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MORIÈRE, Jules (1817-1888) :  Première note sur les crustacés del'Oxfordien trouvés dans le Cavados.- Caen : Impr. de F. LeBlanc-Hardel, 1883.- 8 p.-[1] f. de pl dépl. ; 23 cm.
Saisiedu texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (09.II.2013)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
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Texte établi sur l'exemplaire de laMédiathèque (Bm Lx : Norm brC 28). 

Première note sur les crustacés de l'Oxfordien trouvés dans le Cavados.

PREMIÈRE NOTE

SUR LES
CRUSTACÉS DE L'OXFORDIEN
TROUVÉS DANS LE CALVADOS

PAR

M. J. MORIÈRE

DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE CAEN MEMBRE DES SOCIÉTÉS GÉOLOGIQUEET BOTANIQUE DE FRANCE MINÉRALOGIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG, GÉOLOGIQUEET MALACOLOGIQUE DE BELGIQUE, ETC. SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNEDE NORMANDIE



CAEN
IMPRIMERIE DE F. LE BLANC-HARDEL
RUE FROIDE 2 ET 4
1883


~*~

Extraitdu Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 3e série, VIe volume.

Moins nombreux dans la nature vivante que les insectes, les crustacésont néanmoins laissé leurs dépouilles dans les terrains qui se sontformés aux divers âges géologiques. - On peut en trouver la raison dansleur vie aquatique, dans leur taille plus grande, dans leurs tégumentsplus solides, sans en inférer qu'ils aient été réellement plusabondants que les autres articulés aux époques qui ont précédé la nôtre.
 
Les débris de crustacés sont toutefois moins nombreux à l'état fossileque les ossements des animaux supérieurs, - et surtout que lescoquilles de mollusques. Ces dernières ont été conservées dans laplupart des terrains stratifiés, mais les parties dures des crustacésn'ont pu résister comme elles à un séjour prolongé dans l'eau après lamort de l'animal ; - les diverses parties du squelette ont, d'ailleurs,souvent chevauché les unes sur les autres, soit qu'elles fussent déjàdésarticulées au moment de la sédimentation, soit que la pressionexercée par la matière minérale ait produit cet effet. Ajoutons qu'ilest souvent très difficile de séparer les diverses parties descrustacés de la gangue qui les entoure. Aussi les principaux documentssur l'histoire de cette classe se trouvent-ils dans ces gisementsremarquables de roches à grain fin, formées par des dépôts plus oumoins subits, tels que les calcaires lithographiques de la Bavière.

Les terrains du Calvados, si riches en débris fossiles de vertébrés etsurtout de mollusques ; - et dont certaines stations devenuesclassiques sont connues aujourd'hui de tous les géologues, - n'ont pasencore fourni jusqu'à présent une longue liste de crustacés.
   
Les terrains paléozoïques sont à peu près les seuls qui aient étéétudiés sous ce rapport, et encore d'une manière incomplète. - Laprésence de trois espèces de Trilobites dans le grès silurien de Mayavait été signalée par M. Deslongchamps père, dès 1824. Depuis lors,dans un excellent travail publié en 1877, M. de Tromelin a porté cenombre à sept espèces dont une appartient au genre Dalmanites, quatreau genre Homalonotus et deux au genre Illoenus.
   
La faune silurienne nous offrira encore plusieurs genres et plusieurs espèces de Trilobites dans les schistes à Calymene Tristanimaintenant que la présence de cet étage constatée à LaBrèche-au-Diable, à St-Rémy et tout récemment à May-sur-Orne, vientajouter trois stations très-fossilifères à celles qui avaient étésignalées antérieurement à Urville et au pied du château de Falaise.Les Trilobites ne seront pas représentées par moins de dix genres et detrente espèces dans nos terrains siluriens du Calvados.
   
Quant aux crustacés qui ont été rencontrés dans nos terrainsjurassiques et décrits dans les Mémoires ou le Bulletin de laSociété Linnéenne de Normandie, ils ne sont encore qu'en petit nombre.

En 1829, dans le 5e volume des Mémoires de la Société, M.Deslongchamps a signalé les crustacés ci-après :

1. Sous le nom de Crangon Magnevillei il a désigné des débris decrustacé macroure qui avaient été trouvés à la fois dans le fuller's etla grande oolithe. Le catalogue de Meyer, reproduit par Étallon dansson travail sur les crustacés fossiles du Jura, rapporte le CrangonMagnevillei au genre Glyphea et le désigne sous le nom de GlypheaRegleyana ;
   
2. Des pinces rencontrées dans plusieurs étages des terrainssecondaires: lias moyen, oolithe inférieure, fuller's et grande oolitheet qui avaient été attribuées avec hésitation par M. Deslongchamps augenre Pagurus, ont été considérées plus tard par Étallon commeappartenant au genre Orhomalus ;
   
3. Dans le même Mémoire, M. Deslongchamps a rapporté au Palinuruslongifracteatus des débris de crustacés trouvés à Ranville dans lagrande oolithe par M. Tesson ; Meyer et Étallon les attribuent au Glyphea Regleyana ;
   
4. L'Homulus Andouini que MM. Deslongchamps et Tesson ont rencontrédans la grande oolithe à Ranville et à Langrune, n'a pas encore reçuune place définitive dans la classification.
   
En 1862, nous avons ajouté un nouveau genre, le genre Eryon et unenouvelle espèce, sinon un second genre nouveau, le Pithonoton Meyerià la liste des crustacés fossiles trouvés dans les terrains jurassiquesdu Calvados. Nous avons donné des dessins de ces deux pièces dans le 8evolume, 1r série, du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie.Le Pithonoton avait été trouvé dans la grande oolithe des falaises deLangrune ; l'Eryon, que nous avons désigné sous le nom d'EryonEdwardsii, provenait des miches que l'on voit à La Caine dans le Liassupérieur. - Nous avons eu la bonne fortune de découvrir l'an dernier,dans la même localité, de nouveaux fragments d'Eryon et un individupresque complet qui feront l'objet d'une note spéciale.
  
Notre communication d'aujourd'hui portera sur quelques échantillons deDécapodes macroures provenant de l'oxfordien des Vaches-Noires.

Les fragments de crustacés : cephalothorax, anneaux de l'abdomen,pinces, etc., sont assez communs dans l'argile de Dives ; il est aucontraire très-rare de trouver ces diverses pièces réunies sur le mêmeindividu. - Ayant eu l'occasion de trouver quelques spécimens assezcomplets dans une collection achetée pour la Faculté des Sciences, j'aicru devoir en donner des dessins et en essayer la détermination.
 
Planche crustacés de l'Oxfordien (Calvados, Vaches-Noires)En supposant que cette détermination ne soit pas exacte, il seratoujours possible à de plus versés que moi dans les étudescarcinologiques de la rectifier en se reportant aux dessins qui, dus àl'habile crayon de M. Arnoul, sont d'une exactitude scrupuleuse. Lesoriginaux sont, d'ailleurs, déposés au musée de la Faculté des Sciencesde Caen et à la disposition des naturalistes qui voudraient lesconsulter.
   
En examinant les caractères offerts par nos échantillons et lesrapprochant de ceux qui ont été donnés par Étallon pour les diversgenres de Décapodes macroures, il est difficile de ne pas considérerces crustacés comme appartenant au genre Eryma.

La carapace a été brisée et les fragments, pour la plupart, n'occupentplus leur position normale. Toutefois, en se reportant aux fig. 1, 2 et3 de la pl. I, il est facile de reconnaître que cette carapace, dont lasurface est couverte de fines granulations, est rostrée, allongée, etque la portion antérieure, régulièrement convexe, est marquée d'unepetite pointe vers le bord antennaire. Cette pointe, qui est déplacéedans la fig. 1, occupe à peu près sa position normale dans la fig. 2. -La carapace est divisée en trois parties principales par deux sillonstransverses et obliques, visibles surtout dans la fig. 1 ; le premierde ces sillons, moins oblique que l'autre, est assez profond ; lesecond est double, bifurqué à une petite distance de son origine,atténué vers l'axe dorsal et disparaissant même avant d'arriver àcelui-ci.

L'abdomen est formé d'anneaux qui ont presque tous disparu ; mais, parles deux qui sont en partie restés dans la fig. 1, on peut supposer queces anneaux étaient constitués sur le même type et qu'ils portaienttous de fines ponctuations.

La jonction des anneaux et les ailes latérales ne peuvent pas êtreétudiées sur nos échantillons.
   
Il en est de même des antennes et des pattes mâchoires. Quant auxmembres antérieurs, ils sont au contraire dans un état de conservationremarquable. Ces membres sont robustes, armés de pinces très-longues ;les deux doigts qui sont subparallèles sont en même temps un peuaplatis (fig. 1, 2, 3 et 4), et toute la surface comme celle de la mainqui est subrectangulaire, est couverte de pustules coniques,régulières, égales ; la partie interne des doigts est garnie detubercules coniques, assez régulièrement espacés.

L'espèce d'Eryma que nous venons d'examiner est-elle une espècenouvelle ou doit-elle être rapportée à l'une des espèces déjà connues.

Au nombre des espèces décrites et figurées par Étallon, celles qui s'enrapprochent le plus sont : Eryma Babeaui Eryma ornata, échantillonsqu'il n'a représentés que par des pinces et l'ancien Bolina ventrosaou Eryma ventrosa. - Certains caractères donnés pour les deuxpremières espèces surtout pour la première, paraissent bien convenir ànos crustacés, mais le mode d'ornementation des pinces, leur forme plusarrondie et leur longueur, une main subrectangulaire plus allongée ,etc. , paraîtraient en faire une espèce spéciale qui a probablement étésignalée dans d'autres ouvrages que nous n'avons pas pu consulter. - Siles échantillons des fig. 1 et 2 devaient se rapporter à l'ErymaBabeaui, ils viendraient prouver que cette espèce, qui n'avait ététrouvée que dans les marnes bleues du kimméridien de Boulogne, serencontre déjà dans l'oxfordien moyen.
 
Les pinces de l'échantillon de la fig. 3  ressemblent à celles del'Eryma ventrosa, tout en présentant au doigt fixe une courbure plusprononcée.
 
Enfin, le doigt de pince de la fig. 5, de forme presque cylindrique,excepté à la base qui est plus renflée, ne mesure pas moins de 400millimètres de longueur ; il a été trouvé à Villerville, dans lekimméridien ; il appartient peut-être à une espècespéciale.    ,
 
Tous nos échantillons sont dessinés de grandeur naturelle ; excepté len° 5, ils ont été trouvés dans l'oxfordien moyen, entre Houlgate etVillers-sur-Mer , et voici qu'elles sont les dimensions dequelques-unes de leurs parties.

                                         Fig. 1.            Fig. 2.
Carapace :  longueur. . . . .    80mm. . . ..     40mm
                  largeur .. . . .      33    . . . . .       25
Pinces   :    longueur. . . . .     75 . . . ..             60
  
La pince de la fig. 5 a une longueur de 440 à 120 millimètres.

En publiant cette note, notre but a été de faire connaître auxpaléontologistes quelques spécimens de crustacés décapodes macrouresprovenant de notre oxfordien moyen où des échantillons, en assez bonétat pour pouvoir être déterminés, n'avaient pas encore été rencontrésjusqu'à présent.

Dans le cas où les crustacés des fig. 4 et 2 constitueraient une espècenouvelle, je proposerais de lui appliquer le nom de Villersi pourrappeler que c'est dans l'oxfordien des environs de Villers-sur-Merqu'ils ont été trouvés.


Caen, Typ. F. Le Blanc-Hardel.