Corps
ORNANO, Rodolphe-Auguste-Louis-Maurice (1817-1865) : Le sportsman parisien (1841). Saisie dutexte : S. Pestel pour lacollectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (05.XII.2009) Relecture : A. Guézou. Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur un exemplaire(BM Lisieux : 4866 ) du tome 2 des Francaispeints pareux-mêmes : encyclopédie morale du XIXesiècle publiée par L. Curmer de 1840 à 1842 en 422 livraisons et 9 vol. Lesportsman parisien par Rodolphe d'Ornano ~ * ~La France est certainement le pays du patriotisme, mais ce patriotismenous permet de ne jamais rester français : sous la république et ledirectoire, nous étions Grecs et Romains ; les femmes portaient deschlamydes à méandres, et nous avions des courses olympiques ; toutesles proclamations finissaient par des prosopopées en l’honneur deLéonidas ou de Phylopoemen ; et dans les fêtes publiques on nousmontrait des vieillards couronnés de feuilles de chêne, et chantant enchoeur des odes d’Horace bien ou mal traduites. Sous la restaurationnous sommes devenus néo-Grecs. Jamais héros français a-t-il fait battreles coeurs de nos femmes à l’égal du brave Canaris ? La bataille deWaterloo nous a-t-elle fait répandre autant de larmes que les désastresde Missolonghi ? Je le demande et j’en réfère à la notoriété publique.Toutes ces belles générosités nous ont coûté l’entretien d’uneexpédition de vingt-quatre mille hommes, grâce à laquelle nousjouissons du privilége d’être rançonnés avec prédilection quand nousvisitons les champs de Sparte ou les vestiges d’Argos. Depuis 1850,nous avons prodigué les trésors de nos sympathies, aux Belges,Polonais, Italiens, Lusitaniens, Espagnols, Mexicains et Canadiens, etil est certain que pendant ces neuf dernières années, nous n’avons pasété plus Français que sous la république ou sous l’empire et larestauration. Mais de toutes nos sympathies exotiques, une seule estdurable et profondément enracinée parmi nous : c’est l’anglomanie.Nous pouvons voir de nos jours que le style antique est descendu dansla tombe avec M. David : être philhellène n’est plus une professionlibérale, et sympathiser avec la Belgique et le Canada, n’est déjà plusde si bon goût. J’arrive à la monographie du sportsman ; mais avant de porter la mainsur cette arche sainte, il est bon de s’arrêter un instant. Le cadredans lequel on m’a circonscrit est bien étroit, mais le beau titre de sportsman n’en est pas moins un symbole de l’infini : le sportsmann’est-il pas de tous les âges, de tous les sexes et de toutes lesconditions ? N’offre-t-il pas autant de variétés que la race desquadrumanes depuis les orangs jusqu’aux ouistitis ? N’avons-nous pas lesportsman à cheval, le sportsman à pied, le sportsman riche, lesportsman ruiné et même le sportsman qui n’a jamais eu rien à perdre ?Qu’est-ce que le jeune duc et pair qui possède un harras et l’attelagele plus irréprochable de Paris ? Un sportsman. La fraction d’un agentde change qui va se promener au bois sur une haridelle qui a traîné soncabriolet pendant toute la semaine, le clerc du notaire, et lecommis-marchand qui vont équiter à Romainville ou à Montmorency, nesont-ils pas des sportsmen ? La jeune vicomtesse toute exquise et dontla tenue à cheval est d’une si délicieuse hardiesse est encore unsportsman femelle. Sportsman est aussi la demoiselle entretenue quigalope à tort et à travers sur un locatis ; et que l’on n’aille pascroire que cette énumération contienne le sommaire de l’innombrabletribu des sportsmen : nous les retrouvons jusqu’au tir-aux-pigeons, etmême en deux classes, savoir le sportsman qui tire et le sportsman quiregarde tirer. Nous rencontrons les sportsmen à l’école de natation,dans les salles d’armes, au tir du pistolet, à la joute des coqs chezM. Tourel, et jusqu’à la petite Villette où l’on fait militer descochons d’Inde. Mais comme un traité complet et raisonné de toutes les variétés del’espèce nous conduirait à composer un ouvrage aussi volumineux quel’Histoire naturelle de M. de Buffon, on va se borner à la monographiedu sportsman original et complet, qu’on pourra considérer commel’archétype de l’espèce. Le sportsman ne s’embarrasse pas d’être gentilhomme, il est gentleman, et c’est beaucoup plus dire, à son avis. Il a hérité de M.son père, ancien négociant, d’une trentaine de mille livres de rentequ’il mange honorablement en avoine, en paille, en éponges et enétrilles. Il a changé son nom de Corniquet ou de Grosbedon, pour un nomde terre ; mais, par un sentiment de saine philosophie, de simplicitémodeste et d’équité qui fait beaucoup d’honneur à son caractère, ils’est abstenu de prendre le titre et d’arborer la couronne de comte.Son abord est froid et cérémonieux, quoique assez poli : par unefaiblesse qu’on rencontre assez généralement chez les grands hommes etqui lui est commune avec Louis XIV et Napoléon, il cherche à produireune profonde impression sur les gens qu’il voit pour la première fois.Le grand Roi et l’Empereur arrivaient à leur but, l’un en déployant unemajesté toute royale, l’autre en affectant une brusquerie qui n’étaitpas toujours dépourvue de grâce et d’aménité. Le sportsman atteint lesien par une simplicité charmante. Ainsi donc à votre premièreentrevue, vous lui demandez des nouvelles de son ami, ce pauvre M.Fleury d’Arbois qui vient de se casser les deux jambes en tombant decheval. – Ce n’est rien pour l’homme, répond le sportsman de sa voixlente et anglaisée, j’ai eu la cuisse droite et la jambe gauche toutesbrisées dans une chasse du Leicester-Shire. – Mais vous conviendrez,monsieur, que s’il a, comme on dit, deux énormes trous à la tête, ilpeut y avoir du danger. – Cela peut être dangereux : en tombant avecLittle-Boby dans une chasse du duc de Buccleugh, nous nous sommesouvert le crâne, tous les deux, et me voilà ! mais ce pauvre Boby enest mort !!! Si vous n’êtes pas frappé d’admiration pour un si beaustoïcisme, c’est que vous n’avez pas en vous le moindre germe du sporting-Character. Le sportsman en question n’est plus de la première jeunesse ; sa miseest simple et pourtant de la plus grande recherche. Son linge esttoujours d’une aussi entière blancheur que les organdis de M.Planard. Ses bottes sont toujours satinées et lustrées par un vernisfulgurant. Jamais il n’a adopté les cravates longues ni quitté les colsde chemise ; ses pantalons, scrupuleusement collants, annoncent unejambe sensiblement arquée, et semblent accuser une longue habitude ducheval. Il est revêtu d’un new-market vert foncé, lequel est d’unecoupe irréprochable, et lequel est illustré par des boutons au timbredu jockey-club. Il porte, suspendue à une énorme chaîne d’acier, unemontre, véritable chronomètre à seconde indépendante, qui lui permetd’apprécier avec une rigueur astronomique la vitesse des chevaux decourse, et d’apporter la ponctualité la plus minutieuse dans toutes lesprescriptions de l’hippiatrique. C’est que le sportsman estessentiellement un homme d’ordre et d’économie ; sa frugalité est aussisupérieure à celle des anciens Lacédémoniens que notre grand Paris estau-dessus de la ville de Lycurgue (c’est, bien entendu, sous le rapportde l’étendue superficielle et de la subtilité dans les larcins). Ainsi,vous le voyez, pour se faire maigrir de quelques livres, avaler avecune résignation surhumaine les aposèmes les plus acerbes et lespréparations les plus révoltantes. Pour soulager son individu d’unabdomen un peu trop saillant, ou d’une cuisse un peu trop charnue, vousle verrez pendant quinze jours ne manger que de la salade, ne boire quede l’infusion de bourrache, et faire deux fois par jour la route deParis à Saint-Cloud, couvert de flanelle, et par un dévorant soleild’août. Qu’on n’aille pas croire qu’il soit insensible aux plaisirsgastronomiques, aux doux charmes d’un vin de bon crû ; invitez-le,après une chasse, à un repas de gentleman : vous le verrez manger avecun appétit féroce, en buvant comme un Silène ; et puis il quittera latable d’un pied ferme, y laissant au-dessous de lui tous sescompagnons endormis. C’est qu’il s’est imposé la loi de ne jamaissortir du flegme qui lui a fait improviser cette réponse en stylelaconien. Une belle dame lui demandait, au retour d’un steeple-chase,si l’un des gentlemen-riders, mortellement blessé dans une chute,était déjà mort : « No, répondit-il. C’est cet air de sang-froidpermanent qui lui donne l’apparence de l’égoïsme, et qui marque lasupériorité du sportsman pur-insulaire ; c’est à cette inaltérablesérénité qu’il doit de n’engager son argent dans les paris qu’avec uneparfaite connaissance de cause, et de rendre cinq yards au chasseurle plus consommé pour le tir aux pigeons ; ce dont il augmenteinfailliblement son revenu de cinq à six cents louis par an. Lesportsman, comme tout homme spécial, est d’une conversationtrès-monotone (lorsqu’il consent à parler toutefois). Je ne sais quelauteur anglais a dit qu’il ne connaissait rien de plus ennuyeux qu’unsportsman, à moins que ce ne fussent deux sportsmen. Mortellementtaciturne lorsqu’il se trouve dans une société étrangère aux améliorations de la race chevaline, le sportsman devient d’uneintarissable loquacité lorsqu’il rencontre un autre homme aussi spécialque lui : leur conversation roule exclusivement sur les favoris duDarby et surtout sur le stud book. C’est que la superstition du pursang est pour lui plus qu’un axiome, un théorème incontestable : c’estune religion, un fanatisme, un fétichisme ! Il la proclame, il lasoutient avec une égale énergie pour ses chevaux, ses bull-dogs, sescoqs de combat, ses lévriers et ses pigeons pattus ; Il en soutiendraitla suprématie, fût-il en rivalité avec une altesse royale, fût-il dansla boîte à clous de Régulus, ou sur le gril de Guatimozin ! Ne croyezpas que nous nous présentions ici comme adversaires des chevaux depur-sang, et que nous ayons intention de proposer, comme je ne saisquel grand journal, de remplacer les courses de chevaux par des coursesd’ânes, ces dernières devant fournir des résultats beaucoup plusphilanthropiques et plus avantageux à l’industrie de notre pays : toutce que nous voulons établir, c’est que la question de la prééminence dupur-sang est la seule chose sur laquelle un sportsman ne puisseraisonner avec son calme habituel. Il vous permettra d’êtrerépublicain, saint-simonien, fouriériste ; de mépriser la charteconstitutionnelle, de traiter Louis XIV de charlatan, et Racine depolisson ; il vous passera de regarder l’obélisque de Luxor ou Louqsor,si vous l’aimez mieux, comme un tuyau de machine à vapeur ; et même ilvous laissera dire que les paves d’asphalte sont une sottise un peutrop dispendieuse pour être excusable ; mais, de grâce, n’allez pas luiparler d’un cheval sans généalogie, et ne lui dites pas qu’il pourraitoffrir les mêmes qualités qu’une bête pur-sang, un descendantd’Arabian Godolphin : vous le verriez s’emporter, rugir, écumer ; etpersonne n’ignore combien est terrible la colère des genshabituellement placides. J’oublie de citer un autre sujet sur lequel unsportsman ne souffre jamais la discussion : c’est la supériorité del’école anglaise sur l’école française. Il affecte le plus profondmépris pour tout ce qui est écuyer, exercices de manége, et prétendque, sauf M. le marquis Ou....., il aimerait mieux confier un cheval audernier courtaud de boutique qu’au premier écuyer de la France et de laNavarre, en y joignant la Corse et l’Algérie par-dessus le marché. Surtout autre sujet, le sportsman est de la plus parfaite indifférence, jepourrais dire de la nullité la plus complète, et je n’en serais pasdémenti. En littérature, il croit encore aux classiques et auxromantiques ; la musique lui est ce qu’il appelle insipide, et quantà ce qui regarde la politique, ses idées, fort peu distinctesd’ailleurs, ont une légère tendance aristocratique, attendu qu’il avisité l’Angleterre, et que les meilleurs chevaux qu’il ait jamaisconnus étaient possédés par des Noblemen, ou tout au moins des Gentlemen : c’est la seule observation qu’il ait rapportée de cepays-là. Il n’a jamais pardonné au général La Fayette sa préférenceexclusive ou son engouement pour les chevaux blancs, il pencheraitassez volontiers du côté d’une forme de gouvernement despotique quisupprimerait la garde nationale, parce qu’une de ses chevaux a reçu uneatteinte dans les rangs de la milice citoyenne ; mais il n’en accordepas moins l’honneur de son estime à M. le duc d’.... depuis qu’il en areçu une garniture de boutons de chasse en bronze argenté. Pourcompléter cette esquisse morale du sportsman français, nous dironsaussi qu’avec toutes les apparences de l’égoïsme, il est au fondtrès-humain, serviable, assez reconnaissant des services qu’on lui arendus, et très-susceptible d’attachement pour les hommes, etprincipalement pour les bêtes. Il a nourri dans la plus molle oisivetéjusqu’à la fin de ses jours Counter-Part son premier cheval, mort àl’âge de vingt-quatre ans, de vétusté non moins que de vieillesse. Nousvoici parvenus aux linéaments les plus délicats de notre portrait, etles détails vont manquer à l’historien. Vu l’insuffisance desdocuments, il va présenter sous la forme du doute ce qu’il a cru voirdes rapports du sportsman avec la plus aimable partie du genre humain.Jamais le sportsman, homme de continence et de convenance, ne s’estaffiché avec des femmes suspectes ou décriées ; jamais aussi il n’acouru les salons et la haute, comme on dit au club. Tout tendraitdonc à nous faire croire que le sportsman est destiné à mourir dans lemême état de pureté que le chevalier Newton, seule analogie qui doivejamais exister entre lui et l’illustre auteur du Binôme. Il y apourtant des gens bien informés qui soutiennent que, depuis la premièrejeunesse de cet homme impassible, il entretient la même passion pourune femme de condition mitoyenne avec laquelle il a l’air de seconduire à peu près maritalement, sans qu’il existe aucuns dérivésconnus de cette conjugaison. Ce qui peut faire admettre cettesupposition téméraire, c’est que tous les jours, et très-exactement, ilquitte le club après son dîner vers sept heures et demie, pour n’yrevenir que vers onze heures du soir, et que pendant tout cetintervalle on n’a pu l’apercevoir en aucun lieu de la ville de Paris oùl’on rencontre infailliblement tous ceux qui se promènent incognito.Ces gens bien informés ne manquent pas de citer à son sujet unehistoriette assez excentrique ; mais c’est l’unique velléité degalanterie qu’ils aient à lui reprocher. Il paraît qu’il s’était éprisde passion pour une de ces charmantes femmes qui fourmillent dans toutParis, laquelle personne était ou se faisait passer pour espagnole. Onentendait continuellement notre ami chanter avec frénésie, et àl’éternelle gloire de M. de Musset, cette romance alors en vogue : Avez-vousvu dans Barcelone UneAndalouse au sein bruni ? Malgré cette touchante application, l’Andalouse lui tenait, comme ondit vulgairement, la dragée haute ; mais elle finit par lui avouerqu’elle mourait d’envie d’avoir une parure de tourmalines qui setrouvait chez Meller, et qu’elle lui désigna de manière à ce qu’il nepût s’y tromper. Or, la parure devait coûter dix mille francs, et ilavait sur-le-champ besoin de cette somme pour faire venir de Londres lefameux Saturnus, la perle des écuries de Tatersall. En outre, ilfallait se hâter, car ledit Saturnus, pouvait lui être enlevé parLord S..., ou par tout autre riche amateur. Grande était sa perplexité! Il fallait, ou retourner chez l’Andalouse avec l’écrin, ou n’y pasretourner du tout. C’est le parti qu’il prit, et le jour suivant, ildonna l’ordre d’acheter Saturnus, qu’on peut voir encore aujourd’huidans son écurie modèle. Pour ce qui regarde les habitudes et la viematérielle du sportsman, il habite une rue voisine des Champs-Élysées,prétendant avec raison que la traversée de Paris abîme les chevaux deselle : il se lève tous les jours à huit heures, il se couche entre uneet deux heures du matin ; jamais il ne fréquente les bals masqués, ilne va presque jamais au spectacle ; vous le trouverez quotidiennementau bois de Boulogne entre deux et cinq heures, quand il n’est pas auxchasses de l’union ou de M. le duc d’..... Là, il fatigue d’ordinairedeux chevaux (qui l’attendent à la porte Dauphine) en leur faisantfaire à chacun un tour de bois, et les lançant par-dessus tous lesobstacles de la porte d’Auteuil, le chenil, c’est-à-dire le doublefossé et la double barre (excepté toutefois la barre Potocki, bienentendu). Pour qu’on ne puisse pas nous accuser d’avoir peint les sportsmen àleur désavantage, nous allons montrer celui-ci dans toute sa gloire,c’est-à-dire dans son écurie. C’est là qu’il triomphe ! Il est dans sonécurie complètement beau, royal, épique ! Figurez-vous une petitemaison en briques, bien exposée au plein midi, à l’extrémité d’une courvaste, aérée et soigneusement sablée, où une demi-douzaine de chiens,tant lévriers que danois, griffons, bulls-dogs et terriers, ont l’airde traîner une existence assez inutile. On vous ouvre une porte ornéed’un bouton de cuivre éclatant, et vous êtes dan le tabernaclehippiatrique. C’est là que le sportsman passe toutes ses matinées ;aussi reconnaît-on partout l’oeil du maître : les litières sont fraîcheset soigneusement renouvelées, les stalles d’un bois de chêne bien poli; une paille blonde et consistante est suspendue dans les râteliers,une avoine sèche et farineuse circule dans les mangeoires. Voyez donccomme ils sont heureux et gracieux, les habitants de ce splendide logis! comme ils ont l’oeil vif et brillant ! voyez comme leur poil est fin,souple et poli ! Peut-on blâmer un sportsman de passer une partie deson temps dans such a stall ? Que l’on ne me parle plus du mameluckpleurant sur son coursier, comme du type de l’affection qui peut unirl’homme à la bête : l’amour du sportsman pour ses chevaux me sembleaussi supérieur à celui de l’Arabe que l’attachement du pélican blancpour ses petits qu’il nourrit de sa chair, l’est à celui du sarigue quise contente de porter les siens dans sa poche velue. Le mameluckaurait-il inventé, comme l’a fait le sportsman, de faire conduire uncheval de course en voiture au lieu du rendez-vous, et de faire voyageravec lui un tonneau rempli de la même eau qu’il a coutume de boire ?Mais continuons de visiter les écuries dont le maître fait les honneursavec une prévenance si jubilatoire et si courtoise. Nous pouvonsremarquer ses boxes garnis de bouches de chaleur moyennant lesquelleson peut procurer à des chevaux en condition la température la plusconvenable ; la sellerie, véritable musée équestre ; les remises,immenses magasins où se trouvent réunis tous les chefs-d’oeuvre de lacarrosserie britannique. Pour tout cela, le sportsman éprouve unsentiment vif et profond qui participe de l’amour qu’un jeune hommeressent pour sa première maîtresse, et de la passion qui pousse unavare à mourir de faim sur un monceau d’or. Terminons ce tableau de genre par une anecdote dans laquelle nous avonsjoué un certain rôle, et qui nous semble vérifier ce que nous avonsavancé de l’attachement que le sportsman a pour ses chevaux. Il y a un an à peu près je suivis une chasse assez brillante. Le cerf,lancé dans les bois de Versailles, alla se faire prendre auprès deRambouillet ; nous eûmes sept heures de chasse, et je revins del’hallali avec notre sportsman, lui à pied, tenant son cheval par labride, moi monté ; car ayant un cheval de louage, et je le dismodestement, je me sentais fort peu disposé à épargner la fatigue demon poids à cette vénale créature. Après une heure de marche par unepluie battante, nous arrivâmes à la porte d’une auberge où je laissaimon cheval entre les mains d’un garçon d’écurie ; et comme nousmourions de faim, je me chargeai de commander le dîner qui fut servi aubout d’une demi-heure. J’envoyai prévenir mon compagnon, que j’avaislaissé pâle, exténué, harassé, bouchonnant son cheval avec un air desollicitude exquise et d’agitation fébrile ou frénétique. Comme aprèsun quart d’heure d’attente mon compagnon n’arrivait pas, et que je lesavais d’ailleurs fort absolu dans ses résolutions, je me mis à table,je dînai bravement, et après un dessert un peu moins que modeste jem’endormis dans mon fauteuil. J’ignore combien de temps dura monsommeil ; mais il dut être assez long, car la chandelle qui m’éclairaitétait réduite au tiers de sa longueur primitive quand je fus réveillépar mon ami, qui entrait avec fracas dans la chambre. Sa marche étaitalerte, sa figure était rayonnante de satisfaction ; il me prit lesmains avec un air d’expansion surprenante et me disant : « Mon ami, monbon ami !... (j’étais encore hébété par le sommeil et stupéfait par cetaccès inaccoutumé d’affection cordiale) Coroner a mangé l’avoine, »dit-il avec une voix chevrotante et en me regardant d’un oeil humide. A présent nous devons à nos lecteurs le portrait d’un de cesinnombrables satellites qui gravitent autour de notre planète, ens’efforçant de mériter et d’obtenir le titre brillant de sportsman.Quel abîme entre les copies et le modèle ! La lumière de Phébus diffèreencore moins de celle de la pâle Phébé, comme disaient les poëtes del’empire. Quoi qu’il en soit, et malgré les scrupules de notreconscience, nous allons esquisser notre héros secondaire, à qui nousappliquerons ce que Voltaire disait des traductions qu’il appelait des revers de tapisseries. Le sportsman amateur est presque toujourspourvu de soixante à quatre-vingt mille livres de rentes ; il est denoble famille ; vous l’avez vu passer, et vous avez pu remarquer laconsidération, l’estime et la haute approbation dont il a l’air pénétrépour toute sa personne. Jusqu’à vingt-deux ans, il a vécu avec uncabriolet des plus simples et un cheval de selle, mangeant niaisementson pécule avec des actrices ; mais, le beau jour où il a acquis unepreuve irrécusable de l’infidélité de son infante, il s’est fait à peuprès les réflexions suivantes : « Depuis deux ans je vis comme unbourgeois, un croquant ; je ne fréquente que des femmes indignes de moi(traduisez : qui se moquent de moi) ; décidément je me réforme. Je veuxme voir cité dans tout Paris de la manière la plus honorable : aimerles chevaux est tout à fait une passion de grand seigneur, et j’aitoujours senti que j’étais né pour être sportsman. » Huit jours après avoir fait ces réflexions, notre jeune homme a pris unmaître d’anglais, et il s’est formé une sorte de dialecte à lui, unelangue tout à fait hippiatrique ; il applique à toutes les petitesfemmes le nom de ponette ; il parle du poitrail de madame Z, et dela crinière de mademoiselle R, tout comme s’il parlait de Miss-Annette. Ce peu de temps lui a suffi pour s’impatroniser chezles marchands de chevaux, et de plus il est devenu un adepte forcené dela religion du pur sang. Il trône en potentat dans les écuries deCrémieux ou de Bénédict ; là, il adopte, il accueille, il acceptesérieusement les éloges que lui adressent les maquignons sur sesconnaissances hippiatriques. Il pense souvent à la reconnaissance quedoit lui inspirer la manière dont il encourage et fait prospérer lecommerce des chevaux. C’est lui qui a répondu à un de ses amis qui luifaisait remarquer combien son dernier cheval était poussif : Cecin’est pas possible, *** (1) a trop de considération pour moi. Levoilà donc improvisé connaisseur ; et mettant tout son plaisir àvendre, acheter et brocanter ; à ne conserver jamais pendant plus d’unmois le même cheval, parvenant toujours à faire reprendre pourvingt-cinq louis l’excellent coursier qui lui a coûté 3,000 francs.Malgré toutes ses mésaventures, il n’en dit pas moins incessammentqu’il est en possession du premier trotteur de Paris ; il vous diraque c’est un cheval de chasse qui peut sauter six pieds... De la figureun peu chevaleresque du vrai sportsman il a fait un je ne sais quoi deburlesque et d’exhilarant qui révèle toute l’impuissance de l’homme àchanger sa nature et à masquer son caractère. Ainsi, qu’on lui proposeun pari sortable, vous le verrez réfléchir avec une profondeur dignede Descartes et de Galilée, refuser décidément, et pour accepterensuite les chances d’une autre gageure extravagante. C’est ainsi qu’ilparodie cette sagacité instinctive qui distingue le véritablesportsman. Autre travers : frappé du stoïcisme avec lequel celui-ciraconte ses désastres, frappé surtout de la profonde impression qu’ilproduit sur ses auditeurs, il cherche à rivaliser de catastrophes etd’impassibilité laconique avec son modèle et son rival. Il ne vousparlera jamais d’une chasse ou d’une course dans laquelle il n’ait paséprouvé plusieurs malencontres, et tout son corps devrait en êtrecouvert de cicatrices. Mais à force de malheurs il a rendu lacompassion tout à fait impossible, et ses amis lui disent alors : «Allons donc, marquis, allons donc !... » Il a vidé jusqu’à la lie lacoupe de l’infortune, car au jockey-club la mauvaise réputation de sonécurie est tellement établie qu’aucun homme expérimenté ne voudraitparier pour un des chevaux du marquis, sans exiger 10 contre 1 ; il n’ajamais gagné qu’une seule course, et c’était un jour où son cheval setrouvait sans concurrents. Tout le monde sait l’unique encouragementqu’il ait reçu dans un gentlemen riders dont il s’était ingénié defaire partie. Il était rayonnant, sublime, au départ ; jamais pareiljockey n’avait relui sous le soleil ; à la fin du premier tour, enrepassant devant les tribunes, un honnête spectateur le voyant distancé, et se trouvant saisi de compassion pour son pauvre chevalqu’il roulait avec rage, lui cria en manière d’applaudissement : « Nevous pressez donc pas, monsieur, vous avez bien le temps. » Comme onpeut le présumer, notre sportsman arriva le dernier, quoique son chevalfût un des premiers coureurs des trois royaumes. Personne n’ignore la manière dont il a perdu son petit jockey Bill ;mais ayant été témoin de l’événement, on trouvera bon que je le raconteavec plus de véracité que ne l’ont fait les journaux du palais et le Moniteur des Halles. J’étais allé par un beau matin printanier chezle marquis de C. Je le trouvai en proie au plus furieux accès demisanthropie. Je m’informai avec anxiété de la cause de cette affectionmélancolique. Tu sais bien, me dit-il, Atar-Gull, ce superbe chevalbai-brun que tout le monde m’envie, et que j’avais engagé pour courirdemain au Champ-de-Mars ; tu sais bien aussi avec quel soin je lefaisais entraîner et comme il est admirablement In condition ? etbien, mon cher, je suis obligé de renoncer au prix, mon jockey vient decrever comme un mousquet ! Comme je tenais à Bill, le roi des jockeys,suivant moi, et que je conservais l’espérance de faire diminuer sonexcédent de poids qui n’était que de dix livres et demie, j’ai d’abordcommencé par le faire purger trois ou quatre jours de suite, et puis jel’ai tenu pendant trois semaines emmaillotté dans sept ou huitcouvertures de laine, en lui faisant boire une demi-pinte d’eau-de-viepar jour ; j’employai tous les sudorifiques connus, et je crois quej’en inventai même ; Bill, qui jusqu’ici avait supportémerveilleusement bien toutes ces choses-là, n’a pu résister pour cettefois-ci..... Notre héros se leva brusquement, et se promenant à grandspas dans sa chambre gothique (la chambre à coucher d’un élégantsportsman est toujours du style le plus gothique), il reprit bientôt :Je n’avais pourtant rien négligé, pour qu’il ne diminuât que d’unedemi-livre par jour, ce qui faisait mon affaire, et n’était pas tropexiger ; car enfin, j’avais expérimenté la prodigieuse bonté de saconstitution et je ne craignais pas que ce régime le rendît malade ;mais il faut que le drôle ait avalé la tranche de mouton rôti qu’on luiprésentait chaque matin, et dont il ne devait que sucer le jus, suivantnos conventions : c’est sa gloutonnerie qui l’aura tué, et toujoursest-il qu’il est mort d’indigestion, à ce que je suppose. – Je ne pusm’empêcher d’excuser ce malheureux garçon. – Voilà bien taphilanthropie malentendue, reprit le marquis, périssent mille fois tousles Bills, tous les jockeys français et anglais, pourvu qu’ils fassentgagner nos chevaux, à nous autres vrais sportsmen ! nous ferons despensions à leurs familles s’ils en ont ? Notre héros était beaud’exaltation en ce moment ; il avait grandi de six pieds ! Bill étaitmort et notre sportsman avait constitué une pension de 700 francs à sagrand’mère, à qui l’on eut de la peine à faire comprendre que Billétait son petit-fils, car elle ne le connaissait que sous le nom deFrançois Guillard. Une autre fois je la trouvai qui lisait une gazette anglaise et quiruminait sur la nouvelle suivante : « Un vicaire du comté de Sussexavait égorgé le curé de sa paroisse avec le sang-froid le plus barbare.Ce jeune ecclésiastique passait pour aimer passionnément les chevaux,et l’on a découvert par les débats qu’il avait commis ce crime atroceuniquement pour se procurer l’argent nécessaire à l’achat d’un ouvrageen trois volumes in-folio, dont voici le titre : Histoire de tous les chevaux qui ont remporté des prix aux courses enAngleterre, depuis leur établissement jusqu’à la présente année, avecleurs généalogies très-équitables et leurs portraits ; on y a joint lesnoms des particuliers qui les montaient avec ceux des gentlemen à quiils ont appartenu, et pour l’agrément et l’instruction des lecteurs, ony rend un compte exact de tous les paris pour ou contre. Sir John Bailey, juge of King’s bench et président des assises, a faitremarquer dans ses conclusions que la passion du clergé anglican pourl’hippiatrique avait été la source de soixante-sept condamnationsinfamantes pendant l’espace de sept ans. » - Qu’es-ce que tu penses de ceci ? demandai-je à notreanglomane. – Shocking, me répondit-il, my dear, very shocking,dreadfully shocking ! et voilà tout ce qu’il en résulta dans sonjugement. On peut supposer aisément que la fatalité qui conduit le marquis à desrésultats si déplorables ne manque pas de peser sur lui dans les autresexercices qui forment la base du sporting character. Ainsi donc ilest subitement épris de passion pour la chasse, il improvise une meutedans une de ses terres, devient la terreur de ses voisins, et le fléaude ses métayers ; il fait élever des renards pour se permette le foxhunting : il nourrit des sangliers dans une de ses écuries. Voici du reste, une ou deux aventures de sa vénerie dont nous avons étéles acteurs ou les témoins. Je me trouvais à la campagne en automne etdans le voisinage de son château, il m’invita pour courir un renard :l’animal apporté sur une petite voiture, fut placé dans un fourré dontles chiens se rendirent bientôt les maîtres en violonnant comme desforcenés. Durant trois heures environ, nous galopâmes à leur suite etils nous ramenèrent à l’endroit même d’où nous étions partis : là ilsnous annoncèrent par le redoublement de leurs cris que l’hallalis’approchait. Le piqueur s’élance pour s’emparer de l’animal, mais lepauvre renard était déjà raide mort et froid comme une pierre, attenduque la frayeur ou la contrariété l’avaient fait succomber à une de cesattaques morbides appelées vulgairement paralysies. Il n’avait pasbougé de dessus la motte de terre où il avait été posé, et nous, nousavions suivi au galop une belette, une fouine, un blaireau, que sais-je? Un autre jour on avait lâché pour nous complaire un de ces sanglierssi soigneusement élevés pour nos plaisirs. Les chiens accoutumés à sonfumet et à la placidité de son caractère, ne se décidèrent à le chasserque lorsqu’ils en furent sommés à grands coups de fouet : la chasses’entama enfin, mais ce fut tant bien que mal : il faisait le même jourune chaleur dévorante, et nous suivîmes pendant une heure à peu près,la voix de la meute. Tout à coup un silence profond et solennel succédaaux cris des chiens : meute et sanglier, tout était disparu, toutsemblait tombé dans un abîme, et l’on aurait dit que la terre avaitenglouti les chiens et le gibier : après une recherche scrupuleuse noustrouvâmes le mot de cet énigme : les chiens et le sanglier buvaientamicalement à la même mare, et la plus parfaite intimité régnait entreeux. Le sanglier domestique fut ramené dans ses lares, et puis onl’égorgea comme un vil pourceau qu’il était ; on rossa vigoureusementles chiens et ils ne dînèrent que le lendemain : voilà la moralité del’anecdote. On peut juger par ces deux aventures combien notre ami etsa meute sont dignes de figurer en première ligne dans l’institutiondes louvetiers ; société établie, comme chacun sait, pour laconservation, si ce n’est pour l’amélioration de la race des loups, àqui, des louvetiers de notre connaissance font tous les ans lesacrifice de quelques vieilles vaches et de plusieurs ânes, afin qu’ilsne soient pas tentés d’abandonner l’arrondissement. Notre héroscontinue jusqu’à vingt-cinq ans le cours de ses désastres ; à cetteépoque-là, sa fortune se trouvant dérangée par ses prodigalités, il semarie, réforme ses écuries, se prend de belle passion pourl’agriculture ou la musique, et finit à trente ans par être député deson département. Nous ne le suivrons pas dans sa carrière politique,nous nous contenterons de lui souhaiter plus de succès à la chambrequ’au Champ-de-Mars (deux arènes entre lesquelles nous n’avonsl’intention d’établir aucune sorte de parité). Les dernières courses de Paris nous ayant mis à portée d’observercertaines variétés du genre sportsman, nous croyons devoir en rendrecompte aux Souscripteurs de M. Curmer : la scène se passe auChamp-de-Mars et dans la tribune à droite. Première variété du genre. – Le sportsman à pied. Il est représentépar un tout petit jeune homme ayant une cravache et des éperons. Ilfume avec un aplomb soldatesque, et s’adressant indistinctement etfamilièrement à tous ses voisins : – Il est inouï, dit-il, il estinouï, ma parole, il est inouï qu’on se permette de faire attendre lepublic de cette manière-là. Ces messieurs du club (prononcez claoub) secroient tout permis, et encore pour nous faire voir des courses quifont pitié quand on a assisté à celles d’Epsom, de New-Market etd’Ascott... Enfin la cloche sonne et les membres du jockey-club sedirigent vers leur tribune. Le petit monsieur reprend en s’adressantavec confiance à son voisin qu’il ennuie profondément : – Regardezdonc, je vous en prie, voyez donc la conformation de Margarita, commeelle s’embarque au galop ; quelle bête ! que de race, que de sang ellea ! Le signal du départ est donné, le jockey du duc d’O... reste enarrière ; le jeune homme après un instant de silence répond à une damequi s’étonne et s’afflige de ce que la casaque rouge est dépassée.... –C’est une tactique, madame, une tactique, une pure tactique ; et sivous aviez vu autant de courses que moi, vous sauriez que rien n’estjamais décidé avant le dernier tournant. Regardez comme Margaritaallonge, voilà qu’elle les rattrape, elle a la corde ! elle a la corde! (avec la dernière suffisance.) Tout est fini maintenant, et lesautres sont distancés ; je l’avais bien dit. Deuxième variété du genre. – Sportsman stupide. Un provincial enpaletot noir avec des gants bleu de ciel. Il s’écrie au départ : – Oh !ah ! oh ! ah ! au passage du premier tour, avec joie : – Mon Dieu,monsieur, que je voudrais bien savoir qui est-ce qui va gagner ?.... Al’arrivée des coursiers, avec un air d’ivresse : – J’en suis biencontent, et c’est bien joli des courses de chevaux dont tous lesjournaux de Paris parlent tant !!! Troisième variété du genre. – Le sportsman politique. Un monsieurentre deux âges, habit vert, canne à pomme d’or et cachet armorié. Ilse parle à lui-même en finissant de lire son programme : – Casaquerouge, toque bleue, Arabella, au duc d’O...., c’est-à-dire au duc deCh... – Quelle rosse !... A la fin du premier tour Arabella tenant latête, il murmure : – C’est probablement une jument qu’il aura faitvenir d’Angleterre ? ces gens-là sont capables de tout !.... Al’arrivée, Arabella étant ce qui s’appelle distancée, il s’écrie avecexplosion : – Enfoncée, Arabella ! enfoncée ! Je l’auraisparié dès avant la course, et je ne donnerais pas cette satisfaction-làpour dix louis !.... Le sportsman politique s’éloigne en se frottantles mains. On trouverait peut-être que j’ai fait beaucoup d’honneur à ces troisvariétés en les décorant du nom de sportsman ; mais j’ai vouluprouver que le sporting-character a gagné toutes les classes de lasociété française, ce qui ne laisse pas que d’être un sujetd’amour-propre et de satisfaction pour mes amis et pour moi. RODOLPHED’ORNANO. membre du jockey-club. (1) Nousprions le lecteur de suppléer à notre réticence en remplaçant nos troisétoiles par le nom du dernier maquignon qui l’aura ce qui s’appelle enrossé. Il n’aura que l’embarras du choix. |