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BRÉBISSON,Alphonse de (1798-1872) : Nouvelle méthode photographiquesur collodion donnant des épreuves instantanées : traité complet desdivers procédés.- Paris : Charles Chevalier, 1852.- 87 p.; 22,5 cm.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (02.VI.2009)
Relecture : A. Guézou
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Texteétabli sur l'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : Norm 1408).
 
Nouvelle méthodephotographique sur collodion
donnant des épreuves instantanées ;
Traité complet des divers procédés
par
Alphonse de Brébisson

~*~

œO’tisthe sun,that maketh all !
SHAKSPEARE.



Depuis les premières annonces des journaux anglais sur l’emploiphotographique du collodion, je me suis occupé presque continuellementde la préparation de cette substance, au moyen de laquelle j’ai fait denombreuses épreuves.

Les réussites fréquentes que j’ai obtenues me font difficilementcomprendre les insuccès dont se plaignent la plupart des opérateurs. Ilest étonnant que, depuis près d’un an que la découverte de M. Archerest connue, l’usage du collodion ne soit pas plus répandu. On attribuece peu de popularité à ce que les chimistes ne sont pas parvenus àproduire cet agent dans les conditions requises. En effet, il estpresque impossible de régler sa densité d’une manière invariable, maisquant à sa composition, j’ai obtenu des épreuves avec des combinaisonssi différentes, des doses si variées, que je crois que là n’est pas ladifficulté.

Jusqu’à ce moment on a publié quelques renseignements sur l’emploi ducollodion, mais on n’a pas donné les détails nécessaires sur sacomposition sensible. Si l’on n’a pas adopté avec empressement ce moyenphotographique si précieux à la cause de sa grande impressionnabilité,c’est qu’on se sert toujours avec quelque répugnance d’un agent dont onignore la composition.

On ne peut, dans ce cas, savoir à quoi attribuer ses mécomptes, nicomment on eût pu les prévenir.

Je regarde le collodion photographique, préparé dans de bonnesconditions, comme la substance la plus sensible que l’on connaisse. Ildépasse la vitesse de la plaque métallique et des préparationsalbuminées les plus rapides, même celles de M. Bacot, dont on admire,avec raison, les étonnantes épreuves représentant la mer avec sesvagues agitées, moutonnées et roulant sur la grève.

J’ai pu obtenir instantanément des vues de places ou de rues, un jourde marché, avec une foule compacte, mobile, s’occupant de ses affairescommerciales.

Le collodion est d’un emploi très-prompt, très-facile, et demande peude détails préliminaires. Les plaques de verre sur lesquelles onl’étend n’ont pas besoin d’être préparées à l’avance et leur nettoyageest sans aucune difficulté.

On a toujours désiré que l’on pût trouver pour la photographie unpapier dont la pâte fût bien homogène, sans inégalités, sans traces detissu et qui renfermât une substance propre à le rendre sensible. Lecollodion présente tous ces avantages. C’est en quelque sorte unefeuille très-mince de papier que l’on fabrique sur une glace qui luisert de forme ; cette pellicule diaphane dépasse la finesse de toutesespèces de papier, et elle a l’heureuse propriété de se laisserimprégner complètement par les liquides propres à lui donner uneexquise sensibilité.

Je dois dire ici, toutefois, que si le collodion, par sa granderapidité, lutte avantageusement avec les glaces albuminées pour leportrait et les scènes animées, il ne peut être mis en usage avecautant de succès pour les vues et paysages. On ne peut l’employer àsec, et, par conséquent, les glaces préparées par ce moyen nesupportent pas un transport un peu éloigné. J’ai, pourtant, obtenu debons portraits sur des glaces enduites de collodion sensible, après lesavoir gardées plus d’une heure dans le châssis. Rien, dans les cas dereproduction d’un sujet immobile, ne doit remplacer les glacesalbuminées, rendues sensibles et séchées, qu’il est permis de garderplusieurs jours, avant et même après l’exposition à la chambre noire,et que l’on peut, de retour chez soi, faire apparaître à loisir. On nedevra pas s’étonner qu’une couche plus délicate, plus sensible, commecelle que donne le collodion, doive se conserver plus difficilement.

Considéré sous le rapport des épreuves positives qu’il fournit, lecollodion doit avoir pour le portrait la préférence sur l’albumine. Lesclichés collodionés donnent aux épreuves positives un aspect plusdoux, plus moelleux que les clichés albuminés. Leur ton légèrementgrené convient surtout à rendre le modelé de la figure, l’effet deschairs. On sait que les portraits sur verre albuminé ont toujoursquelque chose de plus arrêté, de plus sec que les épreuves sur papierqui, à leur tour, manquent de netteté. Aussi les faiseurs de portraitsretouchés préfèrent-ils beaucoup les épreuves obtenues avec desnégatifs sur papier à celles que donnent les clichés sur verre. Levague des premières permet plus facilement les retouches que les lignestrop dures des secondes. Je crois que le collodion est préférable auxdeux procédés cités, car sa finesse dispense de ces retouches aupointillé qui peuvent être agréables à l’oeil, mais qui souventfinissent par diminuer la ressemblance, et qui, comme l’a fort bien ditM. Legray, sont une direction fâcheuse qui pourra nuire au progrès del’art de la photographie.

On m’assure qu’un travail complet sur le collodion photographique, sursa composition et son emploi, serait accueilli avec intérêt, cettepensée me détermine à prendre la plume et à essayer de coordonner lesnombreuses observations que j’ai notées, en faisant un grand nombred’épreuves pour arriver à un résultat satisfaisant. Si l’on remarquequelque désordre dans ces lignes tracées à la hâte, destinées à faireconnaître à la fois les procédés qui m’ont réussi et ceux qu’il fautnégliger parce qu’ils m’ont présenté des inconvénients, qu’on veuillebien m’excuser. Dans le désir de ne rien cacher, je me suis pluspréoccupé du soin de me faire bien comprendre que d’éviter quelquesredites qui peuvent fatiguer le lecteur. J’ai toujours été tout dévouéà la science photographique, cette science pleine de petits secrets etde petits mystères, et toutes les fois que j’ai pu obtenir quelqueperfectionnement je me suis empressé de le publier. Cette fois j’espèreencore mettre les amateurs à même d’opérer avec facilité au moyen ducollodion, substance qui n’a pas encore été convenablement appréciée enFrance. Les Anglais, dirigés par les instructions de l’inventeur, leurcompatriote, M. Archer, ont dû réussir plus tôt que les Français ;aussi remarque-t-on, à Londres, de très-belles épreuves dues à ceprocédé.

A la suite des diverses opérations que je vais expliquer dans mon petittraité, je donnerai, au moins par extrait, dans un appendice, latraduction des documents les plus importants qui ont été publiés, enAngleterre, sur le collodion.

Je présente avec d’autant plus de confiance le résultat de mesnombreuses expériences qu’elles ont été répétées par plusieursphotographistes et entre autres par un de mes concitoyens, M. Blot,avec lequel j’ai souvent opéré et à qui on doit quelques heureusesmodifications qui trouveront place dans ce travail.


CHAPITRE I.

DU COLLODION.
___

Le collodion est une dissolution de coton-poudre dans l’éthersulfurique additionné d’environ un dixième d’alcool. Cette dissolutionforme un liquide épais, sirupeux comme du miel. Sa consistance est enraison de la quantité de coton-poudre dissoute.

La nature mucilagineuse du collodion a dû engager à essayer son emploipour la photographie sur verre alors qu’on s’est servi successivementd’amidon, de gélatine, de colle de poisson, de vernis, de gluten, etc.,substances qui toutes ont été avantageusement remplacées parl’albumine. Les premiers essais ont été sûrement infructueux, car ilsn’ont eu aucun retentissement et ce n’est que l’année dernière, un peuavant l’exposition universelle de Londres, qu’un Anglais, M. Archer, acomposé un collodion photographique dont un de ses compatriotes, M.Fry, a fait usage le premier avec succès.

Bientôt on a vendu à Londres des flacons de ce liquide tout préparé, ona indiqué son emploi et en même temps on le disait renfermant del’iodure d’argent, mais sans préciser la dose ni la manière dont cecomposé y était introduit.

La grande difficulté que présente la préparation du collodionphotographique est d’arriver à obtenir la densité convenable. Je pensequ’avec une espèce de pèse-sirop gradué ad hoc on aurait un guide quiéviterait bien des tâtonnements.

Si on ne prépare pas soi-même le collodion, ce qui est bien préférable,il faut s’en procurer de consistance épaisse, passé dans un linge demanière qu’il soit entièrement dépourvu de fibres de coton qui rarementse dissolvent complètement. Il est alors facile de l’étendre en yajoutant de l’éther et de l’alcool dans des proportions quej’indiquerai plus loin.

Pour arriver à l’exposition complète du procédé, je dois d’abord donnerle moyen de faire le coton-poudre.


CHAPITRE II.

PRÉPARATION DU COTON-POUDRE.
___

Il y a plusieurs procédés pour obtenir le coton-poudre ou fulmicoton,dont le plus ordinaire est en immergeant pendant quelques minutes ducoton sec et bien épuré, non cardé, dans un mélange de parties égalesd’acide sulfurique anglais du commerce et d’acide azotique fumant.Ensuite on retire le coton qu’on lave à grande eau, et qui, desséché,donne un produit fulminant très-énergique.

On arrive aussi à un résultat analogue en plongeant le coton dans del’acide azotique monohydraté.

Comme dans le cas qui nous occupe il est fort inutile d’obtenir uncoton très-fulminant dont les propriétés balistiques soient plus oumoins puissantes, je vais indiquer une préparation facile qui m’atoujours fourni de bon coton-poudre, peut-être peu fulminant, mais sedissolvant aisément dans l’éther sulfurique.

Mettez dans un vase de verre ou de porcelaine 600 grammes d’acidesulfurique concentré du commerce ; ajoutez-y, par portions, 400 grammesde salpêtre raffiné du commerce, réduit en poudre, agitez ce mélangeavec une baguette de verre de manière à former une sorte de bouillieclaire, ayant à peu près la consistance d’un sirop. Vous plongez alorsdans ce liquide 20 à 30 grammes de coton bien sec, non cardé (dit coton en laine), en plusieurs fois, mais rapidement, de manière à ceque son immersion soit prompte et complète. Une baguette de verre sertà tasser le coton dans l’acide qui doit le submerger pendant environquatre à cinq minutes. Après ce temps, vous jettez la masse imprégnéedans l’eau pour dissoudre le sel adhérent ; enfin vous lavez à grandeeau et séchez le coton à l’air libre ou dans une étuve dont latempérature n’est pas trop élevée. Pour hâter cette dessication on doitexprimer l’eau du coton et l’épanouir ensuite de manière à ce que l’aircircule entre les fibres.

Quelquefois, au moment de l’immersion du coton dans l’acide, si le vasedans lequel on opère est trop étroit, si on n’a pas bien chassé l’aircontenu dans le coton en le foulant avec la baguette de verre, il sedéclare une vive effervescence et un dégagement de vapeurs rutilantes,dues probablement à l’acide azoteux. Il faut se hâter de plonger letout dans l’eau pour arrêter l’effervescence qui bientôt auraitdécomposé le coton. Dans ce cas, il est rare que la préparation ducoton-poudre soit complète et alors il est très-imparfaitement soluble.

Il y a moins de danger à opérer sur de petites quantités. Ainsi, deux àtrois grammes de coton sec, plongés pendant quatre à cinq minutes dansune éprouvette ou un verre à boire de taille moyenne contenant quinzegrammes de salpêtre mêlés à vingt-deux grammes d’acide sulfurique,m’ont donné un coton-poudre très-satisfaisant. Dans ces préparations,il faut choisir un vase d’une contenance telle que le coton soit plongécomplètement dans l’acide ; s’il en était autrement, la partie du cotonqui se trouverait exposée au contact de l’air déterminerait une promptedécomposition.

Le coton-poudre ainsi préparé, bien lavé et desséché, est celui qui m’aparu le plus convenable pour la composition du collodion.


CHAPITRE III.

DU COLLODION PHOTOGRAPHIQUE.
___

Il est très-difficile de déterminer les doses nécessaires pour obtenirun collodion propre à la préparation des glaces, le coton-poudre étanttrès-inégalement soluble, mais avec un peu d’habitude, on arrive bienpromptement à reconnaître la densité nécessaire.

Voici les proportions que j’emploie ordinairement avec le plusd’avantage.

Coton-poudre biensec.....................................   1 gramme.
Ethersulfurique................................................   90
Alcool ordinaire(33°)........................................  60

Agitez ces substances dans un flacon ; puis, après quelque temps,passez le liquide dans un linge et le conservez dans un flacon bouchéavec soin.

Cette dissolution étendue donne un collodion faible ayant à peu près ladensité convenable. Je dis à peu près, parce qu’il est impossible sansquelques essais préalables, de savoir à quel point est soluble lecoton-poudre.

Il est nécessaire d’avoir aussi un flacon d’un collodion plus épais,d’une densité analogue à celui employé en médecine ; il est facile del’obtenir en augmentant la proportion du coton-poudre dans ladissolution. Il faut également le passer dans un linge ; pour cetteopération on fera bien de prendre des gants, car les doigts, enduits decollodion, sont difficiles à nettoyer, tant cette substance,promptement desséchée, est tenace. Cette préparation plus épaisse sertà renforcer la première si l’on s’apercevait qu’elle n’eût pas assez deconsistance.

Pour rendre le collodion photographique, il suffit d’y mêler quelqueiodure. On a d’abord employé l’iodure d’argent et c’est la combinaisonque je préfère. Les Anglais se bornent maintenant à y ajouter del’iodure de potassium, mais je le trouve bien moins sensible. Il y a,ce me semble, entre ces deux préparations la même différence qu’entreles papiers négatifs imprégnés d’iodure d’argent par une doubleopération, tels que ceux de MM. Talbot et Blanquart-Evrard, et celui deM. Guillot-Saguez, qui ne renferme que de l’iodure de potassium.

Il est possible de réussir également dans ce dernier cas, maiscertainement avec plus de lenteur.

On peut faire entrer l’iodure d’argent dans la composition du collodionde plusieurs manières, soit en le dissolvant dans le cyanure depotassium, soit dans le nitrite de potassium, soit enfin dans unesolution d’iodure de potassium et c’est le procédé que j’ai adopté etque je vais décrire ci-dessous.

Si l’on se borne à l’addition simple de l’iodure de potassium dans lecollodion, on peut verser dans cette substance quelques gouttes d’unesolution alcoolique ou même aqueuse d’iodure de potassium. Mais, je lerépète, ce procédé donne des négatifs peu sensibles.

Voici comment je prépare la solution d’iodure d’argent propre à rendrele collodion photographique :

Je fais d’abord de l’iodure d’argent en versant une solution d’azotated’argent dans une solution d’iodure de potassium. Les proportions deces solutions sont peu importantes, cependant on peut employercelles-ci :

Eau distillée...............        30 grammes.
Azotate d’argent............      3
            ___

Eau distillée................    40 grammes.
Iodure de potassium...      2

On verse peu à peu la première solution dans la seconde. Lorsquel’iodure d’argent qui se forme devient jaunâtre et floconneux, qu’il secondense au fond du vase, il doit être lavé à grande eau. Ce précipitéest enfin jeté dans un filtre de papier. Quand l’eau s’est écoulée, onverse sur l’iodure d’argent une petite quantité d’alcool qui le lave endernier lieu.

Maintenant on prend par portions, au moyen d’une spatule en verre,l’iodure d’argent resté sur le filtre pendant qu’il est encore humideet on le dissout dans une solution alcoolique saturée d’iodure depotassium en agitant vivement. Quand le liquide reste trouble c’estqu’il est saturé. On le laisse reposer pour s’en servir au besoin.

La solution alcoolique saturée d’iodure de potassium s’obtient enmettant un excès d’iodure de potassium bien broyé dans un flacon remplid’alcool à 33°. Tant qu’il reste de l’iodure non dissous dans le fonddu flacon on est certain que l’alcool est saturé et on décante lapartie supérieure pour dissoudre l’iodure d’argent.

Je ferai remarquer que l’iodure d’argent desséché est très peu solubledans l’alcool ioduré, il faut donc l’employer frais, comme je viens del’indiquer.

Cette solution alcoolique d’iodure d’argent donne seule une grandesensibilité à la couche de collodion étendue sur les glaces, mais onpeut encore augmenter cette sensibilité en ajoutant une solutionalcoolique d’iodure de fer.

L’iodure de fer solide que fournissent les fabricants de produitschimiques ne m’a pas donné d’aussi bons résultats que celui quej’obtiens en versant vingt grammes d’eau sur un gramme de limaille defer mêlé à trois grammes d’iode.

Cette combinaison donne lieu à un liquide d’un rouge foncé qu’on laissereposer.

Je décante ensuite quinze grammes de cet iodure de fer liquide auxquelsj’ajoute quinze grammes d’acide acétique cristallisable et cent vingtgrammes d’alcool à 33°, ce qui me donne une solution alcooliqued’iodure de fer qui se conserve très-bien. Si je ne me bornais pas danscette brochure à ne parler que des préparations concernant lecollodion, je dirais que des plaques albuminées plongées pendantquelques minutes dans cette solution et séchées, acquièrent une grandesensibilité, surtout lorsqu’on fait apparaître l’image au moyen d’unesolution de protosulfate de fer.

Le collodion préparé comme je l’ai dit plus haut, doit recevoir lemélange des solutions iodurées dans cette proportion :

Collodionétendu.................................   50 grammes.
Solution alcoolique d’iodure d’argent..    15
Solution     id.       d’iodure defer......      6.

Agitez ces substances et laissez reposer jusqu’à ce que le liquidedevienne limpide, ce qui demande au moins douze ou quinze heures. Ilest alors bon de décanter la partie la plus claire et de la conserverdans un flacon à large ouverture qui servira à l’étendre sur les glaces.

Le collodion, ainsi prêt à être employé, doit avoir une belle couleurorangée ou rougeâtre qui rappelle un peu la couleur de l’eau fortementbrômée.

Sa couleur sera simplement jaune si l’on n’y a fait entrer que l’iodured’argent auquel on peut se borner, du reste, car on aura déjà unegrande vitesse ; mais l’addition de l’iodure de fer donne uneaccélération très-notable qui n’est pas due seulement à la quantitéplus grande d’un iodure, mais bien à la nature de sa base.


CHAPITRE IV.

COUCHE DE COLLODION SUR LA GLACE.
___

C’est en étendant la couche de collodion sur la glace que l’onreconnaît si sa densité est trop considérable. Je reviendrai sur cepoint lorsque je parlerai du bain d’argent.

Il vaut toujours mieux employer des glaces pour étendre la couche decollodion que des plaques de verre ordinaire. Cependant le choix estmoins important que pour l’albumine.

Le collodion séchant facilement, s’épaissit promptement et n’est passujet comme l’albumine à se déposer avec plus d’épaisseur dans lesparties d’une plaque de verre qui pourraient être un peu creuses.

J’ai fait de très-bonnes épreuves sur demi-plaques et même sur plaquesentières de 23 centimètres en longueur sur 18 cm en largeur, enn’employant que du verre blanc ordinaire, mais le plus plane possible.

Les plaques doivent être d’abord lavées avec de l’eau ; si elles ontdéjà servi plusieurs fois on acidulera l’eau avec une certaine quantitéd’acide azotique. Ce moyen les nettoie parfaitement en enlevant toutdépôt d’argent qui aurait pu se former. On termine en les mouillantavec quelques gouttes d’alcool que l’on frotte avec un linge proprejusqu’à ce qu’elles soient sèches. Quelques personnes font précéder cedernier lavage d’un ponçage avec un peu de tripoli.

La plaque bien nettoyée et sans aucune trace de poussière est alorsposée horizontalement pour recevoir la couche de collodion que l’onverse au moyen du flacon qui le renferme. Certains opérateurs posent laplaque sur les doigts de la main gauche tandis que le flacon est tenude la main droite. Ce moyen n’est pas sans danger ; la chaleur desdoigts desséchant le collodion dans les points qu’ils échauffent,produit des taches à cause de l’inégalité de sensibilité qui en résulte; d’autres collent au derrière de la plaque un morceau de caoutchouc oude papier gommé. Je préfère employer une sorte de mandrin bien simple.Je prends une plaque de verre ou d’ardoise sous laquelle je colle unmorceau de bois carré un peu épais qui me sert de poignée ; sur ledessus du verre je tends une étoffe mince telle que du calicot, dontles bords repliés sont collés en-dessous. C’est sur ce mandrin que jeplace ma glace à préparer qui doit déborder en tous sens la plaque dece support. En humectant un peu le calicot, la glace adhère de manièreà ne pas glisser, même dans une position assez inclinée.

Pour bien faire comprendre le tour de main qui me réussit le mieux pourétendre également le collodion, opération la plus importante etpeut-être la plus difficile de ce procédé, j’indiquerai la plaque deglace par les lettres A, B, C, D.

Fig. 1

A C désignera le bord gauche de la plaque, B D le bord droit, le côté CD étant le plus rapproché de l’opérateur.

La main gauche tenant la glace posée horizontalement sur le mandrin, lamain droite versera au milieu de cette plaque une certaine quantité ducollodion contenu dans un flacon à large ouverture. On aura eu soinauparavant de bien nettoyer le goulot afin que quelques corpsétrangers, entraînés par le liquide, ne viennent pas se fixer dans lacouche et y faire des taches indélébiles. Dans le cas d’un défautsemblable, il ne faut pas hésiter à nettoyer sa glace et à recommencer.

Le collodion versé sur le milieu de la plaque s’étend de suite vers sesbords ; d’ailleurs, on facilite cette égale répartition du liquide eninclinant le mandrin en divers sens. Autant que je le puis, je laisse ànu l’angle A en empêchant la couche d’y arriver ; j’en dirai plus tardle motif, lorsqu’il sera question du bain d’argent.

Dès que la couche couvre la plaque, on redresse celle-ci en A enplaçant l’angle D en bas dans le goulot du flacon où l’on fait écoulerl’excédant du liquide. La position de la plaque est donc celle-ci :

Fig. 2

C’est alors qu’on voit une multitude de petites rides se former sur lacouche, dirigées par le courant de A en D. Si ces rides n’étaient pasdétruites, elles seraient d’un effet très-désagréable, puisqu’elles sereproduiraient sur l’épreuve positive. On parvient à les fairedisparaître, en renversant la plaque en arrière vers A pendant que leliquide s’écoule encore et en laissant toujours l’angle D dans legoulot du flacon, en même temps on incline vers la droite de manièreque C se trouve plus élevé que B ; puis on ramène la plaque dans sapremière position ; on répète ce mouvement de balancement deux ou troisfois avec rapidité. S’il est exécuté avant que les rides aient pris dela consistance, elles s’effacent et la couche devient très-unie. Sielles se maintenaient, ce serait une preuve que le collodion auraittrop de densité, il faudrait ajouter de l’éther jusqu’à ce que ceteffet ne se repoduisît plus.

Quand ces rides sont très-prononcées, il arrive souvent que lesintervales qui les séparent présentent, lors de la dessication del’épreuve, des bandes criblées de petits trous comme une sorte deréseau à jour. La contraction du collodion en séchant entraîneprobablement la couche qui, manquant alors d’épaisseur dans les pointsrapprochés de ces sortes de nervures, se fendille de la manière la plusfâcheuse.

Si, au contraire, le collodion n’avait pas assez de consistance, dèsqu’on viendrait à mettre la plaque de verre qui en serait enduite dansle bain d’argent, la couche se diviserait et semblerait se dissoudredans divers points. On obvie à cet inconvénient en ajoutant à cettepréparation trop étendue une certaine quantité de collodion plus épais,dont on doit avoir toujours un flacon en réserve.

M. Fry a proposé un moyen de donner au collodion une consistanceégalant au moins celle de l’albumine. Il consiste à ajouter à lapréparation que je viens de décrire une portion d’éther dans lequel ona fait dissoudre du gutta-percha. Je l’ai essayé avec succès ; desfragments de gutta en feuilles, mis à macérer dans de l’éther, s’ydissolvent assez pour remplir ce but, quoiqu’il semble que l’éther neles ait point attaqués. Une couche de collodion avec cette additionprésente, après sa dessication, une solidité très-remarquable etanalogue à celle de l’albumine.

M. Fry prétend que le collodion photographique, conservé dans un flaconde gutta percha, acquiert par ce contact une solidité suffisante. Cetteconsistance est d’autant plus précieuse qu’elle ne contribue pas àaugmenter les rides qu’on doit redouter, sa solidité n’étant bienconstatée qu’après la dessication de l’épreuve terminée.

Le collodion préparé avec les conditions requises, peut servir jusqu’àépuisement, en ayant soin de le conserver dans un flacon bien bouché,et de le décanter de nouveau, si quelque dépôt venait à se former aufond. On comprendra facilement que l’action de verser et surtout dereverser le superflu d’une épreuve dans le flacon, ne tarderait pas àfaire flotter ce dépôt dans le liquide et troublerait la netteté de lacouche.


CHAPITRE V.

SENSIBILISATION DES GLACES ENDUITES
DE COLLODION.
___

La sensibilisation de la couche de collodion s’obtient en plongeant laplaque dans un bain d’argent ainsi composé :

Eau distillée......................    60grammes.
Azotate d’argent...............     4

On met cette solution dans une cuvette de porcelaine ou mieux dans unplateau formé par une glace bordée. On place le verre préparé avant quel’enduit soit sec, debout au bord intérieur de la cuvette, puis, aumoyen d’un crochet qui retient la partie supérieure de la plaque, onabaisse celle-ci d’un seul coup, sans hésitation, de manière à mettrela couche de collodion en contact avec le liquide qui la baigne endessous. On voit bientôt cette couche blanchir, devenir comme laiteuse,conséquence de la formation de l’iodure d’argent ; il faut prolonger cebain une à deux minutes et ne retirer la plaque que lorsqu’un aspecthuileux, que présente d’abord le collodion, a disparu et que le liquidecoule librement sur sa surface.

Si, au moment de l’immersion de la plaque dans le bain d’argent, lacouche de collodion ne blanchissait pas assez promptement, celaannoncerait que sa sensibilité n’est pas suffisante, que la proportiondes iodures n’est pas assez considérable. On devrait alors en ajouteret principalement de l’iodure d’argent plutôt que de l’iodure de ferdont l’effet est moins constant.

La solution alcoolique d’iodure de fer, au moment où on la mêle aucollodion, a une propriété coagulante qui contribue à donner plus decorps à ce liquide, mais je ne crois pas que cet avantage soit durableet j’ai plus de confiance dans la préparation d’argent, bien plusconstante que celles où entre le fer.

Il ne faut pas, pour avoir une grande sensibilité, qui n’est pasindispensable, ajouter une trop forte dose d’iodure, parce que lacouche serait plus granulée, et donnerait une épreuve ayant moins detransparence et moins de finesse. Si l’on veut saisir une scène animée,telle que la mer avec ses vagues et des navires, une place publique unjour de marché, une procession, etc., il faut alors se départir de ceprincipe et augmenter la dose des iodures, principalement de l’iodurede fer, avec lequel on arrive aisément à l’instantanéité.

Quand on veut affaiblir la densité du collodion il faut mieux l’étendreavec de l’éther qu’avec de l’alcool qui rend le cliché plus opaque.

Je reviens sur l’importance de ne pas attendre que la couche decollodion soit sèche pour la baigner dans la solution d’argent, elleserait alors sans sensibilité. Il faut choisir le moment où la plaque,bien égouttée, commence à prendre un aspect un peu mat parl’évaporation de l’éther.

Comme j’écris principalement pour les personnes déjà familières avec laphotographie sur verre, je crois inutile de dire que l’opération de lasensibilisation de la plaque doit être faite à l’abri de la lumièreainsi que les suivantes. Je me trouve très-bien de travailler dans uncabinet noir dont la fenêtre est garnie de quelques carreaux en verred’un jaune orangé que je découvre derrière un rideau noir selon lebesoin.

Les crochets en argent ou en or dont on se sert pour les plaquesalbuminées ne sont pas aussi convenables pour le collodion dont ilsdéchirent la couche trop facilement. Je préfère des crochets de corneou de baleine que l’on coude facilement en chauffant fortement leursextrémités.

On a sans doute remarqué que je n’étendais pas la couche de collodionsur un des angles des plaques de verre. C’est pour pouvoir placer à cepoint le crochet lorsqu’on abaisse la plaque dans le bain d’argent sansdanger d’entamer la couche qui se soulève facilement quand elle estdétachée dans quelque partie. Il est important, lorsque pendantl’opération on prend la plaque entre les doigts de bien prendre gardede détruire l’adhérence du collodion sur les bords.

Je veux dire ici un mot des glaces bordées qui font d’excellentescuvettes pour les bains argentifères ; elles dépensent peu de liquideet leur surface très-unie ne peut froisser les couches sensibles enaucun point. Rien n’est plus facile à construire. On prend une glace dela dimension que l’on désire et on colle sur les bords un encadrementformé de bandes épaisses de glace, au moyen de la chaux vive délayéedans le blanc d’oeuf.

Pour avoir de l’albumine facile à étendre et à mêler à la chaux, ilfaut battre les oeufs en neige et prendre le liquide qui s’en écoule.Cet encollage prend très-vite et est d’une grande solidité.

On a recommandé pour le bain des cuvettes en verre verticales, peuépaisses, dans lesquelles on est plus assuré de plonger les plaquessans temps d’arrêt.

M. Archer a inventé une cuvette analogue d’une disposition cunéiforme,qui permet de laisser la plaque plongée dans le liquide argentifèremême pendant l’exposition à la chambre noire ; un châssis particulierayant été construit pour cet usage. Ce moyen me semble peu pratique,surtout pour les dimensions un peu plus grandes et je ne sais si l’onpeut dire que M. Archer a eu, à ce propos, une bien heureuse idée.(Voir l’Appendice).


CHAPITRE VI.

EXPOSITION A LA CHAMBRE NOIRE.
___

Je ne peux donner des indications bien précises sur la durée del’exposition à la chambre noire. Cette exposition est en raison dudegré de lumière, et elle varie encore selon que l’on doit faireapparaître l’image par le protosulfate de fer, par l’acide pyrogalliqueou simplement par l’acide gallique ordinaire.

La rapidité de l’impression de la lumière dépend encore des lentillesque l’on emploie. Je donne surtout la préférence aux objectifs à verrescombinés de M. Charles Chevalier ; je n’en connais point qui leursoient supérieurs pour la netteté et l’étendue de l’effet. Un objectifde M. Chevalier couvre entièrement le champ du format annoncé et sansaberration. La proportion des diaphragmes est bien entendue.Certainement les objectifs allemands sont plus rapides, mais on saitcombien leur vitesse est acquise au dépens de leur netteté générale.L’étendue de leur champ est loin aussi d’être en rapport avec leurdiamètre et il est bien difficile de faire, par leur moyen, un portraitd’une certaine dimension sans que quelque partie du corps ne soitdéformée.

Quiconque a vu les beaux portraits de M. Bacot sur glaces albuminées deformat double grande plaque, obtenus avec le grand objectif double deM. Ch. Chevalier, a pu reconnaître la perfection des instruments de cetopticien.

Avec de bon collodion, j’ai obtenu des épreuves de places publiques ausoleil, sur format de plaque entière, en moins d’une seconde.

Un portrait à l’ombre, en bonne lumière, demande pour plaque entière 10à 20 secondes.

J’en ai obtenu sur demi-plaque en cinq secondes également à l’ombre.

Sur demi-plaque, j’ai eu instantanément l’image d’un homme marchantdans une rue éclairée par le soleil. Le dessin était un peu flou,mais on distinguait fort bien les jambes et les bras.

Ces expériences ont eu lieu à peine à la sortie de l’hiver. On devracompter sur des effets bien plus rapides dans un beau jour d’été.

Les épreuves, dont je viens de parler, ont été exécutées dans unechambre noire, non doublée de blanc. Il est reconnu que la chambreblanche augmente beaucoup la vitesse de l’impression lumineuse, mais jepréfère la chambre noire qui me semble donner un dessin plus pur, moinsvoilé.

Je n’ai pas fait d’essais sur format plus grand que celui de la plaqueentière. Je crois que cela serait également possible, quoique lecollodion doive sécher plus vite sur une grande surface. On pourraitdiminuer la dose d’éther en augmentant celle d’alcool ce qui rendraitla préparation moins prompte à s’évaporer. Alors on reverserait leliquide avec moins de précipitation.

La grande sensibilité du collodion le rend très-propre à reproduire surverre les effets curieux du multiplicateur. Cet instrument, comme on lesait, en présentant successivement divers points d’une plaque sensiblederrière une ouverture plus ou moins resserrée, permet d’obtenir, surune même épreuve, un grand nombre de portraits de la même personne dansdes positions variées, ou de diverses personnes qui se sont succédéespendant la série des poses.


CHAPITRE VII.

APPARITION DE L’IMAGE.
___

Je connais trois moyens principaux de faire apparaître l’image.

Le premier, le plus rapide de tous, et qui permet une expositiontrès-courte dans la chambre noire, est un bain préparé avec unesolution saturée de protosulfate de fer.

L’apparition avec cette liqueur est instantanée, mais elle est inégaleet très-imparfaite, si l’on ne prend quelques précautions.

Le protosulfate de fer pur est préférable pour faire la solution dontje viens de parler. Pourtant à son défaut, on peut employer le sulfatede fer ordinaire du commerce. Comme cette solution saturée se décomposefacilement, on doit y ajouter quelques gouttes d’acide sulfurique (huità dix par litre), qui empêchent la liqueur de se troubler et luiconservent sa limpidité.

Pour faire apparaître une épreuve au sortir de la chambre noire, versezdans une cuvette une quantité suffisante de la solution saturée desulfate de fer pour immerger la plaque. Ajoutez-y environ un douzièmed’acide acétique cristallisable ou simplement d’acide pyroligneux puret quelques gouttes d’une solution faible d’argent. Mêlez bien le toutet plongez-y l’épreuve d’un seul coup, la couche sensible en dessus. Enquelques secondes, l’image négative apparaîtra avec tous ses détails,si la plaque a été exposée dans la chambre noire le temps convenable.Si les limites avaient été dépassées, l’épreuve deviendrait grise etsans effet sur toute sa surface. Comme l’action du bain ferré estproduite avant quinze à vingt secondes, on pourra de suite retirer laplaque, et on remarquera que les détails, quoique bien indiqués, n’ontpeut-être pas assez d’intensité. Dans ce cas, on place la glacehorizontalement sur les doigts de la main gauche, et on verse sur sasurface, en commençant par un angle, une couche mince de la solutionsuivante :

Eaudistillée.............................   100 grammes.
Azotate d’argent................... .       4

On a soin que la nappe de liquide couvre de suite la totalité del’épreuve. Au bout de vingt secondes environ, on égoutte la plaque eton l’immerge de nouveau dans le bain ferré. Cette opération renforceles noirs de l’épreuve négative ; on recommencera ces deux bainssuccessifs si l’on désire encore plus de vigueur.

Ces diverses réactions, en donnant plus d’intensité aux noirs dunégatif, produisent de plus un autre effet. L’argent réduit, en prenantun aspect métallique blanchâtre, convertit le cliché négatif en uneépreuve positive, si on l’examine par réflexion, surtout en plaçant unfond noir derrière. Son caractère négatif est néanmoins parfaitementconservé, si on l’examine par transparence.

 L’épreuve terminée, on doit la laver dans plusieurs eaux etmêmeverser dessus un filet d’eau si, comme cela arrive souvent, il s’étaitattaché à sa surface un dépôt granuleux qui ne peut être enlevé que parun courant un peu rapide.

La solution d’azotate d’argent peut servir un grand nombre de fois enayant soin de la filtrer de temps en temps et d’y jeter quelquescristaux d’azotate d’argent si elle venait à s’appauvrir.

On doit conserver également le bain de protosulfate de fer quelquetrouble qu’il soit. Un bain qui a servi fait apparaître l’image d’unemanière plus égale qu’un bain neuf. Il suffit d’ajouter de temps entemps un peu de nouvelle solution saturée de protosulfate de fer avecquelques gouttes d’acide acétique.

Je me suis souvent servi plus de dix fois de suite du même bain, soitpour faire apparaître l’épreuve, soit pour la renforcer.

Quoique j’emploie habituellement une solution saturée de protosulfatede fer additionnée de quelques gouttes d’acide acétique, je dois direque j’ai obtenu aussi de bons résultats au moyen d’une solution de fertrès-faible avec une très-petite quantité, soit d’acide nitrique, soitd’acide sulfurique.

Ainsi on réussit très-bien avec la solution suivante :

Eau depluie......................................   60 grammes.
Protosulfate defer............................    0,8 décigram.
Acide sulfuriquepur..........................       4 gouttes.
Solution d’azotate d’argent au 15e....       3 grammes.

Le bain concentré n’a d’autre avantage que de pouvoir servir à un grandnombre d’épreuves.

Quand on emploie l’acide pyrogallique pour faire apparaître l’image, ilest nécessaire de prolonger l’exposition à la chambre noire, environtrois fois plus que dans le cas précédent.

On place la plaque de verre sur un support horizontal, puis on versesur la couche de collodion une quantité égale des deux solutionssuivantes :

I.    Acidepyrogallique...........................   1gram.
    Acide acétiquecristallisable............    24    id.
    Eaudistillée....................................   180    id.
               ___

II.     Eaudistillée....................................    60 gram.
    Azotated’argent..............................         1    id.

Ces deux solutions ne doivent être mélangées qu’au moment de lesétendre sur l’épreuve, car elles se décomposent promptement.

L’image ne tarde pas à apparaître. Il faut agiter de temps en temps laplaque pour empêcher quelque dépôt de se fixer. Lorsqu’après un certaintemps l’épreuve a acquis l’intensité désirable, on la lave à grande eau.

L’emploi de l’acide gallique simple réclame encore une pose plusprolongée que l’acide pyrogallique.

Je n’ai jamais pu faire un portrait sur demi-plaque en moins de trenteà quarante secondes par le temps le plus favorable, quand je me servaisd’une solution saturée d’acide gallique à laquelle j’ajoutais unepetite quantité d’une solution faible d’azotate d’argent.

L’image tardait à apparaître, mais elle finissait par prendre beaucoupde vigueur sans avoir besoin d’être renforcée par de nouvel azotated’argent.

Les épreuves venues au moyen des acides gallique ou pyrogallique ontbeaucoup de finesse, mais elles se font attendre assez long-temps, etsouvent les parties vivement éclairées sont trop venues lorsque lesdétails dans l’ombre se montrent à peine, ce qui donne un dessin tropheurté.

Il en est tout autrement avec la solution ferrée qui fait apparaîtrepresque tous les détails à la fois, avec une exposition à la chambrenoire beaucoup plus courte.

M. Laborde a conseillé, dans ces derniers temps, pour la photographiesur papier, d’ajouter à la solution saturée d’acide gallique dont on sesert ordinairement, un peu de camphre. La présence de cette substancecontribue efficacement à la conservation des blancs de l’épreuvenégative. J’ai cru pouvoir l’employer pour le collodion, mais à peinecette solution était-elle versée sur la plaque que la couche sensibleétait noircie.

Le même effet s’est reproduit encore plus promptement et avec plusd’intensité pour une épreuve sur laquelle j’avais versé de l’acidegallique mêlé à une solution d’acétate de chaux. Cette liqueur, quiaccélère si vivement les épreuves sur papier et sur verre, surtout sielle est chauffée, a donné de suite une teinte d’encre à la couche decollodion sur laquelle je l’ai versée.


CHAPITRE VIII.

FIXATION DE L’ÉPREUVE NÉGATIVE.
___

Lorsque l’épreuve négative, arrivée à son point, a été lavée avec soin,il s’agit de la fixer pour qu’elle ne soit plus impressionnable auxrayons lumineux.

On peut se servir, pour arriver à ce résultat, d’une solution debromure de potassium, semblable à celle qui a été prescrite par M.Blanquart, pour les épreuves sur papier. Mais il me semble que l’emploide l’hyposulfite de soude a un effet plus prompt et plus certain.

La force de la solution d’hyposulfite de soude dans l’eau a peud’importance. Si on se sert d’une solution d’un gramme d’hyposulfitedans trente grammes d’eau, on devra laisser baigner l’épreuve au moinstrois à quatre minutes. Une solution au dixième, c’est-à-direrenfermant dix grammes d’hyposulfite dans cent grammes d’eau, nedemandera pas une immersion de plus d’une minute. On peut craindreseulement quelquefois que les demi-teintes ne soient un peu attaquées.On devra donc apprécier l’intensité de l’épreuve pour savoir jusqu’àquel point elle peut être dépouillée, et régler en conséquence le degréd’action de la solution d’hyposulfite.

On termine en lavant de nouveau l’épreuve ; il est même bon de lalaisser plongée quelque temps dans l’eau pour enlever complètementl’hyposulfite de soude. Puis, on la pose verticalement pour qu’ellepuisse s’égoutter et sécher.


CHAPITRE IX.

CONSOLIDATION DE L’ÉPREUVE.
___

La couche de collodion sur laquelle est tracée le dessin négatif estassez solide lorsqu’elle est bien sèche, pourtant elle pourrait setacher, s’érailler facilement, lors de la reproduction de l’épreuvepositive, si elle était fortement pressée, comme cela doit être, sur lepapier positif et surtout si celui-ci était humide ou que sa surface nefût pas très-lisse.

Pour prévenir ces sortes d’accidents on peut couvrir l’épreuve d’unenduit solide qui la garantit d’un contact dangereux.

La gomme arabique, dissoute à la dose de six grammes dans trentegrammes d’eau, me semble très-propre à former cet enduit protecteur.

Quand l’épreuve est parfaitement sèche, on peut la couvrir d’une couchede cette gomme au moyen d’un pinceau en blaireau très-doux, mais on aencore à redouter quelques stries, aussi je préfère beaucoup le procédésuivant :

Lorsque l’épreuve a reçu son dernier lavage ordinaire, je la faiségoutter, et, avant qu’elle ne soit sèche, je la place horizontalement; je verse ensuite dessus une couche de la solution de gomme dont jeviens de parler, après avoir eu soin de la passer dans un linge fin etd’enlever les bulles qui pourraient flotter à sa surface, au moyen d’unfragment de papier buvard. J’étends également, autant que possible,cette couche de gomme en penchant la plaque de glace dans tous lessens. Après un moment de repos, je renverse la gomme dans le vase quila contenait et je laisse la plaque dans une position inclinée pourqu’elle puisse s’égoutter et sécher à l’air libre dans un lieu à l’abride la poussière.

J’ai quelquefois réussi à sécher rapidement des épreuves en passant laglace au-dessus de la flamme d’une lampe à alcool, mais il y a bienmoins de danger à les laisser sécher naturellement, ce qui n’exigejamais beaucoup de temps.


CHAPITRE IX.

CONSOLIDATION DE L’ÉPREUVE.
___

La couche de collodion sur laquelle est tracée le dessin négatif estassez solide lorsqu’elle est bien sèche, pourtant elle pourrait setacher, s’érailler facilement, lors de la reproduction de l’épreuvepositive, si elle était fortement pressée, comme cela doit être, sur lepapier positif et surtout si celui-ci était humide ou que sa surface nefût pas très-lisse.

Pour prévenir ces sortes d’accidents on peut couvrir l’épreuve d’unenduit solide qui la garantit d’un contact dangereux.

La gomme arabique, dissoute à la dose de six grammes dans trentegrammes d’eau, me semble très-propre à former cet enduit protecteur.

Quand l’épreuve est parfaitement sèche, on peut la couvrir d’une couchede cette gomme au moyen d’un pinceau en blaireau très-doux, mais on aencore à redouter quelques stries, aussi je préfère beaucoup le procédésuivant :

Lorsque l’épreuve négative a reçu son dernier lavage ordinaire, je lefais égoutter, et, avant qu’elle ne soit sèche, je la placehorizontalement : je verse ensuite dessus une couche de la solution degomme dont je viens de parler, après avoir eu soin de la passer dans unlinge fin et d’enlever les bulles qui pourraient flotter à sa surface,au moyen d’un fragment de papier buvard. J’étends également, autant quepossible, cette couche de gomme en penchant la plaque de glace danstous les sens. Après un moment de repos, je renverse la gomme dans levase qui la contenait et je laisse la plaque dans une position inclinéepour qu’elle puisse s’égoutter et sécher à l’air libre dans un lieu àl’abri de la poussière.

J’ai quelquefois réussi à sécher rapidement des épreuves en passant laglace au-dessus de la flamme d’une lampe à alcool, mais il y a bienmoins de danger à les laisser sécher naturellement, ce qui n’exigejamais beaucoup de temps.


CHAPITRE X.

PRODUCTION DE L’IMAGE POSITIVE.
___

On se sert presqu’exclusivement, depuis quelque temps, de papieralbuminé pour l’impression  des images positives. Ce papierdonnedes épreuves d’une grande finesse et ayant des teintes de sépiatrès-agréables. Il est très-convenable pour les monuments et lespaysages, mais je crois que la couleur de ses dessins et l’aspectlustré, presque miroitant, de sa surface sont moins appropriés à lareproduction des portraits.

On m’a paru généralement préférer pour le portrait la couleur noire etle mat des papiers positifs préparés selon l’ancienne méthode de M.Blanquart-Evrard. Tous les photographistes savent que ce papier estd’abord placé pendant deux ou trois minutes sur un bain d’eau saléeainsi composé :

Eau de pluie.........................    100grammes.
Chlorure de sodium..............     10

Puis séché avec un papier buvard et, lorsqu’il ne montre plus de tachesluisantes d’humidité, étendu le côté salé en dessous sur une solutiond’azotate d’argent (eau distillée 30 grammes ; azotate d’argent 6grammes) où on le laisse flotter pendant près de cinq minutes. Cepapier séché et conservé à l’abri de la lumière est très-sensible, maisne peut être gardé quelques jours sans prendre une teinte grise plus oumoins foncée.

Voici un papier dont j’ai éprouvé de bons effets, surtout pour leportrait, il y a presque la finesse du papier albuminé sans avoir sonaspect luisant. Il présente aussi l’avantage de pouvoir subir àl’avance sa première préparation facilement et au grand jour. On legarde aussi long-temps qu’on le désire, se réservant de ne le passer aubain d’argent que lorsqu’on aura prévu en avoir besoin.

On prépare l’encollage suivant :

Eau de pluie......................    200grammes.
Chlorure de sodium...........       8
Tapioka de Groult..............      6

Deux ou trois grammes d’acide tartrique ou d’acide succinique peuventêtre ajoutés si l’on veut avoir des tons plus ou moins bistrés.

On peut remplacer avantageusement le chlorure de sodium parl’hydrochlorate d’ammoniaque.

On place ce mélange sur le feu ; quand le tapioka est dissout, on passele tout dans un linge, et au moyen d’un pinceau large et plat, dit queue-de-morue, on en enduit des feuilles de papier fort et bienblanc. Comme le pinceau laisserait quelques stries sur le papier, onles fait disparaître en effleurant légèrement la surface encollée avecun gros pinceau en blaireau que l’on promène rapidement en décrivantdes cercles rapprochés.

Lorsque ce papier est sec, on le conserve dans un portefeuille jusqu’àce qu’on le soumette au bain d’argent qui est le même que celui donnéci-contre.

Je n’ai pas eu l’intention de décrire dans cette brochure toutes lesopérations photographiques qui sont communes à tous les procédés. Je lerépète, ma publication ne convient bien qu’aux personnes déjà un peufamiliarisées avec la photographie. Autrement, il m’aurait falluentreprendre un volume entier, dire combien il est nécessaire d’avoirde bassines, d’entonnoirs et de flacons, donner la composition de tousles produits chimiques qui ont plus ou moins de rapport avec laphotographie. Je n’essaierai point de recommencer un travail fait déjàplusieurs fois.

Cependant, qu’il me soit permis, en parlant de la formation des imagespositives, de rappeler que j’ai présenté à la Société d’Encouragement,il y a près de trois ans, un châssis positif très-propre à ce genre dereproduction. Ce châssis qui, au moyen de ressorts à boudin ou de vis,presse le cliché contre le papier positif, est muni en arrière d’uneplanchette brisée à charnières, qui permet de suivre le progrès del’impression lumineuse en en soulevant alternativement une moitiépendant que l’autre reste pressée et fixée.

Peu de personnes savent à qui l’on doit cette invention dont je meservais depuis long-temps. On m’a même assuré qu’elle avait étébrevetée sous un autre nom que le mien. Je suis loin de m’en plaindre,je désire seulement que cet appareil devienne populaire, car il estd’une commodité incontestable.


CHAPITRE XI.

FIXATION DE L’ÉPREUVE POSITIVE.
___

Je n’ai rien de particulier à dire sur cette opération.

J’emploie pour fixer les positifs une solution d’hyposulfite au dixième(eau 100 grammes ; hyposulfite de soude 10). J’immerge mes épreuvesdans une bassine renfermant une certaine quantité de ce liquide, je lesy laisse toujours au moins deux heures et même beaucoup plus si je veuxdes tons noirs. Dans ce cas, il faut avoir poussé l’épreuve au soleilassez long-temps pour qu’elle ne se dépouille pas trop par un bainprolongé.

Je ne fais servir la solution contenue dans la bassine qu’une ou deuxfois au plus. Quand l’hyposulfite est vieux, il donne un ton jaunâtreaux épreuves qui, plus tard, sont souvent attaquées par le dépôt desoufre qui a pénétré le papier.

Au sortir de l’hyposulfite, je lave à plusieurs reprises, les épreuvesà grande eau et les laisse baigner dans une vaste bassine au moinspendant douze heures. Je cesse de les changer d’eau, quand celle oùelles ont séjourné n’a plus un goût doucereux, comme sucré. Souventencore je les soumets à un dernier lavage à l’eau presque bouillante.

Pour sécher enfin les épreuves, je les dispose sur un papier buvardplacé sur un plan incliné.

On leur donne un ton vigoureux remarquable en les approchant du feupour les dessécher complètement. Cet effet d’une chaleur vive sur lateinte des épreuves positives avait été signalé, il y a déjà quelquesannées, par M. Guillot-Saguez.

On a prétendu que les procédés au moyen du collodion étaient tropdispendieux pour devenir d’un usage habituel. Ce reproche est loind’être fondé, car le coton-poudre et l’éther sulfurique ne sont pas dessubstances d’un prix très-élevé, et les solutions d’argent que l’onemploie renferment moins d’azotate d’argent qu’aucune de celles queréclament les autres procédés sur papier et sur verre.

La grande sensibilité du collodion a été aussi mise en doute. Si l’onveut bien essayer le procédé dont j’ai décrit les diverses opérations,employer surtout l’iodure d’argent et l’iodure de fer, faire apparaîtrepar le protosulfate de fer, je crois qu’il ne sera plus permis dedouter.

Pour une vue au soleil, par un beau jour d’été, je puis avancer, sansexagération, qu’une épreuve, sur collodion préparé ainsi que je l’aidit, deviendra difficile si on n’a pas un moyen mécanique pour ouvriret fermer assez rapidement l’obturateur de l’objectif.

J’espère n’avoir rien oublié de ce qui peut être utile à observer dansles opérations du collodion, de ce procédé photographique dont laconnaissance est encore trop peu répandue pour oser dire qu’on saittout le parti qu’on en pourra tirer. Les Anglais qui le pratiquent avecsuccès depuis sa découverte, doivent être plus avancés que nous dansses perfectionnements. Je ne crois pas cependant qu’ils aient obtenudes préparations aussi sensibles que celle que j’ai trouvée et que jesuis heureux de faire connaître.

Dans l’intention que j’ai de ne rien omettre de ce qui peut avoirquelques rapports avec le procédé du collodion, je vais donnerci-contre, dans l’Appendice, comme je l’ai annoncé en commençant, latraduction de ce qui a été publié en Angleterre sur ce sujet.

__________________________

APPENDICE.

I.

IMAGES STÉRÉOSCOPIQUES.
___

Au moyen du collodion, il est très-facile d’exécuter, pour lestéréoscope, les tableaux à double image qui produisent des effets simerveilleux.

Le stéréoscope, cet instrument étonnant, inventé par P. Wheatstone, apour but de faire coïncider deux images d’un même objet, tel qu’on ledessine en le regardant d’abord d’un oeil, puis de l’autre, de tellesorte que l’observateur, recevant l’impression simultanée des pointssaillants et des creux de l’objet, croit le voir en relief.

Ainsi en se servant d’un multiplicateur à deux images, ayant entreelles la distance convenable, on aura une première image, puis,déplaçant un peu latéralement la chambre noire, sans changer ni sadistance ni son foyer, on obtiendra sur la seconde case dumultiplicateur une autre vue du même objet.

L’épreuve que donnera le cliché obtenu par ce double effet, soumise austéréoscope, présentera l’image avec un relief étonnant.

Des dessins stéréoscopiques positifs, de vues d’intérieur, tellesqu’une église, le Palais de Cristal de Londres, etc., reproduits surverre et examinés par transparence, donnent un spectacle vraimentmagique.

II.

RÈGLES A SUIVRE

Dans l’emploi du collodion préparé par M. ARCHER, pour
obtenir des épreuves positives et négatives instantanées.
___

Extrait d’une communication de M. Horne à M. Robert Hunt et publié dans le Art Journal, juillet 1851.- N° 157.

Le collodion, comme tout le monde le sait, est une solution decoton-poudre dans l’éther et qui, pour la préparation dont il s’agit,contient une petite quantité d’iodure d’argent, dissous dans l’iodurede potassium. Cette solution est suffisamment fluide pour coulerlibrement sur une plaque de glace quand elle est versée dessus. Ondevra ajouter de l’éther jusqu’à ce qu’on soit arrivé à cettecondition. Si le collodion était trop épais, on éprouverait une grandedifficulté à obtenir une couche égale. Mais quand il a la consistanceconvenable on peut en enduire des plaques de toutes grandeurs.

La méthode que j’ai adoptée avec un grand succès est celle-ci :

Prenez un morceau de glace plane, de la taille du châssis de votrechambre noire ; après l’avoir bien lavé et essuyé, de manière qu’ilsoit complètement sec, tenez-le par un des angles, ou, s’il est grand,posez-le sur un support à niveau ; versez sur le centre de la plaqueune assez grande quantité de collodion préparé qui ne tardera pas às’étendre également sur sa surface. Aussitôt, renversez la liqueur dansla bouteille par un des angles, puis abaissant la main qui tenait laplaque élevée, de manière à ce que le liquide coule par le bordinférieur, sans quitter le goulot du flacon, les rides qui avaient puse montrer sont contrariées par d’autres stries de sorte que la surfacede la couche deviendra plane et unie. Un peu de pratique fera bientôtobtenir ce résultat. Alors la plaque, avant que l’éther soitentièrement évaporé, est immédiatement plongée dans un bain de nitrated’argent de trente grains pour une once d’eau distillée, jusqu’à ce quel’aspect gras, qui se remarque au moment de l’immersion, ait disparu,et que la solution d’argent coule librement sur la surface ducollodion. La plaque doit maintenant, étant encore humide, être placéedans la chambre noire pour recevoir l’image. Le temps de l’expositionvarie naturellement avec la lumière, mais pour un portrait, et avec unelentille d’une vitesse modérée, il faudra de trois à trente secondes.M. P.-W. Fry, qui le premier a employé le collodion, a obtenu de beauxportraits en plaçant son sujet en plein air et en ouvrant l’obturateurde la lentille et le refermant aussi vite que possible.

L’agent, pour développer l’image, est l’acide pyrogallique qui a étérecommandé par M. Archer. J’ai entendu dire que le protonitrate de ferproduisait le même effet.

La solution d’acide pyrogallique doit être faite comme il suit :

Acide pyrogallique....................    3grains.
Acide acétique cristallisable.....      1drachme.
Eaudistillée..............................     1once.

La plaque, au sortir de la chambre noire, doit être posée, la couchesensible en-dessus, sur un support à niveau. On la couvrira d’unesuffisante quantité de la solution ci-dessus, et l’image ne tardera pasà se développer.

On pourra, au besoin, agiter un peu la plaque pour éviter les dépôtsqui pourraient la tacher.

Quand le temps est sombre, quelques gouttes d’une solution de nitrated’argent cinq grains par once d’eau, peuvent être ajoutées à l’acidepyrogallique, avant de verser la solution sur la plaque, mais par untemps clair, l’image se développera suffisamment avec l’acidepyrogallique seul.

Le développement peut être jugé en plaçant, de temps en temps, unmorceau de papier blanc sous la plaque, et aussitôt qu’on trouveral’épreuve assez intense, la solution doit être renversée et la plaquelavée au moyen d’un léger courant d’eau. On étendra ensuite sur lasurface une solution saturée d’hyposulfite de soude, qui détruira àl’instant l’iodure non décomposé et fixera l’image. On versera denouveau de l’eau pour débarrasser la plaque de l’hyposulfite etl’épreuve sera terminée.

Dans cet état, l’épreuve est plus ou moins négative par transparence,ou positive par réflexion de la lumière. J’ai trouvé qu’on peut avoirdes épreuves très-belles et très-positives par la simple addition d’unepetite quantité d’acide nitrique à la solution d’acide pyrogallique,mais il faut prendre garde d’en ajouter trop. J’ai aussi obtenu desépreuves pourpres et vertes, les premières par l’addition d’acétate deplomb, les secondes avec l’acétate de chaux et l’acide galliqueordinaire. Les clichés ainsi exécutés peuvent être traités comme lesnégatifs et reproduits par les méthodes employées pour obtenir desimages positives de papiers négatifs.

III.

PERFECTIONNEMENTS
Apportés au procédé du collodion par son inventeur,
M. ARCHER.

(Athenæum, 29 novembre 1851).

Je m’empresse de communiquer aux personnes qui s’occupent de la méthodephotographique au moyen du collodion, un perfectionnement dans lamanipulation que je crois propre à faciliter considérablement ceprocédé.

Il consiste à se servir d’une cuvette verticale en glace pour contenirla solution de nitrate d’argent. Je vais m’efforcer d’expliquer, enaussi peu de mots que possible, l’usage de cet appareil. C’est danscette cuvette, remplie aux trois quarts de la solution de nitrated’argent ordinairement employée, qu’on plonge la plaque de verrepréparée aussitôt qu’elle est couverte de la couche de collodion. Letout est alors placé dans la situation convenable dans la chambrenoire, le foyer ayant été réglé à l’avance. La lumière agit alors surla couche sensible tandis qu’elle est plongée dans le bain de nitrated’argent. Par ce moyen, on conserve une grande propreté dans lamanipulation et on obtient des images d’une délicatesse infinie. J’aiemployé cet appareil l’été dernier et pendant l’automne, et quelquesamis, à mon instigation, l’ont adopté avec un grand succès.

Cette cuvette est faite avec deux morceaux de glace bien planes, soudéspar leurs bords latéraux et inférieurs, plus rapprochés au fond demanière à offrir un bain en forme de coin. Le sommet présente uneouverture de trois huitièmes de pouce, tandis que le fond n’a qu’unhuitième. Cette cuvette est fixée dans un châssis en bois et elle a uncouvercle fermant hermétiquement afin qu’il ne puisse tomber depoussière dans la solution.
          
FRÉDÉRICK SCOTT ARCHER.

IV.

NOUVELLE COMMUNICATION
de M. ARCHER.

(Athenæum, 20 décembre 1851).

Depuis que vous avez publié ma courte communication sur l’usage d’unbain pour le procédé photographique au moyen du collodion, on m’aadressé un certain nombre de questions sur divers points de lamanipulation. J’aurais le désir de répondre par la voie de votreestimable journal, et je désirerais communiquer, en même temps, uneméthode pour blanchir et noircir les épreuves obtenues par lecollodion, espérant que cela pourra présenter quelque intérêt. Je vaisd’abord décrire le moyen de blanchir les épreuves, puis j’ajouterai unpetit nombre de remarques sur la manipulation en général.

L’épreuve étant lavée à grande eau, après avoir été fixée àl’hyposulfite de soude, est traitée de la manière suivante :

Préparez une solution saturée de bichlorure de mercure dans l’acidemuriatique. Ajoutez une partie de cette solution à six parties d’eau etversez une petite quantité de ce liquide sur un coin de la plaque, demanière à la couvrir d’une couche égale. Les tons de l’épreuve prennentimmédiatement une grande vigueur et l’image positive disparaît presqueentièrement. Mais l’épreuve ne tarde pas à pâlir et à présenter undessin blanc d’une grande délicatesse.

Le caractère négatif du dessin est bientôt détruit et il resteseulement une image blanche positive. Cette épreuve, après avoir étélavée et séchée, peut être vernie et conservée comme positive.Néanmoins, malgré cette blancheur, l’épreuve peut être changée en unenégative plus vigoureuse et plus noire qu’auparavant, en la plongeant,après l’avoir lavée, dans une faible solution d’hyposulfite de soude.En peu de temps l’image blanche a disparu et elle a été remplacée parune négative noire.

Il est très-singulier qu’une épreuve blanche positive puisse deveniralternativement, et plusieurs fois, une épreuve noire négative, prenantun ton de plus en plus intense. Par ce procédé on peut obtenir uneimage parfaitement blanche ou une négative noire, épreuves tout-à-faitdistinctes l’une de l’autre.

Ce que je recommanderai le plus particulièrement dans la manipulationde ce procédé, c’est une extrême propreté. Si l’on néglige ce pointessentiel, il est impossible d’obtenir un bon résultat. Un linge biensec est très-convenable pour achever de nettoyer les glaces, pour leurdonner le dernier poli. Il faut avoir bien soin que les linges dont onse sert n’aient reçu aucune tache d’hyposulfite, car cette substanceforme avec l’argent une combinaison gommeuse très-difficile àenlever, soit sur le linge, soit sur le verre. Je recommande aussifortement que la glace dont on fait usage soit plus longue d’un pouceque le dessin pour avoir un point par où les doigts puissent la tenirpendant les opérations. La disposition striée que prend la couche decollodion en séchant, peut être évitée en balançant, en avant et enarrière, la glace tenue verticalement, pendant qu’elle s’égoutte,au-dessus de la bouteille et ayant soin que l’angle inférieur restedans le goulot.

La solution d’argent doit être filtrée ; avec cette précaution, on peutse dispenser de la mettre à l’abri de la lumière. Il n’est pasnécessaire d’ajouter d’iodure d’argent quand elle contient trentegrains d’azotate d’argent pour une once d’eau.

Quand la couche de collodion est étendue sur le verre, on la laisseseulement sécher à l’air quelques secondes avant de la mettre dans lebain d’argent, où il faut qu’elle reste plongée au moins une minute,autrement elle serait sillonnée et tachée.

On augmente l’énergie de l’acide pyrogallique en y ajoutant une petitequantité d’une solution de protosulfate de fer, environ trois gouttespar once.

On peut fixer l’image avec une solution faible d’iodure de potassiumqui enlève l’iodure d’argent non décomposé, ou bien encore avec unesolution saturée de chlorure de sodium.

J’aurais désiré donner à ce procédé un nom qui indiquât les changementsparticuliers dont j’ai parlé plus haut. M. Talbot, en décrivant sonnouveau procédé, emploie le mot « Amphitype » pour désigner la naturedes images ; mais un mot qui peut se traduire par « Ambigu » ne peutconvenir aux épreuves faites par le collodion, car il est impossible dese méprendre sur le caractère distinctif de ces dessins positifs ounégatifs. La troisième espèce d’images que mentionne M. Talbot peutêtre aussi obtenue avec le collodion, si on arrête l’opération à untemps donné.

Pour obtenir les changements que j’ai décrits avec le collodion, ilfaut que celui-ci soit dans les meilleures conditions, surtout quand onopère en plein air. Ce procédé est inestimable pour faire rapidementdes vues d’après nature. Avec la chambre noire que j’ai appropriée àcet usage, on peut seul, sans aide, dans une excursion d’un jour,rapporter une ou deux douzaines de vues, avec seulement un ou deuxmorceaux de glace, ce qui évite beaucoup de poids et diminue lesinconvénients.
                    
FRÉDÉRICKSCOTT ARCHER.

V.

EMPLOI DE LA GUTTA PERCHAEN PHOTOGRAPHIE.

(Athenæum, 27 décembre 1851).

A la dernière réunion du club photographique, M. Fry a présenté decharmants dessins sur verre, obtenus avec une combinaison de guttapercha et de collodion. On ajoute au collodion ordinaire, formé d’unesolution de coton-poudre dans l’éther, une petite quantité de guttapercha qui s’y dissout promptement.

Ce liquide est employé selon le procédé ordinaire sur verre et on faitapparaître l’image par l’acide phyrogallique. On peut juger de lasensibilité extraordinaire de cette préparation par le fait suivant :Une épreuve positive a été obtenue d’un cliché négatif en cinqsecondes, à la lumière du gaz. La couche étendue sur verre est beaucoupplus adhérente que celles formées par le collodion ordinaire ou parl’albumine. Nous devons donc attendre de grands avantages de ladécouverte de M. Fry.

VI.

REMARQUES DE M. HUNT.

(Athenæum, 3 janvier 1852).

Dans votre numéro du 20 décembre dernier, M. Archer a communiqué unrésultat très-intéressant qu’il a obtenu, par l’emploi du bichlorure demercure, sur des épreuves photographiques préparées avec le collodion.Les dessins perfectionnés de M. Archer sont d’une grande beauté, et sacommunication est d’autant plus importante qu’elle appelle l’attentionsur les effets curieux que déterminent l’action du bichlorure demercure.

Le but de la lettre que je vous adresse est de rappeler à vos lecteursqu’en 1840 je découvris cette propriété remarquable, et que je la fisconnaître dans un mémoire inséré dans les Philosophical Transactions,et ainsi intitulé : De l’influence de l’iode pour rendre quelquescomposés argentifères, étendus sur le papier, sensibles à la lumière,et d’une nouvelle méthode de produire des images photographiques d’unegrande netteté.

J’extrais de ce mémoire les passages suivants : Je dois maintenantappeler l’attention sur un phénomène des plus remarquables, qui ouvreun vaste champ aux recherches. La manière extraordinaire dont la vapeurde mercure agit sur les plaques métalliques a donné lieu à beaucoupd’études et de théories, et cependant ce fait me semble beaucoup moinscurieux que la découverte suivante :

« Si une feuille de papier préparée avec le sulfure et le chlorured’argent est plongée dans une solution de bichlorure de mercure, aprèsavoir été exposée aux vapeurs mercurielles, le dessin disparaît, mais,après quelques minutes, on le voit, comme par magie, se développer peuà peu et devenir plus beau et plus blanc qu’auparavant. Des traitsdélicats, d’abord invisibles ou à peine indiqués, se montrenttrès-distincts et avec une rare perfection de détails. »

On voit par là que le résultat est en tout le même que celui obtenu parM. Archer. Cette découverte est aussi décrite dans mes Recherches surla Lumière, p. 91 et suivantes. L’action de l’hyposulfite de soude,changeant les effets produits par le sublimé corrosif, a été aussiindiquée par moi ; mais cette observation avait été déjà faite par sirJohn Herschel au commencement de la même année.

Je n’ai point le désir d’attaquer le mérite de M. Archer, qui poursuitavec intelligence ce sujet plein d’intérêt et qui rend de grandsservices à l’art photographique. Je désire cependant, conserver mesdroits sur le petit nombre de découvertes que j’ai faites. Elles sontma seule récompense pour beaucoup de travaux et d’études.
                       
ROBERT HUNT.

VII.

NOTE DE M. FRY ET RÉPONSE DE M. ARCHER

(Athenæum, 17 janvier 1852).

M. Fry, à l’occasion de quelques observations qui avaient été faitessur son mélange de gutta percha et de collodion, dit : « Quoique lagutta percha ne se dissolve pas promptement dans le collodion, il y ena assez de combiné dans le procédé en question pour donner à la couchesensible une solidité telle qu’on puisse en dessécher la surface avecun papier buvard de manière à tirer une image positive du négatif, enmoins de cinq secondes, à la lumière du gaz. Que l’on renferme soncollodion préparé pendant un jour ou deux dans une bouteille de guttaet l’on se convaincra que cette substance est légèrement soluble dansle collodion. »

M. Archer répond à la réclamation de M. Hunt touchant ses expériencesau moyen du sublimé corrosif étendu sur les papiers photographiques :

« Je suis loin, dit-il, de chercher à diminuer le mérite des recherchesphotographiques de M. Hunt ; je serais, au contraire, le premier à lereconnaître, mais, dans le cas présent, qu’il me soit permis de direqu’avant samedi dernier, j’ignorais qu’un mémoire sur ce sujet eût étéinséré dans les Philosophical transactions, et toutes mes expériencesont eu lieu sans en avoir connaissance. Mes premiers essais avec lesublimé corrosif étendu sur le collodion furent négligés ; je lesregardais comme des insuccès, non parce que les images blanchissaient,mais à cause de l’effet noircissant produit par le sel au commencementde son action. Ce premier effet du bichlorure de mercure sur le papieret sur le collodion est tout-à-fait différent. Sur le premier, l’imageest entièrement effacée ; sur l’autre, le dessin négatif prend beaucoupde ton, et cette propriété est précieuse pour renforcer une épreuvenégative qui est trop faible, en arrêtant son action dès le premiermoment. »

VIII.

LE PROCÉDÉ DU COLLODION,
Par Robert J. BINGHAM, Londres, mars 1852.

(Brochure publiée comme supplément à la première partie de l’ouvrage « Photogenic Manipulation » du même auteur).

Dans la septième édition de Photogenic Manipulation, le collodion estmentionné, parmi d’autres substances, comme ayant été employé parl’auteur à former une couche adhérente sur une plaque de glace, pour yrecevoir une couche sensible avec l’iodure d’argent. – Il (M. Bingham)fit plusieurs expériences sur cette substance, en collaboration avec M.Cundell. Mais ces opérateurs employaient, pour le développement desimages, de simple acide gallique, au lieu du pyrogallique dont M.Archer s’est servi plus tard, ils ne purent découvrir cette sensibilitéqui depuis a donné une si grande supériorité au collodion pour leportrait.

Scheele est le premier qui ait produit l’acide pyrogallique par lasublimation des noix de galles ; il était alors considéré commeidentique avec l’acide gallique. On peut l’obtenir, en chauffant del’acide gallique dans une petite cornue placée dans un bain d’huileélevé à une température de 410° à 420° F. Sa préparation demandebeaucoup de soins et à ce sujet nous renvoyons aux excellents travauxdu docteur Stenhouse, publiés dans les Mémoires de la Société Chimique,en 1842. Nous ne savons pas qui le premier a appliqué à la photographiel’acide pyrogallique.

La préparation, appelée avec raison Collodion ioduré, se trouvemaintenant dans le commerce, et ce moyen épargne beaucoup de temps etvient au secours de l’inexpérience. Cependant nous donnons son mode depréparation pour les personnes qui veulent en faire elles-mêmes, ou quine sont pas à portée de s’en procurer.

Le collodion étant lui-même obtenu du coton-poudre, nous donnons lemoyen de préparer cette substance extraordinaire, découverte par le DrSchoenbein.

Prenez du coton bien préparé, tel que celui dont on se sert pour polirles plaques de Daguerréotype et plongez-le dans un mélange faitd’avance avec égales parties, en poids, d’acide nitrique S. g. 1-45, etd’acide sulfurique S. g. 1-845 ; laissez-le dans ce bain environ troisou quatre minutes, puis portez-le dans un vase de grande contenance ouvous le laverez à grande eau jusqu’à ce qu’il ne renferme plus de traced’acide. Il doit être passé en dernier lieu dans l’eau distillée, puisdesséché au papier buvard et par une douce chaleur ne dépassant pas212° F. A une once de coton-poudre ajoutez sept onces d’éthersulfurique. Quand la solution est complète et que l’éther paraîtsaturé, on en tirera la partie fluide en passant au travers d’un linge.C’est là le collodion, solution très-mucilagineuse  qui seraittrop épaisse pour être étendue sur un morceau de verre et qu’on doitétendre avec un volume égal d’éther.

On dissout 160 grains de nitrate d’argent cristallisé dans quatre oncesd’eau, et 166 grains d’iodure de potassium dans deux onces d’eau. Enajoutant la solution de l’iodure de potassium à celle d’argent, il seforme un précipité qui est de l’iodure d’argent. On le lave à plusieursreprises et on le dissout ensuite à saturation dans une solutionsaturée d’iodure de potassium. Cette solution, qui contient un seldouble d’iodure d’argent et d’iodure de potassium, est ajoutée aucollodion, jusqu’à ce qu’il se trouble, ce qui annonce qu’il enrenferme assez. Le collodion ioduré est alors complet, il fautseulement le laisser reposer jusqu’à ce qu’il soit devenu clair ettransparent. Il doit être d’un jaune paille léger ; s’il était plusfoncé, cela annoncerait la présence d’un acide dans l’éther ou dans lecoton-poudre.

........................................... (Suivent des détailsconcernant la préparation des glaces, aidés de trois ou quatre gravuresmontrant la manière d’étendre le collodion, de plonger la plaque dansle nitrate d’argent, etc. Ces détails ne diffèrent en rien de ceux quej’ai donnés à ce sujet).

..........................En retirant la plaque de la chambre noire,l’image n’est pas visible. Voici le moyen de la faire apparaître avecla solution suivante :

Acidepyrogallique..........................    3grains
Acide acétique cristallisable...........   1 drachme.
Eaudistillée....................................   1 once.

La plaque de glace est placée horizontalement sur un support à niveaudisposé dans une bassine de verre ou de porcelaine, on verse à sasurface la solution destinée à faire apparaître l’image. Par un tempssombre, on ajoute une goutte ou deux d’une solution de nitrate d’argentde trente grains pour une once d’eau. L’image se développe promptementet dès qu’elle est suffisamment venue, on jette l’acide pyrogallique eton lave la plaque dans l’eau. On traite ensuite l’épreuve par unesolution saturée d’hyposulfite de soude,etc.........................................................................................................
.................................................................................................................................................................

Ces clichés sur collodion sont plus ou moins négatifs par transparenceet positifs par réflexion. Ce dernier effet est surtout augmenté parl’addition d’une très-petite quantité d’acidenitrique....................

Nous décrirons maintenant quelques modifications qui ont été apportées,de temps en temps, à ce procédé par divers amateurs. Au lieu d’acidepyrogallique, on a employé les protonitrate et sulfate de fer.

Dans le numéro de décembre du Practical Mechanic’s Journal, on aprésenté la modification suivante au procédé du collodion. L’auteur del’article prétend que l’iodure d’argent n’est point indispensable etque l’addition de l’iodure de potassium seul, suffit pour donner, parl’immersion dans le nitrate d’argent, la couche d’iodure d’argentnécessaire.

Pour préparer le coton-poudre, le salpêtre est recommandé au lieu del’acide nitrique. Des volumes égaux d’acide sulfurique et de salpêtre,forment un mélange convenable dans lequel le coton est plongé sept ouhuit minutes.  .............................................Oniodure ainsi le collodion :

A de l’éther sulfurique bien pur, ajoutez environ un huitième de sonvolume d’alcool, et un peu d’iodure de potassium (quatre à cinq grainspar once), puis mettez-y le coton-poudre, agitez le tout et laissezreposer.

Le mélange d’alcool paraît être nécessaire au collodion ainsi préparé,car on reconnaît, si on a employé de l’éther pur, que la couchesensible est nulle ou presque nulle au moment de l’immersion dans lenitrate d’argent. D’un autre côté, on doit remarquer que l’alcoolajouté en trop grande quantité rend la couche opaque et peu pénétrableà la lumière. Ainsi, si la lumière a eu un peu trop d’action, il estimpossible d’avoir une épreuve vigoureuse.

A cause de la difficulté d’obtenir de l’éther pur (il renferme presquetoujours une portion d’alcool), j’ai été obligé d’adopter la méthodesuivante pour préparer le collodion ioduré : J’ajoute cinq ou sixgrains d’iodure de potassium à une once d’éther ; j’agite, et aprèsquelque temps de repos, je décante l’éther ioduré et j’y dissous laquantité de coton-poudre nécessaire. Je prépare en outre une solutiond’iodure de potassium dans l’alcool et j’en mêle une portion aucollodion ioduré jusqu’à ce que la couche, plongée dans le nitrated’argent, ait un aspect d’un blanc de lait ; par ce moyen je puismodifier mon collodion à volonté jusqu’à ce qu’il me donne une coucheconvenable.

Une autre modification consiste dans la préparation propre à développerl’image. On sait que l’on recommande l’acide pyrogallique pour cetteopération, avec une addition d’acide acétique pour préserver les blancsnon impressionnés par la lumière de l’action de l’acide pyrogallique.Cet effet est aussi produit par les autres acides. Je n’ai jamais puobtenir des blancs purs ; cette raison m’a porté à essayer l’action dedivers autres acides et j’ai trouvé que l’acide nitrique remplissait lemieux le but que je me proposais. On éprouve une difficulté assezgrande à établir les proportions des deux acides, ce qui m’a engagé àme servir d’un agent bien connu, le sulfate de fer, et le résultat quej’ai obtenu par ce moyen a été tout-à-fait satisfaisant. Lesproportions relatives semblent beaucoup moins importantes et avec peude précautions on forme un mélange très-propre au développement del’image. Je donne ici les doses dont j’ai usé avec succès :

Sulfate de fer........................    12grains.
Acide nitrique.......................     1 ou 2 gouttes.
Eau.......................................    1 once.

Si, par suite du degré de force, souvent incertain, de l’acidenitrique, le sulfate de fer attaquait les teintes sombres de l’image,ce danger serait évité par l’addition d’un peu plus d’acide.

IX.

ÉPREUVES POSITIVES SUR VERRE
PAR LE COLLODION.
___

(Extrait de l’ouvrage A Guide to Photography, par M. Thornthwaite. Londres. Mai 1852.)

Le petit volume cité ci-dessus, de M. Thornthwaite, ne contient rien debien particulier sur l’emploi du collodion. Nous n’y avons remarquéqu’un moyen très-simple d’obtenir des épreuves positives.

« Des images positives d’une grande beauté sont produites, si lemélange d’acide pyrogallique et d’acide acétique employé ordinairement,est étendu d’un volume égal d’eau distillée à laquelle on ajoute unepetite quantité d’acide nitrique concentré, environ trois gouttes pourdeux drachmes de l’acide pyrogallique étendu. Quand l’épreuve a étéfixée par l’hyposulfite, lavée et séchée, on doit l’enduire avecquelque vernis qui protège l’image et lui donne plus d’effet, et mettreen dessous une couche d’un vernis noir du Japon. »

X.

NOUVELLES INSTRUCTIONS DE M. ARCHER,

Tirées de son MANUEL OF THE COLLODION PHOTOGRAPHIC PROCESS ; by
Fred. Scott Archer. London ; march 1852.


L’auteur de cette récente brochure, M. Archer, a bien voulu, avec uneobligeance dont je suis très-reconnaissant, me permettre d’extraire desa publication les passages que je jugerais propres à intéresser meslecteurs. Les extraits que je pourrai faire ne seront pas aussi étendusqu’ils devraient l’être, car M. Archer rappelle, dans son travail, lesinstructions qu’il a données précédemment et que j’ai fait connaître engrande partie.

Il ne prescrit point de doses déterminées pour la composition decollodion, dont il reconnaît que la densité ne peut être appréciée quepar des essais. Il en est de même quant à la quantité d’iodure d’argentque doit renfermer le collodion. Elle sera d’autant plus grande quecelui-ci aura plus d’alcool dans sa composition. Ce qui contribuera àlui ôter en même temps de sa consistance.

On a publié diverses modifications du procédé de M. Archer pour lapréparation du collodion avec l’iodure d’argent mais elles en diffèrentpeu et n’offrent pas d’avantages bien certains.

« Une petite quantité de bromure ou de fluorure de potassium, oud’acide arsénieux, peut être ajoutée à la solution. Toutefois cessubstances ne donnent pas une grande accélération.

On peut employer, avec avantage, une solution plus forte de nitrated’argent, la préparation aura plus de sensibilité. Mais ce liquideopérerait la dissolution de l’iodure d’argent renfermé dans la couchesensible si l’on avait pas eu soin de faire dissoudre préalablement unepetite quantité d’iodure d’argent dans ce bain. » Manual, p. 22.

M. Archer emploie l’acide pyrogallique pour faire apparaître lesimages. Cependant, il annonce que le protonitrate de fer produit lemême résultat. Il a reconnu, par des expériences récentes, qu’unmélange de protonitrate de fer et de protosulfate de fer donnait lasolution la plus avantageuse. Mais comme elle se décompose facilement,il faut la préparer immédiatement avant l’opération.

Voici le procédé le plus simple :

Dissolvez 40 grains de nitrate de baryte dans une once d’eau ; puisajoutez 50 grains de protosulfate de fer pulvérisé. Quand ce sel seradissous, le sulfate de baryte se précipitera, et le liquide, devenuclair, sera prêt à servir. Ce sera une solution de protonitrate de fer,avec une petite quantité de sulfate de fer, à laquelle on devra ajouterun demi drachme d’acide acétique par once de liquide.

M. Archer décrit avec beaucoup de détails une chambre obscure de soninvention, au moyen de laquelle on peut faire des épreuves en pleinair. C’est une boîte munie d’un objectif, assez grande pour que lesmains, s’y introduisant par deux ouvertures garnies de deux bouts demanche en caoutchouc serrant les poignets, puissent, à l’abri de lalumière, exécuter les diverses manipulations qu’exigent la préparationet l’apparition des épreuves.

Sans vouloir discuter la commodité d’un tel appareil, nous feronsremarquer que M. Laborde a inventé, il y a plusieurs années, une boîteanalogue dont M. de Valicourt a donné la description dans son Manuelde Photographie, page 331.

M. Archer propose aussi pour les excursions un moyen d’éviter letransport d’une grande quantité de glaces. En employant un collodionassez consistant pour qu’il se détache facilement de la plaque deglace, on peut, lorsque l’épreuve est fixée, appliquer sur la couchesensible une feuille de papier humide, puis, détachant au moyen d’unelame de glace le bord du collodion, on roule le dessin avec le papiersur une baguette de verre que l’on retire ensuite. Les dessins, ainsiroulés et gardés dans une boîte, peuvent être développés et étendusplus tard. Par ce procédé, une ou deux glaces suffisent pour rapporterd’une excursion, un grand nombre de dessins.

Toutefois, dans sa conclusion, M. Archer, en rappelant ce procédé qu’ilregarde comme utile surtout aux artistes qui veulent avoir rapidementet facilement des esquisses d’après nature, ajoute : qu’il esttout-à-fait inutile de pratiquer cette manipulation difficile, quand ona des glaces ou que l’on peut facilement s’en procurer.

_________________

Dans le moment où l’impression de cette brochure allait être terminée,M. Bayard, si connu par ses découvertes photographiques et par sesbelles épreuves, nous a fait part d’un procédé accélérateur surcollodion. Grâce à son obligeance nous pouvons donner quelques détailssur cette importante modification.

Lorsque la glace, chargée de collodion, au sortir du bain d’azotated’agent, est bien égouttée, M. Bayard fait couler rapidement surl’enduit sensible une couche mince du mélange des liquides suivants :

I.    Acidepyrogallique......................       1gramme
    Eaudistillée................................     1000    id.
    Acide acétiquecristallisable.......      30    id.


II.    Azotated’argent.........................      3    id.
    Eaudistillée................................         45    id.
   Alcool..........................................         15    id.

On mêle, au moment de l’opération, une partie de la première solutionavec deux parties de la seconde. Après ce léger lavage on expose à lachambre obscure pendant un petit nombre de secondes et on termineensuite l’apparition, déjà commencée, en versant sur la plaque lapremière solution.