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[DURAND,abbé Philippe-Ambroise].- Manuel des religieuses de la Providence àLisieux.- Lisieux : Imprimerie de J.J. Pigeon, 1840.- 146 p. ;17,5 cm.

Saisie du texte : S. Pestel pour la collectionélectroniquede la Médiathèque André Malraux deLisieux (16.III.2011)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@cclisieuxpaysdauge.fr, [Olivier Bogros]obogros@cclisieuxpaysdauge.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusionlibre et gratuite (freeware)
Orthographe etgraphie conservées.
Texte établi sur l'exemplairede la Médiathèque (BmLx : 18764)


MANUEL
DES RELIGIEUSES
de la
PROVIDENCE

A LISIEUX.

~* ~

Celui qui aura pratiqué et enseigné
sera appelé grand dans le Royaume des Cieux.
MATTH, V, 19.



Mes chères Soeurs,

L’article 384 de la Règle demande que toutes les Soeurs aient la mêmeméthode d’instruction.

Pour arriver à ce précieux résultat, il vous fallait un ouvrage qui fûten harmonie avec votre Règle, et adapté aux besoins de vos classes.

Mgr l’Evêque de Bayeux, qui porte toujours un vif intérêt à votreInstitut, et qui désire ardemment la prospérité de vos Ecoles, a vu etapprouvé avec plaisir l’utile entreprise de M. l’abbé DURAND, chapelainde la Communauté, qui a eu la pensée de mettre en rapport avec votreRègle et vos usages la manière d’instruire d’une Société justementcélèbre et si précieuse pour l’Eglise. On peut donc dire que cetteMéthode a déjà reçu la sanction du temps et celle de l’expérience.

Parmi les moyens qui vous sont proposés, il n’en est aucun, si petitqu’il soit, qui doive vous paraître indifférent. Plus vous serezfidèles à l’ordre prescrit, plus vous verrez les difficultés s’aplanir,et vos travaux couronnés de succès.

Vous allez recevoir ces Règlements avec cette promptitude d’obéissanceet ce bon esprit que j’ai toujours reconnus en vous. Je vous engage àvous y conformer au plus tôt, ou du moins à les étudier attentivement,pour en faire doucement l’essai pendant l’année présente, selon que lecomportent les circonstances et les localités, afin de les mettretout-à-fait en pratique après les prochaines vacances.

        Recevez, mes chères Soeurs,l’assurance
            accoutumée demon sincère dévoue-
            ment en N. S.J. C.
            Le Supérieurde la Communauté,
    Lisieux, 30 octobre 1840.           FRÉMONT.



 


CHAPITRE Ier.

Importance et nécessité d’une méthode uniforme d’enseignement.
Nature de cet ouvrage.

1. Il est dit dans la Règle de la Communauté de la Providence, art.384, que les Soeurs auront une même méthode d’enseignement : c’est pourmettre à exécution un article si important que les Supérieurs de laMaison ont fait publier le présent Manuel.

2. L’uniformité dans la manière d’instruire est, à proprement parler,ce qui constitue un corps enseignant. D’ailleurs, combien d’avantagesne retire-t-on pas des méthodes uniformes et invariables ? Car, 1° lesMaîtresses se fatiguent moins ; 2° les progrès des élèves sont plusrapides ; 3° Les nouvelles Maîtresses ne paraissent pas l’être dansl’instruction, puisque non seulement elles enseignent la même chose,mais qu’elles l’enseignent encore de la même manière ; 4° les principess’impriment mieux dans l’esprit des enfans ; 5° leurs parens les ayantappris eux-mêmes, peuvent les leur enseigner et seconder ainsi lesMaîtresses ; 6° le changement de Maîtresse n’en apporte aucun dansl’enseignement : ce qui mérite singulièrement d’être considéré.

3. La meilleure méthode d’enseignement est, sans contredit, celle qui asubi l’épreuve du temps et de la pratique ; celle qui est la plussimple, la plus naturelle, la plus claire et la mieux proportionnée àceux que l’on instruit. Une expérience de plus d’un siècle a faitreconnaître tous ces caractères dans la Méthode que l’on suit dans lesEcoles Chrétiennes, et qui y produit de si précieux et de si brillansrésultats. Or, le présent Manuel en est la reproduction assez fidèle,sauf les modifications, les retranchemens ou les additionsqu’exigeaient les Règlemens de la Maison de la Providence.

4. Il ne s’agit donc pas ici d’une théorie fondée sur des combinaisonsde pur raisonnement ; il s’agit d’une méthode qu’on peut appelerMéthode éprouvée, et qui est le fruit de l’expérience d’un très-grandnombre d’hommes versés dans l’éducation.

5. La jeune Institutrice doit donc avoir lu et médité ce livre qui luienseigne la manière dont elle doit s’y prendre pour réussir dans sonemploi ; plus elle y sera fidèle, plus elle verra les difficultéss’aplanir et ses travaux couronnés de succès, et comme les moyens quenous indiquerons se prêtent un mutuel appui, il faudra faire sonpossible pour n’en négliger aucun.


CHAPITRE II.

De l’entrée dans l’Ecole.


ARTICLE I.
De l’entrée des Élèves.

6. On ouvrira la porte des Écoles en tout temps une demi-heure avant lecommencement de la Classe, le matin et l’après-midi.

7. Une Écolière, désignée par la Maîtresse, sera chargée de veiller aubon ordre pendant le tems de la réunion. Elle remarquera attentivementtout ce qui se passera, et à l’arrivée de la Maîtresse, elle luidonnera, par écrit, les noms de celles qui se seront distinguées parleur bonne ou par leur mauvaise conduite. Il lui sera défendu demenacer qui que ce soit, par signe ou par parole. On donnera unBon-Point aux deux qui paraîtront s’être le mieux conduites.

8. En entrant dans la Classe, les enfans salueront le Crucifix etensuite la Maîtresse, si elle est présente ; elles iront ensuiteoccuper la place qui leur aura été assignée, et ne pourront plus laquitter sans la permission de la Surveillante.

9. En attendant la Classe, celles qui savent lire repasseront leursleçons, ou les réciteront à des Répétitrices ; quant à celles qui nesavent pas lire, on désignera des Élèves sages pour leur faireapprendre leurs prières. On pourra aussi profiter de ce temps-là pourfaire lire ou écrire celles qui doivent être employées à seconder lesMaîtresses.

10. On exigera que les Élèves soient arrivées avant le commencement dela Classe, et on préviendra les parens qu’on ne reçoit leurs enfansqu’à condition d’une grande assiduité, leur faisant connaître l’heurede l’entrée et de la sortie. Il ne faudra pas craindre de perdrequelques enfans dans les commencemens ; quand il y a de l’ordre et del’exactitude dans une Classe, elle finit par se garnir tôt ou tard.

ARTICLE II.
De l’entrée des Maîtresses dans la Classe.

11. Les Soeurs seront très-exactes à se rendre en classe, au tempsprescrit par la Règle, art. 300 et 304. En entrant, elles feront uneinclination au Crucifix, iront se mettre à leur place et s’occuperont àlire quelque chose du Nouveau-Testament ou de l’Imitation, veillantcependant au maintien du bon ordre.

12. Les enfans se lèveront dès que la Maîtresse entrera dans la Classe; elles la salueront quand elle passera devant elles, et ne s’assiérontque quand elle leur en fera signe. Il en sera de même quand quelquepersonne de distinction rendra visite.


CHAPITRE III.

Commencement de la Classe.

13. A l’heure précise, une écolière sonnera la clochette, et aussitôtles enfans se mettront à genoux pour faire la prière, pendant laquelleelles se tiendront les yeux baissés et les mains jointes.

14. La prière étant finie, la Maîtresse frappera un coup de signal pourfixer l’attention ; ensuite elle haussera un peu la main pour fairesigne de se lever, puis elle baissera la main pour faire asseoir etfera commencer la récitation, ou bien elle montrera l’endroit où lesgroupes doivent être formés, si elle se sert de Répétitrices.


CHAPITRE IV.

De la Posture que les Maîtresses et les Ecolières doivent tenir dans la Classe pendant les leçons.

15. Les Maîtresses étant arrivées à leur place ne la quitteront passans une grande nécessité ; elles s’y tiendront d’une manière grave etmodeste, évitant tout ce qui ressentirait la légèreté, comme serait defaire rire, ou de faire quelque chose qui pût y exciter les élèves.Elles ne permettront pas que les enfans restent auprès d’elles.

16. Quant aux Ecolières, elles doivent être debout pendant lesrécitations, et assises pendant les leçons de lecture, et un peutournées du côté de la Maîtresse. Elles doivent tenir leur livre avecles deux mains, légèrement appuyé sur le bord de la table ; avoir lecorps droit, les pieds rangés, et ne pas balancer la tête en lisant.


CHAPITRE V.

Objets de l’enseignement.

17. L’Instruction chrétienne étant comme la base de l’éducation, lesSoeurs mettront leur principal soin à apprendre aux enfans les Prièresdu matin et du soir, le Catéchisme, les obligations du chrétien, lesMaximes et les pratiques du saint Evangile.

18. Elles s’appliqueront aussi avec beaucoup de zèle à leur procurerles connaissances nécessaires aux usages de la vie, comme la Lecture,l’Ecriture, la Grammaire et l’Arithmétique ; elles enseigneront aussil’Histoire, la Géographie et un peu de Dessin linéaire aux enfans quiseront assez avancées, surtout dans les localités où les autorités ledemanderont, afin que les Ecoles de la Providence ne soient en rieninférieures aux autres, et que les parens qui leur donneraient lapréférence pour la morale et la religion, n’aient rien de plus àdésirer pour l’instruction. Elles apprendront aussi aux enfans àtravailler aux ouvrages ordinaires.

19. Quelque multipliés que soient ces divers objets, la manière dontles Ecoles sont organisées en facilite beaucoup l’enseignement.


CHAPITRE VI.

Organisation des Classes. – Division des leçons. – Classification des enfans.

20. Les objets de l’enseignement étant très-multipliés, il est de laplus grande importance d’employer tous les moyens que l’expériencefournit pour exciter parmi les élèves cette louable émulation quiadoucit à l’enfant les peines de l’étude, et amène les progrès les plussatisfaisans.

21. Parmi ces moyens se trouvent la division des leçons, laclassification des enfans, l’ordre des récitations, les compositions,les changemens mensuels et les récompenses.

ARTICLE I.
Division des leçons de Mémoire.

22. Donner à un enfant une tâche trop forte et au-dessus de sacapacité, c’est le rebuter et l’exposer au dégoût de l’étude. Partager,au contraire, son travail en parties mensuelles ou hebdomadaires, lessubdiviser en leçons journalières, prendre note de ses changemens oupassages d’un degré au degré supérieur, le récompenser par desBons-Points qu’il puisse présenter à ses parens comme preuve de sessuccès : c’est le moyen d’obtenir, sans peine et en peu de temps, degrands résultats, comme l’apprend l’expérience.

Division des Prières.

23. On divisera les Prières en six parties :

Première partie : Signe de la Croix ; Notre Père ; Je vous salue,Marie ; Je crois en Dieu.

Deuxième partie : Je confesse à Dieu ; les Prières avant et après lerepas ; les actes de Foi, d’Espérance, de Charité et de Contrition.

Troisième partie : Les Commandemens de Dieu et de l’Eglise : Pater et Ave.

Quatrième partie : La prière du Matin du Diocèse de Bayeux ; le Credo, et la manière de dire le Chapelet.

Cinquième partie : La prière du Soir et l’Angelus.

Sixième partie : Le Confiteor.

Division du Catéchisme.

24. La première division comprendra le Symbole.

La deuxième, les Commandemens de Dieu et de l’Eglise.

La troisième, les Sacremens.

La quatrième, le Péché, la Prière, etc. ; de manière cependant àrepasser le Catéchisme au moins deux ou trois fois l’année. On suivrale Catéchisme adopté dans la paroisse.

Division de la Grammaire.

25. Première division : Depuis le commencement de la grammaire jusqu’aupronom.

Deuxième division : Depuis le pronom jusqu’aux verbes auxiliaires.

Troisième division : Depuis les verbes auxiliaires jusqu’aux verbespassifs.

Quatrième division : Depuis les verbes passifs jusqu’aux verbesirréguliers.

Cinquième division : Depuis les verbes irréguliers jusqu’au participe.

Sixième division : Depuis le participe jusqu’à la syntaxe.

26. On pourra diviser la seconde partie de la grammaire de la mêmemanière.

Division de l’Arithmétique.

27. Les Divisions d’Arithmétique pourront correspondre aux ordres ducalcul, c’est-à-dire aux diverses règles, numération, addition,soustraction, etc. On pourra aussi donner un certain nombre de numérospour chaque Division.
Division de l’Histoire et de la Géographie.

28. Les divisions de l’Histoire Sainte sont naturellement fixées parles époques, et celles de l’histoire de France par les règnes, lesdynasties et leurs diverses branches.

29. Les leçons de Géographie seront aussi divisées en plusieurs partiespour ce qui doit être appris par coeur.

30. Les leçons mensuelles étant ainsi partagées, la Maîtresse lessubdivisera en leçons journalières, ainsi qu’il sera dit plus bas.

ARTICLE II.
Classification des enfans pour les récitations.

31. Il est essentiel que les élèves d’une classe soient divisées enplusieurs Sections, afin qu’on puisse donner à chaque enfant des leçonsproportionnées à sa capacité ; sans cela, les unes seraientsurchargées, tandis que les autres perdraient leur tems.

32. On divisera ordinairement les élèves en trois Sections : lapremière comprendra les commençantes et celles d’un très-faiblemémoire, la seconde les médiocres, et la troisième les enfans douéesd’une très-bonne mémoire.

33. On pourra former une quatrième Section, que l’on appellera Sectiond’Honneur ; elle se composera des plus capables.

34. Si une élève est reconnue trop faible pour sa Section, on la feradescendre dans une Section inférieure. Si c’est l’effet de sanégligence, on en pourra prévenir les parens.

35. Si une écolière se présente dans le courant de l’année, on laplacera dans la Section qui est en rapport avec sa force, et onl’engagera à apprendre en son particulier les parties précédentes déjàapprises, en promettant de la récompenser par des Bons-Points.

ARTICLE III.
Ordre des Récitations journalières.

36. La Maîtresse, au commencement de chaque mois, fera connaître auxenfans de chaque Section ce qu’elles auront à apprendre pendant ce moisdans chacune des branches de l’enseignement ; ainsi tant pour lesPrières, tant de Catéchisme, tant d’Arithmétique, tant d’HistoireSainte, tant d’Histoire de France, tant de Géographie ; car tel estl’ordre dans lequel seront classées les récitations.

37. Il est très-essentiel de ne donner chaque jour à apprendre que ceque la plupart des élèves peuvent apprendre sans faute ; et voilà cequi doit servir de règle pour fixer la tâche de chaque mois, ou dechaque semaine.

38. On pourra donner, par exemple, dix lignes à la première Section,quinze à la deuxième Section, etc., s’il s’agit de matières qu’on n’aitpas encore apprises.

39. S’il s’agit de repasser, on verra ce que raisonnablement les enfanspeuvent apprendre.

40. Quand les élèves sauront la partie par laquelle il faut commencer,par exemple, la portion de Catéchisme, on passera à la grammaire, etainsi de suite.

41. Les sections inférieures ayant moins d’objets à réciter,emploieront un plus grand nombre de jours pour chaque partie ; parexemple, celles de la première, c’est-à-dire, les moins avancées,pourront avoir les prières pour les six ou sept premières récitationsdu mois ; le Catéchisme pour les douze ou quinze suivantes, etc. ;celles de la seconde Section pourront avoir les prières pour les troisou quatre premières récitations du mois ; le Catéchisme  pour lesdix ou douze suivantes, et ainsi de suite ; de manière cependant àréserver les derniers jours pour les repasser et préparer les examensqui doivent avoir lieu chaque mois.

42. La dernière récitation de chaque partie consistera à repasser toutce qui a été appris dans cette partie.

43. Avant de faire apprendre la Grammaire et l’Arithmétique, il est àdésirer que les élèves sachent toutes les prières et les deux tiers duCatéchisme.

44. On pourra donner, en dehors des leçons mensuelles, surtout auxélèves de la Section d’Honneur, quelques objets à apprendre par coeur,comme l’Evangile du Dimanche et quelque chose du Nouveau-Testament, etc.

45. On promettra quelques Bons-Points à celles qui réciteront le samedisoir l’Evangile du Dimanche. On pourra le faire réciter une ou deuxfois seulement, en en demandant un peu à chacune.

46. La Maîtresse devra s’occuper d’avance du travail nécessaire pourfixer d’une manière claire la tâche mensuelle, et le plus sûr sera dele rédiger par écrit, en son particulier, et de le dicter aux élèves ;par ce moyen, les enfans pourront étudier d’avance, en leurparticulier, ce quelles ont à apprendre.

47. Au lieu de donner la tâche pour un mois, on pourrait ne la donnerque pour une semaine, en faisant apprendre les différentes facultés lesunes après les autres. Alors on récapitulerait le samedi, et ondonnerait un certain nombre de Bons-Points à celles qui ne feraient pasde fautes, ou qui en feraient peu.

48. Il sera bon, de temps en temps, de donner pour leçons mensuelles ouhebdomadaires de repasser les parties déjà récitées, afin que lesélèves n’oublient pas ce qu’elles ont déjà appris.

49. Si les enfans ne savaient pas encore bien leur Catéchisme, on leurferait réciter au commencement de la semaine les leçons qui leursseraient données pour l’Eglise, et on expliquerait ces leçons dans lesCatéchismes qui se font chaque jour. Alors la tâche mensuelle ouhebdomadaire serait moins considérable.

ARTICLE IV.
Nécessité d’expliquer les Leçons, et manière de le faire.

50. La plupart des enfans sont doués d’une mémoire heureuse ; mais,comme une simple étude littérale serait presque inutile à des enfanspeu accoutumées à réfléchir, il est très-avantageux que la Maîtresseleur donne quelques explications quand elle fixe la tâche mensuelle, enattendant les explications journalières, qui devront être plus étendues.

Explication des Leçons de Grammaire.

51. Les leçons d’Orthographe devant être journalières, les Maîtressesse borneront à expliquer la leçon mensuelle de Grammaire pendant letemps destiné à l’Orthographe, la veille du jour auquel les enfansdevront en commencer la récitation ; et voici comment :

52. Supposé, par exemple, qu’il s’agisse de la première division deGrammaire : toutes les enfans de cette section ayant le livre en main,la Maîtresse fera lire la première phrase, fera observer ce que c’estque de parler correctement, fera distinguer les voyelles des consonnes, fera remarquer ce qu’on appelle substantif, et que ceuxqui servent d’exemples sont en italiques ; elle nommera les diversobjets qui, en ce moment, s’offrent à ses regards, comme table,tableau, papier, etc. Elle en fera nommer quelques autres aux élèves,et passera à la phrase suivante, qu’elle expliquera de même.

53. Pour l’article, elle désignera quelques substantifs, et leurdemandera les articles qui conviennent à ces substantifs, suivant leurgenre et leur nombre.

54. Pour l’Adjectif, elle fera observer sa différence avec lesubstantif ; elle prononcera tantôt un substantif, tantôt un adjectif,ou bien un substantif joint à un adjectif ; les fera distinguer etnommer par les élèves ; leur demandera de nouveaux exemples, etc.

55. Des explications plus détaillées seront données journellement,pendant le temps destiné à l’Orthographe.

Explication de l’Arithmétique.

56. L’exercice du Calcul devant être journalier, comme celui de laGrammaire, la Maîtresse se bornera à expliquer la tâche mensuellependant le temps destiné à l’Arithmétique, la veille du jour où doitcommencer la récitation. Les élèves ayant le livre en main, laMaîtresse fera lire la première définition de la leçon (supposé que cesoit la première partie) ; elle fera remarquer la différence qu’il y aentre un nombre, une unité, une quantité ; elle fera écrire surle tableau des nombres entiers, des nombres décimaux,fractionnaires, etc.

57. Si elle parle de la numération, elle leur expliquera comment on aformé les dizaines, les centaines, etc. ; elle fera écrire unnombre sur le tableau, le fera rendre plus petit ou plus grand par ledéplacement de la virgule, et en demandera l’explication, etc.

58. S’il s’agit du système métrique, elle en expliquera la formation; fera connaître comment on peut additionner, par exemple, 23 myriagrammes avec 45 kilogrammes ; 67 hectogrammes avec 189 grammes, etc.

59. Si elle explique l’Addition, elle en fera poser une sur letableau et la fera opérer, en faisant remarquer comment on doit passerd’une colonne à l’autre ; quelle est la valeur des chiffres que l’onpose, la valeur de ceux que l’on retient, etc. Elle en usera de mêmepour les autres Règles. Mais elle aura soin de s’assurer, par desquestions fréquentes, qu’on l’écoute avec attention. Elle répètera cesexplications, mais avec plus de développement, aux leçons journalièresd’Arithmétique, ainsi qu’il sera dit par la suite.

Explication de l’Histoire.

60. On ne fera réciter l’Abrégé de l’Histoire Sainte et de l’Histoirede France qu’aux enfans qui seront suffisamment avancées dans lesautres branches de l’enseignement. On pourra se borner aux faitsprincipaux qui y sont contenus ; et, si on y ajoutait quelquesdéveloppemens, on pourrait promettre quelques Bons-Points à celles qui,le lendemain, se rappelleraient le mieux ce qui a été dit.

61. Le vendredi, on fera lire les leçons mensuelles d’Histoire que lesélèves doivent réciter pendant le mois, et la Maîtresse pourra fairequelques observations qui serviront d’explication.

Explication de la Géographie.

62. Tous les mardis, après la récitation du matin, on lira les leçonsmensuelles de Géographie que doivent réciter les élèves qui l’étudient,d’abord en forme de lecture ordinaire ; ensuite, une seule écolièrelira très-lentement et très-distinctement, et une autre élève marquerasur la carte, avec une baguette, les villes, les fleuves, les pays,etc., qui font l’objet de la leçon.

Toutes celles qui apprennent la Géographie seront attentives à cesdémonstrations.

Explication de l’Ecriture.

63. Au commencement de l’Ecriture du lundi, la Maîtresse emploiera unquart-d’heure à expliquer les règles et les principes de l’Ecriture, entraçant elle-même ou faisant tracer des lettres particulières del’alphabet. Elle expliquera ce qu’il faut entendre par jambages,boucles, rondeurs, corps de lettres, etc. ; elle donnera aussi desexplications sur la posture que l’on doit observer en écrivant, sur lamanière de tenir la plume, etc. Elle répètera ces observations encorrigeant l’écriture des élèves, quand il en sera besoin.

ARTICLE V.
Manière de faire apprendre les Prières.

64. On réunira en groupes les enfans qui ne savent pas encore assezlire, afin de leur apprendre les Prières, et on pourra employer lesdeux moyens suivans :

1° On fera réciter, à haute voix et plusieurs fois de suite, unepetite partie de la Prière, par une enfant qui la sache bien, et on laleur fera répéter ensuite à toutes ensemble ou à chacune enparticulier, lentement et distinctement. Quand cette partie sera sue,on y ajoutera quelques mots de plus, qu’on fera réciter de la mêmemanière.

2° On pourra aussi faire réciter toute une prière, par exemple, NotrePère, plusieurs fois, exigeant que toutes celles qui doiventl’apprendre suivent exactement, et prononcent tout bas ce que la Répétitrice dit haut.

ARTICLE VI.
Manière de faire apprendre les Leçons.

65. On usera de tous les moyens que le zèle et l’expérience pourrontsuggérer pour obtenir que les enfans étudient chez elles. On engagerales parens à y tenir la main, et même à les faire réciter avant de lesenvoyer à l’Ecole.

66. La bonne manière d’apprendre une leçon ne consiste pas à la lired’un bout à l’autre et à la recommencer sans cesse, mais à s’y prendrecomme il suit :

1° Il faut la lire avec beaucoup d’attention, deux ou trois fois ;

2° Il faut apprendre par coeur une ou deux lignes, auxquelles, quandon les sait bien, on en joint encore autant ;

3° Quand, par ce moyen, on est parvenu à bien savoir une phrase, unepériode ou réunion de plusieurs phrases, etc., on la répète plusieursfois sans voir le livre ;

4° On passe à ce qui suit, qu’on apprend de la même manière, jusqu’à cequ’on possède bien toute la leçon ; c’est-à-dire, jusqu’à ce qu’onpuisse la réciter sans livre.

ARTICLE VII.
Manière de faire réciter les Leçons.

67. Après la Prière, tant le matin que l’après-midi, on fera réciterles leçons de mémoire données pour ce jour, et voici comment on s’yprendra :

1° On donnera un coup de signal, pour fixer l’attention des élèves ;ensuite, on fera signe à celles de la première section de se tenirdebout, en montrant un doigt ;

2° S’il s’agit d’une leçon par demandes et par réponses, l’élève quiest désignée la première fait la première demande, la seconde répond,et ainsi de suite. Quand la dernière a répondu, elle interroge lapremière, et ainsi de suite.

3° On fait continuer jusqu’à ce que la leçon soit finie, ou que l’onait fait réciter suffisamment pour s’assurer que chacune la possèdebien.

4° La même pourra aussi réciter, jusqu’à ce que la Maîtresse avertissela suivante de continuer, en frappant un petit coup sur la couverturedu livre.

5° Quand la leçon ne sera pas par demandes et par réponses, on donneraun petit coup sur la couverture du livre, pour passer à la suivante,qui devra continuer, sans répéter rien de ce que l’autre a dit.

6° Quand on voudra interrompre cet ordre, on donnera un coup de signal,et on tournera la pointe du signal vers celle que l’on voudra faireréciter.

68. On évitera de commencer la récitation toujours par la mêmeécolière, afin de prévenir les abus qui pourraient en résulter.

69. Quand celles de la première section auront récité, la Maîtressefera le même signe à celles de la deuxième, en montrant deux doigts.

70. On fixera le nombre de fautes qui ne pourront être tolérées, et, siquelqu’une le dépasse, on lui fera signe de passer en un lieu désignépour l’étude.

71. Pour engager les enfans à étudier avec plus de zèle, on donnera unBon-Point à toutes celles qui auront récité sans faute, ou presque sansfaute. Les élèves qui croiront avoir récité sans faute resterontdebout, afin qu’on puisse les reconnaître.

ARTICLE VIII.
Manière d’abréger la Récitation.

72. Si le temps destiné à la récitation ne suffit pas, on prendra unmoment, pendant la Lecture ou l’Ecriture, pour faire remplir ce devoirpar des Répétitrices. On se servira du même moyen à l’égard de cellesqui n’auraient pas su ; et si, après un quart d’heure, elles nesavaient pas encore, on se servirait de l’un des moyens indiqués àl’article des Moyens disciplinaires.

73. On se servira encore avantageusement de la disposition suivante :

Les élèves, au lieu de se tenir debout à leur place, comme il vientd’être dit, se rendront par divisions aux divers endroits de la classedésignés pour cela, et un certain nombre d’enfans, prises parmi lesplus capables, feront réciter les groupes qui leur auront été confiés.

74. La Maîtresse surveillera la récitation avec beaucoup de vigilance,et fera réciter elle-même, tantôt dans une section, tantôt dans uneautre.

75. On pourrait employer ce moyen-là avant la classe, si l’ordre n’enétait pas troublé ; dans ce cas, les élèves, en entrant en classe,iraient se placer aux endroits désignés pour chaque division ; maisalors la Maîtresse devrait faire la revue des leçons, d’après ce qui aété dit ci-dessus (article 67).

76. Dans ce mode de récitation par groupes, la Répétitrice demandera àla Maîtresse autant de Bons-Points qu’il y aura d’enfans qui aurontrécité sans faute dans sa section.

77. On enverra également à l’étude celles qui auront dépassé le nombretoléré de fautes. Les enfans qui auront su après l’étude ne seront paspunies, mais elles n’auront pas de Bon-Point.

78. Pendant que la Maîtresse fera réciter, ainsi qu’il est dit (article67), elle désignera une ou plusieurs enfans qui iront faire réciter lesPrières aux commençantes, de la manière expliquée (article 64). Vers lafin de la récitation, elle les fera passer alternativement, par groupesde même capacité, pour les faire réciter un peu elle-même. Ellesdevront marcher posément, en observant l’ordre indiqué, la plus fortemarchant en avant, et ainsi de suite.

79. Quand on aura récité un livre en entier, on le fera recommencer, enaugmentant la tâche mensuelle ou hebdomadaire (Voyez article 39.)

80. A mesure qu’une enfant saura une Prière, on la marquera sur lecatalogue des changemens, et on lui donnera quelques Bons-Points.


CHAPITRE VII.

Des Leçons de Lecture.

81. Il y aura sept ordres de Lecture :

1° Tableau d’alphabet ;

2° Tableau de syllabes ;

3° Syllabaire, pour apprendre à épeler ;

4° Syllabaire, pour lire par syllabes ;

5° Syllabaire, ou un livre approuvé, pour lire couramment ;

6° Le latin, dans le Psautier ;

7° Les manuscrits.

82. Toutes les écolières d’une même leçon auront le même livre, etsuivront ensemble. On fera lire les premières les plus avancées dechaque leçon.

83. Pour s’assurer si toutes suivent pendant la lecture, on fera lire,de temps en temps, quelques mots à celles qui paraissent peuattentives, en exigeant qu’elles prennent précisément où l’on en est.

84. Si, dans la classe, il y a des enfans qui écrivent et d’autres quin’écrivent pas, on fera d’abord lire les écrivains, afin qu’ellespuissent ensuite s’occuper à l’écriture.

85. Il suffira d’élever la voix assez haut pour se faire entendre detoutes celles de la même leçon.

86. Pendant la lecture, la Maîtresse sera très-attentive :

1° A veiller sur tous les enfans ;

2° A avoir en main le livre de la leçon ;

3° A reprendre, avec le signal, toutes les fautes qui se font.

ARTICLE I.
Tableau d’Alphabet. – Premier Ordre de Lecture.

87. Il y aura, dans la classe, un tableau contenant l’Alphabet enminuscules et en majuscules, et des syllabes graduées.

88. Pour faire lire l’Alphabet, la Maîtresse montrera, avec unebaguette, les lettres qu’elle voudra faire prononcer.

89. On ne donnera d’abord, pour leçon, qu’une ligne de minuscules, ouune ligne de majuscules ; quand elle sera sue, on passera à la suivante; mais on commencera toujours chaque leçon par les lignes quiprécèdent, afin qu’on ne les oublie pas.

90. Chaque enfant lira environ trois fois toutes les lettres quicomposent la ligne qu’elle a à apprendre.

91. Quand elles connaîtront toutes les lettres dans l’ordre naturel, onles leur fera lire sans ordre, afin qu’elles ne les sachent passeulement par routine.

92. Quand une enfant ne connaîtra pas encore une lettre, on la feraprononcer par une autre qui sache bien. On lui apprendra à biendistinguer celles dont le son ou la forme ont quelque ressemblance.

93. On laissera les enfans à l’Alphabet jusqu’à ce qu’elles le sachentparfaitement : l’expérience prouve que, sans cela, on aurait beaucoupde peine à leur apprendre à lire.

ARTICLE II.
Des Syllabes. – Deuxième Ordre de Lecture.

94. On aura aussi, dans la classe, des tableaux de syllabes, et on lesfera lire de la même manière que l’Alphabet. On donnera une ligne pourleçon, et on ne passera à la suivante que quand elle sera bien apprise.On obligera toutes les écolières à suivre, en leur demandant, de tempsen temps, quelques syllabes.

95. Dans cet ordre, chacune lira environ trois fois la ligne de laleçon : deux fois selon l’ordre des syllabes, et une fois sans ordre.

96. On accoutumera les enfans à faire une petite pause entre leslettres d’une même syllabe, et une plus grande entre chaque syllabe.

97. Les écolières des deux premiers ordres suivront ensemble.

98. S’il y a beaucoup d’enfans à ces deux premiers ordres, on pourramettre des tableaux aux extrémités de la classe, ou les placer à despieds portatifs, et on y distribuera les enfans par groupes, en sefaisant aider par des Répétitrices, et en surveillant tout à la fois.

ARTICLE III.
Du Syllabaire. – Troisième Ordre de Lecture.

99. On ne fera passer au Syllabaire que celles qui sauront parfaitementles tableaux de l’Alphabet et des syllabes.

100. Les élèves de cette leçon ne feront qu’épeler, et on ne leurdonnera qu’une page à étudier.

101. Quand une enfant sera capable d’être admise au Syllabaire, on lamettre avec celles qui sont déjà à cette leçon, et on la placera auprèsd’une autre qui puisse lui apprendre la manière de suivre,c’est-à-dire, de passer d’une syllabe à l’autre, et d’une ligne àl’autre, en même temps que la voix de celle qui lit l’indique.

102. Pour bien épeler, il faut prononcer distinctement toutes leslettres d’une syllabe, et en former un son articulé, avant de commencerà nommer les lettres de la syllabe suivante.

103. On fera quelquefois épeler ensemble toutes les enfans d’une mêmeleçon, en faisant prononcer un peu plus haut une ou deux élèves quisachent bien.

ARTICLE IV.
Du Syllabaire, pour apprendre à lire par syllabes. – Quatrième Ordre de Lecture.

104. On ne mettra dans cette leçon que les enfans qui saurontpassablement épeler, et on leur donnera pour leçon une page, que l’onfera d’abord épeler, ensuite lire par syllabes. On recommencera cetteleçon, jusqu’à ce qu’elle soit lue ; alors la Maîtresse, par un coup designal, montrera la page suivante, et la fera lire de la même manière.

105. Les enfans de cet ordre suivront la lecture de l’ordre précédent,et réciproquement.

106. Celles qui lisent par syllabes doivent commencer à faire sonner laconsonne finale d’un mot sur la voyelle du mot suivant, afin des’accoutumer peu à peu à lire correctement.

107. On apprendra aux élèves de cet ordre à connaître les différensaccens, et elles les nommeront en épelant, quand il s’en rencontrera.

ARTICLE V.
Du Syllabaire, ou autre livre, pour apprendre à lire couramment. – Cinquième ordre de Lecture.

108. On ne mettra à cet ordre que celles qui sauront bien lire parsyllabes.

109. On donnera deux pages du Syllabaire, et à peu près l’équivalentdans un autre livre, à celles qui commencent. Les autres suivrontjusqu’à la fin du livre.

110. On veillera, avec beaucoup de soin, à ce que toutes les écolièressuivent exactement, et puissent continuer la lecture, au premiersignal, sans répéter aucun des mots déjà prononcés.

111. Pour fixer davantage l’attention, on pourra, par extraordinaire,faire lire une syllabe à chacune, en employant le signal convenable.

112. On pourra aussi employer les cinq dernières minutes de la lectureà faire lire toutes ensemble, par syllabes, les enfans d’une même leçon; mais on exigera que cela se fasse à demi-voix, et qu’on suive bien.

113. On ne laissera pas les enfans contracter en lisant de mauvaiseshabitudes, comme de remuer la tête ou le corps. On les formera à lirecorrectement et avec intelligence, et on s’appliquera à les corrigerdes mauvaises manières de lire et de prononcer particulières à certainspays. On leur fera observer exactement la ponctuation, par le moyen dessignaux.

ARTICLE VI.
Du Latin. – Sixième Ordre de Lecture.

114. On apprendra à lire le latin aux enfans qui sauront déjàsuffisamment lire le français.

115. Les commençantes liront par syllabes, afin de s’accoutumer à unebonne prononciation ; cependant les enfans qui seront au latin suivronttoutes la même leçon.

116. On pourra aussi faire lire ensemble toutes les enfans d’une mêmeleçon par syllabes ; et ce moyen est bien propre à faire avancer cellesqui commencent, ou qui ne sont pas encore exercées.

ARTICLE VII.
Des Manuscrits - Septième Ordre de Lecture.

117. On entend par là des cahiers lithographiés ou écrits à la main.L’emploi de ces cahiers est le seul moyen de prévenir l’embarras d’unelecture individuelle, qui serait inévitable, si les enfans avaient descahiers différens les uns des autres.

118. Il est avantageux que ces cahiers soient de différentes mains,afin que les enfans, accoutumées à un plus grand nombre de manièresd’écrire, puissent parvenir à lire les écrits les plus difficiles.

119. On fera lire les pages les mieux écrites aux commençantes, et lesplus difficiles aux plus avancées.

120. Les Maîtresses recommanderont aux enfans de tenir proprement leurslivres et leurs manuscrits, de ne point écrire dessus, mais de mettreleurs noms sur le premier feuillet. On en fera la revue tous lessamedis.

121. On obligera les élèves à avoir une courroie ou une ficelle pourlier leurs livres, ayant soin qu’elles mettent deux planchettes sous lacourroie, pour ne pas les gâter.


CHAPITRE VIII.

De l’Ecriture.


ARTICLE I.
De ce qui concerne l’Ecriture en général.

122. On ne mettra les enfans à l’Ecriture que quand elles commencerontà lire passablement, sans quoi on les exposerait à ne savoir jamaislire. L’expérience apprend que la plupart se dégoûtent de la Lecture,quand elles sont à l’Ecriture.

123. Il faut excepter le cas où l’on saurait que l’enfant ne doit pasfréquenter l’Ecole assez long-temps pour apprendre à écrire.

124. On emploiera exactement à écrire le temps fixé par le Règlement dechaque jour, et la Maîtresse fixera le nombre de pages que chacune doitécrire.

125. Si une enfant avait un besoin particulier de se former àl’Ecriture, on pourra la faire lire la première, et lui permettred’écrire pendant le reste de la Lecture. C’est ce qu’on pourra faireaussi quand l’écolière sera bien forte à la Lecture, ou qu’elle devraêtre employée pour seconder la Maîtresse.

ARTICLE II.
Des choses dont on se sert pour écrire.

Du Papier.

126. Il est très -important que le papier dont on se sert pour écriresoit de bonne qualité, c’est-à-dire, qu’il soit blanc, uni, sec, etsurtout bien collé, afin qu’il ne prenne pas l’encre : ce qui serait ungrand inconvénient.

127. On ne permettra aux enfans de s’en servir que quand il sera cousu.On surveillera soigneusement la tenue des cahiers, afin qu’ils nesoient ni brouillés, ni pliés par les coins.

Des Plumes.

128. On exhortera les enfans à se procurer de bonnes plumes ; elles enauront au moins deux, si elles écrivent de deux sortes d’Ecritures.

129. Les plumes seront tenues nettes, et non pleines d’encre ; onexigera qu’elles ne soient pas rongées par le bout,ni coupées tropcourtes, qu’on ne les porte pas à la bouche, qu’on ne les laisse pastraîner, mais qu’elles soient serrées dans un étui ou dans le carton.

Du Canif.

130. On fera en sorte que les enfans aient chacune un canif, à moinsqu’on ne juge à propos d’introduire l’usage des plumes métalliques. Onleur apprendra à tailler leurs plumes.

De l’Encre.

131. Il y aura des cornets enchâssés dans l’épaisseur des tables, et demanière à ce qu’ils ne puissent être renversés ; ainsi, ils nedépasseront pas la surface des tables.

132.  On en placera un entre deux élèves. On n’y mettra que del’encre, et non du coton.

133. En prenant de l’encre, les enfans tremperont légèrement le bout dela plume dans le cornet, et la secoueront à chaque fois dedans, et nonà terre ou sur la table : c’est le seul moyen d’éviter de salir sonpapier et celui de ses voisines. On fournira l’encre.

Des Transparens, de la Règle, du Crayon, du Papier brouillard, etc.

134. On pourra permettre l’usage des Transparens, pour régler la main.

135. Il sera mieux encore de permettre aux enfans de se rayer avec larègle, mais en exigeant beaucoup de propreté et de régularité. On leurindiquera la manière de le faire pour chaque espère d’Ecriture.

136. Elles auront chacune un feuillet ou deux de papier non collé, quiprenne l’encre facilement, pour l’appliquer sur la page qui vientd’être écrite, afin de la sécher sans la brouiller.

Du Carton.

137. Chaque élève qui écrit aura aussi un carton solide, dans lequelelle renfermera tout ce qui sert à l’Ecriture ; elle y replacera chaqueobjet, dès qu’il ne sera plus nécessaire, afin que rien ne traîne surles tables.

138. Ce carton devra contenir le papier, les plumes, les règles, lecrayon, le papier brouillard, un morceau de coton pour essuyer la plumequand on cessera d’écrire, un morceau de papier pour mettre sous lesmains pendant qu’on écrit. On enseignera la manière de faire ce carton.

ARTICLE III.
Des différens Ordres d’Ecriture. - Grosseur du caractère.

139. On distingue cinq espèces principales d’Ecriture : la batarde,la cursive, la ronde, la coulée et l’anglaise. Ordinairement,on n’enseignera que l’anglaise ; mais les Maîtresses doivents’exercer dans tous les genres.

140. Afin de pouvoir multiplier les Changemens, qui sont une sourced’émulation, on divisera l’Ecriture en neuf ordres successifs.

141. Premier ordre : On y apprendra à tenir le corps et la plume, età faire avec facilité le mouvement droit et le mouvement circulaire ;on y fera donc seulement des jambages et des oo.

Deuxième ordre : Une ligne de chacune des lettres c, o, i, m.

Troisième ordre : Une ligne de chaque lettre de l’Alphabet.

Quatrième ordre : L’Alphabet lié.

Cinquième ordre : La grosse.

Sixième ordre
: La demi-grosse ou la moyenne, et l’Alphabet enminuscules au bas de la page.

Septième ordre : La grosse fine ou la financière, et une ligne deChiffres, ainsi que l’Alphabet en majuscules au bas de la page.

Huitième ordre : La fine avec l’Alphabet et les Chiffres.

Neuvième ordre : La fine expédiée.

On se servira, pour rayer, de trois règles, dont la première aura 14millimètres de largeur, la deuxième 7 millimètres, et la troisième 18 millimètres.

142. Quand une enfant sera changée d’ordre, elle continuera sur le verso l’ordre précédent, et parvenue au huitième ordre, elle feraalternativement la grosse et la demi-grosse.

Grosseur des Caractères.

143. Pour les cinq premiers ordres, elle pourra être de 14 millimètresde hauteur ; pour le sixième, de 7, pour le septième de 3, pour le huitième de 2, pour le neuvième, de 1.5.

Le papier aura 28 centimètres de hauteur, et il y aura, par page :

Pour la grosse, 6 lig. d’écriture. Pour la demi-grosse, 9. Pour la grosse fine, 13. Pour la fine, 18. Pour la fine expédiée, 20.

La marge sera de 18 millimètres, et on laissera au haut de la page deuxcorps de grosse en blanc.

144. La distance entre les lignes sera, pour les trois premiers ordres,d’un corps d’écriture ; pour l’Alphabet et la grosse, de deux corps ;pour la demi-grosse, de trois corps ; pour la grosse fine, de cinqcorps ; et pour la fine, de six corps.

ARTICLE IV.
Des Exemples.

145. On donnera des exemples aux enfans, et on n’en écrira pas surleurs papiers.

146. Les exemples contiendront des sentences de la Sainte-Ecriture, oudes maximes chrétiennes, tirées de quelque livre de piété. On pourraencore mettre en exemples quelques principes des sciences, comme del’Ecriture, de l’Arithmétique, de la Sphère, etc.

147. Toutes les exemples seront arrangées proprement et suspenduesdevant les écrivains, pendant l’Ecriture seulement. Pour plus desolidité, on les encadrera dans des lisières de papier très-fort. Onexigera que les élèves les copient exactement et les conserventpropres. On leur défendra d’écrire dessus.

148. On les leur changera, de temps en temps, pour exciter l’émulation,et les empêcher de les transcrire seulement par routine.

149. On pourra permettre aux commençantes de se servir de leursexemples en forme de transparens, pour qu’elles s’accoutument à donneraux lettres la forme et la pente convenables.

ARTICLE V.
De la posture du corps pendant l’Ecriture.

150. Pour bien écrire, il est important d’être dans une situationcommode et convenable.

151. Pour cela, il faut 1° tenir le corps droit, un peu tourné vers lagauche, et tant soit peu penché en devant, en sorte que le coude étantposé sur la table, le menton puisse être appuyé sur le poignet, à moinspourtant que la faiblesse de la vue ne s’y oppose. La jambe gauche doitêtre un peu plus avancée.

152. Il faut 2° que les enfans n’appuient pas l’estomac sur la table,tant pour leur santé que pour la légèreté de l’écriture.

3° Le bras droit doit-être éloigné du corps d’environ trois doigts,et sortir à peu près de cinq doigts de la table, sur laquelle il doitporter légèrement.

4° Le coude gauche doit poser sur le bord de la table et la main sur lepapier.

153. La Maîtresse fera connaître aux élèves, pendant le temps del’Ecriture, la posture qu’elles doivent tenir, et les redressera, soitpar signes, soit autrement, quand elles s’en écarteront.

ARTICLE VI.
De la tenue de la plume et du papier.

154. Il est important d’apprendre aux enfans à bien tenir la plume etle papier, sans quoi elles éprouveront beaucoup de difficulté pourécrire.

155. Pour bien tenir la plume, il faut observer ce qui suit :

1° Le doigt majeur doit descendre jusqu’au milieu du grand tail ;

2° L’indicateur mollement allongé sur la plume, doit descendre jusquevis-à-vis de la racine naissante de l’ongle du doigt majeur ;

3° L’extrémité du pouce doit répondre à la racine de l’ongle del’indicateur.

4° Les deux derniers doigts, annulaire et auriculaire, doivent souteniret porter, en glissant, le poids de la main, conjointement avecl’avant-bras.

5° La partie supérieure de la plume doit passer entre la racine et lapremière articulation de l’indicateur.

156. Pour accoutumer les enfans à écrire, il sera utile de leur donnerun petit bâton de la grosseur d’une plume, sur lequel il y ait troiscrans, qui marquent les endroits où doivent être posés les trois doigtsqui tiennent la plume.

157. On les accoutumera peu à peu à dégager leurs doigts, et à fairel’exercice du numéro 155, le plus souvent possible, même hors de laclasse, soit avec ce petit bâton, soit avec une plume non taillée.

158. Le papier doit être placé droit ; la main gauche doit le tenir dubout des doigts, vis-à-vis de la main qui écrit. La main droite, enécrivant, glissera doucement et sans contrainte, au moyen du dégagementimperceptible des deux doigts de dessous.

ARTICLE VII.
De la Taille des plumes.

159. Il est important que les enfans sachent tailler leurs plumes.Quand elles seront au septième ordre d’Ecriture, on les obligera à lestailler elles-mêmes, et on leur apprendra la manière de le bien faire.

160. Pour le leur apprendre, la Maîtresse les fera venir auprès d’elle,et taillera en leur présence une plume neuve, en leur faisant remarquertout ce qu’il faut faire pour bien réussir, et entr’autres choses,qu’il ne faut pas la couper sur l’ongle du pouce gauche, sur la tableou sur du bois, mais sur le dos du tuyau d’une autre plume qu’on faitentrer dans celle que l’on taille ; elle leur fera observer que pourl’expédiée, les deux côtés doivent être égaux ; que pour la posée,le côté du pouce doit être plus gros et plus long ; que, pour la cursive, le bec doit être plus fendu et plus long, etc.

161. Celles des enfans qui seront les plus exercées pourront êtreemployées à tailler les plumes des autres, qui mettront devant ellescelles qu’elles veulent faire tailler, et qui, pour faire connaître dequel caractère elles les désirent, montreront le pouce pour la grosse,l’indicateur pour la demi-grosse, etc.

ARTICLE VIII.
De la manière de visiter les Ecrivains et de corriger leur Ecriture.

162. La Maîtresse visitera chaque jour les écrivains à leur place, etmême plusieurs fois par jour les commençantes.

163. Elle examinera si le corps, la plume et le papier sont bien tenus; si l’on copie exactement l’exemple ; si l’on va trop vite ou troplentement, et si les pages sont remplies avec soin.

164. A l’égard des commençantes, elle observera si, en faisant lesmouvemens, elles ne montent et ne descendent pas le bras, au lieud’allonger et de plier seulement les doigts, ou si elles n’appuient pastrop en le faisant ; elle leur montrera comment il faut qu’elles plientet allongent les doigts ; comment elles doivent écrire d’un bout dupapier à l’autre, ne faisant que le toucher légèrement du bout de laplume et glisser d’un bord à l’autre.

165. Pour faire le mouvement droit, la plume doit être sur le plein ;pour le mouvement circulaire, on doit commencer par le bas et par lehaut avec la même facilité.

166. Pour corriger l’écriture, on se placera à la droite de l’élève. Ondonnera aux lettres et aux liaisons la forme qu’elles doivent avoir, enles faisant sur les lettres mal faites ou entre les lignes.

167. On n’écrira sur les cahiers aucune ligne, ni même aucun mot deplusieurs syllabes ; on se contentera de corriger la lettre mal faite,et de tracer des traits de plume aux endroits défectueux. Si deuxlettres sont mal liées ensemble, on écrira ces lettres avec la liaisonconvenable.

168. Pour apprendre à passer facilement d’une lettre à une autre, oud’un jambage à un autre, etc., on fera devant les enfans ce qu’ellesauraient dû faire, et on leur fera faire la même chose.

169. Si les lettres ont différentes pentes, ou si les jambages ne sontpas droits, on tirera sur les lettres des lignes parallèles, indiquantla pente qu’elles doivent avoir ; si elles sont trop éloignées ou tropserrées, on tirera des traits de plume à la juste distance qui auraitdû être observée.

170. Pour corriger le défaut de distance, la Maîtresse fera un m, quiest l’espace qu’il doit y avoir entre deux mots sans signe deponctuation ; s’il y a un point entre les mots, elle fera cinq jambagesde m ; s’il y a une virgule, deux points ou point et virgule, ellefera deux n entre les deux mots.

171. Elle ne marquera, chaque fois, aux écolières, que trois ou quatrefautes, et toujours les plus considérables. Un plus grand nombrepartagerait trop leur attention et mettrait la confusion dans leuresprit.

172. Elle se fera rendre compte des corrections déjà faites, et si lesmêmes défauts reparaissent, elle réitèrera les mêmes corrections, avecavertissement d’y mieux prendre garde. En suivant ainsi les enfans, onne peut manquer d’exciter leur émulation et d’accélérer leurs progrès.

173. Pour acquérir de la légèreté et de l’adresse, il faut ne pas troppeser sur la plume, ne pas la serrer trop dans les doigts, ne pasécrire trop lentement ou en hésitant : ce qui peut venir de ce qu’ons’appuie trop sur la table, de ce que le corps est trop courbé, de ceque les doigts n’ont pas le mouvement convenable, etc.

174. La Maîtresse, en corrigeant l’écriture, ne perdra pas de vue lasurveillance, et elle aura les yeux surtout sur celles qui sontnégligentes ou volages, et sur celles qui commencent.

175. Vers la fin de l’Ecriture, on prendra quelques minutes pourvisiter les cahiers, afin de s’assurer si chacune a fait son devoir.Les enfans montreront elles-mêmes ce qu’elles ont écrit pour cetteleçon.

176. On donnera des Bons-Points à celles qui se seront appliquées, et àcelles qui auront fait des efforts pour éviter un défaut particulierqui leur aura été signalé.


CHAPITRE IX.

De la bonne tenue des cahiers et de ce qu’il faut faire pour l’obtenir.

177. La bonne tenue des cahiers et leur propreté contribuantsingulièrement aux progrès des enfans et à la réputation des Ecoles, laMaîtresse exigera

178. 1° Que les enfans n’écrivent que ce qui est sur leurs exemples, etqu’elles les copient exactement, en s’appliquant à les imiter ;

2° Qu’elles ne fassent ni traits ni lettres à main levée, au haut deleurs pages : ce qui n’est permis qu’à celles du huitième et duneuvième ordres ;

3° Qu’elles remplissent bien leurs pages et ne gâtent pas leur papier ;que les bords n’en soient pas pliés ;

4° Qu’elles observent le degré de marge qui leur est indiqué ;

5° Qu’elles ne passent et ne déchirent aucune page ;

6° Qu’elles aient soin de mettre leur nom et le quantième du mois aubas de chacune des pages ;

7° Que chacune ait une feuille de papier pour mettre sous les cahierspendant l’écriture, et une demi-feuille pour mettre sous la main quiécrit, pour ne pas salir le papier ;

8° Que les plumes soient bien taillées, ou les plumes métalliques debonne qualité.

179. On tiendra aussi bien proprement et dans le plus grand ordre, lescahiers d’Arithmétique, de Verbes, etc. quand les élèves seront assezfortes pour en faire, et les devoirs manuscrits porteront toujours ladate du jour pour lequel ils seront faits.


CHAPITRE X.

Manière d’enseigner l’Orthographe.

180. En vain on s’appliquerait à apprendre aux enfans la lettre de lagrammaire, si on ne s’efforçait de leur en faire comprendre le sens, etc’est là le but des exercices d’Orthographe prescrits par le règlementjournalier.

181. On se servira pour cela du traité d’Exercices orthographiques,en usage chez les Frères des  Ecoles Chrétiennes. Ce livrecontient une dictée et un exercice pour chaque jour. La dictée se faiten classe, et les élèves font l’exercice correspondant chez elles.

182. Pour enseigner l’orthographe, on dictera une phrase, et tous lesenfans l’écriront en silence ; une seule répètera ce que la Maîtresseaura dicté ; on désignera les signes de ponctuation.

183. La phrase étant dictée, on fait signe à une élève de commencer àl’épeler ; quand celle-ci a épelé quelques mots, une autre épèle demême, et ainsi de suite. Quand la phrase est épelée, on en dicte uneautre qu’on épèle de la même manière.

184. Si on est assez fort pour faire de l’analyse, après l’épellationde la dictée, on fait écrire une phrase d’analyse ; les élèves lesmoins avancées désignent la nature des mots, les autres en fontconnaître les fonctions, etc. On pourra aussi faire écrire la phrasesur le grand tableau noir, et on la répètera, si elle n’est pas assezcomprise.

185. On examinera, avant la dictée, l’exercice que les élèves doiventavoir fait chez elles.

186. Comme il se trouvera des élèves de capacités trop inégales, onpourra faire deux divisions, et employer pour chacune la moitié dutemps. Pendant qu’on dictera à celles de la première division, lesautres mettront au net la dictée précédente. Si les élèves écriventtoutes ensemble, elles auront le dernier quart-d’heure pour mettre ladictée au net.

187. Pour les enfans qui ne peuvent pas écrire sous la dictée, on lesplacera devant le tableau noir, et une élève plus avancée leur feraécrire quelques mots des premiers exercices. On pourra encore les fairerester à leurs places, et leur faire épeler, chacune à leur tour, lesmots que l’on prononcera ; à mesure qu’une enfant épellera, une autreécrira sur le tableau. Si l’une ne dit pas bien, on fera rectifier parune autre, et on continuera de même.

188. On pourra exiger que les élèves écrivent, chez elles, un verbechaque jour, ou au moins un certain nombre chaque semaine. Les cahiersde verbes doivent être divisés en seize carrés.

189. L’expérience apprend qu’il est important de commencer le plus tôtpossible à former les enfans à l’orthographie ; ainsi, de temps entemps, on fera épeler aux petites les Prières qu’elles savent par coeur; on pourra employer les cinq dernières minutes de la Lecture à faireépeler les mots que l’on prononcera, ou que l’on fera prononcer ; onengagera les enfans à faire attention, en lisant, à l’orthographe desmots, etc.


CHAPITRE XI.

De la manière d’enseigner l’Arithmétique.

190. On classera les enfans en plusieurs divisions, selon les règles : numération, addition, soustraction, etc. On tâchera d’avoir plusieurspetits tableaux noirs, pour les différens degrés de force, et onchoisira, parmi les plus intelligentes, une Répétitrice pour chaquedivision.

191. Tous les jours, après la répétition de l’après-midi, on donnera uncoup de signal, pour envoyer aux différens tableaux les enfans de lamême division. Quand elles seront placées, on donnera le signal ducommencement de cet exercice, et les élèves, ayant le livred’Arithmétique en main, suivront exactement les explications qui seferont au tableau, par la Répétitrice. On leur fera rendre compte, eton les enverra, chacune à leur tour, opérer avec la craie sur letableau.

192. La Maîtresse seule donnera sa leçon successivement à chaquedivision, et, pour cela, elle les fera venir, l’une après l’autre, enface du grand tableau noir, pour leur donner aussi une opération àfaire ou un problème à résoudre. Elle pourra prendre une ou deuxdivisions par jour.

193. On pourra encore enseigner l’Arithmétique comme il suit, si l’onne peut se faire aider par des Répétitrices : Les élèves étant placéespar ordre de capacité, la Maîtresse fera passer au tableau celles d’unedivision, leur expliquera les règles et quelques problèmes, et lesenverra à leurs places, où elles répèteront, sur leurs cahiers, ce quiaura été expliqué sur le tableau. Elle prendra ensuite une autredivision. Si elle ne peut donner leçon à toutes les divisions, ellecommencera le lendemain par celle qui, la veille, était en tour deleçon. Pendant que les élèves d’une division recevront la leçon, lesautres résoudront les questions données la veille.

194. Vers la fin de l’exercice, la Maîtresse prendra quelques instanspour vérifier les opérations faites, et elle pourra se faire aider pardes Répétitrices.

195. On fera le moins possible de divisions, et on pourra réunir devantle grand tableau plusieurs divisions à la fois ; ainsi, après avoirfait faire une multiplication ou une division, on pourra faire fairepar une autre l’opération de l’addition, qui donne le produit ; onpourrait faire énoncer ce produit par celles qui sont à la numération,etc.

196. On passera rapidement d’une élève à une autre, afin de les tenirtoutes en haleine ; ainsi, pour additionner les nombres suivans, 7, 8,9, 4, la première pourrait dire : 7 et 8 font 15 ; une autre (désignéepar le signal) ajoutera : et 9 font 24 ; la troisième : et 4 font 28,et ainsi de suite ; ou bien encore, on fera compter toute une colonne àla même, la seconde à une autre. Pour la multiplication, chacune pourramultiplier par un chiffre ; mais, pour soutenir l’attention, il vaudramieux passer souvent d’une enfant à une autre, en exigeant qu’elleprenne où l’on en est.

197. Les élèves auront un cahier particulier, où elles copieront,pendant la leçon, tout ce que la Maîtresse écrira sur le tableau.

198. On commencera à apprendre aux enfans tout ce qui est en groscaractère dans le Livre d’Arithmétique ; quand elles le sauront bien,on leur expliquera ce qui est en petit caractère. Pour les enfans quiont peu d’intelligence, on se contentera de leur apprendre la pratiquedu Calcul, sans leur parler de la théorie.

199. La Maîtresse aura soin de dire bien peu de mots d’explication,sans faire répéter aussitôt. Les enfans sont trop légères pour êtresusceptibles d’une longue application.

200. Il est très-important que les élèves conçoivent bien le calculdécimal et le nouveau système des poids et mesures.

201. Afin de faciliter l’intelligence du système métrique, on aura untableau synoptique en gros caractères, et que l’on suspendra dans laclasse ; on aura un mètre divisé en décimètres, centimètres et enmillimètres ; un litre (ou décimètre cube) en fer-blanc ; un gramme(sous la forme cubique) ;  on tracera sur le terrain l’unité desurface, qui est l’are  (décamètre carré) ; on apprendra auxenfans à rattacher au mètre les autres unités du système métrique. Cen’est qu’en mettant ainsi sous leurs yeux les élémens de ce système,qu’on parviendra à le leur rendre familier.

202. Dans l’enseignement du Calcul, on ne perdra jamais de vue que lesenfans ne sont pas susceptibles d’une longue attention, ni de profondsraisonnemens : on s’appliquera donc à frapper leurs sens et leurimagination ; on les tiendra en haleine en les envoyant souvent autableau ; on leur donnera des Bons-Points, quand elles réussiront ; onétablira de petits concours entre celles de même force, soit par desquestions, soit par de petits problèmes à faire par écrit, soit par desopérations à faire sur le tableau.

203. Il est essentiel de les exercer beaucoup sur la numération desentiers et sur la numération  décimale, avant d’entrer dans lecalcul : la numération étant la base sur laquelle tout repose.

204. Le calcul décimal n’étant qu’une extension de celui des entiers,on les enseignera tous les deux à la fois ; ainsi, quand on saural’addition des entiers, on passera à l’addition des nombres décimaux,etc.

205. Avant d’enseigner la multiplication et la division des nombresdécimaux, on insistera beaucoup sur la manière de rendre un nombre plusgrand ou plus petit, par le déplacement de la virgule.

206. Pour la Division des décimales, on montrera aux enfans lesrapports qui existent entre le dividende, le diviseur et le quotient.(Voyez l’Arithmétique à l’usage de la Providence, depuis le n° 39jusqu’au n° 43.)

207. On n’enseignera plus le calcul des nombres complexes, et qui ontrapport à l’ancien système.

208. Dans l’enseignement des fractions, on figurera sur le tableau uneligne, que l’on divisera en parties égales ; on pourra partager de lamême manière un objet quelconque : c’est par ces divisions sensiblesqu’on parvient à donner aux enfans des idées claires de ce qu’il fautentendre par numérateur et par dénominateur, et des propriétésfondamentales des fractions. (Voyez l’Arithmétique, depuis le n° 89jusqu’au n° 97.)

209. Pour les règles de Trois, d’Intérêt, d’Escompte, etc., on suivratoujours la méthode des fractions, qui consiste à ramener tout àl’unité, comme l’enseigne l’Arithmétique, (numéros 127 et suivans).

210.  Les enfans qui seront au huitième et au neuvième ordresd’Ecriture auront un cahier pour copier au net les règles qu’ellesauront opérées ; elles emploieront à cet exercice le temps del’Ecriture du lundi après-midi, ainsi qu’il sera dit par la suite.


CHAPITRE XII.

Enseignement de la Géographie.

211. Le mardi, après midi, on prendra le temps destiné à l’Arithmétiquepour expliquer la Géographie.

212. Au signal donné, les élèves viendront se placer vis-à-vis du globeou de la carte qui fait l’objet de la leçon. La Maîtresse, ou laRépétitrice, nommera d’abord deux ou trois objets, en les montrant avecla baguette ; par exemple, les pôles, les points cardinaux, etc. ;ensuite, elle se contentera de les montrer, et les fera nommer par lesélèves.

213. Elle parcourra ensuite les continens, leurs contours, lesdivisions générales, les mers, les cercles et les zônes de laMappemonde.

214. La Maîtresse, ou la Répétitrice, pourra aussi nommer ces objets,et l’élève qui sera interrogée montrera, avec la baguette, le point, lamontagne, le cours du fleuve, etc., qu’on lui demandera.

215. Il serait avantageux que l’on pût avoir un globe, avec des cartesécrites et des cartes muettes ; mais on ne pourra se dispenserd’avoir une mappemonde, une carte d’Europe, et une carte de France pardépartemens.

216. C’est sur les cartes principalement qu’il faut faire étudier lesenfans, au moins pour ce qui concerne les grandes divisions ; et c’estsur la carte de France qu’on les exercera à connaître les départemens,les chefs-lieux de département, les villes d’arrondissement, le coursdes principales rivières, et de celles qui donnent leur nom à quelquedépartement.


CHAPITRE XIII.

Du Dessin linéaire.

217. Quand les enfans seront suffisamment avancées, et que les parensle désireront, on pourra leur donner quelques principes de Dessinlinéaire ; on aura soin de tracer d’avance, sur le tableau noir, lesfigures que l’on doit expliquer, et l’on exigera que les élèves suiventexactement, avec la baguette, les lettres dont les figures sontaffectées.

218. On apprendra aussi à tracer des cartes géographiques, à copier desplans, etc., en prenant sur cela l’avis des Supérieurs, quidétermineront les limites où doit se renfermer ce genre d’enseignement.

On expliquera le Dessin linéaire après la Géographie, le mardi aprèsmidi.


CHAPITRE XIV.

De l’Emulation, et des moyens de l’exciter.

219. L’émulation est l’ame du progrès ; sans elle, tout languit dansune classe, et les dispositions les plus heureuses deviennent inutiles.Elle seule peut suppléer au peu de temps que l’on a pour former lesenfans. On ne négligera donc aucun des moyens que pourront suggérer lezèle et l’expérience, pour l’exciter parmi les élèves.

220. Or, entre les moyens les plus propres à exciter cette nobleémulation, il faut placer les Compositions, les Changemens et lesRécompenses.

ARTICLE I.
Des Compositions.

221. Il y aura une composition, chaque semaine, sur chacune desbranches d’enseignement. C’est là un des moyens les plus efficaces pourtenir les élèves en haleine, et pour les faire travailler à la foisavec fruit et avec goût.

222. La Maîtresse tiendra en ordre une liste des élèves de mêmecapacité, et elle la règlera d’après les changemens.
Composition de Lecture.

223. Le mercredi matin, après la récitation, les élèves se rangerontsuivant l’ordre de la dernière composition de Lecture. On fera lire àchacune un nombre déterminé de lignes, et l’on fera avancer de placecelles qui le mériteront.

224. A la fin de l’Exercice, on donnera des Bons-Points à celles quiauront gagné des places, commençant par la première, si elle a conservéla sienne. Les enfans remarqueront bien le rang qu’elles occupent en cemoment, pour le reprendre à la prochaine composition.

225. Pour les commençantes, la composition pourra être journalière,puisque les enfans y sont placées par ordre de Lecture ; ainsi, laMaîtresse fera immédiatement gagner une place à celle qui aura mieux luque celle qui la précède.

Composition d’Arithmétique.

226. On fera placer ensemble les enfans de même force à peu près, et onleur donnera une opération à faire. Celles qui feront sans faute,seront toutes notées comme premières. Cette composition aura lieu lesamedi après midi, à la place de l’Arithmétique.

227. On pourra, outre cela, chaque jour, établir des concours partielsentre deux ou trois élèves, et donner un Bon-Point à celle quil’emportera ; mais cela ne changera pas l’ordre de la dernièrecomposition.

228. Quand l’exercice sera fini, on rangera les enfans suivant leursuccès dans la composition, afin qu’elles reprennent cet ordre à lacomposition suivante.

Composition d’Orthographe.

229. Elle aura lieu le vendredi, et la dictée en servira de matière. Onchoisira aussi quelques phrases relatives aux principales difficultésgrammaticales, surtout sur ce qui a été vu dans la semaine.

230. On donnera de plus, quelques mois du Vocabulaire qui est à la findu Traité des Exercices Orthographiques ; et, afin que les enfanspuissent les lire d’avance, on indiquera la lettre ou la page qu’onchoisira pour ce jour ; ce qui facilitera beaucoup la connaissance del’Orthographe absolue.

231. On donnera aux enfans un temps suffisant pour corriger les fautesde la dictée, mettre la date, leur nom, et le nombre de fautes qu’ellesavaient à la dernière composition.

232. On corrigera quelques cahiers des enfans les plus fortes, etcelles-ci s’en serviront comme de modèles pour corriger les autresdevoirs.

On pourrait aussi faire changer les cahiers ; la première prendraitcelui de la seconde, et réciproquement ; ensuite on ferait épeler, etles enfans mettraient des numéros, avec le crayon, au dessus des fautesqu’elles trouveraient, en marquant 1, 2, 3, etc. On donnera les placesle lendemain, au commencement de l’exercice d’Orthographe.

Composition d’Ecriture.

233. On composera en Ecriture tous les mercredis, l’après-midi ; lesenfans laisseront, ce jour-là, leurs cahiers sur la table ; et levendredi matin, la Maîtresse les placera suivant le rang obtenu parchacune ; on gardera cet ordre de placement jusqu’à la prochainecomposition.

234. Outre la composition hebdomadaire, on fera souvent gagner desplaces à celles qui le mériteront par leur application. On donnera desBons-Points à celles qui auront gagné des places, commençant par lapremière, si elle a conservé la sienne.

Composition de Mémoire.

235. Outre l’espèce de composition de mémoire qui a lieu chaque jour,en faisant gagner des places aux élèves qui savent mieux leurs leçons,on en fera faire de temps en temps une générale, quand les enfansauront appris la tâche donnée pour un mois ou pour une semaine. Cettecomposition, ce jour-là, tiendra lieu de récitation, et l’on donnera unnombre de Bons-Points proportionné à la manière dont les élèves aurontrécité.
Composition entre deux partis opposés.

236. Pour exciter davantage l’émulation, on pourra diviser en deuxparties contraires les enfans de chaque section, et ensuite lessections elles-mêmes, au moins les plus avancées ; les deux enfans lesplus capables, placées à la tête de chaque parti, choisirontalternativement celles qui doivent composer leur parti, et elless’occuperont, soit dans la classe, pendant le temps de la récitation,soit hors de la classe, à les préparer d’avance. Les partis adversess’interrogeront mutuellement. La Maîtresse comptera les fautes, etdonnera les Bons-Points à celles du parti qui en aura le moins.

237. On pourra aussi établir que la victoire sera remportée par leparti où il y aura eu plus de triomphes partiels parmi les enfans demême force, opposées deux à deux. L’élève victorieuse aura lesBons-Points, ou s’en fera donner par son adversaire.

238. Si des enfans étaient accusées de négligence ou de mauvaisevolonté, et que leurs compagnes craignissent qu’elles ne les fissentperdre, celle qui est en tête de son parti avertirait la Maîtresse, quiferait inscrire leurs noms sur le tableau. L’enfant qui est à la têtedu parti adverse nommerait pareillement les plus faibles des siennes,en égal nombre, et on les inscrirait de même ; ces dernières auraientpart aux Bons-Points, si leur parti gagnait, et qu’elles eussentelles-mêmes réussi.

239. Pour plus de solennité, on pourrait suspendre au plancher unecouronne du côté vainqueur, ou placer convenablement un cadre aveccette inscription : Gloire au parti vainqueur !

240. Pour faire réussir ce moyen d’émulation, qui peut produire degrands résultats, il faut y mettre beaucoup d’ordre, et y attacher unegrande importance. On pourrait le renouveler tous les mois.

ARTICLE II.
Des Changements.

241. Les enfans aiment qu’on note leurs progrès, et qu’on leur entienne compte ; les soins que se donnent pour cela les Maîtresses sonttoujours abondamment récompensés par l’application et les progrès quien sont la suite nécessaire.

242. On changera les enfans, quand on les jugera capables de passer àun degré supérieur, dans les différentes branches de l’enseignement, etl’on se servira, pour cela, des Catalogues imprimés à l’usage des Ecoles Chrétiennes.

243. On pourrait, pour donner à la chose plus d’importance, engager, detemps en temps, une personne notable de la paroisse à venir présiderl’exercice de ces Changemens, comme M. le Curé ou M. le Maire.

244. Si, dans l’intervalle de deux de ces visites, une enfant méritaitd’être changée, la Maîtresse la changerait elle-même, sauf à en rendrecompte lors de la visite, et elle réserverait la distribution desBons-Points pour ce moment.

245. On consacrera, au commencement de l’année, un temps suffisant pourbien classer les enfans, et c’est là un point de la plus hauteimportance ; on marquera sur le Catalogue, et sous la colonne du mois,la division où chacune se trouve alors, dans chaque faculté. Lors de lavisite, on fera sur les Catalogues les modifications nécessaires. Cesvisites pourraient se faire tous les mois.

246. A l’inspection de ces Catalogues, on comprendra facilement cequ’il y a à faire pour cet exercice.

Changemens de Lecture.

247. 1° Pour passer de l’Alphabet aux syllabes, il faut connaître parfaitement toutes les lettres, tant majuscules que minuscules.

2° Pour passer au syllabaire, il faut savoir épeler, sans hésiter,toutes les syllabes des tableaux, même les plus difficiles, et en toutsens.

3° Pour passer du syllabaire au quatrième ordre de lecture,c’est-à-dire à lire par syllabes, il faut épeler toutes les syllabesavec facilité.

4° Pour passer du quatrième ordre au cinquième, c’est-à-dire, à lirecouramment, il faut lire correctement par syllabes.

5° On ne sera mise au sixième ordre ou au latin, que quand on lira unpeu couramment dans le français ; ensuite on arrivera aux manuscrits,pour lesquels on pourra faire plusieurs degrés susceptibles de changemens.

Changemens d’Ecriture.

248. Pour être changée d’ordre d’écriture, il faudra être bien exercéeà celui qui précède ; il faudra que les cahiers soient tenusproprement, les pages bien remplies, et contenant le nombre de lignesfixées pour cet ordre.

249. Pour indiquer le changement, on fera un C majuscule avec lecrayon au milieu de la page, et on notera au haut de la page lequantième du mois.

250. Si l’élève n’est pas jugée capable, on ne la changera pas ; et sielle s’était notablement négligée, on pourrait la faire descendre à unordre inférieur.

251. On aura soin de donner aux élèves changées des modèles de l’ordreoù elles vont entrer.

Changemens d’Arithmétique.

252. Pour être changée, il faut bien savoir l’ordre précédent ; ainsion ne peut passer à la division sans bien posséder la multiplicationdes entiers et des nombres décimaux, etc.

Des Changemens d’Orthographe.

253. Le passage du premier ordre d’orthographe au deuxième dépend del’écriture, c’est-à-dire que, dès qu’une enfant est mise à la fine,elle commence à écrire sous la dictée.

254. Pour passer au troisième ordre, il faut savoir les Verbes, et lesprincipales règles grammaticales.

Examen des leçons de Mémoire, pour chaque mois.

255. Pour s’assurer que les enfans ont appris la tâche donnée pour lemois, on pourra distribuer les enfans par sections et les placer endifférens endroits de la classe, et se faire aider des élèves les plusfortes. Celles qui ne sauraient pas, iraient se placer sur un bancdésigné pour cela ; et s’il s’agit de prières et du Catéchisme, onobligera celles qui ne les auront pas sus à les réciter dans un autretemps, indépendamment des leçons de leur division.

256. On marquera sur le Catalogue des changemens et sous la colonne desmois une croix (┼), pour indiquer que l’enfant a bien récité sa tâchemensuelle ; un trait (–) pour indiquer qu’elle ne savait pas bien, etun zéro, si elle n’a pas récité.

257. Quand tout le monde aura récité, on fera l’appel suivant l’ordredu catalogue des changemens, et chaque enfant, à mesure qu’elle seraappelée, nommera la partie dans laquelle elle doit entrer pour chaquebranche d’enseignement, ajoutant si elle a su la précédente ou non ;par exemple, j’ai su la quatrième partie du Catéchisme ; la troisièmede la Grammaire ; Je n’ai pas su la quatrième de Géographie, etc. LaMaîtresse marquera en même temps la croix, le trait, ou le zéro,suivant les réponses. Les Répétitrices, et même les enfans de la mêmedivision, seront autorisées à faire connaître si quelqu’une ne disaitpas la vérité. Après l’appel, on donnera les Bons-Points.

258. Si une enfant ne pouvait pas réciter les leçons de la division oùelle aurait été placée, on la ferait descendre à la section inférieure,après avoir prévenu les parens.


CHAPITRE XVI.

Des Récompenses.

259. Les récompenses, quelle qu’en soit la valeur, produisent les plusheureux résultats dans une classe bien réglée, pourvu qu’on lesdistribue à propos ; toujours au mérite, jamais à la faveur.

260. Les récompenses que l’on donnera sont de cinq sortes :

1° Des Bons-Points ;

2° Des images, des livres de piété, des livres de classe, et autresobjets utiles ;

3° Des décorations ;

4° De bonnes notes ;

5° Des billets de contentement.

Des Bons-Points.

261. On aura des Bons-Points de différentes valeurs, et l’on n’endonnera un certain nombre que pour des actions d’un mérite remarquable.

262. On ne donnera des Bons-Points qu’à celles qui auront récité sansfaute ; on en donnera aussi à celles qui liront mieux que d’ordinaire ;à celles qui s’appliqueront à l’écriture et qui seront parvenues àéviter un défaut remarqué par la Maîtresse. On en donnera un bon nombreà celles qui obtiendront des changemens, à celles qui réciteront bienla tâche mensuelle ou hebdomadaire ; On en donnera aussi aux deux quise seront le mieux comportées en l’absence de la Maîtresse, à cellesqui auront été bien attentives aux instructions, aux explications, etc.

263. Il faut prendre garde que les enfans ne se vendent leursBons-Points ; mais on ne doit pas les empêcher de s’en prêter les unesaux autres, pour se délivrer d’une punition.

Usage des Bons-Points.

264. Si l’on sait mettre de l’ordre et de l’intérêt dans ladistribution des Bons-Points, on peut assurer, d’après une longueexpérience, qu’ils auront les plus heureux résultats. Combien depunitions n’évitera-t-on pas par ce moyen ? Toutes les punitions seréduiront presque à ôter les Bons-Points.

265. Les Bons-Points sont encore très-propres à exciter parmi lesenfans une noble émulation. Les parens mêmes y prennent un vif intérêtet se rendent gardiens de ces priviléges, en attendant le moment de larécompense. « Oui, dit un homme d’expérience, j’ose l’assurer, ce moyenseul mis en usage avec toutes l’exactitude et la gravité convenables,suffirait à obtenir tout ce qui constitue une classe bien réglée,savoir : l’ordre, l’avancement, le contentement des parens, etl’attachement réciproque des enfans et des Maîtres. »

266. Les Bons-Points ne peuvent avoir de valeur que par les récompensesqu’on leur promet ; ils serviront donc :

1° A acquérir les petits objets de récompense que l’on distribuera tous les deux mois à peu près ;

2° A s’exempter des punitions qui sont imposées. Un enfant, parexemple, a mérité un pensum ; elle pourra s’en affranchir, moyennantun certain nombre de Bons-Points, etc.

Objets à donner en Récompense.

267. Ces objets ne doivent pas être de grand prix, afin qu’on en puissedonner à un plus grand nombre d’enfans.

268. On pourra donner des images ; mais il serait à souhaiter qu’on pûtles remplacer, en partie, par de petites brochures historiques oumurales, d’un prix très-modéré. Les parens les liraient ou se lesferaient lire par leurs enfans : ce qui ne pourrait que produire debons fruits.

269. On pourra aussi donner des crucifix en cuivre, des médailles de laSainte-Vierge, quelques petits livres de classe, et, en général, toutce qui peut être utile à de pauvres enfans, surtout pour la classe. Onpourrait même y joindre quelques objets d’habillement, selon lesressources et la prudence de la Maîtresse.

Manière de distribuer les Récompenses.

270. Environ tous les deux mois, on fera une petite distribution, et ontâchera de la faire présider par M. le curé ou par M. le maire, le toutdu consentement des Supérieurs.

271. La valeur de ces récompenses sera proportionnée au nombre desenfans, et aux ressources de l’Ecole, et on pourrait y consacrer lasomme de 2 ou 3 francs ; seulement on donnerait un peu plus pour ladistribution de la fin de l’année.

272. Ces récompenses ne se donneront jamais qu’en échange desBons-Points que l’on donne journellement.

273. Pour cela, on fixera le jour d’avance, et on recommandera auxenfans d’apporter leurs Points enveloppés dans du papier, et d’écrireleurs noms et le nombre des Points sur l’enveloppe. Deux ou troisenfans seront chargées de les vérifier.

274. On pourra choisir une des trois manières suivantes :

1° Le moment de la distribution étant venu, la Maîtresse place lespetites récompenses dans le lieu le plus apparent, et prenant la plusbelle, elle la fixe à un certain nombre de Bons-Points. Celles qui ontce nombre se lèvent ; la Maîtresse augmente d’un dizaine, les enfansqui se trouvent au-dessous s’asseient, et la Maîtresse continued’augmenter jusqu’à ce qu’elle arrive à celle qui en a le plus ;celle-ci apporte ses points et prend la récompense. On fait de mêmepour les autres objets.

2° On peut rendre la chose plus facile : les récompenses étant exposéessur une table, ou sur le grand tableau, la Maîtresse fait placer lesenfans en rang et par ordre du nombre des Bons-Points qu’elles ont ;alors celle qui en a le plus s’avance, et, les déposant, elle prendl’objet qui lui convient ; la deuxième en fait autant, etc.

3° On peut encore établir une enchère : celle qui pousse le plus haut,a le privilège de choisir. Dans ce cas, les enfans peuvent acquérirplusieurs objets, et réserver le surplus de leurs Points pour d’autresobjets ou pour une autre distribution.

275. Celles qui auraient l’espoir d’obtenir une plus belle récompense àune autre vente, seront libres de garder leurs Bons-Points.

Billets de contentement.

276. Le concours des parens étant indispensable pour obtenir de leursenfans l’assiduité et l’application, on ne négligera rien pourl’obtenir, et les billets de contentement sont un moyen efficace pour yparvenir.

277. On donnera ces billets de contentement à l’occasion de cettevisite dont il est parlé plus haut, (art. 270), et après les changemensde section et d’ordre de leçons.

278. Pour qu’une enfant obtienne un billet de contentement, il fautque, pendant le mois, elle ait fait exactement ses devoirs classiques ;qu’elle ait obtenu des changemens dans la plupart des facultés, etqu’elle n’ait mérité aucune punition.

Bonnes Notes.

279. Ces notes seront marquées sur les catalogues de changemens, aprèsque ces changemens seront faits.

280. On donnera les notes de sagesse aux deux qui se seront le mieuxcomportées pendant le mois ; celles d’application, aux deux ou troisqui auront eu le plus de changemens ; on en donnera aussi d’assiduité,etc.

281. On donnera, au contraire, de mauvaises notes à celles qui seseraient mal comportées, ou qui ne se seraient pas appliquées. On feraun choix des plus répréhensibles.

282. Ces bonnes notes, et le nombre des changemens, pourront servir àdéterminer la classification pour les prix des vacances.

Des Décorations.

283. L’usage bien réglé des petites décorations peut encorecontribuer beaucoup aux progrès et au bon ordre d’une classe ; mais ilfaut avoir soin de ne les accorder qu’au mérite, et de ne les laisser àla même que pendant huit jours.

284. On tâchera d’avoir une croix ou une médaille suspendue au moyend’une chaîne, pour chaque partie de l’enseignement, et une décorationspéciale pour la sagesse.

285. Comme ce n’est pas la valeur intrinsèque de ces objets qui en faitle mérite aux yeux des enfans, on évitera d’en avoir de trop chers,afin d’épargner aux parens des dépenses considérables, quand ilsviennent à être perdus.

286. Si une écolière décorée tombe dans un manquement, sa décorationl’exemptera d’être punie la première fois. Si elle récidive, on secontentera de la lui ôter ; car il ne convient pas de punir celle qui aobtenu cette marque de distinction.

287. Pour obtenir une décoration, il faudra avoir récité sans fautependant une semaine entière.


CHAPITRE XVII.

Des Dignités.

288. Comme la maîtresse ne pourrait, ou même ne devrait pas remplirelle-même certaines fonctions dans la classe, elle s’en déchargera surun certain nombre d’enfans qu’elle en jugera capables.

289. Elle pourra renouveler les dignités tous les mois, ou même plussouvent, afin d’entretenir parmi les élèves une certaine émulation pourles obtenir.

290. Les dignitaires, à raison même de la dignité qu’elles ont méritée,devront, chaque semaine, recevoir un certain nombre de Bons-Points.

291. On devra les destituer, si elles y donnent lieu ; mais on ne leurinfligera pas de peine plus grande que cette disgrâce, à moins que lafaute ne fût exorbitante.

292. Quand on emploiera une enfant pendant un certain temps, on tâcherad’avoir pour elle de petites attentions, comme de lui apprendre quelquechose qu’on n’apprend point aux autres.

293. Les dignitaires employées dans les écoles seront les suivantes : Répétitrice, Secrétaire, Monitrice, Inspectrice, Confidente.

Répétitrice.

294. Il y en aura plusieurs, si cela est nécessaire. Elles serontchargées de faire réciter chacune six ou huit enfans, le matin etl’après-midi. Elles donneront aussi, au besoin, des leçonsd’Arithmétique, de Géographie, etc.

295. Elles réciteront leurs leçons à la Maîtresse, ou à une écolièrequi sera désignée pour cela.

296. On les changera de temps en temps, afin de ne les pas distrairetrop souvent.

297. Elles devront être assidues à l’Ecole, et même arriver despremières.

Secrétaire.

298. Elle tient registre de tout ce qui est nécessaire ; elle prendnote des absences et de l’arrivée tardive en classe ; aux distributionsde récompenses, elle inscrit le nombre des Bons-Points de chaque élève,etc.
Monitrice.

299. Elle sonne la cloche aux heures indiquées pour le commencement oula fin des exercices ; elle inscrit les pensums ; elle est chargée,au commencement de chaque classe, de s’assurer si les enfans qui en onteu les ont faits exactement ; elle les reçoit et les remet aux mains dela Maîtresse.

Inspectrice.

300. Elle seconde la Maîtresse dans la surveillance de la classe ; elleavertit par signes de se taire ; elle surveille en l’absence de laMaîtresse. Elle ne doit menacer personne, mais prendre par écrit lesnoms des deux ou trois qui se comportent le plus mal, et indiquer lesdeux qui paraissent s’être le mieux conduites.

Confidente.

301. Elle est chargée de porter aux enfans les avis de la Maîtresse, enleur parlant tout bas ; elle fait ce qui lui est commandé pour le bonordre.


CHAPITRE XVIII.

Moyens disciplinaires.

302. Une des choses les plus difficiles, dans l’enseignement, est cellede maintenir les enfans dans l’ordre, et de les y rappeler quand ilss’en écartent ; heureusement, l’expérience fournit plusieurs moyenstrès-efficaces pour diminuer le nombre des punitions afflictives. Nousallons les indiquer.

ARTICLE I.
Des menaces.

303. Une longue expérience prouve que plus une Maîtresse est fidèle àgarder le silence et à parler bas dans sa classe, plus elle obtientd’ordre et d’application. Elle ne doit faire de menaces que rarement,et pour des causes graves. Elle ne doit jamais menacer tout le monde àla fois. La meilleure manière de menacer une écolière qui s’écarte deson devoir, c’est de suspendre l’exercice, et de faire lire la sentencetransgressée en ce moment.

304. Il ne faut jamais tutoyer les enfans, mais encore moins dans lesrépréhensions. Il faut aussi éviter de se servir de paroles injurieusesou tant soit peu messéantes, comme de bête, de bourique, etc. Cela,ne peut que mal édifier les enfans, et humilier les parens.

ARTICLE II.
Des Pensums.

305. On pourra fixer chaque pensum à cinq lignes, soit pour apprendrepar coeur, soit pour copier dans un bon livre, comme le Devoir, laBible, etc.

306. On pourra aussi donner un verbe, en tout ou en partie, ou encorequelque autre chose qui soit utile aux enfans.

307. La Monitrice marquera, sur un cahier particulier, les pensumsque donnera la Maîtresse ; et, quand une enfant méritera cettepunition, la Maîtresse lui fera signe de se tenir debout, et en mêmetemps elle avertira la Monitrice, en lui montrant autant de doigtsqu’elle veut donner de pensums. Si une enfant méritait un pensumpendant l’écriture, la Maîtresse le dirait tout bas à une autre enfant,et celle-ci répèterait tout haut.

308. A la fin de l’école, avant la prière, la Monitrice nommera lesenfans qui en ont, et dira en quel nombre ; et elle indiquera la pageou la leçon où ils devront être copiés.

309. Toutes les enfans qui sauront suffisamment écrire pour faire des pensums auront un cahier pour ce devoir extraordinaire, qu’ellesécriront chez elles ; elles mettront le quantième du mois et leur nomau bas du pensum.

310. On ne donnera des pensums que pour des raisons graves. On nedevra pas en imposer à plus de deux ou trois enfans pendant une classe,et on n’en donnera qu’un ou deux à la fois.

311. Si les pensums sont trop mal faits, on les fera recommencer enles doublant ; et, si cette mauvaise volonté persévérait, on avertiraitles parens que leurs enfans s’exposent à se faire renvoyer.

312. Pour les enfans qui ne savent pas écrire, on leur donnera, pourpunition, d’apprendre par coeur quelque chose d’utile, indépendammentdes leçons ordinaires. Mais il ne faut jamais en donner beaucoup ; carce serait vouloir exiger l’impossible.

313. On ne recourra à la punition des pensums, que lorsque lasoustraction des Bons-Points ne fera pas d’impression sur les enfans.

ARTICLE III.
Des Pénitences.

314. On ne doit jamais les employer qu’avec prudence, et rarement ;autrement, les enfans s’y habitueraient.

315. Pour qu’une pénitence fasse plus d’impression et à celle qui lamérite et aux autres enfans, la Maîtresse, restant à sa place, ferapasser la coupable au milieu de la classe, et, ayant fait lire lasentence transgressée, elle infligera la punition avec tout le sérieuxet le calme convenables.


ARTICLE IV.
Recueil des Pénitences qu’on peut employer.

316. 1° On pourra déposer, pour quelques jours, les dignitaires qui seseront mal acquittées de leur emploi.

2° La première qui arrivera trop tard à l’école, restera à genoux dansle lieu désigné, jusqu’à ce qu’il en vienne une autre, qui laremplacera jusqu’à ce qu’il en vienne une troisième, etc.

3° La première, cependant, pourra être excusée. Les autres donnerontdes Points proportionnellement à leur retard.

4° Si une enfant se fait remarquer par ses absences ou ses retards, onen avertira ses parens, et on les préviendra qu’on serait obligée de larenvoyer, si elle ne se corrigeait pas.

5° Celle qui ne suivrait pas, pendant la leçon, pourra être condamnée àrester debout pendant quelque temps, ou bien on lui fera perdre desplaces.

6° On pourra donner des pensums à celles qui n’auraient pas écrit ouappris ce qui leur avait été imposé.

7° Si une enfant se dissipe pendant la Prière, on la fera rester aumilieu de la classe pendant la prière suivante, les mains jointes etles yeux baissés.

8° Si elle n’a pas retenu quel était le sujet du Catéchisme précédent,on l’obligera d’écouter debout celui du jour suivant.

9° On formera une liste des enfans les plus paresseuses et les plusnégligentes. A chaque fois que l’élève ne saura pas sa leçon, on mettraun zéro à la suite de son nom, et à la fin de la semaine, on donneraune bonne punition à celle qui en aura le plus ; les zéros des autrescompteront pour les semaines suivantes ; et quand on ne fera pas cettepénitence, la Maîtresse fera venir les parens, à qui elle fera part detous les moyens qu’elle emploie pour faire travailler et avancer leursenfans.

317. 10° On établira trois endroits, dans la classe, que l’on regarderacomme le réduit des coupables et des paresseuses ; ce seront deuxpetits bancs placés près de la Maîtresse, et un d’un pied cubeprès de la porte, au dessus duquel on écrira : Confusion.

318. Celles qui seront envoyées sur le premier blanc devront donnertrois Points à la fin de la classe, faute de quoi elles passeront surle second, à la classe suivante. Elles donneront cinq Points à la finde cette dernière classe, sans quoi elles passeront sur le dé, d’oùelles ne pourront se racheter qu’au moyen de dix Points à la fin de laclasse. Le lendemain, elles devront en donner quinze, sous peine d’êtrerenvoyées, après que les parens en auront été avertis.

319. Dans tous ces cas, les enfans pourront emprunter des Points, s’ils’en trouve qui veuillent leur en prêter.

320. Par ce moyen, il est bien difficile qu’une enfant soit renvoyée :l’expérience le prouve.

321. On ne doit se servir, dans les Ecoles de la Providence, que despénitences dont on vient de parler ; d’ailleurs une Soeur ne doit pasoublier que la Règle lui interdit toutes les voies de fait (article28). Ainsi, on doit bien se garder de frapper les enfans avec lesignal, avec la main, le pied ; il est contre la bienséance et lagravité d’une Maîtresse de leur tirer le nez, les oreilles ou lescheveux ; de les frapper, de les pousser, de les tirer par le bras, deleur faire faire des croix avec la langue, de les laisser long-temps àgenoux, de les mettre les bras en croix, etc. Il est également défendud’enfermer les enfans, ou de les tenir en pénitence après la classe.Leur faire mettre un baillon, un bonnet d’âne, ne peut être que le faitd’une institutrice inepte et sans expérience.

322. Au reste, il est des fautes qu’il faut dissimuler prudemment. Aulieu d’épier les enfans avec une finesse maligne, il vaut mieuxchercher à les récompenser, quand elles le méritent. Un simplecoup-d’oeil de satisfaction est capable de ranimer le courage d’uneenfant, et peut faire plus de bien dans une école qu’un grand nombre depunitions et de pénitences. Une parole d’encouragement porte lajubilation dans de tendres coeurs, qui seraient bientôt comprimés etabattus par un air rebutant. En général, la méthode la plus parfaiteserait celle qui trouverait le moyen d’instruire avec succès, sansavoir besoin de recourir aux punitions.

ARTICLE V.
Des Enfans qu’il ne faut pas punir.

323. 1° Ce sont surtout celles qui ne pèchent évidemment que parignorance, ou par suite de leur légèreté naturelle, dont elles ne sontpas maîtresses ;

2° Celles qui, étant d’un caractère doux et craintif, ne s’oublient querarement ;

3° Celles qui sont incommodées, ou d’une trop faible santé ;

4° Celles qui commencent à venir en classe, et que l’on ne connaît pasencore assez ;

5° Celles qui ont été mal élevées, et qui appartiennent à des parensqui les ont gâtées. Dans les commencemens, il faut les encourager, lesrécompenser par quelques Bons-Points, ou quelque dignité pour peu dejours.

ARTICLE VI
De l’Expulsion des Ecolières.

324. Les enfans que l’on doit renvoyer sont surtout celles qui seraientcorrompues et scandaleuses ; celles qui s’absentent trop souvent del’école, et qui s’en font coutume ; celles qui passent pourincorrigibles, c’est-à-dire, qui après avoir été punies un certainnombre de fois, ne changent pas de conduite. Ce doit cependant être unechose extraordinaire que de renvoyer une enfant de l’Ecole. Il ne fautexpulser une élève qu’après en avoir prévenu les parens ou ceux qui ensont chargés.


CHAPITRE XIX.

Des moyens d’établir et de conserver l’autorité dans la classe.

325. Les principaux sont les suivans :

1° Faire exécuter ce qu’on a commandé une fois justement.

2° Etre ferme à ne point accorder ce qu’on a eu raison de refuser,quand les circonstances n’ont pas changé ;

3° Ne pas faire légèrement des menaces, mais tenir celles qu’on fait,si les enfans y donnent lieu.

4° Imprimer aux enfans une crainte respectueuse, et la conserver.

5° N’employer l’autorité qu’après mûre réflexion, et pour des chosesqui le méritent.

6° Etre invariable dans son caractère et sa conduite, en sorte que lesenfans sachent qu’elles trouveront toujours, dans leur Institutrice,une Maîtresse qui saura faire son devoir et obtenir l’ordre.

7° Etre égale envers toutes, et n’avoir de prédilection pour aucune.

8° Ne pas se familiariser avec les enfans.

9° Agir toujours de manière qu’on ne puisse jamais être dans le cas deparaître avoir tort à l’égard des enfans.

10° Ne pas les traiter comme des esclaves ; mais, d’un autre côté,s’appliquer à laisser une certaine distance entre soi et ses écolières.

11° Parler peu, quand on prescrit quelque chose.

12° N’exiger jamais des enfans des choses exorbitantes, ou mêmedifficiles.

13° Proportionner la tâche à la capacité et au caractère de chacune.

14° Ne pas céder aux caractères durs et opiniâtres, et ne se relâcherjamais de la juste sévérité qui leur est due.

15° Observer exactement ce que prescrit le Manuel.


CHAPITRE XX.

De quelques moyens particuliers pour établir et maintenir l’ordre dans la classe.

326. Ces moyens sont :

1° La vigilance de la Maîtresse ;

2° L’usage des signes ;

3° L’usage des catalogues ;

4° La structure des écoles.

ARTICLE I.
De la vigilance de la Maîtresse dans la classe.

327. Cette vigilance consiste principalement en quatre choses :
1° A reprendre exactement toutes les fautes, tant dans la lecture quedans les répétitions ; et pour cela, il faut employer le signal et nonla parole, et suivre avec le doigt ou un morceau de carte. Les enfansne devront jamais se reprendre les unes les autres ;
2° A faire suivre toutes les écolières d’une même leçon, c’est-à-direqu’elles doivent lire bas, dans leur livre, ce que celle qui ditactuellement sa leçon prononce haut, et que celle qui est avertie pourlire ne doit répéter aucun des mots déjà prononcés ;
3° A tenir les enfans continuellement occupées ; ainsi, pendant qu’unedivision est occupée à réciter, les autres doivent repasser ; pendantqu’une section écrit, on fait lire les petites par les Répétitrices, ensorte que l’on tienne toujours les enfans en haleine ;
4° A faire observer le silence pendant la classe, ce qui s’enseignebien mieux par l’exemple que par la parole.

328. La Maîtresse permettra rarement aux enfans de lui parler, cequ’elles doivent faire tout bas, aussi bien qu’elle en leur répondant.

329. Elle ne parlera ordinairement que dans quatre occasions :

1° Pendant la lecture, lorsqu’après avoir fait signe à plusieurs élèvesde reprendre ce qu’une autre a mal dit, aucune ne peut le faire ;

2° Dans les Catéchismes ;

3° Dans quelques réflexions pieuses que l’un peut faire de temps entemps ;

4° Dans les leçons qui demandent des explications, et encore ne faut-ilpas parler long-temps sans demander compte de ce qu’on a dit (Voyezla Règle, art. 287.)

ARTICLE II.
Des Signes qui sont en usage dans les Ecoles.

330. Pour donner à la Maîtresse la facilité de garder le silence, on aétabli un grand nombre de signes qui peuvent, dans beaucoup decirconstances, remplacer la parole.

331. Pour faire la plupart de ces signes, on se servira d’un instrumentnommé signal, dont on indiquera la forme.

Des Signes pendant les Répétitions.

332. Pour faire signe de réciter les Prières :

Un coup de signal, et joindre les mains.

Pour avertir de réciter la leçon :

Montrer le livre de la leçon ; montrer un doigt pour la premièredivision ; deux doigts pour la deuxième, etc.

Pour voir si une enfant est attentive :

Un coup de signal pour faire arrêter celle qui récite, et faire signede continuer à celle qu’on veut reprendre.

Signes pour les Leçons de Lecture.

333. Pour fixer l’attention générale :

Frapper un seul coup de signal.

Pour avertir que l’on va faire la lecture :

Frapper un coup de la main sur le livre fermé dans lequel on va lire,et le montrer. Tout le monde prépare son livre et cherche la leçon ; ensuite on faitsigne à une enfant de commencer.

Pour avertir la suivante de continuer de lire ou de réciter :

Frapper légèrement, avec le signal, sur la couverture du livre.

Pour avertir que l’on fait une faute :

Frapper deux coups de signal coup sur coup.

Pour faire connaître qu’on manque à quelque chose que ce soit :

Même signe que le précédent.

Pour indiquer de reprendre quelques mots de plus haut :

Trois coups distincts.

Si l’élève ne retrouve pas encore le mot mal prononcé :

Frapper un seul coup, et faire signe à une autre de reprendre.

Pour avertir de parler plus haut :

Frapper un coup de signal, et en lever la pointe verticalement.

Pour avertir de parler plus bas
:

Baisser vers la terre la pointe du signal.

Pour avertir de ne pas parler si haut en lisant ou en récitant
:

Même signe que le précédent.

Pour faire cesser le bruit
:

Porter le signal vers l’oreille, ou suspendre l’exercice par un coup designal, pour examiner qui en est l’auteur.

Pour avertir de lire plus posément
:

Frapper deux coups distincts, après un premier coup pour fixerl’attention.

Pour faire épeler
:

Baisser plusieurs fois le bout du signal sur le livre ouvert qu’ontient en main.

Pour faire lire par syllabes
:

Même signe, mais avec la poignée du signal.

Pour indiquer qu’on ne fait pas une pause, ou qu’on la fait mal
:

Poser le bout du signal sur l’endroit où on lit, en l’y arrêtant.

Pour avertir qu’on fait une pause où il n’en faut pas, ou qu’on lafait trop longue
:

Glisser le signal sur le livre ouvert.

Pour indiquer qu’on traîne en lisant ou en épelant
:

Même signe.

Pour faire lire couramment, quand on épelle ou qu’on lit par syllabes
:

Même signe, mais avec la poignée du signal.

Pour faire lire une syllabe à chaque enfant
:

Frapper un coup pour fixer l’attention ; ensuite faire un mouvementcirculaire avec le signal, et en baisser plusieurs fois la poignée surle livre.

Pour faire lire toutes les écolières par syllabes
:

Frapper un coup, puis faire le mouvement circulaire, et baisserplusieurs fois le signal horizontalement sur le livre.

Pour faire signe de finir la dernière leçon
:

Frapper de la main sur la couverture du livre dans lequel on litactuellement.

Des Signes pour l’Ecriture.

334. Pour faire commencer l’Ecriture :

1° Donner un coup de signal en montrant une plume ou du papier ;

Les élèves prennent leurs cartons et les mettent sur leurs genoux ;

2° Un second coup de signal ;

Les élèves posent toutes ensemble leur papier sur la table, etremettent sans bruit les cartons à leur place.

3° Un troisième coup de signal ;

Elles placent leurs exemples sur les supports.

4° Un quatrième coup ;

Elles s’asseient et commencent à écrire, après avoir fait le signe dela croix.

Pour faire cesser d’écrire :

Au son de la clochette, toutes cessent d’écrire.

Premier coup de signal
:

On serre les plumes.

Deuxième coup
:

On reprend les cartons, qu’on place sur ses genoux.

Troisième coup
:

On remet le tout dans les cartons, qu’on serre à la place ordinaire.

Des Signes usités en certaines occasions particulières.

335. Pour faire prendre une posture quelconque, ou faire faire touteautre chose :

On fera, en regardant l’enfant, ce qu’on veut qu’elle fasse ; ainsi,pour faire recommencer un signe de croix, on portera la main au front,etc.

Pour demander la permission de parler à la Maîtresse :

L’enfant se tient debout à sa place, les mains croisées sur lapoitrine, sans faire aucun signe.

Pour accorder cette permission :

La Maîtresse avance vers elle-même le bout du signal.

Pour la refuser
:

Elle baisse le signal vers la terre, vis-à-vis de l’enfant.

Pour demander la permission d’aller à ses besoins naturels
:

L’enfant reste assise et lève la main.

Pour les petits besoins
:

L’enfant lève la main et montre deux doigts.

Pour accorder cette permission
:

Tourner le signal du côté de la porte.

Pour la refuser
:

Baisser le signal ou la main vers la terre.

Observation. Pour empêcher qu’il ne se trouve à la fois plusieursenfans aux lieux, on suspendra une planchette dont un côté portera lemot sortie, et l’autre le mot rentrée.

Pour faire mettre à genoux :

Montrer le milieu de la classe avec le signal.

Pour faire lever celle qui est à genoux
:

Lever tant soit peu la main.

Observation. Pour que la Maîtresse puisse toujours faire tous cessignaux, elle n’aura à la main que le livre de la leçon et le signal.

Des Sentences concernant les Devoirs des Elèves.

336. Dans chaque classe, on attachera, en divers endroits, les sixsentences suivantes :

1. « Il faut s’appliquer, dans l’Ecole, à étudier sa leçon. »

2. « Il faut toujours écrire, sans perdre de temps. »

3. « Il ne faut ni s’absenter de l’Ecole ni y venir tard, sanspermission. »

4. « Il faut écouter le Catéchisme attentivement. »

5. « Il faut prier Dieu avec piété dans l’Eglise et dans l’Ecole. »

6. « Il faut faire attention aux signes. »

337. Quand les élèves manqueront à l’une de ces sentences, laMaîtresse, après avoir frappé un coup de signal, fera lire à haute voixla sentence contre laquelle elles auront fait faute ; elle en usera demême quand elle voudra imposer une pénitence.


CHAPITRE XXI.

Des Catalogues.

338. On en aura quatre.

1° Pour les changemens de leçons ;

2° Pour les Prières ;

3° Un catalogue d’appel ;

4° Un catalogue de poche.

339. Pour les deux premiers, on se servira des catalogues imprimés àl’usage des Frères des Ecoles Chrétiennes.

340. Le catalogue d’appel contiendra les noms de toutes les écolièrespar ordre alphabétique ; on s’en servira surtout pour marquer lesabsences.

341. Le catalogue de poche est composé de plusieurs feuillets enparchemin, entourés de bandes repliées, et sous lesquelles on en insèred’autres qui sont dentelées et cousues de manière à pouvoir recevoirdes morceaux de carton mobiles, sur lesquels sont inscrits les noms desenfans. Un seul sert pour toujours.

342. On s’en sert pour marquer la conduite des enfans pendant leCatéchisme, les Prières, à l’Eglise, et partout où il en est besoin.


CHAPITRE XXII.

De la Structure des Ecoles, et des Meubles qui y conviennent.

343. Il serait grandement à désirer que les écoles fussent construitesde manière que les Maîtresses et les écolières pussent s’y acquitterfacilement de leurs devoirs.

344. Les classes doivent être, autant que possible, au rez-de-chaussée,entre cour et jardin, et de plain-pied.

345. Quand les classes donnent sur la rue ou sur une cour commune, ilfaut que les fenêtres ne descendent pas plus bas qu’à environ deuxmètres de terre, afin que les passans ne puissent pas voir dans l’école.

346. Si elles ne sont pas exposées à la vue des voisins, il suffira queles hauteurs d’appui des croisées soient environ à un mètre trentecentimètres.

347. Toutes les croisées doivent être à impostes ouvrantes, afin depouvoir aérer la classe sans incommoder les enfans.

348. Les classes doivent avoir un beau jour et un bon air, et il doit yavoir des fenêtres au moins de deux côtés.

349. Les latrines doivent être placées de manière que les Maîtressespuissent surveiller les enfans qui y vont, et assez éloignées pour nepas incommoder.

350. Dans chaque classe, il doit y avoir une chaire pour la Maîtresse,et les images exigées par la Règle (article 414).

351. Quant aux tables, elles seront d’une grandeur proportionnée auxbesoins présumés de la localité. Les tables et les bancs seront deprofil tant aux croisées qu’à la chaire de la Maîtresse, autant quefaire se pourra.

352. Elles seront accompagnées, dans leur longueur, de supports en fer,ou en fil de fer, ou en bois, pour porter les exemples, et onpratiquera par-dessous un rayon destiné à contenir les cartons desenfans ; on y creusera des trous pour recevoir les encriers, qui nedevront pas dépasser le plan des tables et ne contiendront que del’encre ; on y fixera de petits couvercles en fer-blanc ou en bois.

353. Il serait à désirer que, dans chaque classe, il y eût une pendulesonnant les heures. Il y aura au moins une clochette suspendue, pourrégler les exercices.

354. Il y aura un grand tableau noir, et quelques tableaux plus petits,qui pourraient être portatifs et sur pieds.

355. Il y aura, de plus, un mètre en bois bien divisé (article 201) ;un litre cube en bois, et un autre litre cylindrique en fer-blanc ; uncentimètre cube en cuivre, et un tableau en gros caractère, pourl’intelligence du système métrique ; enfin, tout ce qui est nécessairepour les classes.

Quelques dimensions importantes.

356. Tables. hauteur par derrière, 758 millim. ; hauteur par devant,697 millim. ; l’inclinaison du plateau sera donc de 61 millim. ;largeur du plateau, 435 millim. ; épaisseur du plateau, 41 millim. ;hauteur du rayon, par derrière, 135 millim. ; couloir entre les tables,400 millim.

357. Trous des encriers. Leur diamètre, 40 millim. ; intervalle, 395m. ; distance du bord extérieur de la table, 13 millim.

358. On compte ordinairement 44 centimètres pour la place d’unécrivain, et 33 centimètres pour les autres enfans.

359. Bancs. Hauteur, 460 millim. ; épaisseur, 54 millim. ; largeur,166 m. ; leur distance de la table, 108 millim. ;
Hauteur des montans pour les supports, 360 millimètres.

360. Grand tableau noir. Longueur de 2 mètres, largeur de 1 mèt. 49cent.

361. Les tables, les bancs et la chaire doivent être en chêne, et lestableaux en peuplier d’Italie. Les bancs doivent être fixés à la table,et non attachés au sol. Il faut que l’on puisse circuler tout autourdes tables. Chaque encrier sera placé entre deux élèves et servira pourdeux.


CHAPITRE XXIII.

Du Catéchisme et de l’instruction religieuse.


ARTICLE I.
Excellence du Catéchisme.

362. C’est dans cette partie essentielle de l’instruction qu’une Soeurde la Providence doit se montrer digne du saint emploi qui lui estconfié. Le silence qui lui est tant recommandé pendant la classe,semble ne lui être enjoint que pour donner plus de force à ses parolespendant le Catéchisme.

363. Une Religieuse, vouée à l’instruction, doit être convaincue devantDieu que la science de la Religion mérite de tenir le premier rangparmi les connaissances qu’elle doit acquérir et perfectionner.

364. Elle considère qu’elle rendra compte à Dieu de l’ignorance desenfans qui lui sont confiées, si elle ne s’est pas appliquée avec assezde soin à les instruire.

ARTICLE II.
Préparation au Catéchisme.

365. Il est essentiel de préparer le Catéchisme que l’on doit faire :c’est le seul moyen de rendre la leçon à la fois utile et intéressante.

366. On trouvera dans le Catéchisme de Collot, dans celui de Couturier, dans celui de Montpellier, par Charancy, d’amplesexplications, pour donner à celui de la paroisse tous les développemensqui sont nécessaires.

ARTICLE III.
De la manière de faire le Catéchisme.

367. La Maîtresse, pendant le Catéchisme, doit se tenir assise avecmodestie et gravité ; il est nécessaire que son air, ses regards et sonton de voix annoncent l’importance de l’exercice.

368. Avant de commencer la leçon, elle fera rappeler, par quelquesenfans, le sujet du Catéchisme précédent, et ce qu’on y a dit de plusimportant. Ensuite elle fera le signe de la croix, et toutes lesécolières avec elle. Alors elle fera la première demande.

369. L’enfant qui sera interrogée se tiendra debout et répondra à lademande qui lui sera faite, renfermant toujours la demande dans laréponse ; sinon, la Maîtresse la fera dire par une autre, sans larépéter elle-même, et la fera répéter à celle qui n’avait pu répondre.

370. Si, après avoir adressé la même demande à deux ou trois élèves,aucune ne peut donner la réponse, la Maîtresse la donnera elle-même, etla fera répéter, ainsi qu’il vient d’être dit.

371. Elle continuera ainsi d’interroger, en changeant l’ordre desbancs, si elle remarque qu’il y en a qui ne soient pas attentives.

372. Quand une question sera susceptible d’explication, la Maîtresse ladéveloppera par des sous-demandes courtes et précises, auxquelles lesenfans répondront de la manière exprimée ci-dessus.

373. On expliquera le Catéchisme de la paroisse suivant l’ordre desmatières, ce qui n’empêchera pas de revenir sur les points importans,surtout à l’approche des premières Communions.

374. On pourra aussi se conformer à l’ordre suivi par MM. les Curés.

375. Les réponses aux demandes doivent être certaines, précises, ettoujours à la portée des enfans. Quand il s’agira des Mystères, onn’avancera rien qu’on ne l’ait vu dans un livre approuvé, ou qu’on nel’ait demandé à des Ecclésiastiques instruits.

376. On ne décidera jamais rien, comme péché mortel ou véniel ; onpourra seulement dire : C’est un péché fort à craindre, c’est un péchéqui peut avoir de mauvaises suites, c’est un grand péché, si on lejuge tel.

377. On ne permettra pas aux enfans de reprendre celles qui nepourraient pas répondre. Pour obtenir la permission de répondre à cequi demandé, elles montreront la main, sans lever le bras, ni faireaucun bruit, ni aucun signe qui sente l’empressement.

378. La Maîtresse ne souffrira pas que l’on rie, quand quelqu’une ferades réponses de travers, ou qu’elle aura de la peine à répondre.

379. Elle ne parlera pas, pendant le Catéchisme, comme si elle prêchait; elle interrogera presque continuellement par des demandes et dessous-demandes.

380. Elle fera répondre, chaque jour, le plus grand nombre d’écolièresqu’il sera possible, et surtout les plus ignorantes et celles qui ontle moins de facilité.

381. Pendant le Catéchisme, on ne souffrira pas que les enfans aientquoi que ce soit en main ou sur la table, qui puisse les distraire. Ondonnera des Bons-Points, de temps en temps, à deux ou trois de cellesqui auront été les plus attentives, quand même elles seraient les moinsintelligentes.

382. Si une enfant fait quelque manquement pendant le Catéchisme, on nela punira pas pendant ce temps ; on se contentera de la marquer sur lecatalogue. On pourra cependant, mais rarement, donner quelquepénitence, comme de joindre les mains.

383. Pendant le Catéchisme, les enfans auront les mains jointes etposées sur le bord de la table. Chaque enfant doit parler assez hautpour être entendue de toute la classe.

384. Cinq minutes avant la fin du Catéchisme, au son de la clochette,on fixera la leçon du lendemain ; ensuite, on reprendra sommairementles questions que l’on a traitées, et dont on demandera compte à laprochaine leçon.

ARTICLE IV.
De la manière de rendre le Catéchisme intéressant et utile.

385. « Il faut considérer », dit Fénélon (Education des Filles, chap.5), que les enfans ont la tête faible ; que leur âge ne les rend encoresensibles qu’au plaisir, et qu’on leur demande souvent une exactitudeet un sérieux dont ceux qui l’exigent seraient incapables. »

386. Quoi de plus propre à dégoûter et à fatiguer les enfans que cesCatéchismes où l’on se borne à répéter sèchement et toujours les mêmeschoses ? Cette répétition devient nécessairement insipide et pour lecatéchiste et pour l’enfant ; et c’est peut-être à la manière sèche etmonotone dont on le fait qu’il faut attribuer l’éloignement si généralpour le Catéchisme. Il faut donc s’appliquer, par tous les moyens, àrendre agréable aux enfans l’étude de la science la plus importante,qui est celle de la Religion.

387. Il sera bon de faire précéder la leçon de Catéchisme, quand ilsera de quelque durée, du chant de quelques strophes de cantiques ; etdans les jours de congé et le dimanche, où l’on pourrait faire leCatéchisme plus longuement, ainsi que dans les approches de la premièreCommunion, on pourrait interrompre la leçon pour faire chanter uncantique, afin de défatiguer les enfans.

388. On terminera toujours la leçon de Catéchisme, ainsi que la classedu matin, par un chant bien connu des enfans, et ce chant, en couvrantle bruit de la sortie, ne leur permettra pas de s’apercevoir du petitdésordre inévitable en pareil cas. Cependant on sortira toujours enordre, et en se levant banc par banc et marchant deux à deux.

389. Quant à l’interrogation, elle doit toujours être rapide, vive etanimée ; et à mesure qu’on interroge une enfant, il faut prévoir le nomde celle qu’on interrogera après ; en sorte qu’il y ait toujoursquelqu’une qui parle, soit la Maîtresse en interrogeant, soit lesenfans en répondant.

390. On évitera d’interroger souvent les mêmes enfans ; mais quand lademande sera un peu difficile, on pourra interroger de nouveau les plusfortes, afin d’exciter l’émulation par cette sorte de privilége, etaussi pour faire répéter la réponse à celles qui sont moins avancées.

391. Quand une enfant sera par trop timide, on pourra lui aider un peuen lui disant le premier mot de la réponse, et en lui donnant quelquespetits éloges, comme : Je suis contente de vous ; Vous savez, mais latimidité vous empêche de dire, etc.

392. Dans ce cas-là, on peut encore proposer une demande à deux outrois des plus instruites, et faire répéter celle qui est timide,ensuite passer à une plus faible qu’elle ; tout cela donne de laconfiance.

393. On peut aussi exciter l’attention des enfans en proposantplusieurs demandes à une d’entre elles, sans chercher à l’embarrasser,et quand elle répond quatre ou cinq fois de suite sans faute, on peutlui donner un Bon-Point.

394. D’autres fois, on s’y prendra ainsi. On propose une question à unedes plus fortes qui peut y bien répondre. On change de ton, comme sil’enfant s’était trompée, et on la propose à une plus faible, qui setrompera probablement. On passe à une troisième, et on lui demande dedire laquelle a bien répondu. Si elle rencontre juste, on établit leconcours entre cette dernière et celle qui a bien dit, et on donne leBon-Point à celle qui finit par l’emporter.

395. Si l’enfant s’est distinguée un peu par la justesse de sa réponse,on la répète mot à mot, on la fait sonner un peu haut, et on donne unPoint de plus.

396. On placera les enfans par ordre de force, afin que l’on puissefaire gagner des places tous les jours, et donner des Bons-Points commepour la Lecture.

397. Dans chaque division de Catéchisme, il y aura trois places d’honneur. Elles seront d’abord occupées par les trois qui auront lemieux répondu à un certain nombre de questions. Les deux premièresseront aux deux bouts du banc d’honneur, et la troisième au milieu.Celles qui occuperont ces places ne les cèderont qu’à la troisième foisqu’elles seront vaincues en concourant avec la même écolière. Cettedernière, outre la place d’honneur, obtiendra alors quatre Points dela Maîtresse, et s’en fera donner un par celle qui aura eu le dessous.Si l’on se maintient à une place d’honneur d’un lundi à un autrelundi, on a droit à cinq Points. Si la division est un peu nombreuse,il n’y aura qu’une ou deux places de distinction.

398. Pendant ces petits débats, la Maîtresse ne doit presque rien dire; elle doit laisser parler les enfans ; car, comme on l’a dit avantnous, « le meilleur catéchiste n’est pas celui qui parle le mieux et leplus souvent, mais celui qui sait le mieux interroger. »

399. Il est très-important de répéter toujours les mêmes choses auxenfans, de leur donner les mêmes définitions, les mêmes preuves, etdans les mêmes termes. Par exemple, si vous demandez :Qu’est-ce que leDécalogue ? exigez qu’on vous réponde toujours : C’est l’abrégé de laLoi de Dieu, contenu en dix Commandemens.

400. L’expérience prouve qu’en variant fréquemment, sous prétexte defaire mieux comprendre, on embrouille la mémoire des enfans, qu’ontrouble leurs idées, et qu’on efface de leur esprit ce qu’on y avaitimprimé.

401. Il est essentiel, pour rendre le Catéchisme intéressant, deraconter, de temps en temps, de petites histoires édifiantes, relativesà la leçon, et que l’on trouve dans différentes explications duCatéchisme. On pourra les faire répéter aux enfans, et donner desBons-Points à celles qui se rappelleront le mieux les détails.

402. Pour les comparaisons, qui doivent toujours être justes, claires,nobles et précises, on se servira surtout de celles qui sont dans lesbons livres, comme dans celui qui est intitulé : La Jeunesse instruitepar la Méthode de Fénélon ; consultez encore le Traité de l’Educationdes Filles, par Fénélon (chap. 7). On se servira aussi avec avantage,en ce point, de l’ouvrage qui a pour titre : Paraboles du PèreBonaventure et du Catéchisme de Constance, qui contient beaucoupd’histoires et de comparaisons.

403. Quant aux instructions que l’on doit faire, il faut toujours sesouvenir que l’esprit des enfans est comme un vase étroit et qui ne seremplit que goutte à goutte. Ainsi, si l’on veut que l’instruction soitutile, qu’on dise peu de choses à la fois ; que l’on instruise en formede questions, et non par le discours direct.

« Croyez-moi », disait saint François de Salles à l’évêque du Belley,c’est par expérience et longue expérience que je vous dis ceci. Plusvous direz, moins on retiendra ; moins vous direz, plus on profitera :à force de charger la mémoire des auditeurs, on la démolit, comme onéteint les lampes en y mettant trop d’huile, et l’on suffoque lesplantes en les arrosant démesurément. Les prédicateurs médiocres sontrecevables, pourvu qu’ils soient courts, et les excellens sont àcharge, quand ils sont trop longs..... » Le même Saint disait encoreque « quand un discours est trop long, la fin en fait oublier lemilieu, et le milieu le commencement. »

404. On apprendra aux enfans la manière de se confesser ; comment ilfaut faire l’examen ; ce qu’il faut dire avant de s’accuser ; commentil faut s’accuser, et ce qu’il faut dire après l’accusation, pendantl’absolution ou la bénédiction du Prêtre.

405. Pour l’explication du Catéchisme, on se servira utilement del’Abrégé du Catéchisme de Couturier, 1 vol. ; et pour les histoires,de la Nouvelle Explication du Dogme et de la Morale, appuyée de quatrecents traits historiques, par l’abbé A. Guillois, 1 vol.


CHAPITRE XXIV.

Du soin que les Maîtresses doivent avoir d’enseigner l’honnêteté et la civilité aux enfans, et de les former à la propreté.

406. Après la Religion, il semble qu’il n’est rien de plus importantque de former les enfans à l’honnêteté et à la politesse.

407. Ainsi les Maîtresses s’appliqueront à reformer dans leursécolières tout ce qui leur paraîtra répréhensible ; elles leurapprendront comment elles doivent saluer, interroger, répondre. Ellesprofiteront, pour les reprendre, des fautes qu’elles feront contre lacivilité.

408. Elles exigeront qu’elles les saluent toutes les fois qu’ellespassent devant elles, qu’elles leur parlent toujours debout et dans unetenue respectueuse. Elles leur recommanderont de saluerrespectueusement les Ecclésiastiques, les Magistrats, etc.

409. Les enfans étant sujettes à se quereller, à se donner dessobriquets, à insulter les passans, on leur inspirera un grandéloignement pour toutes ces grossièretés, ainsi que pour l’inclinationqu’elles ont à écrire ou à faire des figures sur les vitres, lesportes, les murailles, etc., soit dans l’Ecole, soit ailleurs.

410. On ne leur permettra pas de se moquer les unes des autres, quandelles font des fautes ; ou qu’elles manifestent de la joie, quand onpunit leurs compagnes ; il faut au contraire les accoutumer à êtrecomplaisantes les unes envers les autres.

411. Comme la propreté n’est pas incompatible avec la pauvreté, on auragrand soin que les enfans se tiennent propres, qu’elles se lavent lesmains et la figure, qu’elles ne viennent pas à l’école les pieds nus ouavec des habits indécemment déchirés. Quant à celles qui auraient desinfirmités, il faut les renvoyer jusqu’à guérison, comme aussi cellesqui continuent à se tenir malproprement par leur faute, et aprèsavertissement.


CHAPITRE XXV.

Défauts principaux que doit éviter une Institutrice.

412. 1° Babil. En parlant rarement et toujours bas, on est sûred’être écoutée. Au contraire, dans une classe où la Maîtresse parlebeaucoup, il n’y a ni ordre, ni application, ni sagesse, ni progrès. Voyez (art 329) dans quelles occasions il est permis de parler.

Il faut surtout prendre garde de sermonner les enfans, de toujours s’enplaindre avec humeur, et d’en dire du mal devant les étrangers quivisitent la classe.

413. 2° Légèreté. Avec les enfans, il faut de la gravité. Lafamiliarité attire le mépris, et la badinerie est la perte souventirréparable de l’autorité.

414. 3° Empressement, indiscrétion. On punit sans réflexion : on veutintroduire du nouveau ; on veut réformer à l’instant tous les abus ; onveut voir tout de suite des fruits abondans de ses travaux.

415. 4° Rigueur et dureté. On s’attire la réputation de Maîtressesévère ; on indispose les parens et les enfans, et on n’est pas assezconvaincue que les classes où il y a le plus de punitions sontordinairement les plus mal tenues.

416. 5° Impatience et dépit. On veut commander aux autres, et on nepeut se commander soi-même. On punit, on gronde, quand on se sent émue,au lieu qu’il ne faut jamais reprendre ni dans son émotion, ni danscelle de l’enfant. La vivacité, au lieu d’être une preuve de force,trahit la faiblesse et l’impuissance.

417. 6° Rebuts, injustes préférences. On préfère les riches auxpauvres, celles qui sont avantagées des dons de la nature à celles quiont des défauts d’esprit et de corps, tandis que le mérite seul est unjuste titre de préférence.

418. 7° Négligence. On néglige certaines écolières qui ne plaisentpas ; on ne suit pas les leçons avec exactitude, pour reprendre toutesles fautes ; on ne commence pas, on ne finit pas à l’heure ; on ne faitpas les signes convenables ; on ne prépare pas le Catéchisme ; ontolère le désordre ; on ne s’applique pas à défendre le moindre bruit.

419. 8° Chagrin, abattement. On voudrait vaincre à la fois toutes lesdifficultés, tandis qu’on ne peut les dissiper que l’une après l’autre; de là le chagrin, le découragement, et quelquefois une sorte dedésespoir. Moyennant le secours de la grâce, avec du temps et de lapatience, on vient à bout de ce qui paraît le plus difficile.

420. 9° Inconstance. On exige aujourd’hui une chose, demain c’est lecontraire ; on néglige dans un temps ce qu’on a voulu dans un autre ;tantôt on affiche la sévérité, et tantôt la facilité et l’indulgence.Au milieu d’une telle inconstance, les enfans ne savent plus à quois’en tenir. Quand elles voient, au contraire, la Maîtresse marcherinvariablement sur une même ligne tracée par la prudence et la raison,elles prennent naturellement elles-mêmes l’habitude de l’exactitude etde la régularité.

421. 10° Extérieur évaporé, ou trop grande concentration en soi-même.Si un extérieur dissipé, léger, inattentif, est un grand défaut, unetrop grande retenue, des manières gauches et embarrassées, et une tropgrande application au recueillement, seraient un travers aussi blâmable.

422. 11° Perte du temps. On a si peu de temps pour instruire tantd’enfans ; les choses qu’on a à leur apprendre sont si multipliées etsi importantes, qu’en voyant arriver la fin de la classe, on auraitsujet de désirer qu’elle fût continuée au-delà des bornes prescrites.Perdre un temps aussi précieux serait manquer à l’esprit de son état,aux intentions des pieux fondateurs, aux devoirs sacrés que l’on a àremplir envers les enfans, et à la promesse faite à Dieu de se livreravec zèle à l’éducation de la jeunesse.


CHAPITRE XXVI.

Qualités essentielles à une Maîtresse.

423. 1° Estime de son emploi. La fonction d’instruire est la premièredont Jésus-Christ a chargé ses Apôtres, après les avoir appelés à sasuite. Quel plus noble emploi que celui de former les enfans à la piétéet aux bonnes moeurs, aux devoirs de la Religion et de la société ?L’estime d’une Religieuse pour une si sainte vocation la portera à enfaire ses plus chères délices, et à s’en regarder comme indigne.L’esprit de foi dont elle sera animée lui fera voir, dans les enfansqu’elle instruit, la personne de Jésus-Christ même, qui les a plusaimées que sa propre vie. Laissez venir à moi les petits enfans,dit-il à ses Apôtres, et ne les empêchez pas. Le royaume des cieux estpour ceux qui leur ressemblent.

424. 2° Recours à Dieu ; vues surnaturelles. C’est à nous de planteret d’arroser ; mais Dieu seul peut donner l’accroissement. Comme tousles talens viennent d’en haut, une Maîtresse doit souvent demander àDieu ceux qui lui sont nécessaires, et faire quelques Communions à ceteffet. Si elle ne se propose en tout que le bon plaisir de Dieu, elledemeurera toujours soumise à la volonté de la divine Providence, soitqu’elle réussisse, soit qu’elle ne réussisse pas dans ses entreprises.

425. 3° Etablir et maintenir le bon ordre. On ne peut rien faire dansune classe où il y a de la confusion et de l’arbitraire. La premièrechose qu’on doit y faire, c’est d’y établir et d’y maintenir le bonordre. S’il y a plusieurs causes de désordre, on attaquera d’abord avecprudence les plus considérables ; ensuite on passera successivement auxautres. Dans les cas extraordinaires et embarrassans, on aura recoursaux Supérieurs.

426. 4° Attitude et conduite pendant la classe. Il faut que laMaîtresse se tienne toujours dans une attitude qui impose ; qu’ellen’ait pas l’air de s’étonner de la besogne ; qu’elle montre cetteassurance qui bannit le trouble et l’air novice. Cet air libre, résolu,actif, fera comprendre aux élèves qu’elles n’ont d’autre parti àprendre que celui de se soumettre et d’étudier. Elles sauraient, aucontraire, se prévaloir de la gêne, du trouble et de la crainte de leurMaîtresse.

427. 5° Etudier les caractères. Les enfans ne peuvent être toutesdirigées de la même manière. Les unes demandent à être conduites par ladouceur, d’autres par la fermeté. Il faut savoir faire ce discernement.

428. 6° Docilité et fidélité aux Règlement des Ecoles. (Voyez lechap. Ier du Manuel.) Outre que l’obéissance en fait un devoir, ilest toujours bien dangereux de substituer ses propres idées auxméthodes dont l’expérience a démontré l’importance et l’utilité.

429. 7° Bon exemple. Rien n’est plus puissant sur l’esprit desenfans, comme sur celui des autres hommes, que l’influence del’exemple. Une Maîtresse ne doit jamais se permettre une parole qui nesoit une leçon, une démarche qui ne soit un modèle.

430. 8° Air prévenant, sans familiarité. Les enfans aiment à trouver,dans leurs Maîtresses, un air agréable qui annonce la bonté et lacordialité. Mais leur témoigner trop de bonté extérieure, les caresser,les embrasser, etc., c’est se compromettre. Un air d’affabilité, unsigne de contentement, une louange donnée à propos et avec mesure :voilà ce qui encourage toujours une enfant, sans l’exposer à sortir desbornes du respect, effet trop ordinaire de la familiarité.

431. 9° Exactitude à tenir ce qu’on a promis. Les enfans sontnaturellement sincères. Si on ne veut pas leur faire perdre cettequalité précieuse, il faut tenir fidèlement ce qu’on a promis, commeaussi donner suite aux menaces que l’on a faites.

432. 10° Etude assidue. Pour enseigner, il faut savoir ; et poursavoir, il ne suffit pas d’avoir appris une fois, il faut encorecultiver ses connaissances par un travail assidu.

(Voyez aussi, sur ce sujet, la Règle de la Maison, page 11.)


CHAPITRE XXVII.

Distribution des Prix.

433. On tâchera de lui donner une certaine solennité, sans ostentationtoutefois.

434. Si l’on juge à propos d’y faire réciter quelque petit dialogue, onle communiquera d’avance aux Supérieurs. On pourra aussi y établirquelques exercices, comme des examens et des récitations, et y fairefaire des opérations sur le tableau, pourvu que les élèves soient bienpréparées et puissent faire honneur à l’Ecole.

435. On pourra exposer les cahiers d’Ecriture, de Calcul et de Dessinlinéaire, ainsi que les ouvrages des enfans, s’ils sont remarquables.On tâchera que les petits livres soient bien choisis ; qu’ils ne soientpas tous sur la Religion et la piété, et qu’ils puissent être utilesaux élèves. On les répartira de manière à contenter le plus d’enfansqu’il sera possible. On récompensera toutes celles qui auront desBons-Points, ne fût-ce que par des images.

436. On donnera un prix plus distingué à celle qui aura le plus grandnombre de Points, ainsi qu’à celle qui aura obtenu le plus dechangemens et fait le plus de progrès.

437. Si les revenus de l’Ecole le permettaient, on pourrait faire fairedes Compositions dans les diverses facultés.

438. On admettra à la distribution des prix les parens des enfans etles personnes qui le désireront, si le local le permet.


CHAPITRE XXVIII.

RÈGLEMENT JOURNALIER.


MATIN.

Tous les jours, à 8 heures, Récitation.
8 heures ½, Lecture.
9 heures ¼, Ecriture.
9 h. ¾, Correction des Exercices d’Orthographe ; ensuite Explication dela Dictée ; puis la Dictée elle-même.
10 heures ½, mise au net de la Dictée.

Sauf les exceptions suivantes :

Lundi. Lecture dans la Grammaire, à 8 heures ½ ; – 9 heures ¼,explication des Principes d’Ecriture pendant ¼ d’h. ; ensuite on écrit.
Mardi. Lecture dans la Géographie, à 8 heures ½.
Mercredi. Lecture dans la Bible, en forme de Composition, à 8 heures½.
Vendredi. Lecture dans la Bible, à 8h. ½. - à 10 heures, Compositiond’Orthographe, jusqu’à 10 heures ¾.
Samedi. Récapitulation de ce qu’on a appris pendant la semaine,jusqu’à 8 h. ¾ ; on lit ensuite pendant ½ heure dans l’Arithmétique ;
10 heures, Catéchisme, jusqu’à 10 h. ¾.
Tous les samedis, on fait la visite des cartons, pendant l’Ecriture dumatin et celle du soir.

SOIR.

A 1 heure, Récitation.
A 1 heure ¼, Lecture dans le latin et les manuscrits, alternativement.
A 1 heure ¾, on fait l’Exercice d’Orthographe donné le matin.
A 2 heures 10 minutes, Arithmétique.
Pendant qu’on s’occupe d’une division, on fait faire un devoir auxautres.
A 3 heures, Ecriture.
A 3 heures ½, Prière et Catéchisme.
Dans les localités où l’on exigera le Travail manuel, on s’en occuperaaprès la classe du soir, pendant 1 heure ou 1 h. ½, environ.

Sauf exceptions suivantes :

Lundi. A 2 heures 10 min., on met au net les opérationsd’Arithmétique et les cahiers de verbes (article 179).
Mardi. A 2 heures 10 minutes, Explication de la Géographie, sur lescartes ou sur le globe.
Mercredi. A 3 heures, Composition d’Ecriture.
Vendredi. A 2 heures 10 minutes, Composition d’Histoire, le premiervendredi de chaque mois, pendant le temps de l’Arithmétique.
Samedi. A 1 heure, on continue de repasser, comme le matin.
A 2 heures 10 minutes, Composition d’Arithmétique.
Si la classe est nombreuse, on composera une semaine en Orthographe etl’autre en Arithmétique.
Le deuxième samedi de chaque mois, Composition d’Histoire, pendant letemps de l’Arithmétique.

REMARQUE. Dans les classes où la grande majorité des enfans ne sera pasencore suffisamment exercée à la Lecture et à l’Ecriture, après laRécitation du matin, on fera lire jusqu’à 9 heures ½, ensuite écrirejusqu’à 10 heures. Depuis 10 heures jusqu’à 10 heures ¾, on s’occuperaalternativement de Grammaire et d’Arithmétique.

Le soir, après la Récitation, on fera lire jusqu’à 2 heures ¼ ; onécrira ensuite jusqu’à 3 heures. A 3 heures, on enseigneraalternativement la Grammaire et l’Arithmétique.
_____

Remarque. On ne pourra déroger aux dispositions ci-dessus, sans s’yfaire autoriser par les Supérieurs.

RÉCITATION.

La tâche mensuelle étant fixée, on pourra réciter, pendant la premièresemaine, la tâche de Catéchisme et de Prières ; pendant la deuxièmesemaine, la tâche de Grammaire ; pendant la troisième, les troispremiers jours, on récitera l’Histoire ; et les deux derniers, laGéographie et l’Arithmétique.

La quatrième semaine sera consacrée à repasser ce qu’on aura apprispendant les trois premières.

Le samedi de la quatrième semaine, Composition de Mémoire, entre deuxpartis, sur la tâche du mois ; le matin jusqu’à 10 heures, et le soirjusqu’à deux heures.

Remarque. On ne donnera qu’une leçon à apprendre par classe, afinqu’un bon nombre puissent la savoir sans faute. On ajoutera cependant àla leçon du matin les articles de la Grammaire qui seront expliquéspour la dictée et les exercices à 10 heures.

On fera réciter les Prières, ainsi qu’il est expliqué, articles 41 et43.

Voyez aussi ce qui est dit, art. 44 et 45.

LECTURE.

Quand on aura fini de faire lire les leçons mensuelles de Grammaire, deGéographie, d’Histoire et d’Arithmétique, on lira dans la Bible.

On fera réciter, lire et écrire avant les autres, les enfans quidevront être employées comme Répétitrices pendant la Récitation, laLecture et l’Ecriture.

Pendant la Lecture, on désignera une enfant, qui sera chargée dereprendre les fautes, quand la lectrice aura essayé une fois, ou mêmeavant qu’elle se reprenne. Elle sera placée plus haut que les autres,et parlera très-distinctement et très-lentement. On pourra aussipermettre à la première venue de reprendre, après qu’elle aura demandécette permission en levant la main. On en fera autant pour larécitation des leçons de mémoire.

GRAMMAIRE ET ORTHOGRAPHE.

Si l’on peut obtenir que les enfans fassent, chez elles, les exercicesd’Orthographe, comme il est dit art. 185, elles s’occuperont à écriredes verbes ou à mettre au net quelque devoir, pendant le temps donnépour faire les exercices en classe, c’est-à-dire, depuis 1 heure ¾jusqu’à 2 heures 10 minutes.

Remarque. On ne pourra se servir, pour l’enseignement des différentesfacultés, que des livres qui seront approuvés à cette fin par lesSupérieurs.

~ * ~

Ceux qui enseignent à plusieurs la justice, brilleront comme lesétoiles pendant toute l’éternité.   DAN. XII, 3.

FIN.

[TABLE DES MATIÈRES NON REPRODUITE]