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[Plaquettepublicitaire] Les PorcheriesGénérales : Domaine de Courtonne "Clos du Houlley",Courtonne-la-Meurdrac (Calvados).- [Paris] : Maison Rapide,[ca1926].- 23 p. : ill., couv. ill. ; 25 cm Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électroniquede la Médiathèque André Malraux de Lisieux (02.II.2017) [Ce texte n'ayant pas fait l'objet d'uneseconde lecture contient immanquablement des fautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque-lisieux@agglo-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@agglo-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographe etgraphie conservées. Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx: Norm br 1199). La plaquette au format PDF (26 Mo). LesPorcheries Générales DOMAINE DE COURTONNE « Clos du Houlley » COURTONNE-LA-MEURDRAC (Calvados) ![]() _____
LeDomaine de Courtonne (Clos du Houlley) Une belle exploitation normandede Culture et d’Élevage, remarquablement etindustriellement équipée LES AUTOMOBILES qui, l'Été surtout, se succèdent sur laroute deLisieux et de Deauville, ne se doutent pas qu'à 7 kilomètres avantLisieux, dans cette plantureuse Normandie qui est comme une vaste oasisde verdure intense et de productions abondantes, ils longent un desDomaines agricoles français les mieux organisés industriellement. Ils'agit là, en effet, d'une Exploitation conçue, agencée, équipée àla moderne, à l'américaine, pour une production intensive. Et, il estcurieux de trouver dans cette plantureuse Normandie, en pleinsherbages, aux grands clos de pommiers, une Ferme que l’on croiraitsurgie de pays neufs ; d’un pays américain, des régions du « Corn belt», ou d’un Ranch prestigieux des environs de Chicago, près d’un Châteaud’autrefois, précédé des ses douves ; une de ces Demeurestraditionnelles des « vieux pays » comme le disent, en leur langageimagé, ces Canadiens des « pays neufs » qui ont tant d’attaches avec laNormandie. L’opposition est frappante, aussi, de voir cetteorganisation mécanique, dans ce pays également si traditionaliste, oùl'herbe semble pousser seule et les bovins superbes se développer à vued'œil devant le Normand placide, qui semble ne vouloir faire aucuneffort, laissant à la nature, si prodigue dans cette vallée d'Auge, lesoin de le dispenser de tous ses bienfaits. C'est qu'un homme du Nord, est passé par là ; non point un de ceslaborieux Flamands qui en Picardie, en Flandre, en Artois, par uneaction continue, persévérante, un esprit progressif, fait surgir dessols riches : Betteraves, Lin, Céréales, alors que des Troupeauxsuperbes peuplent les étables. C'est un de ces industriels du centreprodigieux de Lille-Roubaix-Tourcoing, où des hommes d'une activitéprodigieuse, sans cesse à la tâche, « oeuvrent » constamment, qui avoulu appliquer à l'Exploitation rurale les méthodes industrielles sifructueuses des filatures et des tissages, en y consacrant un capitalimportant, un capital que l’on voit rarement affecter à l'Agriculture. Aux bâtiments normands, en pan de bois, il a substitué de vastesconstructions du type industriel, en ciment armé, à l’allure d'usine,équipée mécaniquement comme une fabrique ; mais, dans lesquelles, aulieu de filer le coton, la laine, le chanvre, on fabrique de la Viande,du Lait, da Beurre, bientôt des Fromages, à la tonne. Et c'estimpressionnant de voir surgir au milieu des Herbages et des clos dePommiers, presque à perte de vues, cette véritable Usine agricole. Voulez-vous que nous visitions Ferme, Pâturages, Cultures, non sansavoir regardé le Château, qui, comme toujours, redevient ici, ce qu'ildoit être, le Centre d'activité du Domaine rural, qui est sajustification. UNE HABITATION DE STYLE SITUÉ à l'extrémité d'une de ces belles et largesavenues à la française, le Château d’une architecture classique, sobre,cossu et « d'un bon chic », dresse sa façade (front nord) briques etpierres au fond de la cour d’honneur que limitent de larges douves,cour flanquée de deux grandes ailes détachées des bâtiments de service,dans le même style. Il regarde sur l'autre façade (front sud),l'éploiement des herbages auquel les mouvements du sol, les massifsd'arbres, donnent du pittoresque et où la vue s'étend sur une natureriche, presque sans contrainte. Un de ces vieux colombiers seigneuriauxtout proche, à l'équipement intérieur complet avec son échelletournante, est une joie pour les yeux. L'architecture de cette Demeure, comme des Dépendances, est trèsrobuste : le Château forme un long corps de logis, peu profond, detelle façon que les pièces prennent jour sur les deux faces, avec untrès beau plein pied. Il est à un étage de façade au-dessus durez-de-chaussée surbaissé et d'un second étage sous les combles. II estconstruit en briques et pierres ; pour les encadrements, angles,chainages et remplissages de briques qui ont pris un très joli ton rosecrevette. Ce grand rectangle est flanqué de deux pavillons carrés, ensaillie, au caractère de tourelle, à trois étages, le troisièmecorrespondant avec l'alignement des lucarnes à fronton. Une corniche àmachicoulis confirme la robustesse de l'ensemble. L'intérieur assezbas, le très beau plein pied, comme le premier étage, forment unesuccession de pièces très agréables, aux jolies et sombres boiseries,auxquelles tous les éléments de commodité et de confort actuels ont étéajoutés, en restant dans l'harmonie générale. Les deux grandes ailes des dépendances qui encadrent à droite et àgauche la cour d'honneur, au-delà du large fossé, sont consacrées :celle de droite à un logement des serviteurs, les anciennes reluises, àun garage et l'extrémité convertie en chapelle ; l'aile gauche quiétait autrefois écurie et sellerie de chevaux d'agrément et de service,est maintenant entièrement affectée aux juments de service de la ferme,juments de travail, qui sont en même temps des animaux de rente. VUE D'ENSEMBLE DU DOMAINE LE Domaine de Courtonne (Clos du Houlley) d'unesuperficie de 200 hectares, s'étend sur trois communes :Courtonne-la-Meurdrac, Glos et Marolles. Il comporte environ 130hectares d'herbages, à l'herbe nutritive et abondante, 40 hectares deterres de culture et 30 hectares de bois. Dans cette surfaces'incorporent les chemins de culture, le Château et ses dépendances,les vastes bâtiments de l'exploitation de la ferme de culture etd'élevage. Ce Domaine est admirablement situé en pleine vallée d'Auge, limité auNord par la route de Paris à Cherbourg; à l'Est par la route deCourtonne ; au Sud par le bourg même de Courtonne-la-Meurdrac, et àl'Ouest par la route de Glos. Sa situation dans un tel cadre le placecomme un des plus beaux et de par la nature de son sol, un des plusriches de la région. Il est à 7 kilomètres de Lisieux, centre importantde transaction et nœud de chemin de fer. Vous avez vu tout le charme exquis du robuste Château briques etpierres, à la française, d'un bon chic, encadré à distance par lesarbres et sa majestueuse avenue. Vous allez voir maintenant, en uneopposition frappante, l'ordonnancement industriel des bâtiments de laFerme qui s agencent sur les trois côtés d'un immense rectangle, lequatrième côté étant occupé par des bâtiments plus anciens. Et danscette cour se succèdent comme des parterres, les carrés et les planchesd'un fertile potager. En effet, pas de tas de fumier visibles, ceux-ciétant agencés en dehors de la cour, avec leur fosse à purin.
UN ENSEMBLE IMPRESSIONNANT LES bâtiments de la Ferme, vraiment moderne, sontnouvellement construits suivant les derniers perfectionnements ; ilsforment un quadrilatère de 250 mètres de long sur 50 mètres de large.Ils comprennent : Le pavillon du régisseur ; Une salle commune pour le personnel ; Une vacherie pour 64 vaches laitières ; Une vacherie pour 36 vaches ; Une vacherie pour 56 génisses ; Une vacherie pour 50 veaux d élevage ; Dix box pour chevaux de pur-sang.; Des porcheries pour 1.000 porcs à l'engrais ; Une porcherie d'élevage pour 60 mères et leurs porcelets ; Une écurie pour juments de travail ; Un atelier de réparations ; Une remise pour instruments agricoles ; Un bâtiment de 50 mètres delongueur, construit sur piliers en ciment armé, dont le rez-de-chausséesert également de remise et le premier étage aménagé en 6 chambres,toutes exposées au Midi pour le logement du personnel ; Un autre bâtiment est réservé à la préparation des aliments, danslequel sont installés des concasseurs de grains, des brise-tourteaux,etc . En dehors de ce quadrilatère sont édifiés : au Nord, la laiterie,bâtiment tout-à-fait indépendant ; au Sud, la Cidrerie et son vastecellier et à l'Ouest, le Château d'Eau. HERBAGES, TERRES ET BOIS LA majeure partie de la superficie de ce Domaine est enherbages de qualité à l'herbe abondante, drue et nutritive, complantéepour la plupart de Pommiers en plein rapport, qui fournissent un crû decidre de qualité et renommé et tel calvados merveilleux. Ces herbages sont divisés en vastes paddocks ayant chacun leuraffectation : les uns pour les taureaux, les autres pour les génisseset vaches laitières et les poulinières ou les pur-sang, d'autres encorepour les porcs, alors que quelques uns sont affectés à des essaisd'élevage et d'engraissement de plusieurs races de moutons, qued'autres encore sont envisagés comme parcours de pondeuses intensives.On peut « charger » ces herbages jusqu'à deux têtes de gros bétail àl'hectare, ce qui vous fixe sur l'importance du cheptel. Les eaux résiduaires qui sont épandues en irrigations dans quelquesparties, grâce à l'utilisation ingénieuse des pentes et l'arrosage aupurin entretiennent et augmentent cette fertilité, méthode excellentedont M. Engelhard a justement montré la valeur dans « Organisation et Conduite du Domaine Rural ». Les terres de première qualité, argilo-siliceuse, limon de plateau,ayant une couche arable de 1 m. 20 environ, donnent des rendementscomparables aux meilleures terres de Brie et de Beauce : Blé l'hectare,32 quintaux à l'hectare, Avoine 28 quintaux, Betteraves demi-sucrières : 50.000 kilogs. La récolte des fourrages artificielsétait, cette année, de 4.000 kilos à l'hectare, sans engrais. Les principales cultures sont : Blé, Avoine, Escurgeon, Orge deprintemps, Seigle, Pommes de terre, Betteraves demi-sucrières,Rutabaga, Carottes fourragères, Trèfle géant des Flandres, Haricots, enun mot tous les produits nécessaires à la nourriture des animaux élevéset engraissés par la Ferme, ainsi que pour les besoins du personnel. PORCHERIE ET PORCS LES Porcs sontet doivent être une des principales spéculations animales del'exploitation, d'une part pour la vente des reproducteurs de choix,d'autre part et en infiniment plus grand nombre, pour l'engraissement.Le Porc est le meilleur utilisateur des sous-produits de la Laiterie etde la Fromagerie, comme il l'est des eaux grasses et des déchetsalimentaires d'une ville, en complétant cette alimentation par lepaturage, le fourrage vert, l'ensilage, les résidus industriels(tourteaux, manioc, etc.), les grains non marchands, etc. L'élevage industriel ainsi compris nécessite des aménagements qui n'ontaucun rapport avec les petits toits à porcs fermiers. C'est pourquoi ona construit et aménagé une très vaste Porcherie qui s'agence enéquerre, avec une vaste salle de préparation et de distribution desaliments à la jonction. La disposition, l'équipement de cette Porcherie, occupant un bâtiment,dont l'aménagement est ultra-moderne : sol dallé et écoulement parfaitdes urines à 3 cm. par mètre, sont poussés au maximum de la perfection.Les loges qui se succèdent de chaque côté d'un couloir centralau-dessus duquel circulent des bennes d'un transporteur aérientransportant la nourriture et permettant l'enlèvement rapide desfumiers, mesurent intérieurement 3 m. 50 x 2 m. 50. Elles ne sont pasfaites en ciment armé, ni en briques, mais en tube de fonte américaine,ce qui permet de les nettoyer et de les peindre très facilement,évitant ainsi toutes les épidémies qui sévissent généralement dans lesPorcheries où les cases sont moins aérées. Les mangeoires, en tôlegalvanisée, sont basculantes ce qui permet leur nettoyage facile avecun jet projetant l'eau sous pression arrivant du château d'eau. L'aération est largement assurée par des châssis vitrés mobiles peintsen bleu, pour assurer:la tranquillité des animaux et supprimer presqueentièrement la présence des mouches (qui ont horreur de la couleurbleue) ; en plus de ces baies, le renouvellement d'air s'effectue pardes cheminées d'aération. Deux nouvelles. Porcheries d'engraissement sont en construction suivantles derniers perfectionnements, pPour loger 2.000 porcs. L'une d'ellesutilise une partie de la Vacherie. Toutes deux comporteront troisrangées de cases, et deux allées de service. Le Verrat (ou « ananas ») de race large White Yorkshire est inscrit auPig-Book ; il provient de l'élevage du Baron de Rothschild auxVaulx-de-Cernay. Les races élevées sont : Large White, Craonnaise,Normande et. croisées Large White Normande. Ces trois dernièrescatégories de race sont réformées au fur et à mesure de leurremplacement par des sujets de la race Large White pure, pour n'avoirqu'un élevage Large White dont les produits sont destinés à êtrevendus, le choix comme reproducteurs et les réformés engraissés. LA VACHERIE ET LES VACHES LA Vacherie est une des plus vastes que nousconnaissions ; c est aussi une des plus remarquablement équipées. Lesol en est entièrement cimenté et les animaux sont disposés en deuxtravées tête à tête, avec mangeoires à cornadis aux attachesaméricaines automatiques, celle qui permet d'attacher rapidementles animaux, de les maintenir dans une limite raisonnable afin qu'ilsse tiennent propres et dans le confort le plus poussé. La Vacherie renferme un troupeau de 40 belles vaches laitières de raceNormande, en plus des meilleures génisses de choix, environ 30, de mêmerace, pour l'accroissement et le renouvellement graduel du troupeau.Vaches, génisses, taureaux et taurillons vivent en plein air du 1erMars au 1er Novembre et rentrent à l'étable la nuit seulement pendantles quatre mois d'Hiver où ils reçoivent une nourriture abondante debetteraves réduites en cossettes, de menue paille de blé, de tourteauxet fourrages ensilés. Un Silo vertical métallique américain Louden, d'une contenance de 200tonnes métriques, a été, en effet, édifié contre la Vacherie, afin decompléter la nourriture des vaches à l'étable par les fourragesensilés. Ce Silo est un des plus importants et anciennement construitdans la région. Le fourrage ensilé peut également compléter la rationalimentaire des porcs. La traite se fait dans des parcs à traites aménagés dans chaque herbageet le lait est transporté immédiatement en bidons fermés à la laiterie,ce qui le garantit de toute souillure et permet de faire ainsi unbeurre fin dé toute première qualité qui peut constituer une marque. LA LAITERIE ET LA FROMAGERIE 1° Au rez-de-chaussée surélevé :Une salle d'Écrémage et de Fabrication du Beurre ; Une salle deMaturation pour la Crème Une salle d'Expéditions ; Une Laverie deBidons, et Deux pièces réservées pour aménagement d'une Fromagerie ; 2° Au sous-sol : Une Chaufferie ; Deux caves d'Affinement de Fromages ;Une salle de Frigorifique. Le Beurre est vendu deux fois par semaine àLisieux et est classé en qua-lité extra, par suite des soins apportés àsa fabrication. ÉCURIE ET JUMENTS L'Écurie des Juments de travail a été aménagée dans unepartie des dépendances directes du Château, dont on a assuré lescommunications du côté de la ferme. Cette écurie comprend quinzestalles avec abreuvoirautomatique pour chaque animal ; elle est complétée par une sellerie.L'éclairage et l'aération sont assurés par des châssis mobiles peintsen bleu. L'effectif est composé de 7 juments de trait de race PercheroneAugeronne, inscrites au Stud Bock Augeron ; 2 pouliches de 18 moiségalement inscrites ; 1 pouliche de 6 mois également inscrite ; 2poulains de 5 mois également inscrits. Les juments qui ont concouru, cette année, à Lisieux, comme ellesconcourent chaque année avec les meilleures de la région, se sontparfaitement classées et ont obtenu des prix. CIDRERIE ET CELLIER LE Clos du Houlley est un cru de Cidre fameux, célèbreet classé, et un cru de « Calvados » magnifique. Mais, pour fabriquerune boisson de cette qualité, il importe de modifier, d'intensifier etd'industrialiser le mode opératoire. C'est pourquoi, aux ancienssystèmes de cidrification, au matériel courant, est substituée uneinstallation modèle avec pressoir continu de la maison Emidécan, deParis. La rape peut traiter 20 tonnes de pommes, par jour, la pressehydraulique 10 tonnes. Le refoulement des jus se fait par pompe électrique. Les bassins derémiage sont construits en ciment armé et d'une contenance de 110hectolitres. La batterie des foudres est d'une contenance de 1.500 hectolitres, dans un cellier attenant au pressoir. ÉQUIPEMENT GÉNÉRAL LE matériel nécessaire- à une telle exploitation esttout naturellement très important et comprend tout ce qui estnécessaire au bon fonctionnement d'une ferme moderne, entre autres :une batteuse à moteur électrique, un tracteur international 8/16 CVavec sa charrue trisocs et son pulVérisatenr, le petit matériel dintérieur (broyeurs a ors, aplatisseurs d'avoine, concasseur detourteaux, hache-paille, coupe-racines, scies circulaires, etc.). L'éclairage électrique est assuré dans toute la ferme. Le courant pourforce motrice et éclairage est fourni par l'usine de Goulaffe-au-Breuil(Société Electrique du Littoral Normand). Il arrive en un transformateur à la tension de 15.000 volts et estlivré à la consommation à 120 volts pour les lampes et à 220 volts pourles moteurs. Le courant alimente 300 lampes de 32 bougies et 12 moteursde différentes forces. La propriété renfermant des sources très importantes captées etcanalisées, qui alimentent une pompe centrifuge d'un débit horaire de8.000 litres commandée automatiquement par le flotteur du Château d'Eau. Ce dernier en ciment armé, de 50.000 litres de capacité, est soutenupar quatre pylones en ciment armé de 15 mètres de hauteur. Cette eauest distribuée dans tous les bâtiments de la ferme et dans la plupartdes herbages. Il est peu d'exploitations en France qui peuvent présenter un exempleaussi complet, aussi remarquable, aussi vaste, aussi perfectionné pourfaire de la culture, de l'élevage, de l'industrie agricole, sous laforme moderne intensive que les conditions économiques obligent àenvisager. Je suis persuadé que cette visite rapide, au cours de laquelle maintesinstallations n'ont pu être vues en détails, vous a interéssé. Tout cequi est déjà réalisé, tout ce qui est prévu, témoignent d'effortssoutenus dont nous suivrons avec intérêt le développement normal. CYR. DE MONTMAGNY. ![]() ![]() LE LEXOVIEN - 25 décembre 1926 Les "Porcheries Générales" Lundi soir, le bruit se répandit en ville que M. Vilbel,directeur-fondateur des Porcheries Générales de Courtonne-la-Meurdrac,avait été arrêté à Paris. Il y causa une vive émotion, plusieurs de nosconcitoyens étant en relations d'affaires avec cette Société, qui leurest redevable de sommes importantes.DE COURTONNE-LA-MEURDRAC L'exploitation du Clos du Houlley ___________ Laplace dit Vilbel, fondateur de la Société, est poursuivi pour escroqueries et arrêté à Paris. On se rappelle qu'il y a un an environ une affaire considérable futlancée, à grand renfort de circulaires et de publicité il s'agissait del'élevage industriel du porc, pratiqué sur une vaste échelle, et quidevait donner des bénéfices fabuleux. Un catalogue luxueux, édité surpapier glacé, avec de superbes et nombreuses photographies, donnait lesdétails les plus complets sur l'affaire. Il contenait des vues dudomaine du Clos du Houlley, où sont installées les porcheries, desfermes de Douville, de la Hardouinière, de la Maison, de Piémontel. La Société avait acheté encore le domaine de Glatigny, où elle avaitl'intention d'installer une maternité porcine. Une enquête de commodoet incommodo avait même été faite à ce sujet, et l’opinion s'étaitpréoccupée de l'influence que pourrait avoir cette installationsur les sources qui alimentent la ville, et qui se trouvent à peu dedistance. Le catalogue ne manquait pas de donner des photographies deschâteaux de Glatigny, de Saint-Jacques-Lisieux, de la ferme de Gally,du parc du château de Versailles (textuel), de la ferme du Trou-d'Enferà Marly-le-Roi (Seine-et-Oise), et des herbages des camps d'aviation deSaint-Cyr et de Buc. Comment Laplace a lancé l'affaire Le prospectus était très alléchant : « L'exploitation agricole etd'élevage du « Clos du Houlley » disait-il, a pu, avec sesdomaines de grande importance, sacrifier une vingtaine d'hectares, surles 900 (!!) qu'il comporte, à une section de « porcs d'engraissement ». « Son système est des plus heureux, car il permet à tout le monde de serendre propriétaire d'un ou de plusieurs porcs, la Société se chargeantde les engraisser pour leur compte. « On peut dire que c'est l'élevage à la portée de tous, car on voitchaque jour les plus modestes capitalistes propriétaires de leurcochon, sans en avoir la charge ni les désagréments. « Par ailleurs, c'est un placement à court terme (quatre à cinq mois),ce qui est toujours très agréable dans la période financière que noustraversons. « Le prix d'achat, en y ajoutant les frais d'assurance, de nourriture,d'entretien pendant toute la période d'engraissement, représente untotal de 609 francs (prix actuel). « Du prix de vente on déduit la somme versée par l'acheteur, et ladifférence constitue le bénéfice dont la moitié revient au capitalistel'autre moitié étant acquise à la Société pour ses peines et soins.Rien n'est plus simple. « L'animal est immatriculé sur les registres de la Société et la porcherie ou il est engraissé est indiquée à l’acheteur. « Le seul risque était la mort du porc, mais la Société assurant tousses animaux, par ses propres soins, ce risque disparaît et, au cas oùl'animal viendrait à mourir, il est immédiatement remplacé par un autre du même poids, de façon que l'opération se continue sans interruption. Le client ne pourra donc subir aucune perte ». On promettait des dividendes de 34 %, pouvant même aller jusqu'à 66 %. Le siège social était à Paris, 8, rue Drouot. Les souscriptionsaffluèrent. Les trop confiants actionnaires eûssent pu s'informer àl'adresse indiquée. Ils y auraient appris que Vilbel avait prissuccessivement les noms de Louys, de Bardot, de Williams, en plus dusien, qui est Pierre Laplace. Il avait fondé successivement l'Agence Williams, service de renseignements financiers, puis les Porcheries Maconnaises et de Gambais, qui se transformèrent en Porcheries Françaises et Maconnaises, puis en Société des Porcheries Générales. S’étant adjoint deux associés, de B.., et M..., qui apportèrent des capiteux, Vilbel organisa une nouvelle entreprise, Les Bergeries Africaines. Cependant, on faisait à Courtonne-la-Meurdrac des travaux considérablesdont le devis était de trois millions au moins. Les entrepreneursn'étaient que très irrégulièrement payés. Mais Vilbel louait àSaint-Cloud, 90, boulevard de Versailles, une villa meublée d'un loyerde 20.000 francs, où il habitait avec sa femme et où on menait grandevie. Deux voitures automobiles lui permettaient de se transporterrapidement dans ses nombreux domaines. On commence à se méfier Mais un jour Vint où certains actionnaires s'étonnèrent de ne pas voirarriver les dividendes promis. Ils eurent la curiosité de se rendre àCourtonne. Ils virent d'immenses porcheries, mais de porcs, très peu.Il devait y en avoir 6.000, on en apercevait que quelques centaines.Aucun d’ailleurs, ne portait de marque distinctive, indiquant qu’ilappartenait à tel ou tel actionnaire. Avec un magnifique aplomb, le directeur expliquait alors que lescochons étaient lis en pension chez les cultivateurs desenvirons. Mais la plupart courent dans les bois, en liberté. Et ilajoutait : « Rien n'est excellent pour les jeunes porcs reproducteurs, comme leurmise en pâturage, méthode rationnelle et économique. Ilsacquièrent à ce régime de la rusticité et de la vigueur. Le soir, lesporcs regagnent d'eux-mêmes leurs abris, où une litière chaque jourrenouvelée les attend ». Cette explication fantaisiste ne satisfit pas tout le monde. Desassemblées d'actionnaires, plus ou moins régulières, avaient beauporter le capital social de 500.000 francs à 2 millions, puis à 8millions, des plaintes furent déposées au parquet. Bientôt ellesaffluèrent par centaines. La justice s'en mêle M. Cauwès, substitut du procureur de la République, à Paris, ordonnaune enquête, qui fut confiée à M. Genty, juge d’instruction. Desperquisitions furent faites dans les diverses propriétés des PorcheriesFrançaises. Elles eurent pour résultat de faire constater que lessouscripteurs étaient victimes d’une vaste escroquerie, que Vilbel,grâce à des falsifications d’écritures, s’était rendu propriétaire dela majorité d’un capital qu’il n’avait pas souscrit, et qu’il avaitdilapidé pour ses besoins personnels et pour des spéculations de bourseles sommes considérables versées par ceux qui avaient eu confiance enlui. M. Cauwès et M. Genty se rendirent rue Drouot, où ils saisirent leslivres. Ils n’y trouvèrent pas d'argent. Ils mirent Vilbel en étatd'arrestation, et on saisit 15.000 francs qu'il portait sur lui, et quiconstituent actuellement, en argent liquide, tout l'actif de la Société. Le passif s'élèverait, disent nos confrères de Paris, à 15 millions. On a perquisitionné également dans la villa du Saint-Cloud, petitpavillon de deux étages au milieu d'un jardin, que Vilbel avait louéjusqu'en mai 1928. Puis dans un élégant appartement que M. et MmeVilbel occupaient à Paris, 117, rue Caulaincourt, à Montmartre, et oùils avaient fait de luxueux travaux d'aménagement. Au cours de cesperquisitions, on n'a trouvé ni bijoux, ni valeurs, ni argent. Vilbelavait pris ses précautions. Quai des Orfèvres, au cabinet de M. Lefebvre, commissaire auxdélégations judiciaires, le défilé des plaignants est incessant. Dansla seule journée de mardi, le montant des plaintes déposées formait untotal de 580.000 francs. Non seulement Vilbel filoutait ses actionnaires, mais il ne payait passes fournisseurs. L'imprimeur des fameux catalogues avec lesquels leDirecteur des Porcheries Françaisesamorça tant de dupes, n'est pas payé et réclame une soixantaine demille francs. Le personnel des bureaux de la rue Drouot : sténos,dactylos, comptables, etc., attend encore ses appointements. Letapissier et l'architecte qui ont aménagé le somptueux appartement dela rue Caulaincourt ne sont pas davantage soldés. A la suite de la perquisition faite à Saint-Cloud, Mme Laplace-Vilbel aquitté sa villa vers 7 heures du soir pour une destination inconnue.Les domestiques et le chauffeur sont partis également. La villa estfermée. Notre visite au Domaine du Clos du Houlley Le domaine du Clos du Houlley est situé sur le territoire deCourtonne-la-Meurdrac, sur le plateau de la route de Paris, à 6kilomètres environ à l'Est de Lisieux. On y accède par le chemin qui part de la route de Paris, et débouche sur Glos un peu avant le passage à niveau du chemin de fer. En entrant sur la propriété par un chemin qui conduit aux bâtimentsd'exploitation, on aperçoit à l'extrémité d'une splendide avenue, lechâteau à façade en briques et pierres, avec ses communs etdépendances, qui forment un ensemble de belle allure. Nous avons tenu à nous rendre compte par nous-mêmes de l'importance destravaux exécutés sur le domaine et de l'état actuel de l'exploitation.Dans le bâtiment de l'administration, qui est en même tempsl'habitation du directeur M. Maintier, nous avons été reçus trèscourtoisement par M. Doucet, commissaire de police à la Direction de laSûreté générale. M. Doucet a été chargé par le Juge d'Instruction desaisir tout ce qui se trouve sur le domaine et d'en faire l’inventaire.Les opérations se font parallèlement avec celles de M. Genty, à Paris.Elles ont commencé le même jour et à la même heure, lundi, à 14 heures,à Paris et à Courtonne. M. Doucet était arrivé dimanche il est accompagné de trois inspecteurs de la Sûreté, MM. Lecerre, Lesseur et Jouquey. Le commissaire a invité M. Maintier, directeur, à se tenir à la disposition de la justice. Un des premiers soins du juge a été de mettre à la tête del'exploitation M. Gardet, sous-directeur, qui a été chargé desfonctions de directeur en attendant la nommination d'un liquidateurdéfinitif. Il y avait urgence en effet. Sur le domaine se trouve comme on le verraplus loin, un assez nombreux cheptel dont l'entretien ne souffre aucunretard et un personnel assez important qu'il faut diriger. Le commissaire a mis des scellés sur le château, où M. et Mme Laplacevenaient souvent habiter. Ce château est l'ancienne propriété de M. lemarquis de Neuville. Les nouveaux propriétaires y ont fait pour plus de500.000 francs de travaux. Des rideaux de dentelle, aux fenêtres dusalon, n'ont pas coûté moins de 98.000 francs. Un exemple donnera une idée du gaspillage d'argent auquel se livrait leménage Laplace. Madame avait une très belle auto qui l’amenait de Parisau château et vice-versa. Malheureusement, une petite chienne qu'elleaime beaucoup ne s'y plaisait pas et donnait, tout le temps du voyage,des signes d'impatience. On acheta donc pour la fifille à sa mémère etses compagnons à quatre pattes une voiture Renault, conduiteintérieure, qui suivait celle de ses maîtres. L'exploitation agricole Sur le domaine ont été construits des bâtiments extrêmement soignés.Nous visitons une vacherie aménagée suivant les derniersperfectionnements modernes, mangeoires et sol en ciment armé, wagonnetssuspendus à un monorail sur lequel ils glissent doucement, pourapporter la nourriture devant chaque bête. Il y a là une quantité debestiaux qui semblent fort bien soignés. D'ailleurs à ce que nous dit l’ingénieur agricole qui nous fait très aimablement les honneurs de cette exploitation in-extrémis, il existe sur le domaine environ 200 têtes de bétail, vaches, des chevaux et de très belles juments poulinières. Quant aux cochons, que nous visitons dans leurs porcheries claires,bien aérées, où ils sont parqués dans des boxes à jour. il y en aactuellement plus de 500 (exactement 509). Ce nombre s'accroitrapidement à l'heure actuelle, car il nous a été donné de parcourir uneporcherie où une cinquantaine de superbes truies sont prêtes à mettrebas. Pour plusieurs c'est déjà chose faite. Plus loin, c’est l’abattoir, puis une salle pour la charcuterie, et desporcheries, des porcheries encore, qui s’alignent en longue perspective. Partout l’eau est distribuée à profusion. On est allé capter deuxsources au bas de la vallée. Une pompe et deux béliers l'élèventjusqu'à deux châteaux d'eau en ciment armé. Partout l'électricité donnela force et la lumière. Il y a encore des bâtiments en cours deconstruction. Il est impossible d'évaluer le prix que peuventreprésenter ces travaux, d'après une simple visite. Mais il est certainqu'en l’estimant à 2 millions, on est au-dessous de la vérité. Tout cela est très bien conditionné, la maçonnerie, les installations,sont très soignées et faites pour fournir un long et sérieux usage. Aupoint de vue agricole et industrielle, tout semble parfait, et il estbien fâcheux qu'une affaire aussi intéressante n'ait été au fond qu'unevaste escroquerie. Mais l'entreprise pêchait par la base. La contenance des terresd'exploitation, 216 hectares, est notoirement insuffisante pourl'entretien et l'engraissement d'un cheptel aussi important. Lesbestiaux, en trop grande quantité, ne peuvent profiter et les terresperdent de leur valeur. Et cependant, Vilbel, toujours à l’affût des bonnes opérations, donnaitordre à son directeur, lorsque la baisse se faisait sentir, d'acheteret d’acheter encore de nouvelles têtes de bétail. Les plaintes continuent à affluer Au bureau de M. Lefebvre, commissaire aux délégations judiciaires àParis, les plaintes arrivent en foule. La plus importante s'élève à80.000 fr. D'autres varient entre 20.000 et 600 fr., mais la grandemajorité ne dépasse guère 2.000 francs. La totalité s'élève actuellement à environ un million, mais on suppose que ce chiffre sera dépassé. Dans cette somme ne figurent pas toutes les dettes que M. Vilbela contractées, tant à Paris que dans la région et dont le chiffre exactne pourra être établi que par l'enquête. De son côté, M. Doucet reçoit à Courtonne de nombreuses plaintes. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des suites que comportera cette gigantesque affaire. Les châtelains de Courtonne quittent leur seigneuriale demeure Bien que Vilbel n'ait été arrêté que lundi dernier, à 2 heures, à sonbureau de la rue Drouot, à Paris, la justice suivait avec curiosité sesfaits et gestes depuis le mois d'août. Ces temps derniers, il avait étéquestionné à plusieurs reprises et de façon pressante. Vilbel sentait probablement le terrain se dérober sous lui et sa femme,discrètement, il procédait au déménagement des objets précieux, lin,dentelles, argenterie, bijoux, etc., qui se trouvaient dans le châteaude Courtonne. Lundi dernier, trois malles-paniers et deux corbeilles à linge,arrivaient en gare de Courtonne-la-Meurdrac. Elles avaient étéexpédiées le Vendredi 17 Décembre, à Saint-Cloud, à l'adresse dudirecteur de l'exploitation agricole. C'est M. Doucet, commissaire depolice, qui en a pris livraison hier. Ces malles étaient vides. Elles avaient servi à l'expédition dediverses marchandises et Mme Vilbel en faisait le retour avecl'intention de les employer à un nouveau déménagement. Les châtelains étaient à Courtonne samedi dernier. Vilbel est partidimanche soir pour Paris. Sa femme a quitté le château lundi, versmidi, avec ses domestiques, dans son automobile, suivie parl'automobile des chiens. Elle emportait trois grandes valises et sonsac à bijoux qui ne la quittait jamais. Depuis, elle est introuvable. Aux différents endroits où on espéraitqu'elle avait pu se rendre, chez son gendre et sa fille, à Saint-Cloud,chez sa sœur à Vichy, on ne l'a pas vue. ![]() ![]() L'Ouest-Eclair du 19 juillet 1929 |