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Les coups de cœur de l'été du café BD

Tous les deux mois, un samedi matin, un rendez-vous-à-ne-pas-manquer a lieu à la médiathèque de Lisieux. Pendant 2h, amateurs ou passionnés de bandes dessinées se réunissent autour d'un café, pour parler de leurs derniers coups de coeur, découvrir les dernières acquisitions de la médiathèque et les emprunter en avant-première. Ces rencontres sont ouvertes à tous, sans inscription, gratuitement. On peut y participer pour proposer ses propres lectures favorites, ou juste écouter Geoffrey et Christelle proposer leurs dernières lectures préférées. Découvrez les coups de coeur du mois de juin de l'équipe de Lisieux.

 

L'héritage fossile de Philippe Valette

Couverture de la BD "L'héritage fossile"

Après l'extravagant Jean Doux et le mystère de la disquette molle, Philippe Valette revient avec une bande dessinée aux thématiques science-  fiction assumées. Quatre astronautes s'envolent pour un voyage de 20 000 ans, le but étant de rejoindre une planète bien identifiée pour la survie de l'espèce humaine. Bien entendu, pour tenir sur un voyage aussi long, l'équipage rentre en stase par cycle de 25 ans. Les membres se réveillent seulement quelques jours pour la maintenance du vaisseau. En parallèle à ce voyage, on suit également une jeune fille et un homme âgé déambulant sur une planète désolée.
 
Cette histoire est sublimée par un dessin mélangeant 2D et 3D, original et efficace. Lire cette BD.

 

Alyte de Jérémie Moreau

Couverture de la BD "Alyte"Après avoir été écrasé par une voiture, un crapaud regroupe ses dernières forces pour porter son chapelet d'oeufs jusqu'à l'étang. Du seul oeuf indemne éclot un têtard désormais orphelin, Alyte. A peine né, il doit se battre pour échapper aux oiseaux, aux ours et aux dieux du monde de la rivière. Heureusement, le saumon Iode lui montre comment se servir des courants pour déjouer les pièges.

On suit Alyte, un jeune crapaud, qui rencontrera d'autres animaux avec qui il nouera des amitiés mais un grand danger guette toute la faune, la LETHALYTE ! Avec des couleurs flashy, l'auteur nous plonge dans une nature belle mais dangereuse. A hauteur de crapaud, on s'immerge dans une belle histoire initiatique au message engagé. Lire cette BD.

 

El diablo de Lewis Trondheim et Alexis Nesme

Couverture de la BD "El diablo"Parue en 2024, cette bande dessinée met en scène l'ancêtre du fameux Marsupilami. En Amérique du Sud, sur le nouveau continent, le capitaine de l'équipage cherche à tout prix l'or de la tribu des Chahutas. C'est sans compter sur la force de caractère du célèbre Marsu, et d'une étrange relation avec José, un membre de l'équipage.
 
Les planches de Nesme sont somptueuses avec une forêt luxuriante magnifiquement dessinée. Les couleurs sont également extrêmement soignées. Lire cette BD.
 
 

Plus loin qu'ailleurs de Chabouté

Couverture de la BD "Plus loin qu'ailleurs"Alors qu'il n'est jamais parti en vacances, un gardien de nuit décide de partir pour l'Alaska. Tout est finement préparé, le moindre détail est pensé, mais quand l'heure du départ arrive, un accident l'empêche de partir. Il n'est pas question pour lui de rentrer dans son petit appartement, aussi, il fait le choix de loger dans l'hôtel, juste en face de chez lui. Il découvrira son quartier de jour, fera des rencontres avec les habitants, et finalement, se rendra compte que pour voyager, inutile d'aller bien loin.

En fin observateur, Chabouté nous livre une nouvelle fois une histoire sensible, sublimée par son dessin en noir et blanc si caractéristique. Lire cette BD.

 

Le grand monde de Christian de Metter d'après le roman de Pierre Lemaitre

Couverture de la BD "Le grand monde"En mars 1948, à Beyrouth, la famille Pelletier est réunie autour de Jean, le père qui est aussi le directeur de la savonnerie qui a consacré sa réussite professionnelle et sociale. Le tour de table résume la situation des quatre enfants. Jean a renoncé à prendre la suite de son père ; François et Hélène s'installent à Paris ; tandis qu'Etienne va partir en Indochine. Le récit va nous faire vivre l'évolution de chacun dans sa vie professionnelle ou de couple, en même temps que des évènements extérieurs vont interférer avec chacun d'eux d'une manière ou d'une autre.

Il se passe énormément de choses dans ces 160 pages. Tout cela est très fouillé. Et très factuel. Christian de Metter parvient à mettre en scène l'ambiance pesante dans la famille, qui subit l'influence d'un père très occupé par les affaires qu'il a lancées après la seconde guerre mondiale. Tout comme le flashback du début, un procédé qui installe une tension et nous prévient que tout ne va pas se passer comme prévu. Un mélange de chronique sociale et d'enquête policière sur fond de magouilles d'après-guerre et de frustration familiale. Le dessin, avec la vivacité du croquis, est toujours maîtrisé et précis dans le réalisme, et les couleurs en demi-teintes donnent à la lecture le sentiment de remonter le temps. Lire cette BD.

 

Ava d'Emilio Ruiz et Ana Mirallès

Couverture de la BD "Ava"Nous retrouvons Ava Gardner lors de sa tournée de promotion à la sortie du film La comtesse aux pieds nus en 1954. À Rio de Janeiro, dans un contexte politique instable, la star y reçoit un accueil éprouvant, étouffant. La presse ne l'épargne pas. Avec Ava, est mise en lumière une vie teintée de violence : celle des hommes et de leur désir de posséder. Un portrait plus intime de celle qu'on a surnommé "le plus bel animal du monde", en proie aux désillusions.

Le scénario fait bien ressortir ses traits de caractère et la manière dont ils sont pervertis par la presse et les autorités brésiliennes pour la désacraliser. L’auteur met en avant son image caricaturée par les médias : arrogante, alcoolique, hautaine, fêtarde et briseuse de couples. Les illustrations d’Ana Mirallès sont réalistes, et racontent des choses qui ne sont pas racontées sur Ava Gardner et Rio : la beauté des décors et de la baie de Copa Cabana merveilleusement mise en lumière et en couleurs, la classe naturelle d’Ava, le bonheur que lui procure le chant… Et même si les traits du visage ne sont pas toujours exactement ceux de la star, sa personnalité saute aux yeux et elle semble vivante tant les regards sont expressifs. Adaptation très documentée et qui fait comprendre comment l’actrice a eu la force de s’affranchir des sociétés de production cinématographiques et de partir vivre en Espagne.. Lire cette BD.

 

Revoir Comanche de Romain Renard d'après l'oeuvre de Greg et Herman

Couverture de la BD "Revoir Comanche"Quelque part au fin fond de la Californie, au début du XXe siècle, Cole Hupp vit à l'écart du monde, en attendant la fin. Vivienne, une bibliothécaire curieuse de connaître la réalité du Far-West frappe à sa porte. Elle connaît son véritable nom : Red Dust, une légende inscrite dans la poussière et le sang du Wyoming. Vivienne est porteuse de nouvelles inquiétantes. Le ranch Triple 6, haut lieu des faits d'armes de Red, ne répond plus. Le vieux cow-boy n'a d'autre choix que de reprendre la route vers son passé. Un voyage à rebours parsemé de fantômes et de regrets au bout duquel il espère revoir celle qu'il n'a jamais pu oublier, Comanche.

Magnifique hommage avec ce récit situé plus de quarante ans après la série. Le dessin est entièrement traité en grisaille sépia, et le western a muté en drame noir. Tout comme le récit, ce road movie est puissant et la patte graphique de Romain Renard incroyable, comme dans toutes ses bande dessinées ! Lire cette BD.

 

A la ligne : feuillets d'usine de Julien Martinière d'après le roman de Joseph Ponthus

Couverture de la BD "A la ligne"D’abord éducateur de rue en région parisienne, Joseph Ponthus suit celle qui va devenir son épouse en Bretagne. Comme il ne trouve aucun travail, il s’inscrit dans une boite d’intérim. Il embauche alors dans les conserveries de poissons et les abattoirs. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c'est qu'il a eu une autre vie. Il se raccroche à ses souvenirs de lecture tels les poèmes d’Apollinaire, d’Aragon... L’usine déshumanise mais grâce à ces lectures il tient le coup.


Le quotidien brut de ces travailleurs de l'ennui est ici poétisé. Le roman et son adaptation BD proposent d’y voir une forme d’apaisement intellectuel, de plaisir, presque. Et ça dure ainsi sur plus de 200 pages. Lire cette BD.

 

Prochain café BD le samedi 27 septembre... Toutes les informations sont à retrouver ici.

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