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DU BOIS, Louis (1773-1855) : LesAdieux du citoyen Mellion, cavalier républicain, offert à la Patrie,par la Commune de Lisieux, à ses concitoyens.-A Lisieux, de l'Imprimerie de F.B.Mistral, Imprimeur de la SociétéPopulaire, 1794.- 7 p., 8°
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (26.II.2018)
[Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'uneseconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.
Courriel : mediatheque-lisieux@agglo-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@agglo-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusionlibre et gratuite (freeware)

Orthographe et graphie conservées à l'exception des s longs restitués.

Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque dun° 28 du journal Le Lexoviendu 12 juillet 1832.


LES ADIEUX


DU CITOYEN MELLION,

CAVALIER RÉPUBLICAIN,

Offert à la Patrie par la Commune de
Lisieux, à ses Concitoyens.
_____


CITOYENS,


Le plaisir de vivre parmi vous, & de participer à vos sagesdélibérations, m’est assurément bien doux. Mais mon devoir m’appelle ;la Patrie réclame mon bras, et je dois céder, sans balancer, à sa voixtoute-puissante. Mes Freres en sont venus aux mains avec les championsdes Rois ; ils moissonnent d’une main victorieuse, les lauriers del’Espagne, de l’Italie & de la Hollande : je dois aller lesrejoindre : j’emporte avec moi une vive reconnoissance des bienfaitsdont vous m’avez comblés.

Tandis qu’aux prises avec les Brigands extérieurs, je vengerai sur euxles malheurs qu’ils ont préparés à ma Patrie ; vous, Citoyens deLisieux, integres Républicains, continuez à démasquer les Intrigans ;renversez-les dans la poussiere ; appliquez-leur sur le dos le placardde l’ignominie. Ceux-là qui vous parloient sans cesse d’échaffauts& de tortures, de sang & de cachots, & qui vouloient que laterreur, dispersant les bons Citoyens, leur laissât une libre carrière; ceux-là qui crioient d’une voix sinistre & d’un air farouche,Vive la sainte Guillotine ; ceux-là sont d’infâmes scélérats que vousdevez poursuivre sans relâche, comme des tigres qui cherchent encore àboire le sang des cadavres amoncelés. L’homme de bien veut la justice :il est tolérant ; il est sensible : le scélérat au contraire, est unbrigand en guerre continuelle avec la probité. Il lui faut du sang, dusang encore, & puis du sang. Quatre-vingt têtes roulant ensemblefur les échafauts en permanence, sont pour lui le plus délicieux desspectacles ; s’il parle, le sang & le fiel mélangés ensembledégoutent de ses levres virulentes ; le crime parle dans ses yeux,& à sa mine alongée et livide, à son front pâlissant &sinistre, on croit reconnoître aisément les frippons déhontés, que vousavez couvert de la boue du mépris,

Citoyens, vous avez assez fait pour votre gloire, mais pas assez pourvotre sûreté. Les scélérats que vous avez détachés comme une teignecorrosive du corps social, ressemblent à ces serpens venimeux, qui,brisés en tronçons dispersés, peuvent encore de leurs dents perfidesvous couvrir d’un venin mortel. Si vous ne contenez pas dans la fange,élément naturel de cette fsorte de gens, cette petite faction de petitsconspirateurs, qui n'ont de grand que leur desir de nuire ; si vous neles empêchez pas de relever leur front criminel, c'en est fait de vous& de votre liberté. Le poignard de la persécution dans leurs mainsavides & sanglantes, vous rameneroit le regne des Capets & desRobespierre. Les cachots ouverts à leurs voix sépulchrales, serempliroient de victimes.

Mais non, non, Citoyens, vous ne le souffrirez pas ; un Représentant,digne de sa mission, de vous & de lui-même, viendra faire ce qu’ila déjà fait dans tous les lieux où il a passé. L’intrigue, lesfrippons, les partisans de la terreur, les orphelins de Robespierre ontrentré à sa voix dans leur nullité naturelle ; il les poursuit par toutsans relâche. Guerre aux Agens du Triumvirat, guerre aux hommes sanglans ; malheuraux inquisiteurs ; BOLLEL approche ; c’est un Hercule, dont la massuëdoit écraser les Brigands ; il punira ceux qui se sont fait un jeu dela liberté, de l’honneur & de la félicité de leurs Concitoyens.Rallions-nous à la Convention Nationale ; portons dans le sein deBOLLEL l’épanchement fraternel de nos sentimens ; parlons lui avechardiesse & dignité ; un Représentant du Peuple ne ressemble pointaux buveurs de sang, que vous avez muselés ; il ne reçoit pas avecl’impudence du despotisme ; on l’approche sans trembler ; il ne se sertde l’autorité que pour faire le bien, & vos inquisiteurs nel'avoient revêtue que pour assassiner. Bollel portera la consolationdans le sein des familles, & eux, ils y versoient d’une maincruellement libérale, l’effroi, le desespoir & l’infortune. L’heure de la félicité va sonner, l’agoniedu coupable se fait entendre, & sa chute trop longtemps retardéearrive enfin, & va nous rendre la tranquillité & la doucesérénité de la joie.


CHANSON
AIR : Je l'aime tant.


SUR la horde des intrigans,
La justice est victorieuse ;
A bas le regne des Brigands,
A bas la terreur désastreuse,
Citoyens, vous avez vaincu
La scélératesse ennemie ;
L’empire heureux de la vertu
Va remplacer la perfidie.


DU Triumvirat détesté,
Une maussade parodie,
Dans le sein de notre Cité,
Levoit sa tête enorgueillie,
Un vil ramas de scélérats,
Par tout dominoit par la crante ;
Mais vous avez levé le bras,
Et leur audace en fut atteinte.


LA terreur s’enfuit & n’est plus,
L'espoir rentre dans les familles ;
Ceux-là sont enfin confondus,
Qui nous menaçoient de Bastilles ;
Un inquisiteur surveillant,
A l’œil hagard, au front sevère,
N’osera donc plus maintenant
Prendra l’arme de l'arbitraire.


ON peut donc aussi renfermer.
Les suppôts de la tyrannie ;
Il suffira de leur montrer,
Leur brevet d’aristocratie.
Persécuter impudemment,
Avoir la morgue d’un despote,
L’ame noire & le cœur méchant,
Ce n’est pas être Patriote.

LE Patriote est juste & bon
L’aristocrate est au contraire,
Et persécuteur & frippon ;
Il cherche le mal de son frere.
Celui qui veut nous opprimer,
N’a point l’ame patriotique ;
Sur son front il faut imprimer,
La réprobation civique.

FIN


N.B. L’Assemblée des Citoyens de la Commune de Lisieux,
réunie à laSociété Populaire, a arrêté la mention honorable
& l’impression duDiscours & de la Chanson.



A LISIEUX, de l'Imprimerie de F. B. MISTRAL,
Imprimeur de la Société Populaire.