Catulle Mendès est l'un desplus parfaits artistes de notre époque.
Poète, il n'est inférieur à aucun des poëtes nouveaux. Si vous relisez
Hesperus, les Soirs moroses,
les Contes épiques,
les Sérénades,
le Soleil de minuit, et ses autreslivres de vers, et surtout son dernier poëme :
les Imprécations d'Agar,qui sont un superbe et généreux chef-d’œuvre ; si vous savez apprécier,à leur juste mesure, cette inspiration si puissante et si diverse, cetalent si souple et si magistral, cette forme si pure et si claire,vous serez pris d'une admiration très vive, et vous ferez déjà àCatulle-Mendès entre les poëtes du dix-neuvième siècle la place que lapostérité lui réserve.
En outre, il a l'honneur d'avoir été le principal initiateur dumouvement poétique contemporain ; François Coppée se montre fierd'avoir été son élève.
A un âge où la plupart des hommes ne sont pas encore bacheliers, - àdix-huit ans, - Catulle Mendès créait la
Revue fantaisiste(1861), - cette exquise publication - que les bibliophiles s'arrachentaujourd'hui et où débutèrent la plupart des meilleurs auteurs demaintenant.
Dès lors une école fut fondée.
Sous le patronage des maîtres, Catulle Mendès et ses amis firent uneguerre acharnée à tous les mauvais romanciers, à tous les mauvaispoëtes, à tous les partisans du débraillé littéraire, à tous lesélégiaques qui ne pouvaient s'attendrir sans fautes de français ; etils donnèrent l'exemple d'une noble poésie, d'où la tendresse et lapassion n'excluaient pas la beauté de la forme.
A la
Revue fantaisiste succéda
le Parnasse contemporain,fondé par Catulle Mendès et Louis-Xavier de Ricard.
Il a été à la mode pendant un temps de faire des plaisanteries sur leParnasse et les Parnassiens. Ce temps est passé. Tous les gens de bongoût savent quelle estime ils doivent faire de ce recueil où ont écrit,- avec tous les maîtres : Théophile Gautier, Leconte de Lisle, CharlesBaudelaire, Théodore de Banville, - tous les vrais postes nouveaux :Sully Prudhomme, Léon Dierx, André Theuriet, Catulle Mendès, José Mariad'Heredia, François Coppée, Anatole France, etc., etc.
Qui pourrait nier aujourd'hui l'influence heureuse que le Parnasse aeue sur la littérature contemporaine et particulièrement sur ceux quel'on appelle aujourd'hui les « naturalistes » ? N'est-ce pas l'exempledes Parnassiens qui a imposé à
tous,comme une nécessité désormais absolue, le respect de la langue, le soindu style et l'amour de la forme ? N'est-ce pas, - pour descendre auxdétails, - des façons de dire des Parnassiens, des tournures qu'ils ontimaginées, des mots qu'ils on innovés ou rénovés, qu'est faite presqueentièrement la « manière » de M. Emile Zola et de ses jeunes amis ?
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Catulle Mendès ne se borne pas à écrire les poëmes. Il travaille pourle théâtre. On n'a pas oublié sa comédie au Théâtre-Français, -
la Part du roi, - une exquiseromance amoureuse, qui fut
chantéepar mademoiselle Sophie Croizette et par Bressant.
On se souvient de ces deux drames hardis et hautains :
les Frères d'armes, en quatreactes, et
Justice, en troisactes.
Le roman aussi a tenté l'auteur d’
Hesperus.Tout le monde a lu, tout le monde relit ces livres extraordinaires ettroublants, écrits dans une langue fiévreuse, et si artiste pourtant :
la Demoiselle en or, et
la Petite Impératrice ; cetteadmirable épopée en prose :
lesMères ennemies, un des récits les plus simples et les pluspuissants qui nous aient été donnés depuis bien des années ; et
le Roi vierge,un roman d'une espèce tout à fait nouvelle, exquis et superbe comme unpoëme, attrayant, poignant, cruel, amer, irritant et vrai comme uneétude ; et
le Crime du vieux Blas,cette touchante histoire, écrite pour les enfants, qui fait pleurer lesgrandes personnes ; et ces horribles et exquis
Monstres Parisiens, un des plusgrands succès de la librairie actuelle.
J'en passe, et des meilleurs ! mais je m'en voudrais d'omettre
la Divine Aventure,un livre adorable, où Catulle Mendès, en société avec M. RichardLesclide, a retrouvé, comme par miracle, la langue et le brio galantdes
Mémoires de Casanova.
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Comme on le voit, l'œuvre de Catulle Mendès est déjà considérable. Il aécrit plus de douze mille vers, quatre pièces de théâtre, douze ouquatorze livres de prose, nouvelles ou romans. A l'heure actuelle, il aen portefeuille deux volumes de contes, un livre sur l'œuvre de RichardWagner, deux grands drames intitulés l'un,
les Mères ennemies, l'autre,
la Reine Fiammette; et un livre de vers qui paraîtra prochainement sous ce titre : « lesNouveaux poëmes de Catulle Mendès, » en attendant l'œuvre principale desa vie poétique
L'ÉVANGILE DE LAZARE. Et, en même tempsqu'il achève ces œuvres, il en prépare d'autres, il donne à
Gil-Glastant d'adorables nouvelles, si parisiennes et si poétiques en mêmetemps, charme pour tout le public, régal pour les lettrés, et il dirigeun journal littéraire :
la Viepopulaire,journal digne de la plus haute estime, qui vulgarise avec succès parmiles lecteurs les moins riches les chefs-d'œuvre de la littératuremoderne.
Mais ne concluez pas de ce grand nombre de travaux que Catulle Mendèsait le travail facile. Loin de là ! Comme tous les vrais artistes, ilpeine extraordinairement pour écrire ; et telle page, si gracieuse etsi légère qu'elle paraît avoir été dictée en se jouant, a coûtébeaucoup d'efforts à son auteur. C'est à ce seul prix qu'on est unécrivain véritable, digne d'être relu !
La vérité, c'est que Catulle Mendès, doué d'une grande forced'application, est un travailleur acharné. La plupart de ses journéesont huit heures de travail ininterrompu. Quelquefois il travaille douzeheures par jour, et après cette rude besogne, - vers, théâtre, ouroman, - il rentre dans la vie parisienne, sans fatigue, bon compagnon,et le plus dévoué des camarades.
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Ces notes incomplètes le seraient beaucoup trop si je n'y ajoutais unportrait physique de Catulle Mendès.
Le voici très joli et très fin ; je l'emprunte à un article deMaufrigneuse, - lisez Guy de Maupassant, - sur l'auteur des
Monstres parisiens.
« Étrange et vrai, saisissant, charmant, brutal dans le fond, mais sihabile, voilé, si rusé, qu'il trompe les pudeurs et ne fait rougirqu'après coup, ce magasin de portraits est une œuvre d'art exquise etsingulière. Et elle porte bien la marque personnelle du poëte auxintentions mystérieuses, frère d'Edgar Poë et de Marivaux, compliquécomme personne, et dont la plume, soit qu'il fasse des vers, soit qu'ilécrive en prose, est souple et changeante à l'infini. Cette œuvre estbien l'œuvre de cet homme séduisant et inquiétant, avec sa pâle face decrucifié, sa barbe frisée et vaporeuse, ses cheveux longs et légerscomme un nuage, son œil fixe où l'on sent une pensée qu'on ne pénètrepoint, et son sourire charmant qui semble parfois dangereux. - On a ditde lui qu'il avait l'air d'un Christ de cabinet particulier ; nedirait-on pas plutôt un Méphisto, ayant pris la figure du Christ ? »
PIERRE ET PAUL.
LesHommes d'aujourd'hui :
E
N VENTE : Victor Hugo. - Léon Cladel. - ConstantCoquelin. - Zola. - Gambetta. - Aurélien Schol1. - Sarah Bernhardt. -Nadar. - Auguste Vacquerie. - André Gill.- Emile de Girardin. -Capoul.- Louis Blanc. - Edmond About. - Croizette. - Grévin. - Émile Littré. -Francisque Sarcey. - Bardoux. - Métra. - Challemel Lacour. - Daudet. -Garibaldi. - Jules Grévy. - Ernest Hamel, - Floquet. - Saint-Genest. -Lockroy. - Clémenceau. - Hector Pessard -Monselet. - Docteur Pajot. -Ranc. - Jules Claretie. - Jules Ferry. - Erckmann-Chatrian. - Spuller.- Victor Poupin. - Général de Wimpffen. - De Lesseps. - Anatole de laForge. - Siebecker. - Jean Macé.- Vaucorbeil. - Yves Guyot. - Carjat. -Emmanuel Vaudrez. - Schœlcher. - Castagnary. - Alexis Bouvier.- LéonBienvenu. -Alfred Naquet.- Cantin. - Paul Arène. - Jobbé-Duval. -Lecoq. - Hérold.- Pierre Véron. - Théodore Aubanel. - Mario Proth. -Humbert. - Théodore de Banville. - Olivier Pain.- Allain Targé. -Dumaine.-Tony Révillon. - H. Rochefort. - Laisant.- Farcy. - LéoTaxil. - Secondigné. - Gagneur. - Arsène Houssaye. - Laurent Pichat. -A.-S. Morin. - Hector France. - Benjamin Raspail.- Castellani. - EdmondTurquet. - Gustave Rivet. - Général Pittié. - Barodet.- Corbon. -Nadaud. -E. Boursin.- Général Farre. - Lauth. - Deschanel. - Blanpain.- Greppo. - Escoffier. - Nicole. - Henri Brisson. - Jules Roche. - NoëlParfait. - Arthur Arnould. - Léon Richer. - Frébault. - Cantagrel. -Cochery. - Leconte (de l'Indre). - Maria Deraismes.-Victor Meunier.-Ernest d'Hervilly.- Camille Pelletan.-Edmond Lepelletier.-Tolain, -Camille Flammarion. - Peyrat. - Emmanuel Gonzalès. - Hérisson. - S. deHérédia - Hector Malat. - Denis Poulot.- Édouard Cadol. - PaulSaunière. - Juliette Lamber. - Jules Vallès. - Jung.-E. Bonnemère. -Ch.Boysset. - Jules Verne. - P. J. Hetzel-Louis Ulbach. -De Pompery. -Lepère. - Hovelacque. - Cazot. - Sigismond Lacroix. - Margaine. -Talandier. – Germain Casse. - H. Depasse. - J.-L. de Lanessan. - Roque(de Fillol). - Maurice Engelhard. - Guillaume Maillard. - Marmottan. -Viette. - Beauquier. - G. Hubbard. - Guichard. - Thulié. - Henri deLacretelle. - Albert Pétrot. – M. Camescasse. - Edgar Monteil. -Labuze. - Delabrousse. - Eugène Dellatre. - Henri Rabagnv. - FrancisCharmes. - Lafont. - Henry Maret. - Edmond Thiaudière. - DrBourneville. - Edouard Milfaud. - Ernest Lefèvre. - De Bouteiller. -Dyonis Ordinaire. -- Bradlaugh, -Arthur Chalamet. -Gustave Isambert.-Camille Raspail. -Clovis Hugues. Henry Marsoulan. - Léon Delhomme. -Léon Margue. - Clémence Royer. - Waldeck-Rousseau. -_ J.-B.-AndréGodin. - H. De La Pommeraye. - Henri Martin.- Cadet. -Labordère. - DeMénorval. - Paul Meurice. - Alfred Letellier. - Scheurer-Kestner. -Forné. - Armand Lévy. - Colonet Riu. - Martin Landelle. - Eugène Ténot.- Songeon. - Villeneuve. - Marcou. - Pontois. Madier-Montjau - H.Demare. - Bizarelli. - Emile Corra.
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