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Extraits du Bulletinde la Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie,n°5 - 1882.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (22.IX.2015)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
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Diffusionlibre et gratuite (freeware)

Orthographeetgraphie conservées.
Texte établi sur les exemplaires de lamédiathèque (Bm Lx: Norm 1101) 


EXTRAITS
du

BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE
DU
CENTRE DE LA NORMANDIE

N°5 - 1882

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* *

CONFÉRENCES D'ARBORICULTURE
Par M. DU BREUIL,
professeur à l'Institut national agronomique

1re Conférence. — 4 mars 1882

Un grand nombre de membres de la Société d'horticulture, la plupartjardiniers, auxquels se sont joints quelques amateurs, ont formé, ledimanche 4 mars, un cercle attentif autour de l'éminent professeur qui,depuis quelques mois, s'est fixé définitivement à Lisieux, et qui,d'une façon toute aimable et désintéressée, a mis son savoir et sonexpérience à la disposition de ses nouveaux concitoyens.

Lesjardins de M. Jean Samson, mis d'une façon toute gracieuse à ladisposition du savant professeur, ont fourni à ce dernier un champ dedémonstration sinon complétement favorable, en raison de l'état desarbres en espaliers et en quenouilles, du moins suffisant pour lesopérations de printemps appliquées à la taille et à la conduite duPêcher, de l'Abricotier et du Pommier.

Sans reprendre ab ovoles démonstrations théoriques qui ont fait, au mois de juin dernier,l'objet de fort intéressantes conférences, M. Du Breuil entre dansquelques éclaircissements sur les soins à donner au Pêcher, pourobtenir le résultat toujours ardemment désiré, la production fruitière.

Le Pêcher,dit-il, s'accommode à peu près de tous les climats de la France, pourvuqu'on choisisse, pour chaque localité, les variétés qui peuvent s'ydévelopper, et qu'on donne à leur culture les soins qu'elle réclame. Lameilleure exposition, dans nos contrées, varie du Sud au Sud-Est. Unsol meuble, profond, perméable, légèrement calcaire, et surtout exemptd'humidité, est propice à l'éducation et à la conservation du Pêcher etdes autres arbres à fruits à noyaux.

Dans l'arbre livré àlui-même, les branches s'allongeraient indéfiniment sans résultatproductif. Il faut donc maintenir dans cet arbre un équilibreintelligent et surtout prévoyant, c'est-à-dire procéder à un bonétablissement de la branche de charpente, faire naître des yeux, et parsuite, des ramifications à la base de chaque branche fruitière, lesménager et rabattre à la taille les rameaux qui, ayant déjà portéfruit, sont désormais inutiles.

Il engage ses auditeurs àappliquer au Pêcher de préférence la taille d'hiver, et surtout àpratiquer avec le plus grand soin le palissage de tous les rameaux, etil invite les jardiniers et les personnes qui se livrent quelque peu àla conduite et à la taille des arbres fruitiers, soit pour leur comptepersonnel, soit pour la clientèle bourgeoise, à ne pas resterindifférentes aux occasions qui se présentent à elles de compléter lapratique horticole et surtout la pratique arboricole, dont lesrésultats sont si abondamment rémunérateurs.

2° Conférence. — 12 Mars

Ladeuxième conférence a attiré une affluence plus considérabled'auditeurs que la première. Faut-il attribuer ce résultat à lasituation au milieu de la ville des jardins de M. Jean Samson ? Faut-iljustifier la présence de ce nombreux auditoire par un empressement plusvif et plus grand à suivre un enseignement qu'une parole précise rendaussi intelligible que pratique ? Nous ne nous exposerons pas à lafatigue de résoudre l'un ou l'autre de ces problèmes.

Le sujet choisi par le professeur a été cette fois le Poirierqui offre avec le pêcher une différence très-notable en ce que troisannées sont nécessaires à la formation d'une lambourde pour vivre etdonner fruit dans le poirier, tandis que dans le pêcher et les arbres àfruits à noyaux, les fleurs s'épanouissent dès le premier printemps surles rameaux à fruits, mais n'en produisent plus d'autres. C'est surcette différence que s'appuie M. Du Breuil pour indiquer les multiplesopérations qu'il faut faire subir au poirier pour lui donner sa formedéfinitive, et lui assurer une longue durée ainsi qu'une fertilitéconvenable.

Les arbres en espalier que M. Du Breuil avait sousla main ayant déjà plusieurs années de plantation, et n'offrant pastous les éléments désirables pour la démonstration, celui-ci s'estborné à indiquer les moyens de maintenir un égal degré de longueur danstoutes les parties de la charpente, de rapprocher le plus possible dela base de l'arbre les rameaux à fruits, de suppléer même à lafaiblesse du développement d'un bouton à fruit par une opération qu'ilappelle l'entaille en chevron.

Il recommande en outre de soumettre au cassement complet à 0m08 ou à 0m10 de la base, les rameaux offrant une vigueur moyenne, et au cassement partielles rameaux vigoureux ; cette dernière opération a pour effet delaisser à la sève une issue suffisante en aidant à la transformation enrosette de feuilles les boutons nés près de la base.

Passant ensuite au pommier, M. Du Breuil recommande les sujets greffés sur Paradisqui se prêtent le mieux à la forme naine. Il engage à appliquer pour lataille les mêmes opérations que pour le poirier, à laisser le bourgeonde prolongement complétement libre pendant l'été, et à dédoubler plustard les pommiers quand ils sont arrivés à leur point de rencontre.

Leséclaircissements que M. Du Breuil fournit à ses auditeurs sontcomplétés en outre par la bonne grâce et la complaisance qu'il met àrépondre aux questions qui lui sont posées, et par de sérieux conseilsqu'il donne à son auditoire sur l'emploi prudent du sécateur et de laserpette. A cette seule condition, termine-t-il, la récolte s'assure etrémunère périodiquement, annuellement même, le praticien persévérant etsagement réfléchi.

3° Conférence — 19 mars

M. Du Breuil a pris, pour sujet pour cette troisième conférence, la Vigne, son mode de culture et sa taille.

Loind'avoir, dit-il, pour les habitants de la contrée normande le mêmedegré d'importance que les autres arbres fruitiers, le raisin cependantpeut mûrir en lui appliquant certains soins, notamment en plantant lavigne dans un terrain exclusivement sablonneux, calcaire, caillouteuxmême, en palissant le cep le long d'un mur à l'exposition du sud-est,et en pratiquant en temps utile les opérations d'ébourgeonnement. Cemur devra avoir une élévation de 3 mètres environ, et sera terminéd'un auvent ou chaperonsaillant de 40 à 50 centimètres pour garantir la vigne des attaques dela gelée, de la violence des vents, des rafales, de la pluie, etc.

M.Du Breuil recommande, pour la plantation de la vigne, les cordonsverticaux espacés de 70 centimètres environ. Le premier cep doitatteindre, mais ne pas dépasser la moitié de la hauteur du mur ; ilsera garni de branches coursonnes depuis la base jusqu'à son extrémité..

Le deuxième cep, complétement dénudé à sa partie inférieure, ne prend ses branches coursonnes qu'à partir de la moitié de la hauteur du mur jusqu'à son sommet, et ainsi de suite par alternance.

Leprofesseur, avant de procéder aux opérations de la taille, insiste surce point capital de consacrer sur les murs, à chaque espèce d'arbresfruitiers, sa place particulière, à l'exclusion d'autres, comme on a lafuneste habitude de le faire. Le mode de végétation, la nature dessoins à donner au pêcher, au poirier, à la vigne, sont tellementdissemblables qu'il y a un intérêt sérieux à ne pas dédaigner leconseil pratique de M. Du Breuil.

L'emploi du sécateur, pour lataille de la vigne, n'offre pas les mêmes inconvénients que pour lesautres arbres fruitiers ; il faut tailler à deux au-dessus de leurpoint d'insertion sur le cordon, supprimer, dès leur apparition lesbourgeons mal placés ou qui paraîtront inutiles, et conserver un œilpour l'année suivante.

Quelques détails de cette conférence ontvivement intéressé le nombreux et fidèle auditoire qui a suivi avecattention les démonstrations du savant professeur.

Cette leçonterminée, M. Loutreul, président de la Société d'horticulture, prend laparole pour remercier ses concitoyens d'avoir répondu à son appel.

«L'initiative de la société d'horticulture, dit-il, a produit cetexcellent effet de vous attirer autour d'un de nos meilleursinterprètes de l'enseignement arboricole. Vous devez à l'obligeance etau dévouement aimable de M. Du Breuil, que la bonne fortune a amené àfixer àLisieux sa résidence définitive, ces conférences pratiques, cesconseils intelligents et précieux qui rendent la science del'arboriculture une science agréable et éminemment utile. Notre digneet savant professeur vous a donné pour le mois de mai un rendez-vousauquel vous avez pris l'engagement moral de ne pas manquer. A cetteépoque les leçons pratiques porteront sur le pincement et l'ébourgeonnement,opérations d'été que M. Du Breuil regarde comme les plus importantes,quoi qu'elles soient trop peu pratiquées ou pratiquées trop tard dansla plupart des jardins fruitiers.

Au nom de toutes les personnesqui sont réunies ici, qu'il me soit permis d'être leur fidèleinterprète, et de présenter à M. Du Breuil la bienvenue dans notrecontrée, ainsi que l'hommage de votre respectueuse reconnaissance pourl'empressement si bienveillant qu'il a mis à souscrire à votre désir.Au mois de mai donc ; que votre présence assidûment nombreuse auxprochaines conférences confirme, comme vous le reconnaissez chaquejour, la nécessité et l'utilité de l'enseignement de l'arboriculture.

Cesparoles, accueillies par un murmure flatteur, témoignent au professeurde toute la sympathie qu'il a su déjà recueillir, et avec quel à-proposM. le Président de la Société d'horticulture a su rendre l'intimepensée de l'auditoire.