Corps
DUBOSC,Georges (1854-1927) : LesJaquemarts d'Auffay(1905). Numérisation du texte : O.Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (09.V.2008) [Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographe etgraphieconservées. Première parution dans le Journal de Rouen du10 décembre 1905. Texteétabli sur l'exemplaire de lamédiathèque (Bm Lx : norm 1496) de Par-ci, par-là: études d'histoire et de moeurs normandes, 1èresérie, publié à Rouen chez Defontaine en 1922. LesJaquemarts d'Auffay par Georges Dubosc ~*~Ils sont à peu près les seuls dans notre département, ces curieuxjaquemarts d'Auffay, ces amusants automates qui sonnent l'heure dansune petite tourelle située près du portail sud de l'église. Et c'estleur rareté dans notre région qui nous incite à rechercher un peul'origine et l'histoire de ces automates amusants et populaires, quifirent la joie de nos ancêtres, comme les petits jouets mécaniquesmodernes égaient encore aujourd'hui les petits enfants. A vraiment dire, ces grotesques figurines, auxquelles bien souvent lalégende a donné des surnoms drôlatiques, sortes de pantins auxquelsd'ingénieux mécanismes fournissent les mouvements simplifiés de lavie, ne furent que les remplaçants des anciens guetteurs qui, perchésen haut des beffrois, signalaient tout d'abord les heures à son detrompe, indiquaient les incendies ou l'approche des ennemis. Plus tard,quand les cloches communales eurent pris place dans les campaniles desbeffrois, ces guetteurs devinrent des clocheteurs ou des sonneurs, quifurent ensuite remplacés par ces automates mécaniques, exerçant la mêmefonction.... avec moins de peine et de fatigue. Les anciens jaquemarts d'Auffay, - car ceux qui existent maintenantsont relativement modernes, - ne semblent pas remonter, autant qu'onpeut en juger par leur costume, au dessus du XVIIe siècle. Ils faisaient certainement partied'une horloge ancienne qui devait présenter un certain intérêt, sil'on en juge par le soin que les habitants d'Auffay en prirent depuislongtemps. La première mention que l'on rencontre des jaquemartsd'Auffay, ou plutôt de l'horloge, se trouve dans le compte de 1691 oùl'on voit qu'un sieur Nicolas Hébert était payé 35 livres pourconduire l'horloge, et que 25 livres étaient données, quelques annéesplus tard, à un armurier Isaac Beatte, pour la réparer. Le même armurier-serrurier la conduisit quelque temps ; puis luisuccéda, en 1727, un sieur Jacques Bonnechose. Les réparations sont, dureste, assez nombreuses. Tour à, tour, on voit qu'elles furent faites,en 1703, par Jean Ballue, qui était horloger d'Yvecrique, et, en 1741,par le sieur Pitoize, qui est qualifié de maréchal et cavalier engarnison à Auffay. A cela, rien d'extraordinaire, car les maréchauxcomme les Armuriers et les Eperonniers faisaient partie de lacorporation des Horlogers. Il y avait également au XVIIIe siècle debons horlogers dans les campagnes : Martin de la Londe, à Pauville,Philippe Marie à Blainville, Gunard dit Vendôme qui répara leGros-Horloge de Rouen, demeurant à Alizay. Si l'on en juge par l'importance de la somme, l'horloge d'Auffay dutêtre, en très grande partie, refaite en 1762, date à laquelle on paie200 livres comme, à-compte à l'horloger Charles Sauvage, qui devaithabiter Buchy, car le même compte indique que Nicolas Bandart,voiturier, « pour avoir porté et rapporté l'horloge à Buchy reçut 4livres 5 sous ». En même temps, on payait « la viande, le cidre et lesoeufs, pour la nourriture des horlogeurs qui ont placé l'horloge.» En 1768, la fabrique payait encore à SimonVallot, horlogeur, de nouveaux travaux, et le même praticienexécutait, le 22 mars 1787, « deux pignons à Paquet Chivière etAuzou Bénard », les deux figurines automatiques qui ornaientl'horloge. Houzou Bénard et Paquet Sivière, ! Ce sont bien là, en effet, lesdeux noms populaires des deux jaquemarts cauchois. Houzou Bénard etPaquet Sivière, deux noms comme disait l'abbé Cochet, plus connus dansle pays que ceux de grands conquérants comme Alexandre ou cmme César! Ah, si jamais Houzou Bénard et Paquet Sivière, férus de politique,s'étaient présentés au scrutin de liste, ils auraient assuré le succèsde leur parti ! Au demeurant, les deux jaquemarts, postés dans leurpetite loggia comme dans un guignol, représentaient deux bons paysans,vêtus à la mode du XVIIe siècle, avec la collerette, le pourpoint àbasques relevées et la culotte courte. L'un, c'était Houzou Bénard,portant un chapeau relevé en avant et rabattu en arrière, comme lecapot ciré des marins. L'autre, Paquet Sivière, arborait un feutreretroussé cavalièrement. Par contre, tous deux fumaient la pipe et tousdeux portaient, accrochées à la ceinture, de grosses clochettes, surlesquelles ils frappaient avec une sorte de marteau allongé ! Quelle était l'origine de ces deux compères, sur lesquels lesdocuments d'archives et la tradition orale sont muettes ? Sans aucune preuve, l'abbé Cochet a avancé que les deux fantochescauchois pourraient bien être les portraits... animés de deuxprotestants du XVIIe siècle, qui, pour, quelque outrage envers lareligion catholique, auraient été condamnés à payer l'horloge et à sonner les heures. Et ilcite, à ce propos, l'horloge de Saint-François du Havre, placée en 1652et provenant d'amendes infligées à des protestants qui avaient injuriéle Saint-Sacrament et le pavage de l'église de Saint-Rémy, à Dieppe,payé par un gentilhomme protestant, M. de Crèveceeur, pour avoirtraversé, à cheval et sans se découvrir, une procession allant à Janval. Simples hypotèses, mais ce qui est certain, c'est que les deux nomsd'Houzou Bénard et de Paquet Sivière sont bien normands et biencauchois. Ce nom d'Auzou, qu'on retrouve comme prénom et comme nom, etqui figure même dans le nom de lieu : Auzouville est bien du cru et onen citerait de nombreux exemples. On trouve même dans les comptesd'Auffay un ouvrier charpentier, cité en 1692, qui s'appelle AudouJullien. Quant à Paquet Sivière, ou Chivière, prononcé à la normande,il ne sent pas moins le terroir. Pourquoi ces deux compagnons, portant la clochette suspendue à laceinture, ne seraient-ils pas immortalisés sous une forme amusante,deux clocheteurs de confrérie, comme on en voit encore dans les Charités de l'Eure ? N'existait-il pas à Auffay une confrérie duSaint-Sacrement et de Saint-Michel, datant de Georges d'Amboise, etdont les statuts furent approuvés en 1513 ? N'existait-il pas encore en1729 une confrérie de Sainte-Barbe, sans compter celles deSaint-Adrien, de Saint-Eloi, de Saint-Crespin ? Ne voit-on pas, en 1691, figurer dans les comptes un sieur RobertAudrieu, qualifié de clocheteur et payé 12 livres ? Chose curieuse,d'après Henry Havard, ce nom de clocheteur était justement au XVIIe siècle, le nom que l'on donnait aux jaquemarts, notamment à celui de la Samaritaine,dont nousreparlerons. A Auffay, également, sur une inscription dans l'église,concernant un sieur Audou - toujours la même variante dunom d'Auzou - Audou Lenfant; seigneur du Hanouart, il est questionde messes clicquées, c'est-à-dire annoncées dans les rues par une sonneriefunèbre ou cliquette agitée par le cliqueteur. Si cette hypothèse ne séduisait pas le public, peut-être pourrait-on sedemander encore si les deux fantoches, fumant leurs pipes, ne sont pasles figurations de ces deux soldats qui durent en 1634, être équipéspar la paroisse d'Auffay et envoyés par elle au service du Roi. On voitque la paroisse leur fit faire des habits avec aiguillettes, jarretières et lizet, deux grands chapeaux de 65 sous, et des épées etdes baudriers achetés à Dieppe. Nos deux bonshommes rappelaient-ils lesouvenir de ces miliciens cauchois ? Quoi qu'il en soit, Houzou-Bénard et Paquet Sivièredisparurent lors duterrible incendie déterminé par un coup de tonnerre, dans la nuitdu 3au 4 octobre 1867 et furent détruits ainsi que l'horloge. Mais ilsdevaient renaître de leurs cendres. Un amusant chanteur local, BenoitAlexandre, qui, avant la disparition des deux jaquemarts, avaitchanté leur gloire, provoqua une souscription qui atteint 500 francs,qui, joints aux 800 produits par la vente du très intéressant opusculed'Isidore Mars, ancien chef d'institution, sur l'Incendie d'Auffay,permirent de ressusciter Houzou-Bénard et Paquet-Sivière. Tandis qu'on replaçait la nouvelle horloge due à M. Roy, deSainte-Austreberthe, on replaçait également les deux nouveaux jaquemarts, en bois de chêne, de 1 m.10 environ dehauteur, sculptés, croyons-nous par la maison Bonet, avec leurs clochesde 15 kilogs fixées sur le ventre et que, par un mécanisme ingénieux,le marteau vient frapper tous les quarts d'heure. A chaque tintement,Houzou-Bénad et Paquet-Sivière tournent la tête, se faisant face. Dansl'ancienne horloge, les automates, en plus du quart de tour, sesaluaient. Qu'importe, du reste, un salut de plus ou de moins,l'essentiel est qu'ils aient pu reprendre leur poste, pour l'amusementdes touristes ! En dehors des jaquemarts d'Auffay, comme curiosité d'horlogeriepopulaire, on ne trouverait à mentionner, à Rouen, que l'horlogeastronomique de l'ancien Palais des Consuls, très vantée par son propreauteur David Thorelet, où l'on voyait un petit Cupidon « qui, d'un deses doigts, montre en quel jour du mois on est ». Le bras gauche dupetit Amour, suivant l'auteur, s'allongeait depuis le 21 décembrejusqu'au 21 juin et se raccourcissait ensuite. Mais l'horloge desConsuls marchait cahin-caha et c'est ce que constata, en 1661,l'illustre horloger Balthazar Martinot. Une ancienne horloge duPalais-de-Justice, citee dans les Récréations historiques de Dreux deRadier, devait aussi faire mouvoir quelques automates. Il est dit, eneffet, que « les badauts restoient trois quarts d'heure pour voir leseffets du méchanisme de l'horloge du Marché-Neuf et pour entendrel'heure et chanter le coq ». L'horloge de Saint-Ouen était légendaire etmontrait, elle aussi, des figurines automatiques, puisque Dreux deRadier constate. qu'on la disait construite par le diable ou par unsorcier, tout comme l'horloge de Strasbourg ou celle de Lyon. Il n'y a guère d'autres jaquemartsen activité, dans notre régionnormande, que ceux que nous venons de citer, mais ailleurs, surtoutdans les Flandres françaises, en Belgique, en Suisse et en Allemagne,ces automates légandaires sont nombreux pour le plus grand amusementdes foules. Il se pourrait même, que ce nom de « Jaquernart » tirâtses origines de quelque terme étranger ! On a, du reste, discuté tantet plus sur cette étymologie mystérieuse. Pour Lacurne de Saint-Palaye,Jaquemart vient de Jackman, homme armé d'une lance ; pour Ménage, il vient del'habillement des anciens guetteurs qui revêtaient une jaque oujaquette de mailles, .d'où le mot jaccomardus qu'on ne trouve nullepart, du reste. Pour d'autres, c'est le nom de l'habile artisan qui construisit cespremiers automates, Jacques Marc ou Jacques Mark ; pour d'autres,c'est un diminutif de Jacques Marteau, par similitude avecl'instrument qu'ils brandissent ordinairement, ou une altération deJacques Aimard ou Aymard, qui aurait été un ouvrier distingué. En réalité, il n'y a que les automates de Notre-Dame de Dijon,automates fort célèbres qui portent ce nom de « Jaquemart » etGabriel Peignot, dans l'amusante notice qu'il leur a consacrée, ayant dit qu'ils avaient dû être fabriqués par unouvrier lillois, on n'a pas tardé à retrouver dans cette ville, en1408, un serrurier, nommé Jacquemart Yolens, venu de Mons-en-Hainaut,auquel on a attribué la création des fameux « Jaquesmarts » dijonnais.Cependant, d'après les dires de M. Henri Chabeuf, le nom de Jaquemartn'apparaît dans les comptes qu'en 1500 ; auparavant l'automate estainsi désigné : « l'homme qui fiert du marteau la cloche de l'orloge ». Ceci s'explique car il n'y eut tout d'abord qu'un personnage àl'horloge de Dijon, quand Philippe-le-Hardi, duc de Bourgogne, suivantFroissart, après la bataille de Rosebecque, l'amena de Courtray oùelle était, jusque dans la ville bourguignonne, pour punir les Flamandsd'avoir refusé à Charles VI de rendre les éperons dorés des chevaliersfrançais, tués en 1312. A Jacquemart s'ajouta bientôt une figure defemme, Jaqueline. En 1610 et en 1714, lorsque les serruriers Casal,Jean Valet et Sonnois procédèrent à une restauration générale, onajouta un petit enfant chargé de sonner les dindelles, et que célébraen vers Aimé Piron, le père de l'auteur de la Métromanie. Réparés en1500, en 1588, en 1592, en 1689, refaits presque complètement en 1884par M. Château, qui a restitué l'un des automates et réparé l'autre,Jaquemart et Jaqueline, fumant leurs pipes, n'ont pas moins continué àservir de thèmes burlesques aux rimeurs bourguignons, comme au temps oùChangenet, le bon vigneron dijonnais, les dépeignait ainsi : Jacquemart de rien ne s'étonne. Le froid de l'hiver, de l'automne, Lechaud de l'été, du printemps Ne l'ont su rendre malcontent. Si simples fussent-ils comme mécanisme, les Jaquemarts de Dijon furentles premiers automates mis en mouvement par des poids moteurs,contrairement à ceux qui figuraient dans les anciennes horloges à eauou clepsydres, venues de Chine ou d'Orient, comme celle donnée par lesArabes à Charlemagne et où l'on voyait douze cavaliers frapper lesheures. Bientôt, cependant, la mode des Jaquemarts se répandit en France. Faut-il citer Martin et Martine, ces deux Maures à lafigure peu avenante qui sonnent les heures sur le campanile del'Hôtel-de-Ville de Cambrai ? Martin et Martine datent de 1510 et M.Durieux a écrit sur eux un, intéressant opuscule où il rappelle leproverbe : « Il a été à Cambrai ; il a reçu le coup de marteau ! » Faut-il citer les trois marmousets placés dans une loggia sur lafaçade du joli Hôtel-de-Ville de Compiègne, les Picantins, troisguerriers du temps de François 1er qui, de leurs longs marteaux,piquent les heures sur trois cloches placées à leurs pieds ? Faut-ilencore rappeler, sous une arcade gothique, le paysan et la paysanne dubeffroi d'Avignon, de la Tour Gloriette, qui semblent sonner à tour debras la cloche des heures ? Ces Jaquemarts sont les plus connus, mais, il en existe encore d'autresen France. Enlart dans son récent ouvrage sur l'Archéologie civile,rappelle, en effet, Mathurin à laPorte-du-Haut-Pont de Saint-Omer ; les Deux escrimeurs qui, à l'Hôtel-de-Ville de Calais, croisent le fer ; lastatuette de La Mort qui, à Saint-Martial de Limoges, sous la formed'un squelette, ouvrant les machoires et tournant la tête, frappe de safaulx sur le globe terrestre pour sonner les heures ; les Jaquemarts de1a cathédrale de Lavaur, dans le Tarn, et ceux de Lambesc, dont Mme de Sévigné a parlé en une de seslettres ; ceux de Niort, en Poitou. Il en existait encore d'autres, mais qui sont, disparus actuellement. AParis, tout d'abord celui de la Samaritaine, célébré en vers et enprose par les écrivains du XVIIe siècle. Il en est parlé, notamment,dans La Lettre consolatrice escripte parle général de la Compagnie des Clocheteurs de France, en 1622, par Scarron, et par Berthod dans sa Description de Paris. Regarde un peu ce Jaquemart Testebleu ! Qu'il fait le monart. Ne soyonspas trop étonnés S'il frappe l'heure avec son nez ! Il y avait encore le Jaquemart de l'église Saint-Paul, dont il estparlé dans Les Caquets de l'Accouchée, dans le Testament de Tabarin etdans le Paris ridicule de Claude Petit. Peignons à la postérité Ce Caudenot emmaillotté Qui fait là-haut lasentinelle ! Que les dames ont mis ton nom Jaquemart, en si beau renom ! Disparu aussi le Jaquemart du Château d'Anet, où on voyait un bichedebout frappant l'heure de son pied, tandis que des chiens jappaient enarrière, ouvrant et fermant la gueule. Disparue aussi l'horloge deClermont-Ferrand, transportée d'Issoïre en 1577 et où l'on voyaitMars et le Temps. Disparus les Jaquemarts de Fontainebleau, les Dieuxet les Déesses exécutant une danse pendant que Vulcain frappaitl'heure. C'est leur souvenir qui faisait dire, en 1695 à Louis XIIIenfant répondant à sa mère : « Mamaga ! je sonne les heures comme le Jaquemart qui frappe surl'enclume à Fontainebleau. » Et le petit roi, nous dit Hérouard dans son Journal, frappait vivement avec sa cuillère sur un plat d'étain. En dehors de France, on retrouverait encore, quelqes jaquemartsexistants et qui ont aussi leur légende. Connaissez-vous Hans d'Iéna, dans la petite ville allemande ? C'est unetête monstrueuse - portrait du fou Klaus, bouffon de l'Electeur Ernestde Saxe -, dont la bouche s'ouvre quand l'heure va sonner. Uu vieuxpélerin approche alors une pomme piquée au bout d'un bâton, mais quandla pomme va être avalée, la retire presteinent, soumettant le pauvreHans au supplice de Tantale. Auprès, comme pendant à ce groupegrotesque, un ange agite à chaque heure son livre et sa sonnette. Connaissez-vous aussi le groupe très pittoresque de. Lunden, enSuisse ? D'après la description donnée, par le Dr Helein, on yvoitdeux cavaliers du XVe siècle se rencontrant et se donnant autant decoups qu'il y a d'heures à sonner. Pendant ce temps, on voit lesMages, suivis de tout un cortège défiler devant la Vierge etoffrir des présents, pendant que les anges sonnent de la trompette.Très curieux aussi le groupe du XVe siècle de la cathédrale deRoeskilde en Danemark, où l'on voit, un Saint-Georges pourfendant ledragon. Le même groupe, très pittoresque, existe encore à l'horloge deBâle. A Lubeck, en 1405, on voyait les Douze apôtres sonnant lesheures ; à Berne, à Nuremberg des automates, dans le même genre,et, à Liège, le fameux carillon était actionné par touteune série de petits personnages courant et frappant sur lestinterelles. Les pays méridionaux n'ont pas non plus dédaigné les Jaquemarts. ASienne, le beffroi était appelé la Torre del Mangiadu nom d'unpersonnage automatique qui fraphait autrefois les heures sur le timbrede l'horloge. A Venise, l'horloge de Saint-Marc, construite en 1405,est non moins curieuse, avec son défilé automatique des Trois Roisdevant la Vierge et son groupe de carillonneurs, frappant la cloche àcoups de marteau ; à Medina del Campo, dans l'ancien royaume de Léon,est aussi notée l'horloge où l'on voit deux béliers se précipiter l'unvers l'autre, dans un combat acharné. Comme on le voit, on pourrait mobiliser toute une armée de jaquemartset d'automates, pantins et mannequins, fantoches et magots, sérieux ouplaisants, sévères ou drôlatiques, tous armés de marteaux ou defléaux, tous sonnant. tintant, frappant, piquant et clochaillant - clochando, clocabilis - disait Rabelais. Toutefois, en dépit del'ingéniosité de leurs mécanismes plus compliqués, il n'en est guèrequi aient conquis une réputation aussi répandue que les jaquemartsd'Auffay, qu'Houzou hénard et Paquet Sivière, les deux compères qui, deleur petite guérite, tout en fumant leur pipe éternelle, semblentveiller de haut et de loin sur les destinées du bon pays cauchois ! GEORGESDUBOSC |