PRÉFACE
La situation topographique de la ville de Lisieux, la facilité de sesrelations avec Paris, Caen, Trouville, Le Havre et tout le littoral duCalvados, l’activité et l’importance de son industrie locale, sa hauteantiquité et le renom de ses vieilles maisons, expliquent l’affluencedes étrangers qui la visitent : les uns y sont attirés par leursaffaires, les autres la traversent en se rendant aux bains de mer.
Tout voyageur qui s’arrête à Lisieux ne peut se dispenser de visiterses églises, ses monuments et plusieurs de ses rues qui ont conservéleur physionomie du moyen âge.
Mais, pour visiter une ville que l’on ne connaît pas, un Guide estnécessaire. Nous avons donc cru faire une chose utile en publiant cepetit volume qui, bien que concis, contient une foule de renseignementsintéressants, nécessaires, indispensables même. Afin de donner untravail aussi exact que possible, nous avons compulsé l’
Histoire deLisieux, par Louis Dubois, et surtout la
Statistique monumentale deM. de Caumont, où nous avons puisé de nombreux renseignements.
Nous avons classé ce qu’il y a à voir dans Lisieux sous un certainnombre de titres que, pour la facilité des recherches, on trouve à latable placée à la fin du livre.
Nous avons indiqué ensuite au touriste les communes les plusintéressantes à visiter aux environs, ainsi que les choses les pluscurieuses que renferme l’arrondissement de Lisieux au point de vuehistorique et monumental.
En rédigeant ce Guide, qui sera le
vademecum de l’étranger, nousnous sommes surtout proposé de faire aimer et apprécier une ville quesa prospérité commerciale a élevée au second rang parmi les villes denotre beau et riche département.
A. M.-C.
GUIDE
DES ÉTRANGERS
A LISIEUX
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LISIEUX (ville ancienne).
La ville de Lisieux est bâtie au confluent de la Touques (1) et del’Orbiquet (2), dans une charmante vallée encadrée, à l’ouest et aucouchant, par de riantes collines.
L’origine de cette ville remonte à une haute antiquité. Elle doit sonnom à une puissante peuplade gauloise, les
Lexovii.
A l’époque de la conquête de la Gaule par Jules César, la tribu des
Lexovii était établie entre laDives (3) et la Rille (4). Les
Lexoviifurent un des peuples qui résistèrent avec le plus d’énergieaux Romains ; et, lors du soulèvement général de la Gaule, ilsfournirent à Vercingétorix un contingent de 3,000 hommes. La prised’Alesia mit fin à cette lutte nationale.
Vers le IVe siècle après Jésus-Christ, Lisieux, comme les autres villesde la Gaule, perdit son ancien nom (Noviomagus). A la fin du IVesiècle, les Saxons s’en emparèrent et la détruisirent de fond encomble. Ils reconstruisirent, avec une partie de ses débris, la villemoderne.
Sous le règne de Charles le Chauve (840-877), Lisieux faisait partiedes 120 cités où étaient établis des ateliers monétaires. Les monnaiesfrappées à Lisieux portaient :
LIXOVIIS CIVIS.
Le territoire lexovien, fréquemment exposé aux incursions des Normands,pris et pillé par Rollon, fit partie de la portion de la Neustrie queCharles le Simple dut lui céder, en 912, par le traité deSaint-Clair-sur-Epte (5).
En 1047, les troupes de Lisieux, du Lieuvin (6) et de la Vallée-d’Augefaisaient partie de l’armée de Henri Ier et de Guillaume leConquérant, qui battit au Val-des-Dunes (7) les seigneurs normands quis’étaient soulevés contre l’autorité du duc de Normandie.
Au moyen âge, Lisieux était une place de guerre d’une certaineimportance. L’évêque Herbert, qui occupa le siège épiscopal de Lisieuxde 1026 à 1050, fit abattre une partie des murailles pour construire lacathédrale.
En 1135, l’évêque Jean Ier fit faire une nouvelle enceinte. Elleétait nécessaire, car Geoffroy Plantagenet, comte d’Anjou, mit le siègedevant Lisieux en 1136. La ville ne put être prise, mais elle fut engrande partie incendiée. Ce fut seulement en 1141 qu’elle fit sasoumission au duc d’Anjou.
A la suite de cette longue lutte, la famine fut telle dans le Lieuvin,qu’on en vint à manger de la chair humaine.
Le 18 mai 1151, Henri II, roi d’Angleterre, épousa à Lisieux Éléonorede Guyenne, que Louis le Jeune avait répudiée.
Depuis cette époque jusqu’au commencement du XIIIe siècle, Lisieux nefut le théâtre d’aucun évènement politique important. En 1204, PhilippeAuguste voulant réunir la Normandie à la couronne de France, en vertude la sentence prononcée contre Jean sans Terre, assiégea Lisieux et yentra sans coup férir.
Pendant la guerre de Cent-Ans, la ville de Lisieux fut souvent prise etravagée par les Anglais.
Après la réunion de la Normandie à la France, en 1450, elle futtroublée par les guerres de la Ligue du bien public, sous Louis XI, etpar celles de Religion.
Pendant les guerres de Religion, les Protestants s’emparèrent de laville en 1562, et pillèrent la cathédrale.
En 1572, Lisieux échappa aux massacres de la Saint-Barthélemy. Cetteville figure honorablement parmi les cités où le sang des Protestantsne fut pas versé. Les registres municipaux attestent la sollicitude desmagistrats civils et du commandant militaire Fumichon pour empêcher lemassacre.
Durant ce siècle, des travaux continuels furent entrepris auxfortifications.
Lisieux, qui avait pris parti pour la Ligue, fut assiégée par Henri IV,qui s’en empara après un siège de trois jours (janvier 1590).
Au XVIIIe siècle, la ville de Lisieux prit un moment parti pour laFronde, mais elle ne tarda pas à se soumettre au duc d’Harcourt, venupour s’en emparer.
Depuis lors, la ville n’eut plus besoin de déployer son appareilmilitaire. Néanmoins elle a conservé ses fortifications jusqu’aucommencement de ce siècle.
Ses murs étaient flanqués de dix-sept tours ; on entrait dans la villepar quatre portes : la porte de la Chaussée, dont la destruction datede 1797 ; la porte de Caen, détruite en 1798 ; la porte de Paris et laporte d’Orbec, démolies en 1808.
LISIEUX(ville actuelle).
La ville de Lisieux, aujourd’hui chef-lieu de l’arrondissement et desdeux cantons qui portent son nom, est située sur la Touques, par le 49edegré 8’ de latitude et le 2e degré 6’ de longitude occidentale (8), à46 kilomètres est de Caen, et à 190 kilomètres ouest de Paris, sur laligne de Paris à Cherbourg.
Elle est bâtie au point où la vallée d’Orbec se réunit à celle de laTouques. Sa situation est des plus agréables, et ses environs sontornés de jolies maisons de campagne.
La population de Lisieux est de 16,039 habitants, d’après lerecensement de 1882.
Plusieurs foires importantes se tiennent dans cette ville : le mercredides Cendres, le 6 avril, le 11 juin (foire Saint-Ursin, 8 jours), le 30juin, le 1er août, le 16 octobre et le 25 décembre (foire de Noël, 8jours).
Le marché, qui est très-considérable, se tient le samedi. Un marchépour les bestiaux a été établi en 1882, et a lieu le mardi.
La poste aux lettres et le bureau télégraphique se trouvent dans laGrande-Rue, tout près de la place Thiers.
Le bureau central du chemin de fer, d’où partent les omnibus pour lagare, est situé place Thiers.
Lisieux possède : 1° deux journaux qui paraissent deux fois la semaine:
Le Normand, journal deLisieux et de Pont-l’Évêque (le mardi et lesamedi) ;
Le Lexovien,journal de Lisieux (le mercredi et le samedisoir) ; 2° Deux imprimeries typographiques : celle de M. Lerebour, danslaGrande-Rue, et celle de Mme Lefevre-Lajoye, rue du Bouteiller ; 3° Cinqimprimeries lithographiques : Mme Lefevre-Lajoye, M. Lerebour,M. Poutrel, Grande-Rue, M. Mark, rue Pont-Mortain, M. Depierre, rued’Alençon ; 4° Cinq librairies : Mme Beau-Rabot et M. Bosquain, dans laGrande-Rue,Mlle Othon, place Thiers, M. Grente, rue Pont-Mortain, et M. Leblond,rue Petite-Couture.
Il y a à Lisieux une Société d’Émulation, une Société Historique, uneSociété d’Horticulture et de Botanique (ces diverses Sociétés seréunissent à l’Hôtel-de-Ville) ; deux Cercles, dont l’un, appelé CercleLittéraire (9), est situé rue du Bouteiller, et l’autre, dit Cercle deCommerce (10), est installé rue Petite-Couture ; une Caisse d’Épargne(11), située boulevard de la Chaussée.
Commerceet Industrie locales.
Depuis que les Lexoviens, au lieu de rebâtir leur ville sur le plateaude Noviomagus, avaient eu le bon esprit de descendre entre l’Orbiquetet la Touques, un peu au-dessus de leur confluent, ils possédaient uneposition tout à fait propre à l’établissement de plusieurs fabriques.Aussi, à un temps immémorial que remontent les tanneries et lesfabriques de laines de Lisieux. Les autres branches de son commercedoivent aussi être fort anciennes. Les toiles cretonnes qui, dit-on,tirent leur nom d’un fabricant nommé Creton, remontent aussi fort haut,et jouissent aujourd’hui dans le commerce d’un certain renom.
La ville de Lisieux, qui est essentiellement industrielle, n’est pasrestée indifférente au grand mouvement commercial de notre époque.Profitant de sa situation topographique, elle a soutenu ses anciennesindustries, créé plusieurs grands établissements et pris depuisquelques années une extension considérable. Les manufactures de toilescretonnes, de draps, de frocs, de molletons et de flanelles sontnombreuses et importantes.
On trouve aussi à Lisieux des filatures de coton, des teintureries, destanneries, des fabriques de produits chimiques. Il s’y fait un commerceconsidérable de fruits, d’oeufs, de volailles, de bestiaux, de cidre,debeurres et de fromages. Ces produits sont en partie dirigés sur Parisou exportés en Angleterre.
Principauxétablissements industriels.
Parmi les principaux établissements industriels, nous citerons lesfilatures de laine de MM. Méry-Samson, prairie Fleuriot (exploitéeaujourd’hui par une société hollandaise) ; Peulevey, rue Duhamel ;Saint-Denis, boulevard Sainte-Anne ; Pollin de Boislaurent, rue de laSous-Préfecture ; Mme veuve Duchesne-Fournet, rue Saint-Dominique ; –les filatures de lin de M. Paul Duchesne-Fournet, à Orival ; M. JeanSamson, boulevard Sainte-Anne ; – l’établissement de frocs et lafabrique de peignes ou rots de MM. Etroit, Martin et Cie, quartier duCamp-Franc.
Nous consacrerons ci-après un article spécial à l’établissement le plusimportant de la ville.
Usined’Orival.
L’usine d’Orival, située à Lisieux, à peu de distance de la gare, surle chemin du Sap, est l’une des plus grandes et des plus bellesmanufactures de France pour la filature du lin et le tissage des toilescretonnes, qui forment une des branches les plus importantes del’industrie lexovienne.
Ce remarquable établissement, créé en 1860, par un honorable etintelligent industriel, M. Fournet, occupe aujourd’hui 1,000 ouvrierset fabrique annuellement 22,000 pièces de toile fort renommée.L’organisation de cette usine modèle ne laisse rien à désirer au doublepoint de vue de l’intérêt moral et matériel des ouvriers qui y sontoccupés. Ainsi, on trouve à Orival un fourneau économique, une caissede secours mutuels, une école primaire pour les garçons et pour lesfilles, et une école maternelle.
M. Paul Duchesne-Fournet, membre du Conseil général et ancien député duCalvados, continue l’oeuvre commencée par son grand-père.
Églises.
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Saint-Pierre (Cathédrale).
La première église élevée à Lisieux à la fin du IIIe siècle ou dans lespremières années du IVe siècle, fut, dit-on, dédiée à la Sainte-Vierge.
Herbert, qui occupa le siège épiscopal de Lisieux de 1022 à 1049, jetales fondements d’une vaste cathédrale, qui fut terminée par Huguesd’Eu, son successeur, et consacrée sous le titre de Saint-Pierre,prince des apôtres. Cette antique basilique fut détruite en 1136 par unincendie qui consuma la ville entière.
La cathédrale actuelle fut construite en grande partie par les soinsd’Arnoult, qui occupa le siège épiscopal de 1141 à 1182. Elle futagrandie et terminée par Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux, quimourut en 1218.
En 1226, sous l’épiscopat de Guillaume du Pont de l’Arche, un incendiefaillit détruire la cathédrale ou du moins compromettre sa solidité. Lacharpente des combles fut seule atteinte par les flammes ; l’édificequi était très-solidement construit, fut épargné. Guillaume du Pont del’Arche entreprit de grands travaux pour réparer ce désastre. Les deuxchapelles latérales de l’abside sont l’oeuvre de cet évêque, ainsi quel’atteste la différence de style entre cette partie du choeur et lereste de l’édifice.
Ce fut probablement Guillaume du Pont de l’Arche qui fit élever lesdeux tours qui surmontent le portail occidental. La tour méridionale, àl’exception de la base qui est ancienne, fut rebâtie en 1579.
L’église Saint-Pierre, classé en 1840 au nombre des monumentshistoriques, d’après les plans et dessins de l’architecte Piel (12), etgrâce à la puissante intervention de M. Guizot, alors ministre del’Intérieur, est un des édifices les plus remarquables et les pluscomplets que nous ait légués l’époque de transition (deuxième moitié duXIIe siècle).
La cathédrale de Lisieux présente la forme d’une croix latine. Elle secompose, à l’intérieur, d’une longue nef avec bas-côtés, accompagnés dechapelles, d’un vaste transept, enfin d’un choeur autour duquelrayonnent plusieurs chapelles.
La longueur totale du vaisseau, depuis la porte occidentale jusqu’àl’extrémité de la chapelle de la Vierge, est de 110 mètres. L’élévationdes voûtes principales est de 20 mètres ; celle de la lanterne est de30 mètres ; la voûte des bas-côtés s’élève à 9 mètres au-dessus duniveau du sol.
La largeur totale de l’édifice, d’un mur à l’autre,
noncompris leschapelles, est de 27 mètres 67 centimètres.
La nef principale, du centre d’une colonne à l’autre, mesure 7 mètres.
La longueur du transept est de 38 mètres 78 centimètres, et sa largeurde 8 mètres 83
mill[centi]imètres.
La chapelle de la Vierge, placée derrière le choeur, attire les regardspar ses vastes proportions et par son élégante architecture. Elle a étéélevée dans la première moitié du XVe siècle, par Pierre Cauchon,évêque de Lisieux et ancien évêque de Beauvais, en expiation de lasentence inique qu’il avait prononcée contre l’infortunée Jeanne d’Arc,la libératrice de la France.
Cette chapelle a 17 mètres 20 centimètres de longueur sur 6 mètres 88centimètres de largeur. Les trois fenêtres du fond sont garnies devitraux modernes, exécutés à Paris dans les ateliers de M. Lusson. Lemagnifique autel en pierre qui décore le sanctuaire a été sculpté en1852 par M. Delahaye, d’après les dessins de M. Bouet, de Caen.
Le portail méridional de la cathédrale, qui fait face à la rue duParadis, a une grande élévation ; il est surmonté de deux clochetonsoctogones.
Une large tour quadrangulaire, appelée lanterne, s’élève au pointd’intersection des quatre bras du transept.
La façade occidentale ou principale, précédée d’un large perron,s’élève à l’angle nord-ouest de la place Thiers (ancienne placeSaint-Pierre). Cette magnifique façade date du XIIIe siècle ; elle esten grande partie l’oeuvre de Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux.
Les deux tours du portail sont d’inégale élévation. Celle du sud,surmontée d’une pyramide, s’élève à 70 mètres 40 centimètres au-dessusdu sol. La flèche en pierre, de forme octogone, qui couronne leclocher, date seulement du XVIIe siècle.
Ce clocher renfermait, avant la Révolution, une belle sonnerie,composée de huit cloches. La sonnerie actuelle, composée de cinqcloches, formant une quinte puissante et harmonieuse, a été fondue auMans, dans les ateliers de M. Ernest Bollée.
Le clergé de la paroisse Saint-Pierre se compose d’un curé et de quatrevicaires.
Saint-Jacques.
L’église Saint-Jacques n’était d’abord qu’une simple chapelle ;agrandie en 1132, elle fut reconstruite de fond en comble à la fin duXVe siècle et dédiée le 1er juin 1540.
Le plan de Saint-Jacques est simple et les proportions harmonieuses.L’intérieur est léger et élégant. C’est un parallélogramme divisé entrois nefs accompagnées de chapelles. Ce qui fait la décorationintérieure de cet édifice, ce sont ses vitres peintes des plus richescouleurs, ses magnifiques peintures de la voûte que l’on a mises enlumière afin de les conserver, les ornements des colonnes ou piliersdont chaque pierre est couverte d’inscriptions, de médaillons et destatues peintes.
Les stalles sont au nombre de 70. Les stalles basses, au nombre de 30,viennent de l’abbaye du Val-Richer (13), et datent du règne de LouisXIV. Les 40 stalles hautes remontent à la Renaissance et présentent despanneaux richement sculptés.
L’autel, acquis en 1869 et placé en même temps que le pavage mosaïquedu choeur, a été fait à Munich (Bavière). Il est en bois de chênesculpté, peint et doré, avec des statuettes sculptées en bois detilleul et bas-reliefs ou panneaux dorés et peints, d’un grand effet.Le tabernacle est remarquable par son importance et ses détails. Onadmire encore dans cette église les boiseries de l’orgue (style du XVesiècle), exécutées par M. Léonard, sculpteur à Lisieux, et le curieuxtableau sur bois, placé dans la chapelle Saint-Ursin, du côté droit enentrant. Ce tableau a été refait sur l’original, en 1681.
La construction de l’église Saint-Jacques a été faite sur un terraindont la pente est rapide ; c’est pourquoi le choeur se trouve au niveaudu sol, tandis que la façade est élevée sur un perron subdivisé enplusieurs volées et orné d’une fontaine, ce qui contribue àl’embellissement du grand portail, qui a pour couronnement un clocherinachevé.
La sonnerie de Saint-Jacques se compose de trois cloches ; la plusgrosse a été fondue, en 1712, par le célèbre fondeur lexovien JeanAubert ; les deux autres datent seulement de 1832. Avant la Révolution,il y avait onze cloches à Saint-Jacques.
La paroisse Saint-Jacques est la plus peuplée du diocèse de Bayeux etLisieux. Son clergé est composé d’un curé et de quatre vicaires.
Saint-Désir.
Le faubourg Saint-Désir est situé à l’ouest de la ville et en estséparé par la Touques. L’ancienne église paroissiale de Saint-Désir,située à l’extrémité du faubourg qui porte son nom, tout près del’abbaye des Bénédictines, fut démolie à la Révolution.
L’église actuelle est l’ancienne chapelle de l’abbaye ; elle date de1758. L’extérieur ne peut attirer l’attention, si ce n’est le portail,fort original dans sa simplicité et d’un grand effet. L’intérieur, quiprésente un coup d’oeil assez harmonieux, consiste en trois nefscommuniquant par des arcades cintrées qui reposent sur des pilastresd’ordre ionique.
Le choeur se termine par un rond-point du fond duquel se détache unange, sculpture de plein relief, d’une grande expression et d’un vraimérite. Cet ange, suspendu et comme planant au-dessus de l’autel, tientdans ses mains une banderole sur laquelle sont gravés les mots :
Gloria in excelsis Deo.
L’autel est remarquable : il est dû au ciseau du sculpteur Paulet.
Le clergé de la paroisse Saint-Désir est composé d’un curé et de quatrevicaires.
Palaisépiscopal.
Dans les appartements de l’ancien Palais épiscopal, placé dans levoisinage immédiat de la cathédrale, se trouvent le tribunal civil, letribunal de commerce, le musée, la bibliothèque et la prison. Ce palaisa été construit en 1680 par l’évêque Léonor II de Matignon, surl’emplacement du vieux château féodal des évêques de Lisieux. Lesdivers bâtiments du Palais épiscopal occupent les trois côtés d’unevaste cour carrée, appelée aujourd’hui cour des Tribunaux.
En 1869, la Société d’Émulation a fait poser, dans cette cour, uneplaque en marbre noir, qui rappelle les titres d’un des évêques deLisieux, Nicolas Oresme (de 1377 à 1382) (14).
Tribunaux.
L’escalier qui conduit aux tribunaux est fort remarquable ; il est enpierre, d’une seule volée et d’une grande hardiesse d’exécution ; sarampe est en fer forgé. La salle d’audience du Tribunal civil occupel’enceinte de la salle du synode ; elle est placée au haut del’escalier, à gauche ; elle mesure 15 mètres de longueur sur 7 mètresde largeur. Derrière la salle d’audience se trouve la chambre duconseil du tribunal. Deux tableaux décorent l’intérieur de cettechambre : l’un représentant
Jupiterallaité par la chèvre Amalthée ;l’autre, le portrait en pied du
ducde Bourgogne.
Salledorée.
A côté de la salle d’audience se trouve une magnifique salle appelée la
Chambre dorée(aujourd’hui
Salle dorée) ;elle fait l’admirationdes étrangers par ses sculptures et ses peintures.
Au centre du plafond, à caissons, qui date de la fin du XVIIe siècle,on voit un grand médaillon entouré d’une guirlande de feuilles de chêne; il représente deux anges tenant dans leurs mains les divers attributsde l’épiscopat et l’écusson de Léonor II de Matignon. Au-dessus desportes sont peints des sujets tirés de la Bible :
Tobie accompagné del’Ange, la Manne dans le Désert, l’Ane de Balaam, etc. Untableau,représentant la
Découverte du Feu,par Jacques Stella, décore lemanteau de la cheminée.
La Salle dorée était jadis réservée aux princes et aux personnes dedistinction qui descendaient à l’évêché (15). Aujourd’hui, elle sert autribunal de chambre du conseil.
Tribunalde première instance.
Le Tribunal civil de Lisieux occupe deux des quatre côtés de l’ancienPalais épiscopal et le rez-de-chaussée du troisième côté. Le Parquet etla Chambre d’instruction sont installés dans l’aile qui fait face à laplace Thiers : leur entrée se trouve dans la cour des Tribunaux.
La salle d’audience et la chambre des délibérations occupent le grandbâtiment intérieur ; enfin, le greffe a vue sur le Jardin public et estétabli de ce côté au-dessous de la Bibliothèque.
Les jours d’audience du Tribunal civil sont aussi fixés : lundi,affaires correctionnelles ; mardi, mercredi et jeudi, affaires civiles; samedi, de quinzaine en quinzaine, affaires provisoires et ventes.
Tribunalde commerce.
La salle d’audience du Tribunal de commerce se trouve dans l’ailereconstruite du Palais épiscopal, en face le Jardin public, au-dessousdu Musée.
Les audiences ont lieu le vendredi.
Justicesde paix.
Les deux cantons de Lisieux possèdent chacun une Justice de paix, quise tient dans une des salles du Palais épiscopal, du côté de la prison.L’entrée se trouve, à gauche, sous la grande porte de la cour desTribunaux.
Les audiences de justice de paix ont lieu le vendredi et le samedi pourle 1er canton, et le mardi et le mercredi pour le 2e canton.
Musée.
Le Musée de Lisieux a été créé en 1837. M. Guizot, alors ministre etdéputé de Lisieux, a grandement contribué à sa fondation et à sondéveloppement. Il est placé dans une des salles reconstruites del’ancien Palais épiscopal, au premier étage, près la Bibliothèque. Deses fenêtres, on jouit, sur la vallée de Pont-l’Évêque, d’un panoramasplendide.
Le Musée, tout humble qu’il est, possède plusieurs bonnes toiles ; onremarque surtout un magnifique tableau :
Jésus bénissant les enfants,par Hippolyte Flandrin ;
Tobieensevelissant les morts, par Dubufe ; J
ean Le Hennuyer, évêque de Lisieux,sauvant les Protestants dumassacre de la Saint-Barthélemy, par Gosse ;
Les pestiférés, deCarrache ; une
Scène flamande,de Téniers ; une
Vue de laVallée-d’Auge, de Coignard ; un
Portrait de M. Guizot, de Heusse,etc., etc.
Le Musée possède aussi quelques bonnes gravures, des bas-reliefs, desmodèles en plâtre et des vitrines contenant des objets divers trouvés àLisieux et dans les environs.
Un Musée cantonal a été installé par M. Edmond Groult, avocat, dans lapremière salle, à l’entrée du Musée. On peut le regarder comme uncomplément des Musées scolaires qui existent dans toutes les écoles del’arrondissement de Lisieux.
Le Musée est ouvert le dimanche seulement, de 1 heure à 4 heures.
Bibliothèque.
La Bibliothèque a été créée en 1837. Elle est établie dans une vastepièce, au premier étage, près le Musée, en face du Jardin public. Ellecompte aujourd’hui environ 14,000 volumes, et est ouverte au publictous les jours, de 1 heure à 4 heures. Moyennant une souscriptionannuelle de 10 francs, on peut emporter les livres chez soi.
La salle de la Bibliothèque est admirablement située. De ses fenêtres,on jouit d’une vue magnifique sur la vallée, jusqu’à Ouilly-le-Vicomte.
Prison.
La Prison occupe une aile de l’ancien Palais épiscopal. Destinéeseulement aux condamnés qui ont moins d’un an de prison à faire, ellene renferme habituellement qu’un nombre assez restreint de détenus.
L’entrée se trouve rue Condorcet.
Gendarmerie.
La caserne de gendarmerie est située dans la cour du Tribunal civil,près de la cathédrale, sur l’emplacement de l’ancienne chapelleépiscopale.
C’est là que réside la brigade à cheval, avec un maréchal-des-logis,ainsi que le capitaine commandant l’arrondissement.
Il y a aussi à Lisieux une brigade à pied, avec un brigadier ; elle estassez mal installée, rue de Livarot.
Jardinpublic.
Le Jardin de la ville, ouvert au public en 1837, occupe l’emplacementd’une partie des jardins de l’ancien évêché. Fort bien divisé, « iloffre deux vastes pelouses entourées de plates-bandes symétriques, etséparées par un bassin circulaire orné d’un jet d’eau ; le tout encadréà l’est et à l’ouest par deux belles allées de marronniers, et au
nord[midi]par une terrasse sur laquelle s’élèvent les bâtiments renfermant leTribunal de commerce, le Greffe civil, le Musée et la Bibliothèque. Decette terrasse, on jouit d’une vue magnifique sur la vallée de laTouques et sur les riches coteaux qui l’enserrent à droite et à gauche.» (
Guide du promeneur de Lisieux àOrbec, par M. A. Tissot.)
Le Jardin public sert aux revues, aux grandes fêtes publiques et auxfeux d’artifice. On y entre par le boulevard de la Chaussée, par la rueCondorcet, par la cour des Tribunaux et par la rue Olivier.
Jardinde l’Étoile.
Outre le Jardin public, une autre promenade fort agréable est offerte àla Société lexovienne ; c’est le Jardin de l’Étoile.
Le Jardin de l’Étoile est un immense et magnifique parc, admirablementdessiné et planté, et très-heureusement accidenté. Il a été acheté en1825 par une Société de quarante actionnaires qui ont résolu de leconserver à la ville de Lisieux et au public.
Le Jardin de l’Étoile, situé sur la route de Pont-l’Évêque, tout prèsdu tunnel, est ouvert tous les jours aux familles qui paient unabonnement annuel de 30 francs. Son entrée est accordée gracieusementaux étrangers, sur une simple demande.
Hôtel-de-Ville.
L’Hôtel-de-Ville de Lisieux est une assez jolie construction en briqueet pierre, qui date de 1713. Il fut acheté par la ville en 1770 ; ilest situé dans la Grande-Rue, entre la place Thiers et les boulevards.Depuis cette époque, beaucoup de changements intérieurs ont été faits àce bâtiment, et les deux ailes actuellement existantes ont étéconstruites.
Les constructions du côté de la rue au Char sont toutes modernes.
L’Hôtel-de-Ville renferme le cabinet du maire, les bureaux de lamairie, les salons de réception, une salle pour les concerts, lecabinet du commissaire de police, le bureau de police, le magasin despompes à incendie et les bureaux de la caisse d’épargne.
Les salons de l’Hôtel-de-Ville, suffisamment vastes, fort bien aménagéset luxueusement ornés, sont très-favorables à l’éclat et au succès desfêtes municipales.
L’horloge de l’Hôtel-de-Ville était jadis celle du couvent desMathurins ; elle fut placée à l’Hôtel-de-ville en 1797.
Le magnifique timbre provient de la cathédrale.
Sous-Préfecture.
L’hôtel de la Sous-Préfecture a été construit en 1777, par lesreligieux Dominicains (16). Il est situé sur la rive gauche de laTouques ; on y accède par le boulevard des Bains.
La situation et les jardins de la Sous-Préfecture ont un certain cachetpittoresque. Cette propriété a été achetée par le département auxhéritiers de M. Antoine Labbey, receveur des finances del’arrondissement de Lisieux.
La Sous-Préfecture de Lisieux est de 1re classe.
Instructionsecondaire.
La ville de Lisieux possède deux établissements secondaires : unCollège et un Petit Séminaire.
A partir de la classe de 7e, les élèves du Petit Séminaire sontconduits au Collège, où ils suivent les cours réglementaires, en payantune rétribution assez minime ; trois cents élèves environ des deuxétablissements s’asseoient sur les mêmes bancs et reçoivent les mêmesleçons.
Notre collège a ainsi l’importance de plus d’un lycée ; l’enseignementy reçoit les développements que réclament les besoins du temps où nousvivons : étude du grec et du latin ; méditation des chefs-d’oeuvreclassiques ; langues vivantes (anglais et allemand) ; géographieagricole, commerciale et industrielle ; application des sciencesphysiques et naturelles aux arts, à l’industrie, aux divers usages dela vie ; visite des principales usines et manufactures ; leçonsd’hygiène et de gymnastique ; maniement des armes.
Collège.
Depuis 1811, le Collège de Lisieux est situé rue de la Chaussée, dansles bâtiments de l’ancien Petit Séminaire. Aujourd’hui ces bâtimentssont insuffisants, et une restauration complète est devenue nécessaire.Mais il est question de construire un nouveau collège dans une autrepartie de la ville ; les locaux actuels recevraient une autredestination.
Cette transformation est reconnue nécessaire pour offrir aux maîtres etaux élèves un asile digne de la science que les uns transmettent et queles autres reçoivent. Le Collège de Lisieux mérite bien, d’ailleurs,une installation en rapport avec son importance : il figure le premiersur la liste des collèges de l’Académie de Caen.
Séminaire.
Le Petit Séminaire de Lisieux a été fondé en 1704, par Léonor II deMatignon. En 1877, il a été transféré, de la rue du Bouteiller, sur lebord de la vieille route de Rouen, à la sortie de la ville, où il setrouve aujourd’hui.
Un magnifique établissement a été construit dans une position salubre,un peu élevée, d’où l’on découvre toute la ville. Une vaste cour carréepermet aux élèves de prendre leurs ébats pendant les récréations.
La plupart de ces jeunes gens appartiennent à des familles peu aiséeset sont admis moyennant une pension peu élevée.
Le Séminaire possède une très-précieuse et très-riche bibliothèque,ainsi qu’une galerie de tableaux où l’on remarque plusieurs portraitsdes anciens évêques de Lisieux.
Des appartements spéciaux sont réservés, au Séminaire, à Mgr l’Êvêquede Bayeux, lorsqu’il réside à Lisieux.
Instructionprimaire.
La ville de Lisieux place l’installation de ses écoles aux premiersrangs des oeuvres municipales. Elle veut l’instruction pour tous sesenfants dans les proportions intellectuelles et morales les pluslarges, et elle se montre libérale envers les maîtres, à qui elleaccorde ses sympathies les meilleures.
Depuis plusieurs années, l’Administration municipale a amélioré etagrandi ses écoles ; les classes présentent des dimensions et uneappropriation généralement convenables ; mais l’exiguïté du terrain n’apas permis de donner aux cours et aux préaux toute l’étendue désirable.Il serait encore nécessaire de construire un nouveau groupe scolairedans un des quartiers les plus populeux de la ville.
La gratuité de l’instruction primaire existe à Lisieux depuis plus dedeux siècles. La ville compte quatre établissements publicsd’instruction primaire, recevant 1,300 élèves : une école maternelle,deux écoles de garçons et une école de filles, et neuf écoles etpensionnats libres, qui comptent 1,100 élèves, ce qui donne au total detreize établissements d’instruction primaire recevant 2,400 élèves.
Écolespubliques.
Écolematernelle.
L’École maternelle (ancienne salle d’asile), est un établissementd’éducation où les enfants des deux sexes reçoivent les soins queréclame leur développement physique, intellectuel et moral. Les enfantsy sont admis dès l’âge de deux ans et peuvent y rester jusqu’à l’âge desept ans.
Une directrice, deux sous-directrices et une femme de service sontattachées à cette École, qui reçoit 200 enfants. Elle est situéederrière les Écoles du boulevard Sainte-Anne et a son entrée sur lapetite rue qui va du boulevard à la place du Marché-aux-Chevaux (17).
L’établissement d’une seconde École maternelle, à Lisieux, est de toutenécessité ; l’Administration municipale se préoccupe de la créer.
Écoleslaïques de garçons.
La ville de Lisieux possède aujourd’hui deux écoles laïques de garçons.
L’École de la rue du Bouteiller est dirigée, depuis le 1er juin 1884(18), par un instituteur laïque secondé par trois adjoints.L’établissement est central et assez sainement situé ; il comprendquatre classes fréquentées par 150 élèves.
Un cours d’adultes est ouvert le dimanche, de midi à 2 heures, et lemardi et le vendredi, à 8 heures du soir.
L’École du boulevard Sainte-Anne a été créée en 1833. Devenueinsuffisante, à cause du grand nombre d’élèves qui la fréquentent etqui s’est accru considérablement depuis quelques années, la ville a étéobligée de la faire reconstruire et d’approprier la Halle-aux-Toiles,rue des Tanneurs, pour y installer trois classes. Un directeur et sixmaîtres adjoints sont attachés à cet établissement, qui reçoit près de400 élèves, répartis dans six belles classes parfaitement appropriées àleur destination.
Un cours d’adultes est ouvert tous les soirs, à huit heures (lesdimanches et jeudis exceptés), pour les ouvriers qui ont le désir des’instruire.
Écolelaïque de filles.
L’École des filles a été créée en 1834. Située rue des Tanneurs et nerépondant pas à son importance ni à sa destination, la ville acheta unterrain situé sur le boulevard Sainte-Anne et y fit construire, en1871, le magnifique établissement que nous y voyons aujourd’hui.
Il compte 400 élèves, répartis dans six classes, qui sont devenuesinsuffisantes. Une directrice et sept maîtresses-adjointes donnentl’enseignement.
Un cours d’adultes, ouvert tous les soirs, à huit heures, reçoit lesjeunes ouvrières qui ont besoin de s’instruire.
Écoleslibres et Pensionnats.
Les Écoles libres et les Pensionnats ouverts à Lisieux reçoiventun assez grand nombre d’élèves et forment plusieurs catégories. Deux deces établissements sont dirigés par des laïques, et les autres par desfrères et des religieuses appartenant à diverses communautés. Deuxclasses primaires et une école maternelle sont annexées à une usinepour les enfants des ouvriers qui y sont employés.
On trouve, dans toutes ces maisons, de l’ordre, du travail, uneinstruction solide en rapport avec les exigences de notre époque. Unassez grand nombre de jeunes filles en sortent après avoir subi avecsuccès les examens pour l’obtention du brevet de capacité.
Écolelibre congréganiste.
Les Frères des Écoles chrétiennes, connus sous le nom de Saint-Yon,parce qu’ils appartenaient jadis à la maison de Saint-Yon de Rouen(19), ont ouvert, le 24 septembre 1884, une école libre au Doyenné. Cetétablissement, qui s’accède par la Grande-Rue, a son principal accèspar la place Leroy-Beaulieu. Il est fréquenté par plus de 200 élèvesrépartis dans quatre classes dirigées par un directeur et troisadjoints.
Pensionnatde Mlle Dufaitelle.
Le pensionnat de Mlle Dufaitelle est situé rue de la Chaussée, toutprès de la place Le Hennuyer. 80 jeunes filles (externes etpensionnaires) y sont reçues. Des professeurs du collège donnent desleçons dans cet établissement.
Pensionnatde Mlle Duputel.
Le pensionnat de Mlle Duputel est magnifiquement situé, boulevardPont-l’Évêque. Une soixantaine de jeunes filles (externes etpensionnaires) y sont admises et y reçoivent l’instruction qui leur estnécessaire. Des professeurs du collège donnent également des leçonsdans ce pensionnat.
Écolesannexées à l’usine d’Orival.
M. Paul Duchesne-Fournet, ancien député, entretient, dans son usined’Orival, des classes séparées pour les garçons et pour les filles,ainsi qu’une école maternelle.
Quatre religieuses donnent l’instruction à 200 enfants et gardent lesplus jeunes jusqu’au moment où les parents quittent, le soir,l’établissement.
L’enseignement est gratuit dans cet établissement, et le traitement desmaîtresses à la charge du fondateur.
Communautésreligieuses enseignantes.
Providence.
La communauté de la Providence fut établie à Lisieux, en 1683, parLéonor II de Matignon, afin d’envoyer des Soeurs dans les diversescommunes du diocèse pour instruire les jeunes filles et assister lesmalades indigents. Leur maison, qui était située au bout de laCouture-du-Milieu, fut transférée en 1807 rue du Bouteiller, où elle setrouve aujourd’hui.
Les Soeurs de la Providence sont répandues dans le Calvados et dansl’Eure, où elles dirigent de nombreuses écoles primaires. A Lisieux,leur établissement compte 50 pensionnaires et 250 externes (payantes etgratuites).
Des professeurs du collège donnent des leçons au pensionnat de laProvidence.
Un chapelain est attaché à la communauté.
Écolede la rue de Caen.
Cette École, qui compte une centaine d’enfants, est dirigée par troisreligieuses de la Providence. Outre l’instruction qu’elles reçoivent,les jeunes filles restent à l’établissement jusqu’à 7 heures du soir,elles font leurs devoirs et sont exercées aux travaux à l’aiguille.
Créée en 1875, l’École de la rue de Caen est entretenue au moyen d’unlegs qui a été fait au curé de la paroisse Saint-Désir.
Abbaye.
En 1050, Guillaume d’Eu, parent des ducs de Normandie, transféra, dansle faubourg de Saint-Désir de Lisieux, l’Abbaye de Bénédictines qu’ilavait d’abord créé à Saint-Pierre-sur-Dives. A la fin du XVIIIe siècle,le bâtiment du pensionnat, dont la magnifique façade se développe surla rue, fut construit. Cette communauté est cloîtrée et possède sonaumônier.
L’établissement compte 100 élèves (externes et pensionnaires). Desprofesseurs du collège donnent des leçons aux élèves du pensionnat.
Immaculée-Conception.
Les Soeurs de l’Immaculée-Conception ont leur maison-mère àNogent-le-Rotrou. Elles ont établi à Lisieux, rue au Char, unpensionnat et un externat où une centaine d’élèves sont admises.
Congrégation.
Les Religieuses de l’Hospice de Lisieux ont fondé, dans la rue de laChaussée, une maison spéciale, sous le nom d’Ouvroir, où sont admisesles jeunes filles orphelines ou dénuées de ressources. Tout en recevantles premiers éléments de l’instruction, les jeunes filles sont exercéesà toutes sortes d’ouvrages à l’aiguille qui leur permettent,lorsqu’elles quittent l’établissement, de gagner immédiatement leur vie.
Cette maison, à laquelle est attaché un aumônier, reçoit plus de 100jeunes filles.
Communautésreligieuses non enseignantes.
Carmel.
La Communauté du Carmel a été établie à Lisieux, rue de Livarot, en1838. Elle est exclusivement vouée à la prière et à l’oraison. Le grosdôme de sa chapelle est peu en rapport avec les proportions del’édifice. Trois maisons du Carmel ont été fondées à Caen, à Coutanceset en Cochinchine.
Miséricorde.
L’établissement des Soeurs de la Miséricorde se trouve sur la place LeHennuyer. C’est le 9 octobre 1846 que les Soeurs de la maison mère deSéez en prirent possession. Sa chapelle est la plus belle de toutes leschapelles que renferme la ville de Lisieux. Elle a été construite en1865 sur les dessins de feu M. Nicolas, architecte municipal. Unélégant petit clocher octogone, revêtu d’ardoises, indique au loinl’édifice.
Les Religieuses de la Miséricorde soignent gratuitement, jour et nuit,les malades de la ville auxquels leur situation de fortune permet de nepas entrer à l’Hospice.
PetitesSoeurs des Pauvres.
C’est vers 1855 que les Petites Soeurs des Pauvres se sont établies àLisieux, dans le faubourg de Saint-Désir, sur le bord de la route deCaen. Les vieillards des deux sexes sont admis dans leur établissement,qui est vaste et salubre.
Établissementdu Refuge.
La fondation de cet établissement, qui date de 1879, a pour objet derecueillir et de ramener à la vertu les jeunes filles de mauvaiseconduite. Il est situé à l’extrémité de la ville, à l’ouest, sur unterrain élevé, d’où l’on jouit d’une vue magnifique. Des religieuses dela communauté de Notre-Dame de la Miséricorde desservent cetétablissement, qui possède un aumônier.
Hospice.
L’Hospice est situé rue de Paris, près de la porte de Paris. Léonor Ierde Matignon le fit bâtir en 1672 pour recevoir spécialement lesenfants trouvés, les orphelins abandonnés et les vieillards. En 1841,l’Hôpital des Mathurins, situé au bas de la Grande-Rue, fut rasé etréuni à l’Hospice de la porte de Paris. On a élevé un grand nombre deconstructions pour satisfaire aux nécessités de sa nouvelle destination.
Aujourd’hui, l’Hospice de Lisieux, qui contient 410 lits, réunit toutesles conditions de salubrité et de commodité désirables. La dispositionet la propreté des salles, des réfectoires et des dortoirs ne laisserien à désirer.
On conserve dans la chapelle de l’Hospice les ornements dont fit usageThomas Becket lorsqu’il célébra les saints mystères à Lisieux. Unaumônier est attaché à l’établissement.
Le service de l’Hospice est fait par deux chirurgiens, qui remplissentleurs fonctions chacun pendant six mois de l’année, par un médecin etpar un médecin-adjoint. Vingt-quatre religieuses et vingt infirmièressont attachées à l’Hôpital et soignent les malades.
Chapellede Notre-Dame de Lourdes.
Cette petite chapelle, qui appartient à la congrégation deNotre-Dame-de-Charité, de l’Hospice de Lisieux, a été construite en1876. Elle est en briques et n’offre aucun intérêt architectural. Elleest coquettement ornée et se trouve sur le territoire de la commune deSaint-Jacques, à la sortie de la ville de Lisieux, sur la route deParis.
Crèche.
La Crèche est située auprès de l’École maternelle. Elle est dirigée parles Soeurs de la Providence, et reçoit les enfants à qui les mères nepeuvent donner les soins que réclame leur jeune âge. C’est un asile oùles tout petits enfants reçoivent les soins les plus doux et les plusempressés, et où ils sont à l’abri des inconvénients de toutes sortesqui les attendent, lorsqu’ils restent à la garde de frères ou de soeursplus âgés qu’eux.
TempleProtestant.
Le Temple protestant, de construction assez récente, est situé rue desMathurins, près de la Poissonnerie. Il a la forme d’une chapelle, sansaucun cachet architectural. Le ministre protestant, résidant à Lisieux,a le titre de Pasteur de 2e classe attaché au Consistoire de Caen.
Cimetière.
La ville de Lisieux n’a qu’un Cimetière ; il est situé, quartier duChamp-Rémouleux, sur une éminence assez considérable qui domine unepartie de la vallée d’Orbec. Sa situation est fort convenable au pointde vue de la salubrité, mais il est un peu éloigné de la ville. Lechemin qui y conduit part de la rue d’Orbec et n’a pas moins de 1,500mètres.
On voit dans le Cimetière du Champ-Rémouleux plusieurs monumentsfunéraires assez remarquables, appartenant à plusieurs familles de laville, et les statues tombales des curés de Saint-Pierre de Lisieux etde Saint-Jacques.
Le cimetière de la ville est commun aux paroisses de Saint-Pierre, deSaint-Jacques et de Saint-Désir. La commune de Saint-Désir a sonCimetière particulier situé rue du Pré-d’Auge.
Sallede Spectacle.
La Salle de Spectacle de Lisieux, située à l’encoignure de laGrande-Rue et du boulevard Pont-l’Évêque, est dans un état dedélabrement tel qu’elle est à peu près abandonnée. Il faudrait denombreuses réparations pour la rendre confortable. Le mieux serait d’enconstruire une nouvelle.
Alcazar.
Lisieux possède un assez bel Alcazar ; il est situé rue Petite-Couture.On y joue des vaudevilles, des comédies et des opérettes.
CercleLittéraire.
Le Cercle Littéraire est parfaitement situé, au centre de la ville etau milieu de vastes jardins. On y accède par la rue du Bouteiller etpar le boulevard des Bains. Il reçoit bon nombre de journaux, revues etpublications, et compte pour membres une partie des notabilités de laville. Pour y être admis, il faut être présenté par trois membres etréunir les suffrages de la majorité absolue des membres du Cercle. Toutmembre, en entrant, verse une somme fixée ; une cotisation annuelleest, en outre, prélevée.
Cercledu Commerce.
Le Cercle du Commerce a été fondé par les commerçants de la ville, quis’y réunissent en assez grand nombre. Il est situé dans la ruePetite-Couture. On y trouve la plupart des journaux et publications.Pour y être admis, il suffit d’être présenté par deux membres. Chaquemembre paye, en entrant, une somme fixée et, en plus, une cotisationannuelle. Les étrangers sont admis au Cercle sur la présentation d’unmembre.
Caissed’Épargne.
La Caisse d’Épargne de Lisieux, dont le siège est fixé àl’Hôtel-de-Ville, est ouverte tous les dimanches (excepté les jours dePâques, de la Pentecôte, de la Toussaint et du 1er janvier), de 11heures du matin à 2 heures après midi. Elle compte seize directeurs etun caissier.
La Caisse reçoit des dépôts depuis 1 fr. jusqu’à 2,000 fr. Les intérêtssont fixés à 3 fr. 75 %.
Le compte de chaque déposant ne peut excéder 2,000 fr., versés en uneou plusieurs fois.
La Caisse d’Épargne est placée sous la surveillance et le contrôle del’État.
Depuis quelques années, ses encaissements et ses livrets augmententd’une façon très-considérable.
Gare.
La Gare de Lisieux, située au sud de la ville, ressemble assez à unchalet. Cette station de chemin de fer, qui se trouve sur la ligne deParis à Cherbourg, est le point de départ de l’embranchement des lignesde Honfleur et de Trouville, par Pont-l’Évêque.
Un autre embranchement part de Lisieux et se dirige par Orbec versBroglie, dans le département de l’Eure.
Le trafic de la Gare de Lisieux, l’une des plus importantes du réseaude l’Ouest, s’élève aujourd’hui à un chiffre considérable. Sonimportance est telle qu’il y a lieu de songer à l’agrandir.
Haltedu Grand-Jardin.
En 1880, une halte dite du Grand-Jardin a été établie à la sortie dutunnel, sur la ligne de Lisieux à Trouville et à Honfleur, parPont-l’Évêque. Certains trains y arrêtent pour prendre les voyageursqui n’ont pas de bagages.
Caserne.
Une Caserne pour la troupe a été construite, en 1875, sur la nouvelleroute de Pont-l’Évêque, à 800 mètres de la ville. On s’y rend, en lignedirecte, par la route qui part du milieu de la place Thiers.
Cette Caserne, qui peut contenir 600 hommes, consiste en un longbâtiment rectangulaire, avec une cour très-vaste, bien disposée pourles exercices militaires. Sa situation dans la vallée laisse à désirer,et on se prend à regretter qu’elle n’ait pas été placée sur un terrainplus élevé.
Bureauxdu Recrutement.
Les Bureaux du Recrutement sont installées, rue du Bouteiller, dans lesbâtiments de l’ancien Petit Séminaire, qui ont été appropriés à leurnouvelle destination.
Abattoir.
L’Abattoir public de Lisieux est situé à l’extrémité de la rue de laChaussée. On y abat annuellement environ quatorze mille têtes debétail, représentant un poids brut de deux millions de kilogrammesenviron, ce qui donne à la ville un revenu annuel approximatif de85,000 fr.
Poissonnerie.
La Poissonnerie est située, depuis 1850, rue des Mathurins, sur leterrain de l’ancien Hospice, à peu de distance du boulevardSainte-Anne. On y vend une assez grande quantité de gibier sauvage, depoisson et de coquillage. Le poisson vient surtout de la côte deTrouville.
Usineà gaz.
L’Usine à gaz a été établie en 1843, dans l’ancien pré de l’Hospice,pour l’éclairage public de la ville. Cet établissement se trouve dansle quartier Saint-Désir, tout près du boulevard Sainte-Anne.
Halleset Marchés.
Les Halles de Lisieux sont nombreuses : on distingue la halle auxgrains, rue Pont-Mortain ; la halle aux laines, rue Grande-Couture ; lahalle aux fromages, rue des Boucheries ; la halle aux beurres, deconstruction récente, auprès de l’église Saint-Jacques.
Les Marchés se tiennent aux endroits suivants : celui des bestiaux, surla nouvelle route de Pont-l’Évêque, à peu de distance des Abattoirs ;celui des chevaux, du bois et du foin, dans les Coutures ; celui desarbres, sur la place Leroy-Beaulieu ; celui des volailles, légumes etmarchandises diverses, sur la place Thiers.
Boulevards.
La ville de Lisieux est entourée par de larges Boulevards construitssur les anciens remparts. Ils forment une ligne à peu près complète etpresque ininterrompue qui encadre la ville, et se succèdent dansl’ordre suivant, à partir de l’Hospice, route de Paris, sur la gauche :boulevards d’Orbec, Sainte-Anne, des Bains, de la Chaussée, dePont-l’Évêque.
A ces boulevards aboutissent un grand nombre de rues ; les principalessont : la Grande-Rue, qui traverse la ville de l’est à l’ouest ; la ruePont-Mortain, qui s’étend du nord au sud ; la rue d’Alençon, qui reliela rue Pont-Mortain à la gare du chemin de fer.
Rues.
Les principales rues de la ville de Lisieux sont : la rue de Paris etsa continuation, la Grande-Rue et la rue de Caen, qui traversent laville dans toute sa longueur et sont comprises sur le parcours de laroute de Paris à Cherbourg.
A gauche de ces rues, en partant du boulevard d’Orbec, se trouvent lesrues de la Paix, au Char, des Boucheries, Pont-Mortain (20),Moulin-à-Tan, des Mathurins, du Rempart ; à droite, on trouve les ruesde Rouen, Olivier, du Paradis, Condorcet, de la Chaussée, duBouteiller, Bon-Ange, de Dives, du Pré-d’Auge.
Le quartier de la Gare et les boulevards sont reliés au centre de laville par les rues de la Gare, d’Orbec, aux Fèvres, d’Ouville, deLivarot, d’Alençon, des Tanneurs, de la Barre, etc.
Les quartiers de la Sous-Préfecture et du Grand-Jardin sont rattachéspar les rues Saint-Dominique, du Champ-Franc, Labbey, Cordier, etc.,etc., etc.
Placespubliques.
La ville de Lisieux compte huit places publiques : 1° la place Thiersou place Saint-Pierre, près la cathédrale ; 2° la place Matignon, entrela place Thiers, la Cathédrale et l’ancien Palais épiscopal ; 3° laplace Le Hennuyer, entre la rue du Bouteiller et la rue de la Chaussée; 4° la place de la Couture-du-Milieu ; 5° la place duMarché-aux-Chevaux ; 6° la place des Mathurins ou de la Poissonnerie ;7° la place Leroy-Beaulieu ou des Victoires ; 8° la place duMarché-aux-Bestiaux, route neuve de Pont-l’Évêque.
Fontaines.
La ville de Lisieux possède de nombreuses fontaines ; une seule a unaspect monumental, celle de la rue du Bouteiller. Sa constructionremonte à 1784 (21). Voici à quelle occasion : Mgr Ferron de LaFerronnays, dernier évêque de Lisieux, venait d’être nommé à ce siègeépiscopal. La municipalité vota une somme importante pour lui préparerune réception brillante, mais il demanda que la somme destinée auxfêtes fût plutôt employée à quelque travail d’utilité publique. Onéleva la fontaine et on y grava ses armoiries et diverses inscriptions.
Aucune des autres fontaines que possède la ville de Lisieux n’affecteun caractère architectural. Les plus importantes sont celles de la ruedu Paradis, reconstruite en 1769, et celle du perron de Saint-Jacques,construite en 1809.
Ponts.
Les six ponts principaux établis sur le territoire de la ville deLisieux sont : 1° le pont de l’Orbiquet, construit dans le faubourgSaint-Désir ; 2° le pont de Caen ou de la Touques, construit dans lemême faubourg et compris dans le parcours de la route de Paris àCherbourg ; 3° le pont de la Barre, sur la Touques, qui met encommunication le centre du faubourg Saint-Désir avec la partieorientale de la ville et aussi le boulevard Sainte-Anne avec la rue deCaen ; 4° le pont Mortain, sur l’Orbiquet, dans la rue du même nom ; ilest compris dans le parcours de la route d’Orléans à Honfleur ; 5° lepont de la rue aux Fèvres ; 6° le pont Labbey, reconstruit en 1882,dans la rue du même nom, sur la Touques.
Maisons.
La ville de Lisieux est riche en vieilles et curieuses maisons. Lamaison que l’on peut regarder comme la plus ancienne de Lisieux estcelle qui est située à l’angle de la rue de la Chaussée et de la placeLe Hennuyer (ancien Prêche aux Chanoines). C’est un ancien manoircanonial ; il paraît remonter au XIVe siècle.
La maison qui fait l’angle de la place Le Hennuyer et de la rue duBouteiller a aussi certains caractères propres aux constructions duXIVe siècle, principalement dans ses lucarnes. Son rez-de-chaussée esten pierre et l’étage supérieur en bois. La porte cintrée, garnie demoulures, paraît ne dater que du XVIe siècle.
Les maisons bâties sous l’influence du style de la Renaissance offrentune variété infinie. Leur nombre est fort considérable, et plusieursjouissent d’un renom universel. Il convient de mettre en première ligneces deux célèbres maison de la rue aux Febvres (nos 17 et 19) dessinées par une foule d’amateurs. Elles appartiennent au règne deFrançois Ier. Celle du n° 17, dont la façade est ornée de richessculptures en bois, est connue sous le nom d’hôtel de
La Salamandreou
Manoir François Ier .Celle du n° 19, connue sous le nom de
ManoirFormeville, du nom d’une des plus notables familles deLisieux, est unique par sa construction.
La maison de la Grande-Rue, n° 50, est une construction fortremarquable. Son vaste pignon prend la forme d’une ogive profonde. Ledéveloppement longitudinal, sur la rue du Paradis, offre aussi uncaractère tout particulier.
L’étage unique est porté sur des potences assez saillantes. La lucarneest posée de manière à plonger la vue sur la Grande-Rue.
Au XVIe siècle, on a fait quelques modifications aux parties basses dela maison. La petite tourelle de bois octogone, en saillie sur la ruedu Paradis, date de cette époque, comme la fenêtre voisine. Cettefenêtre est protégée par une merveilleuse grille en fer rond.
La maison située vis-à-vis de la précédente est construite d’après lemême système. On remarque la belle cave voûtée à deux nefs qui setrouve sous une partie de cette maison. On connaît à Lisieux deuxautres caves bâties avec ce luxe architectural, ce qui les fait passervulgairement pour des chapelles souterraines des premiers temps duChristianisme, bien qu’elles ne datent que du XVe siècle. L’une setrouve à l’angle de la rue du Paradis, sous une maison neuve ; l’autreest dans la rue des Boucheries, sous une maison de bois, au n° 21.
A la suite de ces maisons, on peut classer un grand nombre deconstructions répandues dans toute la ville et élevées dans le cours duXVe siècle.
Le type de ce genre se trouve à l’angle de la rue de la Paix et de laGrande-Rue. Les deux faces ont un aspect sévère et rustique en mêmetemps. Le pignon sur la Grande-Rue a une proportion vraiment imposante.
Plusieurs autres maisons appartiennent au même système de construction; elles se trouvent dans la Grande-Rue, dans la rue au Char, dans larue Saint-Jacques, dans la rue de la Boucherie, dans la rue de Caen,dans la rue Pont-Mortain.
La maison n° 4 de cette dernière rue a trois étages, disposition uniquedans les maisons de cette époque. On la nomme la maison de laFleur-de-Lis ; c’était une hôtellerie.
Il nous paraît inutile de donner la description de toutes ces maisons.Mais nous pouvons dire que peu de villes peuvent, comme Lisieux, offrirà l’artiste, à l’archéologue, un aussi grand nombre de maisons dignesde fixer leur attention.
Lisieux compte fort peu de constructions modernes importantes etremarquables. Nous pouvons cependant citer :
1° Le joli château de M. Descours-Desacres, sur la route dePont-l’Évêque, entre Ouilly-le-Vicomte et Lisieux, et à 2kilomètres de la ville ;
2° L’habitation de M. Méry-Samson, entourée d’un charmant jardin,située à gauche de la route de Pont-l’Évêque, à la sortie de Lisieux.C’est un gracieux petit château moderne en pierre et en briques ;
3° La belle maison de Mme Duchesne-Fournet, sur le boulevard dePont-l’Évêque ;
4° La magnifique habitation de M. Paul Duchesne-Fournet, ancien député,située à l’entrée du boulevard de la Chaussée ;
5° La belle habitation de M. Alfred-Jeanne Deslandes, sur le bord del’ancienne route de Paris.
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ENVIRONS DE LISIEUX (22).
Les environs de Lisieux sont délicieux ; les routes et les chemins quiaboutissent à cette ville sont fort agréables à parcourir. La route deLisieux à Orbec, surtout, qui traverse la vallée de l’Orbiquet, offreles coteaux les plus riants et les sites les plus pittoresques. Cettevallée, qui est aussi traversée par la voie ferrée, est l’une des pluscurieuses et des plus intéressantes à parcourir, au quadruple point devue agricole, industriel, historique et archéologique. On peut doncaffirmer, sans crainte d’être démenti, que le parcours de Lisieux àOrbec (20 kilomètres) est une promenade ravissante.
Les environs de Lisieux renferment quelques constructions qui méritentd’être signalées et qui sont dignes d’arrêter l’attention destouristes. Nous allons en énumérer quelques-unes des plus importantes.
LesPavements.
Les Pavements sont une pittoresque et bizarre construction du XVIesiècle, située à un kilomètre de la ville sur la route d’Orbec. Cetédifice n’est point un château ; ce n’est guère un manoir, et c’estplus qu’une maison de ferme. L’habitation principale présente unpremier étage en bois jeté sur un rez-de-chaussée de pierres blanches.Au-dessus, un toit en forme d’auvent s’avance entre le premier étage etle rez-de-chaussée pour abriter les sculptures. De vastes lucarnesdépassent les toitures, déjà très-saillantes. Cette habitation,semi-féodale et semi-rustique, a l’apparence d’un chalet suisse ; elleappartient à M. Paul Target, ancien député.
Beuvillers.
La commune de Beuvillers, située à 2 kilomètres de Lisieux, sur laroute d’Orbec, a acquis de l’importance depuis quelques années, parl’établissement de diverses usines.
Sur le penchant d’un coteau qui encadre, au couchant, la riante valléede l’Orbiquet, s’élève d’une manière pittoresque l’église deBeuvillers, qu’on aperçoit de la gare de Lisieux, et dont laconstruction remonte à 1863.
Au-dessous de l’église se trouve une briqueterie importante, installéedepuis quelques années seulement.
L’ancien manoir féodal de Beuvillers (XVIe siècle) s’élevait au fond dela vallée, à peu de distance de la ville et de la route d’Orbec. Iln’en reste plus qu’une poterne flanquée de deux tourelles, d’un effettrès-pittoresque ; elle a été convenablement restaurée.
« Le rez-de-chaussée est bâti en damier de pierres et de briquesalternativement rouges et vertes ; le premier étage est en bois,recouvert d’essentes disposées en dessins variés. Un escalier à vis,contenu dans l’une des tourelles, mène dans une chambre haute placéeau-dessus de la porte, où existe, à peu près complet, un superbe pavageen carreau de terre cuite, dont l’émail jaune et vert est d’une rarefraîcheur encore. Des fleurons de la Renaissance décorent chacun de cespavés, tous semblables de dessins, mais tantôt bruns avec des fleuronsverts, tantôt rouges avec des fleurons jaunes. Ces pavés sont disposésquatre par quatre pour composer des rosaces, et les rosaces alternentde manière que le plancher de la chambre présente un échiquier rouge etvert, couleurs qui se remarquent aussi dans l’appareil de lamaçonnerie. » (Raymond Bordeaux.)
Ces jolis pavés émaillés provenaient de la fabrique du Pré-d’Auge,autrefois si renommée.
Au fond du vallon que domine l’église s’élève une filature de fil et unétablissement de tissage à la mécanique qui occupent un grand nombred’ouvriers. Le propriétaire de l’usine, M. Laniel, de Vimoutiers, afait construire récemment de magnifiques écoles pour les enfants de sesouvriers.
Glos.
La commune de Glos, située à 5 kilomètres de Lisieux, sur les deuxcôtés de la route d’Orbec, est coquettement posée sur une éminence, aupied de laquelle passe en tranchée le chemin de fer de Paris àCherbourg. Cette éminence, presque entièrement formée de sable, séparela riante vallée de l’Orbiquet du vallon sauvage et pittoresque deCourtonne-la-Meurdrac.
L’église, qui occupe le point culminant du coteau, est une des plusanciennes et des plus intéressantes des environs de Lisieux. Saconstruction paraît remonter aux premières années du XIe siècle.
L’intérieur offre un riche mobilier : on y remarque de bellesboiseries, formant lambris, qui datent du règne de Louis XIV ; desstalles, au nombre de dix, dont les accoudoirs sont rares et curieux ;un lutrin très-remarquable, en bois de chêne doré, style Louis XIV ; uncurieux bénitier en cuivre du XVIe siècle, et un très-beau chemin decroix moderne.
Les carrières de Glos sont célèbres par les fossiles qui s’yrencontrent. Le sable de Glos appartient au corallien supérieur.
Les bruyères de Glos, bien connues des botanistes, occupent un plateautrès-élevé, situé à l’ouest du village. M. Durand-Duquesnay a donné laliste des plantes rares qui croissent sur ces bruyères, dans lecatalogue qui a été publié en 1846 dans le
Bulletin des travauxde la Société d’Émulation de Lisieux. De larges voies traversentaujourd’hui ce plateau, qui domine la rive gauche de l’Orbiquet.
Châteaudu Mesnil-Guillaume.
La commune du Mesnil-Guillaume, située à 7 kilomètres de Lisieux, esttraversée par la route de Lisieux à Orbec. Son château est un des plusimportants et des plus remarquables de la contrée ; il est formé dequatre corps de logis, avec une cour carrée au milieu, comme beaucoupd’autres habitations seigneuriales de l’époque d’Henri IV et de LouisXIII. L’architecture, mélangée de briques et de pierres, produit uneffet harmonieux. Ce qu’on voit aujourd’hui est bien certainement unreste d’un château antérieur.
La seigneurie du Mesnil-Guillaume appartenait, au XVIe siècle, à unefamille d’origine lexovienne, illustrée par de grandes alliances et parla construction de monuments importants. Cette famille, du nom de LeVallois, a joué un très-grand rôle à Caen, au XVIe siècle, et à Bayeux,au XVIIe.
Châteaude Mailloc (23).
Le château de Mailloc, bâti dans la vallée et sur la rive droite del’Orbiquet (24), est un édifice considérable, dans le style du XVIIesiècle. Flanqué de quatre grosses tours rondes, peut-être plusanciennes, que baignaient autrefois des fossés, il est bâti en pierrede taille sans sculptures. L’intérieur offre de vastes pièces. Les mursdu grand salon sont revêtus de tapisseries à personnages d’une belleconservation. La bibliothèque est fort remarquable et possède desouvrages nombreux et d’un grand prix.
Les parties supérieures du château présentent un riche pavage émaillé.Les carreaux sont variés de dessins et de couleurs.
Cette antique demeure des Colbert, d’un aspect sévère et monumental, asubi à l’intérieur une grande restauration. Elle appartient aujourd’huià M. le marquis de Colbert-Chabannais (25) ; c’est une des habitationsles plus luxueuses de la contrée.
Orbec.
Orbec est une petite ville de 3,217 habitants, chef-lieu de canton del’arrondissement de Lisieux, à 20 kilomètres S.-E. de cette ville, surla rive droite de l’Orbiquet (26). Sa situation est des plus heureuseset des plus agréables, au fond d’une vallée fertile, sillonnée d’eauxvives qui entretiennent à la fois la fraîcheur et la fertilité,entourée de coteaux couverts de pommiers et dont les hauteurs sontcouronnées de bois.
Cette jolie petite ville a une certaine importance. Elle renferme desfabriques de frocs, de molletons, de flanelles, de rubans, desblanchisseries de toiles, des tanneries et une papeterie. Son marché alieu le mercredi.
Elle possède un Hôtel-de-Ville, un Hospice et un Couvent, situé àl’entrée de la ville, sur la route de Lisieux. Les dames religieuses yont établi un pensionnat où elles reçoivent les jeunes filles,pensionnaires ou externes.
Orbec est une ville fort ancienne. Dès le Xe siècle, sa vicomté étaitimportante, et ses barons accompagnèrent le duc Guillaume à la conquêtede l’Angleterre, en 1066, et le duc Robert à celle de la Terre-Sainte,en 1099.
Saint Louis érigea la terre d’Orbec en baronnie.
Guy d’Orbec suivit Charles VIII dans son expédition en Italie, et il secomporta si bien à la bataille de Fornoue, que le roi le fit chevalierde sa main.
Manoir de Saint-Hippolyte.
La commune de Saint-Hippolyte, malgré son peu d’importance, a subsistéjusqu’en 1834, époque où elle a été annexée à celle deSaint-Martin-de-la-Lieue.
Le manoir de Saint-Hippolyte est assis sur la rive gauche de laTouques, et s’aperçoit de la route de Lisieux à Livarot, à 3 kilomètresde la ville. Il appartient à une classe de constructions féodales,particulière aux environs de Lisieux. C’est un groupe de bâtimentsd’exploitation, disséminés dans une vaste enceinte dessinée jadis pardes fossés dont il ne reste plus de traces, et par la rivière, aumilieu desquels s’élève, sur une terrasse, la demeure du maître.
Une tête de pont à tourelles défendait autrefois l’entrée sur larivière.
A l’exception du colombier, les bâtiments d’exploitation, la plupart enbois, sont sans valeur architecturale. Ce colombier, de formehexagonale, est construit en bois ; il date du XVIe siècle.
Le corps de logis principal date de la fin du XVe ou du commencement duXVIe ; il est construit en pierre de taille, avec des chaînes debriques horizontales régulièrement espacées.
Châteaude Saint-Germain-de-Livet.
Le château de Saint-Germain-de-Livet, situé vis-à-vis du portailoccidental de l’église, se trouve à 6 kilomètres de Lisieux. Il a subides mutilations regrettables et se compose de deux enceintes. On entredans la première par une grande porte cintrée, accompagnée d’unepoterne. Cette cour a été convertie en jardin d’agrément.
Au fond de la première enceinte s’élève le château, entouré de largesfossés remplis d’eau vive ; il a la forme d’un pentagone irrégulier. Lepavillon d’entrée, qui regarde l’orient, est bâti en échiquier depierres et de briques vernissées, alternativement rouges et vertes.Deux tourelles à toit conique flanquent ses angles.
Un grand bâtiment de construction identique fait suite au pavillon,vers le midi, remplissant le second côté du pentagone. A l’extrémité dece bâtiment s’élève une tour construite toujours avec les mêmesmatériaux. Sa corniche est garnie de machicoulis.
Les deux côtés suivants du pentagone étaient formés de constructionsaffectant la même ordonnance, mais moins ornées, parce qu’elles étaientmoins en vue. On les a rasées en grande partie pour ménager une vue.
Les bâtiments de la cinquième façade sont en bois, sans sculptures, etremontent au XVe siècle. Une cour intérieure occupe le centre duchâteau. On y remarque une galerie de quatre arcades portées sur despiliers et formant une sorte de cloître sous le bâtiment qui fait suiteà la porte.
Châteaude Fervaques.
A 13 kilomètres de Lisieux, dans la vallée de la Touques et sur la rivedroite de cette rivière, s’élève le bourg de Fervaques, qui possède unchâteau bâti par Guillaume de Hautemer, maréchal de France et comte deFervaques, mort en 1613.
Ce château, dit M. Ch. Vasseur, se composait, au commencement dusiècle, d’une masse de constructions imposantes, avec cours etbasses-cours ; le tout entouré de fossés remplis d’eau courante etlongé par la Touques. Après en être devenu propriétaire, M. le marquisde Porte a fait démolir plusieurs corps de logis, et il ne reste plusque deux des côtés de l’enceinte. On entre par l’ancienne tête de pont; c’est un gros pavillon carré, construit en briques avec chaînes depierres. La porte est accompagnée d’une étroite poterne. A gauche, setrouve une tourelle ronde qui formait l’angle oriental de l’enceinte.Cette tourelle a été transformée en orangerie.
La façade du château consiste en une longue galerie flanquée de deuxpavillons carrés. On y accède par un perron double. La galerie centralen’a qu’un rez-de-chaussée élevé sur les offices.
Les deux gros pavillons carrés sont élevés d’un étage.
Ils ont, du côté de la campagne, un aspect assez élancé à cause dufossé encore subsistant qui dégage les bases. Les fenêtres sont hauteset étroites.
Ce château, où le roi Henri IV reçut l’hospitalité du maréchal deFervaques, appartient aujourd’hui à M. le comte de Montgommery (27),qui l’habite et y a réuni des objets d’art et des antiquités.
La vallée qui s’étend entre Fervaques et Notre-Dame-de-Courson (28) estune des plus belles et des plus riches du département.
Livarot.
Le bourg de Livarot est situé au fond de la vallée de la Vie (29), à 18kilomètres de Lisieux, dans une des contrées les plus fertiles et lesplus agréables du Calvados. Ses beurres et ses fromages sont l’objetd’un commerce fort étendu, qui a pris de l’extension depuisl’établissement d’une gare de chemin de fer sur la ligne deMesnil-Mauger à Orléans. Un marché considérable s’y tient le jeudi.
L’ancien château de Livarot, dont la construction pouvait remonter auXIe siècle, a été rasé jusqu’aux fondements. Un château moderne a étéconstruit, en 1824, par feu M. le marquis de Neuville, pair de France.Il est situé sur le penchant du coteau qui domine le côté droit de lavallée : c’est un des châteaux les plus considérables du département etdes mieux situés. Du château, la vue s’étend sur une vallée magnifiqueet sur le bourg de Livarot. Il est habité par M. le comte de Neuvilleet par M. le vicomte Paul de Neuville, son fils aîné, maire de Livarot.Son second fils, M. le vicomte Louis de Neuville, a fait bâtir un autrechâteau sur le côté opposé de la vallée et sur le territoire de lacommune de Saint-Michel-de-Livet.
Châteaud’Ouilly-du-Houley.
A 10 kilomètres de Lisieux se trouve la commune d’Ouilly-du-Houley. Sonchâteau offre un très-grand intérêt. Il est construit sur la crouped’un mamelon assez élevé et sa masse carrée, vue des coteaux voisins,est fort imposante.
Toutes les constructions de ce château ne sont point d’une seuleépoque. Les parties les plus anciennes, qui datent de l’époquegothique, sont, à l’extérieur, les tours circulaires qui occupentl’angle nord-ouest, le bâtiment qui leur sert de courtine vers le nord,et les autres tourelles circulaires qui défendaient l’angle nord-est,ainsi que toutes les parties basses du mur qui les sépare ; le long murplein qui regarde le levant et toutes les parties inférieures du restede l’enceinte. A l’intérieur de la cour, une seule partie est biencaractérisée, c’est la tourelle octogone terminée par le campanille del’horloge et les bâtiments adjacents à droite et à gauche. Le resteaccuse dans son ensemble, le règne d’Henri IV.
Les constructions de l’est sont occupées par des écuries et des communs; elles ne sont élevées que d’un rez-de-chaussée avec greniers. Il n’ya, vers l’extérieur, d’autres ouvertures qu’une série de meurtrièresqui correspondent aux greniers. Les appartements d’habitation sontsitués dans le bâtiment parallèle. La grande porte d’entrée estpratiquée dans un pavillon élevé. L’accès consistait en deuxponts-levis jetés sur les fossés : l’un conduisait à la grande porte,l’autre à la poterne qui accédait dans le corps de garde. L’escalierqui conduit à la grande salle de l’étage supérieur, d’où l’on devaitmanoeuvrer les chaînes des ponts, s’ouvre immédiatement sur la cour. Aurez-de-chaussée du corps d’habitation, on remarque une grande salle quisert de cuisine, avec une vaste cheminée.
Châteaude Fumichon.
La commune de Fumichon se trouve à 12 kilomètres de Lisieux, et à 2kilomètres d’Ouilly-du-Houley. Son château est situé à 500 mètresenviron au sud-ouest de l’église, dans la plaine et sur la lisère desbois.
Dans son état présent, composé comme il est, de constructions de toutesles époques, il est difficile de déterminer quel a été son planprimitif. Les parties les plus caractérisées paraissent dater du règned’Henri IV ; ce sont : la tour, assez considérable, garnie demachicoulis, qui sert maintenant de colombier ; les deux pavillons,dont l’un occupe l’extrémité de l’aile droite, et l’autre lui estparallèle ; enfin, le gros pavillon qui finit la façade, à gauche, ducôté des jardins légumiers.
La terre de Fumichon a toujours eu de l’importance, et, malgré sonisolement au milieu des terres, elle fixe l’attention des touristes.
Ce château appartient aujourd’hui à M. Méry-Samson, de Lisieux, qui aconverti en herbages la plus grande partie des terres labourables.
Établissement horticole de La Pommeraie.
La Pommeraie est un village de la commune de Saint-Désir, situé à 4kilomètres de Lisieux, sur la route de Dives.
C’est à La Pommeraie que se trouve ce vaste et magnifique établissementhorticole qui n’a pas de pareil en France et qui a été créé par M.Jules Oudin (30). Il est dirigé aujourd’hui par sa veuve et l’un de sesfils. Les serres, les massifs et les pépinières méritent d’être visités.
LeCastellier.
Le Castellier est une charmante habitation dont le parc longe la routede Caen, à 2 kilomètres de Lisieux. Le vieux manoir dont il usurpe lenom était situé dans l’enclos même du camp romain d’où il tire sadénomination. Le pavillon confortable que l’on voit actuellement, cachéà demi au milieu de belles plantations, ne remonte qu’à la fin dusiècle dernier.
Aujourd’hui, le Castellier appartient à la famille Écorcheville, quil’habite et qui l’a acquis, il y a quelques années, de M. Halphen, deParis.
LeVal-Richer.
C’est dans la commune de Saint-Ouen-le-Pin (31), à 9 kilomètres deLisieux, que se trouve le domaine du Val-Richer, où saint Bernard fondaune abbaye de Bénédictins, dans le XIIe siècle.
En 1836, M. Guizot, célèbre comme écrivain et comme ministre, fitl’acquisition des restes de cette abbaye, qu’il fit restaurer. C’estdans cette retraite propice au repos de l’âme, à l’étude et à laméditation, que l’illustre historien a achevé d’écrire ses Mémoires.
M. Guizot a été inhumé le 15 septembre 1874, dans un caveau de familleque possède le cimetière de Saint-Ouen-le-Pin.
Le Val-Richer est habité aujourd’hui par la famille de Witt. On admiretoujours la galerie des tableaux et la salle de la Bibliothèque.
Château de La Houblonnière (32).
L’église et le château de La Houblonnière forment un groupe pittoresquequ’on remarque à la sortie du tunnel de La Motte (33), lorsqu’on va deLisieux à Caen.
Les bâtiments du château enclavent l’église de deux côtés. Cesbâtiments étaient disposés de manière à former deux cours.
La première a la forme d’un rectangle. On y accède par une porte et unepoterne surmontées d’une galerie et ornées de sculptures qui indiquentla fin du XVe siècle ou le XVIe. A gauche de cette entrée s’élève unebelle tour dont la construction est soignée, dont les murs sont épaisde plus d’un mètre, dont la situation a quelque chose d’imposant, etqui, néanmoins, n’est autre qu’un colombier ; L’entrée de cette tour setrouve dans le potager. Toutes les autres constructions de cette coursont en pierre et indiquent le XVe siècle ; elles viennent d’êtrecomplètement transformées, et elles ont perdu tout ce qui leur restaitde leur caractère antique. C’est le manoir proprement dit.
Dans la seconde cour, il n’y a qu’un seul côté garni de bâtiments, à lasuite desquels se trouve, à gauche, une chapelle restée inachevée, souslaquelle se trouve une salle souterraine que l’on affirme, dans lepays, dater de la Révolution, à cause des crochets en fer qui sontfixés aux murs.
On prétend que ce château a appartenu aux Templiers, et qu’il a comptéjusqu’à cent cinquante religieux. L’église paroissiale était aussicelle du monastère : on voit encore, dans un des murs de l’église, laporte par laquelle entraient les moines.
Châteaude Crèvecoeur (34).
Le château de Crèvecoeur, situé sur le bord de la route nationale deParis à Cherbourg, se compose de deux enceintes entourées de fossésprofonds, très-apparents encore. Dans la première enceinte est unechapelle qui paraît remonter à la fin du XIIe siècle ou au commencementdu XIIIe ; c’est ce qu’il y a de plus ancien et de plus curieux dans lechâteau. Dans la seconde enceinte, qui était séparée de la première parun fossé particulier, se trouve le château proprement dit oul’habitation seigneuriale ; c’est un corps de logis allongé, orienté àl’est et adossé aux fossés qui entourent la place du côté de l’ouest. Al’extrémité de ce bâtiment, vers le sud, existe une tour carrée quel’on appelle le donjon ; elle est entièrement recouverte de lierre.
En somme, le château de Crèvecoeur donne encore l’idée d’une véritableplace forte du moyen âge, et mérite d’être visité.
Occupé par les Anglais pendant la guerre de Cent-Ans, le château deCrèvecoeur fut reconquis sur eux par Dunois, en 1448.
Il appartient aujourd’hui à la famille Le Masquerier, qui l’habitependant une grande partie de l’année.
Châteaude l’Hermitage.
A Crèvecoeur se trouve encore un autre château dit de L’Hermitage,situéprès de la route de moyenne communication de Crèvecoeur à Cambremer. Ila été construit vers 1860, sur une éminence et au milieu d’un boistaillis, appelé bois du Haut-Parc. La toiture et les étages supérieursfurent détruits par un violent incendie dans la nuit du 7 au 8septembre 1877. Le désastre fut aussitôt réparé.
Ce château, à cause de sa position élevée, est vu de fort loin : c’estlui que les voyageurs aperçoivent en parcourant les lignes de Paris àCherbourg, et de Mézidon au Mans. Il passe souvent pour être l’ancienchâteau fortifié de Crèvecoeur. – Pendant la belle saison, il estvisitépar un grand nombre de promeneurs venant principalement des stations debains de Cabourg, Dives, Beuzeval, etc...
Châteaude Grandchamp (35).
Le château de Grandchamp est un des plus remarquables et des plusconsidérables de la contrée. Il est précédé d’une grande cour entouréede bâtiments de trois côtés ; un vaste pré rectangulaire s’étend enarrière et porte encore le nom de Cour d’honneur ; son enceinte étaitgarnie de murs et de fossés alimentés par une dérivation de la Vie, quicoule tout près de là dans la prairie.
Le château proprement dit se compose de deux parties très-distinctes :la plus ancienne, qui doit dater de la deuxième moitié du XVIe siècle,se compose d’un gros pavillon à toit très-élevé, flanqué, du côté dujardin, de deux tours carrées en saillie, d’un effet très-pittoresquepar leurs quatre étages et par leur toit en forme de clocher, couronnéd’une petite lanterne. Tout cet ensemble est bâti en bois. La secondepartie est une longue façade construite en pierre et en briques, sousle règne de Louis XIV.
Le bâtiment qui était près de l’entrée principale de la cour estflanqué d’une jolie tourelle cylindrique, avec lanterne, qui produit uncharmant effet. En somme, on trouve à Grandchamp un des grands châteauxde la fin du XVIe et du XVIIe siècle, sans aucune des transformationsqui rendent méconnaissables tant de châteaux de cette époque.
Saint-Pierre-sur-Dives(36).
Saint-Pierre-sur-Dives est une localité d’une certaine importance, unepetite ville bien bâtie, éclairée au gaz, et dont le marché, qui setient le lundi, est très-considérable. Ses tanneries sont les plusimportantes du département : dix-sept établissements occupentsoixante-dix ouvriers, préparant trente mille peaux et faisant troismillions d’affaires chaque année. Cette industrie date de 1077.
Saint-Pierre doit son origine et son importance à l’abbaye deBénédictins qui y a existé depuis le XIe siècle jusqu’à la Révolution.Cette abbaye avait été fondée par Lesceline, femme de Guillaume, comted’Eu et fils de Richard-sans-Peur.
L’église de Saint-Pierre-sur-Dives est aujourd’hui celle de la communeet mérite d’être visitée. Elle a trois tours, deux à l’orient et unesur le transept. La grande nef est garnie de bas-côtés, qui font letour du choeur et donnent accès à cinq chapelles qui sont placéesautourdu choeur et qui se détachent complètement les unes des autres. La plusgrande partie de cet édifice offre le style du XIIIe et du XIVe siècle.
Le magnifique pavé en briques émaillées, du XIIIe siècle, qui occupe lesanctuaire, est peut-être ce que l’église de Saint-Pierre offre àprésent de plus intéressant. Une rosace se trouve au milieu du carré depavés émaillés ; elle est coupée en quatre parties égales par deuxbandes en pierre calcaire.
Les stalles, qui garnissent les deux côtés du choeur jusqu’à la bellerosace du sanctuaire, sont fort remarquables. Elles offrent deux rangsde sièges de chaque côté. Le couronnement, en forme de dais, estsurmonté d’une galerie à jour.
Le clocher central renfermait autrefois six cloches dont trois sontconservées. Le timbre de la grosse cloche est magnifique et s’entend à8 kilomètres de distance. La sonnerie est assez remarquable.
Les bâtiments de l’abbaye entourent le cloître au sud de l’église.Commencés en 1694, ils furent terminés en 1719. A l’est du cloître,accolée au transept méridional de l’église, existe, à peu près intacte,la salle capitulaire, qui doit remonter au XIIIe siècle. C’est uncharmant morceau d’architecture origivale primitive.
HALLES. – Les halles, assez remarquables, quiexistent sur la vaste etmagni[fi]que place du Marché, ont été construites, en 1528, par Jacquesde Silly. Avec leurs charpentes et leur grand toit, les halles deSaint-Pierre, qui ont une longueur de 70 mètres sur une largeur de 20mètres, sont encore aujourd’hui très-intéressantes, et nous offrent unspécimen des halles et des granges du moyen âge, que l’on rencontremaintenant très-rarement dans un si bel état de conservation. Ellesservent à la vente des grains.
Les halles, pour la vente des beurres, ont été construites il y aquelques années.
ÉCOLES. – Saint-Pierre-sur-Dives possède encoredeux magnifiques écolespour les garçons et pour les filles et une école maternelle.
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RENSEIGNEMENTS DIVERS.
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Hôtels.
Lisieux possède plusieurs hôtels confortables. Les plus importants sont: l’hôtel de France, sur le boulevard Pont-l’Évêque ; l’hôtel deNormandie, rue au Char ; l’hôtel d’Espagne, l’hôtel du Commerce, dansla Grande-Rue ; l’hôtel du Maure, rue de Livarot.
Voitures.
Les étrangers qui désirent faire quelques excursions aux environs de laville, trouvent des voitures chez M. Papillon, carrossier, dans laGrande-Rue, chez M. Bocher (Georges), dans la rue du Gaz, et au bureaucentral, place Thiers.
Bainspublics.
Des bains publics sont ouverts, tous les jours et à toute heure,boulevard des Bains et rue de Livarot.
FIN.
(1) La Touques prend sasource dans le département de l’Orne, entredans le Calvados par l’arrondissement de Lisieux, passe à Fervaques, àLisieux, à Pont-l’Évêque, et a son embouchure à Trouville, à 30kilomètres de Lisieux.
(2) L’Orbiquet prend sa source à La Folletière-Abenon, commune située à4 kilomètres d’Orbec, à la limite du Calvados.
(3) La Dives prend sa source dans le département de l’Orne, passe, dansle Calvados, à Morteaux-Couliboeuf, à St-Pierre-sur-Dives, à Mézidon, àTroarn, à Cabourg, à Dives, et a son embouchure sous la côte deBeuzeval.
(4) La Rille arrose Laigle dans l’Orne, Beaumont-le-Roger, Brionne etPont-Audemer dans l’Eure, et se jette dans la Seine à l’ouest deQuilleboeuf.
(5) L’Epte est une rivière située à l’est du département de l’Eure, à20 kilomètres au nord de Mantes ; elle séparait autrefois la Normandieet l’Ile-de-France.
(6) Lieuvin, partie du Calvados prise sur la Haute-Normandie.
(7) Le Val-des-Dunes ou des Dames se trouve sur le territoire de lacommune de Bellengreville, à 13 kilomètres de Caen.
(8) Aussi, lorsqu’il est midi à Paris, il est à Lisieux 11 heures 51minutes ½.
(9) Voir infra.
(10) Voir infra.
(11) Voir infra.
(12) Louis-Alexandre Piel, né à Lisieux en 1807, mort au couvent deBosco (Piémont), en 1838, est un des premiers architectes qui saluèrentavec joie la renaissance de l’art catholique.
(13) Voir infra.
(14) Cette plaque porte l’inscription suivante : A Nicolas Oresme,écrivain philosophique–économique, grand maître du collège de Navarre(1355),– précepteur et bibliothécaire du roi Charles V (1360),– évêquedeLisieux en 1377.
(15) Le 18 mai 1151, Henri II, roi d’Angleterre, épousa, à Lisieux,Éléonore de Guyenne, que Louis le Jeune avait répudiée.
(16) C’est vers 1249 que les Dominicains furent installés à Lisieux,par l’évêque Guillaume du Pont de l’Arche, dans l’île qui s’appela dèslors île Saint-Dominique.
(17) En 1841, l’ouverture de la Salle d’asile eut lieu dans le local dela Providence, rue du Bouteiller.
(18) Cette École primaire fut établie, en 1677, par l’évêque Caritat deCondorcet. Les frères des Écoles chrétiennes l’ont dirigée depuis le1er avril 1777 jusqu’au 1er juin 1884.
(19) Leur maison mère est aujourd’hui à Paris.
(20) La rue Pont-Mortain est devenue la principale artère de la villedepuis l’ouverture du chemin de fer de Paris à Cherbourg, et par suitede la position de la gare.
(21) Elle fut inaugurée le 9 janvier 1785.
(22) Une carte de l’arrondissement de Lisieux vient d’être éditée parM. Bosquain, libraire.
(23) Le château de Mailloc est situé dans la commune deSaint-Pierre-de-Mailloc, à 12 kilomètres de Lisieux.
(24) L’Orbiquet, petite rivière qui parcourt la vallée d’Orbec àLisieux et se jette dans la Touques.
(25) M. le marquis de Colbert, décédé en 1883.
(26) L’Orbiquet est une rivière dont les eaux sont remarquables parleur limpidité, et qui fait mouvoir un moulin presque à sa source.
(27) M. le comte de Montgommery est le gendre de M. le marquis de Porte.
(28) Notre-Dame-de-Courson est un petit bourg situé à 6 kilomètres deFervaques.
(29) La Vie est un affluent de la Dives.
(30) M. Jules Oudin est décédé en 1882. Il avait été nommé chevalier dela Légion d’Honneur en 1878, pour sa belle exposition et la brillanteornementation du Champ-de-Mars et du Trocadéro.
(31) Saint-Ouen-le-Pin est une commune de l’arrondissement dePont-l’Évêque.
(32) La Houblonnière est une petite commune située à 10 kilomètres deLisieux. On s’y rend par la route de Lisieux à Caen par Crèvecoeur.
(33) Le tunnel de La Motte a 3 kilomètres de longueur.
(34) Crèvecoeur est un petit bourg de 408 habitants, renommé pour sesvolailles. Il est admirablement situé, à 4 kilomètres de la gare deMesnil-Mauger. Son marché a lieu le mercredi.
(35) Grandchamp est une petite commune située entre Mesnil-Mauger etSaint-Julien-le-Faucon, et à 2 kilomètres de cette dernière localité.
(36) Saint-Pierre-sur-Dives est situé à 26 kilomètres de Lisieux, 32 deCaen, et se trouve sur la ligne de Mézidon au Mans ; sa gare est à 7kilomètres de celle de Mézidon.
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Plan de la Ville de Lisieux dressé d'après les derniers documents. |
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Jardin public de Lisieux |
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Le Château de Mailloc |