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R...,V. de. : Bulletin des modes etde l'industrie.-La Mode, revue politique et littéraire, 20emeannée, 25 février 1849.
Saisie du texte : S.Pestel pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (16.III.2007)
Texte relu par : A. Guézou
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Texteétabli sur l'exemplaire de laMédiathèque André Malraux (BmLx : nc).
 
Bulletindes modes et de l'industrie
25 février 1849
V.de R....

~*~

Le carnaval estaujourd’hui un charmant rêve, qui ne vit plus que dans le souvenir, carvoici les austérités du Carême, et, à la place des nuits de bal et deplaisir, les grandes dames iront à Saint-Sulpice ou à Saint-Rochentendre prêcher la charité, dont elles sont si souvent l’interprète.Cependant les salons ne se fermeront pas complétement. Chez madame laduchesse de V….., on continuera à faire de la musique délicieuse ; et,chez madame la comtesse Merlin, les hommes les plus éminents de notresiècle se réuniront toujours pour prouver que l’intelligence etl’esprit ne naissent pas des utopies républicaines, mais bien de cesvieilles castes nobiliaires, qui veulent, avant tout, la gloire et lebonheur de leur pays.

Le carnaval a été triste,dira-t-on ; il n’y a pas eu de mascarades ambulantes, de promenadesolennelle en l’honneur du boeuf gras… Tant mieux…, selon nous, rien nenous semble plus honteux que cette allégresse dont on en encensait unanimal grossier ; hommage à la brute, que le païen seul pouvait rendre,car son âme n’était pas ouverte à la foi, ni son intelligence à lalumière. Il est vrai que messieurs les démagogues professent un peu lepaganisme, et que, si on les laissait faire, ils adoreraient le veaud’or. Mais, si nos promenades n’ont pas été animées par des costumesgrotesques, le Jardin d’Hiver a eu une de ces solennités qui lui ontrappelé ses plus beaux jours. Le lundi gras, il y a eu bal ; balcostumé et paré ; bal à grand orchestre, avec un quadrille de80 mirlitons,et le fameux drinn! drinn ! qui a remplacé les lampions de février… Et cebal en plein jour, ce bal qui avait pour lustre la lumière éblouissanted’un soleil printanier, n’était ni en l’honneur du président, et encoremoins en celui de M. Marrast… Il était offert à la plus belle de toutesles royautés, royauté pour laquelle le poète a toujours un doux chant,et le vieillard un souvenir et un regret, c’est-à-dire à la jeunesse, àcette aimable enfance qui passe comme un songe entre les baisers d’unemère et l’insouciance d’un coeur encore endormi. On eût dit que lesrayons dorés qui glissaient à travers le vitrage aérien donnaient plusde charme aux fleurs qui exhalaient leur parfum et aux enfants quis’épanouissaient dans un frais sourire… En les voyant si joyeux et encontemplant toutes ces jeunes mères, orgueilleuses de la beauté deleurs enfants et heureuses de leur bonheur, on se demandait pourquoi M.Proudhon n’avait pas assisté à cette fête, car elle eût été uneréfutation irrécusable de ses erreurs et de sa folie. Il y avait decoquettes petites marquises de sept ans, portant avec beaucoup dedignité la coiffure poudrée et les paniers sur les hanches… ; desgardes-françaises, qui donnaient cavalièrement le bras à de petitesgrisettes de quatre ans, comme on en trouvait à Ramponneau du temps dela Régence… MM. les gardes-françaises se seraient bien relevé lamoustache en regardant de côté leur jolie danseuse, mais ils avaientreçu d’excellentes instructions à ce sujet, et ils se contentaientseulement de se dandiner arrogamment en promenant leur conquête. Desflots d’Alençon ou d’Angleterre coquetaient jusqu’aux revers desbottes… Les robes des marquises et des pompadours étaient ornées depoint de Venise et de guipures, car les mamans avaient confiéà madame H.Leclerc leurs plus merveilleuses dentelles, et c’étaitcette femme de bon goût qui avait costumé la plupart des plus joliespetites filles.

La toilette des jeunes mères étaitégalement splendide et offrait un contraste enchanteur. Quelques robesprintanières apparaissaient sous le velours et la dentelle, etplusieurs chapeaux de crêpe, entièrement ruchés de tulle, étaient d’unvaporeux exquis. Madame la duchesse de L…. portait une redingote vertChambord, en velours, avec un fichu Lamballe en velours vert garni detrois volants de dentelle ; son chapeau était fait de tresses en satinrose, nouveauté toute originale, qui ne manque pas d’élégance. Madamela comtesse de R…. avait une redingote en damas antique bleu ciel,fermée avec des grelots de perles blanches ; sa taille souple etcharmante se dessinait sous une espèce de casawecth en velours rubisgarni de dentelle noire ; son chapeau était composé de volants en crêpeblanc festonné en soie mate. Madame de P… avait une robe en pékin royalbleu de France, garnie en redingote avec des quilles de dentelles,retenues de chaque côté avec de gros noeuds, et une capote de taffetasrose recouverte de bouillonnés en crêpe lisse blanc.

Unetrès jolie femme blonde se faisait remarquer par une toilette adorable…Sa robe était en moire antique bleu ciel, faite à la Marie Stuart ; lesmanches ouvertes en crevés, laissaient passer des bouillonnés de pointd’Alençon retenus par des torsades de soie bleu ciel. Son petit manteauà la François II était en moire antique bleu ciel, froncé sur unpoignet à l’entour du cou, et était garni de six volants de pointd’Alençon. Son chapeau, très bas sur le front et très évasé des tempes,n’était qu’un brouillard de tulle. Sous la passe, se perdaient dans unnuage aérien des paquerettes bleues et blanches.

Cedont on a pu se convaincre à cette fête, qui réunissait l’élite dumonde élégant, c’est que les bas de Paris apparaissaient dans touteleur magnificence, et que pas une femme du monde ne portait autre chosequ’un coquet soulier de satin soie. Il est vrai qu’avec la bottine nosbas parisiens seraient entièrement cachés, et ce serait réellementmalheureux que la gloire de notre industrie nationale ne fût pasremarquée et appréciée. Quoi de plus frais et de plus enchanteur qu’unbas de soie brodé à la main et dessinant une jolie jambe ? quoi de plussimple et en même temps de plus élégant qu’un bas de coton uni, dontles mailles, tissées avec une perfection délicate, arrivent àreproduire le doux reflet de la nacre de perle ? Tous les enfantscostumés avaient des bas de Paris ; bas brodés en soie mêlé de filsd’or ; bas de fils d’Écosse, brodés en soie écarlate… Et quand dans unepolka tous ces jolis petits pieds partaient ensemble pour retomber encadence, on ne savait ce qu’il fallait admirer davantage, ou des bas deParis dont la beauté était réelle, ou des attrayants souliers dela Syrène,qui avait fait pour cette fête des chaussures en rapport et en harmonieavec tous les costumes.

Le bal s’est prolongéjusqu’à six heures, et nous sommes bien convaincus que le soir tous cesgracieux enfants, en s’endormant dans leurs petits lits en ferde M. Dupont,auront revu en rêve le Jardin d’Hiver tout fleuri, et auront entenduencore les contredanses animées qui se succédaient trop vite. Peut-êtremême, sans le réseau protecteur qui environnait les petits lits faitsen corbeilles, les pauvres enfants, agités par le plaisir et lafatigue, auraient senti que tout bonheur a sa désillusion ; mais M.Dupont est un homme trop intelligent pour ne pas savoir préserverl’enfance de tous les dangers qu’elle ignore. Son talent hors lignes’applique donc non-seulement à ces modèles gracieux et artistiquesdont nous avons déjà décrit plusieurs fois l’originalité et l’élégance,mais encore à des lits d’enfants, à des lits ornés de boutons de roseset de feuillages, dont on ne peut réellement apprécier toute la grâcequ’en allant visiter ses vastes magasins.

Au Jardind’Hiver, il n’y avait pas que les jeunes mères qui fussent belles etcoquettes : M. le duc de R… et M. le comte de J… représentaientl’aristocratie fashionable dans toute sa perfection exquise, et levieux général de B…,  avec son splendide uniforme fait parBecker, promenait dans ses bras, avec une joie d’enfant, une joliepetite bergère de trois ans, qui lui tirait en riant ses moustaches. M.le comte de J… avait surtout un habit Becker d’une coupe remarquablepar son élégance et son cachet de gentilhomme. Cet habit faisaitparaître plus ridicule encore certains habits de jeunes hommes, qui nesavent pas qu’un mauvais tailleur est l’ami le plus perfide qui soit aumonde. Un habit mal fait dénature la grâce et donne à l’homme qui leporte une réputation de mauvais goût qui fait supposer immédiatementqu’il choisit ses costumes aux lampions du Bon Pasteur. Que lesgentilshommes qui veulent plaire aillent donc chez Becker ; qu’ilsdemandent à Leroyses bottes fines et souples qui cambrent le pied d’une façon toutearistocratique, et qui joignent à la coupe et à l’élégance le talent dechausser à ravir sans gêner aucunement. Ce que nous leur dirons encore,c’est d’aller chez Darnet,le chemisier de luxe par excellence, car le beau linge distingueréellement le grand seigneur d’avec le roturier, et une jolie chemisebien taillée et brodée avec goût, est un des points les plus importantsde la toilette masculine. La réputation de Darnet est incontestable etsi bien établie pour les chemises de batiste et de foulard, qu’il vientde recevoir une commande princière de la cour de Russie, où l’onapprécie toujours nos chefs-d’oeuvre industriels.

Surles chemises de Darnet rien ne va mieux qu’un gilet de Blanc ; car sila chemise ne forme pas un pli, le gilet se dessine également sur lebuste en le cambrant comme pourrait le faire un demi-corps de lacélèbre madame Dumoulin. Les gilets de soirée de l’habile giletier ontprincipalement une coquetterie toute charmante ; il emploie les tissusles plus riches, et il maintient ses gilets avec des boutons dediamant, de rubis, d’or ciselé et d’argent oxidé. Il a expédié lasemaine dernière à M. le comte de C…, un gilet en moire antique d’unblanc nacré, brodé de feuillages en petites perles fines, et fermé avecdes perles fines entourées de brillants.

Le soleildepuis quelques jours nous parle réellement du printemps et des fleurs.Aussi voit-on aux Champs-Elysées et au bois de Boulogne d’intrépidesamazones qui maintiennent bravement, avec une fermeté toute cavalière,l’ardeur fougueuse d’un bel alezan, qui semble tout fier de porter unsi charmant fardeau.

Le costume d’amazone qu’ellesportent ne ressemble en rien à tout ce qui s’est fait jusqu’à ce jour,car c’est une création toute nouvelle de Schwébisch ; et ceslongues robes flottantes, admirables de grâce et d’élégance, rappellentsi bien les costumes que mettait la belle duchesse de Chevreuse, queSchwébisch a une spécialité pour les robes à la Chevreuse, soit pourmonter à cheval, soit pour toilette de ville ; la réputation de sesamazones a pénétré jusqu’en Allemagne, et on peut admirer dans sesateliers douze costumes différents de robes à la Chevreuse, qui vontêtre envoyés à plusieurs princesses étrangères.

Mais,pour qu’une robe à la Chevreuse donne à la taille la souplesseindolente de la liane qui se balance, il faut un corset de Mme Dumoulin, un corsetsans goussets, c’est-à-dire un corset qui accuse toutes les formes sansles grossir, ce que ne font pas les corsets ordinaires. Aussi, cettehabile faiseuse a-t-elle obtenu une médaille d’or pour sa merveilleuseinnovation, qui lui a coûté tant d’études sérieuses, et qu’ellen’aurait peut-être pas trouvée sans son talent de statuaire.

Mme Daniel Deray a deschemisettes montantes, avec jabots de dentelle, pour mettre avec lesamazones ouvertes en revers, comme les gilets d’homme ; ces chemisettesont un cachet particulier, comme tout ce qui vient de la Couronne de France,où l’on trouve toujours un goût exquis, bon goût qui s’étend depuis lesimple jupon, garni d’ourlets à jour, jusqu’à la splendide robe dechambre et au saut du lit. Quant aux bonnets de la Couronne de France,ce sont autant de fleurs qui composent son diadème, fleurs de jeunesseet de grâce, qui rendent jolies toutes les femmes, et qui les coiffentà ravir. Une des grandes spécialités de la Couronne de France,c’est sa toile de ménage, toile filée par les jeunes Bretonnes, et queMme Daniel Deray expédie francodans toute la France, comme toutes les créations qui sortent de samaison.

Il en est de certains noms industriels,comme de ces vieilles aristocraties qui transmettent à leursdescendants une réputation de probité et de gloire. Le nom de Grueljette sur la maison qui se nomme ainsi un reflet de bon goût et detalent qui fait que la maison Gruel travaille depuis un tempsimmémorial pour la plupart des têtes couronnées.

Toutesles cours étrangères, qui ne trouvent réellement qu’en France le luxedu décor et de l’ornement, s’adressent à la Maison Gruel pourles reliures magnifiques qui ornent leurs bibliothèques.

Lorsquenous disons que les étrangers apprécient les oeuvres artistiques de nospremiers industriels français, nous ne pouvons mieux appuyer notreassertion qu’en parlant de l’envoi qu’Audot fait au grandsultan de Constantinople. Jamais la coquetterie, l’élégance et lamain-d’oeuvre ne furent en plus complète harmonie, et ne révélèrent untalent plus grandiose et plus simple.

Il y a douzepetites casseroles d’entremets, avec bords et couvercles contournés,qui sont douze petits chefs-d’oeuvre.

Chaque petitecasserole révèle son attribution : tantôt le couvercle a pour poignéeun artichaut en argent, dont la vérité égale la nature ; tantôt c’estun chou-fleur qui s’épanouit au milieu de gousses de pois entr’ouvertes; tantôt c’est une bécasse couchée sur la fougère, ou bien uneécrevisse sortant d’au milieu des roseaux. Ce qui nous a paru surtoutd’une légèreté admirable, c’est une paire de flambeaux en argent, touten végétation, c’est-à-dire en fleurs et en feuillages…. Quant auxmiroirs de sultanes, ils sont à bord et à fond d’argent, brodés, pourainsi dire, de fleurs incrustées, variées à l’infini. Il y a encorequatre brûle-parfums dont nous dirons quelques mots dans notre prochainbulletin, car ils méritent une mention toute spéciale.

Dansces brûle-parfums, les senteurs odorantes de Delabrière-Vincentlaisseront exhaler toute leur suavité, et quand la fumée des pastillesd’ambroisie montera en flocons vaporeux dans le harem, les bellessultanes feront de doux rêves en songeant au pays regretté.

Hélas! nous autres Parisiennes, nous n’envions pas le sort de ces pauvrescréatures ; car, si nous n’avons pas mille esclaves pour verser surnotre chevelure l’huile embaumée des feuilles de roses, nous avonsl’eau d’or et la pommade comigène Grou, pour donner à nos cheveux plusde brillant, plus de force et plus de souplesse. Nous avons encore lacrème de lys, douce et onctueuse, qui blanchit la peau et qui lapréserve des rides et des gerçures.

Mieux vaut êtreParisienne, avoir la liberté, et habiter un pays où l’industrie rayonnecomme un soleil.

Nous n’en donnons pour exemple quela maisonKrieger et compagnie qui, seule, possède la suprématie enfait d’ébénisterie de luxe, et dont tous les produits sont marqués enchiffres connus (ce qu’on ne trouve dans aucune maison de ce genre). Lamaison Krieger vient encore de se signaler par de nouveaux modèlesdestinés à la cour du Brésil. Ces meubles laissent bien en arrière toutce qui a figuré aux expositions par le fini du travail, l’élégance dela forme, la nouveauté des dessins et la main-d’oeuvre exécutée avecune précision admirable. Aussi on ne peut bien se rendre compte del’importance de cette maison grandiose, qu’en parcourant ses galeriesimmenses et en admirant chaque meuble, qui est un chef-d’oeuvre d’artet de goût. Que de familles laborieuses et ouvrières trouvent dans letalent de M. Krieger des ressources inépuisables ! Le génie est commele soleil : il répand sa lumière bienfaisante sur tout ce qui l’entoure.

Ilen est de même de Sangnier,le miroitier par excellence. Depuis qu’il a créé son cadreMarie-Antoinette, à fleurs de lys ressortant en bas-relief, et formantun ovale gracieux, la vogue dont il jouissait déjà, à juste titre,semble encore s’être accrue. C’est que, chez ce célèbre miroitier, lacoquetterie, la grâce et le joli forment un ensemble grâcieux etcharmant, ses cadres sont dignes des boudoirs les plus élégans, etlorsqu’une jeune et jolie femme se mire dans sa glace de Venise, quireflète sa beauté adorable, elle a son visage encadré par une auréolede belles fleurs, car Sangnier sait, en homme de tact, que les fleurs,pour ornement, plaisent éternellement. A propos des ménomètresde ThéophileSibon, il nous a encore été raconté une petite anecdote.

Ily avait la semaine dernière un grand dîner chez M. R… de B… C’était enplein carnaval. Les vins exquis et les liqueurs fines de B. Le Leuremplissaient tous les verres, et les doraient soit en rubis pourprés,en perles d’ambre ou en perles fines. Le vin était excellent ; aussiles joyeux convives le fêtaient-ils comme un ami de plus. Les bons motsjaillissaient du vin de Champagne. Le bordeaux rajeunissait tous les coeurs,et les toasts s’envolaient sincères et nombreux vers la terre d’exil.Chacun avait une histoire à raconter. Le bon vin pousse réellement aufeuilleton et à l’anecdote. Tout à coup le nom d’une déesse théâtralefut prononcé, et l’on se récria sur sa coquetterie et ses caprices. Lejeune marquis de B… assura que la charmante actrice valait mieux quetout ce que l’on disait d’elle. - Soit, ajouta le comte de J…,faites-vous aimer d’elle le temps seulement que votre montre s’arrête,et nous croirons à sa fidélité. Le marquis accepta, et un pari futengagé. Le jeune gentilhomme se rendit chez l’actrice, lui raconta sagageure, et lui demanda de l’aimer jusqu’à ce que sa montre eût besoind’être remontée. - Vingt-quatre heures, se dit l’actrice… je suissauvée, et demain je serai libre.

Le marquis luilaissa sa montre, qui n’était autre qu’un ménomètre. Or, ce ménomètreallait trente jours sans s’arrêter, c’est-à-dire un mois tout entier.Chaque matin, l’actrice, en se réveillant, regardait le ménomètre quimarchait toujours avec une régularité désespérante. La jeune femme futfidèle un mois ; le marquis gagna son pari, et tous les convives de M.R… de B… ont juré d’aller chez Théophile Sibon acheter un ménomètre,soit pour voyager, soit pour triompher de la fidélité des jolies femmes.

V.de R....