RÉVOLUTIONS
DE FRANCE
ET DE BRABANT,
Par M. DESMOULINS,
Auteur de la France libres & du Discours de la Lanterne aux Parisiens.
Quid novi ?
PROSPECTUS.
A
TOUS LES P
ATRIOTES, SALUT.A l'exemple de M. l'Abbé Sabatier qui s'écrie que malgré la désertionde tous ses Imprimeurs, Libraires & Courtiers, il persiste àvouloir faire un Journal, qu'il est du devoir d'un bon Citoyen de sefaire en ce moment Journaliste , & de rallier aux principes sesCompatriotes ; je cede aussi, comme M. l'Abbé, à l'amour de la Patrie& au zele des principes. Comme j'arrive à la onzieme heure &que mes devanciers se sont emparés de tous les titres propres à séduireun lecteur ce titre n'est pas ce qui m'a le moins embarrassé. Nousavions déjà le Rodeur, le Moniteur, le Censeur, le Chroniqueur,l’Observateur, le Modérateur & le Dénonciateur : nous avions leNouvelliste Parisien, & les Nouvelles de Paris, & les Nouvellesde la Ville, l'Ami du Peuple, le Tribun du Peuple, le Mercure, leFuret, le Courier de Paris, le Courier François &c. &c. enfinnous avions dans le Cousin Jacques, un Patriote assez zélé pour nousapporter des nouvelles de la Lune, & entreprendre la messagerie desplanetes. Le Journal Politique, Universel, National, Général,Littéraire, Patriotique Véridique, ne me laissoit à choisir que leJournal Comique. Ce titre m'aurait plu fort, si j'avais pu le soutenir; mais sentant mon insuffisance, au risque d'avoir un procès, je mesuis déterminé à voler à M. Tournon son titre de Révolutions.
Après avoir volé un titre, je vais maintenant dérober un Prospectus.Voici l'extrait d'un ancien Prospectus de l'Abbé Royou, que j'ai lamodestie de m'approprier :
Messieurs, voici du bon ;
Je ne fuis point un écrivain vulgaire,
Ainsi que mon Cousin Fréron ;
Daignez des Souscripteurs enfler la matricule
Foi de Prêtre, je fais serment
De faire de mon mieux pour être bien méchant.
Maître Clément m'a vendu sa férule ;
Je veux purger la terre de géants ;
Je veux faire oublier Hercule,
Par cinquante travaux répétés tous les ans.
Scudery fit étouffer trois Portiers de comédie à une représentation deje ne scais plus quel chef-d’œuvre. Je m’engage, avec mes Abonnésprésents & à venir, à n'être pas content de moi, que je n'aie faitétouffer quatre Colporteurs, au moins, à la porte de mon Libraire, afind'être un passe-Scudery.
Ce Journal paroîtra tous les Samedis ; chaque Numéro sera divisé entrois sections. Premiere section, France ; seconde section Brabant,& les autres Royaumes, qui, arborant la cocarde & demandant uneAssemblée Nationale, mériteront une place dans ce Journal. Troisiemesection, afin de reculer le plus qu'il est possible les frontieres denotre empire censorial, sous le titre de Variétés, ce paragrapheembrassera tout ce qui pourra intéresser mes chers Concitoyens, &les désennuyer cet hiver au coin de leur feu. Je m'attends auxmalédictions des Aristocrates ; je les vois étendus négligemment dansleurs fauteuils, se lever en fureur & saisir les pincettes : mauditAuteur, si tu étois là !... Mais je me souviens de ce que dit mon cherCiceron :
Subeundœ sunt bonis inimicitiae subeantur !Je le déclare donc : j'agrandis mon ressort, & j'étends macompétence & ma juridiction généralement sur tout ce qui pourrapiquer la curiosité. Nous parlerons des anecdotes du jour & desréflexions de la veille. Tous les Livres, depuis l'in-folio jusqu’aupamphlet, tous les théâtres, depuis Charles IX jusqu’à Polichinelle ;tous les Corps, depuis le Parlements jusqu’aux Confréries ; tous lesCitoyens, depuis le Président de l'Assemblée Nationale, Représentant dupouvoir législatif, jusqu’à M. Samson, Représentant du pouvoirexécutif, seront fournis à notre revue hebdomadaire. Nous nereconnoissons pour sacré & inviolable que l'innocence ; & s'ily a encore en France des personnes au-dessus de la sévérité des Loix,du moins n'y aura-t-il personne au-dessus de la liberté de notrecensure.
Les personnes qui auront des faits intéressants à publier, des vuesutiles à communiquer, des avis, réclamations, dénonciations oujustifications à insérer, quelque bien public en un mot à proposer,sont priées de les faire parvenir à l'adresse ci-dessous. Ces envoisseront reçus avec reconnoissance.
Nous n'avons rien négligé pour nous procurer des nouvelles fraîches& sûres, & tenir à nos Souscripteurs la promesse de notreépigraphe :
Quid novi ?Le prix de l'abonnement est de 6 liv. 15 s. pour Paris, & de 7 liv.10 s. pour la Province, pour trois mois, franc de port par tout leRoyaume.
On souscrit à Paris, chez G
ARNÉRY, Libraire, quai des Augustins, N°. 25; & chez les Directeurs des Postes & principaux Libraires de laFrance, en ayant soin d'affranchir le port de l'argent & de lalettre.
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LIVRES nouveaux qui sortent dessous Presse, & que l'on peut seprocurer en Province, le prix étant fixé pour les avoir francs de port.Il faut affranchir les lettres de demandes, ainsi que le port del'argent. Histoire du massacre de la Saint-Barthelemi par M. l'AbbéBrizard, 1 vol. in-8. Cet Ouvrage peut servir d'introduction à la Tragédie de Charles IX. | 4 l. 10 s. |
Histoire des déportements de la Royne Catherine de Médicis, mère deCharles IX, par un Contemporain, nouvelle édition, in-8, | 2 l. |
Suite des Confessions de J. J. Rousseau, édition de Paris, où l'on aajouté les noms propres qui ne sont désignés dans les éditions deGenève que par des lettres initiales & des… 3vol. in-8, avec Portrait, . . . | 9 l. 15 s |
J. J. Rousseau à l'Assemblée Nationale, 1 vol. in-8. | 3 l. 10 s. |
Histoire de la Révolution en France, depuis son origine, 2vol. in-8, | 7 l. 10 s. |
L'Orateur des Etats-Généraux, deux Parties, la troisième sous presse, in-8. | 1 l. 16s. |
Voyage à la Bastille, in-8 , . . . . | 18s. |
Réflexions d'un Avocat Patriote, in-8, | 1 l. 16 s. |
Vues d'un Citoyen sur la Médecine, | 1 l. 18 s. |
Bicêtre réformé | 12 s. |
Droits & devoirs du Citoyen, par l'Abbé de [Ma]bly, in-12, | 2 l. 15 s. |
Messe Nationale Parisienne, | 10 s. |
Nécessité de supprimer les Monasteres, in-8 | 12s. |
Encore quatre cris, ou Sermons à prêcher par l'AbbéFauchet, . . . . . | 12 s. |
Cahiers des Dames de la Halle, seconde impression, ravaudée &repassée de son mieux pour afin de le rendre plus long & mieuxtorché, in-8, | 1 l. |
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On souscrit aux mêmes adresses que ci-dessus, pour la Feuilleintitulée, L'OBSERVATEUR, qui paroît trois ou quatre fois la semaine.Le prix de l'abonnement est de 6 liv. pour trois mois, franc de portpar la Poste, par tout le Royaume.
Tout l'éloge que l'on pourroit faire de cet intéressant Journal, nepourrait rien ajouter à sa réputation ; il suffit de dire qu'il s'endébite, dans Paris, toutes les fois qu'il paroît, quinze à vingtmille.
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De l'Imprimerie de L. J
ORRY , rue de la Huchette.