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AUGIER, Joanny(1813-1855?) : Le Canut (1841).

Saisie dutexte : S. Pestel pour lacollectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (22.II.2014)
Relecture : A. Guézou.
Adresse : Médiathèque intercommunale André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros]obogros@lintercom.fr
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Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur un exemplaire(BM Lisieux : 4866 ) du tome 6 des Francaispeints pareux-mêmes : encyclopédie morale du XIXesiècle publiée par L. Curmer de 1840 à 1842 en 422 livraisons et 9 vol. 
 
Le Canut
par
Joanny Augier

~ * ~


LE canut était, il y a dix ans, presque inconnu en France et en Europe; sa renommée ne s’étendait pas plus loin que les barrières de la villede Lyon, ou du moins ne franchissait pas les limites de quelquescommunes du département du Rhône, résidences habituelles de cetouvrier. Mais depuis les événements qui ont suivi la révolution de1830, c’est-à-dire depuis les mois de novembre 1831 et avril 1834, lecanut s’est produit au grand jour par sa participation aux scènesdésastreuses qui ont ensanglanté la seconde cité du royaume.

Je suis loin de vouloir ici parler politique ou commerce… Je ne veuxpas non plus discuter les motifs justes ou injustes que les ouvrierslyonnais invoquèrent pour courir aux armes et pousser le cri de révolte; je ne veux envisager le canut que dans sa vie privée, dans cette viede persévérance et de labeur qui contribue pour une bonne part à laprospérité de la France.

Je serais fort embarrassé de donner ici l’étymologie du mot canut,par lequel on désigne l’ouvrier de la fabrique lyonnaise, qu’iltravaille sur la soie, le velours ou les châles. Ce mot est-il dérivéde canette, bobine sur laquelle se roule la soie ? Grammaticicertant, et adhuc sub judice lis est.

Sur cent cinquante mille habitants que renferment Lyon et sesfaubourgs, quatre-vingt-dix mille canuts au moins y exercent leurindustrie. Mais ce n’est pas dans l’intérieur de la ville que le canutfait entendre le tic-tac monotone et insupportable de ses métiers ; lesvillages environnants, et surtout les faubourgs de la Guillotière, deVaise, de la Croix-Rousse, de Saint-Just, des Brotteaux, sont les lieuxoù le taux peu élevé des loyers, des aliments et des boissons,détermine le choix de sa demeure. A propos des nombreuses économies quele canut est forcé de s’imposer, les personnes qui s’intéressent avecraison aux classes ouvrières reconnaissent que le salaire de cetindustriel n’est pas proportionné à la cherté des objets nécessaires àl’existence. Aussi, un logement toujours étroit et insalubre, unenourriture insuffisante et malsaine, le peu de développement des forcesdu corps, donnent au canut un caractère particulier d’exaltation moraleet de débilité physique.

A ces causes permanentes de souffrances et de privations, viennent sejoindre parfois le dégoût et l’imprévoyance : la plus légère maladie,la plus courte suspension de travaux suffisent pour jeter le canut dansle plus affreux dénûment ; et lorsque sa misère se prolonge, on voitalors se reproduire ces scènes de désordres, ces révoltes, ces combatsqui ont fait tant de mal à Lyon depuis un siècle, et surtout depuis lesévénements à jamais déplorables de 1831 et 1834.

Au physique, le canut a le visage pâle, maigre, le cou long et tendu,le dos voûté, le corps grêle, les bras osseux, les mains grosses, lesjambes cagneuses, les genoux saillants, les pieds plats. Certes, leportrait n’est ni flatté ni flatteur. Disons cependant qu’il y aquelques heureuses exceptions, et que si le canut est ainsi fait, cen’est pas sa nature, mais son travail qui est coupable..

Au moral, le canut est très-susceptible, sournois, entêté, vindicatif,peu confiant ; mais il est laborieux, économe, ne souffre aucune marquede mépris, ne manque pas de courage, aide l’ami dans le malheur,souscrit à toutes les actions généreuses, combat toute forme dedespotisme et de mesures illégales. Quoique peu instruit, il supplée àce défaut d’éducation par une certaine dose d’esprit ; et si la naturede ses occupations, de son travail, ne venait pas nuire à ses moyens,étouffer ses désirs d’émancipation, refouler son intelligence, onverrait plus souvent sortir de l’obscurité quelques hommes remarquablesauxquels l’illustre Jacquart a si glorieusement ouvert la carrière.

L’organe du canut est lent, traînard, d’un son monotone ; son langageet les expressions qu’il emploie forment comme un vocabulaire à part.

Qu’il nous suffise d’en montrer un échantillon au lecteur, par undialogue écouté aux portes, entre un compagnon, une compagnonne et unapprenti. – La scène se passe le soir dans un atelier éclairé seulementpar deux petites lampes de forme basse accrochées par une cordeau-dessus des métiers, et les trois travailleurs entament laconversation suivante :

LE COMPAGNON. Dites donc, Georgette, savez-vous que ce n’est guère canant (amusant)de travailler comme ça sans pouvoir se renucler (se regarder) unmoment ?

LA COMPAGNONNE. Pardi ! Vous êtes encore dans les gentils (laborieux), vous ! vousaimeriez mieux vous lanti-bardaner (promener) toute la saintejournée et vous escaner (en aller) aux Brotteaux comme vous faites toutes les dimanches, pour chougner (manger) votre miche (petitpain) et fioler (boire) à votre aise.

L’APPRENTI. C’est vrai que je vous ai rencontré, monsieur Savornin, avec votre lévite (redingote) marron, même que vous marchiez sur la cadette(dalle), crainte de la bassouille (boue) de la rase (ruisseau).

LE COMPAGNON. Tais ton bec, gringalet, tu vas te faire tauper (battre).

LA COMPAGNONNE. Allons, monsieur Savornin, laissez donc ce gonne (gamin) tranquille…Vous savez ben qu’il ne sait que dire des gognandises (bêtises).

LE COMPAGNON. N’importe, s’il s’avise de piailler (parler) encore, et de metarabuster (m’ennuyer), je lui jette ma grolle (pantoufle) à la tronche (tête).

L’APPRENTI. Eh ben, essayez, vous verrez si je suis une patoire (endurant) !

LA COMPAGNONNE. Au fait, monsieur Savornin, vous êtes vif et méchant que ça faitregret (ça dégoûte).

LE COMPAGNON. Georgette, vous êtes ben bonne enfante d’être pour lui… ; si ce gonne m’appartenait (était mon enfant), son cotivet (dos) sentiraitsouvent le manche de ma coivette (couteau).

LA COMPAGNONNE. Voyons, que ce soit fini… ; nous sommes des banbannes (paresseux)…(A l’apprenti) : Michel, donne-moi le cabelot (tabouret) qui est dédelà (là-bas)… Et vous, monsieur Savornin, prêtez-moi votre chelu(lampe), que je n’y vois plus goutte (clair).

LE COMPAGNON. Vous n’y voyez plus, Georgette, eh ben ! chantez-moi quèque chose.

LA COMPAGNONNE. Ça y est…. mais avant fermez le châssis (fenêtre) qui m’apporte unair trop chanin (froid).

L’APPRENTI. Qu’allez-vous nous chanter, mameselle ?

LA COMPAGNONNE.
Pardi ! la chanson composée par quèque brasseur de roquets (commisfabricant). . Le Canut amoureux !

L’APPRENTI. Ah ! vous la savez ?

LE COMPAGNON.
Nous la savons tous, Benoit (imbécile).

LA COMPAGNONNE (d’une voix très-lente et grasseyant beaucoup).

LE CANUT AMOUREUX.
AIR de Marianne.


Fanchon, du haut de ta banquette,
Escoute la voix de l’amour,
Car tout en passant ma navette,
Je pensons à toi chaque jour.

                   Oui, je t’aimons,
                   Je te l’disons.

J’souhaitons ben que t’en fasses de même :
                Ah ! quand on s’aime,
               C’est si canant,
L’on va toujours se lanti-bardanant.
               Fanchon, pour toi mon cœur souspire
               Va, ne prends pas ça pour un’ crac.
               En ce moment il fait tic- tac,
                    Et je viens te le dire.
                          ___

               Quand j’aperçois ma Fanchonnette,
               Je m’escan’ sur la port’ d’allé’,
               J’ quitt’ mon bonnet, j’ prends ma casquette,
               Pour avoir l’air mieux endrôlé !
                   Et quand le soir
                   Un sommeil noir
            S’en vientfermer l’agnolet d’ma paupière,
               Quand, pour jouir d’un doux repos,
               Tout doucement je m’étends sur le dos,
               Moi qui couche sur la suspente,
                Ah ! je voudrais pendant la nuit,
               Pour dégringoler sur ton lit,
                    Voir tomber la charpente.

LE COMPAGNON, enthousiasmé. Sacristie ! Georgette, quand on vous entend chanter, ça vous fait unplaisir !..... On ne sent plus ses agassins (cors aux pieds).

LA COMPAGNONNE, souriant et baissant les yeux d’un air modeste. Taisez-vous, grand gognant (grand farceur), etc., etc.


L’intérieur de l’habitation du canut est remarquable par l’aspect demisère, de désordre, et souvent de malpropreté qui y règne ; un ou deuxmétiers, une mauvaise commode de noyer, un garde-manger de sapin blancà grillages et à rideaux verts, trois ou quatre chaises boiteuses etdépaillées, de la nature de celles qu’on voit dans les églises, ungrabat dressé sur une soupente à laquelle on monte au moyen d’uneéchelle… Voilà le mobilier du canut. A cela, qui n’est que le strictnécessaire, se joignent parfois quelques ornements et certains indicesde luxe. Ainsi, des gravures grossièrement dessinées et enluminées,représentant : Le Juif errant, Pyrame et Thisbé, Geneviève deBrabant, Crédit est mort, Notre-Dame de Fourvières Henriette etDamon, garnissent les murailles ; ainsi, sur la tablette de lacheminée se trouvent pêle-mêle un gros chat en plâtre, le buste deNapoléon, des œufs de pigeons et des fruits confits conservés sousverre, deux courges façonnées en bouteilles, une petite niche en verreblanc de forme carrée, dont l’intérieur représente un village avec seschaumières, son moulin, sa rivière, ses plantations, ou bien l’EnfantJésus et les rois mages ; le tout orné de coquillages, de mousse et depapier frisé.

Sur le rebord de la fenêtre dont les carreaux sont de papier huilé aulieu de vitres, on voit constamment quelques informes pots de terreservant à la préparation de ses aliments, ou bien à l’entretien de sesfleurs favorites, les capucines, les volubilis, les giroflées : de plusun bocal rempli de cerises ou de prunes à l’eau-de-vie, dont la vueréjouit chaque matin le cœur du pauvre canut, et qu’il offre avecorgueil à l’ami ou au parent qui vient le visiter.

La nourriture du canut consiste, à déjeuner, en une espèce de fromageblanc qu’il mêle avec de l’ail, du beurre et de petits oignons ; àdîner, il mange du petit-salé ou des pommes de terre avec le mêmefromage blanc ; à souper, car il soupe, il revient pour la troisièmefois à son fromage bien-aimé accompagné d’un morceau de merluche frite,poisson qu’il estime à l’égal de l’anguille et du brochet. Sa boissonest du vin à 30 centimes le litre : le plus souvent c’est de l’eaupuisée à la fontaine voisine.

Le canut n’aime que le tabac pris en poudre ; il professe un souverainmépris pour la pipe, et plus encore pour le cigare.

Le canut se lève de très-bonne heure et se couche fort tard. Le jour,la rigueur de son travail est adoucie par un instant de sommeil qu’ilne manque jamais de prendre vers midi, puis égayée par la visite ducommis du magasin qui l’occupe et celle d’un voisin affable qui,recevant le journal de la localité, lui fait connaître les faitsrécents de la politique, la situation du pays, les discours desdéputés, etc., etc. Le soir, éclairé seulement par la petite lampequ’il nomme chelu, il trouve moyen de concilier son travail et sonplaisir en lisant une pièce de théâtre, un roman de Ducray-Duminil, enchantant une romance amoureuse et sentimentale, une chansonpatriotique, selon son humeur.

On a dit souvent que le costume faisait l’homme : le canut établirait àlui seul la véracité du proverbe, car il est impossible pour un citadinlyonnais de ne pas le reconnaître dans une promenade publique : seshabits sont de véritables uniformes dont il ne change jamais la façon,les couleurs et les étoffes.

Été comme hiver, chez lui le canut est en manches de chemise. Jeunehomme, il couvre sa tête d’un bonnet grec ; vieillard, il l’enserresous un large bonnet de laine, ou de coton. Il porte un vieux pantalonde couleur indéfinissable, parfois garance semblable à celui dumilitaire ; une lisière de drap, ou bien la seule ampleur de seshanches fait l’office de bretelles ; il a les jambes nues et de vieuxsouliers aux pieds.

Au dehors et dans un jour de loisir, il porte invariablement le chapeaudit à ballon, l’habit bleu barbeau à boutons dorés, un pantalon decouleur jaunâtre ou de nankin, une cravate blanche brodée, une chemiseà col très-élevé et à petits plis sur le devant très-empesés et ornésd’une épingle à figure de mouche ; son gilet est jaune ou blanc ; sesbas sont bleus ; sa chaussure consiste en des souliers dits escarpinsavec une large rosette de rubans noirs ; sa main s’agite dans le videet frappe les passants ; cependant, lorsqu’il veut se donner un aird’importance et de bien-être, il s’appuie sur une canne de jonc, ou lafait voltiger à droite et à gauche, d’une manière semblable auxmouvements qu’imprime à la sienne un tambour-major marchant à la têtede son régiment.

J’ai dit les travaux du canut ; je passe maintenant à ses plaisirs.

D’abord, et règle générale, ses journées de récréation sont le dimancheet le lundi : il ne saurait pas s’amuser un autre jour. De bon matin,il se rend chez le barbier voisin, et se fait raser ; c’est pour lecanut la première satisfaction. Plus tard, il s’achemine vers la placepublique de son endroit, trouve là une réunion de confrères, et devisependant quatre longues heures sur le cours de la soie, les prétentionsdes marchands, les actes du gouvernement et les affaires publiques.Dans l’après-midi, il joue aux boules ou pêche à la ligne. Le soir, ilse place sur une banquette de parterre, et avale sans désemparer deuxmélodrames et quatre vaudevilles, dont il s’efforce de retenir lestirades et les couplets : ou bien, assis autour d’une table de cabareten compagnie de trois ou quatre camarades, il joue au piquet et à labourre, entonne des refrains bachiques, boit outre mesure, et ne sortqu’à l’extinction des lumières et de sa raison, regagnant avec peineson domicile.

Comme les montagnes-françaises existent encore à Lyon, le suprêmebonheur du canut est de se faire ramasser en char, lorsque ses moyensle lui permettent.

Il fréquente aussi un petit spectacle de marionnettes, tout à faitlocal, donc le principal personnage, assez semblable au Pulcinellades Italiens, au Punch des Anglais, est un nommé GUIGNOL, type ducanut lui-même, dont les lazzis moqueurs et dérisoires à son encontrefont pourtant ses délices et son plus parfait amusement.

Une des jouissances du canut est encore de s’arrêter toute une matinéedevant un joueur d’orgue, d’acheter le cahier de chansons à deux sous,et de suivre attentivement les morceaux chantés par le marchand.

Quoique peu communicatif, notre héros paie son tribut à l’amour. Alorsil est éminemment galant, séducteur et amateur du beau sexe ; pourtant,remarquons qu’il ne fait presque jamais la cour qu’aux jeunes fillesnommées apprenties ou compagnonnes exerçant la même profession quelui : il se lance rarement auprès des bonnes d’enfants et descuisinières, et dédaigne les jeunes villageoises, pour l’apprentie oula compagnonne aimée. Le canut n’omet rien, ne néglige rien… Souriresagaçants, douces paroles, complaisances sans nombre, petits cadeaux, ilprodigue tout…. Heureux, bien heureux quand il voit ses sacrificesrécompensés, ses attentions payées du plus tendre retour…. Ajoutons enfaveur des mœurs du canut qu’il agit toujours avec la louable intentionde régulariser ses amours par-devant notaire.

Du reste, il est par vocation et par caractère porté au mariage ; s’ilreste dans le célibat, c’est que réellement il n’a pu faire autrement.

Tant que le canut n’a pas subi le joug de l’hyménée, il s’est livré àtoutes les distractions que j’ai décrites ci-dessus ; mais une foisfixé sur le choix d’une compagne et marié, son physique et son moralchangent du tout au tout. Pour en finir d’un trait de plume à l’endroitde son physique, disons que parfois, chose admirable ! il engraisse etprend du ventre !!! Au moral, il devient promptement bon époux et bonpère, compte autant d’enfants qu’il vit d’années avec sa femme ; sefait la barbe lui-même chaque dimanche, ne fréquente plus les cabarets,ne va au spectacle qu’une fois par trimestre, en compagnie de samoitié, ne manque jamais d’assister aux offices religieux, et secomplaît au milieu des joies de sa petite famille.

Le canut marié a dans l’année trois époques de réunion intime avec sesparents, ses amis et quelques-uns de ses confrères : ce sont lessolennités de Pâques, de la Pentecôte et de Noël, qu’il ne manquejamais de célébrer somptueusement. C’est alors qu’il savoure avecdélice et à grand renfort de bons mots, de chansons et d’éclats derire, un dindon, un gigot, des saucisses, ses mets favoris, et le necplus ultra de ses jouissances culinaires.

Au total, et toute compensation établie, j’aime beaucoup mieux le canutmarié que garçon. Marié, il est susceptible de goûter une petite sommede bonheur, de mettre de côté une certaine quantité de pièces de centsous, d’espérer un avenir, sinon opulent, du moins tranquille et àl’abri des privations.

Célibataire, il n’a en perspective que l’isolement, le chagrin, lamisère, et enfin l’hospice.

Voilà le canut ! voilà cet ouvrier qu’à Lyon, ville enrichie par sesfabriques d’étoffes, Lyon, qui ne serait rien ou presque rien sans sapopulation travailleuse, on méprise, on dédaigne, on regarde de travers!... Voilà cet homme à qui  l’on fait un crime de sa malpropreté,de son défaut d’instruction, de sa pauvreté, de son naturel peucommunicatif… Certes il y aurait à faire un beau plaidoyer en safaveur, si les réformes industrielles pouvaient s’opérer autrement quepar une progression lente et raisonnée.

Espérons que prochainement ce bien-être matériel qui s’est répandu dansbeaucoup d’industries versera aussi ses largesses sur cette classed’ouvriers si estimables, et qu’un peu de la fortune qu’ils contribuentà établir reviendra vers sa source. Puisse l’impartialitéadministrative, sans jamais céder à ce qu’on demande les armes à lamain, écouter sans cesse la voix de l’humanité, répandre l’instructionet la lumière parmi ces laborieux citoyens et les aider ainsi dans lacontinuation de ces luttes glorieuses avec les industries étrangères,et les convier à prendre leur part dans la prospérité nationale dontils sont les infatigables soutiens !


Joanny AUGIER.