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DEVILLE, Etienne(1878-1944) : Apropos d’une gravure de Chastillon faussement intitulée « N.-D. deLisieux » (1925).

Saisie du texte et numérisation : O. Bogros pour la collectionélectroniquede la Médiathèque André Malraux deLisieux (07.X.2006)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusionlibre et gratuite (freeware)
Orthographe etgraphie conservées.
Article paru dans le Journal de Rouen du31 mars 1925. Texte établi sur les exemplaires (journal + gravure)de la médiathèque (BmLx : ms 117 ; XV1). 

A propos d’une gravure deChastillon faussement intitulée « N.-D. de Lisieux »
par
Etienne Deville

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Quelquescollectionneurs lexoviens conservent dans leurs cartons une curieusegravure dont la légende seule justifie la présence dans leurcollection. Elle porte en effet, dans sa partie supérieure : « Lamagnifique et excellente chapelle de Notre-Dame de Lisieux en Normandiepar Chastillon 1615. »  Cette gravure figure dans la Topographie françoise,de Claude Chastillon et autres, publiée en1648 par Jean Boisseau.

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Unsimple examen de cettepièce permet tout de suite de constater une singulière méprised’attribution. D’ailleurs, les topographes de cette époque ont été,plus d’une fois, pris en flagrant délit d’inexactitude.

Lagravure en question n’a jamais représentée la chapelle Notre-Dame de lacathédrale de Lisieux, bâtie comme on le sait, par Pierre Cauchon. Lelarge bâtiment carré supportant une tour octogone, n’a rien quirappelle notre cathédrale Saint-Pierre, et la chapelle même, formantabside à cette bizarre construction ne comporte que deux travers, alorsque la chapelle Notre-Dame de Lisieux en compte trois. L’assiette mêmedu monument au pied d’une montagne, n’évoque nullement Lisieux.

Cettegravure, au point de vue iconographique, ne saurait être plus longumentdiscutée, d’autant que certains tirages de cette planche porte commelégende « Notre-Dame d’Ecouis.»

Là encore, l’erreurest flagrante, N.-D. d’Ecouis, qui existe encore, n’a pas un seul pointcommun avec l’édifice d’aspect inusité dont Chastillon a reproduitl’image.

Dans une intéressante brochure, publiée en1909, par le regretté Louis Régnier, se trouve la clef de l’énigme.Commentant les dons faits par les rois Charles VII, Louis XI et CharlesVIII pour la reconstruction  des églises de N.-D. de Pontoise,N.-D. de Montfort et de N.-D. de Cléry, le savant archéologue,s’appuyant sur une description de la chapelle de Montfort, publiée dansle Dictionnairegéographique et historique de Thomas Corneille, n’hésitepas à voir dans la gravure de Chastillon la reproduction de la chapelleNotre-Dame de Montfort-sur-Risle, construite à la fin du XVe siècle parGuillaume Pontifs, l’un des meilleurs architectes de la cathédrale deRouen, et Michel Gohier, maître de l’oeuvre de Saint-Ouen dePont-Audemer, édifice démoli en 1771 et qui s’élevait immédiatementderrière le chevet de l’église paroissiale, sur un terrain où futédifiée la mairie actuelle, en 1860.

Le seulsouvenir de cette chapelle n’est plus conservé aujourd’hui que pour unecurieuse statue de la Vierge, en bois, du XIVe siècle, conservée dansl’église, statue malheureusement défigurée par une polychromie moderne.

Lerapprochement du texte de Thomas Corneille avec la gravure deChastillon ne laisse subsister aucun doute, « la magnifique etexcellente chapelle de Nostre-Dame de Lisieux », est en réalité lachapelle de Notre-Dame de Montfort, chère à la piété de Charles VII etde Louis XI, qui fut pendant près de trois siècles, le joyau de lavallée de la Risle.