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Une parodie curieuse del’art poétique de Boileau tiréed’un almanachde poche du XVIIIe siècle réimpriméepour les Pantagruélistes avecavant-propos par Le Corvaisier junior.-Rouen : Chez J.Lemonnyer,libraire, passage Saint-Herbland, 1879.- V-10 p. ; 18,5 cm.-(Curiosités bibliographiques - V)
Saisie du texte : O.Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (07.III.2005)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Mél : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusionlibre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphieconservées.
Texteétabli sur l'exemplaire d'une collectionparticulière.
 
Uneparodie curieuse
de l’art poétique de Boileau
tirée d’un almanach de poche duXVIIIesiècle,
 réimprimée pourlesPantagruélistes
avec avant-propos par
Le Corvaisier junior

page de titre (159 ko)


AULECTEUR
BÉNÉVOLE ET SANS PRÉJUGÉS

LA parodie, fortgoûtée de tout temps en France, n'a pas craint des'attaquer aux auteurs les plus illustres. Boileau, qui, dans son Chapelain décoiffé,s'étaitégayé aux dépens du grand Corneille, aété

Justeretour, Monsieur, des choses d'ici bas

parodié lui-même nombre de fois, au XVIIIesiècle et dans le nôtre.

Une des imitations les moins connues de son Art poétiqueest certainement celle que nous réimprimons pourl'« esbattement » du petit nombre depantagruélistes modernes qui ont conservé legoût de nos aïeux pour certains racontars de« haulte graisse ». Ce goût «si vivace encore aujourd'hui dans les campagnes, n'a pascomplètement abandonné les grandes villes,où les histoires SCATOLOGIQUES ontconservé leprivilège d'exciter une innocentegaîté. Je dis à dessein UNE INNOCENTEGAÎTÉ : il ne faut pas, en effet, mettre sur lamême ligne les images sales et les imagesobscènes. Celles-ci doivent être proscrites parcequ'elles sont dangereuses. Les autres sont exemptesd'inconvénient, parce qu'elles ne peuvent pas produire lemoindre désordre, provoquer le moindre excès».
 
Ces paroles du regretté P. Jannet, en tête de satraduction des Aventures de TilUlespiègle (Paris, 1866),nous mettent fort à l`aise pour parler du poèmeen deux cent quarante vers que nous offrons aux amateurs. Nous l'avonstrouvé, à la suite du calendrier del'année 1783, dans un volume petit in-16, de quarante-huitfeuillets non chiffrés, dont voici le titre exact : LETRIOMPHE | DU SENTIMENT, | ALMANACH | DES CHIEURS; | Contenant ce qu'ily a de plus agréable | surcette matière utile,précieuse | etodoriférante. | Enrichide laFOIROPEDIE et de | Chansons choisies et de goût| Suivi del'ART DE PETER, | Le toutdédié à tousles NEZ et aux |LECHEURS | POUR LA PRESENTE ANNEE. | A MERDIPHOPOLIS,| Chez FOIRENCUL, rue des Étrons | moisis, à laBouche ouverte. | AvecPermission des Vuidangeurs.

Cette plaquette, citée dans la Bibliothecascatalogica(page 30, n°62), est fort rare. Viollet-Leduc en apossédé un exemplaire qui n'est pasmentionné dans la deuxième partie du catalogue desa bibliothèque (Paris, Flot, 1847), et qui afiguré depuis, en novembre 1876, dans la vente G.-V. G.....à Rouen, où il a atteint le prix de 16 fr. 50,non compris les frais.

Nous avons donc éprouvé une surpriseagréable lorsqu'après avoirdéniché un autre exemplaire de cet almanachmignon, nous avons constaté qu'il renfermait un Art depéter tout différent de celui qu'on attribueà Hurtault. Au lieu de la prose de ce maître depension, nous avons trouvé un pastiche fortréussi de l'Art poétique,composécertainement par un versificateur habile. Nous avons perdu trois mois,- et comme l'aimable Charles Nodier, nous en avons vraiment perdu biend'autres que nous regrettons davantage, - à la recherche del'état civil de ce parodiste de Boileau. Nous n'avons pudécouvrir son nom, qui restera ignoré de lapostérité, à moins d'une heureuserencontre des Barbier de l'avenir.
  
Les crépitophiles d'aujourd'hui n'éprouveront pasmoins une satisfaction réelle à placer notrepetit poëme anonyme sur celles des tablettes de leurs cabinets secrets, où sontdéjà lesfacéties relatives à la seizièmelettre de l'alphabet, non loin de la dissertation historique,anatomique et philosophique qui porte le titre d'Eloge du Pet.Mercier de Compiègne la publiant, en l'an VII de laLiberté, disait dans sa préface qu'iln'était pas possible de tirer autant d'exemplaires de cetouvrage qu'il y a de péteurs sur la surface du globe, etqu'il avait dû se restreindre au petit nombre de ceux quiveulent rire et sont curieux d'ouvrages gais et rares, soità 1000 exemplaires.
  
Depuis quatre-vingts ans, le cantou bégueulisme moderne afait de nombreux progrès et il est, sans aucun doute, plusintense sous la troisième République que lors dela première. Notre éditeur a donc agi prudemmenten limitant le tirage du présent opuscule à 350exemplaires, y compris quelques - uns    surgrand papier, selon la mode du jour. La veuve Oudotprétendait, il v a plus d'un siècle(deuxième édition des Etrennesde laSaint-Jean, Troyes, 1742), que « çacoûte fort peu et se vend un tiers de plus, comme c'est lamanière ». Il faut bien faire payer le caprice desbibliomanes qui aiment dire, en montrant ou regardant leurs exemplaires: « Tout le monde n'en a pas. » Que ceux-ci, commetous nos autres acheteurs, lisent les pages suivantes et restent enpaix !!

LE CORVAISIER JUNIOR.




VAUDEVILLE

Vous, qui lisez cet Ouvrage,
Savourez-en le fumet :
Ce Livre à plus d'unusage
Peut servir au Cabinet ;
S'il déplait par samatière,
Torchez-vous en lederrière :
M'en pendrai-je ? Hélas!Non, vraiment ;
Autant en emporte le vent.(Bis.)



titre (166 ko)

L'ARTDE PÉTER
POÈME


C’EST en vain, cher ami, qu'un débilepéteur
Croit de l'art de péteratteindre la hauteur,
S'il n'éprouve en sonventre une guerre secrète,
S'il ne sait par le bas tirerde l'arbalète,
Dans ses boyaux gonfléste vent reste captif ;
Pour lui Nature est sourde etson cul est poussif.
O vous donc, qui, sentant uneardeur chatouilleuse,
Courez desFrancs-Péteurs la carrière merdeuse,
N'allez pas par des vents vouslaisser consumer,
Ni prendre pour talent lesimple Art de vesser.
Craignez d'un vent foireux lestrompeuses délices ;
Il voiture avec lui deberneuses épices.
La Nature stérile enPéteurs excellents
Sçait entre lesSouffleurs partager les talents.
L'un peut jusqu'à sixfois décharger son tonnerre;
L'autre du premier coup peutébranler la Terre ;
Un Héros jusqu'àdix peut porter ses exploits ;
Un autre parler, rire etpéter à la fois,
Mais tel qui bien souvent croitêtre un fort grand Sire,
Méconnoît sesdéfauts etn'apprête qu'à rire.
Tel aux plus grandsPéteurs qui veut donner des lois,
Pour se faire écouter,n'a qu'un filet de voix.
Il faut plus de vigueur etjamais de mollesse.
Aux coups les plus bruyants onmesure l'adresse,
Un gros Pet est souvent la clefde la fortune,
Il faut laisser la Vesseà la foule commune.
O siècle aveugle ! Omoeurs ! Les talents et l'honneur
Seront donc inutiles, si l'onn'est bon Péteur.
Quelques vents que l’onfasse, ou des Pets ou des Vesses,
Qu'on ait bien soin, surtout,de desserrer les fesses,
De crainte qu'en rentrant, cedangereux captif
Ne devienne pour vous plusgênant, plus actif.
Vive un Pet bien dodu ! dit legrand Hippocrate ;
Rien n'est plus sain, pluspropre à dilater la rate.
N'oubliez donc jamais, vousapprentis Péteurs,
Qu'un seul Petétranglé peut causer des vapeurs.
Pétons tous ànotre aise et sans perdre courage,
Ne croyons pas aux nez faire lemoindre outrage.
L'oreille est pour entendre etle nez pour sentir ;
Qui n'aime pas les Pets estprié de sortir ;
Voulez-vous du publicmériter le suffrage,
Il faut que votre cul varie sonlangage ;
Qu'il imite la Flûte ettantôt le Basson,
Que tantôt avec l'Orgueil soit à l'unisson.
Un Péteur tropégal et toujours uniforme
En vain frappe l'oreille, ilfaut qu'il nous endorme.
On goûte peu ces Petsqui, bien loin d'égayer,
Etant sur le même air, nepeuvent qu'ennuyer.
Il faut donc qu'en tout temps,musicien habile,
Vous changiez votre ton, soitaux champs, soit en ville.
Heureux! qui dans ses Petsd'une course légère
Sait quelquefois passer du plusdoux au sévère.
Son derrièrechéri de tous les Connaisseurs
Est souvent en publicentouré d'Auditeurs ;
Mais lorsque vous pétez,évitez la bassesse,
Et qu'on puisse toujoursadmirer votre adresse.
Il est un heureux choix de Petsharmonieux ;
Fuyez des mauvais sons leconcours odieux.
Le Pet le mieux rempli,fût-il une merveille,
Ne me plaira jamais, s'ilchoque mon oreille.
Prenez garde, surtout, qu'encherchant à primer,
Votre orgueil, tôt outard, ne vous fasse blâmer.
La plupart emportésd'une ardeur insensée,
Sans s'êtrepréparés, font partir lafusée.
Ils croiroient perdre tout,Péteurs impétueux,
S'ils pensoient quequelqu'autre ait pu péter comme eux.
Attendez pour péter quela Nature sage
Dans son laboratoire aitformé son ouvrage.
Il faut que chaque Pet y soitmis en son lieu ;
Que le plus gros, surtout, soittoujours   au milieu,
Et que les plus petits,préparant la carrière,
Entrouvrent aux plus forts laporte de derrière.
Ce n'est pas qu'enpétant il faille raffiner ;
Un Pet fait simplement n'estpas à condamner.
J'aime un bon Pet qui part d'underrière rustique ;
Celui d'un Duc et Pair me donnela colique.
Vous verrez rarement au sein 1ela Grandeur,
Et surtout à la Cour, unhabile Péteur.
Méfiez-vous d'un ventqui glisse d'une Jupe ;
De ce foible avorton ne soyezpas la dupe.
Quelque soit son odeur, s'il neretentit pas,
Mon nez trop délicat n'ytrouve aucun appas.
Il faut pour mon oreille uneexplosion forte ;
A toute autre musique elleferme la porte.
Mais j'entends du beau sexe unPartisan zélé
Prendre aussitôt en mainle droit de l'offensé.
Ah ! Monsieur, pour ce Pet, jevous demande grâce,
Me dit-il avec feu ; si la noteest trop basse,
Que du moins attendri par sapuante odeur,
Votre inflexible nezrelâche sa rigueur.
Mais moi, toujours constantà ne me point dédire,
Je soutiens que ce Pet ne vautpas qu'on l'admire :
Consultons, si l'on veut, sansfaire aucun fracas,
Quelque Docteur instruit, quidécide le cas.
Mais sans aller si loin, ungrave Apothicaire,
La seringue à la main,peut juger noire affaire.
Maître de tous les culs,dont les Pets sont à lui,
Il peut gloser sur eux commesur leur étui.
Pour moi, je continue, et sansperdre courage
Je vais sur le métierremettre mon ouvrage.
Et vous, jeunes Péteurs,sans faire de façons,
Ecoutez de mon cul les utilesleçons :
Je dis donc qu’àpéter si l'esprits'évertue,
Le derrière àsouffler aiséments'habitue.
Pour un vent fait sans bruitn'aller pas perdre cœur,
Ni vous croire àl'instant un malheureux Tireur.
Il en coûte, il est vrai,pour péter avecgrâce ;
Mais quel métier n'a passa peine et sa disgrâce.
Encor si vous trouviez unPéteur complaisant,
Qui voulût cultiver votrepetit talent ;
Mais à peine en est-ildeux ou trois entre mille
Dont le terrein ingrat soit enPets bien fertile.
Hélas ! Qu'est devenu cetems, cet heureux tems
Où l'ont pétoittout haut à la barbedes gens ?
Le Juge sur son siége etle Roi sur son trône,
Le Mendiant lui-même, endemandant l'aumône,
Le moine en plein Chapitre etjusques au Prélat,
Au moment qu'un chacun portoitla main au plat,
Tout le monde en publicpétoit, et l'ont dit même
Que d'un amour parfait le Petétoit l'emblême ;
Qu'un amant tendre et vif dansces tems fortunés,
Pour gagner son Iris, luipétoit vite au nez.
Durant les premiers ans, larustique Noblesse
Pétoit tout simplementsans art et sans finesse.
Mais le lems est passé,ces beaux jours ne sont plus ;
Nos vœux pour les revoirseroient très-superflus.
Aujourd'hui que le luxe agâté nos Provinces
Et qu'un simple Bourgois veutégaler les Princes,
On veut péter, dit-on,comme on pète àParis.
Des seuls Pets à lagrecque chacun est épris,
Et jusqu'à la Grisetteau fond de sa boutique,
Le Sexe veut garder la modernerubrique,
C'est-à-dire qu'onpète en dépit dubon goût,
Et qu'un Pet à la modeest un vilain ragoût.
Ce n'est pas encor tout : undangereux usage
Depuis peu parmi nousa   gâté le langage,
Dans ce siècle cagot,imbéciles poltrons,
Nous craignons de nommer leschoses par leurs noms.
On disoit Vesse et Pet du tempsde ma grand'mère,
Et pour dire un Étron,on n'étoit passévère.
Au lieu de demander : Commentvous portez-vous ?
On disoit gravement : Madame,pétez-vous ?
Mais de ce style pûr lavilledégoûtée
Voulut changer de ton et voilersa pensée,
Démêla le poli dusale et du bouffon,
Et, laissa le paisan parler depets, d'étron.
Ce fût, dit-on, Pettusqui le premier en France
Fit garder en pétant unejuste cadence :
D'un Pet fait à propos,il montra le pouvoir
Et força tous les culsà faire leur devoir.
Par ce brave Péteur laPétrie vengée
Fut bientôt parmi nous enDéesseérigée ;
Nos pères avecgrâce apprirent àpéter,
La Vesse sur le Pet n'osa plusrésister,
Tout péta sous ses loixet ce guide fidèle
Aux Péteurs de nos jourssert encor de modèle.
Suivez donc ses conseils,marchez tous sur ses pas,
Et de ce bon Péteur nevous éloignez pas.
Craignez-vous en pétantla censure publique ?
Soyez-vous àvous-même unsévère critique :
Un ignorant toujours estprêt à se flatter ;
Choisissez un ami, promptlui-même àpéter ;
Qu'il soit de tous vos vents leconfident sincère,
Et des Vesses, sur-tout, unardent adversaire.
Ne vous conduisez pas enarrogant péteur,
Et sachez de l'ami distinguerle flatteur.
Tel vous semble enchantéqui ne fait que la moue ;
Aimez qu'on vous dirige et nonpas qu'on vous loue :
Un flatteur aussitôtcherche à serécrier.
Chaque Pet qu'il entend le faitextasier.
Vous pétez comme uncharme ; aucun vent ne le blesse ;
Il est hors de lui-même,il pâme de tendresse,
Il fait de tous vos Pets unéloge pompeux ;
Il n'est rien, selon lui, deplus harmonieux.
Au contraire, un ami toujoursferme, inflexible,
Jamais sur vos défautsne vous laisse paisible.
Il ne pardonne pas des Petstrop négligés,
Il crie haro sur eux, s'ilssont mal dirigés ;
Ce Pet est vicieux, il ne vautpas le diable ;
C'est ainsi que s'exprime unami véritable.
Un Péteur quelquefoisenflé de son talent,
S'il ne pète etrepète, il n'est jamais content.
S'il rencontre un ami, sansfaire de préface,
Il décharge àl'instant et lui pèteà la face.
Il n'est Palais si beau duPublic respecté
Qui soit contre ses Pets unlieu de sûreté ;
Il aborde en pétantquiconque le salue
Et poursuit de ses Pets lespassants dans la rue.
Fuyez de ces Péteursl'exemple dangereux,
Et de vos moindres Pets soyezmoins amoureux ;
Evitons tout excès ;laissons dans l'Eolie
De ces Pets abondantsl'éclatante folie :
Péter sans fin, sanschoix, rien n'est plus rebutant,
Le nez rassasié sedégoûte àl'instant.
Cependant loin d'ici cePéteur phlegmatique,
Qui garde dans ses Pets unordre didactique ;
Cet insipide usage a pour luides appas ;
Il croit toujours qu'un Pet semesure au compas.
Je vous l'ai déjàdit, souffrez qu'on vouscensure,
Et, souple à la raison,changez votre mesure ;
Mais craignez les avis d'un sotqui vous reprend,
Souvent plein de lui-mêmeun Souffleur ignorant,
Par d'injustes lardonsrabaissant votre adresse,
Blâme des plus beaux Petsla noble hardiesse.
Laissez-là ses conseils,pétez sans vousgêner ;
Il vous en cuiroit trop de vouslaisser gagner.
Choisissez entre mille unCenseur salutaire,
Qui ne vous cache rien, que lesavoir éclaire,
Dont l'oreille soit sûre; et qu'au premier faux ton
Il vous dise : Monsieur, jen'aime pas ce son.
Lui seul pourra chasser voscraintes ridicules
Et de votre derrièreéloigner les scrupules.
C'est lui qui vous dira parquel effort nerveux,
Quelquefois dans sa route unAquilon fougueux,
Trop resserré par l'Art,sort du ventre avec force
Et souvent en partant fait aucul une entorse ;
Mais ce parfait Censeur setrouve rarement.
Tel excelle àpéter qui juge sottement,
Et tel, qui par ses Pets, s'estvu couvert de gloire,
Quand il en faut parler, aperdu la mémoire.
Péteurs, prêtezl'oreille à moninstruction ;
Il me reste à vous faireune sage leçon :
Fuyez sur-tout, fuyez la noirejalousie.
Des vulgaires Péteursc'est la basse folie ;
Un Péteur excellent n'enpeut êtregâté,
C'est un Défaut qui suitla médiocrité,
D'un derrièreestimé, cette sombre rivale
Contre lui sedéchaîne et sans cesse cabale.
Pétons ; mais enpétant ayons toujours du coeur,
Et par de vils moyens n'allonspoint à l'honneur.
Que les Pets ne soient pasvotre unique science ;
Il faut aussi sçavoirchier avec aisance ;
C'est peu de péter biensi l'on ne chie aussi ;
Un Péteur, sans chier,serait bientôt transi.
Mais n'allons pas plus loin,laissons-là cettethèse ;
Ma Muse est fatiguée etveut rimer à l'aise,
Du Cigne de Mantoue, imitantles doux sons,
Je vais ainsi que lui terminermes leçons ;
Les nez ont assez bu, fermonsnotre derrière ;
Péteurs, jusqu'aurevoir, j’ai fini macarrière.


FIN



IMPRIMÉ AÉVREUX, PAR CHARLES HÉRISSEY
le vingt-cinq juillet mil huitcent soixante-dix-neuf
POUR J. LEMONNYER, LIBRAIRE A ROUEN.