ORINO, Jeanne Marie Clotilde Briatte Comtesse Pillet-Will, pseud. Charles d' (1850-1910) : Hantise par l« Esprit » de d'Emile Zola (1904). Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux deLisieux (09.VIII.2003) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Texte établi sur un exemplaire (coll. part.) des Contes de l'au delà, sous la dictée des esprits publiés à Paris en 1904 par F. Juven. Hantise par l« Esprit » de d'Emile Zola ~~~~Ils nétaient jamais revenus Ils étaient partis un soir dautomne, au moment des équinoxes, pour une pêche au large qui devait durer deux jours. La frêle barque qui les portait avait dû sombrer loin du pays où ils étaient nés. La mer gardait le secret de leur agonie, se refusant même à rejeter, comme elle le fait parfois dans un accès de dédain ou damère ironie, lépave révélatrice qui déracine des coeurs lespoir y subsistant encore quelquefois. Et durant des jours, des semaines même, les femmes avaient erré sur la grève, guettant larrivée du retardataire, tressaillant despoir et danxiété, toutes les fois que sur la teinte unie de lhorizon, sur la mer subitement apaisée après ses fureurs, la silhouette indécise dune barque sétait montrée. Mais cet espoir nétait jamais que fugitif. Ou bien lembarcation séloignait dans le sens opposé à celui quelles espéraient lui voir prendre, ou bien elle se rapprochait, et cétait alors la perte de leurs illusions, car au fur et à mesure quelle grossissait à leur vue, certaines particularités la faisaient reconnaître pour être une des embarcations quelles ne désiraient pas. Et le temps continuait sa marche, et le flux et le reflux battaient de leurs lames le pied des hautes falaises. Seul lespoir était parti, laissant la place aux douleurs intenses, aux déchirements des âmes. Encore une fois, la mer, cette infatigable dévoreuse dhommes, avait fait trois veuves et quelques orphelins Il ny avait quYvonne Tréguen, la femme du patron de la Marie-Jeanne, mariée depuis un mois seulement, qui neût pas denfants. Orpheline, seule au monde désormais, si sa misère en semblait être moins cruelle, sa détresse nen paraissait que plus grande. Pourtant par quel mystère inexplicable, ses yeux noirs, profonds, recélaient-ils encore quelque espoir, tandis quau contraire, ceux de ses compagnes, obscurcis par les larmes, rapetissés par le rictus des sanglots, avaient perdu en quelques heures toute jeunesse et tout éclat ? Pourquoi encore, les lèvres roses, rieuses jadis, conservaient-elles lempreinte dun sourire, tandis que celles des autres femmes contractées en un pli douloureux semblaient à jamais obstinément muettes et renfermées en leur douleur ? Et pourquoi donc encore, Yvonne maintenant que le malheur était certain, que lespoir nétait plus possible, portait-elle comme aux beaux jours la coiffe des dimanches, le fichu de soie bleu ciel, tandis que ses compagnes, en leurs vêtements de deuil, imposaient par leur seul aspect le respect et la pitié dus à linfortune ? Etait-ce oubli ou indifférence de la part dYvonne ? Naimait-elle donc pas ce beau et brave Pierre-Louis, au bras duquel elle paraissait si heureuse de sappuyer quelques jours plus tôt ? Non, certes, ce nétait pas de cela quil fallait laccuser, car Yvonne chérissait de toutes les forces de son être, de toute la puissance de son âme pure et aimante, ce Pierre qui lavait prise sans un sou, sans vouloir même permettre quelle touchât à ses petites économies pour parer aux légers frais de sa toilette de mariée. Il ne voulait que son amour, rien que son amour, et, un jour même, il lavait bien fait rougir, en lui disant avec cette belle franchise qui est lapanage du peuple : « Des petits, vois-tu, Yvonne, je pourrai peut-être bien ten faire, mais je ne pourrai jamais les aimer comme toi ! » Parfois aussi, durant leurs accordailles, lorsque, les mains enlacées, ils erraient au gré de leur fantaisie, le long du sentier qui bordait la falaise, ils sarrêtaient rêveurs à contempler la mer immense et ils soupiraient pris dune angoisse, lui en songeant aux séparations inévitables, elle aux catastrophes possibles. Très grave, un jour, Yvonne lui dit : « Si tu meurs avant moi, Pierre, tu prieras tant Notre-Dame quelle ne pourra te refuser de venir me chercher. Je ne veux pas passer plus dune année après toi sur la terre. » Il souriait, beaucoup plus troublé quil ne le voulait paraître, la traitait de petite folle. Quelle idée de parler de mort, lorsquune ère de vie souvrait devant eux et quils allaient être heureux, très heureux ! Ils se serraient alors bien fort lun près de lautre, puis, comme la nuit venait, pour ne pas faire causer le monde, ils rebroussaient chemin vers le village. Yvonne rentrait dans sa chaumière, presque une cabane, Pierre, dans sa maisonnette. Le jour de leur mariage arriva. Simplement, sans arrière-pensée, ils saimèrent avec passion, ne se quittèrent plus dune minute. Pourtant il fallut reprendre la vie et par conséquent reprendre la mer, et cest ainsi que leur union éphémère fut à jamais brisée. A jamais !... Non, pourtant, car dans la nuit du 19 au 20 octobre au moment où Pierre aux prises avec les éléments succombait à la fin, Yvonne que la tempête tenait éveillée, folle danxiété sur son lit, sentit tout à coup son être entier tressaillir dans un étrange émoi ; ses yeux souvrirent démesurément, et, soudain, devant elle, en une lumineuse clarté, elle vit Pierre. Seule la tête étrange et pâle de son époux se détachait ; le reste du corps sunifiait dans les rayons lumineux qui avaient rempli la pièce. Affolée, ne pouvant comprendre, elle voulut se précipiter vers laimé, mais au moment où elle croyait latteindre, il disparaissait, fondait pour ainsi dire dans cette phosphorescence qui, elle aussi, peu à peu, amoindrissait son éclat, laissant la place à la nuit sombre. Le lendemain et les jours qui suivirent, Yvonne erra avec les autres sur la grève. Espérait-elle encore ? Qui eût pu le dire ? car elle gardait un silence farouche, plongée tout entière dans le souvenir de sa vision. Ah ! elle en était bien certaine maintenant, elle ne le reverrait jamais en chair et en os son bon et brave Pierre, mais elle avait la précieuse assurance que son âme nétait pas morte. Il avait bien su lui en donner la preuve, il saurait bien encore se manifester à elle une autre fois. Et un soir, à lheure où le soleil tache de son disque rouge lhorizon qui sassombrit dans les teintes crépusculaires, tandis que les femmes, lâme entière envahie par le sombre désespoir, reprenaient le chemin du village, Yvonne prit celui de la falaise ; elle gravit lentement la pente abrupte qui gardait peut-être encore à cette heure lempreinte de leurs pas, puisquune de leurs dernières promenades avait été pour ce sentier quils aimaient entre tous pour sa solitude et sa belle vue. Arrivée au point culminant, elle sarrêta. Cétait là également quils sétaient arrêtés, et Yvonne se rappelait les paroles quelle lui avait dites en cet endroit, paroles qui faisaient allusion à la mort possible. Elle se souvenait aussi de la promesse quelle avait voulu lui arracher de ne pas la laisser plus dune année après lui sur la terre de misères. Maintenant elle se remémorait le trouble profond, langoisse qui lavait étreint et quil cherchait vainement à lui dérober, puis son grand geste de protection par lequel il lavait serrée très fort sur sa large poitrine, comme sil eût voulu affirmer ainsi lindissolubilité de leur union. Ces souvenirs si précis en leur acuité douloureuse arrachèrent à Yvonne un atroce sanglot. Dans un cri de désespoir, elle clama par deux fois : « Pierre ! Pierre ! » Sa voix qui rompit le silence de la nuit, franchit-elle les mystérieuses frontières qui délimitent la terre des vivants davec le domaine des morts ? Sans doute, car ce ne fut pas lécho qui répondit, mais une voix basse et vibrante tout à la fois. Une voix connue, aimée entre toutes, murmura à son oreille ce mot, ce simple mot : Yvonne ! La voix de laimé ! car cétait la sienne, il ny avait pas à en douter. Lui seul prononçait ce nom de cette manière, mais où était-il ? Et voilà quen une clarté elle le voyait cette fois complètement ; il lui souriait, lui tendait les bras. Elle voulait sy précipiter, mais elle ne latteignait pas. Il semblait planer un peu au-dessus de terre et, tout à coup, elle comprit quil nétait pas entièrement accessible pour elle, créature de chair, ayant un corps. Alors, comme devant Dieu, elle sagenouilla, les mains jointes, les bras tendus en un geste dextase, si heureuse, si transportée quelle ne sentait pas lâcre brise du soir qui soulevait sa coiffe, ni lhumidité du sol qui glaçait ses membres et encore moins les gouttelettes deau que la brume du soir déposait sur ses cheveux, nimbant dune sorte dauréole scintillante son front dextasiée. Dès lors, ce fut son pèlerinage. Elle y revint chaque soir, à la tombée de la nuit, indifférente aux rafales qui se déchaînaient sur le plateau, à la pluie, au froid. Quelquefois, comme au premier jour, elle sagenouillait sur le tertre, ou bien encore elle sasseyait sur lherbe, et durant des heures, on eût pu lentendre, causer bas, sarrêtant parfois pour écouter très attentive la voix mystérieuse qui lui parlait. Que lui disait cette voix ? Elle lui disait des paroles damour et despoir, lui promettait la réunion prochaine et définitive pour le mois doctobre, cest-à-dire un an plus tard. Parfois aussi, la voix se faisait doucement impérieuse, elle exigeait quelle mît ses habits de fête pour venir sur la falaise, elle la grondait un peu de se laisser trop aller à des oisivetés rêveuses à la maison. Il fallait travailler et surtout être bonne, très bonne, très charitable Un jour, Yvonne demanda à Pierre - car cétait lui - sil ne désirait pas quelle fît dire des messes pour le repos de son âme. Il sourit et lui répondit : « Non, mon Yvonne, car le bon Dieu, qui est encore bien meilleur que ne le disent les hommes, a permis que je sois très heureux, mais, si tu veux faire une bonne action, donne aux pauvres les deux francs que tu destinais à cette messe. » Elle le fit, et dans le pays, où on la savait très pauvre, sa réputation de folie ne sen accrut que davantage. « Le malheur a tourné la tête à Yvonne Tréguen », disaient les femmes en hochant la tête. Le recteur à son tour sinquiéta, car Yvonne, très pieuse autrefois, neût pas manqué pour rien au monde dassister aux messes, vêpres et sermons du dimanche. Depuis la catastrophe sa place restait vide à léglise. Tout dabord le recteur ne sen était pas inquiété outre mesure, sachant par expérience que même chez les natures les plus foncièrement pieuses, il y a de ces heures dans la vie, où, après un grand malheur, la foi subit une défaillance momentanée. Pourtant, comme la crise semblait se prolonger, plusieurs fois dans la rue il lavait abordée, cherchant à trouver lentrée de cette âme qui paraissait à jamais obstinément fermée. Il lui avait alors adressé quelques mots affectueux, mais elle ne lui avait répondu que par monosyllabes. Découragé dabord, inquiet ensuite, il sétait résolu à frapper un grand coup ; il voulait à tout prix ramener au bercail cette brebis égarée, et cest dans ces dispositions quil entra un jour chez elle. La journée touchait alors à son déclin et Yvonne commençait ses préparatifs pour sa sortie quotidienne nocturne. Debout devant une glace, seul ornement luxueux de sa chambre, elle ajustait avec soin sa coiffe des dimanches, lissait ses cheveux. Ce fut en cette occupation que le prêtre la surprit. Etonné dabord, il se remit vite et, saisissant loccasion, il lui dit : « Pourquoi cette toilette, mon enfant ? la coiffe des veuves nest-elle pas celle qui vous convient, hélas ! maintenant ? » Et comme elle ne répondait pas, encouragé, il continuait : « Je suis venu vous trouver, Yvonne, pour vous apporter les seules consolations qui puissent vous être offertes. Jai dabord respecté votre douleur et votre mutisme. Vous êtes jeune et vos épaules nont pas encore atteint la largeur nécessaire pour supporter le poids de la lourde croix du Sauveur, mais Dieu, qui ne frappe jamais plus ses créatures quelles ne peuvent le supporter, veut être votre soutien en cette épreuve. Il ne demande de vous quun élan de votre coeur, le retour dans sa maison que vous avez désertée depuis longtemps déjà et dont vous paraissez même avoir oublié le chemin Allons, Yvonne » Mais ici, et à sa stupéfaction, elle linterrompait, se retournait vers lui et montrait non pas un visage de repentir et de douleur, mais un visage transfiguré par la joie et lespérance. Les yeux fixés sur des horizons quil ne soupçonnait pas, lui, lhomme de Dieu pourtant, elle répliquait dune voix qui semblait venir de très loin : « Dieu ma consolée dès le premier jour. Je sais que bientôt je serai réunie à mon Pierre, que je ne le quitterai plus jamais et, en attendant cette heure bénie, je le vois chaque jour, le cher adoré, il me parle, mencourage, me dit que Dieu est encore bien meilleur que les hommes ne le croient. Quirais-je faire à léglise, puisque je ny trouverai que mon Pierre et que je sais maintenant que la maison du Seigneur, cest la falaise, la plage, le grand univers. Pierre me dit aussi que lorsque la voix de la mer sunit au bruit du roulement des galets, au bruissement des herbes folles pour proclamer la puissance de Dieu, ces voix de la nature sont infiniment plus agréables au Créateur que ne le sont les cantiques que vos Enfants de Marie chantent pour le plaisir de chanter et que vos prières latines que vous récitez peut-être sans comprendre. Et vous voyez bien, monsieur le recteur, que ce que je vous dis est vrai, puisquil est là mon Pierre, là tout près, contre ce mur et quil sourit et mapprouve. Voyez quelle lueur lentoure ! Nest-il pas beau comme un saint du Paradis ? Oh ! mon adoré, nest-il pas vrai que tout ce que je viens de dire, cest toi qui me las enseigné » Elle parlait avec une exaltation croissante transfigurée, belle, et le prêtre, stupéfait, nosait plus même linterrompre. Machinalement il avait suivi la direction de son regard, cherchant, lui aussi, la vision dont la seule présence avait le don de rendre presque sublime cette petite paysanne de propos si simples jadis, mais il ne voyait rien. Pourtant les yeux dYvonne affirmaient tellement par leur éclat, leur fixité étrange, la réalité de la présence dun invisible, que, tout à coup saisi de respect, il découvrait sa tête vénérable devant ce mort qui refusait ses prières ! Mais ce sentiment ne dura que lespace dune seconde. Lesprit religieux ressaisit vite le recteur ; il voulut tenter un dernier effort auprès dYvonne, arracher à cette âme ne serait-ce quune vague promesse de retour au bercail. Mais en la regardant les paroles expirèrent sur ses lèvres, car elle restait comme pétrifiée dans sa pose dextase et de bonheur. Il était visible que, cette fois, elle ne pourrait ni lentendre, ni lui répondre. Et la tête très basse, comme sil eût déjà encouru le blâme du Seigneur pour son apparente mollesse, le prêtre repassa ce seuil quil avait franchi quelques instants auparavant avec tant de fermeté. Les jours égrenaient le chapelet de leurs heures de joie ou de tristesse, dagitation ou de calme. Yvonne seule semblait ne pas ressentir ces inégalités. Chaque jour, du même pas automatique, elle escaladait la falaise sans se retourner. Pourtant, si quelquun leût suivie au début de ses promenades et leût encore suivie maintenant, il eût pu constater un changement. Jadis, en effet, elle gravissait dune seule traite la pente abrupte ; à présent, elle sarrêtait deux ou trois fois haletante, le corps entier secoué par une toux qui lui déchirait la poitrine ; elle maigrissait à vue doeil, et les gens du village qui séloignaient delle avec frayeur depuis quils savaient quelle causait avec les trépassés, disaient en la voyant passer avec son énigmatique sourire sur les lèvres et ses yeux de rêve où se révélaient la hantise sans trêve : « Elle nira pas loin ! Octobre arriva. Le jour anniversaire du départ de Pierre, Yvonne revint plus tôt de la falaise. Chose bizarre, son allure semblait plus vive, et elle fredonnait en redescendant la pente. Arrivée chez elle, elle ne se coucha pas, mais, avec un très grand soin, elle mit ses affaires en ordre, fit son ménage méthodiquement. Lorsque le jour parut, elle sen fut dans le jardin attenant à la maison. En été, ce jardin était rempli de fleurs. En cette saison il était envahi par les chrysanthèmes ; il y en avait de toutes les nuances et de toutes les tailles. Des mauves aux teintes de deuil penchaient leurs têtes mélancoliques sur leurs soeurs aux pétales dorées, dautres tachaient de leurs robes virginales la masse plus sombre des feuillages ; elles envahissaient les allées, débordaient des haies, emplissaient lalentour de leur âcre parfum. Sans pitié pour leur vie débordante, Yvonne les cueillit toutes, puis, courbée sous le faix fleuri, elle reprit le chemin de sa maison. Hâtivement, fébrilement, elle en garnissait les vases grossiers qui ornaient la cheminée, enguirlandait les images appendues aux murs, les parsemait sur son lit revêtu depuis quelques heures déjà des beaux draps brodés de sa nuit de noces, cadeau royal de son cher Pierre, puis, comme si cela ne suffisait pas, de ce qui restait elle en joncha le sol. Quand ce fut fini, elle sarrêta, secouée par sa toux et, lorsquelle eut essuyé sa bouche avec le mouchoir quelle venait de prendre dans la vieille armoire, un mince filet de sang vint en tacher la blancheur immaculée. Avec une satisfaction visible, elle considéra la chambre qui, sous cette avalanche de fleurs, avait pris des airs de fêtes. « Cest bien, murmura-t-elle, il sera content ce soir quand il viendra me chercher ! » Puis, très lasse, elle se coucha enfin. La journée savançait, et si le vent, ami inséparable de lOcéan en fureur, neût pénétré à travers les portes mal closes, les fleurs de mort eussent peut-être, depuis longtemps, ouvert les portes de léternité à Yvonne Six heures et demie sonnèrent, lheure du départ pour la falaise ! A ce moment, Yvonne se souleva sur son lit. Les yeux démesurément ouverts, la face transfigurée, radieuse, les bras tendus, elle criait dans un hoquet, la voix entrecoupée : « Me voilà, Pierre ! » Puis, lourdement, les yeux clos à jamais, elle retomba sur son oreiller. La Hantise était devenue la Réalité ! |