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Notice sur les pommiers par M. Sabine, deFervaques (1891). Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (03.I.2019) [Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'uneseconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00. Courriel : mediatheque-lisieux@agglo-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@agglo-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographe etgraphie conservées. Texte établi surl'exemplaire de la médiathèque (Bm Lx : Norm 850) de l'Annuaire des Cinq Départements de laNormandie, 58e année, 1892 publié à Caen par H. Delesques. Noticesur les pommiers par M. Sabine, deFervaques _____
BOUTURAGE DU POMMIER ET DU POIRIER. — Vers la fin de juin, on choisitsur les arbres les bourgeons que l'on veut bouturer, on fait à la basedu bourgeon une ligature très serrée avec du fil de fer pour obtenir unbourrelet très gros — dans ce bourrelet il y a des rudiments d'où ilsortira des racines ; — après la chute des feuilles on détache lesrameaux et on coupe les boutures horizontalement au-dessus du fil defer : on laisse six yeux sur les bourgeons et on les met, la tête enbas, dans un pot rempli de terre légère, maintenue un peu humide. Onplace le pot dans un endroit chaud pour qu'il ne gèle pas ; dès lespremiers jours de mars, on plante les boutures sur couche chaude, enpot, pour les mettre en pleine terre au mois de juin. On peut également, ce qui est plus facile, ne détacher les boutures del'arbre que vers la mi-mai pour les mettre en pleine terre, dans uneplanche préparée de terre légère mélangée de terreau bien consommé etrecouverte de mousse, qui doit toujours être un peu humide. On doitavoir soin de ne laisser que deux yeux sortir de terre, et, en évitantun soleil trop ardent, la reprise sera au moins de 60 %. Pour les arbres à noyau, la ligature produirait la gomme, il estnécessaire de la remplacer par une incision pratiquée avec uncoupe-sève. La même variété peut être également obtenue par semis, en enveloppantune branche, avant la floraison, de gaze ou de tulle fin pour empêcherles mouches d'y pénétrer, afin d'éviter le croisement des autresespèces par le pollen. CRÉATION DE PÉPINIÈRES. — Les petits propriétaires négligent leursplantations, à cause du prix élevé de revient d'un nombre considérablede pommiers chez le pépiniériste, cependant rien n'est plus facile quede planter à peu de frais en créant une pépinière. Un ouvrier, unjournalier ou artisan qui possède un petit coin de terre, peut sedistraire, à ses moments perdus, en s'occupant de sa pépinière ; il luisera moins pénible de reprendre son travail quotidien, que s'il était,pendant une partie de la journée, assis à une table à faire la partiede domino ; il se procurera, de plus, de l'aisance dans son ménage, et,en piochant son lopin de terre, trouvera de l'or plus facilement que nele font les émigrants en Californie ; il y a peu de frais à faire ; etl'occasion de mettre ces conseils en pratique est d'autant meilleure,que beaucoup de pépinières ont souffert de l'hiver 1890-1891. Nospépiniéristes improvisés pourront, de cette manière, réparer lesdommages causés par l'intempérie de cette saison. SEMIS. — On recueille les pépins des espèces les plus vigoureuses, onles stratifie dans un grand pot à fleur ; on met dans le fond 10centimètres de terre et une couche de graines, puis un peu de terre, etune autre couche de graines, et ainsi de suite ; maintenir la terrehumide à la cave, mais pas trop mouillée. Au mois de mars, on renversele pot sur une toile et on trouve en bon état les semences toutesgermées ; on les sème dans une planche soigneusement préparée àl'avance, où l'on a fait des rayons distants de 25 à 30 centimètres.L'année suivante, on a du plant bon à repiquer. Pour que le poiriersoit bon, il faut le repiquer Une fois avant de le mettre en place. PÉPINIÈRES. — SOINS A DONNER. — Pour faire une pépinière, il fautdéfoncer la terre de 30 à 35 centimètres de profondeur et y enfouir unefumure à 25 centimètres environ ; tous les engrais sont bons, desdéchets de laine de préférence, et ainsi l'on empêche la larve duhanneton de se développer. Avant déplanter, il faut habiller le plant, c'est-à-dire couper lamoitié de la racine (du pivot), et le disposer en ligne sur une largeurde 75 c. entre chaque rangée et à une profondeur de 40 centimètres dusol ; on peut planter du 1er décembre jusqu'à la fin de mars, ce quiest déjà tard, il est bien préférable de le faire plus tôt. Ne pasmanquer de couvrir le tout d'un paillis ou de jeunes joncs marins, etdonner 2 à 3 binages par an ; ce travail, quoique très long, rend aucentuple la valeur du temps passé. Je conseillerais de ne pas rabattre tous les sujets droits et quipoussent avec vigueur ; ils valent mieux tels, cela fait gagner dutemps, et les arbres sont toujours plus sains que ceux qui sontécussonnés ; on les greffe en tête lorsqu'ils sont plantés à demeuredans les vergers. Les sujets tordus ou qui poussent mal doivent êtrerabattus la 2e année à 0 m. 40 du sol ; l'année suivante, on écussonne,on coupe les petites pousses du bas du sujet (les dards) et on laisseles trois fortes branches du sommet ; on les lie pour les réunir avecun lien de paille et l'on procède au greffage en juillet. On prend des pousses de l'année, vigoureuses et bien aoûtées, à l'étatligneux, sur des arbres sains ; il ne faut employer que les yeux dumilieu du bourgeon, ceux du bas n'étant pas assez formés, ceux du hautn'étant pas assez mûrs et offrant peu de chance de reprise ; choisir lematin de préférence pour faire sa provision de greffes ; dès qu'ellesseront détachées de l'arbre, couper les feuilles afin d'éviterl'évaporation en laissant le pétiole, et les envelopper dans un lingehumide ; on lève ensuite l'écusson, on fait une incision en T au bas dusujet, on l'insère, on le coupe du haut, on le lie avec du coton ou dela laine à greffer, on y met du mastic L'Homme-Lefort ; éviter d'enmettre sur l'œil, et on passe à un autre sujet. Le greffage fini, ondonne un binage ; ne jamais y laisser d'herbes ; quinze jours ou troissemaines après, il est utile de desserrer un peu la ligature pouréviter les étranglements. Au printemps suivant, lorsque les gelées nesont plus à craindre, on coupe le sujet à 15 centimètres au-dessus dela greffe (écusson), et on donne un nouveau binage à la houe ; lerecepage concentre toute l'action de la sève sur la greffe. ÉBOURGEONNAGE. — Les sujets sont recepés à 15 centimètres au-dessusdelà greffe ; l'œil de l'écusson s'allonge et perce plusieurs yeux surle sujet ; il faut les laisser pousser, mais, dès que la greffe a huità neuf feuilles, il faut pincer les bourgeons au-dessus des deuxpremières feuilles et, quand elle a atteint 30 centimètres de longueur,on supprime tous les bourgeons ras le tronc pour que la greffe ait àelle seule toute la sève ; aussitôt après, on l'attache avec un joncsur le chicot du sujet pour la redresser pendant qu'elle est encoretendre et, dès que la greffe a acquis une consistance ligneuse, onenlève le chicot d'un coup de serpette et de cette façon on aura unarbre bien constitué. Il est utile de conserver une certaine quantité de rameaux latérauxpour que l'arbre acquière plus de grosseur, mais il ne faut jamais leslaisser trop vigoureux, ils se développeraient à la base et l'émondageferait à l'arbre de trop larges entailles ; un pincement ne nuira pas,surtout aux branches supérieures qui sont aussi vigoureuses que laflèche ; sans ce moyen, l'arbre serait tout en tête, et par conséquentne pourrait pas s'allonger au fur et à mesure de la croissance ; lesbourgeons latéraux de la base devront être supprimés et ainsi de suitechaque année. PUCERON LANIGÈRE BLANC DE POMMIER. — Il est rare que les pépinières nesoient pas attaquées par le Puceronlanigère blanc ; il faut ledétruire le plus vite possible, car, par sa propagation très active,tout serait bientôt infesté ; à cet effet, il ne faut pas hésiter àcouper menu des bouts de cigares fumés ; j'insiste sur ce dernier pointque les bouts de cigares aient été au moins un peu fumés ; les fairetremper dans de l'eau trois ou quatre jours et badigeonner les arbresinfestés avec une brosse un peu rude ; c'est ce moyen qui m'a le mieuxréussi. PLANTATION A DEMEURE. — Pour planter, il est préférable de faire destrous ronds ; sans remuer effectivement plus de terre, vous donnez plusd'espace à parcourir aux racines et elles s'étendent avec plus defacilité et de régularité, et par conséquent votre arbre est plusvigoureux et mieux équilibré ; ces trous auront lm 50 de diamètre et0m45 de profondeur ; on remet la moitié du gazon dans le fond, coupémenu. GREFFAGE. — Il faut toujours couper les greffes pendant le repos de lavégétation, dans le courant de février ; on les lie par paquets dechaque espèce et on les enterre, couchées à 30 centimètres deprofondeur ; en opérant ainsi, la reprise est certaine. Dans le courant d'avril, on greffe ; au lieu de couper la tête del'arbre horizontalement, on la coupe en biseau, afin de faire affluertoute la sève à la pointe du biseau, en ayant soin de couper l'écorceavant de fendre pour éviter de la déchirer, ce qui empêcherait lareprise. Chacun sait qu'il faut tailler la greffe en lame de couteau, il fautavoir soin de commencer les entailles de chaque côté d'un œil et nelaisser que trois ou quatre yeux à la greffe, on introduit ensuite uncoin en bois dur dans la fente pour l'ouvrir ; on y adapte la greffe demanière que les écorces s'ajustent bien en haut et qu'elle ressorte endehors par le bas de un ou deux millimètres. La coupe en biseau luipermet de se recouvrir plus promptement ; l'année suivante, au moisd'avril, on rabat la greffe à 15 centimètres de sa base sur toutes lesbranches au-dessus des yeux, en dehors, bien entendu, pour la faireramifier. Tout ceci n'est encore rien ; si vous voulez avoir une bonnefructification, choisissez des greffes du pays, des variétés les plusproductives, et que l'époque de la végétation concorde avec celle dusujet ; sans cela pas de fertilisation. Exemple : il se trouve souventune rangée de pommiers qui ont été tous greffés avec des greffes prisestoutes sur le même pommier ; mais il s'en trouve forcément, dans lenombre, qui sont stériles ; ces pommiers sont néanmoins aussi vigoureuxque leurs voisins, mais ne donnent que peu ou point de fruits. Je profite de cette circonstance pour réfuter, dans l'intérêt général,la réponse faite à la huitième question du programme du Congrèspomologique de l'Ouest, tenu à Caen, en octobre 1890, par M. AlexandreOudin, pépiniériste à Boos (Seine Inférieure) : M. Oudin dit que l'on peut greffer toutes les variétés de pommes àcidre sur n'importe quel sujet ou intermédiaire, sans tenir compte del'époque de végétation, par rapport à celle de la variété que l'on metpour la remplacer. « J'en ai fait, dit-il, l'expérience surplus desoixante variétés, qui ont maintenant deuxannées de greffe et quisont toutes « d'une belle venue. » Mais quels sont les résultats pour l'avenir ? Nous avonsmalheureusement sous les yeux, depuis vingt ans, trop de preuves quedes arbres achetés greffés n'ont pas encore répondu à ce qu'on était endroit d'espérer comme rapport en fruits ; c'est alors qu'on se décide àles regreffer. Si donc vous n'avez pas de pépinières, achetez des sujets francs depays et greffez-les-vous-même : vous n'aurez plus à redouter lesdéceptions. ENTRETIEN DES-ARBRES ET RESTAURATION. — Une fois par an, il fautvisiterles arbres, pour enlever les branches mortes et celles qui poussentdans l'intérieur de la tête ; il faut également enlever avec soin legui et la mousse qui naissent sur les branches, opération facile àexécuter par un temps humide, en hiver. Les amputations doivent être faites avec des instruments trèstranchants, aussi près que possible du tronc ; on recouvre aussitôt lapartie vive de mastic à greffer, seul moyen d'éviter la carie ; si onlaissait un onglet, le bois se carboniserait au contact de l'air, puisla carie amènerait, quelques années après, la formation d'un trou à laplace de l'onglet, bientôt suivie du dépérissement du sujet. On peut conserver très longtemps un arbre creux en opérant ainsi : Il faut aviver les parois de l'ouverture du trou jusqu'aux partiessaines, en enlevant tout le bois mort et pourri dans la profondeur dela cavité, que l'on remplit ensuite de mortier de chaux mélangé depetits cailloux ; on laisse sécher le mortier quelques jours, puis onavive à nouveau l'orifice du trou, que l'on recouvre avec du mastic ;quelques années après, l'écorce recouvre l'ouverture. Ne jamais se servir de goudron de gaz, dont l'emploi est très nuisible. Voici la manière de faire, à peu de frais, du mastic qui est d'un boneffet, employé à chaud : Mastic pour 100 parties en poids : Poix noire.... 28 Poix de Bourgogne .... 28 Cire jaune.... 16 Suif... 14 Cendre tamisée... 14 ___ 100 ARBORICULTURE DES JARDINS. — La greffe consiste à poser des boutons àfruits sur les arbres qui en sont dépourvus ou infertiles. On peutpratiquer cette greffe tout le mois de septembre ; on enlève tous lesboutons à fruits, qui sont destinés à tomber à la taille, de la mêmemanière qu'on enlève un écusson, mais en y laissant un peu plus de bois; bien entendu, il faut lier la greffe avec de la laine et garnir avecdu mastic à greffer, pour que l'air ne pénètre pas. On peut mettre différentes variétés sur le même arbre, et, l'annéesuivante, il sera couvert de fruits variés ; au lieu de mutiler unsujet rebelle, faites-lui produire des fruits. Le pommier Reinette du Canadaou Reinette de Bretagne estsujet auxchancres, au bois mort et rugueux, ce qui est d'autant plus regrettablequ'il s'agit incontestablement de la meilleure pomme de table. Mais on peut éviter ces inconvénients en opérant ainsi : greffezd'abord un sujet franc, en tête, par une greffe de pomme de Bouteille(pomme à cidre très connue) ; quelques années après, lorsque lesbranches sont assez fortes, surgreffez-le de Canada ou Reinette deBretagne ; de cette manière, préservé de sa maladie, l'arbre estplusfertile et les fruits sont même d'une meilleure qualité. ------ LE CIDRE : SES PROPRIÉTÉS, SA FABRICATION, SA FERMENTATION. — On saitque le cidre a ses variétés aussi nombreuses que celles du vin ; onsait aussi que le cidre, le vrai cidre, est une boisson aussi favorableaux divers actes de la digestion qu'elle est agréable au goût. Quant à ses qualités toniques, réconfortantes, nutritives, nouspourrions en demander la démonstration à l'analyse chimique : les bonscidres contiennent de 12 à 13 % d'alcool, proportion plus forte quedans beaucoup de vins de Bordeaux, et le tannin s'y trouve également enplus forte proportion que dans le vin naturel. Nous avons donc, chimiquement parlant, une liqueur composée d'élémentsqui, subissant l'élaboration digestive, se changent en produits utiles. Mais, que nous importent ces considérations chimiques ? N'avons-nouspas à notre disposition un instrument d'épreuves autrement sûr,l'organisme humain lui-même : versez à cet homme accablé de travailquelques verres de cidre, et il vous dira quel bien-être il éprouve etcombien il se sent réconforté ; et ce n'est pas là une simpleexcitation momentanée, laissant après elle, comme certains liquides, unaffaissement plus grand ; les cultivateurs intelligents ne s'y trompentpas : ils savent que le bon cidre, pris dans une juste mesure,non-seulement stimule l'homme, qui fournit ainsi une somme de travailplus considérable, mais encore diminue notablement la dépense enaliments solides. D'ailleurs, ce liquide clair et limpide, qui est la richesse de lavallée d'Auge et de toute la région de l'Ouest, rutilant comme l'or,pétillant dans le verre en se couvrant d'une légère couche de moussesur ses bords, présente encore un avantage par son aspect agréable. Le cidre a beaucoup d'adversaires : le vin étant prescrit de préférencepar bien des médecins, qui oublient que, trop souvent, cette boissonn'est pas naturelle. Nôtre regretté professeur de l'École de médecinede Caen, le docteur Denis-Dumont, médecin en chef de l'Hôtel-Dieu, acombattu et fait cesser en partie cet abus, et je puis affirmerformellement que ce praticien a sauvé plus d'un de ses malades en leuradministrant le cidre en bouteilles. Après cette description à grands traits des qualités du cidre, parlonsmaintenant de sa fabrication, dont elles dépendent essentiellement. J'entends dire de tous côtés : « Mon cidre ne se fait pas » ; un autre: « Le mien est de même, il est comme de l'argile délayée, et chaqueannée, c'est la même chose. » Pour éviter le retour de semblables inconvénients, je ne puisconseiller qu'un seul moyen, malgré l'opposition trop certaine d'ungrand nombre de producteurs, coutumiers des anciens procédés, peudisposés à ce remède radical : Le vieux système de brassage doit être abandonné, et il faut remplacerpar un broyeur mécanique les tours et meules en granit, qui ne font queréduire les pommes en une parfaite bouillie. Il en résulte un rendement plus considérable, et en même temps le cidrey gagne en qualité. Il vaut cependant encore mieux continuer les anciens usages que deprocéder par macération ou par lixiviation, ce qui ne peut produirequ'une piteuse piquette. La presse ancienne peut servir, si elle est d'une forte puissance depression. Lorsque l'on est forcé d’avoir recours aux ferments artificiels, on nepeut obtenir qu'une mauvaise fabrication. Si le cidre est brassé dans de bonnes conditions, la fermentation doitse faire promptement et naturellement, et par conséquent il n'est sujetà aucune maladie. Le cidre doit être soutiré aussitôt après la fermentation tumultueuse,qui a lieu huit à dix jours après le brassage ; il vaut mieux ne pas lesoutirer, que de le faire trop tard. Je conseillerais de ne passoutirer le petit cidre (boisson), ce dernier se conservant mieux surla lie. Lorsque l'on tire très longtemps à un tonneau, on doit placer lachantepleure au milieu ; de cette manière on ne met que la couchesupérieure en mouvement, et quand vient le moment de placer lachantepleure au bas, le cidre est aussi bon que si l'on mettait unautre tonneau en perce. ----- PARASITES DU POMMIER. — Il est un fait acquis maintenant que lespulvérisateurs, les injections et les badigeonnages à la chaux ne fontrien à l’anthonome ; le plus sûr moyen est de tendre des toiles sousles arbres que l'on gratte le mieux possible, puis de brûler de suiteles écorces et la mousse qui se sont détachées ; au printemps, avant lafloraison, il faut encore étendre des toiles et secouer fortement lesarbres, puis brûler tout ce qui tombe. Pour ce qui est de la destruction de la chenille, qui a fait cetteannée autant de dégâts que l'anthonome, il faut, après un nettoyagepréalable, faire un cercle d'huile avec un pinceau autour du tronc à 30centimètres environ au-dessous de la greffe : les chenilles ne lefranchiront pas ; quelque temps plus tard on recommence à y mettre del'huile et on secoue l'arbre pour faire tomber le plus possibled'insectes ; toutes les huiles étant bonnes, on emploiera la moinschère. Pour les pépinières, il est très facile de les débarrasser deschenilles : on opère en même temps sur deux rangs, l'un à sa droite,l'autre à sa gauche, et on presse entre le pouce et l'index toutes lesfeuilles des branches latérales qui sont roulées, pour écraserl'insecte ; mais pour les feuilles de la flèche, il faut prendre plusde précaution, de peur de meurtrir la tige, et les feuilles doiventêtre déroulées. Cette opération se fait rapidement. Les pommiers qui n'ont pas encore été attaqués par les parasites sont :le Bédan, la Bouteille, le Cul-à-cul, le Duret, le Noël-des-champs ; je conseilleraisdonc de greffer de ces variétésdans une forte proportion. Le choix de la pomme de Bouteille estgénéralement écarté, l'opinion courante étant qu'elle produit un cidreclair comme de l'eau ; il n'en est pourtant pas ainsi, si on la brassequinze à vingt jours après qu'elle est cueillie, car elle donne uncidre coloré, très fort et délicat, même sans mélange ; il est mêmemeilleur la deuxième année : d'ailleurs la question de coloration doitimporter peu, lorsqu'il s'agit d'une espèce donnant un produitprésentant toutes les autres qualités, et c'est le cas de la pomme Bouteille, dont l'analyse (faitepar M. Truelle) a fourni desrésultats satisfaisants. |