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Recueil de chansons choisies, parBonnel, chanteur ordinaire de la ville de Lisieux.-Lisieux : Imprimerie de Veuve Tissot, [ca1840].- 4 + 4 + 4 p. ; 15 cm.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (06.I.2007)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusionlibre et gratuite (freeware)
Orthographe etgraphieconservées.
Texteétabli sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : Norm brC 50).

RECUEIL
DE CHANSONS CHOISIES,

Par

BONNEL,
chanteurordinaire de la ville de Lisieux.

~*~

Amour, plaisir, bonheur, toutpasse, glisse et change,
Hier couché sur l'or, aujourd'huidans la fange.

L’EMPIRE DE L’AMOUR.
Airconnu.

Je ne pourraisexister sans lafemme,
C'est à mes yeux une divinité,
Je ne vois rienqui pénètre mon âme,
Tant qu'un regard d'une aimable beauté.
Femme,c'est toi qui m'as donné la vie,
Femme, sans toi il n'est pasde bonheur
Ne crains jamais qu'un instant je t'oublie :   bis.
Testraits chéris sont gravés dans mon coeur.

De teserreurs nous sommes souvent cause,
N'as-tu pas droit commenous de changer.
Quand nous prenons le suc de la rose
Nousimitons le papillon léger.
Ah ! venge-toi contre la perfidie,
Negarde pas dans ton sein la douleur,
Ne crains jamais, etc.

Nepenses pas qu'un amour en délire
Me fasse ainsi parler en tafaveur :
Qu'un homme ingrat devant moi te déchire
Jesuis alors ton zèlé défenseur ;
De l'amitié la douce sympathie
Ates accens donne de la chaleur,
Ne crains jamais, etc.

LE DÉMÊLOIR,
OU LANOUVELLE MODE,
Air : Rome reverras-tu ton roi.

Maintenantpour être à la mode,
Savez-vous qu'il faut acheter
Unpetit bijou très-commode ;
Dans sa poche il faut le porter ;
Car,de certaines demoiselles
S'approche-t-on, veulent savoir,
Si,lorsque l'on est auprès d'elles,
On possède un beau démêloir.
 
Lorsque j'irai chez ma maîtresse,
Si l'on me tenaitce discours,
Je répondrais avec hardiesse :
Ce n'estpas aujourd'hui le jour.
En éprouvant quelque reproche,
Jelui dirai : tu veux le voir ;
Eh bien! mets ta main dans mapoche,
Tu trouveras mon démêloir.
 
Quandje vais à la promenade,
Avec ma belle, ah ! qu'c'est charmant!
L'ony fait de jolie cascade,
Toujours c'est en nous amusant,
Qu'elleme dit : sur la verdure,
Auprès de moi viens donc t'asseoir.
Pourdonner à ma chevelure
Un petit coup de démêloir.

Ellesont toutes la finesse
Pour être aimées de leurs amans,
Enagissant avec tendresse :
De loin vous peindre un oeil mourant.
Etdans l'amour qui les transporte,
Elles vous disent : reviensce soir,
Tu donneras à mes papillottes
Un petit coupde démêloir.

Dans les villes et dans les villages,
Circulentde nouveaux faquins ;
Je crois bien que c'est leur usage
Dese friser soir et matin.
Oui, tous ces lurons de parade,
Souspeu pourront vous faire voir.
D'un côté le pot de pommade,
Etde l'autre le démêloir.

Le démêloir est en pratique.
Enfaite usage tout un chacun,
Hier, je m'en fus en boutique,
Mafoi, pour en acheter un.
Le siècle de liberté qu'nous sommes,
Nenous permet-il pas d'avoir,
Sans être moqué de personne,
Unjoli petit démêloir.

Pecquet.

LE NOUVEAU GALOP,
Ou la jolie Pastourelle,
Air du garçon de salle.

Quel plaisir !
Quel plaisir !
Venez danser, gentille pastourelle,
Sous l'ormeau,
Au hameau,
La contre-danse, la valse et le galop.

Voici les fleurs de retour
Sous ce buisson d'amour ;
Au milieu du bocage,
Venez danser avec ardeur
Sous l'asile en hauteur,
Amants du voisinage.
Quel plaisir !

Entendez-vous le violon,
Là bas sur le gazon
Donner la contre-danse ;
Au fond d'une belle forêt,
Sous un riant châlet
Chaque matin, l'on danse.
Quel plaisir !

La violette et le jasmin
Vont parer vos jardins,
Gentilles demoiselles ;
Bientôt de retour, les oiseaux
Vont faire leurs nids nouveaux
Sous ces vertes tourelles.
Quel plaisir !

Lisette en chantant va quitter
La chaumière isolée,
Pour aller dans la plaine,
Elle va conduire ses blancs moutons
Paître le vert gazon,
A l'ombre d'un vieux chêne.
Quel plaisir !
   
L'hiver va fuir en courroux,
Et bientôt près de nous
Vont revenir les roses.
Cessez vos pleurs, jeunes beautés,
Les autans sont passés,
Les fleurs à peine écloses.
Quel plaisir !
 
Enfin pour danser le galop
Il faut, dessous l'ormeau,
S'assembler, jeunes filles ;
La danse avec le tambourin
Viendra chaque matin
A la valse jolie.
Quel plaisir!

L'AMOUR ET LE VIN.
Air : Savez-vous mam'selle Suzon.

J'ai tant fait l'amour, jadis,
Sur lit, sur table ou sur chaise,
Que presque aux abois je vous vis,
Mesdames, ne vous en déplaise,
A présent, on m'agace en vain :      bis.
Bonsoir l'amour, bonjour le vin.
J'étais bête au temps passé,
Je courais après les belles ;
Mon zèle est bien émoussé :
J'en ai trouvé tant d'infidèles
Qu'à présent, etc.
En prenant fille à seize ans,
Je la croyais encore sage ;
Mais son oiseau depuis long-temps
Avait déjà quitté sa cage.
A présent, etc.
Que de fois sur un tendron
Portent des mains libertines,
Je crus rencontrer un bouton,
Et ne trouvais que des épines.
A présent, etc.
De tous les minois charmans
Qui l'amour m'ont rendu blême,
De [la] plus sage en fait d'amans,
J'ét[a]is déjà le dix-neuvième.
A présent, etc.
Adieu donc, objets flatteurs,
Ne fappez plus à ma porte ;
Che[r]chez d'autres bénêts ailleurs,
Et [q]ue le diable vous emporte,
A pésent j'ai pour refrain :
Bonsoir l'amour, bonjour le vin.

EST-Y BÈTE C' GARÇON-LA !
Chansonnette.
Air : Ça n'empêch' pas le sentiment.

Lucas est un joli jeune homme :
Il est grand, surtout il est fort ;
Il est jouflu comme une pomme,
Et s'tient comme un tambour major :
Mais on rit de lui dans l' vilage.
Et la cause, ma foi, la v'là ;
Autant qu'une fille il est sage....
Est-y donc bête c’ garçon-là !    bis.
   
D’ puis long-temps j' vois bien qu’il me r'garde
Avec des yeux, je n' sais comment.
Mais jamais il ne se hasarde
A m’adresser un compliment.
Quand il est près d' moi je soupire....,
Lucas n'entend rien à cela,
Cependant je n' peux pas lui dire.
Est-y donc bête c' garçon-là.       bis.

« Mam'zelle, voulez-vous m' permettre
De vous offrir ce p'tit bouquet? »
« Monsieur Lucas vous pouvez l'metre,
Sans plus attendre, à mon corset. »
D'humeur jugez si j' pris une dose
Quand il me répondit à ça:
« J’ crains d' chiffonner vot' ruban rose... »
Est-y donc bête c' garçon-là.        bis.

Enfin, chez ma tante Germaine
J' lui donn' l'auf soir un rendez-vous
J' fis semblant d'avoir la migraine :
Il fallut m'en r'tourner chez nous.
Il faisait nuit... mais le beau sire
Me laissa partir, et resta....
Ah ! s’il fût venu me r'conduire,...
Est-y donc bête c' garçon-là.         bis.

LE RÊVE D'UN FRANÇAIS
OU LE REVENANT.
AIR : Veillons au salut de l'empire.

Depuis des années je voyage,
Les collines et les valons,
En tout temps j'ai bravé l'orage
Et franchi maintes nations.

REFRAIN.
     
Me voilà            bis.
De retour dans ma belle patrie;
De long-temps    bis.
Je parcours les villes et les champs.
Ah ! soyez discrets je vous prie,
Ayez pitié d'un revenant.
Ah ! jugez de mes aventures,
Je fus captif chez les Anglais ;
Malgré la fureur des parjures
J'ai su gagner le sol Français.
Me voilà, etc.
Nuit et jour je marchais sans peine,
Traversant plaines et forêts,
Quelquefois à l'ombre d'un chêne.
De mes vieux exploits je rêvais.
Me voilà, etc.
Voyez ce manteau qui me couvre,
Usé par l'injure du temps ;
Jadis à mon château du Louvre
Des flatteurs s'inclinaient devant.
Me voilà, etc.
Où sont-ils mes amis sincères,
Témoins de ma captivité ?
Mon fils aussi, sa tendre mère,
De les voir je suis donc privé.
Me voilà, etc.
Il n'est plus pour moi d'espérance,
Privé de mes nobles grandeurs,
Des traîtres, voilà ma récompense,
Ah ! Français, plaignez mes malheurs.
Me voilà, etc.

DECOURCELLE.

LE CITOYEN.
 
De droits égaux l'homme est doté sur terre,
Et de ces droits naquit l'égalité
Moi qu'engendra le sang d'un prolétaire,
Je n'ai qu'un voeu, c'est la fraternité.    bis.
Je ne veux point du siècle de furie
Que fit la guerre à tout homme de bien ;
Je veux la paix, la gloire et l'industrie,
Voilà, je crois, être bon citoyen.
Le vrai bonheur n'est point dans l'opulence
Mon faible avoir, je l'offre à l'amitié,
Lorsque Plutus, dans sa folle inconstance,
Du malheureux s'éloigne avec pitié,
Loin d'imiter l'avare en sa faiblesse,
Qui défie un trésor qui n'est rien,
Je suis tout fier d'obliger la détresse,
Voilà, etc.
A vos palais, Potentats, je préfère
Mon chaume obscur, mon luth à vos trésors ;
Quand rarement vous fermez la paupière
Toujours en paix sur mon grabat je dors.
Bien plus heureux qu'un roi, quand je sommeille,
Songe enchanteur, j'ai pour ange gardien.
La liberté qui me berce et qui veille.
C'est là, etc.

LE MARIN CATHOLIQUE.
Air : Au revoir, les amis.

Adieu, maîtresse aimable,
Je quitte nos climats ;
Mon sort est déplorable,
Ne t'afflige donc pas.
Je vais faire un voyage,
Naviguant sur les eaux.
Sans craindre le naufrage,
J'invoque le Très-Haut.
Adieu donc, adieu donc, mon amie,
Et mon pays.
Ma chère Joséphine,
Cesse de soupirer ;
Va, la Vierge divine
Pourra me préserver.
Je ne crains pas la rage
Ni les efforts du temps,
Car j'emporte l'image
Du Sauveur tout-puissant.
Adieu donc, etc.
Venez, mon pauvre père,
Recevoir mes adieux ;
Ah ! protégez ma mère,
Que son sort soit heureux !
Consolez ma maîtresse,
Ne l'abandonnez pas ;
J'espère, avec tendresse,
Revenir dans vos bras.
Adieu donc, etc.
Si le sort me destine
A mourir dans les flots,
Ah ! de ma Joséphine
Appaisez les sanglots ;
Et de son existence
Soyez le protecteur;
Car, dès ma tendre enfance,
Elle a fait mon bonheur.
Adieu donc, etc.
Beaux lieux de ma naissance,
Il faut nous séparer.
Notre navire s'élance,
Nous allons embarquer.
Adieu, parens aimables,
Adieu, mère chérie.
Ce souvenir m'accable,
Protégez mon amie.
Adieu donc, etc.

YVELIN.

LA FILLE ABANDONNÉE.
Air des Eaux d'Enghi[e]n.
   
Je croyais toujours aux promesses
Que me fit un jour mon amant,
Il me parlait avec tendresse
Et je croyais à ses sermens ;
Soudain, j'entrevis ses manières,
Ah ! je vis qu'il ne m'aimait plus.
Je voudrais, mais comment donc faire ?  bis.
Car cet ingrat ne m'aime plus.                bis.
Sans doute près d'une autre belle
L'ingrat aura fixé son coeur,
Qui serait donc cette mortelle
Qui doit avoir ce bonheur ?
Qu'ai-je donc fait pour lui déplaire ?
Je l'attends, il ne revient plus,
Je voudrais, mais comment donc faire ?
Ah ! l'ingrat ne reviendra plus.
Armes-toi un peu de courage,
Me disait-il en souriant
Je te promets le mariage,
L'ingrat le répétait souvent ;
Je confiai tout à ma mère,
Maintenant je ne le vois plus.
Je voudrais, mais comment donc faire ?
Ah! l'ingrat ne reviendra plus.
Six mois s'écoulent sans nouvelle,
Nuit et jour je l'attends en vain,
Pour lui j'ai resté demoiselle,
C'est ce qui fait tout mon chagrin.
Ah ! je vais bientôt être mère,
C'est ce qui m'accable le plus.
Je voudrais qu'il en soit le père,
Mais l'ingrat ne reviendra plus.

MORALE.
   
Jeunes filles restez toujours sages,
N'écoutez pas vos séducteurs,
Craignez leurs perfides langages,
Car ce ne sont que des trompeurs ;
Ils vous plaisent par leurs manières,
De vous tromper voilà leur but ;
Car lorsqu'il s'agit d'être père
Les ingrats ne reviennent plus.

H. PELLETIER.

L'HOMME BOUDANT SA FEMME.
Air connu.

Mais dis-moi donc mon homme,
Pourquoi tu boudes toujours
J'sommes d'accord, Dieu sait comme ;
Quoi! n'y a donc plus d'amour,
Enfin dans notr'ménage ;
J'vivons comme chiens et chats,
Ma femme, c'est mon r'tour d'âge ;
Qui m'a rendu comme ça     bis.

De la maison tu te fiches,
Pillier de cabaret ;
Et tandis que tu liches,
Moi j'danse devant l'buffet ;
Tu r'viens, tu fais tapage,
Tu casse tout, et tu m'bats ;
Ma femme, c'est, etc.
 
Tu sais qu'tas bien d'la peine
A m'prouver ton amour ;
Un'fois tous les six semaines,
Même encore pas toujours,
Avec toi l'badinage
Va tout cahin-caha
Ma femme, c'est, etc.

Tu sais que tu n'manque pas d'zèle
Auprès d'la p'tite du second,
Avec cette donzelle
Tu fais le folichon.
Tu t'crois dans ton jeune âge,
Mais tâche de trouver ça ;
Ma femme, c'est, etc.

FIN.



Lisieux. - Imprimerie de veuve TISSOT.