Corps
LE FLECHOIS, Georges : Hôtel des Pélerins à Lisieux par MMCharles Labro père et fils, architectes.- Paris : LaConstruction Moderne : Revue hebdomadaire d’Architecture, 54e année Nos3-4 / 16-23 octobre 1938.- pp 27-37 – 31 cm. Numérisation et OCR : O. Bogros (28.03.2019). [Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'uneseconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00. Courriel : mediatheque-lisieux@agglo-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@agglo-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographe etgraphie conservées. Texte établi surl'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : Dossiers de presse) HOTEL DES PÉLERINS A LISIEUX MM. Charles LABRO père et fils, architectes. par Georges Le Flechois L'Hôtel des Pèlerins, à Lisieux, construit par nos confrères CharlesLabro père et fils, pour le compte de la Société Hôtelière des Centresde Pèlerinages catholiques, répond à un programme tout à faitparticulier. En effet, d'une part les pèlerinages aux grandssanctuaires catholiques, parmi lesquels a pris tout de suite une placeimportante le pays où vécut et mourut Sainte Thérèse, sont forcémentsaisonniers parce qu'un pèlerinage est toujours un voyage nécessitantloisirs et beau temps. Ces circonstances se rencontrent pour lagénéralité des pèlerins pendant la période de l'année où l'on peutespérer un temps favorable, où les jours sont longs et où l'on peutnormalement envisager quelques loisirs dans son travail. D'autre part, ces mois de belle saison font affluer dans un centrecomme Lisieux une grande quantité de visiteurs, non régulièrementchaque jour comme dans un centre touristique, mais à des joursdéterminés, par flots énormes, en raison de l'attraction qu'exercentsur les fidèles les cérémonies spéciales organisées à dates fixes àleur intention, tant par le clergé local que par le clergé des diocèseset paroisses d'origine des pèlerins. Cette foule qui afflue les jours de pèlerinage, il faut l'héberger, ilfaut la nourrir, dans des conditions moyennes de confort et c'est lebut que se propose la Société Hôtelière des Centres de PèlerinagesCatholiques. On comprend donc qu'à LISIEUX cette Société ait voulufaire grand et que, le talent des architectes Labro aidant, elle ait enmême temps réussi à faire beau. L'hôtel dont nous présentons la monographie permet de recevoir 2.000personnes et d'en alimenter trois fois plus, en plusieurs services. Lespèlerins n'ont pas cependant l'impression de prendre leurs repas dansune halle transformée hâtivement en salle de banquet pour lacirconstance, puisqu'on a judicieusement prévu un certain nombre degrandes salles différentes pour permettre de diviser le flot desconvives qui n'appartiennent pas toujours aux mêmes groupements, commeaussi pour faciliter le service. Le terrain a une superficie de 4.200 m2 et est isolé sur trois faces.Il est bordé au niveau inférieur par le boulevard Herbet-Fournet et surle grand côté et au niveau supérieur par la rue des Buissonnets qui,partant du boulevard Herbet-Fournet, permet d'accéder par une penteassez forte à la propriété « Les Buissonnets », propriété de famille dela petite Sœur Thérèse qui est naturellement devenue un sanctuaireimportant très visité par les pèlerins. Entre le boulevard Herbet-Fournet et la propriété des Buissonnets, ladifférence de niveau est d'environ 8 m., ce qui a permis auxarchitectes une conception extrêmement originale : au niveau inférieur,celui du boulevard, la brasserie et ses cuisines en avant, puis, enarrière, le garage, la chaufferie, les caves, les locaux d'économat, laréception, etc... Egalement en avant, à l'angle de la rue desBuissonnets, se trouve l'entrée de l'hôtel qui est constituée par unporche, un vestibule et une galerie accédant par paliers successifs auniveau du hall, cœur de l'hôtel, d'où l'on remonte encore par de largesemmarchements au salon situé en arrière, sur la partie de la rue desBuisson-nets qui fait face à la propriété. Une sortie de l'hôtel débouche donc exactement en face des Buissonnets. La grande salle de restaurant est superposée à la brasserie et àl'accès au garage. Elle se trouve de plain-pied avec des services decuisine très importants parfaitement placés dans le fond du terrain,dans la partie mitoyenne avec la propriété voisine. En communication directe avec le restaurant, mais du côté opposé, surla rue des Buissonnets, se trouve la salle à manger privée et desappartements destinés aux membres supérieurs du clergé désireux de setrouver à l'écart du flot des pèlerins. Du grand hall, on accède aux étages supérieurs par quatre ascenseurs,un grand escalier et plusieurs escaliers de service. A l'entresol, l'angle du boulevard et de la rue des Buissonnets estréservé à des appartements avec salles de bains communiquant par unescalier et un ascenseur spécial avec les locaux mentionnés ci-dessus àl'étage du restaurant réservés aux prélats et membres du clergé. Le reste de l'entresol est occupé par des dortoirs et des chambres à unet deux lits. Derrière la batterie des quatre ascenseurs est un groupe de lavatorieset de salles de bains, un autre groupe se trouvant du côté opposé, prèsd'un escalier de secours. Au-dessus de cet entresol, les locaux d'habitation sont répartis enhuit étages s'étendant sur la totalité du terrain, à l'exception del'angle d'entrée de l'hôtel et en outre, sur six étages supplémentairesdans la partie du beffroi qui dépasse le reste de l'hôtel. L'examen de la maquette fait mieux comprendre qu'une description larépartition très judicieuse des étages entre les différents corps debâtiments de telle sorte que tous les locaux soient très aérés etlargement éclairés, ce qui était d'autant plus important qu'ils'agissait d'une habitation de passage où l'espace réservé à chacun estparticulièrement mesuré. Le principe est que chaque pèlerin trouve le logement compatible avecses ressources, depuis l'appartement type « Palace-Hôtel » jusqu'audortoir, en passant par la chambre à un lit avec ou sans salle debains, la chambre à deux lits et le dortoir avec box. Ce n'est pas sans raison que les architectes ont adopté le parti d'unetour dépassant de six étages la partie principale de l'hôtel. Ils'agissait, et ils y ont magistralement réussi, de dissimuler leshautes cheminées nécessitées par le service important de l'hôtel. Ilsen ont profité pour augmenter la capacité de l'hôtel par des chambresqui ne sont certainement pas les moins appréciées. En outre, un réservoir d'eau est installé à la partie supérieure decette tour et est alimenté par des pompes qui refoulent l'eau d'unexcellent forage exécuté sur le terrain même de l'hôtel. Pour l'éclairage, le courant à haute tension est fourni par le secteururbain. Dans l'immeuble est installé un transformateur qui permetd'obtenir et de distribuer partout le courant à basse tension. Inutile d'ajouter qu'en sous-sol, c'est-à-dire à l'étage en-dessous decelui de la brasserie, se trouvent des caves très importantes, unevéritable usine frigorifique qui distribue le froid comme la chaufferiedistribue la chaleur et ceci, principalement pour la conservation desdenrées et spécialement de la bière. Ce sous-sol, ainsi que lerez-de-chaussée inférieur (celui de la brasserie) est relié par desescaliers et des monte-charges au rez-de-chaussée supérieur, étage durestaurant. Les architectes Labro père et fils ont su très heureusement faire decet édifice, non un de ces hôtels prétentieux, si improprement appelés« Palaces » par une abréviation regrettable (devenue un non-sens) dunom du prototype du genre, nous voulons dire l'Elysée Palace Hôtel desChamps-Elysées. Ils en ont fait un grand hôtel confortable où lespèlerins peuvent toujours limiter leurs exigences à leurs moyens etainsi participer aux grands élans de foi qui les attirent vers leslieux prédestinés dont les sanctuaires conserveront à jamais lesouvenir de Sainte Thérèse de Lisieux. Georges LE FLECHOIS. |