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DUBOSC,Georges (1854-1927) :  Le Tissage à la main en Normandie(1924).
Saisie du texte : S.Pestel pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (21.IX.2006)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr
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Diffusionlibre et gratuite (freeware)
Orthographe etgraphieconservées.
Première parution dans le Journal de Rouen du10 février 1924. Texteétabli sur l'exemplaire de lamédiathèque (Bm Lx : norm 1496) de Par-ci, par-là: études d'histoire et de moeurs normandes, 4èmesérie, publié à Rouen chez  Defontaine en 1927.
 
LeTissage à la main en Normandie
par
Georges Dubosc

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Unevieille maison de toiles et de blanc bien connue à Rouen, la maisonRenard et Carrière, a eu, un jour, l’ingénieuse idée de faire revivre,dans une vitrine de son étalage, rue de la République, l’ancienneindustrie du tissage à la main, jadis si florissante enHaute-Normandie. Dans un cadre campagnard et pittoresque, avec son «vaisselier » garni d’assiettes fleuries, son horloge normande, ses mursen bauge, où se détachent quelques gravures populaires, le métier àtisser avec ses lames et son ensouple évoque une industrie ruraledont les développements furent des plus intéressants.

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Lemétier exposé sert au tissage des fils de lin, mais le tissage à lamain se répandit surtout dans les campagnes et dans le Pays de Caux,quand le négociant Delarue - auquel Pierre Giffard voulait qu’on élevâtune statue en or - eut fait filer 40 balles de coton, avec une chaînede soie, bientôt remplacée par une chaîne de lin. Ne fut-il pas aussil’inventeur de ces « siamoises » qui furent les premières rouenneries,répandues bientôt dans le monde entier, les Flandres, la Hollande,l’Espagne et ses colonies, nos Antilles françaises, sans compter lestraitants de la côte d’Afrique. En 1787, la fabrique des toiles et descotonnades de la Généralité était estimée à 500.000 pièces, valant parannée de 45 à 50 millions de livres. Rouen qui possédait, en 1714,1.581 métiers de siamoises, de fichus, de mouchoirs fil et coton, enpossédait 3.495 en 1722.

Débordés par les commandesvenues de toutes parts, c’est alors que l’industrie dut recourir, pourle filage et le tissage, à la main-d’oeuvre campagnarde. Mais ce ne futpas sans mal, sans une lutte incessante. Les propriétaires campagnards,les fabricants des villes ne voyaient pas d’un bon oeil les villagesruraux se dégarnir de laboureurs, de journaliers et de domestiques. «On ne trouvait plus d’ouvriers pour réparer les granges, plus devachers ou de bergers », si bien que les fermes étaient « désertes debestiaux ». Par tous les moyens possibles, le Parlement protesta contrecet abandon de la terre par les ouvriers agricoles. Il alla mêmejusqu’à proposer « de faire défense dans la campagne de carder et defiler aucuns cotons, même de fabriquer aucunes étoffes ». Par contre,l’administration soutint les fabricants et les ouvriers agricoles ets’opposa aux mesures trop draconiennes proposées par le Parlement,trouvant qu’il y avait intérêt à diminuer les prix de revient desobjets fabriqués et à garder les bras nécessaires pour assurer lamoisson.

Tous ces artisans campagnards, vers 1780,au beau temps de l’industrie textile, étaient surtout des fileurs etdes fileuses au rouet, et leur nombre dépassait de beaucoup celui destisserands. Des 188.217 personnes rémunérées par la toilerie auxenvirons de Rouen, presque toutes étaient occupées à filer, surtout lesfemmes, les enfants, les infirmes qui n’avaient point besoin d‘apprentissage pour exercer ce métier. Les tisserands étaient doncmoins nombreux et formaient un peu l’aristocratie du métier, mais ilsétaient partout répandus dans tout le Pays de Caux. Arthur Young, à laveille de la Révolution, écrivait : « Tout le plateau, depuis Rouen,est un district plutôt manufacturier qu’agricole. Dans les ressourcesde ses habitants, la ferme vient après la fabrique. » Bientôt toutecette belle fabrique normande fut très menacée, à la suite du traité decommerce avec l’Angleterre en 1786, qui inonda le marché des étoffes decoton fabriquées à la machine, avec les tissages mécaniques créés parHargreaves et surtout par Artwight, en 1760. Il fallut que l’antiquerouet cédât devant la jenny d’Hargreaves et devant les machines crééespar ce Brisout de Barneville, dont le nom a été donné à une rue deRouen. Ce fut l’emploi de cet outillage nouveau, encouragé par Alexandrede Fontenay en 1786, par Pouchet, par Lemaître à Lillebonne, en 1802,qui détermina la concentration dans les usines de la filature,jusqu’alors dispersée dans les campagnes.

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Ladisparition de la filature du coton à domicile, remplacée par lemachinisme, venu de chez nos bons amis les Anglais, n’entraîna pasimmédiatement la disparition du tissage à la main. Tout au contraire.La production des filés ayant augmenté, le tissage à la main augmentaen proportion. Les étoffes, par suite, devinrent plus belles et surtoutplus variées. On en vint à imiter les tissus des Indes, à perfectionnerle calicot, le madapolam. Yvetot, capitale du pays de Caux et les lieuxcirconvoisins, Autretot, Veauville-les-Baons, Bolbec, connurent alorsune ère de prospérité extraordinaire.

Mais elle nese maintint pas toujours, et, au cours du dix-neuvième siècle, letissage à la main, dans les campagnes normandes, eut à subir bien desalternatives et des crises. La paix d’Amiens, en 1802, avait ramenél’activité et maintenu les salaires. La reprise des hostilités contrel’Angleterre, le blocus du Havre, interdirent l’arrivée des cotons enNormandie, en même temps qu’ils privaient notre industrie textile deses débouchés aux Antilles, où se vendaient aux noirs tant de siamoiseset de beaux madras. L’exportation des toiles bleues et des guinées, desgingats sur la côte d’Afrique, si active avant la Révolution, subitaussi le même sort.

Pendant toute la durée del’Empire, la production redevint considérable, même réduite au marchéfrançais, à cause du Blocus continental, interdisant presque partout enEurope les produits anglais : tout au plus si les innombrables guerresraréfièrent la main-d’oeuvre et dut-on, pour remplacer les solides garscauchois enrégimentés dans les armées napoléoniennes, employer lesfemmes et les enfants, qu’on se disputait alors à coups de salaires. En1814, dit Sion, dans sa belle étude Les paysans de la Normandieorientale, les salaires des tisserands montèrent à cinq francs parjour. Il y eut alors une poussée formidable. Tous les paysans apprirentà tisser. Comme autrefois, lors de la prospérité du filage, on netrouvait plus de charpentiers, de maçons, de couvreurs. Les populationscôtières, du côté de Saint-Valery et de Fécamp, se mirent à tisser.L’entraînement était si grand qu’on dut recourir à la main-d’oeuvre destisserands de l’Artois et du Cambrésis, où toutes les semaines, desrouliers allaient porter les chaînes, les tissures et… les salaires.Eugène Noël, le charmant écrivain rouennais, dans son Rouen, Rouennaiset Rouenneries, a raconté un voyage qu’il fit tout enfant, dans une deces voitures, se rendant aux environs de Dieppe. D’autres convoisallaient jusqu’à Péronne et Amiens. A un moment, en 1828, le préfet dela Seine-Inférieure, le baron de Vanssay, craignit même que toute lamain-d’oeuvre de l’industrie textile abandonnât la Seine-Inférieure,pour refluer vers le Nord. L’industrie lainière suivit alors la mêmeprogression et, malgré l’introduction de la machine, les tisserands àla main, dont on peut encore voir l’antique métier représenté sur lesbeaux vitraux de la pauvre église Saint-Etienne d’Elbeuf, serépandirent encore aux environs d’Elbeuf, de Louviers, de Darnétal.

Pendantune longue période, le tissage à la main, industrie familiale,s’étendit de plus en plus dans la campagne normande, mais eut à subirquelques crises, de 1830 à 1832, au moment de l’épidémie de choléra quiraréfia la main-d’oeuvre, surtout dans les villes ouvrières, en 1839, en1842 et aux approches de la Révolution, et des émeutes de Rouen, de1842 à 1849.

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Aquel nombre, pendant ces moments de prospérité, s’éleva le chiffre destisserands ? C’est une question assez difficile à résoudre, parce qu’onconfond généralement, dans les statistiques, tous les ouvriers ducoton, les fileurs et les tisserands.

A la fin de1833, P. S. Lelong, dans ses Aperçus historiques sur l’industriecotonnière, avance qu’il y avait, dans la Seine-Inférieure, 65.000tisserands, et dix ans après, Lecointe, en 1842, réduit ce nombre à30.500 seulement, différence qui rend ces évaluations assez douteuses.La mévente de 1842 ne suffit pas, en effet, à établir cette différence.Dans la Seine-Inférieure industrielle et agricole, Corneille ditqu’au temps le plus florissant de la rouennerie, l’industrie textilese chiffrait par un produit de 86 millions et que la main-d’oeuvrefigurait dans cette industrie pour 34 millions. Il estimait le nombredes ouvriers au métier à 45.340, hommes, femmes et enfants. Lors de lacrise cotonnière, en 1862, l’enquête ordonnée semble avoir établi quela Seine-Inférieure comptait 81.239 ouvriers, « occupés en temps normal», dont les familles représentaient, dit Sion, 223.754 personnes, soitun tiers de la population ».

Comment étaientparticulièrement répartis les tisserands à la main, en dehors descentres de filature ? La plus grande partie occupait tout un largequadrilatère, qui correspond actuellement à la plus grande partie duPays de Caux. Il était limité par la mer, au Nord ; par la route deFécamp à Bolbec, à l’est ; par une ligne allant de Bolbec jusqu’àYvetot et à Tôtes, au sud, et une ligne remontant de Tôtes jusqu’àDieppe, à l’ouest. Pas une bourgade où, au beau temps du tissage à lamain, on n’entendît claquer la navette. Un tiers des habitants de cesvillages cossus et riches alors dépendait de l’industrie textile.

Dansle reste du département, le tissage à la main était moins répandu. Al’extrémité du département, dans ce qu’on nommait au Moyen-Age, le grouin de Caux, il n‘y avait que cinq ou six communes, comptant unecentaine de tisserands. Rien dans le canton de Montivilliers. A l’Est,dans le pays de Bray, dans les vallées de la Varenne, de la Bresle, dela Béthune, peu ou point d’industries textiles. Il fallait rejoindre lavallée de l’Andelle pour retrouver quelques centres de tisserands,groupés autour des usines.

Par une anomalie quis’explique, autour de Rouen, il n’y avait que peu de tisserands à lamain. Ceux-ci, étant généralement alors mal payés, préféraient êtreouvriers fileurs dans les manufactures de Rouen, de Maromme, dePavilly, où les salaires étaient plus élevés. L’introduction deschemins de fer, d’autre part, et l’établissement des principales lignesferrées dans le département, n’eut aussi aucune influence sur ladistribution des centres ruraux de tissage à la main et sur lamultiplication des métiers à tisser. L’expansion des tisserands aumétier dans le pays de Caux, avait été due surtout au « roulage »facile sur un pays plat, sillonné de bonnes routes dans tous les senset aussi au peu de poids des étoffes transportées.

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Quelleétait la vie du tisserand campagnard, lors de l’apogée du tissage à lamain dans les campagnes ? A l’époque du filage au rouet, dont nousavons parlé, l’union du travail des champs et du travail industrielétait complète. Elle le fut moins, avec le tissage à la main.

Leprix d’un métier n’était pas très cher, 100 à 150 francs à Rouen en1836, mais il était plus cher cependant que l’achat d’un rouet. Deplus, il fallait au moins, d’après les Mémoires de l’ouvrier Noiret,un an d’apprentissage pour acquérir une véritable habileté technique.

Cesont ces deux conditions qui créèrent peu à peu une classe d’artisansdistincte de la classe agricole. Le tisserand n’était pas un ouvrieraccidentel comme on est porté à le croire, c’était bien un ouvrierspécialisé. Quelques journaliers demandaient bien à l’industriecotonnière un supplément de ressources, mais c’était la minorité. En1851, dans le canton de Fauville, d’après les tableaux de recensement,ces ouvriers « à deux mains » étaient 210 contre 3.600 tisserands,fileuses, trameurs et trameuses de profession. Le tissage n’était doncpas une industrie de secours, un métier d’hiver, mais le gagne-pain del’année. Tout au plus le tisserand cauchois abandonnait-il son métierpendant la moisson, où il se transformait en aoûteux, du mois de juinou d’août jusqu’en octobre. Ces mois passés au grand air et au soleilétaient, pour eux, une station, une halte dans leur métier, presqu’unrepos, sans compter qu’ils procuraient quelques profits en dehors deleurs salaires.

Plusieurs économistes, comme Sion,comme Levainville, dans son beau livre sur Rouen, ont décrit la vieintérieure et l’habitation du tisserand campagnard.

«Aux environs d’Yvetot ou d’Héricourt, les maisons allongées, dit Sion,se terminent par une pièce plus éclairée que les autres. Le jour entrepar d’étroites ouvertures, ménagées entre les poutrelles verticales quisoutiennent les murs de pise. Ces verrines sont la marque distinctivede la maison du tisserand. Pour garder aux filés l’humidité, sanslaquelle ils casseraient à chaque instant, il n’était pas obligé demettre son métier dans une cave, comme dans certains villages duCambrésis. L’air du pays de Caux n’est jamais trop sec. La maison où iltravaillait était donc de plain-pied avec le reste. Sur l’aire de terrebattue, au-dessous des grosses lampes qui éclairaient les veilléeslaborieuses, il y avait souvent place pour deux métiers au moins. Toutela famille du tisserand était, en effet, associée à son travail. Tantque le soin de ses enfants ne la réclamait pas impérieusement, la femmefabriquait les étoffes, calicots, mouchoirs, dont la confection exigele coup de balancier le moins vigoureux. Les enfants même étaientoccupés à dévider les écheveaux de fils de trame et à les enrouler surles fuseaux de la navette, que, dès 10 ou 11 ans, garçons ou fillesapprenaient à lancer, suivant un manuscrit de l’ouvrier Bion, conservéà la Bibliothèque de Rouen. Le tisserand avait trop besoin d’aide pourne pas garder ses enfants à l’atelier. Ils ne vivaient donc pastoujours au grand air comme les fils des paysans. L’industrie familialene fut donc pas toujours une idylle ».

En passant,indiquons qu’en Angleterre, dès le XVIIIe siècle, l’industrie textiledomestique entraîna la pire exploitation de l’enfance. Malgré tout, sipuissante est la force d’épargne paysanne, que les tisserands à lamain, surtout sous le premier Empire, parvinrent à devenirpropriétaires de leurs maisons ou d’une petite ferme ; de même aussi,vers 1834, quelques tisserands de laine, aux environs d’Elbeuf. Enfin,on signale l’association de quelques paysans, dans le canton des Logesou de Montivilliers, pour l’acquisition de petits domaines où ilscultivaient le lin, qu’ils rouissaient, teillaient, filaient ettissaient. Mais cette union de la culture et de l’industrie futtoujours rare chez le tisserand de cotonnades et de rouenneries.

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L’undes agents essentiels de cette organisation du travail dans lescampagnes était le porteur. C’était un type mi-paysan, mi-ouvrier,très curieux, très gai, très « allant », aujourd’hui à peu près disparuet qu’on ne retrouve plus que dans quelques croquis ou lithographiesd’Hippolyte Bellangé. C’était le messager souvent courtier etcultivateur, qui venait chaque semaine chercher dans les dépôts desfabricants, les chaînes, les tissures, souvent fabriquées dans lesvieux logis à étentes de la rue Eau-de-Robec, pour les distribuer auxtisserands cauchois. Avec une probité proverbiale, il rapportaitensuite les pièces confectionnées aux fabricants en gros. Ils avaientleurs habitudes, leurs coutumes, leurs traditions. Ils correspondaiententre eux, par des coups de fouet sonores qui retentissaient sur lesroutes. Eugène Noël, qui avait connu toute cette vie des rouliers etdes porteux cauchois, avait même recueilli quelques-unes de leurschansons de route, et il a décrit d’une façon très colorée, l’arrivéedes porteux du Pays de Caux, la veille du vendredi, dans les grandeshalles aux toiles et aux rouenneries de la Haute-Vieille-Tour, à Rouen.

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Leprogrès mécanique devait entraîner la disparition du tissage à la main.Chose curieuse, le premier tissage mécanique, composé d’unecinquantaine de métiers, fut monté à Fécamp, et en 1834, il y avaitdéjà, dans la Seine-Inférieure, 600 métiers à tisser. De 1840 à 1850,la décadence du tissage à la main s’accusa tout d’abord sur lelittoral, de Fécamp au Havre, région qui avait toujours résisté àl’introduction de l’industrie textile, et où les artisans revinrent,pour la plupart, à la pêche. Cette industrie rurale résista mieux aucentre du pays de Caux, bien que les petits fabricants campagnards,possesseurs de petits capitaux, étaient souvent ruinés les premiers.

Dès1854, le préfet Le Roy affirmait que « le tissage à la main étaitcondamné à disparaître, bien qu’il luttât en désespéré contrel’industrie des manufacturés ». Contrairement à ce qu’on aurait pupenser, la grande crise cotonnière de 1863 fut plus désastreuse pour lafilature que pour ce tissage individuel, et encore, en 1873, d’aprèsCorneille, le nombre des métiers à la main dépassait celui des métiersmécaniques, 60.000 contre 12.764. Peu à peu cependant, la décadences’accentua avec les nouveaux produits de Roanne et de Roubaix, quivenaient concurrencer nos rouenneries sur le marché colonial ; letissage du lin disparut aussi à cette époque du canton deMontivilliers. Les statistiques relevées par Sion montrent que dans lecanton de Yerville, on trouvait en 1906 : 17 ouvriers à Etouteville, aulieu de 150 en 1863 ; plus un seul à Ancretiéville-Saint-Victor et àSaint-Martin-aux-Arbres, au lieu de 1015 ; un seul à Vibeuf au lieu de3.801. A cette époque, Gustave Hutu, dans son Rapport sur l’industrietextile à Yvetot, fixait à 14 francs environ le salaire des bonsouvriers tisserands par semaine, pour un travail de 12 heures par jour.

Ladisparition des tisserands n’est pas encore complète et il y a toujoursdes métiers aux environs d’Yvetot, dans quelques communes où l’onfaçonne encore parfois des burnous, des haicks, des mouchoirs, desceintures orientales. Parfois encore quand les autos ralentissent unpeu dans la traversée d’un village cauchois isolé, on entend encore lebruit de la navette qui résonne. L’électrification départementale nepeut-elle apporter quelque modification dans cette industrie familiale ?

GEORGESDUBOSC