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Assassinat d'une Rentière à SaintJulien-de-Mailloc (1909). Numérisation du texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (24.IV.2013) [Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros]obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographe etgraphieconservées. Texteétabli sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : Norm31bis) de la Revue illustrée du Calvados, 3eannée n°2 - février1909. Assassinatd'une Rentière à Saint Julien-de-Mailloc ~*~![]() Dans la matinée du lundi 11 janvier Mme veuve Chappey, propriétaireà St-Julien-de-Mailloc, était trouvée morte devant la cheminée de sacuisine et baignant dans une mare de sang par son jeune domestiqueFernand Lefèvre, âgé de 24 ans, au moment où, de retour de Lisieux, il rentrait à lamaison de sa patronne. Il prévenait immédiatement le garde-champêtre et M. Duchesne, adjoint aumaire, qui avertit aussitôt le juge de paix d'Orbec. Celui-ci se rendit sur les lieux accompagné de M. le docteur Bréhierqui, après examen du cadavre de la victime qui portait à la tête, outreune blessure à la tempe produite par un coup de fusil, des traces de coups decouteau, refusa le permis d'inhumer. Le parquet de Lisieux fut immédiatement prévenu et commença son enquêtedans l'après-midi du mardi. Les premières constatations firent reconnaître que le vol n'était pasle mobile du crime ; aucun désordre n'a été constaté ni dans la cuisine,ni dans les autres parties de la maison ; plusieurs sommes d'argent etdes bijoux ont été trouvés un peu partout et les meubles n'avaient point été fouillés. On ne relevait aucune trace de lutte. Près du cadavre de Mme veuve Chappey on avait trouvé un fusilappartenant à la victime qui avait été renversée au moment où elleétait occupée à couper du pain pour la soupe. Les présomptions premières furent que Mme Chappey, qui était assisedevant la table, avait été frappée de plusieurs coups de couteau auvisage et achevée ensuite par le coup de fusil qui lui avait été tiré dans la tempe, àbout portant. L'autopsie du cadavre pratiquée par M. le docteur Lesigne, médecinlégiste, assisté de M. le docteur Bréhier, établit les points suivants : La cervelle était en bouillie et la charge de la cartouche - bourre etplomb - a été en partie retrouvée dans la boîte crânienne. Riend'anormal ne fut découvert dans l'intérieur du corps. L'estomac de lavictime contenait encore des aliments non digérés, ce qui indiquaitqu'il n'y avait guère plus de deux heures après son repas que MmeChappey avait succombé. Les agents de la police de Caen arrivèrent à St-Julien-de-Mailloc, le jeudi et menèrent activement leurs recherches. Le vendredi matin le parquet procédait à une reconstitution du crime enprésence des agents et des gendarmes. Jusqu'à ce moment aucune piste sérieuse n'était suivie. L'un desproches voisins de la victime, M. Flabel, avait entendu le dimanche,vers 3 heures, un coup de feu venant de la maison Chappey ; le soir,vers 7 heures, un autre coup de feu avait également troublé la nuit. On savait également que le dimanche soir deux individus avaient demandéà coucher dans un grenier appartenant à M. Deshayes, fermier, et situéprès de la halte de St-Julien ; des traces de sang avaient étéremarquées à l'endroit où ils avaient couché. Ces deux individus avaientvolé deux lapins à Mme Judo, receveuse à la gare. Toutes lessuppositions se donnaient libre cours. On recherchait avec soin l'exact emploi du temps du domestique Lefèvrequi prétendait avoir quitté St-Julien-de-Mailloc pendant toute lajournée du dimanche, qu'il avait passée à Lisieux, et n'être rentré quele lendemain matin. ![]() En poursuivant les investigations, on avait retrouvé deux condamnationspour vol, prononcés contre Lefèvre, par le tribunal de Pont-fEvëque quile faisait rechercher. En outre, on acquit la certitude que la conduite antérieure dudomestique n'était pas précisément exemplaire. Partout où il avait passé il s'était livré à des actesfrauduleux et l'on se souvenait de lui comme d'un garçon sournois,coléreux et menteur. Il avait menti à Mme veuve Chappey lorsqu'elle le prit à son service enlui disant qu'il avait été employé dans une ferme à Saint-Désir. Les antécédents de Lefèvre, ses mensonges, ses déclarationscontradictoires dans ses diverses dépositions, autorisaient à son égardles suppositions les plus défavorables. Conduit à la prison de Lisieux, il subit divers interrogatoires dont lerésultat tendit à préciser sa responsabilité dans l'assassinat du 10janvier. Enfin, pressé de questions et reconnaissant l'impossibilité decontinuer plus longtemps ses mensonges, Fernand Lefèvre avouait lesamedi 23 janvier qu'il était bien l'auteur du crime, mais qu'il avaittué accidentellement Mme veuve Chappey. Une nouvelle descente duparquet faite la veille avait amené la découverte dans une haie d'unrevolver chargé encore de quatre balles. On reconnut qu'il avait passéla journée du dimanche à Saint-Julien-de-Mailloc, contrairement à sesdires. Il n'avait pas pris le train du matin àSaint-Martin-de-Mailloc, mais bien le train de 8 heures et demie dusoir à la gare de St-Pierre-de-Mailloc. Arrivé à Lisieux, il s'étaitrendu dans la soirée dans un établissement de la foire et dans diverscafés, puis avait passé une partie de la nuit dans la ville et étaitreparti le lendemain matin. C'est en rentrant à St-Julien-de-Maillocqu'il voulut faire croire à la découverte par lui du crime dont ilétait l'auteur. Il aurait prétendu depuis avoir tué Mme veuve Chappey, le dimanche vers4 heures, à la suite d'une violente discussion. |