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![]() Numérisation : O. Bogros pour la collection électroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (28.XI.2013). [Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros]obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographeetgraphieconservées. Texteétabli sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx :41060-nor598). NORMANDIE REVUE RÉGIONALE ILLUSTRÉE MENSUELLE DE TOUTES LES QUESTIONS INTÉRESSANT LA NORMANDIE Économiques, Commerciales, Industrielles, Agricoles, Artistiques etLittéraires PREMIÈRE ANNÉE. - N°3 JUIN 1917 ![]() ~*~La Vie Rurale Et la Production Agricole Au Pays Normand (Troisième article de lasérie.) II POUR LA TERRE NORMANDE ET LES TRAVAILLEURS RURAUX. —L'ÉLEVAGE ET LES SPÉCULATIONS ZOOTECHNIQUES DANS LE CALVADOS. —L'INDUSTRIE CHEVALINE ; SES DIVERSES PRODUCTIONS : LE CHEVAL D'ARMES ETLE CARROSSIER. — LE TROTTEUR ET LE CHEVAL DE GROS TRAIT. — LE DEMI-SANGANGLO-NORMAND. — L'EXPLOITATION DE LA RACE BOVINE. — LE HERD-BOOKNORMAND. — LE SOLDAT-LABOUREUR. — « ENSE ET ARATRO ». — RÉPONDONS AL'APPEL DE LA TERRE NOURRICIÈRE. Dès le début de l'œuvre que nous avons entreprise ici, en faveur duprincipe de décentralisation, dont notre belle province doitbénéficier, nous avons montré que, dans l'ordre social, économique, etpratique, le succès du régionalisme est intimement lié au retour à laterre, à l'exploitation intensive de la terre normande ; nous avonsopposé aux avantages factices de l'émigration vers les agglomérationsurbaines, les réalités calmes, reposantes, saines et plus profitables,à tous égards, de la vie et du travail aux champs. Il semble que le problème régionaliste offre une importancesingulièrement rehaussée, accrue par la situation présente, surtout sil'on considère l'urgence des mesures qui, après la guerre, s'imposerontpour assurer à notre agriculture les bras et les intelligences, lesorganismes et les capitaux dont elle a et aura, plus que jamais, unimpérieux besoin. Que sera demain ? Quelle orientation nouvelle devra-t-on donner à lamarche de la production générale pour la mettre en harmonie avecl'évolution que nous devons envisager ? Dans quelle voie diriger cettemasse de braves gens qui travaillent pour vivre et dans l'enfer de lavie industrielle, dans les grandes agglomérations populeuses, ne saventplus où donner de la tête, tant les difficultés de l'existenceaugmentent ? La solution vraie, la seule, se trouve dans le retour aux champs, à lavie rurale. Le retour à la terre n'est pas une pure idylle qui, du reste, n'auraitpas sa place dans une société positive comme la nôtre. La criseagricole cessera lorsqu'on saura s'organiser pour assurer à l'habitantdes campagnes tous les avantages, tous les profits, tous les biens quela terre doit procurer ; lorsque, notamment, on aura facilité davantagel'acquisition de la propriété par l'intervention du crédit agricole, etdonné à l'ouvrier agricole et au fils du petit propriétaire les moyensd'acquérir le lopin de terre ou d'agrandir le bien-fonds, non seulementpar le crédit agricole, mais encore et surtout par la réduction desfrais iniques de mutation qui grèvent la petite propriété. C'est bien ici l'occasion de rappeler et de méditer la belle penséed'Emile Augier : Remettez en honneur le soc de lacharrue ; Repeuplez la campagne aux dépens de la rue ; Grevez d'impôts les villes et dégrevez les champs ; Ayez moins de bourgeois et plus de paysans. Dans notre Normandie, comme ailleurs, il faut des hommes qui sachentparler aux paysans, réfuter devant eux les funestes errements, lescroyances néfastes en une vie meilleure, moins pénible et plusproductive pour l'homme des champs émigré à la ville. Il faut fairepénétrer chez ce dernier cette vérité que le cultivateur suffisammentinstruit, homme d'ordre et de progrès, est certain de tirer de soncapital un bon revenu tout en vivant sur sa terre plus largement quebeaucoup de bourgeois. La Normandie, par son sol admirable, par safécondité et son climat, qui se prête à une grande variété deproductions, justifie absolument cette vérité. Contrée essentiellementagricole, elle n'a pas, comme d'autres pays, à subir de profondestransformations pour développer ses richesses ; elle n'a pas àrestreindre une expansion industrielle pour opérer sa conversionagricole, car ainsi que nous l'avons montré, dans un précédent article,les caractères variés de l'agriculture, de l'exploitation du sol, dansses diverses régions naturelles, placent au premier plan cette sourcede richesses. L'examen d'une des plus importantes branches de production de la terrenormande : l'élevage et les spéculations zootechniques, que nous allonsaborder aujourd'hui, éclairera ceux qui désirent s'instruire,fortifiera dans leurs convictions ceux qui estiment que l'on ne sauraittrop faire pour la diffusion des connaissances utiles à la cause durégionalisme. L'ELEVAGE DANS LE CALVADOS De temps immémorial, le département du Calvados est réputé pourl'importance et la valeur de son élevage, surtout en ce qui concerneles espèces chevaline et bovine. L'industrie chevaline, en particulier, présente un intérêt d'autantplus grand qu'elle produit cette puissante cavalerie nécessaire à laDéfense nationale. Dans l'arrondissement de Caen, le type qui réussitle mieux est le cheval de cuirassier et le cheval de dragon. On yproduit aussi l'artilleur-selle. Avant la guerre, les remontesmilitaires achetaient à Caen, chaque année, environ 2.000 chevaux, auprix de 1.000 à 1.100 francs l'unité, en chevaux de trois ans et demi,ce qui donnait un bénéfice appréciable à l'éleveur en lui procurant del'argent à une époque où l'on en a besoin pour acheter de jeuneschevaux. Les éleveurs de la plaine de Caen ne sont pas, à vrai dire, des naisseurs; ils achètent principalement dans la Manche, soit au sevrage, soitantenais, les sujets destinés d'abord aux travaux agricoles, puis, àêtre vendus ultérieurement à la remonte et au commerce. Depuis une quinzaine d'années, le cheval percheron a pris une certaineplace dans les écuries de la plaine où il fait le service de limonier; il en est résulté une certaine diminution du nombre des produits dedemi-sang. Mais, en temps normal, tout acheteur qui vient à Caen pourchoisir une belle paire de carrossiers, est assuré de trouver là, ouaux environs de Caen, le nombre et la qualité qu'il chercherait en vaindans d'autres contrées. L'automobilisme — quoi qu'on dise — n'a pascomplètement supprimé l'usage du carrossier élégant, aux brillantesallures ; au contraire, il est curieux de constater que l'industriechevaline a progressé malgré le développement considérable acquis parla traction mécanique. Dans l'arrondissement de Pont-l'Evêque, on fait naître, pour vendre, ausevrage, dans la plaine de Caen, la plupart des poulains mâles dedemi-sang, sauf cependant ceux d'origine trotteuse. Cette partie de la Normandie élève le cheval de demi-sang et produitdes trotteurs et des carrossiers très recherchés. On y pratique aussil'élevage du cheval de trait percheron ou genre percheron, dont lesproduits se vendent facilement pour la culture et les transports, enFrance et à l'étranger. Si le demi-sang bien réussi a une valeur égaleau percheron, en revanche, un percheron de qualités médiocres, se vendrelativement beaucoup mieux qu'un demi-sang dans les mêmes conditions.Si l'on excepte le grand trotteur ou le cheval de tête pour la remonte,on constate qu'un bon cheval de trait vaut aussi facilement 1.000 à1.200 francs, à quatre ou cinq ans, qu'un bon demi-sang ; cetteobservation s'applique, bien entendu, au temps des conditions normalesde la production, c'est-à-dire aux faits observés avant la guerre. L'industrie chevaline est moins spécialisée dans l'arrondissement deLisieux où les principaux centres d'élevage sont à Mézidon, Moyaux,Orbec, Saint-Pierre-sur-Dives. L'élevage ne suffit pas aux besoinslocaux bien que la plupart des poulains soient vendus à des acheteursdes pays voisins produisant les fourrages et l'avoine indispensablespour un élevage rationnel. Le cheval anglo-normand et le percheron sontemployés aux travaux agricoles ; mais on emploie aussi beaucoup desujets issus de divers croisements (percherons, bretons, demi-sang). Onrecherche surtout les étalons percherons et les demi-sang pour la montedans la région. Dans l'arrondissement de Falaise, en particulier dans la plaine àsous-sol calcaire qui s'étend sur une partie des cantons deBretteville-sur-Laize, Falaise-Nord et Morteaux-Coulibœuf, on trouvedes chevaux de demi-sang anglo-normand, tandis que les chevaux de grostrait (bretons, percherons) sont entretenus un peu partout, maissurtout dans le canton de Thury-Harcourt et certaines parties desquatre autres cantons. La production sur place des chevaux anglo-normands entre pour un tiersenviron dans le nombre des sujets élevés. Les sujets importés (environ70 % de la population chevaline), le sont au sevrage ou à 18 mois, 2ans et 3 ans. Le département de la Manche fournit 80 % de l'importationtotale, le reste vient d'autres localités du Calvados, un peu del'Orne, et même de la Vendée. Les chevaux de gros trait sont importésdu Perche et de la Bretagne (pays de Léon). L'élevage du cheval dedemi-sang comporte deux spéculations : la production du chevald'attelage de luxe et celle du cheval de troupe. Les primesd'encouragement ont contribué à propager la sélection des bonnespoulinières. Il y aurait intérêt à encourager semblablement l'élevagerationnel du cheval de trait surtout en accordant des primes auxpropriétaires d'étalons d'un modèle parfait. La caractéristique de laproduction chevaline, dans l'arrondissement de Bayeux, est dansl'élevage des poulains de dix-huit mois utilisés à la culture jusqu'àl'âge de 3 ou 4 ans, époque à laquelle les plus beaux poulains sontvendus comme étalons ou comme chevaux de luxe, les autres, qui formentle plus grand nombre, sont vendus à la remonte à des prix variant de850 à 1.000 ou 1.100 francs. Les sujets moins bons — que l'on appelledes parisiens — sont venduscomme chevaux de fiacre pour Paris, au prix de 500 à 800 francs. A l'ouest de Bayeux, principalement dans les cantons d'Isigny et deTrévières où domine le régime herbager, on entretient beaucoup depoulinières ; les éleveurs gardent les pouliches et vendent presquetous les mâles avec leur mère, c'est-à-dire à six ou sept mois. Lesprix varient beaucoup, suivant l'origine du poulain et sa conformation.Le bon poulain, d'origine modeste, se vend facilement 400 à 500 francs.Les sujets médiocres sont achetés par les herbagers, qui les gardent unan à l'herbe et les vendent ensuite aux agriculteurs de la plaine ou dela contrée. Achetés de 80 à 300 francs, ces poulains sont revendus, aubout d'un an, avec une plus-value de 250 à 300 francs. Le commerce oula remonte achètent les poulinières à l'âge de 5 ou 6 ans. Enfin, dans l'arrondissement de Vire, on obtient le demi-sang parcroisement continu entre les juments du pays avec les pur-sang et lesdemi-sang trotteurs et carrossiers du haras de Saint-Lô. L'élevage ducheval est très développé dans ce pays d'herbe ; on produit même lecheval de trait genre percheron dans les régions de Vassy et deCondé-sur-Noireau. C'est à la manière intelligente dont les poulains sont élevés danscette partie de la Normandie que les produits de la Manche, duMerlerault, du Bessin et du pays d'Auge doivent leur légitime et trèsancienne renommée. Les croisements avec des étalons de pur-sang auxperformances et origines bien connues ont permis d'obtenir des produitsdont la taille, le volume, la conformation, l'élégance sont en rapportavec les grandes qualités du cheval normand, dont on a développé, enmême temps, l'ardeur et la résistance. La Société d'encouragement pourl'amélioration du cheval de demi-sanga contribué puissamment à ces brillants résultats obtenus dansl'industrie chevaline du Calvados, si précieuse pour les remontes denotre cavalerie. L'élevage de l'espèce bovine comprend, dans le Calvados, les diversesformes de l'exploitation animale, dans leurs caractéristiques les plusintéressantes et les plus rémunératrices : animaux reproducteurs,exploitation des vaches laitières pour la vente du lait, la fabricationdu beurre et du fromage, et bétail soumis à l'engraissement àl'herbage. L'élevage et l'industrie laitière peuvent être une source deprofits importants pour le cultivateur, mais ces spéculationszootechniques, plus productives que l'engraissement, sont encore tropnégligées dans bien des situations où elles devraient être des plusprospères. L'avenir de la belle race normande est du reste intéressé àce développement qui mettra en valeur, davantage encore, les qualitéslaitières de la race. Cette spéculation animale : la productionlaitière, doit aller de pair avec l'exploitation herbagère, produisantl'animal gras, particulièrement apprécié par la boucherie, car la racenormande a été sélectionnée en vue de cette fonction économique toutaussi bien que pour les qualités laitières. Avec le temps, desmodifications ont été apportées à la conformation du bœuf normanddestiné à la boucherie. Aux grands bœufs cotentins, à la taillegigantesque, jadis recherchés pour la promenade carnavalesque du bœufgras, à Paris, se sont substitués des animaux à squelette beaucoup plusréduit, précoces, s'engraissant facilement, ayant la poitrine ample, ledos large et une conformation en quelque sorte parallélipipédique. Le Herd-Book Normand, ouLivre généalogique de la race normande, a exercé une heureuse influenceen propageant les principes de la plus judicieuse sélection qui a faitde la race normande une race à double aptitude et qui, suivant lesconditions d'alimentation où elle se trouve placée, peut donner desrésultats différents. Il en est résulté que l'animal d'élevage importédu Bocage ou de la Manche dans le pays d'Auge a pris la caractéristiquede la variété augeronne, tandis que le même animal élevé dans le Bessinet y parvenant à l'âge adulte y conserve les caractères propres à lavariété cotentine. Ce qui atteste, d'une façon indiscutable, lesmérites et la valeur de l'élevage normand, c'est que l'on a suconserver le rendement en lait, qui constitue un des plus clairsrevenus de la Normandie, dont une grande partie des prairies sont cequ'on appelle les herbages à lait. Ce rapide examen de la production animale dans les gras pâturages duCalvados n'est qu'un premier aperçu des richesses de l'élevage. Nouscompléterons, par des détails circonstanciés, qu'exposeront des étudesultérieures, cette revue des éléments de l'élevage au pays normand. Qu'il nous soit permis de faire remarquer le vif intérêt qu'offrel'agriculture normande, dont nous avons fait ressortir, au cours de cespremières études documentaires, l'énergie productrice ; car ce nous estune raison d'insister encore, et plus que jamais, sur la nécessité derester fidèle à la bonne terre normande, dispensatrice de cesbienfaits, qui doivent être plus appréciés par cette jeunesse ardenteet généreuse qui, actuellement, en défendant, avec une énergieindomptable, le sol de la Patrie, doit mieux ressentir cette ardeurcombative, née d'un instinct que suscite, développe, exalte le culte dela terre natale. A ces vaillants jeunes hommes, rappelons la fière devise du maréchalBugeaud : Ense et Aratro,par l'épée et par la charrue. Ils mettront en pratique la devise ducélèbre maréchal en retournant aux champs, en continuant à féconder,par le labeur, la douce terre de France, après l'avoir fécondée de leursang ! L'histoire leur a légué le souvenir de Francœur, lesoldat-laboureur de 1815, aimant d'un même amour la gloire des armes etla terre nourricière : Au beau pays qui m'a vu naître, Utile jusqu'au dernier jour, Apprenez que Francœur veut être Soldat-laboureur tour à tour. Ils ne resteront pas insensibles à l'appel de la terre nourricière —grande consolatrice de tant de maux — à cet appel qu'évoque, en destermes émouvants, admirables par la noblesse du sentiment qui lesinspire, notre érudit confrère, René Dubreuil, lorsqu'il dit, enparlant de la terre natale : « C'est là que vous trouverez non seulement la richesse, mais le reposet le bonheur. La terre est si loin des agitations, elle est si calmeque le malheur et les vices y viennent moins vite. La graine qui lèvefait mourir la colère qui monte. Le ciel qui est bleu dissipe lestristesses qui surgissent.... Pourquoi enfermer vos jeunesses, qui ontbesoin d'air pur, dans les usines sombres où les jours de paye sont desjours de folie ? Pourquoi comprimer vos poumons dans le noir desateliers et la fumée des cabarets ? Ici, vous aurez des jours clairs,des soirées douces, des musiques parfumées, des nuits splendides et desaurores accueillantes. Vous verrez, au jour levant, non pas lespectacle endeuillé des cheminées qui crachent, mais l'éblouissement dusoleil sur les épis qui mûrissent et sur les fleurs qui s'ouvrent. Vousaurez la vie large, vous aurez la vie belle, vous aurez la vie de labéatitude laborieuse... Vous vivrez, enfin ! Et puis, après la grandeguerre, pour les combats de demain, pour la lutte économique, pourl'exaltation de notre vitalité productrice et la prospérité de vosfoyers, voici l'arme toute prête : cette terre qui, seule, par la magiede votre volonté et par le miracle de vos mains, peut se relevertriomphante et superbe. Allez à elle ! Réfugiez-vous contre son sein !Laissez-vous bercer par ses chansons ! Elle produit tout, elle donnetout, elle ennoblit tout. Elle symbolise la gloire comme elle enfantel'amour. » Que, dans nos campagnes normandes, la jeunesse médite les saisissantesvérités et les sages conseils qui ne pourraient être mieux ni plusdignement exprimés qu'en ce noble langage, car moralement etmatériellement, le culte de la terre est l'expression même du grandrôle social que joue l'homme des champs, en assurant, par son rude etconstant labeur, les moissons fécondes de demain. Henri BLIN, Lauréat de l'Académied'Agriculture de France. * * * RICHESSES MINIÈRES de Normandie MINES DE HOUILLE III MINE DU PLESSIS L'exploitation de cette mine, qui a cessé en 1861, a été peu régulière,faite sans méthode et parfois en dépit même des règles de l'art ; ellea été, d'ailleurs, généralement onéreuse, grevée qu'elle était de fraisgénéraux trop élevés par rapport à sa production, et par suited'énormes dépenses engagées pour des travaux de recherchesinfructueuses. De plus, cette concession ayant fréquemment changé de propriétaire, ladirection et la conduite des travaux s'en est ressentie, et c'est làsurtout, la cause des insuccès continuels qui a dominé l'exploitationde la mine du Plessis. C'est en 1757, que Mathieu de Flandre entreprit les premiers travauxd'exploitation du gisement du Plessis ; de peu d'importance, cestravaux furent abandonnés après la reconnaissance de quelquesaffleurements de houille. En 1778, une permission d'exploitation fut obtenue par M. Tubeuf, quise fit accorder en 1781, la concession de toutes les mines du diocèsede Coutances. Un puits de 73 pieds de profondeur et des tranchéespermirent l'exploitation de quelques minces filets de houille dont lerendement fut insignifiant, aussi cette exploitation fut-elleabandonnée en 1782. En 1793, une nouvelle Société obtint du Comité de Salut Public uneconcession de 45 ans sur un périmètre de six lieues carrées. Elleentreprit des travaux assez considérables ; six puits furent creusés :fosse Michel de Lanne, fosse Saint-Thomas, fosse Sainte-Barbe, fosseSainte-Anne, fosse des Recherches, et fosse intermédiaire. L'extractionde 1794 à 1811, fut de 185.000 hectolitres de houille. Les travauxgagnant en profondeur, les difficultés causées par l'épuisement deseaux, qui ne se faisaient qu'à bras d'hommes, furent bientôtinsurmontables, et l'exploitation cessa en 1811. La concession passa en 1828, entre les mains du comte de Montmarie,mais avec une superficie restreinte à 4.761 hectares ; les travauxd'exploitation repris en 1829, furent de nouveau suspendus en 1830jusqu'en 1836, époque à laquelle la mine fut achetée par la SociétéFantet et Cie. De 1836 à 1843, d'importants travaux furent accomplis :approfondissement du puits Sainte-Barbe, fonçage du puits Fantet et dupuits Saint-Louis, puits de la rue de Beaucoudray, sondages divers,canal du Plessis à Beaupte, et l'exploitation fut menée avec toutel'activité compatible avec les débouchés restreints ouverts auxproduits de la concession ; 300.000 quintaux métriques furent extraitspendant cette période. Mais, en 1845, à la suite de dépenses mal engagées par le gérant de laSociété, celle-ci, à bout de ressources, vendit la mine au comte deCastellane. Les puits de Castellane, de Béthune, et des Recherches furent foncésdans une région jusqu'alors inexplorée de la concession, mais lesévénements de 1848 suspendirent les travaux jusqu'en 1851. C'est àcette époque que fut décidée l'exécution d'un grand sondage dans lemarais du Plessis ; ce sondage, terminé en 1854, sans avoir donné lesrésultats qu'on en attendait, les travaux furent à nouveau suspendusjusqu'en 1858, où, sous une nouvelle direction, on fit quelquessondages, et les puits Félix, de la Sonde, et Denis, mais en 1859, lestravaux furent suspendus à nouveau et arrêtés complètement à la mort ducomte de Castellane en 1861. Les travaux furent, d'ailleurs, toujours conduits de façon à obtenir unrendement immédiat, en exploitant les affleurements de houille et enfouillant les entêtures de couches, sans se rendre compte que l'oncompromettait l'avenir en rendant fort onéreuse l'exploitation enprofondeur, par suite des difficultés d'épuisement. De l'avis des gens autorisés, aucun travail d'exploitation n'a étéentrepris là où il aurait fallu l'exécuter, du côté du marais deGorges. Une tentative y fut faite en 1852, par M. de Castellane, maisil n'en a pas été tiré tout le parti possible. La qualité du charbon du Plessis est très variable ; cependant, on aextrait d'assez bons charbons pour la cuisson de la chaux ; on a mêmepu les utiliser pour le chauffage des chaudières à vapeur ; et surcertains points, on a rencontré de la houille maréchale d'assez bonnequalité. Comme celui de Littry, le charbon du Plessis peut être classé dans leshouilles grasses à longue flamme, mais il est très inégal par suited'une proportion variable de matières stériles. Sa composition, d'après des analyses faites sur des échantillons choisis,se rapproche beaucoup de celle des menus lavés de Littry, qui onttrouvé d'importants débouchés dans la fabrication du gaz d'éclairage. La remise en exploitation de la mine du Plessis est désirable, et ilest à présumer qu'après les nouveaux sondages qui devront êtreentrepris dans la région du Marais de Gorges, il serait possible à uneentreprise d'y prospérer. A. MACHÉ. * * * Rouen et les Anglais (1) A Georges NORMANDY. I. — SOUHAIT O douceur de nos paysages : Fleuves paresseux... vallons doux... Saules argentés... chênes roux... Douceur des beaux ciels sans nuages ! Vous qui passâtes, près de nous, Dans nos villes et nos villages, Plus tard, malgré l'espace et l'âge, Rappelez-vous... rappelez-vous ! Qu'il vous soit, aux heures lointaines Où seront oubliées les haines, Notre pays harmonieux, Comme un rêve que l'on caresse Et qu'on peut revivre sans cesse Simplement en fermant les yeux. II.— LA LETTRE « Petite chose... il pleut beaucoup Dans ce ville où je me ennuie : Je n'aime pas beaucoup le pluie Mais, quand il pleut, je pense à vous. London semble loin comme tout. Vous, êtes-vous toujours jolie ? Aimez-vous moi, mon très chérie ? Lilian, hélas ! i love you. Je reviendrai bientôt, j'espère, Vous épouser, ô chose chère Mais d'ici là... remember me... Il pleut... Il pleut... Le ville est triste ! Vous seule au monde, dear,existe Dedans le cœur de votre ami. » III.— INDE Devantures... pavés... ruisseaux... La ville est surprise et s'effare De s'éveiller dans les fanfares Et de buter dans les faisceaux. Je vois venir, sur des vaisseaux, Des guerriers nobles et bizarres Dont les uniformes se parent Des mystères orientaux. Par d'inexplicables magies, Voici qu'à Rouen sont surgies Les splendeurs du Coromandel ; Et peut-être un jour, dans nos rues, Verrons-nous, mâchant le bétel, Des jeunes filles danser, nues ! Pierre VARENNE. (1) Sous ce titre, notre excellent collaborateur Pierre VARENNEva faire paraître un volume de vers et de proses illustré, encollaboration avec M. Robert Delamare. Cet ouvrage se composeactuellement chez Wolf, le maître-imprimeur rouennais bien connu. * * * FIGURES NORMANDES Louis Ménagé Le hasard d'une lecture m'avait fait juger, avant la guerre, que LouisMénagé était un bon poète, mais j'ignorais tout de lu, sinon qu'ilétait Normand, puisque né dans l'Eure, à Verneuil. Un livre, pas bien gros, en vérité, et qui contient pourtant toutes sesœuvres, toute sa vie, vient de me dévoiler quelle belle âmeenthousiaste et courageuse animait ce modeste ouvrier sculpteur, qui, àvingt-sept ans, s'était improvisé poète, puis tombait, deux ans plustard, officier, au champ d'honneur ! Aucune carrière d'écrivain ne fut,peut-être, aussi courte et aucune, sans doute, ne fut mieux remplie. L. Ménagé avait deux amours : sa Normandie et sa France, et tous sespoèmes exaltent l'une ou l'autre plutôt l'une et l'autre, car, écritMénagé, la Patrie C'est le toit qui nous vit chérirde notre mère, C'est le clocher natal, les souvenirs qu'il porte, De deuils et de splendeurs c'est le bel héritage Que nous ont confié, sans crainte, nos aïeux, Et que nous accroîtrons chaque jour davantage Par un honneur sans tache et des faits glorieux. Si le Comité d'amis et de lettrés qui a recueilli et publié les vers deMénagé, a donné au recueil ce titre évocateur : Pieusement pour la Patrie,ce n'est pas seulement parce que l'auteur est mort pour la France, enhéros — c'est surtout parce que la plupart de ces poèmes, tous écrits avant la guerre, sontd'un pieux et fervent patriote et que, ce titre, il l'aurait aimé ! En lisant le livre, on suit pas à pas l'évolution de ce cœur généreuxet loyal depuis Ciel normand,qui ouvre le recueil : Vers toi, cher ciel natal qu'ont reflété mes yeux, Au dernier de mes jours, s'envolera mon âme ! jusqu'à : En avant, qui letermine, et qui, écrit à la veille de la guerre, par un homme que, deuxmois plus tard, la guerre devait abattre, prend une poignante signification : Debout, la guerre est déclarée ! Petit soldat, mets sac au dos, Embrasse ta mère éplorée : Va te faire sacrer héros ! Les premiers poèmes chantent le pays natal, ses traditions, sescroyances — le vieux clocher : Et plus nousvivons, plus nous l'aimons ce clocher ! Enfant, on fut bercé par sa voix familière, Vieillard, courbé des ans, on veut s'en rapprocher Pour en recevoir, mort, l'éternelle prière ! Les Vieux Chaumes : Bienheureux qui peut vivre auchaume de ses pères, Partager leur croyance et marcher dans leurs pas, Creuser du même soc les mêmes champs prospères : Celui-là reste fort et ne murmure pas ! Ou nos Sentiers : Ce sont eux les charmants liens Qui tiennent serrés en guirlande Nos cœurs, les vigilants gardiens De la vieille terre normande ! Les Pommiers évoquentles ancêtres de notre race : Fouillez les cendres des aïeux, Pour donner à nos fils leur force... Et aussi l’'Angélus : La cloche, voix d'En-Haut, pourmieux unir la race Sonne, à l'âme des lits, le Credo des aïeux. Mais l'amour de la petite patrie prédispose, insensiblement, le poète àmieux aimer la grande et des envols plus larges animent peu à peu sesvers, lorsqu'il glorifie les Episnormands : Dressant, parmi vos dards, les fiers coquelicots Qui semblent, tout saignants, chanter des Marseillaises ! Et les Falaises de France quibravent les assauts furieux de la mer : Forte image de la Patrie Qui sort de ses luttes sans fin Libre, souriante et fleurie ! Dans chaque poème suivant l'idée de Patrie prend la première place : Le Défilé, Au Drapeau, La Retraite. Français, soyons heureux ! Notrepays est fort Des floraisons sans fin de nos vertus guerrières ; La France peut compter sur l'unanime effort S'il nous fallait, un soir, mourir sur les frontières... Ce sont mieux que des phrases, ces vers, ce sont presque des prophéties: L'union, l'union trois foissainte des cœurs Nous fera, dans l'amour, vaincre toutes les haines. Ou encore : …………………….. Un jour nous feronsvoir Qu'ils valent leurs aînés les jeunes fils de France Ce jour-là est venu, et Louis Ménagé, le bon poète, l'ardent patriote,est parti faire son devoir, mieux que son devoir. Il a tenu la promessequ'il faisait en évoquant ses Soldatsde plomb, ses amis d'enfance : Nous nous battrons, un jour,braves comme eux Dans les luttes, du Droit gardiennes, Et nous irons rouges, bleus, radieux, Devant les balles prussiennes ! Hélas ! une « balle prussienne » a renversé le petit soldat, a briséson épée, cassé sa plume, broyé son ébauchoir, et le sous-lieutenantLouis Ménagé, poète, sculpteur et soldat, s'en est allé, comme ill'avait rêvé, vers la gloire, pieusement... pour la Patrie... pour saNormandie ! CAMY-RENOULT * * * Le 311e Anniversaire deCorneille A l'occasion de cet anniversaire de Pierre Corneille, « les Cornéliens» sont allés le dimanche 3 juin, à 9 heures du matin, place du Panthéonà Paris, porter une magnifique gerbe de fleurs au pied de la statuequ'ils ont contribué à faire édifier. L'après-midi, à leur siègesocial, 111, avenue Parmentier, ils ont offert gracieusement à unnombreux auditoire de blessés et de futurs conscrits une représentationd'Horace. Souhaitonsque les circonstances permettent que le prochain anniversaire soitcélébré en Normandie, comme le fut celui de 1904, à Petit-Couronne. * * * Abonnez-vous. Faites des Abonnés à " NORMANDIE " Permettez-nous, amis lecteurs, d'insister sur ce point : Le lecteur aunuméro qui achète régulièrement notre Revue prouve qu'il s'intéresse àcette publication, mais il ne représente pas pour elle la valeur d'unabonné ; chacun peut s'en rendre compte. En s'abonnant, il nous aideraplus efficacement à réaliser le programme que nous lui avons soumis etqui n'a d'autre but que la prospérité et la gloire de notre petitepatrie. * * * L'Angelus à Jumièges A Gaston LE RÉVÉREND. ![]() Vers le soir, je rentrais dans le bourg... C'était l'instant del'Angelus... L'humble et vieille église paroissiale surplombe, du hautd'une éminence naturelle, la vallée si proche — et qui paraît silointaine — de la Seine... La cloche tintait, et elle tinta longtemps,prodiguant ses symphonies vespérales de bronze, dans le soir rose quis'affirmait plus splendide sur le bourg, sur la plaine et sur lefleuve, dessinant mieux les formes fixes des peupliers alignés,lointainement dans la vallée. Et elle sonna, la cloche, avantYainville, comme si elle avait hérité de la priorité de voix quepossédaient, autrefois, les cloches abbatiales sur tous les clochers dela Péninsule... Sa voix harmonieuse, si suave dans le soir, s'épanditsur le petit cimetière où dorment mes aïeux. Elle les enveloppait d'unegloire hautaine de bronze, dans la pourpre du couchant, et, devantcette fin de tout, cette poésie menacée par les villes modernes, jesentais venir les larmes... Magnificence d'un tel soir ! Evocations du temps jadis où les aïeuxhabitaient dans leurs vrais logis de chaumes…… Que diraient-ils, s'ilsrevenaient, les bons vieux ? Reconnaîtraient-ils ceux qui sont là, etqui ont changé de costume, renié presque les coutumes séculaires quiavaient leur origine dans l'âme du peuple, fui vers la Ville qui lesengloutit, au moment du grand sommeil, dans les fosses anonymes de sesNécropoles ?... Ah ! quels reproches ils me feraient !... Rester,dormir à jamais dans ce petit cimetière, près des aïeux à l'espritlumineux et si humainement simple... Ne plus comprendre, ne plusraisonner sur la beauté, parce qu'en ces paysages fleurissentnaturellement les pommiers et germent les blés d'or... Yainville sonna son Angélus,lointain... Et les ombres du soir s'étendirent sur le cimetière et la péninsule... Je suis revenu dans la ville... Dans la chambre, en l'intimité des cadres enclosant les paysages et lesfigures aimés, parmi les bibelots qui soutiennent un peu les ailesfragiles des visions renouvelées, je travaille... Le soir tombe, lesoir, triste et doux comme un rêve qui meurt... Et il y a aussi sur laville des cheminées, des fragments de pourpre, et la lune qui passe anavigué au-dessus de ma péninsule bien-aimée.... Mais voici qu'une cloche se met à sonner.., Or, le son de cette cloche est semblable au son de la cloche deJumièges... Je revois, alors, tout ce que j'ai vu là-bas : les plainesmélancoliques, les peupliers élancés, tremblants, puis fixes dansl'accalmie du soir, le fleuve brillant, et les saules cagneux endormisau bord des fossés, sous les dernières caresses de l'astre... Et jerevois encore le petit cimetière si intime ! Mais la cloche de la ville sonne, l'ondirait, des reproches…Est-ce donc la voix des aïeux qui est revenue du pays, et qui m'adjurede revenir au pays abandonné ; ou bien, est-ce pour continuer en moi lavision du pays... ô voix semblable des deux cloches !... Mais, au pays, la voix de la cloche, est un apaisement, tandis qu'à laville la voix de la cloche est vraiment un reproche ! Gabriel-Ursin LANGÉ. * * * Les Syndicats d'Initiative et le Régionalisme Sous la plume de Jean Lechemineau, dans En Route, nous trouvons les lignessuivantes sur la raison d'être des Syndicats d'Initiative : « Le Syndicat d'Initiativedoit-il exister, fonctionner pour lui-même ?... Non... Pour la région?... Oui... Mais c'est en se donnant pour but la pleine satisfactiondes besoins et des désirs du touriste, c'est en se mettant, de toutesses forces et de toute sa volonté, auservice du touriste que le Syndicat d'Initiative servira sa région.» En bons régionalistes que nous sommes, nous ne pouvons qu'approuvercette définition du rôle du Syndicat d'Initiative, et nous sommespersuadés que c'est bien ainsi que le comprennent les Syndicatsd'Initiative de Normandie. * * * Colombine sauvée ballet-pantomime en un acte et quatre tableaux par Jean Lorrain PREMIER TABLEAU (Suite.) ![]() Consternation de la bonne femme qui revenait justement avec le médecin,lequel lève les bras au ciel et va tâter le pouls de COLOMBINE. COLOMBINE,inerte, le laisse faire sans lui répondre, d'ailleurs. A ce moment,rentre, avec de joyeux hourras, PIERROT,fiancé de COLOMBINE,brandissant un immense bouquet blanc et suivi de tous les gars du pays,dont quelques-uns en pierrot comme lui ; tous ont aussi des bouquets. Croyant COLOMBINE malade, PIERROT se précipite vers elle ;les jeunes compagnes de COLOMBINE tententen vain de lui expliquer... Il ne veut rien entendre et, faisantpirouetter le docteur qui prend le ciel à témoin qu'on le malmène, sejette aux pieds de sa bien-aimée, appuie son oreille sur son coeur. «Elle a donc du bobo, la petite chérie ? » Il lui baise les mains et luifait respirer son bouquet. COLOMBINE sourit,pose la main sur la tête de PIERROT,lui fait signe qu'elle est guérie ; PIERROT tire alors de sa blouse unécrin et l'ouvre sur les genoux de COLOMBINE :ce sont des boucles d'oreilles endiamantées et des jarretières àboucles brillantes. COLOMBINE les admire et tend à PIERROT ses oreilles, d'abord, oùil accroche les brillants, puis ses jambes sur lesquelles PIERROT, enretroussant un peu la robe, boucle les jarretières. Mme CASSANDRE,aux anges, les montre du doigt au docteur abasourdi. COLOMBINE s'est levée et PIERROT, latenant enlacée, fait le tour de la scène, montrant à tous qu'elle estguérie. Cependant, la nuit est venue et on allume les flambeaux. Entrée des ménétriers. En signe de joie, PIERROT danse avec COLOMBINE. Pas de deux, terminé par un baiser pris et rendu, auquel prennent partles compagnes de COLOMBINE et les amis de PIERROT. Musique grave : c'est précédée de torches allumées ; l'entrée de CASSANDRE,père de COLOMBINE,accompagné du tabellion. On va signer le contrat de mariage. La mère CASSANDRE,avec révérences, prépare la table, les flambeaux, l'encrier, etc., etc.Les danses ont cessé. PIERROT serrela main de son beau-père, du tabellion. Celui-ci s'installe et prend lecontrat pour le lire. PIERROT s'empare de la main de safemme pour la conduire à la table. Le motif des Arlequins se fait entendre de nouveau : COLOMBINE pâlit, se renverse,chancelle quelques pas et s'évanouit. Tumulte : les flambeaux s'éteignent. La mère CASSANDRE et PIERROT font évacuer la salle. CASSANDRE reconduit avec de grandssaluts le tabellion. COLOMBINE a été portée sur lefauteuil, près de la table ; quelques jeunes filles l'entourent, puiselles se retirent discrètement. PIERROT, CASSANDRE,Mme CASSANDRE et le médecin restent seulsauprès de COLOMBINE.Il ne reste que deux flambeaux allumés. La lune s'est levée ; un rayon tombe sur COLOMBINE évanouie. Les soins de PIERROT etdu médecin la rappellent à elle : elle s'éveille comme d'un cauchemar,mais à leur vue, elle entre comme en fureur, les bouscule avec degrands gestes, les repousse, leur jette les bouquets à la tête et Mme CASSANDRE lescongédie avec de grands « hélas ! » Décidément sa fille estfolle : tout cela est de sa faute, sa fille est trop gâtée. Une fois qu'ils sont partis, Mme CASSANDRE revientauprès de sa fille ; mais aux premiers mots qu'elle essaye de lui dire,celle-ci arrache son voile de mariée, sa couronne, son bouquet et leslui jette si violemment à la tête que Mme CASSANDRE sort à reculons en faisantde grands bras et toute abasourdie. COLOMBINE,qui l'a suivie, ferme violemment la porte, met le verrou et vientbrusquement s'asseoir près de la table, puis elle se relève, va ouvrirla fenêtre toute grande, respire bruyamment l'air de la nuit, enfin,comme agitée, revenant sur le bord de la scène, elle heurte du pied sonvoile, sa couronne, et son bouquet tout flétris ; elle les ramasse, lescontemple tristement et va s'accouder à la table, - assise à la mêmeplace qu'au commencement du tableau. Elle écrase du doigt une larme furtive et songe. Au loin la musique desArlequins chantonne en sourdine. COLOMBINE l'écoute,le regard ailleurs, la tête renversée sous la lune - et s'endort...Minuit tinte lentement, très lentement, à l'église du village. Aupremier coup de minuit, une forme ailée vêtue de bleu métallique etcoiffée d'une tête d'hirondelle surgit par la fenêtre et vient seposer, dans un reflet de lumière, devant COLOMBINE endormie; au second coup de minuit, une seconde forme jaillit de même, et ainside suite, si bien qu'à minuit sonné, douze fées lunaires, les douzecoups de minuit, sont là soudainement animées, rangées en cercle autourde Colombine. Sur le motif devenu fantastique, tout de harpes etde flûtes de l'aubade des Arlequins, elles exécutent une danse trèslente, toute en poses et en attitudes autour de la jeune fille endormie. Un rond de lumière bleue les suit.... Durant leur danse, COLOMBINE s'éveille lentement. Lesyeux fixes, comme une somnambule, elle se lève. Rangées,six par six, à sa droite et à sa gauche, elles dansent, les bras tendusvers la fenêtre devenue extraordinairement lumineuse. Attirée verscette lueur, COLOMBINE sedirige, les bras ouverts, droite sur ses pointes, vers cette fenêtrequi s'ouvre tout à coup jusqu'en bas, comme une porte archi-béante surl'infini. FINDU PREMIER TABLEAU. (A suivre.) JEAN LORRAIN. * * * Eussions-nous cent ans !... Si nous pouvons vieillir sansperdre la mémoire Des actes fabuleux de nos Soldats-Titans ; Si, loin de s'annuler au passage du temps, Ces jours gravent en nous leur tristesse et leur gloire ; Si, de nos yeux, le fin tissu, velours ou moine, Conserve un peu de flamme aux rayons tremblotants, Et qu'il nous soit permis, eussions-nous cent ans, De relire parfois cette effrayante histoire ; Si nos tympans, usés par le fracas des airs, Vibrent sous les récits de vieux braves diserts, Aux gestes secouant la croix qui les décore, — A ce rappel soudain des choses d'aujourd'hui, Nos nerfs s'étireront dans leur débile étui Et notre cœur fourbu saura bondir encore. Jean MIRVAL. (Georges LEBAS). * * * Normandie Nourrice de l'esprit et destalents de France, Chaque Province, au seuil de sa vieille maison, Jeune toujours, sourit, murmure, rêve, ou pense. Filles du sol aride ou du clair horizon, L'une est joyeuse, et l'autre en larmes se dépense. — Normandie est force et raison. Que la lumière éclate en tes hymnes, Provence ! Bretagne, fais les tiens de rêve et d'oraison ; Toi, de grâce, Touraine, et, Bourgogne, d'aisance ; Veille, Lorraine, et tiens contre l'Est, garnison. — Pour le bon sens, luttant de sa claire éloquence, Normandie est force et raison. Gentillesse, fraîcheur, lyrisme, pétulance, De vos cœurs différents, l'heureuse floraison ! Chacune, vous avez votre part d'excellence, Le sang de Gaule, en vous, coule sans trahison. — Et, riche à l'infini d'antique sapience, Normandie est force et raison. Mieux qu'une Capitale à la juste élégance, Terre latine, elle couronne ton blason. Ni dolente langueur, ni fougeuse démence En ses sobres regards, si limpides qu'ils ont Des exactes clartés la suprême puissance : — Normandie est force et raison. Sois au Rêve, au Caprice, au Baroque, à l'Outrance, O Paris ! qu'un Horzain distille son poison En tes veines, qui n'ont désir que d'abondance ! — A l'écart, et rebelle à toute pâmoison, Aux jours d'enthousiasme, aux soirs de décadence, Normandie est force et raison. Gaston LE RÉVÉREND. (Plaidoyers pour une Renaissancelittéraire normande, un volume à paraître après la guerre.) * * * Pour la Marine Marchande M. Georges Bureau, député de la 3e circonscription du Havre, et deux deses collègues, MM. Bergeon et Pierangeli avaient, le 28 mars dernier,déposé une proposition de loi tendant à récompenser les marins quis'étaient particulièrement distingués au cours d'une attaque subie parleur bâtiment. Le gouvernement vient, à son tour, de déposer unprojet de loi tendant à accorder la croix de la Légion d'honneur et lamédaille militaire aux officiers et marins des navires de commerce quise seront fait remarquer dans ces circonstances. * * * « Normandie » devant publier desétudes sur les diverses industries de notre province, recevra, avecplaisir, toutes les communications et renseignements concernant ces industries. * * * ÉCHOS DE NORMANDIE SEINE INFÉRIEURE ROUEN Exposition de roses. —Une grande exposition de roses a eu lieu à Rouen, du 16 au 24 juin, àla Roseraie Boutigny, villades Roses, 4, rue des Ursulines à Rouen, au profit de l'Œuvre du Tricot du Soldat. La Revue Normande,consacrée plus complètement que Normandieà la littérature, à la poésie et aux arts, combat très vaillamment pourle régionalisme. Nos éminents collaborateurs, Paul Harel et Robert dela Villehervé, MM. Henri de Régnier et Albert-Emile Sorel lapatronnent. M. Aristide Frétigny (22, rue Notre-Dame-des-Champs, àParis), la dirige avec une autorité et un bon goût parfaits. Ausommaire du numéro de mai : Guillaume Apollinaire, Pierre Varenne,etc... A lire dans le numéro de juillet un curieux article de M.Georges Normandy : Sur la Tombe deJean Lorrain, et des pages inédites des meilleurs écrivainsnormands. Rouen temps de guerre. —Sous ce titre, l'éditeur Aloye vient de publier un album-Souvenir,fort élégant, composé de dessins sur nature, exécutés par un artiste,qui a conquis une réputation dans ce genre, M. Julien Felt. Cet albumnous restitue l'aspect des Quais. Le « communiqué » devant le Journal de Rouen,la grosse Horloge, la place de la Pucelle, la Musique anglaise, lasortie du Cinéma, le matin aux Halles, le pont Corneille, mille scènesanimées par les silhouettes des soldats anglais, hindous, australiens,belges et français. LE HAVRE La question de la Pêche.— La Société Havraise d'Etudesdiverses,justement préoccupée de la vie chère et des conséquences désastreusesqu'elle entraîne parmi les classes pauvres et la mortalité des enfants,alors que la mer offre un réservoir inépuisable de nourriture saine,étudie les moyens les plus propres à intensifier la pêche côtièreprovisoirement, se réservant pour après la guerre l'étude de la pêcheen haute mer. Cette Compagnie cherche à s'entourer de tousrenseignements utiles et à profiter de tous conseils compétents,susceptibles de guider efficacement ses travaux. Le but qu'ellepoursuit est uniquement de provoquer un fort mouvement d'opinion enfaveur de l'intensification de la pêche et d'inciter tous ceux quipeuvent ou qui doivent s'intéresser à cette industrie, de quelque façonque ce soit, à agir vite, dans l'intérêt pressant de la collectivité.La Société Havraise d'études diversesmérite donc d'être encouragée et aidée par tous ceux qui ont à cœurl'intérêt général et la prospérité normande. Publications archéologiques.— Paraissant très en retard, le Bulletinarchéologique pour 1916 publie sous le titre Le Théâtre romain de Lillebonne, lerésultat des fouilles entreprises en 1914-1915, par l'excellentconservateur de cet édifice historique, M. Léon de Vessy. CALVADOS M. Hemdlé, préfet du Calvados, vient d'être appelé à la direction dupersonnel au Ministère de l'Intérieur. Cet habile administrateur seravivement regretté, dans le département où ses qualités et son amabilitéétaient appréciées par tous ses administrés. Diplôme d'honneur à uneCultivatrice.— Le Syndicatagricole du Calvados a décerné dernièrement un diplôme d'honneurà Mme Georges GRIEU,cultivatrice à Ouilly-du-Houlley qui, depuis la guerre, a fait valoir,avec une remarquable énergie et un courage admirable, une ferme de centhectares à Ouilly et une autre de vingt hectares à Marolles. Mme Grieua continué avec succès la tâche que son mari, mobilisé, ne pouvaitremplir. Avec une constance que rien n'a découragé, elle a fait sesrécoltes, rentré ses fruits, utilisé son lait, vendu les bestiaux prêtspour le marché et développé son entreprise agricole. Ainsi que nous ledisions dans notre dernier numéro, en rendant compte de la distributiondes diplômes faite par le Syndicat agricole du Roumois, il est vivementà désirer de voir de pareilles manifestations se propager partout pourle plus grand bien de notre cher pays normand. « Celles qui s'en vont». — Sous ce titre un peu mélancolique, le dessinateur normand Jean Ch.Contel va publier un recueil de douze lithographies originales, où ilcélébrera la gloire des vieilles maisons de Rouen, Lisieux, Honneur,Caen, Bayeux, Bernay. Cet album paraîtra avec une préfaced'Albert-Emile Sorel et avec des vers d'Auguste Bunoust, le poèteoriginal, révélé par La RevueNormande.Moyennant 20 francs, on peut souscrire chez M. Robert Julienne, 19,boulevard Sainte-Anne, Lisieux, à ce pittoresque recueil, tiré surpapier hollande à petit nombre. BAYEUX L'œuvre de la Goutte de lait,organisée par M. le baron Gérard, député, va être installéeprovisoirement dans un immeuble occupé par feu M. Lamy, ancien maire,en attendant son installation définitive dans les locaux de l'anciennebibliothèque, place du Château. MM. Guillemette et Selceif, conseillersmunicipaux ont été nommés membres du Comité de patronage de cette œuvre. CORMELLES Fouilles archéologiques.— Les travaux de terrassement, entrepris dans les communes de Cormelleset de Mondeville pour la Pyrotechnie militaire de Caen, ont permis à M.Caillaud, membre des Antiquaires de Normandie, de poursuivrefructueusement les fouilles qui avaient déjà, en 1913-1914, amené ledégagement complet du cimetière de transition des Saint-Martin. Aquelques mètres de ce cimetière, sur Mondeville, M. Caillaud adécouvert de nombreux vestiges d'un village gaulois avec fonds decabanes et fours. Dans un fonds de cabane se trouvaient neuf poidsgaulois, dont cinq en excellent état de conservation. Les nombreuxdébris sortis de ces fouilles ont été soigneusement classés par MmeCaillaud, membre de la Société préhistorique de France, et ferontl'objet d'importantes communications aux sociétés savantes. EURE La Société Canine de Normandiefait appel aux propriétaires de chiens de garde et de berger quivoudraient offrir leurs chiens pour le service de la Défensenationale. Depuis peu de temps, on a assigné aux chiens un nouvelemploi de grande utilité qui consiste à garder les canons, les dépôtsde munitions et autres établissements administratifs. Donc, comme on levoit, ces braves animaux rendent de nombreux services à nos armées,épargnant la vie de beaucoup de nos soldats et protégeant les munitionsou le matériel destiné à nos troupes. Adresser les offres de chiens à G. Bradberry, directeur du chenilE., fondé par la Société canine deNormandie, à Saint-Philibert-sur-Risle (Eure), soumis aucontrôle du ministère de la guerre. Le troisième fascicule de l'Archéologiegauloise, gallo-romaine, franque et carolingienne, publiépar les soins de la Société libre del'Eure, sous la direction de M. Léon Coutil, l'éminentarchéologue normand, est paru ; il est consacré à l'arrondissement deBernay. MANCHE L'Académie poétique de la Manche(Jeux floraux de Cherbourg)a ouvert son concours de 1917. Demander programme et renseignements(timbre pour réponse), à M. E. Aubel, 77, rue de Polie, Cherbourg. 229.974 Un nouvel hydroplane.— On parle beaucoup à Cherbourg, en ce moment, d'un nouvel appareild'aviation destiné à la défense du littoral. Il s'agit d'un triplanpouvant enlever jusqu'à sept passagers, et dû à un Cherbourgeois, M.Rémy, fils de feu le colonel Rémy. Les essais auront lieu incessamment. * * * La Normandie se dépeuple.La Population rurale disparaît ![]() * * * Le Palmarès Normand SEINE-INFERIEURE ![]() « Pris sous une grosse poutre renversée par un obus allemand etcontusionné, s'est dégagé lui-même et s'est porté immédiatement ausecours de ses camarades blessés, faisant preuve de grand sang-froid etd'un grand dévouement en cette dernière circonstance. » M. Leconte,religieux franciscain, habitait Bonsecours, villa Mont-Serrat, quartierde la Grâce-de-Dieu. BOSSIÈRE, ALBERT, sergent au 129E régiment d'infanterie : « Sous-officier très brave qui a toujours fait vaillamment son devoir.A été blessé très grièvement le 22 mai 1916 en se portant à l'attaqued'une position ennemie. » Cette citation comportait l'attribution de lamédaille militaire et de la croix de guerre avec palme. M. Bossière,qui était avant la guerre, secrétaire au commissariat de la 6e sectionau Havre, mobilisé depuis le début de la guerre, a fait toute lapremière partie de la campagne au 119e régiment d'infanterie. Blesséune première fois, grièvement le 17 septembre 1914, a été après saguérison affecté au 129e d'infanterie. Blessé une deuxième fois le 22mai 1916, à la prise du fort de Douaumont, M. Bossière est actuellementsecrétaire au commissariat de la deuxième section. MOUCHETTE, caporal-fourrier d'infanterie : « Très bon caporal-fourrier. A fait preuve, pendant la période du 9 au21 octobre 1916, d'un courage et d'un sang-froid remarquables enassurant journellement le ravitaillement de la compagnie en premièreligne dans un secteur où les corvées étaient particulièrement pénibleset dangereuses. » M. Mouchette était professeur au collège de Fécamp. DUVAL, ROBERT, 2e groupe du 85e d'artillerie lourde : « Conducteur de camion à munitions, dévoué ; a constamment assuré lesravitaillements des batteries, sous le feu de l'ennemi, à ……….. et dans……………., et a notamment fait preuve d'un beau sang-froid le 27 mars 1917en dirigeant sa voiture, bien que le convoi fût encadré de nombreuxcoups d'obus ennemis, dont l'un a éclaté près de lui, a blessé troisnommes à ses côtés et dans son camion. » M. Duval, habitait à Elbeuf,18, rue Louvel. ANDRÉ, EMILE, caporal au 1er régiment de marche dezouaves : « Gradé très courageux, plein d'entrain et d'allant ; a participé, le15 décembre 1916, à l'attaque des positions ennemies à la bataillede..., où il s'est particulièrement distingué par son mépris du danger,des souffrances et des privations. A résisté pendant cinq jours dansl'eau, la boue et sous la neige, aux tranchées de première ligne ; a eules pieds gelés et n'a consenti à se faire évacuer qu'après la relèvede la compagnie. » (4e citation.) M. Emile André est le fils ducommis-greffier au Tribunal civil de Dieppe. CARPENTIER, GASTON, adjudant au 21E territorial : « Très bon sous-officier, dévoué et discipliné, au front depuis octobre1914, a toujours donné toute satisfaction. Le 24 octobre 1916, atraversé avec sa section un tir de barrage très violent et a remplimalgré les pertes subies la mission qui lui avait été confiée. » M.Carpentier, originaire de Biville-sur Mer, est fabricant de cidre àDieppe, 109, rue Desceliers. GODEFROY, MAURICE, adjudant au 329e d'infanterie : « Entrain et ténacité admirables sous des barrages violentsd'artillerie et de mitrailleuses, à l'attaque du 21 mars 1917. »Originaire du Havre, M. Godefroy était instituteur à l'EcoleVictor-Hugo à Bolbec. SOLSOU, PIERRE, caporal au 28e régiment d'infanterie : « Excellent caporal, faisant fonction de chef de demi-section. A faitpreuve de bravoure et d'endurance à tous les engagements auxquels il apris part en deux ans de campagne. Grièvement blessé, le 3 janvier1917, dans un secteur difficile au cours d'un violent bombardement. »M. Pierre Solsou qui est le fils de M. Henri Solsou, négociant àFécamp, est mort de ses blessures le 21 janvier. HUGUES, AUGUSTE, capitaine à l'armée d'Orient, a éténommé Chevalier de la Légion d'honneur, avec la citation suivante : « Après avoir commandé une compagnie au front Serbe, a rendu desservices exceptionnels comme commandant de territoire dans la zoneneutre, où il a su montrer tact, initiative et courage. » Le capitaineHugues était, avant la mobilisation, sous-chef du Service des fraudes àla Préfecture de la Seine-Inférieure. CARON, MARCEL, aide-major de 1re classe, au 34e régimentd'artillerie : « Médecin animé en toute circonstance du zèle et de l'entrain le pluscomplet. Appelé à soigner un blessé grave sous un bombardement d'obusasphyxiants, n'a pas hésité à sacrifier sa sécurité personnelle à sondevoir professionnel et a enlevé momentanément son masque quil'empêchait de voir ; a, par suite, été grièvment intoxiqué et a dûêtre évacué après avoir pendant deux jours essayé de rester à sonposte. Le docteur Caron, de Dieppe, avait déjà reçu la médaille desépidémies pour ses services dans les hôpitaux de la région de Soissons. GERBRON, WILFRID, soldat d'infanterie, agent de liaison : « Brancardier courageux et dévoué. Au cours de la journée du 17septembre 1916, a fait l'admiration de tous en procédant seul, sous unviolent bombardement, au sauvetage de ses camarades enfouis, lessauvant d'une mort certaine. A prodigué ses soins à son capitaineblessé ainsi qu'aux hommes de sa section. A fait preuve de grandeénergie et de sang-froid. » M. Gerbron est l'ancien demi-centre réputédu Beauvoisine F. C. et du F. C. Dieppois. Il est le fils de MmeGerbron, 9, rue de l'Epée, à Dieppe. EURE ![]() « Excellent sous-officier, s'offrant toujours pour l'exécution desmissions les plus délicates. Les 23, 24 et 25 octobre, a fait preuved'initiative et de sang-froid en assurant l'évacuation rapide desblessés, donnant l'exemple du mépris du danger, en se portant sous unbombardement violent aux points les plus exposés. » M. Plessy, quihabitait Evreux, est originaire de Montfort-sur-Risle, où habite encoreson père, titulaire de la médaille de 1870-1871. PLUMEY, RENÉ, sous-lieutenant : « Le 15 décembre 1916, a marché crânement à la tête de sa section, seportant à l'assaut des positions ennemies, et fait preuve de beaucoupd'activité pour assurer l'exécution des travaux d'aménagement duterrain conquis. » M. Plumey est le fils du banquier de Louviersqui a sept fils mobilisés depuis le début de la guerre. Deux sonttombés au champ d'honneur : MM. Marcel Plumey, du 74e de ligne, tuéprès d'Arras, en 1915, et Bernard Plumey, tué au combat de Tahure. Deuxautres sont prisonniers en Allemagne. Actuellement trois sont encore àl'armée : Robert, sous-lieutenant au Maroc ; André, mobilisé àMadagascar ; Victor, incorporé au 2e chasseurs à Pontivy. Enfin, M. GuyBeylin, appartenant à la classe 1914, petit-fils de M. Plumey, esttombé au champ d'honneur près de Soissons. MANCHE MALARD, GASTON, cavalier, au 14e hussards, a été faitchevalier de la Légion d'honneur, et décoré de la croix de guerre : « Cavalier d'élite, admirable de courage et de sang-froid. Dans la nuitdu 14 au 15 mars 1917, a été surpris au cours d'une patrouille entredeux postes avancés par un fort détachement allemand ; terrassé etsommé de se rendre, tandis que ses deux camarades étaient mis hors decombat. Renouvelant l'exploit du chevalier d'Assas, a, sous la menacede ses adversaires, en face desquels il était resté seul, crié l'alerteaux postes voisins amenant ainsi l'échec de la tentative ennemie. » M.Gaston Malard, de Réthoville, près Cherbourg, est le fils de M. Malard,conseiller municipal, et le frère de l'honorable chef de gare deCherbourg-Barfleur. VAULGEARD, FRANÇOIS, soldat au 2e d'infanterie, a reçula médaille militaire et la croix de guerre avec la citation suivante : « Excellent soldat, modèle de bravoure, a été blessé très grièvement,le 5 octobre 1914, en exécutant une mission périlleuse sous le feu del'ennemi. » M. Vaulgeard habitait Sartilly. HAMEL, GEORGES, soldat au 100e d'infanterie : « D'une bravoure éprouvée, a exécuté un coup de main au cours duquel ila pénétré jusqu'à la ligne de soutien allemande, contribuant à lacapture de quatorze prisonniers. » Le frère de M. Hamel, engagévolontaire, à l'armée de Salonique, a été cité deux fois à l'ordre dujour. La mère de ces deux braves habite Avranches, rue du Boulevard. PIROTAIS, HENRI, aspirant au 236e d'infanterie, vientd'être promusous-lieutenant et a reçu la croix de guerre avec palme, à la suite dela citation suivante : « Le 24 mars 1917, avec un élan admirable, a franchi à la tête de sasection une rivière dont il ne connaissait pas la profondeur ; s'estélancé ensuite dans un village dont il s'est assuré la possession sousun intense bombardement. » ____________________ Le Gérant : MIOLLAIS. _________________________________________________________ IMPRIMERIE HERPIN, Alençon. Vve A. LAVERDURE, Successeur. [3e de couv.] BAINS DE MER EN NORMANDIE Le Séjour dans lesStations Balnéaires Le général Rouvier, commandant la 3e région et le préfet de laSeine-Inférieure ont pris, à la date du 26 mai, l'arrêté suivant : Article premier. — A dater du Ier juillet et jusqu'au 1er octobre1917,les Français, munis d'un certificat d'honorabilité du Maire ou duCommissaire de police de leur domicile, pourront séjourner dans lesvilles et communes du littoral et dans les localités distantes de moinsde 10 kilomètres de la côte, situées dans toute la zone littorale dudépartement de la Seine-Inférieure, et ce, dans les immeubles dont ilssont propriétaires ou locataires ou dans les hôtels. Article 2. — Les sujets belges devront être en possession, soit de lacarte de circulation, soit du carnet d'étranger, dans les conditionsprévues par l'arrêté du 31 décembre 1916. Les sujets belges enrésidence au Havre ou à Sainte-Adresse ne sont pas soumis à cetteréglementation. Article 3. — Tous les étrangers, autres que les Belges, devrontêtre munis du carnet d'étranger. Article 4- — Les contrevenants seront, sans délai, évacués horsde lazone littorale délimitée à l'article premier, sans préjudice despoursuites dont ils pourront faire l'objet devant les tribunauxcompétents. |