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Rapport fait au Conseilgénéral d’Agriculture par M. le Cte de Morny, au nom de la Commissiondes chevaux (1842). Saisie dutexte : O. Bogros pour lacollectionélectronique de la MédiathèqueAndré Malraux de Lisieux (27.II.2016) [Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros]obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Texteétabli sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : Norm 850) del'Annuaire des CinqDépartements de l'Ancienne Normandie, 9e année,1843, publié en 1842 à Caen par l'AssociationNormande chez H. Le Roy. RAPPORT FAIT Au Conseil général d’Agriculture PAR M. LE Cte DE MORNY, AU NOM DE LA COMMISSION DES CHEVAUX (1). ~ * ~ Persuadé que les éleveurs normands liront avec intérêt le rapport faitau Conseil général par M. DE MORNY en janvier 1842, nous croyons devoirle reproduire, sans nous prononcer sur les conclusions qui le terminent. MESSIEURS, Votre Commission a dû, dans le travail dont vous l'avez chargée, suivrel'ordre logique que vous avez suivi vous-mêmes dans vos discussionspréliminaires. L'élève du cheval en France est une question agricole, quand il s'agitde rechercher les moyens que le Gouvernement doit employer pourl'amélioration de la race en général ; elle devient une questionpolitique, quand il faut résoudre le problème de l'alimentation desremontes annuelles de la cavalerie et des fournitures des remontesextraordinaires, en cas de guerre, sans avoir recours à la productionétrangère. Les événements politiques récents, les mesures prises parles Gouvernements limitrophes, pour empêcher la sortie de leurschevaux, donnent à cette dernière partie de la question plusd'actualité et de gravité que jamais. Votre Commission désire qu'on encourage, le plus possible, l'industrieparticulière, tout en suppléant â son insuffisance par les essaisintelligents des haras du Gouvernement. Il ne faut pas s'arrêter aux objections que l'on fait d'ordinaire à cesystème. Oui, la division des propriétés et des fortunes, l’ignorance,le mauvais vouloir, sont des obstacles ; mais tout cela peut se vaincre: disons mieux, tout cela doit se vaincre ; et, dans cette question,comme dans celle des fers et des bestiaux, il ne s'agit pas de savoirsi la France peut, la France doit produire ses fers, ses bestiaux,ses chevaux. Au premier abord se présente un préjugé enraciné, même pour quelqueséleveurs égarés par des essais malhabiles et plus frappés del'exception que de la règle générale ; disposition malheureusement tropfréquente. Ce préjugé consiste à croire que le cheval de pur sang estinutile, nuisible même à l'amélioration de la race : ce malheureuxanimal, qui ne paraît en public qu'amaigri par l’entraînement, semble,à des yeux peu connaisseurs, faible et décharné ; ils ignorent que ,soumis à un régime ordinaire, il prend du corps presque autant souventque nos plus beaux chevaux de trait, et qu'il a de plus qu'eux lecourage, la force musculaire, l'élégance, la légèreté et une ardeurinfatigable, toutes qualités héréditaires. Pour frapper ce préjugé par sa base, il faut le suivre même dans sesobjections économiques. Remontons à l'origine des choses, examinons : Que devrait-on faire pour améliorer les espèces différentes que laFrance possède, en supposant qu'on ne pût opérer que sur elles ? Ilfaudrait combiner des accouplements avec intelligence, ne soumettre lesproduits à aucun surcroît de travail, combattre les dispositionslymphatiques par une nourriture substantielle, un exercice régulier,des soins hygiéniques sans nombre. Eh bien ! indépendamment que cettemanière de procéder serait lente et pénible, ne voit-on pas qu'ilfaudrait toujours qu'un intérêt quelconque se chargeât de créer etd'entretenir certains étalons presque nuls pour les usages du commerceet uniquement employés à la reproduction ? Ainsi il est évident, quoiqu'on fasse, qu'en présence de cette loi de la nature, la dégénération,il faut, au sommet de l’échelle, conserver un type régénérateurqu'aucun intérêt purement commercial ne pourrait engager à créer,c'est-à-dire, l'étalon de pur sang. Or, qu'est-ce donc que le cheval de pur sang, arabe ou anglais ? C'esttout simplement un cheval dont l'origine est tracée, la famillegarantie ; c'est celui dont la généalogie est dûment constatée,enregistrée, légalisée, sans mésalliance possible ; c'est une noblessephysique à quatre quartiers, fondée sur des qualités éprouvées etpresque toujours héréditaires. S'adresser au cheval de pur sang, c'estaller directement au but, c'est profiter immédiatement des résultatsobtenus depuis des siècles par l'amour des Arabes pour leurs chevaux,et par des efforts inouïs que l'intelligence anglaise a faits depuisdeux cents ans. Maintenant, Messieurs, on se demande naturellement : Mais qui élèvera àgrands frais ces chevaux de pur sang, s'ils ne doivent rapporter queles revenus de la saillie ? Et puis tous les chevaux de pur sang nenaissent pas également bien constitués, tous ne réussissent pas aussiheureusement : comment les éprouver ? La course de vitesse ou de fonds est l'épreuve la plus sûre de la forcemusculaire, de la puissance des poumons, de l'énergie et de la docilitédu cheval : si la course est l’épreuve, le prix de la course ne peut-ilpas être le moyen efficace d'encouragement ? C'est ici, Messieurs, le lieu de reconnaître l'intelligence spéculativedu peuple anglais, et de signaler l'ardeur avec laquelle il a excité unjeu qui peut-être bien à ses excès, mais qui cache, sous une apparencede frivolité, l'encouragement le plus utile et le plus sérieux à l'aideduquel l'Angleterre est parvenue à fournir des étalons et des chevauxde luxe à toute l'Europe. 900,000 francs y sont donnés annuellement en prix de course. Dans celtesomme, la Reine contribue pour près de 100,000 fr. Aussi, quelsimmenses résultats ! Et cela est d'autant plus remarquable que, pourtout le reste, même pour les grands travaux publics, l'industrie privéeest complètement abandonnée à elle-même et ne rencontre pas, de la partdu Gouvernement, comme en France, une espèce de paternité préventivequi s'immisce à tout, qui, dans le but d'arrêter le mal, empêchesouvent le bien de se produire, et qui, en voulant frapper un abus,arrête un progrès. A propos de l'industrie chevaline, on objecte qu'en Angleterre lespropriétés et les fortunes sont moins divisées, les hommes plusentendus, aimant davantage les chevaux, les routes meilleures, ce quifacilite les transports et permet d'employer des voitures et deschevaux plus légers ; c'est-à-dire que, dans cela comme dans toutes lesquestions agricoles et industrielles, quand il s'agit de nous compareraux Anglais, on oppose un état de choses arriéré et routinier à unesituation prospère et intelligente, et on conclut à une impossibilitéau lieu de tenter les mêmes essais. Certes, tout se lie et s'enchaîne dans un pays : une meilleure culturediminue le prix de revient des élèves ; plus d'élèves en chevaux etbestiaux améliorent la culture ; de meilleures routes permettentl'emploi de chevaux plus légers et de voitures moins pesantes qui, àleur tour, défoncent moins les routes. Une amélioration n'arrive jamaisseule, elle se multiplie par une autre ; mais, parce qu'on ne lespossède pas toutes, doit-on renoncer à les conquérir ? Votre Commission, Messieurs, en vertu de ces considérations, est d'avisque le chiffre accordé par les Chambres, pour servir de prix de courseaux chevaux, est très-insuffisant. Que le Gouvernement veuille doncbien augmenter le chiffre et le nombre de ces prix. Qu'il ne s'effraiepas de quelques abus, soit de la supériorité durable d'un éleveur surles autres soit de quelques prix gagnés sans peine et sans mérite; qu'il s'en rapporte à l'intérêt particulier, ce grand mobile, pour yremédier et le récompenser plus tard de ses sacrifices. Votre Commission félicite, du reste, l’Administration des haras, qui aparfaitement compris cette voie, depuis sa dernière organisation, en1833 ; elle espère que les Chambres y entreront franchement à leur tour. L’Administration, depuis quatre ans, s'est abstenue d'acheter desétalons à l'étranger. La totalité dela somme consacrée à cet objet aété dépensée eu France au profit de l'industrie particulière. Il fautespérer qu'il en sera de même pour les années suivantes, et quel'industrie particulière, suffisamment encouragée, lui permettra deborner ses acquisitions à quelques chevaux de tête, comme on vient dele faire pour Physician. L'Administration doit élever tout ce que l'industrie particulière nepeut produire ; mais, si elle continue à élever, il faut qu'elle fassecourir, sauf à ne pas recevoir les prix : car si elle vend sespoulains, ainsi qu'on le lui a demandé, elle ne fera plus queconcurrence aux éleveurs, en fournissant des chevaux de course auxamateurs. Si on objecte qu'une concurrence aussi puissante dégoûtera ouhumiliera, on pourrait répondre qu'après le Gouvernement ceci peuts'appliquer à M. le duc d’Orléans, puis à l'éleveur le plus riche, etainsi de suite. L'Administration a fort sagement développé, à Pompadour, l'élèved'étalons arabes de pur sang, dont les produits sont si convenablespour notre cavalerie légère, et dont aucun intérêt commercial nepourrait encourager la production. La Commission a dû s'occuper de faits divers qui lui ont été signalés,relativement à l'Administration de la guerre. Ce ministère suit une marche qui doit inquiéter à la fois tous lesintérêts : le Conseil général, pour l'avenir agricole ;l'Administration des haras, pour son existence ; les producteurs, pourleurs débouchés. Le producteur s'inquiète, en voyant la guerre faire elle-même seschevaux comme elle fait son pain. L'Administration se demande si la guerre aura ses haras. Enfin, le Conseil devra rechercher si l'intérêt général de laproduction n'est pas lésé par l'état actuel des choses. Voici les faits : Le ministère de la guerre a obtenu du Gouvernement, à titre gratuit, àce qu'il paraît, le domaine du Bec (Il faut remarquer quel'Administration des haras avait été précédemment obligée d'abandonnerce même domaine par suite des réductions opérées par les Chambres surson budget.) Dans ce domaine, la guerre a formé un grand établissement,espèce de haras qui, en décembre, renfermait 158 têtes. A Saumur, on trouve une réunion presque aussi considérable. Là, desétalons de pur et de demi-sang ; là aussi une quarantaine de jumentsrécemment importées d'Angleterre ; là, enfin, des élèves comme au harasdu Bec. A Guingamp, la guerre a un dépôt d'étalons ; elle a établi une stationà Caen, avec des étalons chèrement achetés au haras de Viroflay. Ces dépôts font concurrence aux étalons envoyés du Pin ; concurrenceinégale, puisque la guerre accordait des saillies gratuites, tandis quel'Administration des haras était forcée d'exiger un prix élevé. La Commission ne peut ajouter foi aux tendances envahissantes imputéesau ministère de la guerre, elle révoque en doute une intention hostilede concurrence ; mais elle ne peut contester les faits, et de ces faitsil résulte pour elle que des efforts se proposant tous un même but sontdirigés, dans des systèmes divers, par des Administrations différentesqui doivent inévitablement devenir rivales. Elle a été amenée à sedemander si ces efforts divisés pourraient aussi efficacement atteindrele but ; et, sans entrer dans la critique des actes et des systèmesplus ou moins heureux de la guerre , elle croit devoir solliciter duConseil une délibération pour obtenir des Chambres que tous les fondsdestinés à la production des races de chevaux et à leur améliorationsoient mis à la disposition d'un seul ministre, celui de l'agricultureet du commerce. Elle vous propose , en outre, de déclarer que l'Administration desharas doit être et rester à toujours dans les attributions de ceministère, et devenir de jour en jour plus agricole. Le moyen le plus efficace pour arriver à ce résultat est de donner unnouveau développement, une organisation plus complète à l'école desharas. Il faut que l'Administration puisse y trouver à l'avenir,une pépinière de sujets distingués qui réunissent au savoir hippiqueles connaissances agricoles. Votre Commission, pense qu'il faudraitexiger des candidats certaines conditions d’admission, notamment celled'un diplôme de capacité délivré, après examens, dans l'une desfermes-modèles reconnues par le Gouvernement. Ces élèves deviendront d’une grande ressource dans l'Administration desdomaines des haras , et d'un grand exemple dans l'intérêt agricole, parl'application des meilleurs procédés de la science, soit sur lespropriétés de l'Etat, soit, plus tard, sur des propriétés particulières. C'est ici, pour votre Commission, l'occasion de signaler un vicesérieux de la comptabilité imposée à l'Administration des haras par unvote de la Chambre des députés. Cette comptabilité, qui prescrit leversement de toutes les recettes dans les caisses de l’Etat, présente,au premier aspect, l'avantage d'une plus grande simplicité ; mais elleoffre, dans la pratique, de nombreux inconvénients : celui dedésintéresser l'administrateur dans les résultats de sa gestion et desa culture doit être saisi tout d'abord ; et, avec l'expérience, ons'aperçoit que l'intérêt particulier du Domaine ou de l'exploitationpeut souvent être en opposition directe avec celui du Trésor. Il étaitdu devoir de votre Commission de signaler le mal ; le remède ne peutvenir que d'une modification législative. L'attention de la Commission devait se fixer d'abord sur l'ensemble denotre richesse chevaline, sur l'état d'amélioration, ou dedégénération de nos diverses races, sur nos haras et le système suivipar l'Administration. Nous sommes riches en races de trait ; la production de ces races,développée par la consommation, est suffisamment encouragée par leshauts prix du commerce. L'Administration ne doit intervenir ici que dans un esprit de suite etde conservation, dont la production particulière, trop désireused'escompter ses bénéfices, ne se préoccupe pas assez. L'élevage du cheval de luxe, et nous comprenons sous cette dénominationtout ce qui n'est pas cheval de gros trait, et notamment le cheval deguerre, est, au contraire, dans un état de souffrance et dedécroissance qui a frappé votre Commission ; elle doit vous le faireremarquer. Cette partie de l'industrie agricole, n'occasionnant que despertes, à ceux qui s'y livrent, est naturellement abandonnée. La Commission s'est occupée des moyens propres à arrêter cette marcheeffrayante dans l'intérêt politique de la remonte de notre cavalerie,et non moins fâcheuse dans l'intérêt des pays de production. Des encouragements lui ont paru nécessaires pour apporter des bénéficesau producteur. Ces encouragements, indépendamment des prix de course dont il a étéquestion plus haut, sont de plusieurs natures : la saillie gratuite,les primes, les achats pour la remonte. La saillie gratuite a été proposée par un membre ; mais la Commissiona été d'un avis contraire. Elle désire qu'on gradue les prix selon lemérite de l'étalon. Un particulier est toujours exigeant lorsqu'il aaffaire au Gouvernement. Si la saillie est gratuite, et qu'un dépôtpossède plusieurs étalons, pourquoi imposerait-on plutôt l'un quel'autre ? Il faut nécessairement établir une différence pour ne rienlaisser à l'arbitraire et ne point exciter de mécontentement. Les primes données aux juments poulinières de pur sang serviront àmettre l'éleveur dans les mêmes conditions de bénéfice où il setrouverait s'il se livrait à l'élevage des chevaux de trait. Les achats pour la remonte seraient certainement le mode, d'action leplus efficace sur la production ; mais il faudrait qu'ils fussent faitsà des prix plus élevés, et que le ministère de la guerre, suivant unemarche opposée à celle qu’il adoptée jusqu’ici, prît l'engagementformel de ne plus, recourir aux pays étrangers. Les besoins annuels des remontes de cavalerie en France figurent, dansle chiffre total du commerce des chevaux, pour un chiffre peuconsidérable, et l'on en conclut que l'influence de ces achats est peusensible : c'est une bien grave erreur. L'Etat est d’abord, isolément,le plus gros consommateur ; mais il est surtout un énorme consommateurpar rapport au chiffre de la production de l'espèce qu'il achète , etc'est là ce qu'on néglige : de sorte que ses marchés bien ou mal faits, les produits bien ou mal payés , ont une action immédiate et profondesur les dispositions des éleveurs. Ainsi qu'arrive-t-il pour le cheval de cavalerie légère ? Cette espèce coûte le plus cher au cultivateur, parce que, jusqu'àl'âge de quatre ans, un cheval de cavalerie légère ne rend aucunservice, tandis que celui de gros trait ou de grosse cavalerie, à deuxans et demi, a pu être employé à la herse ou à la charrue ; etcependant le cheval de cavalerie légère est payé beaucoup moins cherque les autres par la guerre, qui les paie tous beaucoup trop bonmarché. Aussi remarque-t-on la répugnance des propriétaires à enélever, ou, s'ils en élèvent, les dépôts des remontes sont obligés deles acheter à trois ans et de les garder un an à dix-huit mois. Eh bien! il est incontestable que ce moyen n'est point fait pour encourager laproduction de cette espèce. II faudrait une augmentation raisonnablepour le prix alloué par tête de cheval, et n'acheter le cheval qu'àl'âge de cinq ans. Que le Gouvernement consente donc à payer quelquefois trop cher ; qu'ilcomprenne enfin son intérêt qui n'est, après tout, que l'intérêtgénéral. Quand on produira, en France, beaucoup et de bons chevaux, ilrecueillera alors amplement ce qu'il aura semé aujourd'hui. Quelques autres considérations ont paru aussi importantes à voireCommission, qui a cru de son devoir de vous les signaler. C'est lechoix des chevaux de cavalerie et le moyen d'en diminuer le déchet dansles régiments. Votre Commission invoque, à ce sujet, le principe de laresponsabilité directe comme le garant le plus sûr d'une bonneopération. Loin de soupçonner ou d'accuser les agents du Gouvernement,et considérant seulement l'homme aux prises avec ses mobiles ordinaires, son intérêt, son amour-propre , il a paru à votre Commission de ladernière évidence que les chefs des dépôts des remontes , opérant surun grand nombre de chevaux, au centre d'une vaste circonférence,n'étaient pas les intermédiaires qui pussent offrir les garantiesdésirables , et qu'il fallait en charger les colonels commandant lesrégiments. Ces derniers l'ont refusé pour échapper aux ennuis de laresponsabilité : peu importe ; chaque fonction importante entraine avecelle une certaine dose de responsabilité qu'il faut avoir le couraged'encourir. Un colonel aura trop d'intérêt à bien monter son régiment pour ne pasapporter toujours une conscience et un soin extrême dans l'achat de seschevaux ; et s'il charge l'un ou l'autre officier de son corps de cettedélicate commission, le contrôle de ses camarades, qui l'attendra auretour, sera la meilleure garantie qu'il s'en acquittera de son mieux.L'Administration de la guerre peut encore, par une haute paie,intéresser le cavalier à la conservation de son cheval ; il faudraitaussi, autant que possible, affectionner le cavalier à son cheval en nel'en faisant pas changer malgré lui, et ramener ainsi à le soignercomme sa propriété. Les petites causes produisent plus d'effet qu'on ne le supposégénéralement. Si , dans les régiments, les soins hygiéniques étaient mieux appliqués,les chevaux mieux nourris, la ration augmentée, les fourrages mieuxchoisis, si l'on graduait mieux le travail, qui amène le chevalinsensiblement à supporter la fatigue, en ne le faisant pas passerbrusquement de l'état de repos à un exercice violent, système que lesAnglais entendent si bien pour leurs chevaux et pour les bestiaux quivoyagent, et qu'ils appellent la mise en condition, il en résulteraitprobablement un moindre déchet annuel des chevaux de cavalerie. Ce déchet est considérable : notre cavalerie renouvelle chaque annéeplus qu'aucune autre cavalerie étrangère. La Commission pense que lesmoyens qu'elle indique auraient pour effet de couvrir la dépensenouvelle qu'occasionnerait l'augmentation proposée des prix de remonte,et qu'en dernier résultat, en y ajoutant l'économie apportée par lasuppression des dépôts de remonte, le Gouvernement réalisera unbénéfice et préparera le pays à lui fournir ses besoins réguliers etune réserve considérable en cas d'événements. CONCLUSIONS. La Commission se résume A demander, pour le ministère de l'agriculture, une augmentation decrédit applicable, 1° A l'acquisition et à l'entretien d'un plus grand nombre d'étalons,parmi lesquels la Commission en réclamerait quelques-uns de nos racesde trait les plus précieuses (Adopté far le Conseil) ; 2° Aux primes à décerner aux juments de pur sang (Adopté) ; 3° Aux courses, considérées comme moyen d'encouragement etd'amélioration (Adopté) ; 4° Au développement de l'école des haras (Adopté). La Commission émet le vœu que l'Administration de la guerre modifie sonsystème de remonte, en supprimant ses dépôts et faisant ses achats enFrance, directement par les corps (Adopté). Elle prie M. le ministre de l'agriculture de vouloir bien insister pourque tous les fonds destinés à favoriser la production et l'améliorationdes chevaux de toute espèce soient affectés exclusivement à sonministère (Adopté). Le Conseil partage le regret exprimé dans le rapport de sa Commission,relativement au mode de comptabilité appliqué à l'Administration desharas (Adopté). NOTE : (1) Cette Commission était composée de MM. le duc DE MARMIER, TOURRET,PISCATORY, duc DE LIANCOURT, marquis DE TORCY, BOULAY de la Meurthe,YVART et DE MORNY, rapporteur. |