Aller au contenu principal
Corps
COLAU,Pierre (1763-183..) : Derniers efforts du jésuitisme expirant: ses infamies, ses crimes etses complots, définition de ce qu'on appelle la congrégation, du dangerqu'il y aurait si une liberté mal entendue empêchait qu'on réprimat sesnouvelles tentatives.- Paris : Chez J. L. Bellemain, 96passage du Caire, 1830.-[8] p. ; 20 cm.
Numérisation etrelecture : O. Bogros pour lacollectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (08.III.2008)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusionlibre et gratuite (freeware)
Orthographe etgraphieconservées.
Texteétabli sur l'exemplaire de la médiathèque (BmLx : R150 br).
 
Derniers efforts du jésuitisme expirant :
ses infamies, ses crimes etses complots,
définition de ce qu'on appelle la congrégation,
du dangerqu'il y aurait si une liberté mal entendue empêchait
qu'on réprimat sesnouvelles tentatives
par
Pierre Colau

~ * ~

Derniers efforts du jésuitisme expirant (page de titre)

~ * ~

Quand le jésuitisme, un moment comprimé par la mémorable victoire dejuillet, se rassure en comptant sur les nombreux appuis qui lui restentencore dans les diverses branches de l'administration ; quand ils'agite et relève, audacieusement sa tête ; quand les méprisablesauteurs de ses journaux laissent outrager dans leurs colonnes leshommes dont le patriotisme est le plus désintéressé et le plus pur(voire même le Roi des Français) ; quand à l'abri dés couleursnationales, il prend toutes les formes et se reglisse dans tous lesrangs pour agiter et séduire les masses au nom de leurs intérêts lesplus chers, il est bon de mettre celles-ci en garde contre sesinsinuations perfides, en leur, rappelant les infamies, les crimes etles complots de cet hydre toujours renaissant.

L'ordre des Jésuites,, connu sous le nom de Compagnie ou Société de Jésus,fut fondé en 1521 par Ignace de Loyola, Espagnol visionnaire etfanatique, qui, après avoir passé les vingt-neuf premières années de savie au métrer de la guerre et aux amusemens de la galanterie, se retiraau Mont-Ferrat en Catalogne, où il se consacra au service de la mère deDieu, et prit le titre de Chevalierde Jésus-Christ et de la Vierge Marie. Il parvint d’abordà réunir dix compagnons, et obtint du pape Paul III, en 1538, la bullequi approuve son institut.

Au voeu d'obéissance fait au pape et à un général représentantJésus-Christ sur la terre, les Jésuites, joignirent ceux de pauvreté et de chasteté, qu'ilsont observe jusqu'à ce jour commeon sait.

A peine la société, fut-elle formée, qu'on la vit riche, nombreuse etpuissante. En un moment elle exista en Espagne, en Portugal, en France,en Italie, en Allemagne, en Angleterre, au Nord, au Midi, en Afrique,en Amérique, à la Chine, au Japon, partout également ambitieuse,redoutable et turbulente ; partout s’affranchissant des lois, portantson caractère d'indépendance et le conservant, marchant comme si ellese sentait destinée à commander à l'univers.

Le géneral de l’ordre réside à Rome, où les pères provinciaux luiadressent leurs rapports de tous les points du globe, et reçoiventdirectement de lui leurs instructions.

Soumis au despotisme le plus excessif dans leurs maisons, les Jésuitesen sont les fauteurs les plus abjects dans l'état. Ils prêchent auxsujets une obéissance sans réserve pour leurs souverains, aux roisl'indépendance des lois et l'obéissance aveugle au pape, à qui ilsaccordent l'infaillibilité et la domination universelle. C'est quandles rois veulent se soustraire à cette obéissance aveugleau pape, qu'ils les déclarent tyrans,ennemis de l'Eglise, et les dévouent aux poignards endéliant les peuples du serment de fidélité. Au surplus, ces hommesastucieux sont parvenus souvent à diriger la conscience des rois ; etc'est par ce moyen qu'ils ont acquis une influence si dangereuse, etsont devenus véritablement, à certaines époques, les dominateurs desnations.

Un autre moyen toujours employé avec succès par lés Jésuites, est celuid'accommoder leur morale à toutes les circonstances, de sorte qu'elleparait tantôt sévère et tantôt très relâchée, se modifiant toujours,d'après leur intérêt. Au surplus, nous allons en donner un échantillonen publiant quelques-unes de leurs maximes :

On trouve dans les écrits des PP. Discatille, Tambourin et Casnedi, qu’il est permis à un fils de seréjouir de la mort de son père, quand ce dernier lui laisse de grandsbiens. Le P. Taberna enseigne que quand on est porté à lafornication par une violence irrésistible, la fornication ne peut pasêtre imputée à crime.

Selon lé P. Fegeli, que le séducteur d'une vierge qui consent à laséduction, n'est tenu qu'à faire pénitence, parce qu'une fille à la libre dispositionde sa personne, et que ses parens ne peuvent, sous aucun prétexte,l'empêcher de la prêter à qui lui plaît.

Le P. Emmanuel Sa établit en principe qu'une femme, et même un homme,peut louer sa personne, demander et recevoir le prix d’un tel marché ;qu'une fille honnête, ou une femme d'une extraction noble, peutattacher à ses faveurs le prix qui lui convient.

Le P. J. Marin pense qu'unefille enceinte pourrait sans crime se faire avorter dans le cas où ceserait le moyen unique et nécessaire pour cacher sa grossesse, etéviter l'infamie.

Le P. Escobar fait habilement la distinction d’une promesse qui obligeet d'une promesse quin'oblige pas (1). Il dit qu'il est permis de tuer un hommequand son existence nuit à nos intérêts et qu'il s'agit de conservernotre fortune.
  
Le P. Bauny dit que lasoustraction journalière et continuelle d'un objet de peu de valeur neconstitue point ce qu'on appelle un vol, et n'est pas un péché.
  
Le P. Emmanuel Sa et le P. Gordon soutiennent que l'on peut en sûreté de conscienceprendre en cachette à quelqu'un ce que l'on suppose qu'il vous auraitdonné si on le lui avait demandé.

Enfin tous ces bons PP. soutiennent que les plus grands crimes peuvents'expier par des aumônes, des dons à l'Eglise et des fondations pieuses.On voit qu’au moyen de cela les riches scélérats peuvent dormirtranquilles.

Plus de soixante docteurs Jésuites, parmi lesquels on compte les PP.Emmanuel Sa, Delrio, André Philopator, Bellarmin, Grégoire de Valence,Varade, Odun, Commolet, Guignard, Pigenat, Mariana, Azor, Garnier,Heissius, Serrarius, Suarez, permettaient au peuple de se constituerjuge de la légitimité de son roi, dele déposséder, de le faire mourir.
  
Le jésuite Commolet, en 1593, provoquait dans tous ses sermonsl'assassinat de Henri III. Après que cet assassinat fut exécuté, ildéclara en chaire que l’assassin Jacques Clément était placé dans leciel au rang des bienheureux.

Nous allons donner un léger aperçu des crimes des Jésuites depuis lafondation de leur ordre, et des causes qui les ont fait chasser de tantde royaumes et d'empires.

En 1547, Robadilla, un des compagnons d'Ignace, est chassé des étatsd'Allemagne pour avoir écrit contre l'interimd'Augsbourg.

En 1560, Gonzalès Silveria est supplicié au Monomotapa comme espion duPortugal et de sa société.

En 1578, ce qu'il y a de Jésuites dans Anvers en est banni pour s'êtrerefusé à la pacification de Gand.

En 1581, Campian Skerwin et Briant sont mis à mort pour avoir conspirécontre la reine Elisabeth d'Angleterre. Dans le cours du règne de cettegrande reine, cinq conspirations sont tramées contre sa vie par lesJésuites : ils en tramèrent dix-sept contre Henri IV.

En 1589, Henri III est assassiné, par un moine Jacobin ; mais ce moine,comme on l’a vu plus haut, fut poussé à ce crime par les prédicationsdes Jésuites.

La même année, Molina publie ses pernicieuses rêveries sur laConcordance de la grâce et du libre arbitre.

En 1593, Barrière est armé d'un poignard contre le meilleur des roispar le jésuite Varade.

En 1594, les Jésuites sont chassés de France comme complices duparricide de Jean Châtel.

En 1595, leur père Girard est pendu à la Grève pour des écritsapologétiques de l'assassinat de Henri IV.

En 1598, ils corrompent un scélérat, lui administrent son Dieu d'unemain, lui présentent un poignard de l'autre, lui montrent la couronneéternelle descendant du ciel sur sa tête, l'envoient assassiner Mauricede Nassau, et se font chasser des états de Hollande.
  
En 1604, la clémence du cardinal Frédéric Boromée leschasse du collègede Bréda pour des crimes qui auraient dû les conduire au bûcher.

En 1605, Oldecorn et Garnet, auteurs de la conspiration des poudres,sont abandonnés au supplice.

En 1606, rebelles aux décrets du sénat de Venise, on est obligé de leschasser de cette ville et de cet état.

En 1610, Ravaillac assassine Henri IV. Les Jésuites restent sous lesoupçon d'avoir dirigé sa main, et, comme s'ils en étaient jaloux, etque leur dessein fût de porter la terreur dans le sein dés monarques,la même année, Mariana publia avec son Institution du prince,l'Apologie du meurtredes rois.

En 1618, les Jésuites sont chassés de Bohême, comme perturbateurs durepos public, gens soulevant les sujets coutre leurs magistrats,infectant les esprits de la doctrine dangereuse de l’infaillibilité etde la puissance universelle du pape, et semant, par toutes sortes devoies, la discorde entre les membres de l'état.

En 1619, ils sont bannis de Moravie pour les mêmes causes.

En 1631, leurs cabales soulèvent le Japon, et la terre est trempée,dans toute l'étendue de l'empire, du sang idolâtre et chrétien.

En 1641, ils allument en Europe la querelle absurde du Jansénisme et duMolinisme, qui a coûté le repos et la fortune à tant d'honnêtesfanatiques !

En 1643, Malte indignée de leur dépravation et de leur rapacité, lesrejette loin d'elle.

En 1646, ils font à Séville une banqueroute qui précipite dans lamisère un grand nombre de familles. Celle de 1761 n'est pas, comme onvoit, la première.

En 1709, leur basse jalousie détruit Port-Royal, ouvre les tombeaux desmorts, disperse leurs os, et renverse les murs sacrés dont les pierresleur sont retombées lourdement sur la tête.

En 1713, ils appellent de Rome cette bulle Unigenitus, quileur a servi de prétexte pour causer tant de maux, au nombre desquelson peut compter quatre-vingt mille lettres de cachet décernées contreles plus honnêtes gens de l’état, sous le plus doux dés ministères.

La même année, le Jésuite Jouvency, dans une Histoire de la société,ose installer, parmi les martyrs, les assassins de nos rois, et nosmagistrats attentifs, font brûler son ouvrage.

En 1723, Pierre-le-Grand ne trouve de sûreté pour sa personne et demoyen de tranquilliser ses états, que dans le bannissement des Jésuites.

En 1728, Berruyer travestit en roman l’Histoire de Moïse,et fait parler aux patriarches le langage de la galanterie et dulibertinage.

En 1731, l'autorité et l'argent dérobent aux flammes le corrupteur etsacrilège Girard, si connu par ses abominations avec la stupide etfanatique Cadière.

En 1743, l'impudique Benzi suscite    enItalie la secte des Mamiliaires.

Fin 1745, Pichon prostitue les sacremens de pénitence et d'eucharistie,et abandonne le pain des saints à tous les chiens qui le demanderont.

En 1755, les Jésuites du Paraguay conduisent en bataille rangée leshabitans de ce pays contre leurs légitimes souverains.

En 1757, un attentat de parricide est commis contre Louis XV, et c'estpar un homme qui a vécu dans es foyers de la Compagnie de Jésus,que ces pères ont protégé, qu’ils ont placé en plusieurs maisons, et,dans la même année, ils publient une édition d'un de leurs auteursclassiques, où la doctrine du meurtre des rois est enseignée. Ilsavaient fait la même chose en 1610, immédiatenient après l'assassinatde Henri IV.

En 1758, le roi de Portugal est assassiné à la suite d'un complot,formé et conduit par les jésuites Malagrida, Matos et Alexandre.L'année suivante, cette troupe de religieux assassins est chassée de ladomination portugaise.

En 1761, un de cette compagnie, après s'être emparé du commerce de laMartinique, menace d’une ruine totale ses correspondans. On réclame enFrance la justice des tribunaux contre le Jésuite banqueroutier,et la société est déclarée solidaire du P. Lavalette. Elle traînemaladroitement cette affaire d'une juridiction à une autre. On y prendconnaissance de ses constitutions ; on en reconnaît l'abus ; et lessuites de cet événement amènent son extinction parmi nous, à la suited'un édit de Louis XV et d'un arrêt de la Cour du parlement rendu le1er décembre 1764.

Voilà les principales époques du Jésuitisme ; il n'y en a aucune entrelesquelles on n'en pût intercaller d'autres semblables. Combien cettemultitude de crimes connus n'en fait-elle pas présumer d'ignorés !

Voilà, enfin, la conduite de tous les temps, et les moeurs héréditairesde l'ordre à qui Charles X avait livré la France. Comment se fait-ilqu'un roi, descendu de Henri IV, ait pu devenir le protecteur de cetordre pervers ? Ne pourrait-on pas croire que la superstition et lapeur de l'enfer l'avaient rendu leur esclave ?

On sait, au surplus, que Louis XIV, devenu vieux et dévot, avait donnéla direction de sa conscience aux jésuites La Chaise et Le Tellier ;que c'est à ce dernier qu'on doit la révocation de l'édit de Nantes, etpar suite les dragonnades, les supplices et le bannissement deplusieurs millions de Français protestans.

Comme les lois par lesquelles ils avaient été chassés du royaumesubsistaient toujours, parce qu'on n'osait pas, en les rapportant,heurter trop violemment l'opinion publique, les Jésuites ne furentd'abord que tolérés, et ne reprirent pas ostensiblement leur costume etleur nom ; mais il fut facile de les reconnaître dans les Pères de la Foi,dans les Missionnaires,dans les directeurs des petitsséminaires, dans quelques évêques et un grand nombre deprêtres. Bientôt on les vit partout à la tête de l'instructionpublique. Bientôt enfin tous les emplois civils et religieux furent àleur disposition, et l'on ne put les obtenir qu'en se couvrant dumasque hypocrite d'une dévotion qui faisait rire de pitié les honnêtesgens.

On appelle Jésuites de robe courte ceux qui professent les principes del'ordre sans être ecclésiastiques. Ils ne sont pas moins dangereux queces derniers, puisqu’ils se trouvent dans les ateliers comme dans lesadministrations : c'est ce qui forme la Congrégationproprement dite.

On entend par Congrégation,l'association générale de tous les hommes imbus des doctrinesjésuitiques, qui, quoique répandus dans les diverses classes de lasociété (depuis la plus haute jusqu'à la plus basse), reçoivent, pardes voies détournées,une direction unique, ont des signes de reconnaissance et des mots deralliement, et concourent, soit en commun, soit en particulier, de tousles moyens qu'ils ont reçus de la nature ou de leur position sociale, àl'accomplissement des projets de ceux qui les dirigent au nom des intérêts du ciel, etpour la plus grande gloire de Dieu.

Ce serait à tort, que pour ne point troubler la liberté des opinions,on fermerait les yeux sur la conduite de ces hommes qui, décorés descouleurs nationales, crient : Mortaux Ministres ! quand ils veulent les sauver.


NOTE:
(1) La conduite de Charles X a prouvé qu'il connaissait à fond ladoctrine P. Escobar.


Garde à vous

Air - Je loge au quatrième étage.

Garde à vous !Français, que l'on veille,
Couvert de meurtres et de sang,
Le Jésuitisme se réveille ;
Il se reglisse en chaque rang.
Ce monstre au teint blême, à l'oeil loucbe,
Répand le mensonge et l'erreur ;
Le poison qui sort de sa bouche,
Des sots allume la fureur.

Lorsque l'amour de la patrie,
Dans les coeurs purs vient respirer,
Eh quoi ! la sottise flétrie,
Au jour ose encor se montrer ?
Artisans de la tyrannie,
Allez conspirer aux enfers.
De la liberté le génie
Enflamme aujourd'hui l'univers !

Grâce à l’appui de l’ignorance
Et de la superstition,
Assez longtemps l'intolérance
A flétri la religion ;
Les vils suppôts de i'imposture
Ne tromperont plus les mortels ;
Et du seul dieu de la nature
L'homme encensera les autels !

PIERRE COLAU