force vitalequi favorisent l'ascension de la sève jusqu'aux feuilles, véritablespoumons de la plante. Là aussi, et surtout s'accomplissent desmerveilles qui ont été l'objet des développements les plus piquants,mais que, faute d'espace, nous sommes obligé de passer sous silence.Disons seulement, que c'est par la feuille que les plantes respirent,mais à l'inverse des animaux : ceux-ci combinent le carbone et l'oxygène pour former de l'acide carbonique ; c'est une combustion.Ce gaz est impropre à la respiration des animaux ; répandu dans l'airpendant des siècles, il finirait par le vicier si la feuille ne s'enemparait pour le décomposer en s'assimilant le carbone avec le rayon dechaleuret mettant en liberté l'oxygène ; sans la plante, point de vieanimale. Entre la terre et l'animal, il existe en effet unesérie d'emprunts et de restitutions, dont la plante estl'intermédiaire. L'animal emprunte au végétal les sucs que celui-ci aempruntés au sol ; il meurt et rend alors à la terre et à l'air cequ'il avait pris à la plante. Ces éléments vont de nouveau rentrer à laplante par l'intermédiaire de l'air et du sol, et iront, à leur tour,pourvoir à l'accroissement et à la vie d'un autre être organisé. C'estce qui a fait dire que ce que nous respirons, buvons et mangeons a déjà été respire, bu et mangé des millions de fois. Pendantplus d'une heure et demie, le spirituel et infatigable professeur atenu tout son auditoire sous le charme de ses intéresantesexplications, semées çà et là d'incidents agréables et de penséesélevées. M. Gahéry excelle dans l'art délicat et difficile d'élucider et devulgariser les questions les plus ardues de la science ; sa paroleaccentuée est pénétrante et persuasive ; à beaucoup de méthode et declarté, il joint une chaleur communicative qui lui gagne promptementson auditoire. Les applications pratiques, qui découlaientnaturellement des théories scientifiques n'ont point été oubliées ;d'excellentes observations ont été faites sur l'horticulture et ledrainage à l'occasion de la fonction des racines. Beaucoup de pointsimportants sur lesquels il faudra revenir n'ont pu qu'être effleurés.Il a fallu se tenir, pour une première fois dans les généralités. Lebut était d'attirer l'attention vers l'étude d'une science aussi utilequ'agréable, et qui joue, dans notre existence, un rôle tout autrementimportant qu'on ne le croit. L'heure s'avançait, il fallaitterminer ; le professeur semblait ne quitter qu'à regret sa chèreplante : on sent que non-seulement il la connaît, mais qu'il l'aime ;il a vécu avec elle, elle lui a révélé ses secrets, et il estvisiblement heureux de les dévoiler aux autres. Allons ! jeunes gens,amateurs, horticulteurs, à l'œuvre, à l'étude ! Prenez de bonsouvrages, essayez. Vos premiers pas pourront peut-être s'égarer ; maisd'excellents conseils vous remettront dans la bonne voie, et votrepersévérance sera promptement récompensée. Somme toute bonne journée pour la botanique. Parmiles auditeurs, nous avons remarqué des représentants de la science, dela médecine, de la pharmacie, des horticulteurs, des amateurs ;l'honorable principal du collège se trouvait là avec son jeune fils, etil n'était pas le moins empressé d'applaudir au succès de son dignecollaborateur. La ville de Lisieux, en effet, a le droit d'être fièrede son personnel enseignant à tous les degrés de la hiérarchie ; noussommes convaincus que nous trouverions, chez tous les collègues de M.Gahéry, le même empressement, le même dévouement avec un savoir qui netromperait non plus l'attente de personne. Nous savons quequelques dames ont manifesté le désir de n'être point privées de cesinstructives réunions ; il sera fait droit à leurs voeux, c'est justice; elles seront les bienvenues, et le meilleur accueil leur est d'avanceréservé. Enfin, que notre dernier mot soit une expression degratitude pour le concours si précieux et si désintéressé de notre cherprofesseur. Disons que, cette fois encore, il a bien mérité desamis de la science et de ses concitoyens : que ce soit là la récompensede son ardent et infatigable dévouement à tous les intérêtsintellectuels et moraux de la cité. DEUXIÈME LEÇON -- 2 JUIN Le succès de la séance de Botanique a égalé, sinon surpassé, celui de la conférence du 8 mai. Avantde commencer son cours, M. Gahéry, avec la verve et le talent que nouslui connaissons, s'est assuré, d'une façon piquante et ingénieuse, lesbonnes dispositions du nombreux auditoire qui se pressait autour de lui. Remerciantles personnes présentes de leur assiduité à suivre l'enseignement d'unescience nouvelle pour la plupart d'entre elles, les félicitantmême de la part bienveillante qu'elles veulent bien prendre au succèsd'entretiens qu'il s'efforcera de rendre instructifs, fructueux; ils'excuse d'être obligé, pour faciliter l'intelligence de sesdémonstrations, d'avoir quelquefois recours aux termes consacrés par lascience: Heureux d'avoir conquis l'indulgence de son auditoire, ledigne professeur s'en donne à cœur joie : il nage à plein dans sonsujet ; mais il met un tact si délicat, un soin si mi-nutieux àenvelopper ses définitions de circonlocutions heureuses et parfaitementchoisies, et à les débarrasser de toutes ces expressions techniques ,mais souvent difficiles à retenir pour les gens peu versés dans leslangues grecque et latine, qu'il nous est impossible de ne pas rendreun juste tribut d'hommage à celui qui a entrepris de vulgariser, sousdes dehors si brillants, la science de la botanique dans notre citéindustrielle. L'auteur du compte rendu de cette instructiveconférence retrace dans les termes suivants, et aussi fidèlement quepossible la physionomie animée et caractéristique de ces intéressantesleçons. « Au grand banquet des êtres, dit un des plus éminents,des plus populaires vulgarisateurs de la science, M. Henri Fabre,d'Avignon, dont les intéressants ouvrages sont entre les mains de toutle monde, trois mets principalement sont servis, accommodés d'uneinfinité de manières. Depuis le gourmet qui dîne des richessesgastronomiques des cinq parties du monde, jusqu'à l'huître qui faitventre d'un peu de glaire apportée par le flot, depuis le chêne quisuce de ses racines l'étendue d'un arpent, jusqu'à la moisissure quis'installe sur un atome de pourriture, tout puise au même fonds lecharbon, l'air et l'eau ; ce qui varie c'est le mode de préparation ;le loup et l'homme mangent leur charbon accommodé en mouton, le moutonbroute le sien accommodé en herbe et l'herbe, l'humble brin d'herbe dela prairie, c'est elle qui établit, reine du monde, la cellule végétale et lui assujettit et le loup, et le mouton, et l'homme. » Obligé de parler des éléments de nutrition,de la plante, le professeur était tout naturellement amené à éclairerses explications par des notions de physique et de chimie, appuyéesd'expériences qui ont vivement intéressé l'auditoire. C'est ainsi qu'ila parlé de l'attraction et de ses différents noms : la gravitation, la pesanteur, la cohésion, l'affinité...; des corps simples : métaux, métalloïdes de leurs principaux composés : oxydes, acides,sels, etc. Il a surtout insisté sur l'oxygène, l'acide carbonique quijouent un rôle si considérable dans l'étude de la physiologie végétale. Ily a un mois, la première séance n'avait porté que sur des notionsgénérales, appuyées d'exemples aussi bien choisis que nettement exposés; cette fois-ci le professeur, retardant, à son grand regret, le momentde parler de la plante, et de lui prodiguer les caresses d'une ardenteaffection, aborde la science pure, et, dans un langage imagé, fin etdélicat corrige d'une façon toujours heureuse l'aridité inévitabled'expressions techniques. Le professeur, après les définitions qu'il a données de la physique et de la chimie,et expliqué les caractères qui distinguent les phénomènes physiques desphénomènes chimiques, ajoute que tout objet matériel est un corps ; que les corps sont des réunions d'éléments appelés atomes, souvent appelés aussi molécules,d'une ténuité telle qu'ils échappent à nos sens, même aidés desinstruments d'optique les plus puissants Ces éléments séparés les unsdes autres par des intervalles appelés pores, sont continuellement soumis à deux forces opposées : l'une qui tend à les rapprocher, c'est l'attraction ; l'autre qui agit pour les écarter sans cesse, c'est la force répulsive du calorique ou chaleur.L'expérience montre en effet que toutes les fois que l'on chauffe uncorps, son volume augmente, ce qui indique que ses molécules s'écartent; et, qu'au contraire, lorsqu'on le refroidit son volume diminue, cequi prouve que ses molécules se rapprochent. Les ancienschimistes jusqu'à Stahl, au commencement du XVIIIe siècle, admettaient,avec Aristote, l’existence de quatre éléments : le feu, l'air, la terre, et l'eau.Sauf le feu, qu'on a reconnu n'être qu'un phénomène accompagnantcertaines actions chimiques, ces éléments ont été décomposés par lachimie moderne. Dans l'état actuel de la science, on compte 65 corps simples, c'est-à-dire qui ne contiennent chacun qu'une seule espèce de matière, tels sont ; tous les métaux, l'oxygène, l'azote, le charbon ou carbone, etc. Tous les autres corps de la nature sont composésc'est-à-dire formés par la combinaison de deux ou plusieurs corpssimples ; par exemple, l'eau est composée de deux corps simples :l'oxygène et l'hydrogène, auquel se joint une petite quantité de selsminéraux : soude, potasse, etc, L'agrégation des molécules dans les corps peut avoir lieu sous trois états : l'état solide, l'état liquide, l'état aériforme. Un corps est solide lorsqu'il présente au toucher une résistance qui permet de le saisir. Ex.: le bois, le marbre, le fer, etc. Un corps liquideest coulant et ne peut être pressé entre les doigts. Quoique ayant unvolume, les corps liquides n'ont aucune forme qui leurs soit propre ;ils prennent celle des vases où ils sont contenus. Ex.: l'eau,l'alcool, le lait, etc. Un corps aériformeest impalpable, d'une subtilité extrême, et le plus souvent invisible ;mais les molécules n'obéissant plus qu'à la force de répulsion,exercent une pression sur les parois des vases qui les renferment. Souventmême un corps, ajoute M. Gahéry, peut passer par chacun des trois étatstout en conservant la même composition intime ; témoin l'eau que noustrouvons dans la nature à l'état de glace, d'eau liquide et de vapeur.Il existe des corps au contraire qui n'ont jamais pu changer d'état :l'air est toujours gazeux, le charbon est toujours solide. D'autrescorps peuvent être obtenus sous deux états différents : ainsi le fer,qui est un corps solide, devient liquide sous l'action d'une vivechaleur, mais ne se transforme pas en gaz,. Après avoir, en parlant de l'attraction universelleet de ses différents principes, expliqué par quel enchaînement d'idéesNewton, l'un des plus grands génies scientifiques de l'humanité, étaitarrivé à la connaissance des lois de la gravitation, après avoir aussiappuyé par des expériences éminemment concluantes les savantesdé-monstrations qu'il expose à ses auditeurs, il termine en développantles propriétés de l'oxygène, de l'acide carbonique, qui, avec quelqueséléments, sont indispensables à la vie animale, à la respiration, à lacombustion. L'air, dit-il, est l'élément le plus nécessaire àl’entretien de la vie ; l'animal, en respirant, prend l'oxygène à l'airsans toucher à l'azote ; il le combine avec tous les matériaux de soncorps, et du tout fait de l'eau et de l'acide carbonique. Il a doncraison d'affirmer que la respiration est une combustion qui lance dansl'atmosphère en quantités inappréciables d'innombrables effluvesd'acide carbonique. L'accumulation de cet acide carboniquefinirait par rendre à la longue l'air irrespirable, par produirel'asphyxie, si elle n'était indispensable à la nutrition des plantes.C'est sur cette base que s'appuie notre éminent professeur pour direque, si les racines puisent dans le sol toutes les substancesminérales, salines, et les matières organiques fournies par lesengrais, pour contribuer à l'accroissement des végétaux servant àl'alimentation de l'homme et des animaux, les plantes remplissent unrôle plus providentiel encore en aspirant par leurs feuilles lestorrents immenses d'acide carbonique déversés sans cesse dansl'atmosphère, en les décomposant en oxygène respirable qu'ellesrestituent à l'atmosphère, et en charbon qu'elles gardent pour en fairedu bois, des fruits, etc. Aussi: est-ce avec raison que l'on conseillede multiplier, dans l'intérieur et le voisinage des villes et deshabitations, les plantations d'arbres et de végétaux qui sont, comme onvient de le démontrer, les plus puissants agents de l'assainissement del'air que nous respirons. Enfin, le professeur arrivé à quelquespoints inexplicables, ou du moins inexpliqués, de la science, estincidemment appelé à faire appel au souvenir de son vieuxcatéchisme, et, pour devancer les quelques marques de surprise quecette évocation inattendue pouvait faire naître dans l'esprit de sonauditoire, il rappelle en termes très sentis, l'éloquente définition denotre illustre Lamartine « Le catéchisme, dit-il, ce code vulgaire de la plus haute philosophie, cet alphabet d'une sagesse divine ....,» dans sa sublime simplicité, nous donne la solution de l'énigme del'homme, de ce roi de la création, que Dieu a mis sur la terre pourle connaître, l'aimer et le servir : le connaître par l'intelligence, l'aimer par le cœur, et le servir par les organes. Delà la nécessité de droit divin de développer et perfectionner sesfacultés physiques, morales et intellectuelles, but final de touteéducation digne de ce nom. Ce qui distingue et caractériseessentiellement l'enseignement de notre cher professeur, c'est qu'iltrouve partout moyen de faire appel aux instincts les plus élevés ducœur et de l'esprit ; et, selon la pittoresque expression que nousavons entendue formuler dans l'auditoire : par son savoir, sondévouement, la facilité et la chaleur de son élocution, M Gahéry estdans la plus saine et la meilleure acception du mot « un véritable apôtre de la science et du progrès. » TROISIÈME LEÇON Malgréune chaleur tropicale exceptionnellement accablante, plus de soixantepersonnes avaient répondu à l'appel du zélé professeur ; jamaispeut-être, il ne s'est montré plus intéressant, plus instructif, plussympathique ; il avait comme le pressentiment du sacrifice ac-complipar ses zélés auditeurs et auditrices ; il voulait les en remercier enredoublant d'ardeur, de verve et d'originalité. Je n'ai pas besoin dedire s'il a réussi. Maintenant, chers lecteurs, commence matâche, et j'en appelle à tous les auditeurs : s'il est particulièrementagréable d'assister à d'aussi intéressantes leçons, il est un peu moinsfacile d'en rendre un compte quelque peu fidèle. Comment, en effet,résumer cette diction animée, piquante et variée, semée d'incidentsinattendus, incrustant en quelque sorte dans l'esprit de ses auditeursl'idée qu'il veut faire prévaloir ? Notre plume, encouragée parla bienveillante indulgence qui a accueilli si favorablement lespremières analyses de ce cours, s'efforcera de se rendre digne d'unetâche qui a pour but d'enrichir de distractions pures et instructivesles loisirs de la vie intérieure et de la vie domestique. Rappelantavec enthousiasme à tous ceux qui, comme lui, ont eu la bonne fortuned'entendre la parole de M. Du Breuil, l'intérêt tout particulier quis'attachait à la personne du professeur aussi bien qu'à sa doctrine,nouvelle pour le plus grand nombre, M. Gahéry ne veut pas laisseréchapper cette occasion d'adresser à l'habile praticien l'hommage d'unejuste et vive admiration. Il emprunte avec bonheur au remarquableouvrage de M. Du Breuil, quelques passages dont il fait ressortir lespoints les plus instructifs et les plus saillants, L'Anatomie et la Physiologie végétalesy sont traitées de main de maître et forment la base sur laquelles'appuient les deux enseignements de l'arboriculture et de la botanique. M.Du Breuil, dit-il, dont la réputation n'est pas à faire, a su donner àl'enseignement de l'arboriculture dans notre contrée riche etplantureuse; un intérêt puissant par une diction des plus pures et desplus correctes, et prouver, par des raisonnements et des exemples netset pratiques. à la portée de toutes les intelligences, que ce sont lesproduits de la culture du sol national qui font la richesse d'un grandpeuple, mais que la nature enfante le fruit, le pépin,sans s'occuper de la partie succulente, laissant à l'homme la missionde la seconder, de la contrarier même, pour la forcer à augmenter laquantité et la qualité des produits qui lui conviennent. Mais, pour arriver à ce résultat, la production,il est indispensable de connaître les principaux organes quiconstituent l'ensemble de la plante, ainsi que le nom qui distinguechacun d'entre eux ; cette première étude s'appelle Anatomie végétale. Laconnaissance des fonctions que chacun de ces organes est appelé àremplir dans la vie des plantes, désignée sous le nom de Physiologie végétale,sert de base à la théorie de tous les procédés de culture, et doittoujours être présente à l'esprit du cultivateur. Avec elle, on opère àcoup sûr, et l'on atteint toujours le but qu'on se propose. Comment, eneffet, si l'on ne se rend pas parfaitement compte des fonctions desracines, du rôle important de la feuille dans la nutrition des plantes,saura-t-on mettre à profit certaines opérations qui, en aidant lanature, contribuent à exciter dans le végétal des phénomènes favorablesà son plus complet développement, et à sa multiplication plus rapide ? Démontrantensuite la nécessité, pour comprendre les merveilles de la nature,d'étudier avec soin les notions les plus élémentaires de la botanique,le professeur indique les règles à suivre pour arriver à laconnaissance parfaite des organes des plantes et du mécanisme de leursfonctions. La graine, point de départ de tout végétal, renferme sous des espèces de lobes plus ou moins épais, appelés cotylédons, la première ébauche du végétal naissant, l'embryon ou germe, destiné à reproduire l'espèce. Lescotylédons, sorte de membranes germinatives, renferment la nourriturede la plante, jusqu'à ce que celle-ci soit en état de puiser dans l'airet dans la terre les éléments de sa nutrition et de son accroissement. De l'absence, de la présence et du nombre des cotylédons, résulte une des grandes classifications de la botanique : Les acotylédonées qui, comme les champignons, les algues, les lichens, les fougères, etc., sont privées de cotylédons. Les monocotylédonées, qui ne renferment qu'un seul lobe germinatif, comme le lis. Les dicotylédonées, qui ont deux lobes germinatifs, dont l'apparition a lieu ordinairement à la surface du sol, au moment de la germination. C'estcette dernière division qui, la plus nombreuse, renferme à elle seuleles quatre cinquièmes des végétaux connus, dont l'étude captive au plushaut point l'attention de l'observateur. Puis vientl'explication des fonctions de la sève, de ses différents mouvements etdes modifications qu'elle éprouve dans son parcours. Arrivantensuite à la fleur, ce poème de la création, le savant professeur enfait une description des plus imagées, et en même temps correcte etprécise. La fleur, dit-il, assemblage de plusieurs rangs d'organes disposés en couches concentriques appelées verticilles, renferme le calice, la corolle, les étamines et le pistil. Le calice,enveloppe la plus extérieure des organes de la fructification dans lesfleurs, est formé tantôt d'une seule pièce, comme dans le tulipier (ilse dénomme alors calice-monosépale), tantôt de plusieurs pièces distinctes, comme dans la giroflée. Il s'appelle dans ce cas polysépale. La corolleest, en général, la partie la plus apparente de la fleur, qui brille leplus par ses couleurs, d'où s'exhale principalement l'odeur et composéede divisions ou pétales ; la corolle est dite monopétale ou polypétale, suivant qu'elle possède une ou plusieurs pétales. Les étaminessont les organes mâles des végétaux phanérogames, situés dansl'intérieur des enveloppes florales, entre la corolle et le pistil.Chaque étamine est formée d'un filament délié appelé filet,qui soutient à sa partie supérieure un petit sac membraneux de couleurjaune, violette ou rougeâtre, de forme le plus souvent ovoïde,appelé anthère, et qui renferme la poussière fécondante ou pollen. Le pistil,organe femelle des végétaux, consiste en un tube creux situé au centrede la fleur, destiné à recevoir le pollen des étamines, pour opérer lafécondation. Le pistil. qui est le verticille central de la fleur, secompose d'une partie renflée à sa base, nommée ovaire, d'un prolongement supérieur de l'ovaire, beaucoup plus étroit, souvent mince comme un fil, appelé style, et enfin d'une partie nommée stigmate, où le tissu cellulaire est à nu, enduit d'une humeur visqueuse qu'il secrète. Lespistils, comme les étamines, se changent en pétales dans les fleurs quel'on fait doubler par la culture ; mais ils cessent alors de remplir unrôle actif et la fleur devient stérile. L'ovaire,comme nous venons de le dire, occupe la partie inférieure du pistil ;il peut être simple ou composé. Coupé longitudinalement ou en travers,il présente plusieurs loges dans lesquelles sont contenus les ovules.C'est dans l'intérieur de l'ovaire que les ovules sont fécondés,acquièrent tout leur développement et se changent en graines. L'ovaireest le plus souvent libre au fond de la fleur, comme dans la jacinthe,le lis ; quelquefois il se soude par toute la surface externe, ouseulement par une partie, avec la base du calice, et son sommet setrouve libre ; dans ce cas, l'ovaire est appelé adhérent ou infère, pour le distinguer de celui qui est libre, ou supère, comme dans l'iris. Avecquelle habileté, avec quel entraînement notre excellent ami nousconduit vers cette étude de l'histoire naturelle, par quelle sérietoujours renaissante d'enchantements nouveaux nous fait-il passer, pournous démontrer toutes les jouissances paisibles, variées et facilesqu'offre à l'esprit curieux et attentif le règne végétal Mais, où son imagination se donne libre carrière, c'est quand il parle de la cellule.La cellule, cette idée divine, ce thème infini, est le point de départde la création tout entière, aussi bien dans le règne animal que dansle règne végétal. Puis, il fait savoir, par une comparaison rapideentre les végétaux et les animaux, la liaison de ces deux grandesdivisions de l'histoire naturelle. Cette liaison n'existeréellement qu'entre les végétaux et les animaux d'un ordre inférieur,tels que les polypes, dont la formation et la reproduction offrent auprofesseur l'occasion d'une lecture des plus attachantes, empruntée auremarquable ouvrage que nous voudrions voir entre les mains de tousceux qui veulent étudier les questions si délicates de l'anatomie et dela physiologie végétales. (Histoire d'une Bûche, par H. Fabre). Avecquel entrain, avec quelle chaleur de style, quoique simple et familier,M. H. Fabre fait ressortir les points de ressemblance qui existententre la plante et l'animal ! Nous voudrions pouvoir mettre sousles yeux de nos lecteurs quelques lignes de ces pages pétillantesd'esprit et pleines d'aperçus ingénieux et leur faire voir leparallèle, judicieux et frappant de vérité, qu'il établit entre lesbourgeons du végétal et ce qu'on peut appeler les bourgeons dans lesanimaux inférieurs, tels que les polypes, le corail et l'hydre, enparticulier, dont la superstition des peuples a fait dans l'antiquitéun monstre fameux, habitant les marais de Lerne, en Argolide, et pourla destruction duquel il ne fallut pas moins que le bras d'un demi-dieu. Aujourd'hui, l'histoire naturelle, faisant table rase du merveilleux, ne connaît sous le nom d'hydre qu'un genre de polypes, appelé polypes d'eau douce, polypes à bras, appartenant à l'ordre des zoophytes ou animaux plantes, habitant les fossés où l'eau stagnante se couvre de ces petites feuilles flottantes, qu'on nomme lentilles. Lepolype de cette espèce possède un corps cylindrique, allongé, collé parune extrémité à quelque plante aquatique et terminé à l'autre par septou huit bras flexibles en tous sens. Ces bras ou tentacules,disposés en cercle autour d'un orifice en communication avecl'intérieur du sac, c'est-à-dire avec la cavité où se fait la digestiondes aliments, prennent diverses directions, selon la volonté del'animal, et servent à saisir sa nourriture. Coupée en plusieursfragments, l'hydre se reproduit à l'infini : chaque fragment conservela vie, se complète et devient un animal parfait. Sur cette hydrenouvelle, se développent, de la partie inférieure du sac, plusieurspetites verrues, qui grossissent, se gonflent, se couronnent de huitmenus mamelons de jour en jour plus saillants, enfin s'ouvrent à lamanière d'un bouton qui s'épanouit et deviennent de petites hydresproduisant des animaux semblables à l'animal souche, de même que lesbourgeons d'une branche donnent naissance à des rameaux. Le coraillui-même, que la bijouterie met en œuvre sous tant de formes pour parerla plus belle moitié du genre humain, bourgeonne de la même façon quel'hydre ; c'est une espèce d'arbrisseau d'un rouge vif, avec tige,branches et rameaux ; il est en pierre aussi dure que le marbre, ce quine l'empêche pas de se couvrir au fond de la mer d'élégantes petitesfleurs, qui sont en réalité des animaux dont le corail est le support.On les appelle aussi des polypes.Leur organisation est calquée sur celle de l'hydre. Production marinedu règne végétal, le corail revêtu d'une écorce molle, criblée d'unefoule d'enfoncements cellulaires dans chacun desquels un polype estlogé, se fixe à une roche par un large empiètement qui imite lesracines. Ce polype, une fois fixé, émet à l'infini des bourgeonscomme l'hydre, comme la plante, s'enveloppe d'une matière gélatineusequi lie les uns aux autres les individus d'un même pied et fait que lanourriture de l'un profite aux autres. Ce mode de formation faitvoir comment des générations successives s'échelonnent sans fin par denouveaux bourgeonnements, de jour en jour plus nombreux, et contribuentà la création d'îles, de terres nouvelles dans les mers d'une grandeprofondeur, dont s'emparent les végétaux jusqu'à ce que l'homme vienneen prendre possession. C'est alors que l'habile et savantconférencier triomphe : c'est alors qu'avec l'originalitécaractéristique qui répand sans cesse un nouveau charme sur saconversation animée et spirituelle, il prend à cœur de dévoiler à sonauditoire ce secret fondamental ; que le végétal, comparable à unpolypier couvert de ses polypes, n'est pas un être simple, mais un êtrecollectif, une association d'individus, tous étroitement unis ettravaillant au bien-être de l'ensemble. Le bourgeon,ajoute-t-il, est le père des bourgeons qui se développentsuccessivement et sert de support à de nouvelles générations,échelonnées les unes sur les autres, et constituent, en quelque sorte,le polypier végétal. Ilnous est impossible de ne pas associer à l'œuvre et aux succès dumaître ceux de ses élèves ou anciens élèves qu'il appelle avec justeraison ses jeunes collaborateurs. Aux uns, nous devons lescharmants dessins, parfaitement exécutés, sur les deux tableaux noirs,et qui aidaient singulièrement à la clarté des démonstrations ; auxautres, des préparations d'intéressantes expériences de physique et dechimie, et la récolte de nombreuses espèces servant de spécimen etd'objet d'études. A voir tous ces coopérateurs de quinze ans, siactifs, si empressés à seconder leur maître au moindre signal, etconsentant de grand cœur, à aliéner, au profit d'une bonne œuvre et dela science, les trois quarts d'une journée de congé, nous ne pouvionsnous empêcher d'éprouver un véritable sentiment de satisfaction,visiblement partagé par toute l'assemblée. Nous citeronsparticulièrement les élèves Maurice, Présey , les deux frères Corbière,Saussier, Aubrée. Nous ferons observer que si tous leurs camarades neprennent pas leur part de ce labeur volontaire, c'est que la plupartinternes, sont soumis à d'indispensables exigences auxquelles il neleur est pas possible de se soustraire. Courage et merci, mesamis, c'est bien débuter dans la vie que d'utiliser ainsi votre jeunescience et les quelques loisirs que vous laissent vos intéressantstravaux scolaires ; vous préludez bravement à votre noble mission :n'êtes-vous pas, en effet l'espérance de l'avenir et les réparateurs dupassé. L. LOUTREUL. * * * EXTRAITS RÉSUMÉS DES PUBLICATIONS DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES RECETTE POUR RENDRE MANGEABLES LES TIGES D'ARTICHAUTS. Lesfaire blanchir à l'automne et les pétioles des feuilles donnent un metsqui ne le cède en rien au cardon ; le goût en est même plus relevé etcelui de la souche rappelle tout à fait le fond d'artichaut, mais à undegré un peu moindre. En tous cas c'est délicieux. (*Bulletin de la Société d'Horticulture de Cherbourg, 1871, p. 40*) CULTURE D'UN POIDS RIDÉ NAIN. Lehasard nous ayant conduit dernièrement dans un jardin potager del'arrondissement de Soissons, nous avons remarqué plusieurs lignes depois, d'une culture et d'un produit tellement supérieurs à ce que nousavions vu jusque-là, que nous n'avons pu résister au désir de nousfaire renseigner par le jardinier sur ses procédés de culture et sur lenom de la belle variété que nous avions sous les yeux, et qu'il avaitadoptés depuis plusieurs années. Tout d'abord il a renoncé, nousa-t-il dit, aux anciens errements consacrés de tout temps par laroutine adoptée des personnes qui sèment des pois. En effet, presquetoujours, on a la funeste habitude de les semer en planches de quatre àsix rangs, les planches étant en outre placées les unes à côté desautres, de sorte que les rangs de l'intérieur ne produisent que trèspeu de cosses, étouffés qu'ils sont par le manque d'air et de lumière ;lorsque l'on veut pénétrer à l'intérieur pour cueillir le peu qu'il ya, il faut rompre et briser une partie des tiges, tout en ayant soin dechoisir une journée de beau temps, et lorsque la rosée est disparue,afin de n'être pas trempé jusqu'aux os. A ces divers inconvénients, ilfaut ajouter que par suite, les produits sont diminués de moitié. Voicicomment l'intelligent praticien dont nous venons de parler, M. Poiret,jardinier en chef à Braisne (Aisne), cultive sa bonne variété de poisque, à tort ou à raison, il nomme : *Pois ridé nain*.Dans un terrain bien fumé et profondément labouré, il trace à 80centimètres les uns des autres, des rayons parallèles et dont laprofondeur est de 5 à 6 centimètres, au fond desquels il répand sesgraines ; avant de les recouvrir de terre, il les fixe au fond de cesrayons avec la tête de son râteau. Ces rayons sont dirigés du sud aunord, afin qu'elles puissent jouir du soleil, qui alors éclaire toutesles parties des plantes. Ainsi placées, la fécondation se fait dans deMeilleures conditions, et la coulure n'est pas à craindre. Il échelonnesuccessivement ses semis afin de n'en jamais manquer ; il n'a pasd'époque déterminée pour cela : seulement, lorsqu'une saison estparfaitement levée, il en confie une autre au sol et ne s'arrête quevers le 15 juillet. De plus, et c'est en ceci sur tout que consistentles réels avantages de cette intéressante variété, c'est qu'elle peutse semer toute l'année, c'est-à-dire depuis le mois de mars jusqu'à lafin de juillet, et peut ainsi remplacer toutes les autres variétés.Aussi cet habile jardinier en ayant reconnu les merveilleux produits,lui a-t-il donné la préférence, et la récolte d' ses graines a étésimplifiée de beaucoup ; car n'en cultivant plus qu'une variété, il n'aplus à craindre le mélange qui a lieu si fréquemment, lorsqu'on encultive plusieurs. Jusqu'à l'époque de la floraison, ce sont lesmêmes soins et les mêmes opérations que dans la culture ordinaire,c'est-à-dire qu'il donne aux plantes un ou deux binages ; on devraajouter en outre deux rangées de petites rames le long du rayon etplacées en sens inverse, afin que les tiges ne traînent pas sur le sol,comme cela arrive dans les années humides ou à la suite d'orages ou degrands vents, puis, lorsque les pois sont en fleur, on termine la sériedes travaux par un pincement fait sur chaque tige. Ce pincementconsiste à supprimer l'extrémité des tiges en laissant cinq fleursau-dessous de la partie tronquée. Par suite de cette opération, cesfleurs donnent lieu à cinq cosses des plus belles et plus fournies engrains lors de la récolte, puisqu'elles profitent de la sève que lepincement a concentrée sur elles. En somme, les splendidesrésultats que nous avons remarqués à Braisne sont dûs à trois causes :1° au choix de la variété à cultiver ; 2° au semis en ligne et à ladistance de 80 centimètres entre elles, ainsi qu'à leur orientation ;3° au pincement des tiges en ne laissant à chacune d'elles que cinqfleurs. Pour terminer, nous devons rassurer les personnes qui s'effraient de la *bruche*du Pois, qui dépose ses œufs dans la fleur, Cet insecte n'a riend'inquiétant pour la graine. Lorsqu'il a atteint sa croissance, poursortir, il perce un trou qui se trouve presque toujours à l'opposé dugerme, de façon que les grains percés lèvent aussi bien que ceux qui nele sont pas. Du reste, il n'y a guère que les premiers pois semés quien sont atteints ; la ponte ayant lieu de bonne heure, les espècestardives en sont très-souvent préservées. Conservés dans leur cosse,les pois conservent leur faculté germinative pendant quatre ans. (*Bulletin de la Soc. d'Hortic. de Vaud, 1871, 4° trim. p. 83.*) LES ALTHŒA EN FORME DE ROSIERS-TIGES. Lepeu de succès des Althœa en arbre tient, évidemment au mode de culturequ'on leur applique, ou, pour être plus dans le vrai, à l’absencecomplète de soins. On se figure, en effet, que les arbrisseaux etarbustes, à l'exception du Rosier, n'ont pas besoin d'être taillés ;qu'une fois plantés on ne leur doit plus rien. Sans doute, ils peuventse passer du concours du jardinier ; mais quand une main habile dirigel'évolution de leurs ramifications, ils produisent une floraisonautrement belle que celle qu'ils donnent quand on les abandonne àeux-mêmes. Les Althœa sont dans ce cas. — Les sujets non taillés sechargent d'un fouillis de brindilles portant chacune quelques petitesfleurs qui disparaissent sous un épais feuillage. Mais toute autre estla floraison lorsque chaque année, au printemps, on taille àl'épaisseur d'un écu tous les rameaux qui se sont développés l'année,précédente sur les branches principales. Alors de nouvelles poussesnaissent vigoureusement dans le courant de l'été, et à l'aisselle dechaque feuille surgissent de belles et larges fleurs presque aussigrandes que celles des Roses-trémières et qui se succèdent jusqu'enoctobre. Des buissons d'Althœa ainsi taillés, sont des arbrisseauxadmirables; élevés sur une tige en tête de Rosiers, ce sont desarbustes ravissants. Pour obtenir des Althœa en forme de rosier-tige,on dresse le sujet sur un seul scion, jusqu'à la hauteur d'un mètre ;là on le taille, puis on pince les bourgeons pour obtenir les sortes decoursons sur lesquels chaque année on rabattra la taille. Cette formeest vraiment charmante. VALLOTA PURPUREA. Espèced'Amaryllis qui n'est pas délicate et aussi commune en Belgique qu'elleest rare en France ; ses fleurs, d'un beau rouge ponceau, ont huitcentimètres de longueur. Cet oignon fleurit à partir du mois de juin ;ses fleurs durent longtemps, mais ce qui augmente le mérite de cetteplante, c'est que, lorsque les oignons sont forts, ils produisentordinairement plusieurs hampes qui par leur succession prolongent lafloraison ; l'hiver, on rentre cette plante en serre froide, enorangerie ou sous châssis froid. On pense que plantée en pleine terre,à l’air libre le long d'un mur au midi, elle passerait bien l'hiversous notre climat, en ayant seulement le soin de garantir les oignons àl'aide d'un abri de feuilles. EMPLOI DE LA TOURBE. L'emploide la tourbe paraît avantageuse, soit pour la culture en pot, soit pourla culture en pleine terre ; ainsi, des Azalées de l'Inde plantées enpleine terre dans la tourbe de laquelle on mêle un cinquième de terreauet de sable avec un peu de carbonate de potasse, sont admirables devégétation bien qu'elles soient exposées en plein soleil, légèrementabritées pendant l'hiver, mais nullement garanties contre la gelée. Onse sert également de la tourbe pour les plantes de la Nouvelle-Hollandeet pour les plantes dites de serre chaude, petites et grandes, en yajoutant d'autres terres, suivant la nature des plantes. LE GINKGO BILOBA, VULGO, L'ARBRE AUX QUARANTE ÉCUS. Cetarbre est non-seulement remarquable par la forme de ses feuilles, maisencore par ses dimensions et sa longévité. En Chine, le Ginkgo estpresque toujours planté près des tombeaux ou près des monuments ; c'estlà qu'on a pu évaluer approximative-ment son âge et constater salongévité. D'après des calculs qui paraissent à peu près exacts, oncroit avoir reconnu que quelques individus n'avaient pas moins de 2,000à 4,000 ans d'existence. Au Japon et en Chine, le Ginkgo est cultivé,non-seulement comme arbre d'ornement, mais encore comme arbre fruitierdont on mange l'amande, qui est du volume d'une très-grosse noisette. AGERATUM LASSEAUXII. L'AgeratumLasseauxii est une belle nouveauté pour l'ornementation des jardins ; àune végétation vigoureuse, il joint l'avantage de fleurircontinuellement jusqu'aux gelées ; sa multiplication est aussi facileque celle de l'Ageratum à fleurs bleues, sa fleur est d'un très-beaurose et disposée en capitules terminaux Cette plante est originaire deMontevideo, d'où les graines ont été envoyées par M. Lasseaux, en 1866.(Bulletin de la Soc. Centr. d'Hortic. de Rouen, t. XIV, 1er cahier de 1871.) LES AMENDEMENTS. Amenderune terre est la corriger de ses défauts. Ainsi le sol argileux,c'est-à-dire trop compacte, sera ameubli par une addition de terresablonneuse ou de marne calcaire. Le sol trop siliceux sera amélioréavec la chaux, la marne ou l'argile. Le sol trop calcaire seratransformé avec l'argile et même avec le sable siliceux. Enfin, le soloù il n'y a pas assez d'humus aura besoin de fumure, ou de tourbedesséchée. Les principaux amendements minéraux sont la chaux, la marneet l'argile. La chaux exerce une puissante influence sur les terrainssiliceux et argileux. La chaux grasse est la meilleure, et voicicomment il faut l'employer : Pour qu'elle puisse se diviser assezégalement, elle doit être fraîchement cuite ou parfaitement préservéedu contact de l'air. Sans ces précautions elle se met en grumeaux,absorbe moins bien l'acide carbonique, et conserve plus longtemps sonaction corrosive qui peut brûler les racines des plantes. On la met surla terre par un temps sec et à la fin de l'été, par petits tasd'environ un décalitre. Délitée et en poudre, elle est étenduerégulièrement, puis on laboure. Il en faut de 3 à 5 hectolitres parhectare, selon la nature de la terre. Plus celle-ci est forte etfroide, plus elle en a besoin pour être ameublie. On reconnaîtles terres qui réclament le chaulage, aux plantes acides etparticulièrement à l'oseille sauvage qu'on y rencontre. A défaut dechaux, on emploie la craie ou la pierre à plâtre, délitée par la geléeet par la pluie. La marne calcaire, double au moins le produit desterres siliceuses. La composition de la terre indique ce qu'il y fauten mettre, et elle est au moins inutile sur le sol contenant plus de 8pour 100 de carbonate de chaux. M. Puvis dit 3 pour 100, mais il mesemble qu'une proportion un peu plus glande ne doit pas empêcher demarner. Le meilleur est de ne répandre la marne, même pulvérulente, quesix mois et même un an après son extraction. On la met par petits tas ;la gelée la fendille, et ensuite l'eau la divise. La marne est composéede carbonate de chaux et d'argile. Assez souvent l'argile y estremplacée en partie par la silice. La marne argileuse est celle quiconvient le plus aux terres sablonneuses. La marne siliceuse est cellequi vaut le mieux, pour les sols argileux. Sèche, la marne argileuseest douce au toucher et s'attache à la langue. Dans le même état,la marne siliceuse est rude sous les doigts. Quand la marne est délayéedans l'eau tiède, le sable se précipite immédiatement. et le précipitéd'argile se forme lentement. La bonne marne en roche est pesante etcompacte et se fendille assez promptement. (Nouveau Journal d'Agriculture, de Viticulture et d'Horticulture.) LE SOUFRE SOLUBILISÉ. M.S. Diricq, gérant de l'usine de Jette-Saint-Pierre-lez-Bruxelles, livredès aujourd'hui aux horticulteurs ce nouveau produit, dont on ditmerveille. — C'est le soufre rendu soluble dans l'eau, ce que l'oncroyait impossible jusqu'ici. — Son emploi en jardinage deviendraitainsi d'une extrême facilité, et les Champignons microscopiques,Oïdium, Puccinia, Occidium, de même que les insectes et leurs larves,en plein air et en serre, ne pourraient plus se soustraire à l'actionde cet agent redoutable pour eux. Si les services que rendra le soufresolubilisé sont de même ordre que ceux qu'il rend déjà étant sublimé oupulvérisé, nous pouvons hautement affirmer que c'est là une grandedécouverte. (Journal de la Soc. d'Hortic. de l'Ain, chron. Hort., n° 8.) DES COUCHES DE SERRES Assezgénéralement, les horticulteurs établissent dans leurs serres àmultiplication, des couches avec de la tannée, soit pour les boutures,soit pour les semis. L'emploi de la tannée a plusieurs inconvénients :d'abord, le coût, le mètre cube valant 5 fr., sans le charroi. Puis, laperte de temps, vu .que la tannée, en sortant de chez le tanneur, doitrester plusieurs jours avant de produire de la chaleur, et souventcelle-ci est trop élevée ; il faut alors attendre qu'elle s'abaisse àla température voulue. Cette température n'est pas constante, etsouvent elle s'abaisse tout-à-coup ; il faut alors remanier la tannée,et, par conséquent, déplacer les boutures et les semis, et, au boutd'un certain temps, il faut complétement renouveler la tannée, autreperte d'argent et de temps, deux choses dont la dernière est, pourl'horticulteur comme pour les travailleurs, la plus précieuse. Mais uninconvénient bien plus grave de la tannée, c'est l'irruptionquelquefois soudaine d'une masse de champignons, qui envahissent toutet détruisent boutures et semis. Frappé de ces inconvénients,j'ai renoncé à la tannée et établi dans la serre où je fais mes semiset mes boutures à 70 centimètres du sol, des tringles en fer, surlesquelles j'ai posé de grandes briques plates dont les intersticessont comblés par un mortier que je fais avec de la chaux éteinte et descendres de charbon. Sur ce plancher, j'ai mis 30 centimètres de sablefin, dans lequel j'enterre les pots. Sous le plancher, passent lestuyaux de mon therostat thermosiphon, et j'obtiens dans le sable unetempérature constante de 15 à 20 degrés, qui suffit à tous mes besoins.Depuis cinq ans que j'ai établi cette couche, je n'ai eu aucunedépense, ni aucun travail à y faire. Economie d'argent et de temps,plus une grande propreté, et je ne crains pas les champignons. Jeconseille à tous les horticulteurs, et particulièrement aux amateurs desuivre mon exemple. Jean SISLEY. (L'Horticulteur Lyonnais, 1872, no 6.) MOYEN DE CONSERVER LES RAISINS FRAIS. M.Trémellat, à Roquemaure, près Marseille, a demandé, le 26 janvier 1870,un brevet d'invention pour un système de conservation des raisins frais. Nousnous étions demandé bien souvent, en voyant pendant tout l'hiver, chezChevet, Potel et Chabot, etc. ces beaux raisins si frais qu'on auraitcru qu'on venait de les couper de la vigne, qui les avait produits,comment et par quelle méthode on arrivait à les conserver si bien et silongtemps. Enfin, en lisant le brevet de M. Trémellat, nous avons eu laclef de l'énigme ; aussi nous empressons-nous de la signaler, tant ellenous a paru logique et digne de fixer l'attention d'un grand nombre deviticulteurs. Toute la solution de la question réside dans cefait observé et mis en pratique, à savoir, que le raisin que l'onconserve perd chaque jour, par évaporation, une partie du liquideaqueux qui remplit chaque grain de raisin. De là, dessiccationinévitable, si l'on ne trouve le moyen de remplacer cette eau. —. C'estce moyen ingénieux, selon nous, que M. Trémellat a fait breveter et quipeut se résumer en deux parties : 1° Chaque grappe de raisin, aumoment de la vendange, doit être détachée du cep de la vigne, en ayantsoin qu'une portion de 10 à 15 centimètres du sarment ou branche debois de la vigne y reste attachée. Chaque grappe ou chaque groupe degrappes, étant ainsi pourvu de son morceau de cep, est suspendu dans unvase plein d'eau, de manière que le raisin soit suspendu dans l'air etau-dessous du vase. On conçoit, dès lors, que ce morceau de cep quiplonge dans l'eau va, par capillarité, prendre l'eau du vase et latransmettre à la grappe qui est suspendue, selon le besoin de sonévaporation. 2° Pour que ce travail puisse être pratiqué sur unegrande échelle, M. Trémellat a inventé un appareil fort ingénieux, dontil donne le dessin dans son brevet. Figurez-vous une colonne ou un grostube vertical plein d'eau et alimentant une série superposée d'augescirculaires entourant la colonne. C'est dans ces auges qu'il place lesbouts de ceps de vigne qui accompagnent les grappes de raisin, en ayantsoin que celles-ci soient suspendues verticalement sur le pourtour eten dehors des auges. L'alimentation constante d'eau par la colonnepermet de ne jamais laisser les ceps à sec. En outre, il y a unefoule de précautions à prendre. Telles sont : que la pièce ne soit pastrop humide, ni exposée au trop grand jour ; qu'elle n'ait pas decourant d'air. En outre, l'eau doit être aussi privée d'air quepossible, claire et avoir séjourné une quinzaine de jours dans lacolonne avant d'y placer les raisins. Inutile d'ajouter que les raisinsdoivent être choisis, être sains et privés des grains pourris ou qui ledeviendraient. En agissant ainsi, M. Trémellat peut conserver d'uneannée à l'autre des raisins aussi frais et aussi beaux qu'au moment dela vendange. (Bulletin de la Société d'Horticulture de Dijon, 1870-71, n° 5.) CULTURE DU PISSENLIT. Aprèsavoir préparé mes plantes, en coupant toutes leurs feuilles, et monterrain, en mélangeant un tiers de terreau avec deux tiers de sable,j'ai étendu, à 60 centimètres du mur de ma cave, une bande de cemélange sur laquelle j'ai incliné mes racines de manière que toutes lestêtes regardent vers l'intérieur de la cave en se relevant un peu.Par-dessus ce premier rang, j'ai étendu une nouvelle couche de monmélange, et j'ai disposé mon second rang de racines dans une positionplus élevée que le premier et en même temps plus rapprochée du mur. —Lorsque j'ai eu ainsi disposé six rangs de plantes, le dernier étaitpresque en contact avec le mur et élevé d'environ 40 centimètres, detelle sorte que mon travail se présente sous la forme d'un amphithéâtredont les gradins seraient formés par mes six rangs de pissenlitsymétriquement plantés. J'ai arrosé le tout d'engrais liquide, etaujourd'hui j'ai là sous la main un vrai jardin artificiel où je puiscueillir une salade à mon loisir et suivant mes besoins. (Société d'Horticulture de Clermont (Oise), tome V, n° 18.) LA LAITUE A FEUILLE DE CHÊNE. Toutle monde sait que vers les mois de juin et juillet l'épinard ne peutguère se cultiver ; à peine germé, il monte à tige et à fleurs. LaLaitue à feuilles de chêne rend alors des services réels, parce qu'ellene monte pas facilement ; on la sème épaisse. Puisque je suis sur lesujet des succédanées de l'Epinard, qu'il me soit permis de mentionnertrois autres plantes : La Chicorée frisée, semée épaisse, rend de bonsservices à cet égard. La Tétragone étalée, ou Epinard de laNouvelle-Zélande, est aussi excellente et donne des récoltessuccessives qui se prolongent jusqu'aux premières gelées. La Ficoïdeglaciale est dans le même cas, mais donnerait un moindre rendement. (L'Horticulteur Lyonnais. —1872, 1er juillet.) DE L'EMPLOI QU'ON PEUT FAIRE D'UN GOURMAND. J'aifait cette expérience, il y a une quinzaine d'années, chez M. Guibal,l'ancien propriétaire du Prieuré, que M. Langlois possède aujourd'hui.Il m'avait fait appeler. J'arrivai. Il me montra l'ouvrage que j'avaisà faire. Passant près d'un brugnon, il s'arrêta devant une branchegourmande, et voulut me la faire couper. Je lui répondis; « Non,Monsieur. » Il se fâcha, et voulut absolument que je la coupasse, maisje persistai dans ma résistance. Le lendemain, il m'envoya sadomestique me dire que j'allais faire mourir son arbre; je ne medérangeai pas. Le surlendemain, il m'envoya son commis qui me dit: «Monsieur est fâché tout à fait. » Alors je répondis : « Quand Monsieuraura mangé le fruit, je couperai la branche. » Je la coupai en effet ;elle avait rapporté quatorze brugnons d'une grosseur extraordinaire. D'un Gourmand j'avais fait une branche à fruit. Monprocédé avait été simple : au lieu de supprimer mon Gourmand, je luiavais laissé toute sa longueur, il était couvert de fleurs. Je l'avaisattaché dans le sens des autres branches, et à sa base, j'avaisfavorisé le développement d'une bonne branche de remplacement, qui,modérée par les fruits, ne s'était pas emportée comme celle dont elleétait issue. Les autres pousses, accompagnant les fruits avaient étéarrêtées par un palissage fait de bonne heure. Mon Gourmand n'auraitpas eu de fruit, j'aurais agi de même. Je me serais gardé de le taillerà deux yeux, qui m'auraient donné inévitablement deux autres poussesgourmandes. Je l'aurais taillé à 4 ou 5 yeux et palissé. J'auraisfavorisé le développement de ma branche de remplacement, modérant enactivant sa végétation, en laissant ou supprimant les 3 ou 4 poussessupérieures. Mieux vaudrait n'avoir jamais de gourmands ; mais s'ils'en est développé par suite de l'absence prolongée du jardinier, ilfaut en faire l'emploi pour la fructification ou les traiter pour enobtenir des branches de remplacement ainsi que je viens de le dire. MICHARD-THIVET, Jardinier à Epernon. (Bulletin de la Société d'Horticulture et de Viticulture d'Eure-et-Loir ; t, VII, 1872.) |