Les coups de cœur de l'automne du café BD
Tous les deux mois, un samedi matin, un rendez-vous-à-ne-pas-manquer a lieu à la médiathèque de Lisieux. Pendant 2h, amateurs ou passionnés de bandes dessinées se réunissent autour d'un café, pour parler de leurs derniers coups de coeur, découvrir les dernières acquisitions de la médiathèque et les emprunter en avant-première. Ces rencontres sont ouvertes à tous, sans inscription, gratuitement. On peut y participer pour proposer ses propres lectures favorites, ou juste écouter Geoffrey et Christelle proposer leurs dernières lectures préférées.
Découvrez les coups de coeur du mois d'octobre de l'équipe de Lisieux. Cliquez sur les liens des documents pour consulter leur disponibilité ou éventuellement les réserver.
Pourquoi j'ai tué Pierre d’Olivier Ka et Alfred
Olivier, un garçon élevé dans une ambiance baba cool, est sans histoires et peu farouche. A 12 ans, il part en colonie de vacances où il se lie d'amitié avec Pierre, un curé. Celui-ci lui demande de toucher son corps. Olivier ne sera ni violé ni abusé, mais cet événement marquera à jamais son existence...
Avec sincérité, sans complaisance, factuellement et sans pathos, Olivier Ka nous raconte ouvertement ce soir de colonie de vacances où tout a basculé, créant un mini traumatisme, qui lui a pourri l’existence jusqu’alors. Le crime évoqué dans le titre est ici symbolique. Chaque chapitre commence par : j’ai tué Pierre parce que j’ai 7, 8, 9,10 ans… jusqu’à 35 ans, ou comment ce traumatisme a pris place et a évolué. Alfred, qui est un ami proche d’Olivier Ka, relate les différentes phases de ce malaise en utilisant des couleurs et des découpages appropriés à chaque évènement. Une analyse approfondie de ce texte et de ces dessins révèlerait sûrement beaucoup plus de choses... Lire cette BD.
Le partage des mondes d'Olivier Grenson
L’histoire se passe à Londres au moment où les Allemands pilonnent la capitale anglaise (le blitz). Le 26 novembre, Isaac, un jardinier veuf, rencontre la petite Mary. Elle revient de Springfield en Ecosse avec tous ces enfants qui ont été mis à l’abri des bombardements, impatients de retrouver leurs parents. Alors que les parents viennent récupérer leur progéniture à la gare, Mary échappe à la vigilance de ceux qui l’encadrent. Distraite par un chat, elle se perd dans Londres. Alors que les sirènes se mettent à hurler, Mary prend peur. C’est à ce moment qu’elle est recueillie par Isaac qui l’emmène dans un abri, le temps des bombardements.
Un lien fort, une affection profonde va se créer entre elle et Isaac. Pour rassurer la petite Mary, Isaac lui racontera un conte avec un arbre aux mille couleurs. Comme c’est une enfant très vive, elle prendra part à la création de ce conte. Cet imaginaire et la magie des rêves vont leur permettre de surmonter ces moments dramatiques qu’ils traversent et conserver un peu d’espoir dans un monde ravagé. C’est une histoire touchante dans un contexte d’apocalypse avec deux êtres qui vont, chacun à leur manière, s’aider à dépasser les drames qu’ils traversent. Le dessin réaliste d’Olivier Grenson est beau, passant de scènes de bombardement grisâtres, de rues détruites à des paysages oniriques aux couleurs flamboyantes. Lire cette BD.
Musée de Christophe Chabouté
Entre les statues de marbre et les tableaux de maîtres, les visiteurs du musée d'Orsay posent tantôt des yeux admiratifs, tantôt un regard perplexe sur les chefs-d’œuvre qui bordent les allées. Ils échangent dans un murmure discret et continuent leur déambulation. Mais lorsque les portes du musée d'Orsay ferment et que la nuit tombe, les sculptures et les peintures quittent la pose, descendent de leur socle, s'animent, se détendent, se mettent à se raconter, s'interrogent ou commentent ce qu'elles ont pu voir ou entendre au cours de la journée.
L’inversion des rôles permet de s’interroger sur notre rapport à l’art mais aussi sur notre façon de penser, de vivre. Le regard du lecteur sur l’histoire, celui des visiteurs du musée sur les œuvres et celui de ces dernières sur les visiteurs créent un effet amusant. Tout cela contribue à donner à cette BD quelque chose à la fois d’esthétique et de philosophique. C’est original, poétique, beau. La mise en page met en avant le propos tenu. Le noir et blanc qui est présent partout permet subtilement de rentrer dans l’histoire et de s’y attarder. A lire, à faire lire, à offrir !

Ulysse & Cyrano de Xavier Dorison et Stéphane Servain
Le jeune Ulysse Ducerf semble avoir un avenir tout tracé en reprenant, après ses études, l'entreprise cimentière familiale. Pourtant, lorsqu'il s'installe avec sa famille en Bourgogne pour échapper aux graves accusations visant son père, sa rencontre avec Cyrano, un homme bourru et mystérieux, change son destin à jamais.
Une très jolie bande dessinée sur la gastronomie, l'amitié et l'épanouissement. Lire cette BD.
La route de Manu Larcenet
Dans un monde postapocalyptique dévasté, un père et son fils errent sur une route, affrontant le froid, la pluie et la neige, fuyant toute présence humaine. En un voyage crépusculaire, poussant leur chariot rempli d'objets hétéroclites, ils marchent vers la mer.
Superbe adaptation en BD du roman culte de Cormac McCarthy. On retrouve tout ce qui faisait l'ambiance si pesante du roman. Une histoire glaciale portée par des dessins ultra-détaillés et des visages expressifs. Lire cette BD.

Les nouvelles aventures de Bruce J. Hawker de Christophe Bec et Carlos Puerta
Bruce J. Hawker est de retour, au commandement du Lark. Mais à bord, les rumeurs vont bon train : le voilier serait maudit, à moins qu'il ne s'agisse de son capitaine.... Ce n'est pas l'intéressé qui démentira, exigeant de ses hommes qu'ils le suivent jusqu'au bout de l'enfer. Et lorsque la vigie du Lark aperçoit la voile d'un ordre disparu depuis presque cinq siècles, on peut se demander si ce n'est pas réellement le diable qui tient la barre...
Les deux auteurs revisitent un classique de la BD d'aventures maritimes en reprenant un héros emblématique. Les dessins frôlent le photoréalisme, et Bec nous livre un scénario riche et bien ficellé. Lire cette BD.
La cuisine des ogres de Fabien Vehlmann et Jean-Baptiste Andreae
Dans le massif de la Dent du chat vivent des ogres anthropophages. La jeune orpheline Blanchette est capturée avec d'autres enfants pour servir de dîner aux habitants du massif. Grâce à son courage et à beaucoup de chance, elle échappe à chaque fois à la mort ce qui lui vaut le surnom de Trois-fois-morte. Avec l'aide du korrigan Brèche-Dent, la jeune fille entreprend de sauver ses amis.

Nous voici ici face à un conte pour adulte, dans la même veine que la série des Ogres-Dieux de Hubert. Une petite fille débrouillarde va tout faire pour s'échapper de l'enfer des cuisines des ogres. Grâce au talent d'Andreae, chaque planche est un régal pour les yeux ! Lire cette BD.
Le prochain rendez-vous du café BD sera exceptionnel, en présence d'un scénariste et dessinateur... Toutes les informations sont à retrouver ici.