Journal de ce qui sest passé au Canada depuis le mois dOctobre 1755 jusquau mois de Juin 1756.- [sl : sn, sd].- 8 p. ; 23 cm. Saisie du texte et relecture: O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux deLisieux (10.II.2004) Adresse : Médiathèque André Malraux, B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros] obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe en partie modernisée. Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (BmLx : Vx Jo 2). JOURNAL DE CE QUI SEST PASSÉ AU CANADA Depuis le mois dOctobre 1755 jusquau mois de Juin 1756. OCTOBRE 1755 PAR une lettre du Détroit, en date du 18, tous les Sauvages de ce pays paraissent disposés à frapper sur les Anglais. Les Miamis & Poutoüamis sont dans les mêmes dispositions ; ces derniers ont toujours eu des partis en campagne, ils avoient tué, ou pris, lors de la date de cette lettre, 1[?]0 Anglais. MONSIEUR de Dieskau a été transféré dOrange à Baston ; il y a longtemps que lon na eu de ses nouvelles. ON a fait passer 120 familles acadiennes à lIsle S. Jean, & 40 à la rivière du même nom, malgré les efforts des Anglais pour sy opposer. JANVIER 1756 ON a envoyé des espions aux Mines, & au Port Royal, qui ont rapporté quil y avait 400 hommes de troupes réglées à Chibouctou, dit Halifax, & 80 au Port Royal. Les Anglais nous ont brûle une grange remplie de bled, près de Carillion, & ont fait un prisonnier. FEVRIER LON a appris que les Anglais font de grands préparatifs & des levées considérables dans toutes les Provinces de la nouvelle Angleterre : ils ont composé du côté dOrange, une compagnie de partisans Flamans, & autres gens de la même espèce, accoutumés à courir les bois. MARS LE 18 on a été informé que M. du Mas, Commandant au Fort du Quesne, a battu les Anglais au même lieu quils lavoient été lannée dernière, & que les Sauvages ont fait de grands ravages sur les terres ennemies. LE 20. 200 Bateaux destinés à transporter nos troupes pour les opérations de la campagne prochaine, viennent dêtre finis. AVRIL LE 11. Quelques Anglais venus aux environs du Fort S. Fréderic, ont brûlé 4 granges. Un Sergent & un Soldat sortis du Fort de Carillion pour aller à la chasse, ont été attaqués par un parti de Sauvages Agniez : le Sergent a été tué, et la chevelure levée, le Soldat sest échappé. MAI UN parti de Sauvages Iroquois a fait des prisonniers Anglais parmi lesquels il sest trouvé un Major & un autre Officier ; le premier était porteur de lettres que lon croyait importantes ; mais il na rien transpiré de ce quelles contenaient. LE 3. On apprend par M. de Klerec, Gouverneur du Mississipi, que les Nations sauvages de son Gouvernement, sont dans le dessein de frapper sur les Anglais de la belle rivière, où nous avons fait des prisonniers en grand nombre on en compte 600 depuis laction du Fort du Quesne, M. Braddok a été tué. LE 6. On apprend par une lettre du pays des Wiatanons, que les Illinois ont frappé, à la rivière des Iroquois, sur les Kikapaux & Miamis de S. Joseph ; ils ont tué deux femmes, & fait cinq enfants prisonniers. LE 23 nous avons fait trois prisonniers Anglais dans le Lac S. Sacrement. ON apprend, dans le moment que trois Députés des cinq Nations sont venus à Mont-réal pour demander que le chemin de chez nous à Chouaguin, fût libre : ils ont été fort mal reçus par M. le Marquis de Vaudreüil ; & cest en conséquence de cette proposition, que M. de Villiers à été détaché avec 1100 hommes Français et Sauvages, pour intercepter toutes communications aux Anglais, & empêcher les transport de leurs vivres munitions artillerie au dit Fort du Choüaguin. Le rapport de plusieurs prisonniers fait présumer quil est mal muni en tout genre. DES Anglais en embuscade aux environs de Carillion, ont tué un Milicien, fait prisonnier un jeune Cadet qui avait été envoyé avec 10 hommes, pour couper des arbres qui avaient tombé dans le chemin : ce jeune Officier avait eu limprudence de laisser à quelque distance de lui, les fusils de son détachement. LE 27 Mars dernier, il y a eu nue action près de Chouaguin, où M. de Léry, Officier de la Colonie, sest distingué. Je joindrai la relation de cette affaire à la fin de ce Journal. LES Vaisseaux du Roi, le Héros lIllustre & le Léopard, avec les Frégates la Licorne, la Sauvage & la Sirène, partis de Brest le premier jour dAvril en trois divisions, c'est-à-dire, un Vaisseau & une Frégate ensemble, sont arrivés à la fin de ce mois à Québec. Le Léopard avait un grand nombre de malades qui a encore augmenté depuis son arrivée. M. Gomain, commandant ce Vaisseau, & M. de Romainville, son premier Lieutenant, sont mort ainsi quun Officier des Troupes de terre. Le nombre de morts parmi les Soldats & Matelots nest pas si considérable quon avait lieu de le craindre. JUIN LE 7 on apprend de Mont-réal que M. de la Colombière, Officier de la Colonie, parti depuis trois semaines avec 300 hommes, pour aller à la découverte, & brûler les canots des Anglais au Fort Lydius, distant du Fort S. Fréderic denviron 20 lieues, destinés au transport de leurs vivres & munitions, a été découvert à quelques lieues de ce Fort par lindiscrétion dun Cadet pris aux environ du Fort Carillion, nommé aujourdhui le Fort Vaudreüil : cest par lui que les Anglais ont été informés que cet Officier était en marche : & sur cet avis, ont pris les mesures suivantes pour sopposer à son projet, en renforçant la Garnison de Fort Lydius, en mettant leurs Canots sous le canon du Fort. M. de la Colombière ayant été informé de ce que les Anglais avoient faits par les découvreurs quil avait envoyé, ne pensa plus quà faire des prisonniers dans le cas où les ennemis viendraient à sortir, ce qui ne manqua pas darriver. ILS firent une sortie de 80 hommes, qui auraient tous péris sans la précipitation de nos Canadiens & de quelques Sauvages qui se découvrirent trop tôt : cependant on a défait une partie de ce détachement, & fait trois prisonniers. Cet Officier est retourné à peu près dans le même endroit avec 200 hommes. UN détachement de Sauvages a tué 14 Charpentiers, & fait trois prisonniers aux environs de Chouaguin, du nombre de 40 qui y travaillaient. LES Sauvages Mississaguès & Tsonnontouans ont tué près du Fort Cumberland, à la belle Rivière, 50 Anglais. Lépouvante est grande parmi les Anglais dans ce pays : & les nouvelles venues en France lhiver dernier de la désolation de la Pennsilvanie, ne sont pas sans fondement : le pillage considérable, lors de la défaite du Général Braddok, a attiré vers le Fort du Quesne des Nations sauvages des pays fort éloignés. LES Navires marchands la Renommée, le Robuste, la Reine des Anges, le Sagittaire, & deux Gouellettes partis de France au mois de Mars chargés de vivres pour la Colonie, & portant des troupes, sont arrivés dans le courant de Mai. On en attend plusieurs autres. LES nouvelles que lon a de lennemi, portent quils ont rassemblé deux corps de troupes considérables, que lon fait même monter jusquà 10000 hommes chacun : lun à Orange, destiné à attaquer la partie du Fort S. Fréderic, & lautre à Chouaguin, menaçant Niagara : mais on a peine à croire quil y ait réellement 20000 hommes assemblés. NOS Troupes seront distribuées cette année suivant lordre ci-après. LES Bataillons de la Reine & Languedoc sont déjà campés à Carillion, ou Fort de Vaudreüil avec un corps de Canadiens & Sauvages qui vont souvent en parti, lèvent souvent quelques chevelures. BÉARN est en marche depuis les derniers jours de Mai, pour aller camper à Niagara, & Guyenne à Fontenac : la Sarre sy joindra, & nos Ingénieurs y passent, cette partie ayant besoin de leur présence. LA destination du Régiment Royal Roussillon, qui ne peut être à Mont-réal quà la fin du mois, dépendra des nouvelles quon aura de lEnnemi. LA navigation du Lac Ontario est un objet de conséquence. Nous y avons 4 Bâtiments, dont les deux portent 14 canons et 12 livres de balles. Les Anglais en ont aussi : mais il y a lieu de penser que nous leur seront supérieurs, dautant que les plus gros de leurs Navires na pu être mis à leau, à ce que lon assure. LES des dernières nouvelles du Fort du Quesne sont du 27 Avril. Les Ennemis ne paraissent faire aucun mouvement considérable de ce côté-là. Les Nations den haut paraissent bien disposés pour nous, lon ne voit encore du côté des cinq Nations Iroquoise que la neutralité. PRISE DU FORT BULL PAR M. LÉRY. LE 27 Mars 1756, à 4 heures du matin, le détachement commandé par M. Léry, Lieutenant des Troupes de la Colonie, se mit en marche, très-affaibli par la fatigue quil essuyait depuis quinze jours quil était parti de Mont-réal, & perce quil manquait presque entièrement de vivres depuis deux jours. A 5 heures & demie il arriva au chemin du portage : & les découvreurs, qui étaient en avant, amenèrent deux Anglais qui venaient au Fort le plus proche de Chouaguin, à qui M. Léry fit dire quil leur ferait casser la tête par les Sauvages, sil sapercevait quil cherchassent à déguiser la vérité, & que sil la lui accusaient, il ferait tous ses efforts pour les retirer de leurs mains. CES prisonniers dirent que le Fort du côté de Chouaguin se nommait Bull, ayant pour Garnison 60 Soldats commandés par un Lieutenant. Quil y avait dans ce Fort une quantité considérable de munitions de guerre et de bouché : que le Fort était construit de gros pieux de 15 à 18 pieds hors de terre, redoublés en dedans jusquà hauteur dhommes, ayant presque la forme dune étoile, quil ny avait point de canons, mais beaucoup de grenades, que le Colonel Johnson avait envoyées sur la nouvelle que les Sauvages lui avoient donnée de notre marche : que le Commandant de ce Fort sappelait Bull : quil devait partir le soir 15 Bateaux pour Chouaguin : & que dans linstant, les traîneaux arriveraient avec la charge de 9 Bateaux : que le Fort du côte de Corlac, à la tête du portage, était de pieux beaucoup plus grands & bien flanqué, ayant 4 pièces de canon, & 150 hommes de garnison commandés par le Capitaine Williams, dont le Fort portait le nom : quils ne savaient pas sil y avait des provisions dans le Fort, ny étant point entrés. A 10 heures, les Sauvages se saisirent de 10 hommes qui conduisaient les traîneaux chargés de vivres, qui confirmèrent ce que les prisonniers avoient dit, & ajoutèrent quil était arrivé la veille au soir, 100 hommes qui avaient annoncé être suivi de beaucoup de monde. MONSIEUR de Léry sétant occupé dabord à faire distribuer à son détachement les vivres trouvés dans les traîneaux, on vint lavertir quun Nègre qui accompagnait les chariots, sétait échappé, prenant le chemin du Fort Williams : sur quoi ne pouvant douter que lon neût connaissance de lui à ce Fort , il dit à Monsieur de Montigny, son second, quil était déterminé à attaquer le Fort Bull, les prisonniers layant assuré que la majorité des provisions & munitions y étaient. Aussi-tôt chaque Officier eut ordre de disposer sa Brigade, & Monsieur de Léry fit dire aux Sauvages quil allait attaquer le Bull ; mais ils lui représentèrent quil y avait des vivres pour conduire le Détachement à la Présentation, de la viande Anglaise que le maître de leur vie leur avait accordée, sans quil en coûtât personne : & que risquer une seconde affaire, serait aller contre sa volonté ; que si absolument il voulait périr, il était le maître des ses Français : ce Commandant répondit quil navait point envie de les exposer, & quil leur demandait seulement deux Sauvages pour les guider dans son expédition ; ce quils accordèrent avec peine : une vingtaine ensuite se déterminèrent à le suivre, étant animés de quelques coups deau-de-vie : les Algonquins, Népissings, & ceux des Iroquois qui ne voulaient pas suivre, acceptèrent la proposition que Monsieur de Léry leur fit de garder le chemin, & les 12 prisonniers : ils assurèrent ce Commandant quils pouvait attaquer, quils allaient semparer du chemin, & observer les démarches des Anglais du Fort Williams. LE Détachement sétant mis en marche dans le grand chemin, à 15 arpents du Fort, les Soldats ayant la baïonnette au bout du fusil, Monsieur de Léry ordonna de marcher tout de suite sans tirer un seul coup, & de semparer des corps-de-gardes si-tôt que lon serait dans le Fort : il en était encore à 5 arpents, lorsquil entendit le cri des Sauvages, malgré la défense qui leur en avait été faite, dans linstant il ordonna davancer à toute jambe pour semparer de la Porte du Fort : mais les ennemis eurent le temps de la fermer, six Sauvages seulement suivirent les Français, les autres poursuivirent six Anglais qui nayant pu gagner le Fort, sétaient jetés dans le bois. MONSIEUR de Léry destina du monde, pour hacher la Porte du Fort, & fit sommer le Commandant de se rendre, en lui promettant la vie & à tout son monde : à quoi il ne répondit que par le feu de sa mousqueterie, & jetant quantité de grenades, nos Soldats & Canadiens qui avaient couru à toutes jambes depuis linstant du cri des Sauvages, sétaient emparés des créneaux, doù ils tiraient sur les Anglais quils pouvaient apercevoir, on travaillait à grandes forces pour abattre la Porte, & elle ne fût en morceaux quau bout dune heure, alors tout le Détachement ayant crié VIVE LE ROI, entra dans le Fort & fit main-basse sur tout ce qui se trouva : il y eut seulement une femme & quelques Soldats assez heureux pour se soustraire à fureur de nos troupes, quelques personnes prétendent que lon na fait quun seul prisonnier dans cette action. LE Commandant & les Officiers se transporter aux magasins, & firent travailler en diligence à jeter les barils de poudre à la rivière, mais le feu ayant pris à un des magasins, & Monsieur de Léry jugeant quil ne pourrait le faire éteindre sans courir risque de faire sauter en lair le monde qui y serait employé, donna lordre de séloigner au plus vîte, & lon en eût à peine le temps, que le feu prit aux poudres qui senflammèrent en trois fois, & la commotion fût si grande, quun Soldat de Guyenne, & un Iroquois du Sault, furent blessés des débris du Fort, quoiquils fussent déjà éloignés : le Sauvage sur-tout est en danger de mort de cette blessure. CEPENDANT on envoya un détachement chercher les Bagages qui étaient restés dans le chemin, & un peu après un Sauvage vint avertir M. de Léry que les Anglais faisaient une sortie : ce qui lui fit rallier son Détachement, & sétant placé sur le Bord de la Rivière, il fit néanmoins jeter à leau les bombes, grenades, boulets & toutes les munitions que lon put trouver, il fis rompre les 15 Bateaux, puis se mit en marche pour sopposer à la sortie quon lui avait annoncée, mais il apprit en chemin que les Sauvages lavoient repoussée après avoir tué ou pris 17 hommes, cette sortie fut faite du Fort Williams, sur la nouvelle que le Nègre y porta, & les Sauvages qui ne voulant point attaquer le Fort Bull, sétaient chargés de garder le chemin, sen acquittèrent si bien, que ce Détachement sen retourna au plus vite, après avoir perdu le nombre de 17 hommes : aussi les Sauvages venant quelques heures après, complimenter M. de Léry sur son heureux succès, ne manquèrent pas de lui faire valoir lavantage quils avoient remporté. UN Chef lui demanda sil allait attaquer lautre Fort : ce qui ne pouvant être de la part de ce Sauvage quune fanfaronnade, M. de Léry répondit quil irait à linstant même, si les Sauvages voulaient le suivre : ce propos fit éloigner ce Chef & tous ceux qui étaient avec lui, se mirent en route pour le suivre. NOS Troupes en firent autant, & lon campa dans les Bois à trois quart de lieue du Fort : on questionna les Prisonniers du Fort Bull, & lon apprit que le Colonel Johnson ayant été informé de notre marche, avait fait avertir à toutes les postes, la regardant cependant comme impossible à cause de la rigueur de la saison. Le Fort Bull est situé auprès dune petite rivière qui tombe dans celle de Chouaguin à 4 mille du Fort. Le Fort Williams est auprès de la Rivière Moak qui tombe dans celle de Corlac : le portage dun Fort à lautre est de la longueur de 4 milles, & se fait dans un Pays assez égal, mais marécageux en quelques endroits. LE Détachement de M. Léry était de 15 Officiers, 2 Cadets, 10 Soldats du Régiment de la Reine, 17 de Guyenne, 22 de Béarn, & 27 de la Colonie, en tout 93 Soldats, 166 Canadiens, 33 Iroquois du Lac des deux Montagnes, 33 de la Présentation, 18 du Sault St. Louis, 3 de St. Bigin, 3 Abénakis de Missikouii, 2 Algonquins, & 11 Nepissings : total 362 hommes dont 265 ont attaqué le Fort, un Soldat de la Colonie & un sauvage de la Présentation ont été tués, un Soldat de la Reine, 2 Canadiens, & 2 Iroquois ont été blessés. ON juge quil a été brûlé, ou jeté dans la Rivière, plus de 40 milliers de poudre, avec beaucoup de bombes, grenades, & boulets de différents calibres : on a pareillement jeté à leau beaucoup de vivres salés, du pain, beurre, chocolat, sucre & autres provisions, les Magasins étaient pleins de hardes & autres effets qui ont été pillés, le reste brûlé, cette journée coûte aux Anglais 90 hommes, dont 30 prisonniers, notre Détachement a tué, ou amené 30 chevaux. LE 22 Juin, on a eu des nouvelles de plusieurs Navirs marchands en rivière entrautres du Beauharnois, ils sont tous aux Bicqs, & ils arriveront à Québec dès quil fera du vent de Nordest : il na pas été fréquent ce printemps, quoique ce soit la saison. M. le Chevalier de Tourville, commandant la Frégate du Roi la Sauvage, ayant reçu les dépêches de M. le Marquis de Vaudreüil par deux courriers arrivés à Québec le 19 & le 20 de ce mois, a mis la voile le 22 pour aller en France. LE 24 on a reçu des nouvelles de Mont-réal, qui nous apprennent que les Anglais ont bâti des Forts de deux lieues en deux lieues : depuis le Lac St. Sacrement, jusquà Orange : la distance est denviron 30 lieues : on dit aussi quils font marche pour attaquer le Fort S. Fréderic avec un corps de 10000 hommes : ce qui a déterminé la destination de Royal Roussillon pour cet endroit ou M. le Marquis de Vaudreuil a pareillement envoyé toutes les Milices quil a pu rassembler, jai marqué ci-dessus que les Bataillons de la Reine & Languedoc y étaient déjà avec un corps considérable de Canadiens & Sauvages : il sera bien facile dy faire passer le Bataillon de la Sarre, si on le juge à propos, au lieu de le laisser à Fontenac avec celui de Guyenne. MONSIEUR le Marquis de Mont-calm est resté à Mont-réal, afin de se porter plus aisément dans lendroit qui demandera sa présence. M. le Chevalier de Lévi a parti de Mont-réal le 22. de ce mois, pour se rendre au Fort S. Fréderic. M. de Bourlamaque est destiné pour Frontenac ou Niagara. DE LISLE ROYALE. IL a paru 4 Vaisseaux Anglais devant Louisbourg le premier de mois, qui n(y ont point séjourné, on présume que ce sont ceux qui ont hiverné à Halifax, & quils allaient en Europe, lorsquon les a vus. Louisbourg est dautant plus tranquille, quil est bien pourvu des vivres & munitions de guerre. LE 27 Juin, nous avons trouvé lOutarde, Flûte de Rochefort, & lAscension, mouillées aux Bicqs, qui étaient chargées de troupes & de munitions de guerre pour Québec. AVEC PERMISSION. |