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Extraits du Bulletinde la Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie,n°5 - 1872. Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (19.IX.2015) [Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom, [Olivier Bogros]obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographeetgraphie conservées. Texte établi sur les exemplaires de lamédiathèque (Bm Lx: Norm 1101) EXTRAITS du BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE DU CENTRE DE LA NORMANDIE N°5 - 1872 CHRONIQUE BOTANIQUE ET HORTICOLE Floreadventice du centre de la France. — Invasion sur les deux rives de laLoire de plantes potagères appartenant à la Flore algérienne etméridionale. M. de Vibraye signale, dans le Bulletinde la Société centrale d'Agriculture de France (8° série, tome VII), unphénomène remar-quable qui s'est produit à la suite de l'occupation descontrées du centre de la France par les différents corps de nos arméesbelligé-rantes, et qui intéresse à un haut degré les agriculteurs etles propriétaires : c'est l'apparition, sur les deux rives de la Loire,d'une Flore algérienne et méridionale adventice ayant spontanémentdonné naissance à des éléments des prairies. Les points les mieux observés, au début, ont été : Premièrement,à Blois, les abords du chemin de fer et surtout l'ancien champ decourses où, sur la rive gauche de la Loire, différents corps ontsuccessivement bivouaqué. Deuxièmement, les communes deCour-Cheverny et Cheverny. M. de Vibraye a constaté, près de son parc,où a séjourné pendant huit jours l'état-major du général Pourcet,accompagné de 13,000 hommes du 25e corps, au point d'intersection d'uneallée plantée de Sequoia sempervivum etd'un chemin vicinal de grande communication reliant les cantons deContres et de Bracieux, la présence d'une Flore adventiceoffrant, sur une surface d'environ 6 ares, une réunion de 97espèces de plantes fourragères méridionales et étrangères à notrelatitude, appartenant, pour la plupart, à la Flore algérienne. Troisièmement,à Orléans, l'île Arrault et le bourg Saint-Jean sont les deux points,ajoute M. de Vibraye, où l'on a pu le mieux constater l'apparition desplantes algériennes. Ces plantes se sont développéesspontanément sur des sables arides appartenant aux alluvions du bassinde la Loire, où l'élément siliceux prédomine, accompagné de fragmentsempruntés aux roches cristallines du plateau central de la France et duMorvan M. de Vibraye, sans entrer dans le détail des élémentsconstitutifs de ces produits arénacés, pense que les principes alcalinsempruntés aux différents feldspaths, notamment orthose et albite, soitmême aux micas, ont pu avoir exercé, dans la circonstance présente, unecertaine influence, notamment pour la propagation des légumineuses. Surdeux points du bassin de la Loire, au champ de courses de Blois, ainsiqu'à Pile Arrault d'Orléans, les plantes adventices ont offert, l'annéedernière, un remarquable spécimen de prairie verdoyante, atteignantpresque un mètre d'élévation sur les mêmes points où, les annéesprécédentes, se maintenaient péniblement quelques herbes chétives etrabougries. M. de Vibraye a constaté, dans ses notes, que chacundes emplacements précités avait fourni cent espèces en moyenne ; maiscomme les espèces n'étaient pas toutes identiques sur tous les pointsobservés, leur nombre total, aujourd'hui, parait devoir s'élever à 157espèces. Si l'on retire du nombre total des espèces observéesune vingtaine de types qui ne figurent qu'accidentellement dans lesprairies, on se trouve en présence d'environ 140 espèces nouvellesimplantées sur notre sol, nombre bien supérieur à la somme des plantesfourragères servant à constituer les meilleures prairies de France, quin'offrent guère, en moyenne et par station, qu'une association de centespèces au maximum. Les légumineuses entrent pour plus d'un tiers dansla composition de ces prés algériens, les composées et les graminéespour un cinquième. Dans la famille des légumineuses, les Trèfles et lesLuzernes prédominent. On n'a pas recueilli moins de douze espècesappartenant au genre Trifolium et dix espèces au genre Medicago. Les 28 composées appartiennent à 21 genres et les 28 graminées à 16 genres différents. M.de Vibraye a fait la répartition, dans les différentes famillesvégétales, des plantes qu'il a observées jusqu'à ce jour, et indiqué lenombre des espèces, mais il ne donne pas le nom 'des espèces qu'il arecueillies et qu'il serait, cependant, utile de connaître. Il faitobserver que les deux tiers des plantes étudiées dans les conditionsprécédentes sont annuelles ou bisannuelles. « Ce n'est pas une anomalie; c'est une disposition commune à toutes les prairies dites naturelles,où l'observateur attentif constatera toujours la disparition ou lesommeil périodique d'un certain nombre de plantes, en vertu d'une loimystérieuse de rotation naturelle qui les ramène ensuite, commeessences dominantes, à l'heure fixée par telles conditionsatmosphériques, souvent problématiques et difficiles à coordonner ou àsaisir. » « Les plantes annuelles, qu'on serait tenté de croireéphémères, sont toujours les plus nombreuses dans la constitution desprairies naturelles, parce que, d'une part, elles se propagent degraine avec une facilité merveilleuse, et parce qu'en outre ellesacquièrent une évidente pérennité lorsqu'on a pris soin de les faucheravant la maturité de leurs graines ; parce qu'elles sont, comme l'a ditde Candolle, monocarpiennes,et ne peuvent disparaître qu'après avoir accompli toutes les phases etconditions de leur existence, qui se termine par la fructification. » Lesfoins algériens proviennent des trois districts dont se composel'Algérie, districts du Sahara, d'Oran et d'Alger. Munby fait observerque les meilleurs foins sont originaires du massif d'Alger, et quec'est dans ces foins que se rencontre le plus grand nombre d'espècesappartenant au genre Medicago. Les foins de la plaine de la Mitidja leur seraient, sous ce rapport, très-inférieurs. Cetteapparition de plantes fourragères exotiques n'a pas encore pris lesproportions d'une acclimatation, mais les chances en faveur d'unefructueuse naturalisation sont très-grandes. M. Franchet, membre de laSociété Botanique de France, poursuit dans le Blésois le cours de sesinvestigations, et doit faire incessamment une communication des plusintéressantes à ce sujet. M. Noel, professeur de physique et de chimieau lycée de Vendôme, annonce un envoi de plantes algériennes récoltéesaux environs de cette dernière ville. Les espèces algériennessont moins variées qu'au début ; néanmoins, certains Trèfles, desMélilots, des Phalaris et des Alopecurus sont de la plus belle venue.Les Melilotus sulcata, Medicago spherocarpa, etc., ont persisté et sont plus abondants que l'année dernière. Unecurieuse graminée qui n'est pas, du reste, spéciale à la régionméditerranéenne, mais qui manquait totalement à notre pays, l'Alopecurus utriculatus,s'est multipliée d'une façon prodigieuse. C'est un fourragetrès-estimé, dit-on, et qui sert à constituer le fond des prairies dela Toscane. Ces plantes méridionales, fait observer M. deVibraye, dont nous avons reproduit en grande partie les notesintéressantes et utiles à l'agriculture, ont, sous notre latitude,supporté les rigueurs d'un hiver tout exceptionnel. Ne serait-il pointpermis de croire, ajoute ce botaniste distingué, à un commencement etsurtout à la possibilité d'une acclimatation dans certaines conditions,qui deviendraient un avenir fourragerpour les sols arides et les sables mouvants de notre zone centrale ettempérée, notamment la partie la plus déshéritée de notre pauvreSologne ? La Société d'Horticulture et de Botanique du centre dela Normandie, qui s'intéresse vivement à la propagation de toutes lesespèces fourragères qui peuvent enrichir notre sol, fait des vœux pourque des expériences soient faites sur une plus grande échelle, et quela Société centrale d'Agriculture étende, dans l'intérêt agricole, lasphère de son action. La nature du terrain et l'exposition peuventexercer une grande influence sur l'acclimatation des espècesalgériennes et méridionales, et contribuer à leur développement. Leplateau siliceux de Glos, près Lisieux, qui domine la vallée deTouques, ainsi que les hauteurs cultivées qui séparent cette vallée decelle de l'Orbiquet, et dont le mont Flambard, en face le château deSaint-Hippolyte-du-Bout-des-Prés, est, croyons-nous, le pointculminant, sembleraient parfaitement convenir à la culture de cesplantes fourragères exotiques. La nature sablonneuse et chaude de cesterrains, où croit le Jasione montana, offrirait les conditions exigées. D'aprèsles derniers renseignements parvenus à M. de Vibraye (24 avril 1872),la dissémination des graines étrangères s'est opérée sur unetrès-grande échelle aux environs de Vendôme, et partout les plantes quien résultent se montrent des plus vigoureuses. A Orléans, non-seulementles espèces antérieurement observées persistent, mais il s'en développede nouvelles qui n'avaient point été remarquées l'année dernière. M.Magne a fait à la Société centrale d'Agriculture une observation quin'est pas sans importance pour notre contrée humide et froide, c'estque les plantes annuelles peuvent s'acclimater facilement, et il citele Maïs, qui s'acclimate malgré le froid. Les légumineuses viennentparfaitement en Algérie, dans les terrains arides. Ne pourrait-on pasintroduire sous notre climat plusieurs espèces qui enrichiraient nosprairies ? Depuis le 3 mai, lisons-nous dans Les Mondes,revue hebdomadaire des sciences, par M. l'abbé Moigno (20 juin 1872),vingt nouvelles espèces ont fait leur apparition dans les communes deCour et de Cheverny, ce qui porte à 163 le nombre des plantesfourragères adventices, dans le seul département de Loir-et-Cher. Il semble aujourd'hui certain que, sur tousles points du centre de la France où notre cavalerie régulière aséjourné, où les chevaux de nos armées en campagne ont consommé desfourrages de provenance algérienne, de la zone méditerranéenne, lesrecherches se montreront invariablement fructueuses. A Angoulême, M. deRochebrune, naturaliste des plus distingués, et M. Franchet, ontconstaté, sur l'emplacement d'un camp de cavalerie, dans les environsde cette ville, l'existence de 44 espèces adventices. M. legénéral Morin ayant exprimé le vœu qu'il fût donné suite auximportantes observations de M. de Vibraye, de l'Académie, sur laproposition de M. le secrétaire perpétuel, a chargé les sectionsréunies d'économie rurale et de botanique de rédiger un programme pourla récolte et l'importation des semences des plantes fourragèresalgériennes propres à notre climat. La Société d'Horticulture etde Botanique du centre de la Normandie ne pouvait rester indifférente àces intéressantes communications qui constatent l'apparition spontanéeen France de plantes fourragères exotiques à la suite des arméesbelligérantes, en 1870 et 1871, et ont pour but de les propager surtous les points du territoire. Nous compléterons cette séried'observations botaniques par les deux faits suivants, qui nous ont étésignalés par le savant directeur de la Société d'Horticulture et deBotanique, et qui intéressent particulièrement notre contrée fourragère: 1° Le Lotus major(Smith), qui appartient à la Flore normande, est une excellente plantefourragère qu'il est bon de propager et qui est appelée à rendre degrands services à cause de la facilité avec laquelle elle croit dansles terrains de qualité médiocre. M. Oudin la fait cultiver dans desterrains de mauvaise qualité, et il en a retiré un fourrage abondantqui est recherché des bestiaux et surtout des chevaux. Cette plante,dit notre zélé et infatigable directeur, est appelée à prendre rangparmi les meilleures plantes fourragères comme qualité. 2° Le Trifolium pratense aproduit une variété à fleurs blanches que M. Oudin a fait recueillir etcultiver, ainsi que le grand Lotier, afin de doter notre agriculturefourragère de ces deux plantes utiles. C'est dans la valléed'Auge, arrosée par la Dives, et dans celles que baignent la Touques etl'Orbiquet, que se trouvent ces plantureux herbages, réputés à bondroit les meilleurs de la Normandie, ainsi que ces excellentesprairies, qui produisent, année commune, un revenu net de 400 fr. parhectare. « Outre la bonté du sol, composé en grande partie d'alluvions,l'excellente qualité des pâturages est due, dit M. Durand-Duquesney,savant botaniste que nous aimons à citer, à la prédominance desGraminées et des Trèfles sur les autres végétaux. » Quant à l'extrêmefécondité des prés, arrosés par l'Orbiquet, elle est due à un systèmed'irrigation parfaitement entendu et qui fait l'admiration desagriculteurs étrangers. « Si la présence presque continuelle de l'eauau pied de l'herbe, ajoute M. Durand-Duquesney, fait croître quelquesmauvaines plantes fourragères. on en est amplement dédommagé parl'abondance de deux récoltes successives » Dans le Bulletindes travaux de la Société d'émulation de Lisieux, année 1846, cebotaniste qui avait étudié avec un grand soin la Flore desarrondissements de Lisieux et de Pont-l'Evêque, donne une analyseapproximative de la composition des grands fondsdans les vallées de la Dives et de la Touques. Il indique également, età peu près, dans quelle proportion les espèces sont distribuées dansles prés d'Orbec (Coup d'oeil sur lavégétation des arrondissements de Lisieux et de Pont-l’Evêque, suivid'un catalogue raisonné des plantes vasculaires de cette contrée). C'estdans les terrains de qualité médiocre que la Flore adventice du centrede la France, signalée par M. de Vibraye dans le Bulletindes séances de la Société centrale d'Agriculture de France, pourrarendre de véritables et importants services et enrichir notre culturefourragère; en augmentant l'aisance de nos agriculteurs les moinsfavorisés. Puisse ce but être promptement atteint ! ARTHÈME PANNIER. LeMuséum d'histoire naturelle vient de s'enrichir d'une nouvelle plante,encore ignorée dans nos régions. Cette plante, classée dans la familledes Droseras, offre cette particularité curieuse que les corollesde ses fleurs, d'un rose tendre, enduites d'une certaine substancegommeuse, attirent les mouches et les empoisonnent immédiatement. |