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DEVILLE,Etienne(1878-1944) : Les vitraux delEglise St-Jacques Lisieux. Etude descriptive.- Lisieux : A laRose de Lisieux, J. Monjour éditeur, 1928.- X-51 p.-[8] f. de pl. ; 23cm. Saisie du texte : S. Pestel pour la collectionélectroniquede la Médiathèque André Malraux deLisieux (09.VI.2011) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@cclisieuxpaysdauge.fr, [Olivier Bogros]obogros@cclisieuxpaysdauge.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographe etgraphie conservées. Texte établi sur l'exemplairede la Médiathèque (BmLx : Norm br 1051). LESVITRAUX DE lÉGLISE ST-JACQUES LISIEUX. ÉTUDE DESCRIPTIVE par M. Et. DEVILLE DESSINS du Baron de MOIDREY INTRODUCTION _____ Lisieux ! La douceur de cessyllabes voltige aujourdhui sur desmilliers de lèvres pieuses, dun hémisphère à lautre hémisphère. Cenom retentit dans tout lunivers, alors quoublié depuis les tempslointains dArnoul, il était hier encore à peu près inconnu hors deFrance. Pour que le monde sémût à lentendre, il a suffi quune jeunefille, presque une enfant, vécût les brèves années de sa viecontemplative, et mourût, auréolée de sainteté, dans létroite enceintedu Carmel agenouillé au bord de lOrbiquet. Devant la châsse de lapetite sainte Thérèse, comme en ces points du globe où, sans souci desfrontières, la croyance va saffirmer et la souffrance chercher unremède, les foules se succèdent, sans cesse renouvelées, et les prièressexhalent dans toutes les langues connues..... Puis, une foisaccomplis leurs gestes de foi, de reconnaissance et damour, lespèlerins sen vont, parfois sans pénétrer plus avant dans la ville,satisfaits demporter la vision de la souriante Carmélite endormie danssa robe couleur de bure et indifférents à tout ce qui nest pas lobjetde leur culte. Et cependant, lancienne citéépiscopale mérite mieux que cetteindifférence de la plupart. Sans parler de ses curiosités profanes, labeauté de ses vieilles églises ne saurait manquer dexciterladmiration du touriste le moins averti. Voici Saint-Pierre, la fièrecathédrale dont les hautes tours seprofilent sur ce ciel normand toujours un peu bas où courent lesnuages, poussés par la brise de mer. Magnifique spécimen de lartgothique, art normand, art de lIle-de-France, elle a cette pureté destyle qui caractérise les grandes oeuvres : la forêt de ses piliers, lahauteur de sa nef, son merveilleux transept curieusement agrandi dunbas côté, le choeur à la fois puissant et svelte, tout concourt ici àlenchantement de loeil et de lesprit. Et quel joyau que la chapellede la Vierge ! Bâtie par lévêque Cauchon, qui choisit cette manière,au dire de certains chroniqueurs, dexpier le crime davoir contribué àla condamnation de la Pucelle, elle sélève derrière le choeur, siharmonieuse dans ses proportions et ses détails, quelle semble leprolongement naturel de la cathédrale primitive. On imagine sans peine lamagnificence des cérémonies pontificales dansun tel cadre, à lépoque où, entourés de leur nombreux chapitre,escortés dhommes darmes et de gens de justice, les comtes-évêques deLisieux y officiaient aux fêtes solennelles, et que la foule desfidèles courbait la tête sous leur double houlette de pasteur et desuzerain. Saint-Jacques est moinsimposant que lantique basilique. Plus jeunequelle de trois siècles, lusure de sa robe de pierre lui donne unaspect plus vétuste. Et pourtant, elle a grand air, loeuvre deGuillemot de Samaison, le maître-maçon génial qui voulait être payé àla journée comme le plus humble des compagnons. Un haut et large perronà double escalier conduit vers son portail ogival aux voussuresétroites, surmonté par une tour trapue qui ne fut malheureusementjamais couronnée de sa flèche. Sur le bord de la toiture, court,élégante et presque intacte, une balustrade ajourée ; en grand nombre,pinacles et gargouilles égaient la masse de pierre quils prolongent etallègent, tandis que les splendeurs du style flamboyant éclatent dansles fines nervures des hautes verrières. A lintérieur, une majestueusenef unie, sans transept qui la coupe, nidéambulatoire qui la longe. Elle est soutenue par des piliers aux fûtssimples et lisses, sur lesquels se lisent encore des fragmentsdinscriptions funéraires. Saint-Jacques fut longtemps, en effet, unlieu de sépulture pour les notables de la ville : bâtie par eux, elleest restée léglise de prédilection des Lexoviens. Plus quà lacathédrale où se réunissaient, à lappel de lévêque, clergé et fidèlesdu diocèse tout entier, ils aimèrent toujours à venir prier dans sonenceinte, sous le regard paternel de « Monsieur saint Ursin », qui sutmanifester de si merveilleuse manière sa volonté de rester parmi eux.Aujourdhui encore, ils semblent y retrouver, plus particulière etprécise, lâme de la cité, et y sentir plus vivante la traditionreligieuse transmise par les ancêtres à travers les siècles révolus. Cest delle, ou plutôt, de lapartie qui fait son orgueil et sonornement, que vont nous entretenir, lun, par la plume, lautre, par lecrayon, deux Lexoviens dadoption ; ils ont voulu raconter, pour lajoie de tous, lhistoire de ces vitraux de Saint-Jacques, fruits dunart dont tous les secrets ne sont pas retrouvés, et nous dire lasignification et lorigine de ces chefs-doeuvre que mutila stupidementà plusieurs reprises la fureur des iconoclastes. Amoureux de leurville, après en avoir étudié à fond toutes les belles choses, ils ontdécidé de les faire connaître, et mieux encore de les faire aimer. Etcomment ny parviendraient-ils pas, puisquils ont réussi à enrôlerparmi les admirateurs de toutes ces beautés, des gens venusdoutre-Loire, qui, comme moi, se faisaient de la Normandie une idéepar trop sommaire, et, de loin, ne voyaient en elle, à part quelquesexceptions cataloguées, que le vert pays des pommiers et des graspaturages ? La monographie quilsprésentent aujourdhui au public, écrite duneplume alerte et joliment illustrée, ne peut que les aider à atteindreleur but. Cest grâce à des travaux de ce genre et de cette qualité,que les trésors dart cachés dans nos provinces et encore trop malconnus, deviennent peu à peu lapanage de tous, et que lâme desancêtres, créateurs de ces trésors, nous apparaît dans toute sarichesse spirituelle. Il faut souhaiter quils se multiplient. Ainsi,les traits du passé sajoutant à ceux du présent, par touchessuccessives et ligne après ligne, se reconstituera le portrait total, àlexpression complexe mais dune beauté sans égale, que lon pourraappeler justement le vrai visage de la France. Auguste AUZAS. LES VITRAUX de lEglise Saint-Jacques de Lisieux _______ Construite à la fin du XVe siècle, par larchitecte Guillemot deSamaison, léglise Saint-Jacques de Lisieux reçut, dès le début du XVIesiècle, une décoration picturale sur verre dun grand effet décoratif,à en juger par les notables parties qui restent et qui vont fairelobjet de cette étude. Trois fenêtres du choeur ont conservé des fragments dinscriptionsportant les dates de 1501 et 1502 ; dans le collatéral sud, un autrevitrail est daté de 1526. On peut donc supposer quau début du XVIesiècle léglise Saint-Jacques était entièrement pourvue dune vitreriepeinte sur laquelle nous ne possédons aucun renseignement. Quels étaient les sujets représentés sur ces verrières ? Il est assez difficile de répondre à cette question, dautant plus queles fragments encore en place ne comportent pas, à de rares exceptionsprès, de panneaux entiers. En ce qui concerne la nef, je crois que les hautes fenêtres étaientremplies par des scènes de lApocalypse (1) intercalées de saintspersonnages en pied ou de simples grisailles entourées de bordures àrinceaux en camaïeu. Dans le choeur, on devait y voir des scènesempruntées à la vie du Christ et de la Vierge, de saints personnagesdebout se détachant sur des étoffes damassées comme cela se pratiquaitencore à la fin du XVe siècle. Quant aux collatéraux, leurs verrièrespouvaient avoir trait à la vie des saints patrons des chapelles, à lavie du Christ ou à la représentation de saints encadrés par des motifsdarchitecture dont quelques-uns sont encore en place. Les vitraux de Saint-Jacques furent la conséquence dune idée biendéfinie ; un certain souci de recherche semble avoir présidé àlélaboration de leurs cartons, empreints dune certaine homogénéitédans le sens décoratif. Suivant le précepte du Psalmiste, la louange divine a toujours guidélartiste, témoin cette quantité danges musiciens qui exécutent unemerveilleuse symphonie dans les lobes des remplages. Le souvenir des libéralités dune famille qui fit beaucoup pour laconstruction et la décoration de léglise, la famille de La Reue,saffirme par les roues dor sur fond dazur, armes parlantes de cettefamille, que lon remarque partout dans les lobes des tympans. Enfinces étoiles, ces soleils qui flamboient sur des fonds de richescouleurs, donnent à lensemble un certain air mystique encore imprégnédun certain charme légendaire emprunté à lart du moyen âge. Une autre famille, dont le nom est intimement lié à lhistoire de laconstruction de léglise Saint-Jacques, la famille Le Valois, y alaissé aussi des traces nombreuses de ses libéralités. Un curieuxdocument (2) nous apprend que le vitrail au-dessus du grand portailpossédait autrefois une verrière peinte due à la munificence de JehanLe Valois, dont on voyait les armes timbrées sur cette verrière etainsi que lapprenait une inscription « estant au bas du coste droictde lad. vitre » aujourdhui disparue. De même, lisons-nous dans ce Devis, « les deux grandes vitresdes deux aisles de lad. église,proche lentrée du coeur, portent encore les mesmes armes de Valois,tymbrées et blasonnées ». Enfin, il y avait « proche du coeur de lad.église, une chapelle nommée la chapelle Valois ou de Putot, fondée desainte Marguerite, scituee du costé de lEvangille » où se trouvaient,dans le vitrail, les armes de cette famille. Jai relevé, dans deux fondations pieuses, la mention de vitraux dansles chapelles ; cest à peu près tout ce que nous possédons sur cesujet. Dans un acte du 1er décembre 1518, fondation faite par Jehan deMannoury, chanoine de Lisieux, il est question de « la chapellepremière en laquelle il, et sesd. prédécesseurs, avaient dès longtempsprins siège et fait faire et construire les vitres et plusieursaugmentacions ». Dans une autre fondation du 2 février 1555 (n. st.) faite par CatherineTrinité, veuve de maître Jehan Briart, en son vivant avocat de «court laye », on cite la chapelle de la Trinité « aornée de victres etclostures, tant bas que hault » par ses prédécesseurs (3). A la fin du XVIe siècle, les vitraux de Saint-Jacques avaient subi desdommages quil est impossible, quant à présent, de déterminer. Le 1erjanvier 1589, le trésorier Valet demandant quil soit fait visitationdu monument en vue des réparations à y faire, parle des vitres ;malheureusement le laconisme du texte ne permet pas de préciser lanature et limportance de la ruine dont il parle (4). Au XVIIe siècle, la mode du verre blanc prévalut. On sait avec quelfarouche empressement les chanoines dalors proscrivirent les vitrauxpeints qui obscurcissaient les édifices et les empêchaient de lireleurs offices. Léglise Saint-Jacques néchappa malheureusement pas àce mauvais goût de lépoque du grand siècle. Cest sans doute à cemoment que furent descendus les panneaux qui remplissaient encore, vers1840, des paniers relégués dans les greniers de léglise et qui ontdisparu ! Le 30 décembre 1705, nous apprend un précieux mémorial (5), il sélevaune tempête qui dura depuis cinq heures du matin jusques à onze et quicausa des pertes inestimables, notamment « les anciennes et bellesvitres » de Saint-Jacques qui furent cassées pour la plupart. Après tant de vicissitudes qui furent si funestes à de si fragilesmonuments, il en subsiste encore de quoi satisfaire la curiosité desarchéologues et des artistes et pour nous faire regretter ladisparition dune éblouissante parure qui répandait sur les vieillespierres des flots de lumière irisée, ajoutant une note céleste à cetasile de la prière et du recueillement. * * * Les vitraux de Saint-Jacques de Lisieux appartiennent presque tous auXVIe siècle sauf quelques fragments paraissant remonter au XVe et quipourraient bien provenir de léglise ayant précédé celle que nousvoyons aujourdhui. La peinture sur verre, au XVIe siècle, est complètement détournée deson but religieux et cependant nous sommes au plus brillant moment delapogée de cet art. Jamais les couleurs ne furent mieux comprises, niplus harmonieuses, ni plus éblouissantes, jamais le dessin ne fut plushabile. Cest la belle époque de la Renaissance, lépoque de AlbertDürer, Jean Cousin, Engérand Le Prince, Robert Pinaigrier, BernardPalissy, Robert Courtois, Jean et Nicolas Le Pot, pour ne citer que lesplus habiles. Et pourtant, il faut bien reconnaître que les verrièresdessinées et peintes par ces grands maîtres, nont plus le charme naïfdes vitraux légendaires du moyen âge, que ces éblouissantescompositions orneraient mieux les fenêtres dun musée ou dun palaisque celles dune église. Je nétudie ici que les vitraux anciens de léglise Saint-Jacques. Lesverrières modernes nont aucun intérêt et leur technique même laissebeaucoup à désirer. Le peu ou le manque de cuisson ont en partie déjàeffacé cette imagerie, qui na de religieux que le nom et qui démontrelignorance de nos artistes en matière diconographie chrétienne. Lemoyen âge en était au contraire imprégné, saturé, et la légende coulaitde source claire et limpide. Cétait le commentaire imagé de la SainteEcriture, le livre par excellence, où nos vieux maîtres savaient puiserpour instruire ceux qui ne savaient pas lire. Aujourdhui, il ny aplus dillettrés, mais liconographie religieuse est devenue unevéritable science. Pour lire couramment un vitrail, il faut avoir faitdes études spéciales, alors que nos pères en comprenaient si facilementles allégories, mystérieuses pour nous. Létude des vitraux de Saint-Jacques pourrait être traitée dunemanière logique, rationnelle, en suivant lorigine et le développementdes thèmes iconographiques ; conception très séduisante pour unarchéologue, mais combien peu pratique pour un profane. Cest pourquoije laisse de côté ce plan trop scientifique et abstrait, pour mentenir uniquement aux divisions naturelles du monument, en décrivantsuccessivement les vitraux de la nef, ceux du choeur et des collatéraux. Vitraux de la Nef Jai dit plus haut que les fenêtres de la nef étaient remplies par lareprésentation des visions de lApocalypse.Ce livre célèbre a étémis à contribution par les artistes, à commencer par les miniaturistesjusquaux peintres verriers, encore ces derniers se sont souventinspirés des naïves compositions de leurs devanciers. Léopold Delisle et Pau Meyer, Firmin-Didot et Petit-Delchet, ont publiésur ce sujet des études très intéressantes (6) qui montrent combien letexte de saint Jean a été en faveur auprès des artistes. Toute cette partie de la vitrerie semble bien avoir été loeuvre dunmême peintre. Les fragments encore en place permettent desrapprochements ne laissant aucun doute sur ce point. La cinquièmefenêtre, encore entière, permet de se faire une idée de la richessedécorative de lensemble alors que toutes les verrières étaientcomplètes. Je vais décrire successivement ces verrières, en commençant par le côténord, à gauche en entrant dans léglise, la première fenêtre près latribune de lorgue. * * * Première fenêtre (côté nord). Fragments dune grande composition,disposés sans symétrie. On y voit : un guerrier à cheval, très bellefigure, tenant une épée nue ; un peu plus loin, un autre cavalier donton perçoit une jambe et un pied de devant du cheval. Au-dessous, restedun personnage brandissant une longue épée. Près du premier cavalier,une partie de serpent traitée en grisaille bleu pâle. Au-dessus, unange aux ailes bleues brandissant une épée à deux mains. Tout près,laile violette dun autre ange tenant aussi une longue épée ;au-dessous du bras de cet ange apparaît une petite figurine engrisaille. Dans le lobe supérieur, un personnage, vêtu dune robeviolette et dun manteau rouge, debout dans une sorte de tribune àfigurines, tenant dans ses mains deux doubles longues trompettesrecourbées. A droite, un petit personnage jouant du serpent. A gauche,un angelot rose sur fond jaune. Deuxième fenêtre. Entièrement dépouillée de ses vitraux peints. Ondistingue, dans le remplage, des restes de bordures Renaissancetraitées en grisaille noire avec applications de jaune dargent. Dansle haut, un blason portant deux bourdons dor en sautoir flanqués dequatre coquilles du même, quon dit être les armoiries de la paroisse. Troisième fenêtre. Entièrement dépouillée de ses vitraux peints.Dans le remplage, fragments danges et un Dieu le Père, ayant faitpartie dune scène de lApocalypse. Quatrième fenêtre. Egalement sans vitraux peints. A conservé dansle remplage des fragments de rinceaux dor sur fond dargent et formantbordure, ayant beaucoup de rapport avec celle indiquée à la deuxièmefenêtre. Dans le lobe supérieur, un lion rampant de sable sur fond dor. Cinquième fenêtre. Placée juste au-dessus de la chaire, cettefenêtre est intacte et représente la cinquième vision de lApocalypse, plus connue sous lenom de « Grande Prostituée deBabylone » (Pl. I).Cette magnifique verrière a été décrite etinterprétée par larchitecte Piel, un enfant de Lisieux, mort en 1841au couvent des dominicains de Bosco (7) et, plus récemment, par notreconcitoyen, le commandant baron de Moidrey (8). Dune lecture très difficile, à cause de sa grande hauteur et de lacomplication de son dessin, ce vitrail demande une description avantdessayer à en expliquer les figures. Dans les lobes supérieurs duremplage, se voient de petits anges ; au centre, le Père éternel tenantdune main le globe du monde, lautre main levée dun gestedétonnement. Au-dessous, un personnage, couronné et nimbé dor, vêtudun manteau de pourpre, tenant un sceptre dor, est en selle sur uncheval blanc. Une épée longue et acérée semble lui sortir de la bouche.Derrière lui, quatre personnages, dont un à cheval. A droite, duelentre deux autres personnages, lun brandissant une épée, lautre unelance. Six colombes sortent des nuées. Un groupe de personnes debout devant une femme assise sur une bête àsept têtes. Elle porte une robe de brocart dor, serrée à la ceinturepar des orfrois garnis de pierreries. Sa poitrine est nue et descolliers dor se détachent sur sa chair. Ses bras sont recouverts pardes manches bouffantes blanches à crevés verts, sattachant aux épaulespar des cercles dor. Elle tient élevée dans sa main droite, une coupeou hanap de proportions extraordinaires. Derrière elle, une villedétruite par un incendie dont les flammes surgissent de toutes parts. Le sujet de cette composition allégorique est emprunté aux chapitresXVII, XVIII et XIX de lApocalypse,se rapportant à la Rome païenne,représentée sous le voile de la condamnation de la Grande Prostituée.Lapplication si évidente faite par les anciens écrivains grecs, lesPères et la critique moderne, de tout le chapitre XVII à la Rome deNéron, a complètement échappé aux commentateurs de manuscrits et auxxylographes. Voici à quelle exégèse ils se sont livrés : Per hæcseptem capita Dyabolus ducit homines ad peccatum et per septemprincipalia peccata. Et mulier vestita dicitur cocco. Coccus autemcolorem sanguinis habet et per sanguinem sæpe Mors designantur.Dyabolus itaque sanguineus est, quia auctor est mortis omnisqueperditionis. Quæ bestia plena nominibus blasphemiæ esse dicitur eo quodipse Dyabolus auctor sit omnium blasphemiarum. Ou encore : Inebriatiautem dicuntur, id est mente alienati propter nimiam delectationemmanifestæ et publicæ fornicationis ipsius. Quæ super aquas multassedere dicitur, quia ex multitudine gentium quæ per aquas designaturcivitas Dyaboli construitur. Cum qua reges terræ fornicati essedicuntur quia scelera Babylonis auderunt potius quam dextruxerunt vinumprostitutionis. Diversi errores, diversa errora sunt impiæ civitatis(9). Bien que Rome ne soit nommée nulle part, cest pourtant bien elle quiest en cause dans ces chapitres de saint Jean, et la glose que je viensde reproduire na dautre but que de montrer jusquoù peut allerlimagination dun commentateur. Pour comprendre le sens de ce vitrail, il suffit de lire bienattentivement les trois chapitres indiqués plus haut, et le sujetreprésenté vous apparaîtra dune manière très compréhensible. Quant àlinterprétation du texte sacré, ceci pourrait nous entraîner troploin, et dailleurs, les deux auteurs cités plus haut lontsuffisamment résumée. Pour ma démonstration, au point de vue purement iconographique, je vaisrecourir à deux manuscrits de lApocalypse,lun qui fit jadis partiede la « librairie » de Charles V, et qui se trouve aujourdhui à laBibliothèque Nationale, n° 403 du fonds français (10) ; lautre,conservé à Cambridge (11), dont les miniatures sont des oeuvres de toutpremier ordre (12) et dont les légendes, en français, ont déjà attirélattention du savant Samuel Berger (13). Les personnages à cheval qui se voient dans la partie supérieure duvitrail sont mentionnés au chapitre XIX de lApocalypse : « Je vis,dit lapôtre, le ciel ouvert et il parut un cheval blanc et celui quiétait dessus sappelait le fidèle et le véritable (14) ; il avait surla tête plusieurs diadèmes (15) et portait une robe teinte de sang (16); une épée tranchante des deux côtés sortait de sa bouche (17). Lesarmées célestes le suivaient (18) et les rois de la terre avec leursarmées étaient assemblés pour leur faire la guerre (19). Le groupe principal, celui de la Grande Prostituée est indiqué par cetexte dont jemprunte la traduction au ms. 403 cité plus haut : Venezje vous musterai la dampnation de cele grant bordelere qui siet surmeintes eves, ove ki li roi de terre unt fet leur fornication et ceuxqui habitent en terre se sunt enyveré du vin (20). Lartiste du XVIe siècle na pas suivi exactement les miniaturistes.Dans le ms. 403, cest une femme assise sur une montagne doùséchappent des cours deau. Elle est vêtue dune longue robe serrée àla ceinture, sur la tête, une écharpe tombant sur les épaules. Dans lems. de Cambridge, nous retrouvons la même scène différente en quelqueslégers détails, notamment le costume de la femme qui est plus orné. Levitrail de Saint-Jacques serre de plus près le texte sacré, la femmeassise sur la bête est bien, comme nous lavons vu : afublée de purpreet aornée de or et de pierres précieuses et de gemmes et aveit en samain un hanap de or plein des abhominations et de lordure de safornication et aveit en sun frunt ceste signefiance : Babyloine lagrant, mere des fornicatiuns et des abhominations de terre (21). Enfin la ville détruite, que les manuscrits nous montrent bouleverséeet sur les ruines de laquelle sont des diables, des aigles et un groupede personnages : Chaet est, chaetest Babyloine la grant, et est fetehabitatiuns de deables et gardein de chascun ord espirit et de chascunoisel ord (22). Ces divers passages du texte de saint Jean ont donné lieu à descommentaires pour en expliquer le sens figuratif ; les auteurs que jaicités les ont suffisamment exposés pour quil me soit inutiledallonger outre mesure cette description. Reste maintenant à déterminer lauteur de ce vitrail. On a parlé deJean Cousin qui peignit, de 1534 à 1540, les verrières de LaFerté-Bernard. Lattribution nest pas invraisemblable et une étudecomparative des deux oeuvres pourrait peut-être fournir quelquesindications ; jusquici, cette comparaison na pas encore été faite. Cevitrail ne porte ni date, ni inscription, bien quun cartouche figuredans un des angles. Cette absence de signature est très regrettable etne permet que des hypothèses plus ou moins ingénieuses. Sixième fenêtre. Dansles lobes du remplage, quelques raresfragments, notamment un Père éternel tenant un livre et un globesurmonté dune croix ; deux anges et un fond de tableau, dont le sujetprincipal manque, représentant une ville dont on distingue un grandmonument circulaire avec colonnade, des tours et des pylônes. Septième fenêtre. Côtédu midi, proche la tribune de lorgue.Fragments informes danges dans le remplage. On distingue, avec peine,un personnage assis vêtu de rouge. Huitième fenêtre. Quelques fragments de bordures composées derinceaux et dentrelacs, en grisaille noir et or. Dans la partiesupérieure du remplage : un soleil dor sur lequel se détache uneétoile à quatre raies dargent entourée dune bordure. Neuvième fenêtre. Dansle remplage, un Père éternel bénissant etquelques anges, le tout traité dans le même style et les mêmes couleursque la cinquième fenêtre. Dixième fenêtre. Narien conservé de ses anciens vitraux. Onzième fenêtre. Fragments informes dans le remplage ; on distinguepourtant quelques anges dont lun joue de la harpe. Douzième fenêtre. Fragments informes dans quelques lobes duremplage. Vitraux du Choeur Les vitraux du choeur ont subi dirréparables pertes, malgré cela ilssont beaucoup plus complets et plus riches de couleurs que ceux de lanef. Leur facture, toute différente, est empreinte dun certainarchaïsme rappelant le souvenir de certains xylographes tels que lArsmoriendi, la Biblia pauperumou le Speculum humanæ salvationis.Les scènes de lApocalypse font place à dautres sujets, touchant deplus près à la vie de Jésus-Christ, à mesure quon approche dusanctuaire. Première fenêtre. Entrée du choeur, à gauche, du côté de lEvangile.Il manque deux panneaux à ce vitrail, de chaque côté de la partiecentrale. La scène représentée semble se rapporter au couronnement dela Vierge, ou plutôt à son Assomption, les deux groupes dapôtres quise détachent de chaque côté semblent autoriser cette lecture. LaVierge, qui occupe la partie centrale, est debout dans une gloire,ayant le croissant sous ses pieds et une couronne de douze étoilesautour de la tête. Elle porte une robe rouge que recouvre un manteaudoublé de vert. Trois anges apportent des diadèmes, dont une trèsgrande couronne dor. Cette représentation de la Vierge, avec de telsattributs, a encore sa source dans lApocalyse(23) ; cette figurereprésente selon la pensée de saint Augustin, lancienne Cité de Dieu,du milieu de laquelle est né, dans la plénitude des temps, le Sauveurdes hommes. Cette application à Marie de ce passage de lApocalypse apermis aux artistes de réaliser des oeuvres charmantes que lartchrétien moderne ne connaît pas. Bien que ne possédant quune partie de la scène représentée, il fauttout de suite écarter la pensée dun couronnement de la Vierge et voirdans ce vitrail Marie dans la gloire au moment de son Assomption.Aucune espèce de document sur ce fait ne nous est fourni par lhistoireévangélique. La tradition et quelques rares commentateurs ont puinfluencer certains artistes, mais en général, ils sen sont presquetoujours tenus à leur inspiration personnelle. Il y a pourtant sur cesujet une bien curieuse légende (24) dont on pourrait tirer quelqueprofit, que je me contente de signaler en passant. La présence desapôtres à lAssomption nest peut-être pas très historique, toutefoislEglise na pas condamné cette adjonction. Cest ce qui explique laprésence de deux groupes dapôtres sur ce vitrail, quatre à droite,cinq à gauche. Toutes les couleurs de larc-en-ciel se jouent dansleurs costumes composés de robes et de manteaux. Ceux du premier plansont à genoux, les autres sont debout. Les vingt-sept compartiments duremplage contiennent chacun un ange blanc aux ailes et cheveux dor,les mains jointes ; des anges musiciens jouant de la cithare et dedivers instruments, trompette, orgue portatif, au milieu dune pluiedétoiles et de couronnes. Dans le bas du panneau central, sous le croissant de la Vierge, aumilieu dun petit paysage vallonné où serpente un ruisseau, sontagenouillés deux donateurs : un homme et une femme (pl. II). La femmeporte une robe rouge très simple, légèrement décolletée, la têterecouverte du chaperon noir des dames nobles. Lhomme est vêtu duneample robe de couleur violet foncé ; il a la tête nue et ses longscheveux retombent sur ses épaules. Linscription, qui se lit sur deux lignes au bas de la verrière, et quiaurait pu nous renseigner sur la personnalité des donateurs, estmalheureusement incomplète et le peu qui subsiste a subi destranspositions qui en rendent la lecture inintelligible. Elle est encaractères gothiques. La voici dans son état actuel : Ci dessoubzgist pour estreaccueilly mil cinq cens ............... et ung son âme etpour ............................. Deuxième fenêtre. Cette verrière, qui a subi quelquesrestaurations, est entière et offre un curieux spécimen de ces vitrauxà personnages, si fréquents à la fin du XVe siècle. Les cinqcompartiments sont remplis par des saints, en pied, représentant degauche à droite : saint Roch, un pèlerin à ses pieds et un ange donnantune pièce dargent : un chien se dresse contre le saint lui offrant unpain quil tient dans sa gueule. Saint Martin, à cheval, coupant endeux un manteau vert : le panneau central de ce compartiment a étérefait. Le troisième, dans lequel on a voulu voir un saint Germain,représente en réalité saint Thomas de Cantorbéry, est de facturemoderne, mais bien composé et de bon style. La présence dun saint Thomas Becket sexplique fort bien, cest lepatron du donateur, comme on le verra plus loin. Le culte de ce saint,martyrisé le 29 décembre 1170 et canonisé solennellement le 21 février1173 dans la cathédrale de Segni, en présence du sacré collège, par lepape Alexandre III, était en grand honneur à Lisieux (25). Plusieursmiracles dus à son intercession et se rapportant à la régionlexovienne, figurent dans le recueil de Guillaume de Cantorbéry. Lequatrième saint représente saint Jean lévangéliste, vêtu en bleu avecun manteau rouge, reconnaissable, malgré son costume épiscopal, à sonattribut, laigle qui se voit à ses pieds. Le panneau central et lamitre ont été refaits. Le cinquième représente saint Guillaume et nonsaint Georges. Il porte un costume de chevalier, tient lépée haute etun lion est couché à ses pieds. Tous ces personnages se détachent surdes fonds détoffes damassées vert, brun et bleu. Les pinacles sontrespectivement bleus et rouges. Dans les quatorze compartiments duremplage, se voient des soleils dor sur fond dazur, les armes bienconnues de Thomas de La Reue et celles de Guillemette Guédin, dargentà une fasce dazur accompagnée de six rocs déchiquier de sable. La partie inférieure de ce vitrail nest pas la moins intéressante, aucontraire, car elle nous offre quatre portraits de donateurs, donttrois sont connus par linscription gothique qui se lit au-dessousdeux. (Pl. IIIet IV.) Lepremier, à gauche du spectateur, représenteune jeune fille à genoux, tenant en mains un livre dHeures ouvert.Elle porte une robe bleue et un chaperon noir. Le second nous montre leportrait de damoiselle Guillemette Guédin, dame de La Reue. Elle estvêtue dune robe grenat, légèrement décolletée, et un chaperon noir.Elle est à genoux, son livre de prières ouvert devant elle sur unprie-Dieu. Le troisième, placé sous un arc surbaissé, est celui deThomas de La Reue. Il est à genoux, les mains jointes, devant unprie-Dieu recouvert dune étoffe verte sur laquelle est posée une toquede fourrure. Il est vêtu dune robe bleue avec parements dhermine auxmanches et au col, laissant apercevoir un vêtement de dessous rouge.Cheveux longs tombant sur les épaules. Le quatrième est le portraitdun homme âgé vêtu dune robe grenat à parements de fourrure laissantapercevoir un vêtement vert de dessous. Cest le portrait de Me Jehande La Reue. Le donateur de ce vitrail, Thomas de La Reue, est qualifié de seigneurde Lisores et de Norolles, conseiller en cour laie etlieutenant-général du bailli dEvreux. Il épousa, vers 1470,Guillemette Guédin, qui figure ici, fille puînée de Laurent Guédin,écuyer, sieur de Franqueville, et se disant dame de Saint-Martin duManoir de son chef. Leur maison, à Lisieux, était celle aujourdhuihabitée par la famille Bouvier, 45, place Victor-Hugo, jadis desBoucheries. Celle de la famille Guédin était au 51 de la même place. Ontrouve encore aujourdhui les armoiries de ces deux familles, sculptéessur bois, dans les deux immeubles susdits. Jehan de La Reue, habitaitle n° 47 ainsi que le prouvent les titres de propriété possédés par M.Bouvier. Voici linscription qui se lit, sur deux lignes, en caractèresgothiques, au bas de ce vitrail : En lan mil Vc et ung noble homme Thomas de Le Reue et damoyselleGuillemete ║ Guédin sa femme ont donné cette vitre à maistre JehanDelareue ║ Troisième fenêtre. Cette fenêtre est entièrement dépouillée de savitrerie peinte. Quelques fragments de bordures du XVIe siècleencadrant des monogrammes du Christ et une couronne sont les seulsrestes qui subsistent. Dans les lobes du remplage se voient des soleilsrayonnants inscrits dans des cercles bleus. Quatrième fenêtre. Divisée en cinq compartiments, dont deux sont enverre blanc, celui de droite et celui de gauche. Dans les autres, setrouvent trois têtes qui devaient faire partie de personnages en pied,dans le genre de ceux que nous venons de voir à la seconde fenêtre. Cesont, de gauche à droite, suivant le texte des inscriptions qui sylisent : Caïphe, le grand-prêtre, mitré comme un évêque ; Pilate,portant un chapeau à larges bords plats et godronnés et saint Pierre,facilement reconnaissable malgré sa coiffure rappelant celle desprélats sous le règne de Louis XII. Caïphe et Pilate ont leur nominscrit au-dessous de leur buste : Cayphas, Pillatus (26). Dans le hautdu panneau de gauche se lit, sur deux lignes en caractères gothiques,laveu de Judas tel quil est rapporté au chapitre XXVII verset 4, desaint Matthieu : Peecavi, traehns sanguinem justum. Dans le remplage, composé de dix-neuf compartiments et soufflets, plusdeux quadrilobes, sont placés symétriquement les insignes de saintJacques, le bourdon et les coquilles, et le monogramme du Christ. Dansla partie supérieure, restes dune crucifixion dont on ne voit que lapartie inférieure de la croix et des jambes du Christ. Cinquième fenêtre. Moderne. Sixième fenêtre. Laverrière qui occupe le panneau central delabside, bien quen grande partie restaurée et refaite, méritepourtant dêtre remarquée. Elle représente la Crucifixion, au milieudun grand concours de guerriers et de personnages. La grande tragédiedu Golgotha, le martyre dun Dieu qui meurt pour que lhumanité vive, abien souvent inspiré les artistes. Lauteur anonyme de ce beau tableaua concentré tous ses efforts à traduire ce grand acte de lhumainesalvation. Sa composition est divisée en quatre travées, comportantseize tableaux ; les huit du bas sont modernes. A remarquer le soldatqui se dispose à frapper le Christ de sa lance, posant un doigt sur unde ses yeux pour mieux ajuster. Une légende dit quétant presqueaveugle, il porta la main sur ses yeux et que le sang et leau quijaillirent du côté ouvert de Jésus, tombant sur lui, guérirent les yeuxde son corps et de son âme. Tout près de lui, le centurion qui luiaussi avait été touché par la grâce, tient dans ses mains un phylactèreportant inscrit le témoignage rendu à la divinité du Christ après samort : Vere filius Dei erat iste.(Matth., XXVII, 54.) Dans le remplage, divisé en neuf compartiments, se voient de curieuxbustes de personnages à cheveux et barbes très ondulés, bouclés etfrisés, tenant chacun un phylactère sur lequel se détache uneinscription gothique dune lecture presque impossible. Tous les essaistentés pour le déchiffrement de ces inscriptions, nont pas donné derésultat satisfaisant. Les costumes et les coiffures accusent nettementle XVe siècle. Ces personnages sont certainement antérieurs au vitrailquils dominent. Voici quelques notes iconographiques relatives à cespersonnages : 1° Personnage vêtu de vert, avec une calotte rouge, barbetirebouchonnée. Inscription : ...abit nos agnus. 2° Personnage rasé, coiffé dun haut turban jaune et noir doù pend uncouvre-nuque ; habit grenat avec large col blanc rabattu, sansornements. Inscription : ...pacificus...Deus. 3° Personnage vêtu en vert, costume festonné sur les épaules, trèschevelu et barbu, turban bleu. Inscription : Qui dilexit nos et... 4° Personnage barbu, habit violet, pèlerine jaune bordée de blanc,turban jaune, très rabattu sur les yeux, ceinture verte. Inscription :...te ...meus. 5° Homme barbu en robe jaune à manches rouges, une toque rouge trèsfoncée. Inscription : Esto... trahit me. 6° Personnage imberbe, coiffé comme au milieu du XVe siècle, calotrouge avec étoffe retombante, fond de lhabit blanc et vert avecpoignets jaunes. 7° Personnage portant un capuchon vert, robe blanche, moustachestombant très bas. 8° Personnage ressemblant à Raphaël, imberbe, longs cheveux, toquemarron, justaucorps chaudron galonné de jaune et poignets verts.Inscription : ...qui loco... natus est nobis. 9° Personnage vêtu de velours grenat avec béret très débordant de mêmecouleur, orné dun large bandeau dor guilloché, semble porter unecuirasse avec bourrelet et hausse-col or, manches jaunes. Inscription :Ego q... agnus ...q... Cette partie du vitrail contraste étrangement avec la précédente, tantau point de vue du dessin que de la couleur. Son caractère, beaucoupplus archaïque, me la fait supposer comme plus ancienne. Septième fenêtre (côté sud). Moderne. Huitième fenêtre. Verrière entièrement dépouillée de son ancienneparure. Les lobes du remplage ont conservé quelques anges musiciensjouant de divers instruments : viole, rebec, cornemuse, orgue, etdautres priant. Dans la partie supérieure du panneau central, un bustedu Christ, dont on ne voit que la partie extrême des épaules, assezcependant pour savoir quil portait une robe violette. Neuvième fenêtre. Divisée en cinq compartiments, dont trois sont enverre blanc. A conservé, à droite et à gauche, de notables restes dunePentecôte. A droite, il y avait cinq personnages. Au premier plan, un apôtreassis, cheveux en couronne, barbu : habit grenat, manteau bleu bordédun galon dor, doublé de jaune, ceinture jaune, probablement saintPierre. Au deuxième plan, un apôtre assis, cheveux et barbe négligés :habit bleu pâle, ceinture or, manteau vert doublé de bleu, mainsouvertes en extase. Autre apôtre, tête juvénile, cheveux frisés, robemarron, galon or au cou, manteau jaune, mains jointes, on ne voit quele buste. Au troisième plan, une figure dapôtre, de face, sans corps,et un autre apôtre en robe verte, mais dont la tête manque. A gauche, il y a six personnages. Au premier plan, un apôtre à cheveuxet barbe longs, robe jaune pâle, manteau bleu pâle doublé de blanc,ceinture blanche à boucle ; il est assis, les pieds manquent, mains enextase. Devant lui, sur le même plan, un autre apôtre en robe verte,manteau violet doublé de bleu, ceinture jaune, barbe et cheveux longs,mains en extase. Au second plan, deux apôtres debout. Le premier,cheveux crépus et barbe longue, sans mains, robe verte et manteaurouge. Le second, mains croisées sur la poitrine, robe grenat foncé,manteau vert doublé de blanc, collet or, cheveux longs, barbe courte.Au troisième plan, deux personnages, la tête couverte de chapeaux gris,sur lesquels est une sorte de turban rouge. Barbes et cheveux longs. Onne voit pas la robe du premier. Celui du fond porte une robe bleu pâle,avec un galon dor au collet. De longs rayons lumineux se détachent sur un fond bleu et des languesde feu rouges se répandent de ces rayons sur les têtes des apôtres auxfigures expressives. Toute la scène centrale a disparu, mais il estfacile de se la représenter par la pensée, suivant le texte même delEcriture (27). Dans le remplage, au milieu de longues langues de feu compartimentées,huit anges, quatre de chaque côté ; les uns jouent de la viole et de latrompette, les autres prient. Des deux blasons qui se voyaient jadisdans cette partie du vitrail, un seul subsiste, il porte de gueules àla fasce dor cantonnée de trois roses dargent, 2 et 1. Linscription qui se lit sur deux lignes, en bas de la verrière, estincomplète, voici ce quil en reste : En lan mil Vc et deux ... grenetier ... d ... renier ont donnéceste verrière. Amen. Les noms des donateurs manquent, mais les armoiries décrites plus hautet les pièces darchives permettent de rétablir un des noms manquantsur cette vitre, cest Jehan de Mauregard, que lon trouve commegrenetier du grenier à sel de Lisieux en 1506, 1534 jusquen 1552. Dansles dernières années de sa vie, il cumulait cette fonction avec cellede bailli de la ville. Son nom figure, parmi ceux des trésoriers, dansle procès-verbal de la consécration de léglise Saint-Jacques, le 1erjuin 1540. Dixième fenêtre. Divisée en cinq compartiments remplis autrefoispar des personnages en pied, senlevant sur des fonds de draperies etabrités sous des dais à arcs surbaissés, décorés de clochetons et depinacles. Il ne reste que deux fragments, et encore je nose affirmerquils appartiennent bien à ce vitrail. Le premier représente saintSiméon tenant lenfant Jésus sur un linge ; le second montre un saintMartin partageant son manteau. (Voir reproduction à la fin de notretravail.) Ces deux fragments se détachent sur fond bleu. Dans le remplage, au milieu, se voient les armes de la famille de LaReue, avec casque, cimier et lambrequins. Au-dessous, à droite, unautre blason parti, composé des armes de La Reue et du blason que jaidécrit dans la deuxième fenêtre du côté de lEvangile, cest-à-direThomas de La Reue et Guillemette Guédin, sa femme. A gauche, ondistingue encore un bonnet carré à compartiments rouges et bleus avecgland dor, posé sur un coussin vert entouré dune couronne defeuillages. Les quatre motifs décoratifs de la première rangée sontainsi entourés de couronnes qui disparaissent dans les lobessupérieurs, semés de roses, de coquilles et de soleils aux émaux etmétaux des armoiries peintes sur cette verrière. Un troisièmecompartiment contenant un dessin de remplacement. Pas dinscription. Onzième fenêtre. Autrefois remplie par de grands personnages,aujourdhui totalement disparus, sauf les pointes des pinacles des daisqui les abritaient et au travers desquels on distingue encore lacouleur du fond, alternativement bleu et rouge. Les lobes du remplageont conservé leurs motifs décoratifs composés de soleils dorsenlevant sur fond dazur, avec bordures de feuillages traitées aujaune dargent. Vitraux des Collatéraux Vitraux du Collatéral Nord Première fenêtre (àgauche en entrant par le grand portail). Entièrement en verre blanc, sauf sept soleils rayonnants sur fond brun,dans les lobes du remplage. Deuxième fenêtre. Aconservé un fronton et quelques détailsdarchitecture de la Renaissance ; un ange aux ailes rouges entre deuxornements grotesques. Dans les lobes du remplage, on voit, à gauche,sainte Catherine, mutilée, vêtue dun corsage dhermine à manchesrouges ; un grand manteau rose doublé de vert recouvre le vêtement ;près delle, la roue et le glaive, instruments de son martyre. Adroite, sainte Barbe portant une robe rouge avec une tunique violettebordée dun galon à franges dor et dargent, ceinture dorée à glandsrouges. Près delle, bases de tours et de murailles fortifiées. Dans lapartie supérieure, une tête dange avec restes de vêtements rouges etgalon dor et fragment dun personnage vêtu de brun, les mainsétendues, la tête mutilée, entourée dun nimbe vert. Troisième fenêtre. Naconservé que des anges musiciens, dont lunjoue du luth et deux autres de la viole ou rebec. Ces anges sont duneexécution assez grossière et en partie effacés. Un rosaire ou chapelet,dont on perçoit encore quelques grains, permet de supposer que cevitrail se rapportait à la Sainte Vierge. Quatrième fenêtre. Enverre blanc. Cinquième fenêtre. Dans le remplage, se voit un couronnement de laVierge. La Sainte Ecriture et la Légende ne décrivent pas lecouronnement de Marie, mais le laissent deviner. Grégoire de Tours,Sophronius, Métaphraste, saint Bernard, saint Jean Damascène, saintChrysostome et surtout saint Germain de Constantinople, la proclamenthonorée au-dessus de toutes les créatures, au-dessus des chérubins, desséraphins et de tous les choeurs des anges (28). Limagination desartistes séveilla bien vite, et ils ne manquèrent pas dappliquer àMarie ces versets du psalmiste : La Reine sest assise à sa droite dansun vêtement dor (29), ou encore : il a posé sur sa tête une couronnede pierres précieuses (30). Sur ce vitrail, Marie est assise, les mainsjointes ; de chaque côté : Dieu le Père et Dieu le Fils, ce dernier nu,simplement recouvert dun manteau rouge et tenant le bois de la croix.La Vierge porte une robe rose que recouvre un manteau bleu. Elle estenvironnée danges, dont deux soutiennent, au-dessus de sa tête, unecouronne dor ornée de pierres précieuses, coronam de lapidepretioso. Le Saint-Esprit, napparaît pas dans cette scène. Engénéral, cest toujours le Fils seul qui couronne sa mère ; quelquefoiscest le Père, rarement les trois personnes ensemble. Le plus souvent,le Père et le Fils soutiennent le diadème et le Saint-Esprit, sousforme de colombe, plane entre eux (31). Quelquefois encore, le cas estassez rare et mérite dêtre signalé, les trois personnes divines, sousla forme humaine, procèdent au couronnement de Marie. Jen connais unexemple dans une très curieuse peinture circulaire, sur bois, conservéeau musée de Bâle. Les trois personnes divines, sous forme corporelle,sont assises sur un trône, abritées sous un même manteau et la Viergeest à genoux devant le Père. Cette peinture, que je crois devoirappartenir à lécole dAvignon, présente tous les caractères du XVesiècle. Des angelots et des cartouches complètent la décoration de ce vitrail. Dans les cartouches, se lisent des inscriptions se rapportant à laVierge. Dans ceux de gauche on lit : HAEC EST ARA DEI CELI FENESTRA Dans ceux de droite : EXCELSA SUPER SYDERA QUIES NOSTRA Ces textes sont empruntés à la liturgie, notamment à un hymne du jourde lAssomption, encore en usage dans le bréviaire cistercien. Sixième fenêtre. Verrière moderne dont le remplage a conservéquelques parties anciennes. A droite, sainte Marguerite yssant dundragon vert et tenant dans ses mains un vase dor surmonté dune croix.Elle porte un costume jaune dont les extrémités des manches sontviolettes et un manteau rouge. La scène se détache sur fond bleu. Lalégende de sainte Marguerite, avec sa physionomie toute particulière,toute populaire, était en harmonie parfaite avec lesprit et lestendances du moyen âge. La scène de la prison surtout, lapparition dumonstre effroyable, la jeune fille engloutie dun seul coup dans lagueule immense du dragon, mais, sans se troubler en face dun pareildanger, faisant le signe de la croix ; cette croix, tout à coupmatérialisée, grandissant, déchirant les flancs du monstre et la jeunemartyre en sortant intacte et sans blessures, reste la scène la plustypique de la vie de la sainte. La littérature, la peinture et lasculpture lont reproduite à linfini. Cette histoire venue delOrient, fut bien vite répandue et, dès le Xe siècle, on la trouvedans Métaphraste. Mais ce qui contribua le plus à sa popularité, ce futla puissance quon attribuait à son intervention. Son nom, nous dit unmanuscrit du moyen âge, cité par les Bollandistes, était célèbre danslEglise toute entière à cause de ses étonnants miracles, ob stupendamiracula. Elle était considérée comme la protectrice des femmes inlabore partu et cest une des croyances les mieux établies dumoyenâge. Pour revenir à notre vitrail, voici le texte dune vieillerédaction en prose évoquant la scène de la prison : « Elle pria nostreseignor quil eust merci de lui et que il li mostrat celui qui estoitses aversaires. Quant ele ot finies oraisons, uns dragons granz et rouseissi dun des angles de la chartre, qui avoit barbe ausint come flambeet ses dentz reluisoient ausint comme ors. Si oeil reflamboient come IIpierres precieuses et sa langue rouge comme sanc, et si sorcils blanccome argent. Et se leva enmi la chartre et commença à suibler. Et enchartre avoit grant clarté del feu qui li issoit parmi la bouche.Seinte Marine ot molt grant paor... » et elle pria Dieu de ladéfendrecontre ce dragon : « Le dragons laprist et la transgloti et li signede la croix devant et rompit quanque li dragons avoit el cors et liparti li ventre et la virge sen eissi quonques mal nout et li dragonsremest mort (32). » Liconographie de la sainte na guère retenu que cette scène ; cestelle que lon retrouve dans un grand nombre de manuscrits et jusque surle tableau de Raphaël que possède le musée du Louvre, si connu par lesgravures de Thomassin, Rousselet, Surrugue, Picard, Audran, Mariette,Marie Briot, Fiori et le baron Desnoyers. A gauche, se voit une autre sainte, assise, vêtue dune robe rose etdun corsage jaune broché, le bras gauche appuyé sur une sphère.Lidentification de ce personnage me paraît difficile à établir.Serait-ce sainte Avoye ? Nous savons quune chapelle de léglise étaitplacée sous son vocable. Ces deux sujets émergent de nuages et sedétachent sur fond bleu. Dans les lobes supérieurs, des anges tenantdes rebecs. Fond rouge et nuages. Dans deux petits cartouches, selisent les initiales P. I. Septième fenêtre. Moderne. Huitième fenêtre. Encommençant par les lobes du remplage, nousvoyons, en haut, se détachant sur un fond bleu, un Père éternel drapédans un manteau rouge, tenant le globe du monde et bénissant ; desanges musiciens, traités au blanc dargent, avec des ailes rouges,jaunes et violettes. Ils sont au nombre de seize, dont neuf jouent desinstruments à cordes et un du basson ou ophicléide. Au-dessous, quatre scènes (Pl. V) dont linterprétation paraît, deprime abord, assez embarrassante. Javais cru y voir des épisodes serapportant à la Purification, détaillée aux chapitres V et XII du Lévitique ; à lAnnonciation (Luc,I, 26, 35) et à la Nativité duChrist (Luc, II, 8, 13). M. le baron de Moidrey a lu ce vitrail dunefaçon tout à fait différente, et pense que ces quatre scènes serapportent à la vie de saint Joachim, à celle de sainte Anne et à celledu grand prêtre Zacharie. Saint Joachim et sainte Anne arrivent au Temple pour y faire leuroffrande. Ils en sortent tous les deux, leur don ayant été refusé parle Grand Prêtre Zacharie, à cause de leur stérilité. Saint Joachim, muet, garde les troupeaux et cache sa honte àOuadi-ek-Kelt, près de Jéricho. Il y reçoit dun ange lannonce quesainte Anne sera bientôt mère. Le même messager apporte à sainte Annelheureuse nouvelle qui mettra fin à sa disgrâce (33). Larchaïsme du dessin, léclat des couleurs, me font supposer que cespeintures sont plus anciennes que les autres. Elles pourraient êtreattribuées au XVe siècle et, peut-être, proviennent-elles des vitrauxde lancienne église ? Au-dessous, deux fragments dautres scènes, encadrées par une accoladeà crochets. On ne voit que les têtes des personnages. Le premierfragment de gauche, appartient à une Annonciation. Lange est à gauchede la Vierge, on distingue lextrémité de son sceptre terminé par unefleur épanouie. Une marmite de cuivre à couvercle est suspendue à lamuraille. Le fragment de droite appartient à une Visitation. Les deuxfigures sont fort belles, surtout celle dElisabeth, à droite,remarquable dexpression et le drapé de sa coiffure très élégant.Au-dessus de laccolade de droite, un fragment dornement, étranger ausujet, a été rapporté. Nous sommes ici dans la chapelle de Le Valois ou de Putot. Les armes decette famille, qui se voyaient jadis sur le vitrail, ne sy trouventplus aujourdhui. Elles se lisent encore, à demi effacées, sur lamuraille, à gauche. Daprès un contrat de location de cette chapelle,cité par M. Puchot dans ses notes, sans indication de source ni dedate, le soin de la verrière était laissé aux locataires de cettechapelle. Ils étaient autorisés à remplacer les vitraux peints par duverre blanc. Cest ainsi que léglise Saint-Jacques fut dépouillée desa riche parure de peinture sur verre. Neuvième fenêtre. Dansla partie supérieure du remplage, loeilexercé peut apercevoir une minuscule Ascension. Le Christ sélève surun fond rayonnant ; la partie supérieure de sa personne est cachée parun nuage. Il porte une robe verte et ses pieds nus ont laissé leurempreinte sur le sol. Dixième fenêtre. Dansles lobes du remplage se voient encorequelques restes dune Pentecôte. Lattitude de deux personnages, lesmains jointes, le regard dirigé vers un point central, la présence delangues de feu se détachant sur un fond bleu, ne laissent aucun doutesur ce point. Le bas de ce vitrail a conservé trois curieuses figuresencadrées par des motifs darchitectures de la fin du XVe siècle et dela Renaissance (Pl. VI.)Lencadrement du milieu comprend deuxpilastres de la renaissance italienne ; les autres, de chaque côté,sont carrés à moulures prismatiques et décorés de pampres de vigne avecraisins. Les sujets représentés sont, de gauche à droite : saintJacques, portant la barbe et les cheveux frisés, ces derniers tombantsur ses épaules. Il est coiffé dun large chapeau ou chaperon velu surle devant duquel une coquille est fixée. Son vêtement se compose dunerobe gris bleu, recouverte dun manteau lie de vin ; un nimbe rougeavec double cercle dor entoure sa tête et il tient de la main gauchele bourdon de pèlerin. Ensuite, on voit un autre personnage quebeaucoup de personnes prennent pour le Christ ; il est vêtu dune robeviolette que recouvre un manteau rouge doublé de vert ; un nimbe vertcerclé dargent entoure sa tête et, de sa main gauche, semble tenir unecroix de couleur jaune, ce qui indique saint Jean-Baptiste et non leChrist. La dernière figure, une sainte abbesse, est beaucoup plusénigmatique, bien que son nom soit inscrit en lettres fleuriesblanches, se détachant sur le rouge vif du nimbe. Elle porte une robeviolette, une guimpe blanche et un voile gris brun et tient, de sa maingauche, une superbe crosse abbatiale dont la volute est ornée dunfleuron épanoui. Linscription porte le nom dAnsberte ; il sagit desainte Austreberte, vierge et première abbesse du monastère de Pavilly,fondé par saint Philibert, abbé de Jumièges. Originaire du territoirede Thérouanne, vers 630, fille de Badefroi, un des premiers officiersdu roi Dagobert, elle mourut à Pavilly, le 10 février 703. Cest à cejour que le Martyrologe romain en fait mémoire (34). Onzième fenêtre. - Bienque restauré, ce vitrail a conservé denotables parties anciennes qui se reconnaissent facilement. Il comprendtrois personnages en pied, se détachant sur des fonds détoffesdamassées brun, bleu et mauve. On y voit, de gauche à droite : saintPaul, vêtu dune robe rouge à galon dor recouverte dun manteau bleudoublé de vert. Il tient, de la main gauche, le livre de ses Epîtres,relié en rouge avec fermoirs et tranches dorés et, de la main droite,sappuie sur une longue épée. Un nimbe cendré entoure sa tête. Le personnage du milieu est peut-être plus difficile à identifier, maisje crois quil représente saint Jean lEvangéliste. Il porte une robedorée brochée noir et une ceinture grise avec un manteau vert brochédoublé de couleur lie de vin. De sa main droite, il sappuie sur unbâton et de sa gauche, il tient un livre fermé, le livre de sonEvangile, relié en rouge avec tranches dorées. Un nimbe brun entoure satête. Le dernier personnage, à droite, représente saint Pierre, facilementreconnaissable aux clefs quil tient, de la main gauche. La robe, decouleur bleue, est bordée en bas dun large galon rouge avec fleuronset filets or. Un ample manteau rouge doublé de vert sagrafe sur sonépaule droite. Il tient dans sa main droite un livre fermé, relié enrouge comme les précédents ; un nimbe vert entoure sa tête. Ces troispersonnages ont les pieds nus, particularité sappliquant spécialementaux apôtres. Dans le remplage, en grande partie refait, un Saint-Esprit se détachesur un fond lumineux et deux anges tiennent des phylactères surlesquels ont lit : S. Petrus - S.Paulus. A remarquer, dans le bas de ce vitrail, aux pieds du personnagecentral, un ecclésiastique à genoux, vêtu dune robe rouge et dunsurplis à larges manches (Pl. II). Peut-être sommes-nous ici dans lachapelle première, dont jai parlé au début de cette étude, et, dans cecas, le donateur représenté ici serait Jehan de Mannoury, à genoux auxpieds de son saint patron, saint Jean. Noble, vénérable et discrète personne, Jehan de Mannoury, chanoineprébendé de Lisieux, est qualifié de protonotaire du Saint-Siègeapostolique en 1510, 1518, 1524 et 1543 ; prieur commendataire deSaint-Cyr de Friardel (35) et prébendé de la prébende Paynel, en 1524. Les actes du tabellionage de Lisieux (36) nous le montrent passant unaccord, en 1510, avec un prêtre, Robert Flambart, au sujet dune maisonde la rue de la Chaussée. Le 1er décembre 1518, il fait une fondationpieuse en léglise Saint-Jacques et assigne à cet objet une rente detrente livres sur plusieurs maisons de la rue du Bailli. Le 20 avril1524, il soblige, avec Richard Lefèvre, avocat de cour laie, en lafaisance dune rente de douze livres au Chapitre de la cathédrale.Enfin, le 18 avril 1543, il fait fondation pieuse en la cathédrale deLisieux, aux termes de laquelle les chanoines devaient dire et chanter,à genoux, à son intention, le Stabat et plusieurs autres prières lejour du Vendredi-Saint. Il avait donné à cet effet trente livrestournois. Douzième fenêtre. Moderne. Vitraux du Collatéral sud Première fenêtre (àdroite en entrant par le grand portail). Enverre blanc. Deuxième fenêtre. Cebeau vitrail, habilement restauré, représenteune légende empruntée aux miracles de Saint-Jacques-de-Compostelle(37). Pour avoir lexplication de cette légende, quelque peuénigmatique, il suffit de recourir aux Acta sanctorum (38) où lon entrouve deux versions attribuées au chroniqueur italien Luc de Marineset au moine cistercien César dHersterbach (39). Voici la substance deces deux récits : Un homme profondément religieux sétant mis en route avec sa femme etson fils (40), adolescent dune grande vertu, pour se rendre àSaint-Jacques-de-Compostelle, arriva à Toulouse (41) où la fatiguelobligea à se reposer dans une hôtellerie dont le maître avait unefille de lâge du jeune homme. A sa vue, le coeur de cette fillesenflamme. Elle essaie en vain de lui faire partager ses sentimentscoupables. Alors lamour fait place à la haine et à la vengeance.Profitant du moment où le vertueux pèlerin est plongé dans le sommeil,elle glisse dans son sac la coupe dargent de lhôtelier et, à lheuredu départ, elle laccuse de lavoir volée. Le magistrat est informé, ilenvoie à la poursuite des voyageurs ; la coupe est retrouvée et lejeune homme condamné à être pendu. Accablés de douleur, les malheureuxparents reprennent le chemin de Compostelle. A leur retour, ilsveulent, une dernière fois, contempler les restes inanimés de leurenfant demeuré suspendu au gibet. Baignée de larmes, la pauvre femme seprécipite avec désespoir ; mais soudain la voix de son fils se faitentendre : « O ma mère, ne pleure pas, je suis vivant ! La sainteVierge et saint Jacques me soutiennent et me conservent sain et sauf.Allez trouver le juge qui ma condamné injustement ; dites-lui que moninnocence ma conservé la vie et quil se hâte de me rendre à laliberté et à votre tendresse. » Les larmes de la mère se changèrent enlarmes de joie. Elle est dans la maison du juge au moment où deuxpoulets retirés du foyer allaient être servis sur la table. Il croitque la douleur égare cette femme. « Bonne mère, lui répondit-il, vousrêvez. Votre enfant est vivant comme ces deux volailles. » Il parlaitencore quand les poulets sagitent, et lun deux se mit à chanter.Stupéfait le juge suit les parents, convoque les habitants et, lemiracle constaté, fait détacher le jeune homme quil rend à son père età sa mère. Jacques de Voragine et Vincent de Beauvais reprirent à leur tour cettelégende, daprès un prétendu texte du pape Callixte II. Voicilinterprétation quils en ont donnée, lun dans la Légende dorée(42), lautre dans le Miroirhistorial (43) : Un homme allant avec son fils à Saint-Jacques, vers lan du Seigneur1090, sarrêta pour loger, à Toulouse, chez un hôte qui lenivra etcacha une coupe dargent dans sa malle. Quand ils furent partis, lelendemain, lhôte les poursuivit comme des voleurs et leur reprochadavoir dérobé sa coupe dargent. Comme ils lui disaient quil les fîtpunir sil pouvait trouver la coupe sur eux, on ouvrit la malle et ontrouva lobjet. On les traîna de suite chez le juge. Il y eut unjugement qui prononçait que tout leur avoir fût adjugé à lhôte, et quelun des deux serait pendu. Mais comme le père voulait mourir à laplace du fils et le fils à la place du père, le fils fut pendu et lepère continua, tout chagrin, sa route sur Saint-Jacques. Or, vingt-sixjours après, il revint, sarrêta auprès du corps de son fils poussantdes cris lamentables. Soudain, voici que le fils attaché à la potencese mit à le consoler en disant : « Très doux père, ne pleure pas, carje nai jamais été si bien ; jusquà ce jour, saint Jacques masustenté, et il me restaure dune façon céleste. » En entendant cela,le père courut à la ville, le peuple vint, détacha de la potence lefils du pèlerin, qui était sain et sauf, et pendit lhôte. Comme on le voit, il y a de notables divergences entre les deux récits,et le mobile de laccusation est, dun côté, une vengeance de femme, delautre, lavarice seule. La littérature populaire a traduit, elle aussi, cette légende, ensinspirant du texte de Luc de Marines, rapporté dans les Actasanctorum. Dans un recueil imprimé à Troyes, au XVIIIe siècle,noustrouvons, sous le titre de « la chanson du pèlerin de Saint-Jacques »la pièce suivante, racontant le miracle : Troispellerins faisant séjour, Une fille prialun damour. La refusant,en sa besace, De nuict ellemist une tace. Par le moyende la rusée, Sur luy latace fut trouvée. Soudain auprévost fut mené, Destre pendu,fust condempné. Ses père etmère sen allèrent, En retournant,vif, le trouvèrent, Au chant ducoq rosti. Lors,linnocent fust despendu Sain et joyeuxleur fust rendu. La paillardefust condempnée Destre par lefeu terminée. Le vitrail de Saint-Jacques de Lisieux, visiblement inspiré par lapremière version, la plus pittoresque et la plus agrémentée de détails,doit être lu en commençant par le registre supérieur, en haut et àgauche (Pl. VII). I. Pendant le sommeil despèlerins, une jeune fille cache un objetprécieux dans un sac de voyage. Le père, la mère et lenfantsontcouchés dans un grand lit à pentes brodées, à rideaux verts etcouverture rouge. A la tête du lit, une statuette de la Vierge. Sur unetablette, un vase et un chandelier. II. Arrestation de ladolescent. La jeune fille à cheval, conduitet commande les gardes. La scène se déroule dans un joli paysage. Alhorizon, une maisonnette et des tours en ruine. III. Pendaison de laccusé. La jeune fille, richement habilléedune robe multicolore, désigne du doigt, avec satisfaction, lesupplicié aux juges et aux autres spectateurs. Le bourreau, en chemise,les manches retroussées, a un pantalon collant mi-partie jaune et blancavec haut-de-chausse à crevés. Il pousse du pied la jeune victime. Unmagistrat, vêtu dun manteau rouge, tient le bâton de commandement. IV. Retour des parents. Le père et la mère retrouvent leurenfant, toujours suspendu au gibet, mais soutenu par saint Jacques. V. Ils supplient le juge de ledélivrer. Celui-ci est à tableavec plusieurs convives ; le coq chante debout devant lui. VI. Lenfant est rendu à sesparents. A remarquer, au bas de cepanneau, au-dessus dun château servant de fond au paysage, le supplicede la dénonciatrice ; un homme portant une longue perche attise le feudans lequel est plongée la véritable coupable. Les deux personnagessont traités en grisaille, lun sur fond bleu, lautre sur fond rouge. Au bas de la composition se déroule le cortège de la charité deSaint-Jacques, donatrice du vitrail en 1526 (Pl. VIII). On y voitvingt-quatre personnages, dont huit chapelains, un clerc et leporte-bannière. Les chapelains portent le surplis et les frères sontvêtus de longues robes de couleur jaune, grise, bleue et rouge ; ilstiennent des torches ardentes et, sur lépaule droite, arborent lechaperon de la confrérie (44). Dans les lobes du tympan, deux autres scènes empruntées au texte dejacques de Voragine et représentant : un homme à cheval avec unadolescent en croupe, transportant un cadavre dans son linceul. Trente hommes de Lorraine, au témoignage de Hubert de Besançon,allèrent vers lan 1080 à Saint-Jacques de Compostelle et se donnèrentlun à lautre, un seul excepté, la promesse de sentraider. Or lundeux étant tombé malade, ses compagnons lattendirent pendant quinzejours, puis tous labandonnèrent à lexception de celui-là seul qui nesétait pas engagé. Il le garda, au pied du Mont Saint-Michel, et surle soir, le malade mourut. Or, le survivant eut une grande peuroccasionnée par la solitude de lendroit, par la présence du cadavre,par la nuit qui menaçait dêtre noire. A linstant saint Jacques luiapparut sous la forme dun chevalier et le consola en disant : «Donne-moi ce mort, et toi, monte derrière moi sur le cheval. » Ce futainsi que cette nuit là, avant la lueur du soleil, ils firent quinzejournées de chemin et arrivèrent à Montjoie qui nest quà unedemi-lieue de Saint-Jacques. Là, le saint les mit à terre et commandade convoquer les chanoines de Saint-Jacques pour ensevelir le pèlerinqui était mort, et de dire à ses compagnons que, pour avoir manqué àleur promesse, leur pèlerinage ne vaudrait rien. Le pèlerin accomplitces ordres et ses compagnons furent très saisis par le chemin quilavait fait et par les paroles quil leur rapporta avoir été dites parsaint Jacques. La seconde scène représente deux fugitifs traversant un pont quisécroule derrière eux et barre le passage à ceux qui les poursuivent.Là encore, cest une réminiscence de la Légende dorée dans laquelleon voit une tour sabaisser pour laisser le passage à un prisonnier.Ces deux dernières scènes appartiennent en effet au cycle légendaire desaint Jacques de Compostelle (45), mais nont aucun lien de parentéavec la légende principale qui occupe les grands panneaux de laverrière. Si nous en croyons le témoignage de lhistorien italien Luc de Marines,rapporté par les Bollandistes (46), cette légende aurait été peintedans toutes les églises et chapelles dédiées à saint Jacques (47). Quoiquil en soit, cette représentation, sur des vitraux est aujourdhuiassez rare. Jen connais six, appartenant tous aux XVIe siècle, sanscompter une peinture de Pisanello, citée par Vasari (48), qui auraitété exécutée dans la jeunesse de lartiste, dans lancienne église delTempio à Florence (49). Le premier vitrail portant une date est celui de Saint-Jacques deLisieux ; le second, de 1554, se voit dans léglise de Triel (50) ; letroisième, dans léglise Saint-Vincent de Rouen (51) ; le quatrième,dans léglise de Châtillon-sur-Seine (Côte-dOr) (52) ; le cinquième,dans léglise de Courville (Eure-et-Loir) (53) et le sixième, provenantde léglise de Villiers (Loir-et-Cher), est aujourdhui conservé aumusée de Vendôme (54). Une étude comparative de ces vitraux démontre quaucun ne contient lalégende en entier, mais quils peuvent néanmoins se compléter lun parlautre. En prenant comme point de départ ceux de Châtillon-sur-Seineet de Triel, qui contiennent le thème iconographique dans son intégritéprimitive : I. Comment le père et lamère de lenfant partirent pour allerà Saint-Jacques et demandèrent à loger à lhôte. Cette scène nesetrouve que sur le vitrail de Châtillon-sur-Seine. II. Comment la chambrière mit latasse dans la mallette delenfant. A peu de variantes près, cet épisode est représentésur lessix verrières. Dans une vaste chambre, plus ou moins luxueusementaménagée, les trois pèlerins sont couchés dans le même lit. Tantôt, lepère est au milieu, comme à Lisieux et à Vendôme (55) ; tantôt cest lamère, comme à Triel. A Châtillon-sur-Seine, au contraire, le jeunehomme est couché dans un lit, seul ; le père et la mère reposent dansun second lit et les deux scènes sont séparées par une grande cuisine,toute garnie daccessoires, où se tient la chambrière, les manchesrelevées plus haut que le coude, les pieds nus. Le vitrail de Trieloffre cependant une particularité qui donne lexplication de lactionde la jeune femme, cest quon voit, au dernier plan, cette même femmecherchant à faire violence au jeune pèlerin, lequel sarrache de sesmains et refuse de consentir à ses désirs. On voit que cest lhistoirede Joseph, de la femme de Putiphar et de la coupe cachée dans le sac deBenjamin que le légendaire du moyen âge a imitée. Pur quil ny aitaucun doute sur le sujet, le peintre verrier a tracé cette inscriptionau-dessous du tableau : Coment la chabriere, par nuyt,ainsy que Les pelerins dormoient, mist unetace Dargent en la malette du filz,car il Navoit pas voulu faire savolunté. On se rappelle que dans la Légendedorée, cest la cupidité seule quipousse laubergiste à la calomnie, et que cet aubergiste exécute sonaction après avoir enivré les pèlerins, tandis que dans le vitrailfrançais, cest une vengeance de femme et de femme dédaignée. III. Le départ des pèlerins.Cette scène nest représentée que surle vitrail de Courville. Elle se passe en pleine campagne, dans unpaysage riant et enchanteur. IV. Arrestation de ladolescent.Les verrières de Courville, deLisieux et de Triel nous y font assister. Elle est faite par des gardesarmés et le riche costume de la jeune fille qui y préside, montre bienquil ne sagit pas là dune simple chambrière, mais dune personne dequalité. V. Pendaison de laccusé.Nous trouvons ce supplice représenté surles vitraux de Lisieux et de Triel. VI. Comment le père et la mèretrouvèrent lenfant pendu à laJustice. Le retour des parents retrouvant leur fils encorevivant augibet, est rendu avec beaucoup dexpression sur les vitraux deChâtillon-sur-Seine et de Lisieux ; sur ce dernier, on voit nettementsaint Jacques soutenant de ses deux mains lenfant, au grand étonnementdes parents en présence dun pareil prodige. VII. Comment miraculeusement lecoq chanta. Ici encore unedivergence est à noter : les poulets rôtissent à la broche, dans lagrande cheminée de la cuisine et, tout à coup, sen détachent etreprennent leurs plumes comme on le voit sur les vitraux deChâtillon-sur-Seine (56), de Triel (57) et de Rouen (58). A Lisieux, aucontraire, le poulet est déjà servi sur la table du juge assis avec denombreux invités. Les parents sont à genoux devant la table surlaquelle, dans un plat, le coq chante à la grande stupéfaction delassistance (59). Luc de Marines ajoute naïvement à la fin de sonrécit, que le coq et la poule furent transportés à léglise voisineavec une grande pompe. Ils y vécurent sept ans. Après la mort de cesvolatiles, le grand nombre détrangers qui passaient par la ville nemanquaient jamais de se rendre dans cette église doù ils emportaientquelques plumes, lesquelles ne vinrent jamais à manquer (60) ! VIII. Comment lenfant futmiraculeusement dépendu. Cette dernièrescène, qui termine la légende, se trouve à Châtillon et à Lisieux,représentée à peu près dune manière identique. Le vitrail de Saint-Jacques de Lisieux est dune luminosité un peuexcessive quaccentue encore son emplacement en plein midi. Lescostumes des personnages, sans être dune grande richesse de drapé etde couleurs, sont néanmoins traités avec une certaine maîtrise, lerouge et le bleu y dominent. Ils rappellent ceux de la belle époque deFrançois Ier. Les figures sont, en général, très expressives, surtoutcelles des femmes. Une certaine recherche dans les accessoires et legroupement des personnages, témoigne de lhabileté et de la consciencede lartiste anonyme qui exécuta cette peinture. La richesse descouleurs qui flamboient au soleil ne lui fait rien perdre de soncaractère ; les scènes se détachent fort bien sur la grande lumière etla disposition de lensemble demeure toujours très compréhensible. Dans le bas, à gauche, une inscription dans un cartouche nous apprendque ce vitrail a été restauré en 1859 (61) ; voici cette inscription(Pl. VIII) : Cette vitre a été faite aux dépens de la charité de cette paroisse en lan M Vcc XXVI ainsi quon peut linduire du débris-ci contre conservé avec soin dans la restauration faite en M VIIIc CIX. Troisième fenêtre. Nepossède plus, dans son remplage, quun angepriant, traité en rouge, et un fragment informe sur fond rose. Quatrième fenêtre. Dans le remplage, on trouve : à gauche, lemartyre de saint Sébastien (62). Le corps du glorieux soldat est mutilé: il nen subsiste que la partie inférieure, le reste a été remplacépar un morceau de verre jaune. Deux archers, celui de droite bande sonarc, celui de gauche vise le saint dont le corps est attaché à unarbre, un flèche dans sa jambe droite, une autre à terre. Lun desarchers porte une culotte bleue, lautre une culotte rouge ; lun estla tête nue, lautre porte une sorte de bonnet jaune à carreaux. A droite, sainte Barbe, debout, vêtue dune robe bleue et manteau rose.Elle tient une palme de sa main droite et de sa gauche, soutient unlivre ouvert ; un nimbe rouge entoure sa tête. Près delle, une tour,dont il manque une partie, se détache sur un fond de paysage. Dans lesdeux plus petits lobes, deux anges priant, traités en rouge sur fondbleu. Cinquième fenêtre. Dans le lobe central du remplage se voit unetrès curieuse crucifixion traitée en grisaille. Le Christ est attaché àla croix par trois clous. Ciel nuageux avec rayons de feu se détachantdes nuages. Au-dessus des bras de la croix, le soleil et la lune. Dansle bas du sujet, une vue de Jérusalem, représentée par des monuments,des pylônes, une tour tordue et, à gauche, une gigantesque constructioncirculaire à plusieurs étages, rappelant la tour de Babel ainsi quonla représente ordinairement. Dans deux petits lobes, deux roues dorsur fond dazur, armes parlantes de la famille de La Reue, donatriceprobable du vitrail. Sixième fenêtre. Verrière moderne, ayant conservé dans son remplagequelques parties anciennes. En haut, lannonce de la Nativité auxbergers (63), dont deux sont debout regardant avec étonnement lecéleste messager ; un troisième, assis, sommeille. Lange de la partiesupérieure est moderne. Au-dessous, la nativité de lEnfant-Dieu, nu etcouché dans la crèche. Trois anges adorateurs au fond ; sur le devant,lâne et le boeuf au repos. De chaque côté, la Vierge et saint Joseph,tenant dans sa main gauche une chandelle allumée dont il protège laflamme, avec la main droite et son manteau, contre le vent qui soulèveen arrière les plis de ses vêtements, accompagnés danges apportant desprésents sur de riches plateaux. La facture de ce vitrail, quelque peunégligée, trahit une époque de décadence. Septième fenêtre. Moderne. Huitième fenêtre. Lafenêtre est remplie par une verrière moderne,mais le remplage a gardé une page ancienne dune belle allure et duncaractère très original : un jugement dernier. En bas, les mortssortent de leurs tombeaux au son de la trompette des anges. Tous sontnus, les mains jointes, jusquà un cardinal ne portant que son grandchapeau à cordelières ; un autre a la tête couverte dune calotteecclésiastique. Deux personnages assis, dun aspect majestueux, quipourraient bien être Moïse et Elie, tiennent de longues banderollespliées sur leurs genoux. Quatre anges portent les glorieux instrumentsde la Passion ; quatre autres, sur les côtés, sonnent de la trompettevers les quatre points cardinaux. Au-dessus, saint Joseph et la Vierge,le premier, moderne. Plus haut, le soleil et la lune éclairent, duneteinte blafarde, la redoutable scène. Enfin, au sommet du vitrail, leChrist en majesté, mais de facture récente. Malgré ses retouches,malgré surtout le voisinage de laffreuse imagerie quelle surmonte,cette scène du jugement dernier est tout à fait remarquable. Neuvième fenêtre. Cevitrail, qui devait se rapporter à la vie desaint Jean-Baptiste, noffre plus aujourdhui que deux scènes relativesà la vie du Précurseur. Au milieu, on a inscrit un délicieux portementde croix exécuté en grisaille sur fond dor, dune facture toutedifférente du reste du vitrail. Les deux scènes de la vie de saint Jeanse trouvent dans les lobes du tympan. A gauche, le baptême du Christ(64) nu, debout dans les eaux du Jourdain, la main droite sur sapoitrine. Sur sa tête, le Saint-Esprit, sous la forme dune colombe, sedétache sur un nimbe non crucifère. A gauche du Christ, le Précurseur,simplement vêtu dune tunique jaune serrée à la taille par une corde,tient de sa main droite une coquille. Un faisceau de rayons lumineux sedétache des nuages. Le sujet de droite se rapporte à la décollation desaint Jean (65). La tête du saint est présentée, sur un plateau, àHérode, pour satisfaire au caprice dune courtisane. Il est à remarquerquHérode porte le grand costume des rois de France : robe de brocartdor, manteau bleu au col dhermine, couronne fleuronnée, jusquausceptre dor terminé par une fleur de lys, quil tient de sa maingauche. Deux séraphins traités en grisaille sur fond bleu pâle. Dans lehaut, fragment dun couronnement gothique, étranger au sujet. Dixième fenêtre. - On yvoit encore deux anciens couronnements dedais gothiques abritant, autrefois, des personnages maintenantdisparus. Dans les lobes du remplage, quatre scènes, dont trois serapportent à la sainte Vierge. Le premier sujet, daprès sa technique,doit provenir dune autre verrière. En effet, ce motif est peint engrisaille dor, alors que les autres sont traités en verre de couleurs.On y remarque un personnage en chaire, la tête manque, prêchant à desauditeurs plus ou moins attentifs, de profil, de dos et même couchés.Les autres scènes se rapportent à la mort de Marie : sa dernièrecommunion, sa mise au tombeau et son Assomption. On ne possède aucundocument sur la mort de Marie, la tradition seule a permis aux artistesde la représenter. Jean Schoerel, peintre flamand du XVIe siècle, areprésenté la Vierge au moment de sa mort, tenant à la main un ciergeallumé, que lon retrouve sur ce vitrail, recevant la communion desmains de lapôtre saint Jean, dans la maison duquel on croit quellemourut à Ephèse. La lecture de ce vitrail est dailleurs assezdifficile, le dessin manque de netteté et quelques inversions ont dûêtre commises lors dune remise en place. Au-dessus, deux angesmusiciens, lun joue de la harpe, lautre de lorgue. Dans la partiesupérieure, le Christ bénissant, tenant le globe du monde, figureparaissant avoir été restaurée. De chaque côté, deux séraphins traitésen grisaille sur fond bleu. Onzième fenêtre. Naconservé que quelques fragments : des anges,dont deux jouent de la harpe, deux de la viole et deux autres priant.La figure du Christ, occupant la partie supérieure du remplage, estmoderne. Par contre, la partie extrême des dais, à droite et à gauche,est ancienne. Douzième fenêtre. Moderne. Létude des vitraux de Saint-Jacques ne peut que faire regretterdavantage la disparition de cette riche parure qui complétait si bienlédifice. Ces fragiles oeuvres dart que le temps avait épargnées,nont pas trouvé grâce devant le mauvais goût dune époque qui lesproscrivit, parce quelle en ignorait la beauté et nen comprenait plusle sens. Lart somptueux du vitrail fut, en France, inséparable delarchitecture et la forme la plus brillante et la plus riche de lapeinture monumentale. Léon dOstie (66) et le moine Théophile (67) sontles premiers qui aient parlé clairement de lart du peintre verrier ;le second reconnaissait la supériorité des ouvriers de chez nous, inhoc opere peritissimi. Au siècle dernier, Cahier et Martin, pour les vitraux de Bourges (68) ;Hucher, pour ceux du Mans (69), ont ouvert la voie et provoqué denombreux travaux sur ce sujet si captivant. De nos jours, larchéologie, qui a rendu de si grands services à lartchrétien, sest occupée des vitraux avec une sollicitude touteparticulière. Des spécialistes les ont étudiés et décrits ; lesymbolisme de leur iconographie, que nos aïeux comprenaient sanseffort, a été expliqué et commenté dans de remarquables ouvrages quiont donné naissance à une science nouvelle, la vitrologie. Ces monuments, dun art aussi précieux, méritent la sollicitude de laCommission des Monuments historiques qui devrait opérer le classementde tout ce qui reste de ces verrières étincelantes, au même titre etavec le même soin que les édifices dont ils sont le plus bel ornement. En terminant, je tiens à rendre tout particulièrement hommage à M. lecommandant baron de Moidrey, qui sest occupé des vitraux deSaint-Jacques avec un dévouement inlassable. Les planches de cetopuscule sont son oeuvre ; il les a dessinées au prix de milledifficultés, relevant avec sincérité les portraits des donateurs, quele grand éloignement rend à peine visibles. Au cours de ses travaux, ila recueilli de précieuses notes descriptives, complétant ainsi monétude, ce dont je te remercie, et qui mont permis de signalercertaines particularités qui échappent à loeil du visiteur, beaucoupplus séduit par la luminosité de lensemble que par la richesse et ladiversité des détails, pourtant si pittoresques. NOTES : (1) « Plusieurs des visions de saint Jean sont peintes dans lesfenêtres hautes de Saint-Jacques de Lisieux. » Jean LAFOND : LArtchrétien dans nos vitraux normands (Journal de Rouen du 28 août1919). (2) Devis de léglise Saint-Jacquesde Lisieux fondée par la maison deValois, dans Bulletin de laSociété historique de Lisieux, 1900, n°12, p. 46. (3) Tabellionnage de Lisieux, Archives de Me Cailliau, notaire. (4) Comptes du Trésor. Arch. du Calvados. (5) Mémorial de ce qui sest passéde plus remarquable dans la villede Lisieux depuis lan 1676 [jusquen lan 1717], dans Bulletin de laSociété historique de Lisieux, 1875, n° 6. (6) DELISLE et P. MEYER : LApocalypseen français du XIIIe siècle(Bibl. Nat. F. 403). Paris, 1900-1901, in-8 et album in-fol,FIRMIN-DIDOT : Des Apocalypsesfigurés manuscrits et xylographes.Paris, 1870 in-8. PETIT-DELCHET : LesVisions de saint Jean dans troisApocalypses du XVe siècle. Paris, 1905 in-8. (7) Miscellanées Lisieux,1856, p. 106-108. (8) Un Vitrail du XVIe àSaint-Jacques de Lisieux, dans LeProgrèsLexovien des 4 et 11 février 1921. (9) FIRMIN-DIDOT : Des Apocalypses......,p. 65 (10) Publié par L. DELISLE et P. MEYER : LApocalypse en français auXIIIe siècle. (11) JAMES (M. R.) : The Trinitycollege, Apocalypse a reproductioninfacsimile of the manuscrit R. 16. 2 in the Library of TrinityCollege, Cambridge, printed for the Roxburghe Club. London,1909,in-fol. (12) WAAGEN : Treasures of art inGreat Britain, t. II, p. 453. (13) La Bible française au moyen âge,p. 93, 97, 408. (14) Et vidi cælum apertum, et ecce equus albus, et qui sedebat supereum, vocabatur fidelis et verax. Apoc., XIX, 11. (15) Et in capite ejus diademata multa. Ibid., 12. (16) Et vestitus erat veste aspersa sanguine. Ibid., 13. (17) Et de ore ejus procedit gladius ex utraque parte acutus. Ibid.15. (18) Et exercitus qui sunt in cælo sequebantur eum. Ibid., 14. (19) Et reges terræ et exercitus eorum congregatos ad faciendumprælium. Ibid., 19. (20) Fol. 33. DELISLE et MEYER, loc-cit.,p. 87. Veni, ostendam tibidamnationem meretricis magnæ, quæ sedet super aquas multas cum quafornicati sunt reges terræ et inebriati sunt qui in habitant terram.XVII. 1, 2. (21) Ms. fol. 33 v°. DELISLE et MEYER, p. 88. Mulierem sedentem superbestiam coccineam... et mulier erat circumdata purpura et coccino etinaurata auro, et lapide pretioso, et margaritis, habens poculum aureumin manu sua plenum abominatione et immunditia fornicationis ejus... Apoc., XVII, 3-5. La grandeBabylone, sous lapparence dune femme enrobe violet pâle, semée de fleurs avec un diadème à fleurons, assise decôté sur un léopard jaune, se trouve dans le ms. néerlandais n° 3, fol.20 de la Biblioth. nationale. Peut-être pourrait-on trouver uneallusion à notre sujet dans une miniature dun ms. de lEscurial, fol.37, attribuée à Jean Colombe, et qui représente une bergère assise aumilieu dune vaste prairie. La bête à sept têtes leffraie et elle sepenche en arrière tenant à la main une coupe dor en forme de ciboire. (22) Ms. fol. 35. DELISLE et MEYER, p. 94. Cecidit, cecidit Babylonmagna et facta est habitatio dæmoniorum, et custodia omnis spiritusimmundi, et custodia omnis volucris immunde et odibilis. Apoc.,XVIII, 2. On peut encore rapprocher de ce vitrail de curieusespeintures du XIIe siècle dans un ms. de la Biblioth. dAltamira,notamment celle du fol. 51 représentant la Grande Prostituée. Voir A.BACHELIN : Description duncommentaire de lApocalypse dans LeBibliophile français, t. IV, 1869, pp. 98-129. Voir aussi ladescription des bas-reliefs de léglise de Grainville la Teinturière,dans abbé COCHET : Les églises delarrond dYvetot, t. I, p. 154. (23) Mulier, amicta sole, et luna sub pedibus ejus, et in capite ejus,corona stellarum duodecim. Apoc.,XII, 1. (24) La Vie de Nostre-Dame, laglorieuse Vierge Marie, dans G.P[eignot] PHILOMNESTE. Predicatoriana,Dijon, 1841, p. 319 et suiv. (25) Voir un curieux recueil de Miracles du saint archevêque, racontéspar Guillaume de Cantorbéry, que Robertson a inséré dans son précieuxouvrage Materials for the hystory ofThomas Becket, London 1875-1885,7 vol. in-8, notamment t. I., p. 256, qui contient le récit delaccident survenu aux ouvriers qui travaillaient aux fondations de lacathédrale de Lisieux, récit publié et traduit par le chanoine V. HARDYdans son bel ouvrage : La cathédralede Lisieux, pp. 116 et suiv. Cetexte a été utilisé par Georges HUARD : La cathédrale de Lisieux auxXIe et XIIe siècles, dans Étudeslexoviennes, t. II, p. 8-9. HIPPEAUa publié en 1859, le texte dune vie de saint Thomas, par GARNIER dePont Saint Maxence : La Vie de saintThomas-le Martyr, Paris, Aubry,1859, in-8, daprès un manuscrit provenant de labbaye de Saint Evroul,acquis en 1839 par la Bibliothèque nationale et que Le Roux de Lincy asoigneusement décrit dans la Bibliothèquede lÉcole des Chartes, t.IV, p. 208-247 ; il porte actuellement le n° 13.513 du fonds français.(H. OMONT : Catalogue général desmanuscrits français, t. III p.639.) Voir enfin abbé RENET : SaintThomas Becket. Ses historiens, sonculte, sa naissance, son passage, ses parents dans le Beauvoisis,dans Bull. soc. Acad. de lOise,t. XII, 1886, p. 12 et suiv. Rappelonsaussi que la chapelle de lhôpital de Lisieux conserve des ornementssacerdotaux quune respectable tradition dit avoir servi au saintprélat lors de son voyage à Lisieux au moment de la construction deléglise de lHôtel-Dieu, vénérable monument que des vandales ontdétruit au XIXe siècle ! Voir abbé TAPIN : Saint Thomas de Cantorbéryet une tradition à Lisieux, Caen, 1870, in-8, extrait de la Revue deNormandie, t. IX, 1869, p. 721 et suiv. (26) Il y a lieu de rappeler ici le souvenir du cérémonial que devaientobserver, pour leur réception, les compagnons chapeliers. Les officiersde compagnonnage prenaient les noms de Pilate, Anne et Caïphe,personnages dont on retrouve les effigies sur ce vitrail. Voir Histoire du Travail. Les corporations demétiers au XVe et XVIesiècles, dans LAmi du peupledu 9 juillet 1928. (27) Et cum complerentur dies Pentecostes, erant omnes pariter in eodemloco... et apparuerunt illis dispertitæ linguæ tanquam ignis, seditquesupra singulos eorum. Act.,II, 1, 3. (28) Sanctis sanctior, et cælis excelsior, et Cherubim gloriosior etSeraphim honorabilior, et super omnem creaturam venerabilior. SANCT.GERMANUS CONSTANTINOP patriarcha : Homiliade S. Virginis Deiparæmysteriis, dans Patr. græc.lat. t. XCVIII, col. 306. (29) Astitit a dextris ejus, in vestitu deaurato. Ps. XLIV, 10. (30) Posuisti in capite ejus coronam de lapide pretioso. Ps. XX, 4. (31) Chanoine PORÉE : Note surquelques représentations de laSainte-Trinité, p. 2. (32) Cest la traduction dun texte latin plus ancien qui sexprimeainsi : Et ecce subito de angulo carceris exivit draco horribilis totusvariis coloribus, deauratis capillis et barba ejus aurea. Videbenturdentes ut ferrum ignitum. Oculi ejus velut margaritæ splendebant, et denaribus ejus ignis et fumus exiebat... Tunc erexit se ac sibilavitfortiter : et factum est lumen in carcere ab igne qui exiebar de oredraconis... Dum hec diceret bona Margarita draco ore aperto, posuit ossuum super caput beatissime Margarite et linguam suam porrexit supercalcaneum ejus et suspirans deglutivit eam in ventrem suum. Sed cruxChristi quam sibi fecerat beatissime Margarita, ipsa crux Christicrevit in ore draconis et in duas partes eum divisit, et beataMargarita exivit de ore draconis dolorem nullum habens in se. Voir A.JOLY. La vie de sainte Marguerite,1879, pp. 134 et 142. (33) Voir Petr.de Natalib.,lib. VIII, cap. 51 ; CAHIER, Caractéristiquedes saints dans lart populaire, t. I, p. 22 ; Légende dorée, traduction de labbéROZE, t. III, 1902, p. 13. (34) In pago Rothomagensi, sancte Austreberte virginis, miraculiscelebris. La vie de sainte Austreberte fut écrite par un moine deJumièges, sur les instances de sainte Julienne, abbesse de Pavilly.Voir Abbé MICHAUD : Vie de saintPhilibert, 1848, p. 46 et suiv. ; H.LANGLOIS : Les Enervés de Jumièges,p. 13 et pl. 2 ; Abbé P. MEUNIER: Sainte Austreberte de Marconne,abbesse de Pavilly, sa vie, sesmiracles, son culte, Arras, 1888, in-8. (35) Le prieuré de Friardel fut fondé à la fin du XIe siècle parIsabelle dOrbec et Guillaume de La Saussaye, son époux. Voir A.DALLET, Essai dhistoire etdarchéologie sur le prieuré de Saint-Cyrde Friardel, dans Revuecatholique de Normandie, t. XXIII, 1914, pp.602-615 ; 691-702. (36) Archives de Me Cailliau, notaire. (37) Abbé MÉTAIS, dans Bul. Archéolog.1900, p. 32. OTTIN : LeVitrail, p. 213. (38) Julii, t. VI, 1729, p. 50 § 202-204. Voir Etienne DEVILLE : LaLégende du pendu, Lisieux, 1919, in-8 et Revue Catholique deNormandie, t. XXVIII, 1919, p. 83-92. Une seconde édition a étépubliée en 1920, in-8 de 12 pages extrait du Progrès Lexovien des 13et 20 août. (39) Théologien né vers 1180 dans le diocèse de Cologne, mort vers1240. La plupart de ses ouvrages sont demeurés manuscrits. Ses travauxsur les miracles, publiés sous ce titre : Cesarii Hersterbacchensislibri XII illustrium miraculorum et historiarum memorabilium,Cologne1591, 1599, sont très connus ; ils contiennent le récit de nombreuxprodiges dont labsurdité a été plusieurs fois démontrée. Voir Hist.litté. t. XIII ; OUDIN. DeScriptoribus ecclesiasticis, t. III, p.81. (40) La nationalité des pèlerins nest pas très nettement établie. Dansles Acta sanctorum, on neparle que de deux personnages « quosdamTeutonicos ». César dHERSTERBACH pense que ces gens étaient de Trèves,tandis que Louis de la VEGA dit quils étaient français. Les textes neparlent que de deux personnages. Luc de MARINES, seul, en cite trois «vir quidam probus et amicus Dei, et uxor ejus optima mulier cum filioadolescentulo magnæ probitatis. » (41) Bien que le témoignage de Nicolas BERTRAND, lhistorientoulousain, dans son ouvrage DeTholosanorum gestis, publié en 1515et traduit en français en 1517 sous ce titre : Des Gestes Tholosains,dise que ce fut dans la ville de Toulouse que le miracle eut lieu, ilest difficile de préciser sil sagit de Toulouse, en France, ou deTolosa, en Espagne. Le temps mis par les pèlerins à revenir deCompostelle, pourrait peut-être servir dindication. (42) Traduction du chanoine ROZE, t. II, p. 275 et suiv. (43) Specul. hist., lib.XXVII. (44) De semblables cortèges se retrouvent sur de nombreux vitraux duXVIe siècle, notamment à Saint-Ouen de Pont-Audemer, Saint-Sauveur duPetit-Andelys et Quilleboeuf-sur-Seine. (45) Légende dorée,traduction du chanoine ROZE, t. II, 275 et 280. (46) Acta sanctorum, loc.cit.. § 184-186. (47) Quod pictum videmus in singulis beati Jacobi ecclesiis autcapellis. (48) Vie des peintres,traduction de LECLANCHÉ, t. III, 1840, p. 75. (49) Voir Bull. archéolog. publiépar le Comité historique desMonuments, t. II, 1842, p. 122. (50) Bull. Archéolog., loc.cit., p. 123-125. Une description de cevitrail, avec les textes des légendes, a été publiée par Eug.LEFEVRE-PONTALIS : Notice historiquesur léglise de Triel, dans Commissiondes Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise, vol. VII,1887, p. 132-133. (51) Bull. Archéolog., loc.cit., p. 125, note I. Paul BAUDRY : Légliseparoissiale de Saint-Vincent de Rouen, 1875, p. 67. (52) OTTIN : Le Vitrail, p.213. (53) Bull. Archéolog.., 1900,p. 26 et suiv. (54) Bull. Archéolog. publié par leComité... t. I, 1840, 2e part.,p. 196 ; t. II, 1842, p. 123. (55) Cette scène a été interprétée à tort par LAUNAY : Bull.archéolog. publié par le Comité..., t. I, 1840, p. 196, comme serapportant à un épisode de la vie de Robert dArbrissel , cité parMARBODE, évêque de Rennes, et GEOFFROY, abbé de Vendôme. La lettre dece dernier, la XLVIIe, a fait lobjet dun judicieux article de M. dePÉTIGNY, lhistorien du Vendômois, sur lauthenticité etlinterprétation de cette singulière lettre. Voir Biblioth. de lEcoledes Chartes, 3e série, t. V, p. 1 et suiv. et Congrès Archéologique,XXXIXe session, p. 237-241. (56) La scène se passe dans la cuisine du juge ; les poulets sontdebout, sur la broche. OTTIN : LeVitrail, pl. XVI, p. 148. (57) Le coq est à la broche. Il sen détache, reprend ses plumes et semet à chanter. Bull. archéolog.publié par le Comité..., t. II, 1842,p. 125. Com. des Antiquités deSeine-et-Oise, t. VII, 1887, p. 133. (58) Non seulement le coq sort de la broche, mais il vientse placer au milieu de la chambre pour chanter. Bull. archéolog.,loc. cit., p. 125, note I. (59) « ... Prætorem conveni in mensa sedentem qui gallum et gallinamassos scindere volebat... gallus et gallina saltaverunt in mensa,statimque gallus cantavit. » Actasanct., loc. cit. (60) « ... domumque reversi gallum capiunt et gallinam et in ecclesiamtranserunt magna solennitate : quæ ibi clausæ (res admirabiles et Deipotentiam testificantes) observantur. Ubi septennio vivunt (hunc enimterminum Deus illis instituit) et in fine septenni, antequam moriantur,pullum relinquunt et pullam sui coloris et magnitudinis, et hoc fit inecclesia quolibet septennio. Magnæ quoque admirationis est, quod omnesper hanc urbem transeuntes peregrini, qui sunt innumerabiles, gallihujus et gallinæ plumam capiunt et numquam illis plumæ deficiunt. » Acta sanctorum., loc. cit. (61) Voir le journal Le Normanddu 23 juillet 1859. (62) Saint Sébastien était le patron des confréries darchers,darbalétriers et darquebusiers. Lorigine des confréries de charitéen lhonneur de ce saint, remonte au XVe siècle. Voir Description dupèlerinage de Préaux, 1850, p. 8 ; F. ALIX : Saint Sébastien, sa vie,son culte, ses pèlerinages, Caen, 1912, in-8. (63) Luc, II, 8-13. (64) Matth. III, 13-17. ; Marc I, 9-11 ; Luc III, 21-22 ; Joan I, 29. (65) Matth. XIV, 5-12 ; Marc VI, 17-29. (66) Chronici Casinensis,édit. Dubreuil, Paris, 1603, lib. III, cap.10, 27. (67) Theophili presbyteri et monachilibri III scu diversarum artiumschedula, édit. de lEscalopier, Paris, 1843, lib. II. (68) Vitraux peints de Saint-Etiennede Bourges, Paris, 1841-1844, 2vol. gr. in-fol. (69) Calque des vitraux peints de lacathédrale du Mans, Paris, 1854et suiv., gr. in-fol. PLANCHES : |