Aller au contenu principal
Corps
Catalogue de la LibrairiePoulet-Malassis et de Broise, imprimeurs-libraires-éditeurs.-Juin 1858.- 30 p. ; 19 cm.
Saisie dutexte : O. Bogros pour lacollectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (27.I.2006)
Relecture : A. Guézou.
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur un exemplaire(coll. part. ) inséré dans le recueil des Poésiescomplètes de Leconte de Lislepubliées par Poulet-Malassis en1858, avec une eau-fortedessinée et gravée par Louis Duveau.
 
CATALOGUE
DE LA LIBRAIRIE
POULET-MALASSIS ETDE BROISE
IMPRIMEURS-LIBRAIRES-ÉDITEURS

JUIN 1858

vers l'image agrandie (169 ko)

 ~ * ~

LIVRESÉDITÉS PAR POULET-MALASSIS ET DE BROISE

BIBLIOTHÈQUE MODERNE

La Bibliothèquemoderne s'adresse par le choix des volumesqui la composent à tous les gens de goût, et parles conditions matérielles dans lesquelles elles'exécute, aux lecteurs encore nombreux qui ne serésignant pas à voir dans un livre un objetéphemère de consommation, se plaisentà attacher une idée de durée auxinstruments de leurs plaisirs ou de leurs travaux intellectuels. Detoutes les bibliothèques en cours d'exécution quise composent à la fois de nouveautés et deréimpressions, elle est celle qui a su associer la meilleureexécution matérielle, à la correctiondes textes, et au bon marché ; elle s'imprime sur papierd’Angoulême collé, dans unformat in-12qui tient, comme grandeur, le milieu entre l'in-8° et le formatdit Charpentier. Le prix des volumes varie, suivant le nombre defeuilles, de 2 à 5 fr.
    
La Bibliothèque moderne, sans s'interdire lesépoques antérieures, est surtoutconsacrée aux productions des littérateurs de cetemps-ci : romanciers, critiques, historiens, poètes;à côté desquels prendront placebeaucoup d'écrivains du XVIIIe siècle, dont lesoeuvres, ou ne se trouvent plus dans le commerce, ou n'ont encore paruqu’incomplètes et sans travaux critiquessuffisants. La nomenclature des livres qu'elle comprend aujourd'hui,suivie de celle de titres en préparation, lacaractérise d'ailleurs suffisamment.

LesOubliés et les Dédaignés, figureslittéraires du XVIIIe siècle, par CH.MONSELET,2 vol., 5 fr.

LINGUET - MERCIER - DORAT- CUBIÈRES - OLYMPESDE GOUGES - LE COUSIN JACQUES - LE CHEVALIER DE LAMORLIÈRE - LE CHEVALIERDE MOUHY - DESFORGES- GORGY - LA MORENCY- PLANCHER - VALCOUR- BACULARD-D'ARNAUD- GRIMOD DE LA REYNIÈRE.

« Le caractère commun de ces écrivainsqu'ondédaigne et qu'on oublie, c'est qu'ils sont lesvéritables ardents et les véritablespassionnés de la littérature. Ilsreprésentent la variété, le mouvemen,.l'originalité, l'activité de laproduction intellectuelle.... Ils appartiennent les uns au lendemain,les autres au jour présent, et pas un ne relèvede la veille.... Ch. Monselet a bien choisi les figures de cettegalerie des inconnus et des oubliés.... Sonrécit ne sort jamais du mouvement que lui auraitdonnéle XVIIIe siècle. Il est tel que ses personnagesauraientvoulu le faire eux-mêmes, net et précis, comme cequi estvrai ; spirituel et enjoué comme la confession desens de gens d'esprit. Monselet a la main du XVIIIe siècle ;ilenest le secrétaire accompli. Il peut se charger de sacorrespondance d'outre-tombe. Il peut écrire sesmémoires aussi bien qu'Hamilton a écrit lesmémoires du chevalier de Gramrnont. »

ÉDOUARD THIERRY (Moniteur du 4 juin1857.)

« Charles Monselet est bien l'homme parexcellence de cette époque ondoyanteet diverse qui est la nôtre. Il est à la fois,poète et critique, philosophe et romancier....C'est lecharme principal et pénétrant de ces deuxvolumes, c'est ce qui fait qu'on lit tout d'une haleine cesbiographies, tour-à-tour nnélancoliquesetfolles, comme les vies qu'elles reflètent.
 
Ces deux volumes dont la portée morale estincontestable bien que déguisée sous unperpétuel sourire font partie d'unebibliothèque éditée avec unsoin typographique remarquable par deux éditeurs quise sont donnés la mission originale d'imprimer àAlençon les livres les plus élégantsdeParis. »

M. DE LESCURE(Gazette de Francedu 16 juin 1857.)


Lettres d'unMineur en Australie, par ANTOINE FAUCHERY,1 vol., 2 fr 50

« Êtes-vous allé enAustralie. - Non. -Tant mieux pour vous. Prenez ce livre, et vous en reviendrez sans yêtre allé. -Enfin nous letenons le voyageur par excellence, le voyageur de belle humeur et debon sens, nous le tenons cet homme au coeur d'airain qui,lassédes admirations vulgaires a osé affronter ces spectacles quidonnent à lacuriosité elle-même un aird'intrépidité. Aussi, comme il se dessinefièrement ce voyageur hardi qui estallé, sur la foi d'une espérance, faire un de cespélerinages militants, où chaque heure est uncombat.Comme il plaît parce qu'ill'ignore comme il instruit, parce qu'il n'en a pas laprétention ; comme il amuse sans le vouloir, etcomme il touche sans y songer...... » 
   
Au bout de deux années, M.Fauchery passait pour un mineur sérieux. A force defatigues il avait conquis ce titre de vieille et bonne main,qui est lanoblesse des mines... Et toute cette force, tout ce courage, toutecette gaîté en pure perte.... Enfin il falluts'arrêter. Notre mineur jette la pelle aux orties,et levoilà ouvrant à Melbourne, un caféà lafrançaise, tenu par Antoine Fauchery, bacbelierès-lettres, ès-arts, ex-collaborateur du Corsaire, ex-auteurde Calino,en société avec ThéodoreBarrière.

En voilà une chute, j'espère !Jérôme Paturot, lui, s'arrêta aubonnetier. Antoine Fauchery, devaittomber ,jusqu'à l'épicier. Oui,épicier ! Quelle rudepénitence pour le railleur du Journal pour rire !

Après avoir débitépas malde petits verres et plié pas mal de cornets. AntoineFauchery se trouva pauvre comme devant. De tout ce qu'il avaitemporté en partant, il ne lui restait qu'une chose, maisquelle chose ! Il ne lui restait que son sourire.

Oui, son sourire ! il est revenu en souriant, il a raconté à ses amis, comment il avaitcreusé etpioché deux ans durant sans rien trouver ; comment il avaitvendu ses tables de bois marbré et son billard, et rompuses balances trop loyales, et adjugé auxenchères ses bocaux de cornichons, et comment ilétait revenu, toujours le même, ayant autantd'esprit qu'auparavant, beaucoup plus d'instruction, un courage plusendurci et une pitié plus éprouvée !

M. Fauchery n'a pas trouvé étonnantqu'on ne lui ait pas voué de temple niélevé de statue. Il sait que nous ne sommesplus aux temps des Argonautes, ces voyageurs faits dieux, et il vajusqu'à s'étonner, en souriant, toujours unsouriant,d'avoir trouvé un éditeur. Il s'est donc vuimprimé, imprimé en beaux caractèreset sur du beau papier. Il a pris un exemplaire de sonodyssée ; il a marqué d'un pliprévovant les dangers à éviter et lesfautes à réparer ; puis, avec le mêmecourage, avec le même esprit, le même sourire, etl'expérience de plus, savez-vous ce qu'il a fait ! Ilest reparti !

M. DE LESCURE(Gazette de Francedu 1er septembre 1855.)


Les Fleurs du Mal,par CHARLES BAUDELAIRE,1 vol.(épuisé).
   
Une seconde édition de celivre, qu'on peut considérer dès aujourd'huicomme un des monuments de la Langue et de la Poésiefrançaises, est en préparation. Elle contiendrasixpièces nouvelles qui remplaceront celles que le tribunal dela Seine a condamnées.

« Rattacherai-je la forme d'unlivre comme les Fleursdu Mal au souvenir de quelque formelittéraire. Je la rattache et je le rattachelui-même à l'ode que Mirabeau a écritedans ledonjon de Vincennes. Il en a l'audace, l'hallucination sombre, lesbeautés formidables et toujours la tristesse.... J'aidéja rapproché de Mirabeau, l'auteur des Fleursdu Mal. Je le rapproche du Dante, et je répondsque levieux Florentin reconnaîtrait plus d'une fois dans lepoètefrançais sa fougue, sa parole effrayante, ses imagesimplacables, etla sonorité de son vers d'airain.

ÉDOUARD THIERRY (Moniteur Universeldu 14 juillet 1857.)

« Quels sont les sujets que le poète atraités ? L'ennui qui dévore les âmespromptement rassasiées des joies vulgaires etéprises de l'idéal ; - les fureurs de l'amour quefontnaître non les transports des sens, oul'épanouissement d'un coeur jeune et crédule,maisles raffinements d'une curiosité maladive ; - l'expiationprovidentielle suspendue sur le vice frivole de l'individu, commesur la corruption dogmatique des sociétés ; - Labrutalité conquérante qui ignore les joies etla puissance du sacrifice ; - les âmes cupides qui fraudentet calomnient les âmes droites et contemplatives ; - Enfinl'orgueil qui se dresse contre Dieu, et qui mêmefoudroyé respire avec délice l'encens desmalheureux qu'il abuse, des sophistes qu'il enlace, des superbes qu'ilenivre...... M. Baudelaire déjà connu parune traduction remarquable et consciencieuse d'Edgar Poë, etpar deux volumes de Salons, verra son livre réunir lesconditions de tout succès : injurespassagères etsuffrages durables. »

F. DULAMON(Le Présent, 23 juillet 1855.)

« Par la langue et le faire,M. Baudelaire, est de cette École qui croit que tout estperdu, à lapremière rime faible, dans la poésie la plusélancée et la plus vigoureuse ; mais parl'inspiration il est bien plus profond que son école, et ilest descendu si avant dans la sensation, dont cette écolene sort jamais, qu'il a fini par s'y trouver seul, comme un liond'originalité. Sensualiste,  mais le plus profonddessensualistes, et enragé de n'être que cela,l'auteur des Fleurs duMal va dans lasensation jusqu'à l extrêmelimite, jusqu'à cette mystérieuse porte del'Infini a laquelle il se heurte, et de rage se replie sur la langue etpasse ses fureurs sur elle. Figurez-vous cette langue, plusplastique encore que poëtique, maniée ettaillée comme le bronze et la pierre, et ou laphrase a des enroulements et des cannelures ; puis, dansces enroulements et ces cannelures d'une phrase qui prend les formesles plus variées comme les prendrait un cristal, supposeztous le piments, tous les alcools, tous les poisons,minéraux, végétaux. animaux, etceux-là lesplus riches et les plusabondants, si on pouvait les voir, qui se tirent du coeur de l'homme,et vous avez la poésie de M. Baudulaire, cettepoésie sinistre et dolente, déchirante etmeurtrière dont rien n'approche dans les plus noirs ouvragesdecetemps. Cela est, dans sa férocité intime, d'unton inconnu en littérature. »

J. BARBEYD'AUREVILLY.

« La poésie de M. Baudelaire,profondément imagée, vivace et vivante,possède à un haut degré lesqualités d'intensité et despontanéité que je demande au poètemoderne.

Il a les dons rares, et qui sont desgrâces, de l'évocation et du lapénétration. Sa poésie,concise et brillante, s'impose à l'esprit comme une imageforte etlogique. Soit qu'il évoque le souvenir, soit qu'il fleurissele rêve, soit qu'il tire des misères et des vicesdu temps un idéal terrible, impitoyable, toujours lamagie est complète, toujours l'image, abondante et riche, sepoursuit rigoureusernent dans ses termes.

Sa phrase poétiquen'est pas. comme celle de M. Théodore de Banville, parexemple, le développement large et calme d'unepenéemaîtresse d'elle-même. Ce qui, chez l'un,découled'unamour savant et puissant de la forme, est produit chez l'autreparl'intensité et par la spontanéité dela passion, puisque j'ainommé M.Théodore de Banville, je rappellerai ceque jedisais il y a un an, à propos de ses Odelettes :« Des deux grands principes posés aucommencement de ce siècle, la recherche du sentiment moderneet le rajeunissement de la languepoétique, M. de Banville a retenu le second... » Dans ma pensée, je retenais le premier pour M.Charles Baudelaire.

L'un et l'autre représentent les deux tendances de lapoésie contemporaine. Ils pourrontservir de bornes lumineuses à une nouvelle génération de coureurs poétiques.»

CHARLES ASSELINEAU. (Revue Française.)

   
Poésiescomplètes de THÉODOREDE BANVILLE (Les Cariatides ; Les Stalactites; Odelettes ; Le Sang de la Coupe ; La Malédiction deVénus etc.), in-12, avec une eau-forte titre,dessinée et gravée par LOUIS DUVEAU,l vol , 5 fr.

« Il y avait autrefois (je vous parle, de dixannées), un jeune hommeappelé Théodore deBanville : il étaitné avec toutes les qualités poétiquesde l'improvisateur ; à peine il eut vingt ans, quedéjà la langue françaiseobéissaità ses caprices, à ses volontésd'enfant ! Cetenfant qui échappait ou plutôt qui s'arrachaità plaisir à l'influence heureuse des Méditationspoétiques, aux murmures apaisés des Feuilles d'automne,abandonnait soudain les sentiers frayés parles nouveaux maîtres, et perdu dans les regains, dans lesaubépines, sur les gazons, aux bords des claires fontainesd'une immense école huissonniére, il s'abandonneà toute sa rage poétique. O spectacleétrange et tout nouveau chez nous d'un poëme exquisentoutes sortes d'éléments contraires,mélange extraordinaire, ingénu, curieux de toutesles urbanités, de toutes les corruptions ! Vous ouvrez ces Stalactites,ces Cariatides,ces Odes funambulesques,ces poëmes absurdes,amoureux, harmonieux, d'une tristesse incroyable et d'unegaîté voisine de la folie... et soudain vous monteaucerveau un violent parfum de poésie antique qui semêle et se confond avec toutes les mièvreriesmodernes ! Ici Pindare, et là M. Dorat lui-même !Ici la Vierge et don Juan, l'orgie et l'idéal, lessens furieux, les aspirations divines, latable au cabaret tachée de lie et les âmeserrantes dans le bleu !Ces Poésiescomplètes deThéodore de Banvillevous représentent unmélange, une satire, une élégie, undrame, un pandémonium de tous lus bruits, de tous lesspasmes, de toutes les maladies que panent enfanter lesvlices, lesvertus, les espérances, les désespoirs, lesdoutes,l'inquiétude et les turbulences de la vingtièmeannée. Et si vous les lisez tous réunis dans cetrès-magnifique et splendide volume, cespoëmes du nuage et du soleil, du printemps et de l'hiver, deschardons et des lis, dans lesquels la Maritorne et laDulcinée ont des rencontres inattendues !

Lasource court au fleuve et la fange àl'égoût...
 
Si vous les étudiez dans leur ensemble infime et superbe,grotesque et charmant, ces poëmesnus et voilés. ces poëmes contemporainsde la guerre de Troie et des trétaux de la foire ; quidescendent des poëmes d'Orphée... ets'arrêtent aux paillasses des Folies Nouvelles,ils vous donneront levertige. On les voudrait brûler, on les voudrait orner d'oret de pierreries... »
                 
J. JANIN.(Débatsdu 22 octobre 1857.)

En recevant et en relisant le volume de Poésies dans lequelM. Théodore de Banville a réuni tous sesprécédents recueils moins un (1), je me suis ditavec plaisir : Voilà un poète, un despremiers élèves des maîtres, un de ceuxqui, venus tard et desderniers par l'âge, ont eu l'enthousiasme des commencements,quiont gardé le scrupule de la forme, qui savent pourl'avoir appris à forte école, lemétier des vers, qui les font de maind'ouvrier,c'est-à-dire de bonne main, qui y donnent de latrempe, du ressort, qui savent composer,ciseler, peindre. Ce poète, à travers tous lescapricesde son imagination et de sa muse, ne s'est jamaisrelâchésur de certains points ; il agardé, au milieu de ses autres licences, laprécision du bien faire, et, comme il dit, l'amour duvert laurier.

Il procède de Hugo et d'André Chénier.Ilaffectionne l'Art grec, lasculpture, et nous en rend dans ses rythmes des copies et parfoispresque des moulages. C'est d'une grande habileté, avecquelquesexcès. Je passe sur ce qui me paraît ou tropcherché, ou trop mélangé pour nem'arrêterqu'à ce qui est bien. En poésieon peut lancer et perdre bien des flêches : il suffit pourl'honneur de l'artiste que quelques-unes donnent en plein dans lebut et fassent résonner tout l'arbre prophétique,lechêne de Dodone, en s'y enfonçant. M. de Banvillea de cescoups heureux où se reconnaît un archervainqueur...

SAINTE-BEUVE(Moniteurdu 12 octobre 1857.)

(1) Les Odesfunambulesques (voir p. 22 de ce catalogue).


Couronne,histoire juive par ALEXANDRE WEILL,1 vol., 2 fr.

« M. Alexandre Weill est un esprit original, curieux, un peuinquiet et remuant, mais plein tout à la fois de force et desouplesse. Il a effleuré les genres les plus divers: il aécrit sur la politique, sur la philosophie; il a fait destravaux sérieux, et des oeuvreslégères, etpartout il s'est signalé par d'excellentesqualités ; il a dela verve, de l'entrain, de la chaleur, un style d'ordinaire ferme,nerveux, entraînant.

Couronne,son dernier ouvrage, n'est peut-être pas lemoins digne de remarque. C'est un roman, ou plutôt unenouvelle.

La donnée est intéressante.

Une juive d'Alsace aime un pauvre diabled'israélite, un maître d'école, jeunehomme, dontl'âme est beaucoup plus belle que le corps. Fils d'unmendiant, il est repoussé avec dédain par lesparents deCouronne, de bien minces seigneurs pourtant, de petits paysans quivisent à la bourgeoisie. Madame Riche maltraite sa fille,humiliele maître d'école ; mais elle s'efforce en vaind'éteindre un amour qui la révolte ; Couronnedépérit et se meurt de désespoir. Acette vue, lamère s'adouci,. l'amour maternel triomphe despréjugés, et Élias Seibel estagréé comme l'époux de l'aimable fille.
 
Ce sujet est traité avec tant d'amour et depassion, que l'auteur semble parfois plaider une cause personnelle etconter des aventures dont il a pu être le héros.L'ardeur des convictions philosphiques donne à cettedramatiquehistoire un intérêt soutenu et croissantjusqu'àla péripétie.
 
Chemin faisant, M. Weill nous offre de charmantesdescriptions des lieux où viventc et agissentsespersonnages. Ilnous peint les moeurs très peu connues des colonies juivesde l'Alsace, leurs usages religieux, leurs fêteshéréditaires et leur position socialeau milieu des populations chrétiennes.

Ce roman ressemble parfois à un livre d'histoire, parfoisà livre de polémique religieuse, maistoujours à une oeuvre grave et consciencieuse. Quand on a lu Couronne, onn'a pas seulement lu une anecdote, on s'est instruit ;l'esprit et le coeur ont gagné quelquechose. M. Weill pense et fait penser. Quel plus bel éloge ?»
    
ÉDOUARD FOURNIER (Patrie du 16décembre 1857.)


Lettresfamilières d'Italie à quelques amis, de 1739 à 1740,par CH. DE BROSSES, avec uneétude littéraire et des notes par HIPPOLYTEBABOU. (Seule édition sanssuppressions.) 2 vol., 6 fr.

La nouvelleédition des Lettresfamilières du Président De Brossessedistingue de celles que le public a déjàcritiquées, par une fidélitéscrupuleuse. On s'est contenté de rectifier avec soin leserreurs provenant d'une mauvaise lecture ou de fautes d'impression ;mais on n'a jamais pris la liberté, comme l'ont faitd'autreséditeurs, de rajeunir le style de l'auteur enremplaçant devieilles expressions par de faux synonimes, ni d'éliminercertaines plaisanteries sur Ancône, sur le Pape, etc., etc.,inspirées à Charles De Brosses par legoût et l'esprit du XVIIIe siècle.
 
La Notice de M. Hippolyte Babou dit en termes clairs etprécis tout ce qu'il y a à dire sur lecaractère et la vie de l'auteur. Quant aux annotations,elles sont justifiées par la nécessitéde signaler au passage, dans un écrit sur l'Italie qui dated'un siècle, les changements survenus dans les moeurs, leserreurs d'attribution en fait d'oeuvres d'art, lesdéplacements successifs qui ont fait passer certainesstatues et certains tableaux, des Églises et des Palaisd'Italie, dans les divers Musées de l'Europe etles cabinets d'amateurs. Ces indications forment uncomplément,nécessaire à une bonne édition duPrésident De Brosses. Elles avaient manquéjusqu'ici aux Lettresfamilières.

L'Édition nouvelle a reçu de la critique unexcellent accueil, comme le témoignent les extraits suivantsd'articles publiés dans la Revue des Deux Mondes,dans Le Charivari,dans La Patrie,etc.

« On sait quel est le charme de cette correspondancefamilière où l'Italie du XVIIIe sièclerevit avec toutes ses grâces et toutes ses finesses,décritepar un grave président à mortier, par unlaborieuxphilologue, qui, se transformant pour nous parler des fêtesdleVenise ou des monuments de Rome, devient tout à coup le plusaimable des causeurs... Dans une Etudelittéraire qui accompagne les lettres du spirituelprésident, M. Babou a nettement dessiné cettecurieuse physionomie, et rendu justice à l'hommequi a su parler de la société italiennenon-seulement en artiste, mais en observateur aussiélevé que pénétrant.»

(Revue des Deux Mondes.)

« La nouvelle publication dela librairie Poulet-Malassis est due aux soinséclairés et délicats de M. HippolyteBabou... C'est un livre exquis à touségards. La Notice dont M. Hippolyte Babou l'afait précéder est d'un tour excellent ettout-à-fait, dans le genre des meilleures qu'on aitécrites au XVIIIe siècle même,avec une sobriété et une modestie quiétaient aussi de ce temps-là ;peut-être seulement s'arrête-t-il un peu troptôt, mais c'est pour laisser parler son auteur et nousn'avons pas alors le courage de lui en vouloir. Il y a tantde verve, de finesse, d'esprit dans tout ce qu'écrit DeBrosses, et, sous tout cet esprit tant d'idées ! C'estVoltaire voyageant en Italie, s'exaltant pour les arts, et dans sonenthousiasme se trompant parfois de plume, et prenantà la place de la sienne celle de Diderot. »
     
ÉDOUARD FOURNIER. (Patrie du 16décembre 1857.)

« Les lettres duPrésident De Brosses reparaissent aujourd'hui sous leur vraititre et sous leur vraie forme. Elles viennent décorer unecollectiontrès-élégante ettrès-variée (la collection Malassis) qui sembleêtre un retour heureux vers les jours d'une librairiemeilleure,moinsmercantile.

« Le soin de lanouvelle édition a étéconfié à M. Hippolyte Babou, critique debeaucoup d'esprit et de savoir. M. Babou a mis en tête deslettres une Notice excellente dans laquelle il apprécie DeBrosses on ne peut mieux, ce qui ne l'empêche pas derendre hommage en passant à la mémoiredeVoltaire qu'il venge en très-bons termes du pamphletmisérable intitulé : Ménage et finances deVoltaire.M. Babou a rectifié plusieursdétails des lettres à l'aide de Notes qui luiont été suggérées par leshommes les plus compétents, entr'autres par notre amiGleire, lepeintre éminent qui aime et connait l'Italie commepersonne. »

ARNOULD FRÉMY. (Charivari.)


Mémoiresdu duc deLauzun, publiés pour la premièrefois, avecles passages supprimés et les noms propres, introductionet notes de LOUIS LACOUR,1 vol., 4 fr.

L'auteur, enfant, reçut ses leçons depolitesse sur les genoux de madame de Pompadour ; ces leçonsoccupent les premières lignes des Mémoires ;entre ces lignes et les dernières,consacréesaux nuances d'un sentiment honnête et contenu, plusieurscentaines de pages renferment les détails de l'existencela plus romanesque d'un gentilhomme de la cour des rois de Louis XV etLouis XVI.

Des guerres, des disgrâcesministérielles, des intrigues de cour, des fêtes,des voyages, des épisodes tantôt touchants,tantôt gais et comiques, viennent par intervalles remplir lascène et lui donnent du mouvement et de lavariété. Lauzun a connu tout le monde, il a toutvu, tout entendu pendant les trente plus curieuses années dudernier siècle.

Homme à la mode, il offre aux jeunes gens,jusqu'à sa mort, un type de suprêmeélégance. Ses saillies, sesjugements deviennentimmédiatement des mots d'ordre, desarrêts, qui volent de bouche en bouche, s'inscrivent surtous les éventails, se chuchottent derrière tousles paravents. Prône-t-il l'Angleterre,. le lendemain toiutcequi porte un nom est anglomane ! Il se prend d'une belle passion pourles chevaux, Paris veut un  New-Market. Qui en serait le roi,sicen'est lui ? Ainsi s établissent en France, par ses soins,ces courses qui sont aujourd'hui l'unique spectacle vraimentpopulaire.

Homme du monde, son nom est resté celui du plus vif, duplus spirituel, du plus fécond, du plus disert des causeurs.Ses Mémoires sont sa conversation même.

Homme de cour, on sait qu'il charma jusqu'à lareine Marie-Antoinette.
 
Lauzun a négligé, ou plutôtn'a pas eu le temps, de nous initier aux derniersévénements de sa vie. Il arrête sesaveux plus de dix années avant sa fin.M. Louis Lacour les complète dans une introduction qui esten même temps une intéressante étudelittéraire et une oeuvre de justice. Après avoirraconté la vie de Lauzun en dehors de ce que celui-ci aconfessé dans ses Mémoires, M. Louis Lacour adiscuté et refuté les critiques menteurs etintéressés qui, sous la Restauration, onttenté de ravir à Lauzun les Mémoiresparu sons son nom. Les plus longs détails de cetteétude préléminaire sontconsacrés aux dernières années deLauzun, héritier du nom de Biron. On a suivi l'orateur surles bancs de l'Assemblée nationale, legénéral aux camps des armées dunord, du midi et de l'ouest, le captif, de la rue des Piquesà laConciergerie, et de la Conciergerie à l'échafaudoù le poussa non pas la haine de ceux qu'il venait deservir, mais celle de ses anciens amis, qui ne pouvaient pardonnerà un ci-devantde ne les avoir pas suivis et de combattredans les rangs (du peuple et pour la cause de la Révolution.
    
Dans le cours du volume, desnotes nombreuses et variées ne laissent pas un nom, unecirconstance, un usage, une allusion, sans uneinterprétation détaillée, enfinl'index général des noms de personnes et delieux, qui clôt le livre, le rend aussi commode qu'utileà consulter.

Ces Mémoires, reçus à leurapparition avec une sensation immense, étaient cependantdéfigurés.Un grand nombre de passagessupprimés, d'autres tronqués, la plupart desnoms ou omis ou grossièrement altérés,tel est l'ancien texte. Dans notre édition,collationnéesur trois manuscrits, on ne trouve pas un nom douteux, pas une ligne enblanc.


Sophie Arnouldd'après sa correspondance, et sesécrits inédits, par ED.et J. DE GONCOURT,1vol., 2 fr.

« MM. de Goncourt ont raconté la vie deSophie Arnould, en style étrange, mais sans emphase, sansfaire de morale déplacée, et sans essayer une deces réhabilitations ridicules, si à la modeaujourd'hui. Les lettres de Sophie Arnould, qu'ils publient pour lapremière fois, peignent bien au vif la reine des impures,telle qu'elle fut, et donnent presque de l'estime pour sa personne.
 
Ces lettres écrites, pour la plupart, dans unâge avancé, et adressées àun ancien ami, témoignent d'une personne spirituelle,cynique, qui sait ce qu'elle a été et ne s'enfait pas accroire sur son compte, qui accepte lesconséquences de la vie qu'elle a menée et qui apresque du sens moral à force d'avoir du bon sens.»
            
(Revue des Deux-Mondes,15 mai 1857.)


LesPaïens innocents,nouvelles, par M. HIPPOLYTE BABOU,1 vol., 3 fr.

LA GLORIETTE - LE CURÉ DE MINERVE - LE DERNIER FLAGELLANT - L'HERCULECHRETIEN, JEAN DE L'OURS- HISTOIREDE PIERRE AZAM - LA CHAMBRE DES BELLES SAINTES.

Le livre de M. Babou n'estpas de ceux qu'on petit analyser dans la rigueur du mot. Lesrécits ne sont point, charpentés comme desdrames, ni combinés comme des romans-feuilletons, pourla surprise finale : l'intérêt y est juste autant dansl'art que dans l'action. Il compose à peu prèscomme ces peintres harmonistes qui peignent tout à la fois et dont lestableaux, à mesure que l'effet est plus serré et que les détails s'accusent davantage,semblent s'avancer de l'extrême horizon jusque sousles yeux du spectateur. Le pinceau se promènepresque simultanément sur le ciel. sur les terrains et surla verdure ; la lumière se répand ; leslocalités se précisent, les figures surgissent,et le drame marche avec le paysage.

M. Babou a enrichi lagéographie littéraire ;  il a découvertun pays inconnu, charmant, un Midi tout nouveau, aussidifférent de la classique Cannebière que de laponcive Gascogne et de ses landes maussades. A vingt lieuesdes Pyrenées, entre Narbonne et Toulouse, il nous montre une vallée calme et verte, cachant ses habitations sousdes massifs d'oliviers, riante comme un parc et fertile comme lechamp d'une ferme-modèle, et rebondissant, en coteauxonduleux, verdoyants, étagés, d'oùpendent des villages babillards et que couronnent deschâteaux mystérieux ; une population alerte,intelligente, sympathique, vive comme la Grèce et paresseusecomme la Sicile, caustique le jour et superstitieuse la nuit.Aubergistes rusés, meuniers naïfs,curés débonnaires, bourgeois goguenards etchansonniers, paysans laborieux et raisonneurs, jeunesse amoureuse etchimérique : tout cela s'agite et babille, les femmes auxpuits, les hommes aux champs, en pleine lumière du soleilet dans l'air du plus beau ciel et du plus pur qui se puisse voirde Carpentras à Taïti. Le travail mème dans cetheureux pays a quelque chose d'une fète : vignerons etlaboureurs s'en vont aux champs par troupes et en chantant ; et, tout enretournant leurs terres ou en fumant leurs vignes, ilstrouvent le temps de faire une malice à leur curé, malice innocente, carpasteur et troupeau sont trop bons amis pour se garder rancune. La nuittient, ce petit monde gazouilleur s'endort et ronfle comme un dortoird'innocents. A peine entendez-vous sous le vent le trot d'uncavalier solitaire. Et alors ce sera quelque spéculateurmadré, le même que vous aurez vu a midi fumantnonchalamment sur sa porte et, qui à cette heure s'en vafaire dans l'ombre sa moisson d'écus ; ou bien encore leDrac, le Trilby du Midi, chevauchant sur le bidet du meunier pouraller souffler des rêves aux filles ou lever ses droitssur les fournils.

Celte vallée,c'est la vallée de Diane ; ce pays qui donne envie de vivre et que l'on rêve comme un Eden de repos, de paresse etd'insouciance, c'est le Minervois.,...

.... Quant à la valeur de M. Baboucomme écrivain, le lieu où je parle (La RevueFrançaise) est plein d'échos qui répondront pourmoi que c'est un conteur charmant. Un écrivain de race, unNodier redivirus, chez qui l'instinct lucide du critique etl'érudition d'un littérateur consommén'ont rien tué des grâces et de la verve dupoète.

CHARLES ASSELINEAU.


Vient de paraître

Essais sur l'époque actuelle. - Libres opinions morales ethistoriques, par EMILE MONTÉGUT, 1vol., 3fr.

DU GÉNIE FRANÇAIS - LA RENAISSANCE ET LA RÉFORMATION - DES CONTROVERSES SUR LE XVIIIe SIÈCLE - DE LA TOUTE-PUISSANCE DE L'INDUSTRIE - DE L'INDIVIDUALITÉ HUMAINE DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE - DEL'IDÉE DE MONARCHIE UNIVERSELLE - DE L'HOMME ÉCLAIRÉ. - DE L'ITALIEET DU PIÉMONT - FRAGMENT SUR LE GÉNIE ITALIEN - WERTHER - HAMLET - CONFIDENCES D'UN HYPOCONDRIAQUE.

Pour paraître dans le courant de l'année 1858 .

CH. ASSELINEAU : La double vie, nouvelles, 1 Vol. - CH. BAUDELAIRE : Curiosités esthétiques, 1 vol.- MAXIME DUCAMP : En Hollande, lettres à un ami, suivies des catalogues des musées de Rotterdam, La Haye et Amsterdam,l vol.- CERVANTES: Nouvelles, traduites par Pierre Hessein et Filleau deSaint-Martin, nouvelle édition entièrement revueet corrigée, comprenant la nouvelle du Licencié Vidiera, traduite pour la première fois par Charles Romey. -LE CONTE DE LISLE : Poésies complètes (Poèmes antiques ; Poèmes et Poésies ; ouvrrages couronnés par l'Académie française ; Poésies nouvelles), 1 vol. - LE MARQUIS D'ARGENS : Mémoires, 1 vol. - LA GRANGE-CHANCEL : Les Philippiques, réimpriméessur l'exemplaire manuscrit du Régent,précédées de Mémoirespour servir à l'histoire de La Grange-Chancel et de sontemps, en partie écrits par lui-même, noteshistoriques et littéraires de M. de Lescure ; etc., etc.


LIVRES DE DIVERS FORMATS

La défection de Marmont en 1814,ouvrage suivi d'un grand nombre de documents inédits ou peuconnus, d'un précis des jugements de Napoléon1er sur le maréchal Marmont,d'une notice bibliographique avec extraits de tous les ouvragespubliés sur le même sujet, par RAPETTI, 1 vol.in-8°.  6 fr.

Ce livre a été honoré de lasouscription de M. le Ministre d'État et de la maison del'Empereur pour les bibliothèques de la Couronne.

« M. Rapetti a voulu que l'histoire en eût lecoeur net sur Marmont. Il s'est dévouéà cela. Critique sagace et parole comptée quandil s'agit de l'appréciation des livres et des hommes, M.Rapetti, qui réunit la capacitéétendue et diverse de l'historien au sens incessammentaiguisé du jurisconsulte, a été plusfrappé que personne du caractère qu'offrent,ces mémoires de Raguse où l'inconsistance essaied'être retorse et réussit à se montrertelle, et où les machiavélisme et les sophismes de ladéfense brouillent la faute pour la couvrir. Aux yeux de M.Rapetti, il y avait quelque chose de plus important ici que l'examend'un livre, si approfondi d'ailleurs qu'il pût être, il yavait une justice à accomplir, etcette justice, elle est sortie de son intention. Il l'a faite.Consciencieux, travaillé, fouillé, positif commeune instruction criminelle, son livre nous paraît d'unpéremptoire affreux pour l'honneur de Marmont, et nouscroyons qu'après l'avoir lu, personne, ne reprendra pour laplaider à nouveau la cause du coupabledéfectionnaire d'Essonne, malgré la manie descirconstances atténuantes dont lessociétés sans force soutiennent leur faiblesse,et qui pour le moment s'introduisent partout, même en l'histoire.

Lorsque l'ennemi était à Paris et que ladéchéance de l'Empereur avaitété prononcée parun sénat rebelle,lorsque Napoléon n'avait pour toute ressource que songénie plus grand dans l'infortune, comme unc torche qui jetteplus de feu quand une fois elle est renversée, etaussi l'idée terrifiante pour les étrangers quel'armée était toujours fidéle. Marmont quicommandait l'avant-garde la livra sans consulterpersonne et traita nuitamment avec Schwartzenberg.

Or, voilà cequ'a dit M. Rapettii avec un impitoyable détail et uneconclusion plus impitoyable encore.

L'ouvrage deM. Rapettin'est pas uniquement un chef-d'oeuvre de discussion, de renseignement, de vue morale. Malgré une absence de compositionque le sujet litigieux choisi par l'auteur explique et suffisammentjustifie, c'est aussi une histoire où le sens politique serévèle autant que le sens moral et monte aussi haut. »

J. BARBEY D'AUREVILLY. (Le Pays, 16 mars 1858.)

« Il est de notre devoir de déclarer, en terminant, que ce livre dela Défection de Marmont en 1814 contient une étudecomplète du sujet. Nous constatons chez M. Rapetti unvéritable talent d'historien : son style est, simple, puret attachant ; il expose les faits avec une rare lucidité.

En écrivain sérieux. M. Rapetti a surtoutlaissé la parole aux pièces officielles, et sonappendice n'est pas la partie la moins intéressante. deson livre. Une préface, qui a elle seule vaut tout un ouvrage, et une table préparée avec soincomplètent ce volume, l'un des plus attachants qu'il nous aitété donné de lire. Nous y avonsremarqué surtout une hauteur morale tout à faitsupérieure aux étroites préventions del'esprit de parti. Ce sont là des titres réelsà l'intérêt, et les amis du beaulangage n'attendaient pas moins de M. Rapetti, qui vient de leur donner, ce que le public est en droit d'exiger d'un espritélevé, un bon livre, noblement pensé,purement écrit et en excellent français, choserare dans tous les temps, mais surtout au notre.

CHAROLAIS. (Presse du 12 mars 1858.)

« Ce qui distingue surtout cette publication,c'est l'abondance des informations. L'auteur a consulté les ouvrageshistoriques, les mémoires du tempsdéjà publiés, lesdépôts des archives, les bibliothèques particulières. et l'on doità ses recherches la publication de diverses poésies ou lettresinédites parmi lesquelles on peut signaler les suivantes :

Une nouvelle relation de ce qui s'est passé aux Tuileries, du 28 au 29 mars 1814,lors du départ de Paris de l'impératrice régente et du roi de Rome ;

Une relation par untémoin oculaire, le général baronPelet, es impressions de l armée à cettecélébration allocution de l'Empereur : Soldats, l'ennemi nous a dérobé trois marches... ;

Une enquête par les généraux Gourgaud et Fabvier,sur les faits relatifs à la défection d'Essonne ;

Une lettre du duc de Wellington sur les circonstances politiques de 1815,pendant les Cent-Jours ;

Les Mémoires de Marmont ontdésormais en cet ouvrage, pour l'époque de1815, leur contrôle redoutable.

(Bulletin international, du 1er avril 1858.)


Odes funambulesques (par THÉODORE DE BANVILLE),avec une eau-forte de Bracquemond, d'après un dessin deVoillemot, initiales et fleurons imprimés en rouge. 1 vol.in-8°.,  5 fr.

Il ne reste plus que quelques exemplaires de ce livre qui ne sera pasréimprimé dans les mêmes combinaisonstypographiques.
 
« Commençons par le livre matériel avant d'aborderl'oeuvre poétique. Lorsque presque toutesles industries abaissées frelatent ce qu'elles vendent,voici un petit volumes qui mérite d'arrêter leregard qu'il attire, car il a un air que depuis longtemps les livresn'ont plus. Distingué, charmant, d'un goût typographiqueà la fois audacieux et sûr, ce petit volume justifiel'écusson placé en tête du frontispiceavec son fabuleux dauphin et son aristocratique devise Non hic piscis omnium.« Ce n'est pas là le poisson de tous ! » Avec cevolume MM. Poulet-Malassis et De Broise ont prouvé que la notiondes livres bien faits existait encore dans certains esprits,malgré le train et l'effacédu siècle, et que l'éditeur, aprèsl'écrivain, après le poète, pouvait être unhabile artiste à son tour. »

BARBEY D'AUREVILLY. (Pays du 21 mars 1857.)

« Le titre a de quoiinquiéter les esprits délicats. L'alliance estsingulière entre Pindare et Debureau. Je ne puis pas me ledissimuler. J'ai senti moi-même un peu d'hésitation enécrivant l'épithète malsonnante, et en laissantle mot imprudemment découvert au point le plus apparentde ma phrase. Tel qu'il se présente, il explique assez vivementles choses. Imaginez une fantaisie de carnaval, puisque le carnavalsouffre et permet tout. Le poète, un vrai poète, unpoète enthousiaste etcharmant est passé ce soir-làt par lethéâtre des Folies-Nouvelles.Le lieu lui fait accueil.Il en est l'hôte bienvenu. Pierrot lui prêtepour se travestir, un beau costume neuf, son serre-tête noir lemieuxajusté et ses plus fines pantoufles blanches. Voici lepoète en habit de masque. Je suis Pierrot ! dit-il à sontour. QuelPierrot ? Pierrot le funambule! S'il lui plaît de s'en vanter, nelecroyez pas. Le Pierrot de la comédie italienne, àla bonne heure ! ou Pierrot-Apollon, ainsi que Bracquemond l'adessiné, assis sur un monticule, qui se donne des airs deParnasse, le violon à l'épaule, l'archet sur le violon,faisant sauter en cadence tout un choeur de petits Faunes dansants, deCupidon mêlés aux enfants capripèdes.

Et que joue le violon dePierrot-Délien ? Toutes sortes d'airs railleurs etcompliqués, ironiques et savants, de mélodies touchantes, interrompues et agacées par des taquineriesbizarres. Odes funambulesques, le titre dirait tout, s'il nedisait pas trop et s'il ne tenait pas à appuyer sur ce quiest la moindre part du volume. Odes, soit, car celui qui l'aécrit est un lyrique. Rondeaux et triolets, parodies etballades, tout y est plein du souffle qui rend lesstrophes harmonieuses. Le poète se calomnielui-même avec son titre. Il a l'air de ne compter que sesstances bouffonnes, et il oublie les cinq satires qu'il publiait dans LaSilhouette, en 1845-1846, sous le titre d'Evohé, Némésis intérimaire.

C'est là que l'on sent, non pas plus, mais pluss aisément qu'ailleurs, la mainferme, le procédé hardi, le rythme large etsans indécision de Théodore de Banville. Il y prend tous les tons à son gré. Il expliquelui-même quelle est sa muse et par quels jeuxelle s'est élevée à la satire. »

ÉDOUARD THIERRY. (Moniteur du 27 avril 1857.)


Paris et le nouveau Louvre, ode, par THÉODORE DE BANVILLE, in-8°.,50 c.

Même format et même typographie que les Odes funambulesques.


La Lorgnette littéraire, dictionnaire des grands et des petits auteursde mon temps, par CH. MONSELET, 1 vol. in-16., 2 fr. 50 c.

Nous croyons inutile de reproduire ici des fragments de comptes-rendusde ce livre, un des grands succès d'esprit de ce temps, onle sait. Charles MONSELET, c'est Rivarol en 1858, remplaçantl'impertinence de parti-pris de l'écrivain grand seigneur,par la décision d'un critique doublé d'unpoète et d'un romancier.


Du Génie français, par EMILE MONTÉGUT, 1 vol. in-16., 1 fr.

« M. Émile Montégut est un jeuneécrivain pénétrant, nerveux, pourvud'élévation et d'éloquence, mais malgré uneindépendance depensée que je me plais à reconnaître, iln'a pu se débarrasser complètement de certainesopinions reçues, et à côté des noblesélans et d'aperçus nouveaux, il tombe plus d'une foisdansla routine. Aussi M. Montégut conseille à tousles gouvernements de se méfier desréveils de l'esprit français ; ilnous apprend que ces réveils sont plusfréquents que par le passé,et il ajoute, avecune pointe d'ironie, que la force de l'habitude, qui fit la longuesécurité des pouvoirs monarchiques, s'est beaucoupuséedepuis soixante ans. Tout cela a été fort vrai,mais a cessé de l'être....
 
En somme le livre de M. Montégut estremarquable par le style, la verve, l'élévation,et ce serait une oeuvre tout-à-faith ors ligne, sil'auteur avait creusé plus son sujet. »

PAULIN LIMAYRAC. (Constitutionnel du 11 octobre 1857.)


Le comte Gaston de Raousset-Boulbon, sa vie et sesaventures, d'après ses papiers et sa correspondance, par HENRY DE LA MADELÈNE, 1 vol. in-12., 2 fr.

M. L. Ratisbonne termine ainsi le second des deux articles qu'ila consacré dans le Journal des Débats, à cejeune homme héroïque qu'on a pu appeler un FernandCortès tuéau début.

« En achevant cetarticle, nous sommes pris d'un regret. Nous avons un peudesséché, en l'abrégeant,l'émouvante et dramatique monographie dont M. Henri de LaMadelène est l'auteur, et dont le comte Raousset de Boulbon estle héros. Contraint, pour ne pas dépasser les limitesd'un article de journal, d'être pluscourt que M. de la Madelène, nous avons la chance deparaître plus long. Nous n'avons pu que raconter les principauxéléments de la vie si accidentée et sibigarrée du comte, nous avons dû supprimer ledétail, et c'est le détail justement quiaccentue une physionomie, qui fait qu'on s'intéresseà un caractère. Droiture, courage,énergie obstinée, indomptable, toute lesqualités brillantes et fortes, M. de Raousset les avait ;homme d'imagination et de passion, il était capablepourtant de sang-froid, il avait le don du commandement et le coupd'oeil politique uni à l'esprit d'aventure. Pour s'enconvaincre, ilfaut le voir de plus près que nous n'avons pu lemontrer, aux prises avec les mille traverses de sadestiné, et dépouiller entièrementsa correspondance recueillie par M. de La Madelène, et qui n'aété ici qu'entr'ouverte.

Nous n'avons pas laprétention de faire du comte de Raousset unhéros parfait, un exemple de vertu. Le comtelui-m^rme a marqué la limite ou il fauts'arrêter, je ne dis pas dans la sympathie, mais dansl'admiration. « Il est, dit-il, des natures exceptionnelles queleurs qualités et leursdéfauts entraînent dansdes voies étranges. Il ne faut les juger qu'avecune grande modération.

Si l'on suit M. de Raousset-Boulbon avec sympathie jusqu au boutdans ses projets, il faut le dire. c'est que ce n'estpas sur un filon d'or, mais sur un filon de gloire qu'il s'acharne. Cen'est pas pour les mines d'Arizona que M. de Raousset a couru àlamort, qu'il a refusé de s'y soustraire et l'aacceptée héroïquement après le naufrage deses espérances. L'or, toutpuissant qu il est, ne fait pas de martyrs : on ne meurtt pas parintérèt. Il y a des voyageurs quirêvent d'envoyer pour fruit de leurs expéditionslointaines un produit rare, un animal curieuxqui figure à Paris, avec le nom du donateur, au Jardin desPlantesou au Musée. M. de Raousset, au prix de sa vie, rêvaitd'offrir à la France un empire. Existencedévoyée et hasardeuse, âme inquiéteque le besoin d'activité dévorait, que le reposfatiguait, et à qui il était plus facile de donner un butextraordinaire qu'un but raisonnable à sa vie. Rien en luid'étroit, de mesquin, de vulgaire ; c'est par là qu'ilintéresse. Sa mort lui fait une auréole. Uneenquête officielle a été ouverte sur lesderniers événement de Guaymas ou périt M. deBoulbon. Quelle qu'ensoit l'issue, on aura de la peine à trouver que les ballesmexicaines ont bien fait de frapper ce noble coeur, etquelles ont eu raison de tarir, dans tout l'éclat de laforce et de la jeunesse, ce beau sang chevaleresqueégaré dans les veines d'un homme d'aujourd'hui. »

LOUIS RATISBONNE. (Débats du 1er novembre 1858.)


VIENT DE PARAITRE.

Philosophie du salon de 1857, par CASTAGNARY, 1vol.in-8° sur papier vergé. 2 fr.


EN PRÉPARATION.

Emaux et Camées, par THEOPHILE GAUTIER,2e édition augmentée, avec fleurons imprimés ennoir et en rouge, et une eau-forte en-tête de E. Therond.

FURETIÈRE : Recueil des Factums du procès entre M.l'abbé Furetière, l'un des Quarante de l'Académie françoise, et quelques-uns des autres Membres de l'Académie, avec une introduction et des notes, par CH.ASSELINEAU. 1 vol. in-18 sur papier vergé.


PUBLICATIONS A PETIT NOMBRE.

Histoire du Sonnet pour servir à l'histoire de la Poésie française, par CH. ASSELINEAU, 2e édition, in-8°., 3 fr.

Tiré à 150 exemplaires sur papier vergé.


Jean de Schelandre, poète verdunois (1585-1635) étude littéraire suivie de la réimpression des Gayetés, d'après le seul exemplaire connu, par CHARLES ASSELINEAU, 2e édition in-8°., 3 fr. 50

Tiré à 120 exemplaires sur papier vergé.


Les Mémoires de Mme de la Guette, par HYPPOLITE BABOU, in-8°., 1 fr.

Tiré à 50 exemplaires sur papier vergé.- Cettespirituelle appréciation est imprimée même formatet même papier que l'édition des Mémoires de Mme de la Guette, publiée dans la bibliothèque Elzeveriene de P. JANNET.


La vérité sur le cas de M. Champfleury, par H. BABOU, in-18., 30 c.

La carte à payer d'une dragonnade normande, en 1685, par LOUIS LACOUR, in-8°., 1 fr. 50 c.

Tiré à 100 exemplaires papier vergé.


Antoine Lemaître, par RAPETTI, ancien professeur suppléant au Collège de France, in-8°., 1 fr. 50 c.

Tiré à 200 exemplaires papier vergé.


Rimes loyales, par JOSEPH BOULMIER, in-18., 2 fr.

Intermezzo, poème de Henri Heine, traduit en vers français par PAUL RISTELHUBER, in-18., 2 fr.

Monographies marseillaises.- La Major, cathédrale de Marseille, par CASIMIR BOUSQUET, in-8°, avec planches, 8 fr.


PUBLICATIONS SUR LA BASSE-NORMANDIE.

Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et surses Seigneurs, par ODOLANT DESNOS, 2e édition publiée d'après lescorrections et les additions manuscrites de l'auteur etannotée par M. LÉON DE LA SICOTIÈRE, suivie d'unebibliograpbie alençonnaise, de la Recherche de la noblesse de la généralité d'Alençon etd'autres pièces justificatives, 3 vol. in-8° dechacun 500 p.

Cette réimpression des Mémoires historiques sur Alençon,d'Odolant-Desnos, tirée à 410exemplaires (350 sur papier vélin, 60 sur papier vergé); sera publiée en 6 livraisons de15 à 18 feuilleschacune ;le prix de chaque livraison, sur vélin est de 4 fr. et de 8fr. sur papier vergé ; la première est en vente.