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[MAZARINADE] Le Siège misdevant le Ponteau de Mer par l'ordre du Duc de Longueville. Que leGouverneur et les habitants du lieu ont fait lever. Le Te Deum chantépour la ratfication de la Paix avec l'Empire.... [Saint-Germainen Laye, 1649].- 8 p. ; In-4.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (16.VII.2011)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
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Texte établi sur l'exemplaire de laMédiathèque (Bm Lx : Norm br 1995)

La prise par assaut de la ville de Quillebeuf

~*~

LESIEGE
MIS DEVANT LE
PONTEAU DE MER : PAR

l'ordre du Duc de Longueville.
Que le Gouverneur & leshabitans du lieu ont fait
lever.
Le Te Deum chanté pour laratification de la
paix avec l'Empire :
Et ce qui s'est n'aguéres passéà la Cour.


LE doux charmeduquel me flate depuis peu de temps, l'espérance de la Paix, l'agreablefruict de nostre Conférance, m'a fait ressembler à cette pie dePlutarque qui demeura huit jours müette à méditer le son de la trompeted'un triumphe : Mais tandis que je me dispose à faire part de cettejoye à tout le monde, aussi tost qu'elle sera accomplie, si ne faut ilpas vous taire entièrement ce qui se passe de plus mémorable en cesteCour. Où, comme Leurs Majestez receurent il y a quelque temps, lestristes nouvelles de la barbarie que la Chambre basse du Parlementd'Angleterre a exercée sur la personne sacrée de son Roy, dont j'aytrouvé le récit si épouventable que j'ay pris sujet de m'informer plusau vray de toutes les circonstances, pour vous donner le plus tard queje pourray dans son estenduë une si facheuse nouvelle, laquelle a estéreceuë par Leurs Majestez, avec l’indignation qu'elle méritoit:

Ainsi furent-elles grandement réjoüies par la ratification de la paixd'entre l'Empire & la France, signée de l'Empereur, & del'eschange des instruments de cette Paix fait entre lesPlenipotentiaires de ces deux grandes Couronnes : lesquelles par cemoyen demeurent autant affectionnées comme elles ont esté ennemiesl’une de l'autre.

En réjoüissance de laquelle bonne nouvelle, qui vray-semblablement nousen va bien produire d'autres, Leurs Majestez en firent solemnellementchanter le Te Deum, dans laChapelle de ce Chasteau de Saint Germain en Laye, le 2 de ce mois, surles 4 heures apres midi, en leur présence & de Son Altesse Royale,de Mademoiselle, du Prince & de la Princesse de Condé, de SonEminence, des Ambassadeurs de Portugal, de Venise & de Savoye, duChancelier de France, de plusieurs Archévesques & Evesques, entrelesquels celui d'Aire pontificalement vestu fit les cérémonies de cetteaction où assistèrent aussi les Secrétaires d'Estat, & plusieursautres Seigneurs du Conseil & de cette Cour : La cérémonie ayantesté fermée par une musique martiale de fifres, de trompettes & detambours, qui disoyent aux Espagnols qu'ils eussent à choisir ou denous donner matière d'en faire autant en bref pour leur sujet, ou deles employer bien-tost apres pour continüer sur eux nos victoires.

Le jour précédent,premier de ce mois, le Comte de saint Aignan parutdevant Leurs Majestez à la teste de trois cens Gentilshommes par luyassemblez au tour de chez soy, de Poitou, Berry, Solongne &Blésois, en quatre escadrons de gens d'armes & deux de fuzeliers :le premier des gens d'armes commandé par ce Comte, qui tenoit la droite: le second, par le sieur de Mareüil, qui estoit à la gauche : letroisiéme, par le sieur de Bays : le quatriéme, par le sieur deCourbouzon-Houques: comme les fusiliers, par des anciens Officiers : lesieur de Corbet y faisant la charge de Mareschal de bataille. tous desmieux montez & au meilleur équipage qu'on eust pû souhaiter : quivinrent offrir leur service au Roy en la compagnie de ce Comte, Députépour la Noblesse du Blézois à la convocation des Estats généraux de ceRoyaume.

Le mesme jour, le sieur Zobel, Gentilhomme envoyé en cette Cour par laLandgrave de Hesse-Cassel, eut de Leurs Majestez son audiance de congé,avec tous les tesmoignages de la grande satisfaction qu'elles ont decette vertüeuse Princesse : laquelle, non contante d'avoir par uneconstance sans exemple, nonobstant les promesses & les menaces desennemis, & les grandes pertes que la guerre a causé en ses païs,persisté jusques à la conclusion d'une paix glorieuse dans l'alliancede cette Couronne, leur a encor envoyé offrir toutes ces troupes pourréduire ses sujets à la raison, s’ils ne préfèrent les bonnes graces deSa Majesté, à la qualité de rebelles.

Le quatriéme, les Députez du parlement commancérent leur Conférance àRüel, avec ceux du Conseil du Roy, pour l’accommodement des affaires :Duquel pourparler chacun eut d'abord une si bonne opinion, qui continuëencor à présent, que le Roy, estant allé visiter ce jour là sonImprimerie, establie dans l'un des appartemens de son Orangerie de celieu de Saint Germain en Laye, & Sa Majesté selon l'inclinationqu'elle a à routes les belles inventions, ayant voulu faire imprimerquelque chose ne se trouvant rien lors qui eust un sens complet pourluy donner ce divertissement, sans s'ennuyer par trop de prolixité,celui à qui Leurs Majestez ont donné la dirrection de cette imprimeriedicta sur le champ quelques vers faits sur le sujet de cette heureuse& inopinée venuë, qui furent aussi promptement imprimez : D'unepartie desquels les Courtizans ayans eu plusieurs exemplaires, je nevous les repétéray point, mais vous feray seulement part de l'autre,que leur impatience laissa sous la presse.

J'acceptecet augure en faveur de l'Histoire,
Qu’à l’instant que Paris se metà la raison,
Mon Prince visitant sa Royalemaison,
Va fournir de sujet aux outilsde sa gloire.
Embrassez-vous François :Espagnols à genoux
Pour recevoir la loy : car laPaix est chez nous.

En suite dequoi, ce Prince élevé par son sage Gouverneur le Mareschalde Villeroy (là présent avec le Sieur de Villequier Lieutenant généralen ses armées & Capitaine de ses Gardes, le sieur de BellinghamPremier Escuyer, le Comte de Nogent Capitaine des gardes de la Porte,& plusieurs autres Seigneurs & Gentilshommes de sa Cour) &instruit en toutes les vertus Royales, surtout en la libéralité, qui enest la principalle, recompensa plus magnifiquement le travail d'unquart d'heure de ses Imprimeurs que celuy de huit jours ne l'eust estépar d'autres.

Quelques jours auparavant le Mareschal de Rantzau fut icy arresté parordre du Roy, dont l’on n'a pas trouvé à propos de publier encor lesujet.


Lalevée du siége de Ponteau de mer investi par huit cens hommes de pied& quatre cens Chevaux du Duc de Longueville.

C'Est quelque chose de se bien deffendre : mais quand lavaleur se trouve en des bourgeois dont on ne l'attendoit pas quand desgens nouvellement reduits à l'obeïssance du Roy de laquelle ils avoyentesté débauchez, tesmoignent le mesme zele & la mesme fidélité auservice du Roy que pourroient faire ceux qui ne s'en sont pointdepartis, c’est plus de loüange, & un tesmoignage qu'on ne peutdesormais douter de leur affection envers leur Prince. Ce que vousallez aprendre des habitans de Ponteau de mer, ville de Normandien'aguéres réduite au service du Roy par le Comte d'Harcourt.

Tandis que ce Prince se maintenoit dans cette Province, par laréputation de son courage & de sa conduite jointe au respectqu'imprime le parti Royal dans les cœurs du party contraire, qui ontempesché le Duc de Longueville de prendre, aucun avantage sur luy, bienque le renfort qu'il attendoit ne l'eust pas encor joint comme il afait depuis à sçavoir le sixiéme de ce mois.

Le sieur de Chamboy Capitaine Lieutenant de la compagnie desgens-d'armes du Duc de Longueville ayant choisi la nuict du deux autroisiesme de ce mois pour n'estre point aperceu au dessein qu'il avoitd'attaquer cette ville de Ponteau de Mer, & s'y rendit des lapointe du jour du troisiesme à la teste de quatre cens Chevaux & dehuict cens hommes de pied.

Aussi tost qu'il fut arrivé il fit nommer le sieur de FollevilleMareschal de camp, que le Comte d'Harcourt y a laissé pour commander,de lui rendre la place, & voyant qu'il ne lui respondoit pas à songré,le fit derechef nommer aux mesmes fins : à laquelle sommation ceGouverneur lui ayant respondu à coups de mousquet, ledit sieur deChamboy logea son infanterie dans le faux-bourg, & fit ataquer lespremières barricades, mais ce Gouverneur estant sorti avec soixante& dix soldats du régiment qu'il commançoit à lever, il leurdit,    *Compagnons,si vous voulez que je vous croye capables de servir le Roy, comme vOUSme l'avez tous asseuré, il n'y en a pas de preuve plus certaine ny plusprompte que de me montrer ici ce que vous sçavez faire : dequoy vousvoyez bien que j'ay grande confiance, veu que je me mets à vostre testesans vous avoir veu encor l'épée à la main*. Paroles, quianimèrent tellement ces soldats nouvellement enrolez, qu'ils sejettérent à corps perdu sur les ennemis, en tüérent quinze ou vingt surla place, & donnèrent la chasse au reste.

Toutefois cette disgrace n'empescha pas que le sieur de Chamboy voulanttenir parole au Duc de Longueville ne fist encore quelques attaques end'autres lieux : mais ils furent si bien repoussez par les bourgeois dulieu, desquels ils pensoyent avoir meilleur marché, que le grand feuque firent ces bourgeois, de leurs murailles & de leurs barricades,contraignirent ledit sieur de Chamboy & toute son infanterie &cavalerie qui avoit mis pied à terre à se retirer comme auparavant,& ceux cy à remonter sur leurs chevaux, pour se sauver avec plus dediligence : non sans quelque honte d'avoir fait battre des troupesreglées par des bourgeois, & une nouvelle levée,les prémiers ayansparticulièrement donné des marques de leur fidelité & affection auservice du Rov, & le Comte d'Harcourt n'ayant point esté obligépour secourir cette ville là de quiter son quartier de la Haye Malerbe,d'où l’on nous a escrit ces nouvelles le cinquiesme de ce mois.


Imprimé à Saint Germain enLaye, le neufiéme Mars 1649. Avec Privilége du Roy.