AVANT-PROPOS
Ce modeste ouvrage s’adresse à ceux qui veulent rire et aussi à ceuxqui veulent s’instruire. Aux uns et aux autres, je demande lapermission de présenter quelques remarques.
Chaque hiver, les Élèves-Maîtres de l’École normale d’Instituteurs deCaen ont l’habitude de donner à leurs parents, à leurs maîtres et àleurs amis une séance littéraire et musicale. Cette année, parexception, nos Élèves éprouvèrent de la difficulté à composer leurprogramme. Certains d’entre eux vinrent me dire : « Monsieur, noussommes très ennuyés : nous ne trouvons pas ce qu’il nous faut pourfaire rire nos invités comme nous voudrions. Vous seriez bien aimablede nous écrire quelque monologue. »
Ce mot de
monologue me rappela tout à coup le temps déjà lointainoù, pour soutenir notre renom de gaieté chez nos voisinsd’Outre-Manche, je récitais des monologues dont j’étais le téméraireauteur ; des monologues en français, bien entendu, que mes auditeurslondoniens applaudissaient sans doute parce qu’ils leur donnaientl’illusion de connaître notre langue dans ses nuances les plus fines.
Ce souvenir m’étant agréable, j’écrivis l’amusante histoire d’
uneVisite chez le Médecin. Traduite en patois des environs dePont-L’Evêque et dite avec un naturel parfait par M. Pouchin, elleremporta un tel succès que plusieurs personnes, après en avoir ri debon coeur, la demandèrent à des libraires : leur désappointement fut viflorsqu’elles apprirent que l’histoire ne se vendait pas.
Comme j’aime à contribuer au plaisir de mes contemporains, je conçusl’idée d’autres récits normands pour « les bons gars d’Normandie etd’aut’ part. »
Ces récits, tirés en général d’observations personnelles, deconversations entendues en chemin de fer, à la campagne ou sur lesplaces de marchés, sont ceux que j’offre aujourd’hui au public. Ils ontpour objet, d’abord, de faire rire ceux qui pensent que « rire est lepropre de l’homme » ; en outre, de procurer aux psychologues et auxlinguistes des renseignements utiles sur le caractère normand et surplusieurs patois calvadosiens.
Avant d’apprécier le caractère si complexe et si curieux desdescendants de ceux « qu’
a conquis l’Angleterre », je préfèrel’étudier encore. Je voudrais dire seulement quelques mots sur lespatois recueillis dans ces pages.
Ainsi qu’on peut le constater, les six histoires qui suivent sontécrites en six patois différents du Calvados. Je tiens à remercier ici,après MM.
Charles GUERLIN DE GUER et
Arthur MARYE qui m’ont aidé deleurs conseils, MM. Gast, Gautier, Brion, Esnault, Pouchin, Gallier,Élèves-Maîtres à l’École normale de Caen, qui ont bien voulu mettre àma disposition leur connaissance des parlers des environs de Caen, deBayeux, de Falaise, de Lisieux, de Pont-l’Évêque et de Vire. Si meshistoires ont quelque saveur locale, c’est à mes jeunes collaborateursqu’elles le doivent en grande partie. Et pour les défendre auprès deceux qui trouveraient à y signaler certaines expressions commeétrangères aux patois du Calvados, je me contenterai de rappeler qu’unpatois quelconque, s’il est vivant, s’enrichit sans cesse de vocablesempruntés à la ville, à la caserne, aux journaux et aux chansons ;qu’il y a, dans un même patois, des façons de s’exprimer particulièresà tel ou tel individu ; enfin, que le meilleur moyen – je diraisvolontiers, si je ne craignais d’être pédant, la seule méthodescientifique – d’étudier un patois consiste, non pas à consulter desglossaires, ni même sa propre expérience qui est toujours plus ou moinsincomplète, mais à
constater fidèlement l’usage actuel.
Voilà comment et dans quel esprit j’ai composé ces
MonologuesNormands.
L. B.
Caen, Ier Juillet 1903.
~*~
Où qu’ch’est qu’est la Galette ?
(En patois des environs de Caen)
No s’amusait raide ben c’sai-là, tcheux l’facteur L’bailly. Dame,ch’est qu’y avait congé l’lend’main, et quant’y pouvait s’la coulerdouce, il en profitait por faire v’ni tcheux li san biau père et sabelle-mère, san biau-frère et sa belle-seù, l’couosin Paul, l’couosinJules et la couosine Victorène. Sa maison n’était pas eun’ mairie benseur, mais no z’y avait tout d’mème de la plache por se r’touorner.
L’père et la mère Robillard s’assiéssaient opreux d’la ch’minée commedeux vieux pigeons qu’ont besoin d’chaleù. L’biau-frère et labelle-seù, des nouvè mariés, s’mettaient en face des bonnes gens,s’serraient l’un cont’l’aut’, s’catouoillaient, s’faisaient desmalices, et, tout d’un coup, s’tordaient comme des baleines. L’couosinPaul était un p’tit blanc-bec qui n’gagnait pas ben gros au CréditYonnais et qui n’en f’sait pas por san tabac ; avec sa rèe sus l’còtéd’l’orèle et les troè ou quat’ méchants brins de poèl qui s’battaienten duel d’souos san nez, il avait eun’ tète d’notaire ou d’tchustos.
L’couosin Jules, maricha de s’n’état, n’li r’semblait guère. Ch’étaitun grand diàbe, malin comme un singe, terjoù en mouv’ment, terjoùcontent d’li. Fallait l’vè entrer sans rigoler, sans dire eun’ parole,pis s’mette à embrachi tout l’monde comme un fou, l’couosin Paul itoutqui f’sait la grimache. Fallait l’vê, c’coquin-là, couori apreux lacouosine Victorène derriére la tàbe et les quéres, l’attraper où qu’ypouvait, pis la prend’ par la taille ou par sé cotillons. Fallaitl’entend’ alors embrachi à touor dé bras la couosine qui f’sait desmagniéres pass’que y avait du monde, l’embrachi enco, et r’commenchid’pus belle pendant eun’ bonn’ minute ! Non, y avait d’quiè s’kerverd’rire lorsqu’apreux c’t’abominâtion y s’en rev’nait à la ch’minée avecdes z’yeux ébellouis et la moustache ébouorifée, pendant qu’les p’tiotsà L’bailly, qui riaient comme des bochus, fallait vè ! sautaient commeli, kerryaient comme li, mais d’eun’ voix co pus vipàrde, pendantqu’dérière, la couosine Victorène, tout’ rouge, r’mettait un brind’ordre dans ses g’veux et dans sa taìlle.
L’bailly, li, d’bout d’vant la tàbe, les bras ertroussés jusqu’auxcoûdes, y détrempait d’la fleû dans eun’ grand’ castrole, c’quin’l’empèchait pas d’rioler des bètises du couosin Jules... Apreux unbout d’temps, y décroquit du mur eun’ galetiére tout’ nére, la passitd’vant l’feu, la sécouit un brin et dit comme cha :
- Eh ben, qui qui va faire la permière galette ?
- L’couosin Jules ! l’couosin Jules ! s’ébèryirent les éfants en tàpantdes mains.
- Oui, oui, dirent à leur touo, l’père et la mère, l’biau frère et labelle-seù, et surtout la couosine Victorène, qui kerryait co pus fortque l’z’aut’ por s’vengi.
Jules fit des magniéres, n’voulut pas, s’mit à conter eun’ histoère....; cha n’print pas ; y dut gober la pilule. Y fut forchi dé s’mette ungrand tabellier bleu dont les cordons pendaient par dérière. L’bailly,qu’était un bon gars, por l’tirer d’affaire versit sus la gal’tiéreeun’ quiyàpotée d’détrempe.
- Attention ! qu’y kerryit, attention l’couosin ! v’là l’moment v’nu der’touorner la galette. »
Jules print la gal’tiére sans s’épater, fit sauter la galette un brin,sautit comme eun’ quévre et verdi verdà ! v’là man gars qui dégringolesus l’dos, étendu d’tout san long comme eun’ gaule.
- Ah ! l’maladret, fit L’bailly en s’baissant por er’lever la gal’tiérequ’Jules avait làchie.
- Ya qu’li por faire des touos comme cha ! s’ébèryit Victorène.
- Mais..... mais..... où qu’ch’est qu’est la galette ? kerryit L’bailly.
Y r’gardit en bas, d’sous la tàbe, enterr’ les quères du biau-frère etd’la belle-seù qui s’étaient co rapprochis..... rien ! Jules s’avaitr’levé, mais n’y avait pus d’galette !
- J’parie qu’y l’a mangie ! kerryit la belle-seù, qui voulait tirerl’z’yeux dé d’sus elle.
Tout d’un coup, les p’tiots à L’bailly, qui jouaient à cache cacheenterr’ les gambes du grand Jules, s’mirent à kerryer : « La v’là ! lav’là ! » Et tàpant des pieds, tàpant des mains, sautant, s’kervantd’rire, y montraient l’endret qu’vo connaissez ben au bas du dos ducouosin. Chacun ouvrit l’z’yeux : la galette y était restée collée !
~ * ~
Histoère d’un... c’ment qué j’dirai ?
(En patois des environs de Bayeux)
Un jouo qu’Tuboeù avait beu biaucoup pus qu’yn’n’avait bésoin, y tàpit sur sa femme si dû et tant de temps qué c’té-làjurit d’ s’n’aller. Li, qu’était plein comme un oeù, l’encouoragit àfaire c’qué disait, et les v’là touo deux d’vant l’tribuna.
Quand y fut assis sur l’banc des coquyins, y s’mit à réfléchi. Cha n’y’arrivait pàs suouvent d’réfléchi, ch’est pour cha qu’j’vo z’en caùse unbrin. Y s’dit : « J’vas perd’ ma femme qui m’fait d’si bouonnetcheusaine, qui làve et r’pàsse mes rhardes, qui m’soigne quand j’sieusmalàde, qui m’rend tant d’services..... et qu’jé n’poè pàs. Eh ben non! è n’s’en ira pâs. »
Quand sa femme dit qu’y yan avait foutu comme un enragi, y cryit detoutes ses forches qu’ch’ était pàs vrai. L’persident essayit bié dél’rouoler, Tuboeù né s’laissit pàs faire : y dit qu’il adòrait sa femmecomme el’ bouon Gieu et qu’ié l’aimait bié n’itout, qu’ol avait bouonquieu, mais qu’ no z’avait vouolu l’enjòler.
L’persident, qui n’vouolait pâs dèner trop tard, fit v’ni les téemoins.
Y s’am’nit d’abo un cantonnier qu’avait les g’noux en d’dans, lafrimousse rouge comme un cò.
L’persident li d’mandit :
- Av’ oùs veu l’z’époux Tuboeù s’batte ?
- Non, moussieu, réponit l’cantonnier, mais j’en sieus seur, carj’travaillais sus l’ qu’min à còté d’leù mouaison et j’lé z’ai entenduss’chicaner.
- Cha n’suffit pàs, dit l’persident d’mauvése humeù. Allez voz’assière. »
No n’n’appelle un aut’, un p’tit vaquier. S’appreuche un gamin enblaude et en gros soulies, l’air bète comme un oè.
L’persident l’y d’mandit a la fée deux o trè quessions por aller pusvite. L’gamin d’abo n’réponit pàs ; pis comme l’persident adouchit savoè, y bèguit quéques mots, dit des béetises. L’persident s’emportit,l’gamin restit là sans pouver rin dire. Son hébèt’ment fit rire toutl’monde, derrière les gendàrmes qui rouolaient dé z’ues d’ca.L’persident, préechi d’parti, posit c’té quession au téemoin.
- Av’oùs veu Tuboeù tàper sus sa femme ?
- Je n’sais pàs, moussieu, réponit l’gamin.
- Ch’est bon, allez vo z’assière. »
L’ussier appelle en causant du nez : Angélique-Amélie Gròsot.
Eun’ pétite vieule toute ridée, s’lévit d’à còté d’la porte, dans uncoin où è s’tait plachie. Sans attend’ d’invitation, è print deuxgrands pagnies qu’étaient d’vant ié, è s’n’allit à la gril’ du tribuna,d’un pàs d’eun’ qui n’a pàs fré é z’ues. D’vant l’persident, è positses deux pagnies sus l’planchier, enl’vit l’moucheux qu’ol avait sus satète et r’gardit l’magistrat qu’était d’vant ié.
- Av’oùs veu, qui l’y dit, Tuboeù et sa femme s’batte ?
- Non, moussieu, l’persident, mais auchi vrai que j’sieus vot’ énée,j’lé z’ai entendus bié souovent, car j’d’meure à còté d’ieux et qu’yn’ya qu’un r’fend qui no sépare.
- C’qué vo dites-là n’preuve pàs bié d’qué, dit l’persident quic’menchit à s’hébéter.
- Ch’est bié possib’, fit la vieule, mais j’vo z’asseure qu’ Tuboeùtàpait sus sa femme si dû qu’ la cloèson en craquit et.....
- Y n’s’agit pàs d’cha, dit l’persident tout en râge. Av’oùs veu, ouiou non, Tuboeù batte sa femme, l’av’oùs veu ?
- Dame, non, dit la vieule.
- Eh bié, allez vo z’assière. »
Le vieule enl’vit ses pagnies, r’touornit à sa plache en grognant d’quéenterr’ ses dents.
Pieus, d’san còté, tout près d’ié, no dirait qu’ch’est ié qu’en est lacause, équiate un... c’ment qué j’dirai ?... un bri, non, un soupi, ungròs soupi, comme un potin du diàbe.
L’persident rouoge ed’ col’ére, s’lévit d’sa quière.
- Dites don, vo, j’vo rappelle au respect qu’vo d’vez au tribuna. »
La vieule l’ergàrdit comme eun’ sainte mitouche.
- C’hest à mé qu’vo n’n’avez, moussieu l’persident ?
- Oui, ch’est à vo qui...
- L’av’oùs veu, en vo respectant ?
- Non, qu’réponit l’persident.
- Eh bié ! qu’é dit en foutant l’camp, allez vo z’assière !
Tandis qu’ l’persident d’meurait tout béete, les siens qu’étaient làs’ténaient l’vent’ por s’empéechi d’rire.
L’procé fut fini, Tuboeù et sa femme s’rac’modirent.
~ * ~
A qui qu’sert un bonnet d’coton
(En patois des environs de Falaise)
Vo n’connèchez pas eul’maire de..... ? Bah ! y vaut mieux n’pàs nommerpersonne. Alors, vo n’connèchez pàs enn’tout sa fille Catherène. Ehben, moussieu l’maire a biaucoup de monnaie, et il est si tellementfiéraud qu’il érait ben voulu marier sa fille au sous-perfet. Pou c’quiest de mam’zelle Catherène, malgré san p’tit air de n’pâs y touchi,ch’était un biau brin d’fille qui n’avait pàs frè é z’yeux. San pères’n’aperçut quand il essayit d’la mette en ménage ; il eut biau licauser d’argent, sans qui qu’no n’a rien, et pis d’aut’ chose itout ; èrestit téetue comme eun’ bourrique. É réponit à san père qu’an’s’marierait jamais aveuc l’notaire du chef-lieu d’canton pass’ qu’ilétait raide comme un morcè d’bois, ni aveuc l’gars à Guillou, l’richardmognier pass’ qu’il avait l’air béeta, ni aveuc l’apothicaire, ni aveucl’agent-voier, ni aveuc personne.
Moussieu l’maire qu’était pàs eun’ bète, mais qui s’kerriait biaucouppus malin qui n’était réyellement, y s’doutit de quéque truque. Yguettit les jeunes gars qui pouvaient r’luquer sa fille, y fit caùserles bonnes fames du quartier, surtout dò troè tapettes qu’éraient rendudes points à pus d’un commissaire eud’pòlice ; y n’put rien découvri. Ysentait tout d’méeme que l’entéetement de Catherène muchait quéquechose... ou quéqu’un.
Un sé qui v’nait d’souper, san grand valet Edouard li d’mandit un boutde causette. D’habitude, y n’tait pas effouchi, c’biau gars qu’les yeuxli flambaient à la tète ; portant, c’sé-là, y manquait d’toupet : ybaissait la tète, y r’gardait l’bout d’ses souliers ; y tournait sanfeutre enterr’ ses dets ; no z’érait dit qu’il avait la colique.
Dès l’kémench’ment de c’qu’Edouard dit, moussieu l’maire éclatitd’colère ; comment ! y s’permettait, li, un méchant valet, de d’manderen mariage la fille d’san maìte, d’un richard, d’un gros bonnet, dusien qui condisait la commeune ; voulait-y s’foute d’eun’ grosseléguieume ? Edouard essayit d’s’espliqui ; moussieu l’maire li clòsitl’bè, donnit d’grands coups d’poing sus la tàbe, sautit d’sa quaire,ouvrit la porte et kerryit à l’aut’ d’foute l’camp et d’aller faire sespaquets. Edouard s’n’allit sans r’pliqui.
Si moussieu l’maire avait été moins prèssé d’raconter la chose à safàme, il érait sieuvi l’grand Édouard, y l’érait vu itout donner à lajolie fille un bonnet, – oui, un bonnet d’coton ! – et s’éloègni àtravers les camps, les mains dans les pouquettes et grichant comme unouaizè.
Mais moussieu l’maire avait la cervelle sens sus d’sous. Pou s’calmerun brin, y print le journà. L’artic’ li semblit anarchiste ! Avecd’z’artic’ comme cha, no z’excitait les ouverriers cont’ les patrons,no fourrait dans la caboche des paures bougres d’z’idées idiotes commela sienne de d’mander en mariage la fille d’leù maìt’. A c’t’idée-là,moussieu l’maire grinchit des dents, hauchit l’z’épaules et làchitd’mauvais mots à l’adrèche du grand Edouard. Bitòt y laissit sanjournà, sortit eun’ minute, fit un tour d’gardin, rentrit, j’tit uncoup d’yeux dans la queusaine, embrachi sa fille, dit l’bon sai à safàme et montit s’couchi.
Y dormait d’pieus y avait longtemps quand y fut révilli tout d’un coup.Il allongit l’bras gauche sans saver c’qu’y fésait ; sa fàme r’muaititout. Y r’gardit du còté d’la kerroisée : l’jou’ k’menchait à v’ni. Ac’mòment là, il entendit kerrier dans la cour :
- Catherène ! hé, Catherène ! »
Qui qu’chavoulait dire ? Y sautit du liet, y tendit l’oreille.
- Catherène, r’print la voix – la sienne du grand Edouard – donne-méman bonnet d’coton.
- Attends un brin, réponit eun’ aut’ voix, la sienne d’sa fille, à lachambre d’au d’sus. J’n’l’ trouve pàs.
- Trache ben, y dait ètre dans tan liet. »
Quand il entendit cha, moussieu l’maire, enràgi, ouvrit séquement laf’néete, poussit l’abat-vent d’un coup de poing et kerryit au grandEdouard :
- Ah ! canaille, qui qu’t’às fait ? Tu t’marieras avec ma fille ou j’tetuerai comme un quien !
- Vo m’tuerez ? r’pliquit l’grand Edouard en s’foutant d’li ; voul’oùsqu’j’aille vo cherchi un fùzi ?
- Prendras tu ma fille ? d’mandit moussieu l’maire, hors de li.
- Cha dépend, qui qu’sont vos conditions ?
- Mes conditions !..... Eh ben, ch’est trop fort !
- Vo kerriez ? Mais je n’vo la demande pas, vot’fille, vo povez lagarder asteu.
- Ecoute-mè, j’serai acc’modant ; je pouèrai la neuche.
- Tout cha ?
- Attends ! J’vo z’aj’t’rai des meubles, j’vo log’rai.
- Ch’est bon, j’crais que j’pourrons no z’entend’. Quand qui qu’vovoulez qu’no s’marie ?
- L’pus tòt possibe.
- Ah !..... Y fait rudement frais à màtin, sav’oùs ? J’ m’en vas. A vor’vé, biau-père.
- Au r’vé », réponit moussieu l’maire qu’avait l’coeur gros.
L’grand Edouard avait ben arrangi s’n’affaire : avec un bonnet d’coton,mam’zelle Catherène restit comme y faut et elle eut un homme à san goùt.
~ * ~
L’Premier Normand
(En patois des environs de Lisieux)
Ben l’boujou’ vo tous. Ça m’fait plaisi d’èt’ avec vo : v’z’avez détéetes qui m’erviennent. Pis qu’no sommes ensemb’ pou rigoler – ça vautmieux, pàs vrai, que d’médire cont’ san prochain – j’vàs vo conter eun’histoère vieuille comme Adam, queuqu’ chose comme eun’ légende.
Vo n’savez pas c’que c’est qu’eun’ légende ? V’ z’avez donc pas lu les
Légendes Normandes d’Louis Bascan qu’ont été écrites pou vo ? Eh ben,eun’ légende, c’est eun’ histoère qu’est pàs vraie, mais qu’est vraietout d’méeme, et qu’est rud’ment rigolote. Ya d’dans des saints, dessorciers, - n’prenez pàs l’z’uns pou l’z’aut’ ! – et pis des garsd’l’ancien temps, d’rudes gars qui s’fendaient d’la téete aux piedsd’un coup d’sàbe, et pis des tas d’choses estrordinaires qu’no n’veyonspus au jour d’aujourd’hui... Ah ! non, no n’veyons pus d’chosespareilles, pas mème à la foère d’Caen !
La légende que j’vàs vo dire, é s’appelle l’Premier Normand. Eh ben,qui qu’vo z’avez ! Ça v’z’étonne ? Quant’ ma grand’mère m’la contée poula première fouée, j’étais co pus estomaqui qu’vo.
Y a d’ça longtemps, ben, ben longtemps, saint Pierre – v’savez, c’ty-làqui porte toujou’ les clefs d’là-haut, - y s’prom’nait avec san maìt’Jésus-Christ. Y r’gardait, il écartillait d’z’yeux, y n’en r’vénait pàs! Autour d’li, y avait d’l’herbe haut comme cha, des pommiers toutfleuris, et pis des vaques, des viàs à n’en pus fini. Jamais d’sa vie,y n’avait rien vu d’si biau. Y s’frottait l’z’yeux pou ver s’y véyaitben c’qui véyait.
- Qui qu’c’est qué c’biau pays-là ? d’mandit saint Pierre à Not’Seigneur.
- C’est la Normandie.
- Ah !..... Eh ben ! j’érais ben volu v’ni au monde dans c’pays-là.....C’est dròle, tout d’méeme, qu’ya personne. Où qui sont donc les gens ?
- Y en a pàs.
- Y en a pàs ! Eh ben, qui qui profit’ra d’ces pommes, d’ces vaques,d’tous les biens qu’no véyons ? C’est ben dommage tout d’méeme-d’vertout ça s’perde. Si c’tait un effet d’vot’ bonté, Seigneur, von’porriez pàs y mette des gens dans c’biau pays-là ?
- J’veux ben, dit Jésus, qu’avait l’quieur sus la main. Plante tanbàton en terre, et quant’ tu vas le r’tirer, l’Premier Normand sortira.»
Saint Pierre obéit. Il enfoncit san bàton, l’arrachit, et du trou qu’ilavait fait, il en sortit – v’z’écoutez ben – il en sortit un garsqu’avait un bonnet d’coton sus la tète, eun’ face tout’ rouge et un airfinaud comme pàs un.
- Dites donc, vous aut’ qu’y criyit, qui qui v’z’a commandé de m’tirerd’l’endret ? »
Jésus s’mit à rire, mais saint Pierre s’foutit en colére. Alors,l’premier Normand changit d’ton, prit un p’tit air de douceur, un airde sainte nitouche et fit comme ça :
- Eh ! mes bonnes gens du bon Dieu, vo n’porriez pas m’dire oùqu’d’meure el’ juge de paix ? »
Véyez vo c’bougre-là qui volait leù faire un procé ! Qui qu’vo dites deça, vo ?
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Eun’ Visite cheux l’Mèd’chin
(En patois des environs de Pont-l’Evêque)
Ah ! mes pauv’s éfants, mes pauv’s éfants, j’viens d’en aver eun’histoère ! Vo n’deviné pas ? Mais r’gardè mé donc ! Vo n’veyez pascomm’ c’j’sieus tout pàlot ? Vo n’savé c’qué j’ai ? Eh ben ! mé, jen’savais point n’tout ; ’hest ben pour cha qu’j’ai été vée un méd’chin.Ah ! pas un méd’chin d’quat’ sous, mais un grand méd’chin d’Caen quid’mand’ pas moins qué d’chent sous à ses clients ; et pis ses clients,c’est qu’y sont chouettes, faut vée cha ! Y a eun’ p’tit’ bonne quivous r’çoit à la porte, un biau brin d’fille, ma foè ! c’est gentilcomme p’tit quieur, cha n’est qué d’dentelles des pieds à la tète. Pis,c’est si tellement biau cheux c’grand mèd’chin, j’en sieus encore toutépaté !
Après avoir attendu je n’sais combié de temps, c’qu’était pas pusamusant qu’cha – mais ça s’comprend, ’hest un si grand mèd’chin – aprèsavoir baìllé je n’sais combié d’coups, c’qu’avait l’air d’étonnerl’z’autres, no m’fit entrer dans un cabinet. Ah ! mais ! ’hest pasc’qué vo créyez, ’ha chentait bon là d’dans ! L’grand mèd’chin,qu’était ma fouè un p’tit courte-botte – ah ! j’parierais qu’sa femmel’y boulotterait d’la soupe sus la tète – y m’dit comme cha :
- Eh ben ! asséy’oùs, quéqu’ vo z’avez comme cha ?
- J’cré ben qu’j’ai eun’ maladie, que j’li dis.
- Mais, quelle maladie ?
- Dame, moussieu, c’est justement c’qué j’voudrais ben saver.
- Ah !... Quéqu’vo sentez ?
- J’sens d’qué qui m’monte et qui m’descend dans l’estomac, comme si yavait un ramoneux qui m’ramon’rait toujou.
- Y a-t-y longtemps qu’cha vo tient ?
- Y a déjà queuqu’ temps.
- ’Ha vo fait-y bié du mà ?
- Queuqu’fouè oui, queuqu’fouè non.
- Av’oùs d’l’appétit ? Dorm’oùs ?
- Hum ! pas pus qu’cha.
- Hein ! qui m’dit en s’grattant la tète, quéqu’ vo porriez ben avercomme cha ?... Comment qu’cha vo z’a pris ? Racontez mé cha.
- J’vas v’z’expliquer, m’sieur l’docteur. Ça a c’menché un sam’di,j’m’en rappell’ comme si c’tait hier ; y tumbait d’l’ieau à sieaulées,j’rarrivais des camps, suant comme un boeû, trempé comme eun’ soupe. Laborgeoèse m’dit comme cha : « Tu f’rais p’téet’ ben d’aller t’changer.Bah ! que j’l’y réponds, j’sieus pas en suc’, j’vas pas fondre ». Etj’men fus tirer à bère pour el’souper. Mais v’là-t-y pas qu’au momentdé s’mette à tàbe, j’m’mis à trembler comme eun’ fieûle. Ma femme el’vit ben, é m’dit : « Quéqu’ t’as à trembler comme cha ? No diraitqu’t’es tout chose ; t’es tout blanc. Tu f’rais p’téet’ ben d’allert’coucher. – Ah ! oui mais, c’est qu’j’ai sai ! – Tu vas tout d’mêmepas d’mette à bère dans c’t’état-là ! Va t’coucher, va, j’vas t’porterd’qué d’cà dans un moment ». Ma fouè, j’men fus m’coucher. Crey’ousqu’al est v’nue m’apporter d’qué, la bougresse ? Brin du tout. Chan’fait rien, j’dormis comme un dùr. Mais, l’lendémain matin,j’m’réveillis tout en sueur ; cha m’roulait gros comme des pouées susla figure.
D’puis c’temps-là, y m’est resté dans l’corps comme un va-t-et-vient,comme si queuqu’ esprit malin m’rat’lait la pouètrine avec eun’étrille. J’beus et mange assez ben, mais ’ha n’ mé profit’ brin.
- Ah, que m’dit l’grand méd’chin, j’sais ben c’qué vo z’avez : h’est uncommencement d’bronchique, et eun’ gastrique à la chronique. M’n’ami,qui m’dit, faites ben attention aux courants d’air ; prénè garde auxchauds et froids, j’vas vo faire eun’ ordonnance por la tuer, vot’bronchique. Maint’nant, por vot’ gastrique, dirigez ben vot’ nourriture: mangèz pas trop, mais mangèz assez. Méf’ioùs d’l’alcool, qui m’dit enr’gardant l’bout d’man nez ; l’alcool ’ha produit la fièvre célébraleou typhoïque, compliquée d’eun’ défluxion d’potrine. »
Y a huit jous’ d’cha ; maintenant, ’ha va mieux. H’est pas les médicaments qu’j’ai pris : les mèd’chins, l’z’apothicaires, y en apàs pou deux sous ! Y vo ruin’raient tous, ces gars-là !
V’savez, quand no z’a eun’ bonne quercasse et du gros bère pou’s’dégraisser l’gosier, no n’c’raint rien... H’est égal, si j’avais sucha, j’y érais pas foutu mes chent sous, à c’grand mèd’chin !
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L’pér’ Dieulafée
(En patois des environs de Vire)
Kerr’iez-vo qu’il a du toupet, l’pér’ Dieulafée, kerr’iez-vo qu’y n’n’a! Pass’ qu’il est gros marchand de volaille, y s’figure qu’y va m’tord’l’co comme à un pigeon ! Y m’réquiam’ dix-neuf freins, et c’est li quim’en dait vingt !... Oui, c’est li qui m’dait et j’li prouv’rai.
Ya pàs pus d’troués s’maines, à Saint-Hilaire, j’y ai veindu un canard,deux poulettes et un lapin blanc, un joli p’tit lapin qu’était bé sùrpus geintil qu’li. L’pér’ Dieulafée dit non, mais mé j’dis qu’si, etj’sis pas pus menteux qué li, j’suppose ?... La mèr’ Besson estviveinte comme mé, é pourra bé l’dire. La preûve, c’est qué l’pér’Dieulafée ya payé un sou d’café en mème teimps qu’à mé, et il y fésaitdé complimeints, c’vieux cò-là, comme à eun’ jeunesse.
Dans tous lé càs, j’n’y paierai pàs c’qué j’n’y dais pàs. Comment ! Ym’réquiame anieu dix-neuf freins, l’aut’ jou y m’en réquiamait veingtneuf, c’est li qui m’en dait vingt et y dit que j’ié dais ! Vo z’ycompernez quéqu’chose, vo, à s’n’affaire ? Mé, j’compreinds qu’y veutm’rouler, comme il en a roulé bi d’aut’.
Eh bi, no verra ! Por vingt-deux sous qu’ça coùte, no z’ira d’veinl’juge dé paix. C’est pàs un déshonneùr d’aller d’vein l’juge dé paix ;mais jé n’veux pàs d’vol’rie comme ça. Y n’est pàs pus béte qué li,l’juge ; ah dame ! y connait bé sé ment’ries, allez !... Et pis, l’pér’Dieulafée, ha ! ha ! y s’ra obligé d’léver la main ! C’est vrai qu’avecla dévòtion qu’ya maint’nant, ça n’sert pus à grand’ chose. Toutd’méme, ça l’embétera, pass’ qué j’li cont’rai sé vérités, et jé n’mégén’rai pàs por yan dire.
C’est-y pàs honteux d’vouler voler comme ça l’pauv’ monde ? Un grosmarchand comme li, qu’a dé propriétés, qui fait l’moussieu, qui fumedes cigares et qui paie dé sous d’café à la mèr’ Besson !... C’est pâsmalaisi d’aver d’l’argein comme ça. Eh bi ! j’aime mieux en aver min,mais qu’ça sé à mé.
Oui, y peut fér’ san malin ; jé l’trein’rai d’vein l’juge dé paix,c’vieux voleur-là ; et si j’perds, c’qu’est pàs sùr, j’m’en fiche ;j’sérai bé les rattraper, mes vingt deux sous !
Ça n’fait rin du tout, mais tout d’méme, eun’ aut’ fé, j’érai un liv’,un mécheint liv’ d’un sou, j’marqu’rai tout d’sus et j’réglérai tous lémés. Comme ça, yaura pàs d’filout’rie. D’abord, c’est comme ça quéj’fais avec not’boulanger ; j’règue tous lé mé, et ya pàs d’erreur. Ym’vole pét-èt’ hé sus la fleù, mais y n’mé vole pâs sus l’pouè, ni susl’argein : l’treinte ou l’treinte-un j’fais l’addition et j’paie.
L’aut’ jou’, y n’vou’lait pàs réglé : y disait qu’y n’avait pàsl’teimps, pass’qué sa fame v’nait dé s’casser eun’ jeimbe. « Ça m’estégal, qué j’l’y dis, j’aime mieux payer l’timbe ; por deux sous, j’n’enmourrai pàs. »
J’vàs trouver la mèr’ Besson ; é s’rappell’ra bé man canard, mé deuxpoulettes et man lapin blanc. Et pis, dame ! si c’est besoin, j’vas lipayer un sou d’café por li rafraìchi la mémoére.
Ya pàs à dire, y faut qué j’y mette san nez dans s’n’affaire, au pér’Dieulafée ! Ah ! y m’réquiame dix-neuf freins, et y m’en dait vingt !Bon seing d’bon seing ! y n’manque pàs d’toupet !... Et mé quil’ergardais comme un ami !... Y n’pouvait don pàs m’foute la paix et envoler d’aut’ !
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LEXIQUE
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ABRÉVIATIONS : C, Caen ; B, Bayeux ; F, Falaise ; L, Lisieux ; P, Pont-l’Évêque ; V, Vire
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A
a, F......................................... elle.
abat-vent, F............................ volet.
a’j’t’rai, F................................. achèterai.
al, P........................................ elle.
anieu, V.................................. aujourd’hui.
apothicaire, P......................... pharmacien.
apreux, C............................... après.
artic’, F................................... article.
asséy’oùs, P.......................... asseyez-vous.
assière, B.............................. asseoir.
assièssaient (s’), C................ s’asseyaient.
asteu, F................................. à cette heure, à présent.
auchi, B................................. aussi.
aver, P................................... avoir.
aveuc, F................................ avec.
à vo r’vé, F............................ à vous revoir, au revoir.
av’oùs, B............................... avez-vous.
B
bé sùr, V................................ bien sûr.
bè, F...................................... bec, bouche.
ben (pr. bin), C. B. F. L. P..... bien.
bère, P.................................. boire.
bi d’aut’. V............................. bien d’autres.
biau, F. L. P. V...................... beau.
bié, B..................................... bien.
bitot, F................................... bientôt.
blaude, F............................... blouse.
boujou, L............................... bonjour.
bri, B...................................... bruit.
brin (in), F.............................. un peu.
brin du tout, P........................ pas du tout.
C
ca, B...................................... chat.
cà, P...................................... chaud.
caboche, F............................ tête, cervelle, esprit.
camps, F............................... champs.
castrole, C............................. casserole.
catouoillaient (s’), C.............. sechatouillaient.
cha, C. B. P.......................... ça.
ch’est, C. B. F....................... c’est.
cheux, P................................ chez.
clòsit, F.................................. ferma.
co, C. F. L. P. V..................... encore.
co, V..................................... cou.
cò, B. V...................................... coq.
c’ment, B............................... comment.
commein, V........................... comment.
comblé, P.............................. combien.
condisait, F........................... conduisait, dirigeait.
cotillons, C............................. jupons.
couosin, C............................. cousin.
crais, F.................................. crois.
cré, P.................................... crois.
créyez, P.............................. croyez.
créy’ous, P........................... croyez-vous.
c’té-là, L................................ celle-là.
c’ty-là, L................................ celui-là.
D
dait, F................................... doit.
décroquit, C.......................... décrocha.
dèner, B................................ dîner.
dètrempe, C.......................... pâté.
dets (pr. dè), F...................... doigts.
dorm’oùs, P.......................... dormez-vous.
dò troè, F.............................. deux ou trois.
d’pieus, F.............................. depuis.
d’puis, P. .............................. depuis.
d’qué d’cà, P......................... quelque chose de chaud.
d’quié, C................................ de quoi.
dû, B...................................... dur.
dur, P..................................... pierre.
d’vein, V................................. devant.
E
é, V....................................... elle.
è, B. L. P.............................. elle.
ébellonis, C.......................... éblouis, ardents.
ébèryit (s’), C....................... s’écria
écartillait, L.......................... écarquillait.
effouchi, F............................ timide.
el’, B..................................... le.
el, F...................................... elle.
embrachi, C.......................... embrasser.
énée, C................................. aînée.
enco, C................................. encore.
endret, L............................... endroit.
eun’, F.................................. du.
enterr’, C. B. F...................... entre.
équiate, B............................. éclate.
érait, F. V.............................. aurait.
estomaqui, L......................... étonné.
eul’, F.................................... le.
F
fé, V...................................... fois.
fée, B.................................... fois.
fiéraud, F.............................. orgueuilleux.
fieûle, P................................ feuille.
fleû, C. V.............................. farine.
f’néete, F.............................. fenêtre.
foère, L................................. foire.
fouée, L................................ fois.
fouè, P.................................. foi.
frè, B. F................................. froid.
freins (s atone), V.................. franc.
G
Gal’tiére, C............................ ustensile de cuisine pour faire des galettes (crêpes).
Gieu, B.................................. Dieu.
grichant, F............................. chantant.
gril, B..................................... barre.
g’veux ou g’vées, C............... cheveux.
H
’ha, P.................................... ça.
’h’est, P................................. c’est.
I
ié, B....................................... elle.
ié, V....................................... à lui, à elle.
ieau, B................................... eau.
ieux, B................................... eux.
itout, C. F............................... aussi.
J
j’li, C. B. L. P. V...................... je lui.
journà, F................................. journal.
j’sis, V..................................... je suis.
j’vo, C. B. L. P. V.................... je vous.
K
kémench’ment, F................... commencement.
k’menché, P........................... commencé.
k’menchai, B.......................... commençait.
kerriait, F................................ croyait.
kerrier, F................................. crier.
kerriez, V................................ croyez.
kerryit, F................................. cria.
kryit, L..................................... cria.
kerroisée, F............................ croisée.
L
léguieume, F.......................... légume, notabilité.
lé mé, V.................................. les mois.
leù ......................................... leur.
li, C. B. F. L. P. V................... lui.
liet, F...................................... lit.
M
magnières, C......................... manières.
maladret, C............................ maladroit.
malaisi, V............................... malaisé, difficile.
man (dans tout le Cavados)... mon.
maricha, C.............................. maréchal-ferrant.
màtin (à) F.............................. ce matin.
méeme, F. L........................... même.
méf’ioùs, P............................. méfiez-vous.
mette, C................................. mettre.
mins, V................................... moins.
mitouche, B. L........................ nitouche.
mognier, F.............................. meunier.
morcé..................................... morceau.
mouaison, B........................... maison.
moucheux, B.......................... mouchoir.
moussieu, B. F. V................... monsieur.
m’sieu, P................................. monsieur (nom suivi de nom propre).
muchait, F............................... cachait.
N
nère, C.................................... noire.
neuche, F................................ noce.
no, C. F. P............................... on.
no, L........................................ nous.
nouvè, C.................................. nouveaux.
n’tout, P................................... du tout, non plus.
O
o, F......................................... ou.
oè, B....................................... oie.
oeù, B..................................... oeuf.
ol, B........................................ elle.
opreux, C................................ auprès.
orèle, C................................... oreille.
ouaizé, F................................. oiseau.
P
pét-èt’, V................................. peut-être.
por, C. B. P. V......................... pour.
pou, F. L.................................. pour.
pouées, P................................ pois.
poué, V.................................... poids.
pover, B. F............................... pouvoir.
préechi, B................................ presse.
preux, C.................................. près.
print, C.................................... prit.
p’tèet’, P.................................. peut-être.
p’tiot, C.................................... petit, enfant.
pus (s atone) (dans tout
le Calvados)............................ plus.
Q
quaire, F................................. chaise.
quant’, C................................. quand.
quartier F................................ village.
qu’ça se, V............................. que cela soit.
que’ques, B............................ quelques.
qué’que t’as, P....................... qu’est-ce que tu as.
quercasse, P.......................... carcasse.
quéres, C............................... chaise.
queuque, P............................ quelque.
queuqu’foué, P....................... quelque.
queusaine, F.......................... cuisine.
quévre, C............................... chèvre.
quien, F.................................. chien.
quieu, F.................................. coeur.
quieur, L. P............................ coeur.
qui qu’cha, F.......................... qu’est-ce que cela.
qui qui, L................................ qui est-ce qui.
quiyàpot, C............................ cuiller à pot.
quiyàpotée, C........................ cuillerée à pot.
qu’min, B............................... chemin.
R
raide, C................................. rudement, beaucoup.
réponit, B. F.......................... répondit.
rée, C.................................... raie.
rhardes, B............................. hardes, (Cf. rhareng, hareng).
rin, B. V................................. rien.
rigoler, C............................... rire.
r’pliqui, F............................... répliquer.
r’print, F................................ reprit.
r’vé, (au), F........................... revoir (au).
r’voér (au) V......................... revoir (au).
S
sai, P..................................... soif.
sai, C..................................... soir.
san (dans tout le Calvados).. son.
saver, F. P............................ savoir.
sé, F..................................... soir.
sécouit, C............................. secoua.
seing, V................................ sang.
séquement, F....................... rudement.
seur, C. B............................. sûr.
seù, C. B.............................. soeur.
sieaulées (à), P.................... àpleins seaux.
sien (le), B. F........................ celui.
sien (du), B. F....................... decelui.
sienne (la), B. F................... celle.
sieus (les), B. F................... ceux.
siennes (les), B. F................ celles.
sieus, B. P........................... suis.
sis (s atone), V.................... suis.
s’la couler douce, C............ sereposer.
soulies, B............................ souliers.
soupi, B............................... soupir.
sùr, V................................... sûr.
sus (s atone) (dans tout
leCalvados)............ sur.
T
tabellier, C........................... tablier.
taille, C................................ corsage.
tan (dans tout le Calvados).. ton
tcheux, C............................. chez.
tcheusaine, B...................... cuisine.
tchustos, C.......................... sacristain.
teimps, V............................. temps.
terjoù, C............................... toujours.
tèete, F. L............................ tête.
touchi, F............................... toucher.
toujou, L............................... toujours.
trache, F............................... cherche.
trein’rai, V............................. trainerai.
trè, B..................................... trois.
troè, C. F.............................. trois.
troué, V................................. trois.
U
ues (s atone), B..................... yeux.
V
vaque, L................................. vache.
vé, C...................................... voir.
vée, P.................................... voir.
veindu, V............................... vendu.
vengi (s’), C........................... venger (se).
ver, L..................................... voir.
verdi verdà, C........................ patatras.
vias, L.................................... veaux.
vieule, B................................. vieille.
vieuille, L................................ vieille.
vipàrde, C.............................. perçante, aiguë.
viveinte, V.............................. vivante.
v’ni, C. F. L............................ venir.
vo (dans tout le Calvados).... vous.
voé, B.................................... voix.
voix, F.................................... voix.
vrai, L..................................... vrai.
vré, B..................................... vrai.
Y
y, C....................................... il neutre ou il personnel.
ya, L..................................... il y a.
yan, V.................................. lui en.
ynia,..................................... il n’y a.
Yonnais, C........................... Lyonnais.