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CORNETZ,Victor (18..-19..) : Del'utilité du faux bruit (1919). Saisie dutexte : O. Bogros pour lacollectionélectronique de la MédiathèqueAndré Malraux de Lisieux (23.X.2015) [Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Courriel : mediatheque@lintercom.fr, [Olivier Bogros]obogros@lintercom.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusion libre et gratuite (freeware) Orthographe et graphie conservées. Texte établi sur un exemplaire (Bm Lisieux: nc) du Mercure deFrance. N°496 - T. CXXXI, 16 février 1919, 30e année. DE L'UTILITÉ DU FAUX BRUIT par V. Cornetz ~ * ~Lafoule, enfant qu'apaise une innocente ruse. LUCRÈCE. Aux intéressantes pages consacrées dans cette revue par M. A. Dauzataux faux bruits et légendes de la guerre (1) je me permettrai d'ajouterquelques remarques en me plaçant à un point de vue spécial, celui del'utilité et de la nécessité biologique du faux bruit (2). Pourcertains lecteurs au courant des belles études philosophiques de Julesde Gaultier j'aurai probablement l’air d'enfoncer une porte ouverte,mais peut-être pas pour beaucoup d'autres. Je commencerai par déduire l'utilité du faux bruit en partant de lalégende, puis je citerai quelques exemples, ensuite je n'aurai quequelques mots à dire sur la biologie du faux bruit, car sa genèse a étéexposée pour le principal par M. Dauzat. Ceci m'amènera à parler de lafoule, être collectif, et enfin du rôle du mirage mental dans la vie del'homme. Il est incontestable que certaines belles légendes de l'histoire sontéminemment utiles. Une grande partie des ouvrages qui s'intitulent « laMorale en actions » est faite de légendes. Autour d'un brin de réalitéla légende se cristallise. Voyons, par exemple, celle de Cambronne. On n'est aucunement d’accordsur ce qu'a dit ou sur ce qu'aurait dit le brave général à Waterloo, etil peut même n'avoir rien dit du tout. il n'en est pas moins certainque cette légende, née probablement très peu après la bataille, estd'une grande utilité militaire et sociale. Elle glorifie, à justetitre, tous les vaillants qui, en réalité, dans le cours de l'histoire,ne se sont pas rendus, et il importe peu que cela soit réel ou non pourCambronne en particulier. La légende les donne en exemples. J'en reviens maintenant à sa cristallisation et j'imagine le phénomènecomme suit : Le brin de réalité, c'est la bravoure reconnue deCambronne. Après la bataille, des grognards auront dit « Et Cambronne ?Qu'a-t-il fait ? Qu'a-t-il dit ? » Leur réponse constitue le premierdépôt, le faux bruit. Les particules toutes semblables de ce premierdépôt proviennent de quelques centaines de cerveaux de soldats,cerveaux ayant de nombreux points de ressemblance, esprits sans cesseorientés dans le même sens. « Les mêmes causes produisent les mêmeseffets (Dauzat, ibid.).Mais pourquoi le même effet encore plus tard? Pourquoi un effet identique sur les millions de cerveaux descontemporains et descendants, cerveaux si divers, esprits et caractèrestrès dissemblables ? Pourquoi la même réaction ? Pourquoi, lacristallisation dans un même système, avec des axes de même direction ?Parce que tous ces cerveaux se trouvent momentanément, au récit deWaterloo, dans un même état psychologique le besoin de glorificationdes héros. Dans bien d'autres cas, c'est le besoin de consolation quiconstitue l'état commun à une multitude de gens de tempéraments et decaractères très divers. Ici on voit poindre le rapport entre la foule,être collectif, et l'enfant, rapport que je développerai plus loin. Le brin de réalité, la brindille de Stendhal (3), recouvert d'unpremier dépôt, c'est le noyau de la légende. Si donc il y a deslégendes éminemment utiles et qui se conservent pendant des siècles, ouseulement pendant des mois, on en déduit que leur faux bruit, leur faitnaissant, doit être utile. Mais ce n'est là qu'une présomption. Eneffet, ce petit objet encore informe, brindille légèrement recouverte,peut fort bien, par exemple, n'avoir aucune utilité comme beau modèlede dessin alors que la légende qui s'en suivra sera une magnifique etbrillante masse cristalline digne de figurer dans une vitrine du muséede l'histoire. La déduction n'étant donc pas rigoureuse, il fautprocéder en sens inverse, par l'observation directe de cas particulierset par leur rapprochement. Une des plus belles cristallisations nées de la guerre, c'estl'ensemble des histoires à propos du mirifique obus Turpin. Sur unebrindille réelle à deux branches l’existence certaine de Turpin, d'unepart et, d'autre part, le fait certain que quelquefois des combattantssont tués, sans blessures apparentes, par la commotion très proched'une explosion, le faux bruit naît dans des milliers d'esprits. C'estl'idée : « Le nouvel obus Turpin tue à grande distance. » Ce faux bruita réconforté, encouragé un grand nombre de personnes de l'arrière. Illeur a donné de l'espoir. Ensuite, il a convenu à tant de gens parcequ'il était à rayon élastique, si je puis dire, et cela suivant letempérament, le degré d'information, le caractère de chacun. 800 metres! 50 mètres ! 10 à 15 mètres ! J'ai cru, comme tant depersonnes, au nouvel obus Turpin dans ces dernières limites de 10 à 15mètres, limites que je qualifiais alors de raisonnables ( !) Les lettres que j'ai lues étaient précises. Un brigadier d’artillerieécrit : «Mon capitaine a visité l'usine de fabrication. Elle est dansles Pyrénées. On ne peut pas produire beaucoup à la fois, car lesouvriers ne peuvent pas travailler plus de deux heures de suite à causedes exhalaisons dangereuses. Ils sont obligés de boire beaucoup delait, etc...» — Une autre lettre, plus scientifique, dit : «L'explication est simple : un obus à mélinite ancien tue sans lésionsexternes, rien que par la commotion, à un mètre ou deux, et de par labrusque différence de pression artérielle. Turpin a pu étendre l'actionefficace à 10 mètres et on espère bientôt arriver à 50 mètres. » — M.Dauzat dit fort bien « Le faux succès, une fois démenti, cause unedésillusion aussi déprimante que l'action d'une catastrophe ou d'unrevers (4). » C'est exact dans bien des cas, par exemple lors de lafausse nouvelle d'un corps d'armée allemand capturé à Guise, lors de lagrande retraite de 1914. Mais ce n'est plus le cas lorsqu'il s'agitd'un faux espoir basé sur un faux bruit destiné de par sa nature à nepas être démenti avant une date lointaine et vague. A -t-on vu plustard une désillusion suivie d'abattement chez tous ceux qui avaient cruà l'histoire de l'obus Turpin? — Lorsque l'on venait à en parler en1915, tous s'esclaffaient : « Etions-nous assez jobards! » — Voilà ceque l'on entendait dire ; cependant je vais trop loin en écrivant «tous », car dans certaines couches inférieures de la foule et du publiccertaines parties de la légende resteront en conservant la dureté ducristal. Ainsi l'histoire de l'état-major ennemi tué en train de dînerdans la salle à manger d'un château. Chaque convive tenait encore quison verre, qui son couteau, etc... Un obus Turpin avait éclaté dans lacour, à une quinzaine de mètres ! Cette légende, avec ses pittoresquesdétails, sera perpétuée par certaines publications populaires et à bonmarché. Le faux bruit de trahison, ce noyau des classiques légendes de trahisonde l'histoire, a pour brindille centrale une idée générale vraie « Danstoutes les guerres il y a quelques traîtres. » Ce faux bruit «consolateur » est très utile comme calmant. Il explique simplement unphénomène en réalité bien trop complexe pour des milliers d'esprits.Les explications forcément très longues et touffues qui, parl'accumulation consciencieuse des documents et par leur comparaison,cherchent à serrer de près l'insaisissable réalité qu'est par exempleune grande bataille, ne conviennent qu'aux gens qui ont le temps delire et qui peuvent les comprendre. Elles sont plus ou moinsdifférentes les unes des autres, généralement partiales volontairementou non, et même quelquefois contradictoires, parce que ce sont desproduits individuels de spécialistes, d’historiens. Lorsque l'uned'elles nous donne une belle impression de vérité, ou de vraisemblance,c'est qu'un historien de talent a su avec art dégager les grandeslignes du phénomène, celles qui s'imposent presque unanimement commeles plus probables. Le faux bruit de trahison, considéré dans safonction explicative, apparaît par contre comme un produit naturel sansart ni artifice. C'est comme un inconscient processus de guérison del'être collectif blessé. Après l'explication par une trahison,explication si piètre pour l'esprit calme et au courant de l'histoiredes peuples, après la brusque et brève colère collective qui s'en suit,le calme s'établit dans la foule. Elle est satisfaite, parce qu'ellecroit avoir compris. Mais il y a là quelque chose d'autre encore que lebesoin de sauvegarder l'amour-propre national, quelque chose de nobleet de généreux au héros reculant après une magnifique défense, défense,foule crie « Seule la trahison a pu te vaincre ! » Elle glorifie àjuste titre le héros. Une remarque intéressante a ici sa place un être collectif, foule oupublic, bien constitué, qui parvient à supporter plusieurs années deguerre, prend de l'expérience, ce qu'il n'aurait pas fait en temps depaix et pour cause. Beaucoup de ses illusions successives aurontdisparu en leur temps, comme tombent les écorces du fruit. L'espritd'un enfant, bien constitué, peut aussi mûrir au cours de quelquesannées de dures vicissitudes. N'est-il pas curieux de constater qu'il afallu encore à une certaine époque et à une multitude de personnes uneexplication par la trahison à propos de la surprise de Verdun (finfévrier 1916 ; voir Dauzat, ibid.), alors queles mêmes gens s'ensont fort bien passé à l'occasion de surprises de bien autre envergureen mars et en mai 1918 ? Il n'empèche que la foule aura toujours lafaculté de se faire d'autres mirages. C'est un faux bruit de trahison qui a donné naissance à la curieuselégende de la vieille femme de Dixmude. C'est à cette vieille « quis'était appuyée au bras de nos soldats et qui avait mangé à leurgamelle » qu'était dû le repérage par l'ennemi de la distillerieabritant nos canons. Au départ, « son cadavre gisait au pied des ruinesde la distillerie et sous ses jupes apparaissait un uniforme allemand »(5) ! Pour que leTemps, journal fort bien fait et qui sait ce quiconvient au public, ait publié cette explication consolatrice, c'estqu'il l'a jugée très utile, dans le moment. La censure a laissél'historiette intacte, malgré un détail vraiment peu flatteur pour lesoldat français, en réalité né malin, et qui serait incapable, d'aprèscette légende, de reconnaître un Allemand déguisé en femme alors qu'ila vécu avec lui. Elle sait fort bien ce qu'elle fait, la censure,lorsqu'elle ne touche pas à des faux bruits créateurs d'espoirs ouconsolateurs ne risquant pas d'amener après eux désillusion etaccablement. On se représente facilement le début de la cristallisationpour ce cas. La vieille femme a dû exister, car les cas sont nombreuxde vieilles gens n'ayant pas voulu quitter leur cave malgré bataille etbombardement. Les soldats ont dû lui donner à manger. Après l'abandonde l'endroit, lequel abandon a dû se faire probablement de façonhâtive, certains auront demandé : « A propos, et la vieille ? Quellevieille ? — Notre vieille, celle qui mangeait avec nous. » — Après quoiil aura suffi de quelques loustics qui auront lancé : — « Ça devaitêtre un espion boche, votre vieille ! » Et le reste se comprend. * * * Le fait qu'un grand nombre de faux bruits peuvent se classer commecréateurs d'espoirs et d'autres, fort nombreux aussi, commeconsolateurs, amène à voir un rapport entre la foule ou le public, êtrecollectif, et l'enfant. En y regardant de plus près, on voit que lafoule comprend comme des étages, comme des publics divers, pouvantavoir des points de comparaison avec des enfants de différents âges.Quelquefois même, à propos de certaines questions, on peut voir tousces publics manifester ensemble une même opinion tout à fait enfantine.Pourquoi tout cela ? Pourquoi l'ignorance, la faiblesse de jugement,l'émotivité sont-elles communes à la foule, être collectif, et àl'enfant ? Un peu d'observation donne la réponse à cette question.Causons au cours de la vie, par exemple, avec des citadins, etentendons-les causer. Ce seront des artisans, des employés, desmarchands, etc... Beaucoup d'entre eux sont entrés dans la vie pratiqueaprès leurs études primaires, d'autres un peu plus tard ; avec eux, onpeut considérer bien des hommes appartenant aux professions diteslibérales, lesquels une fois leurs études terminées ne se sont plusoccupés que de leur spécialité et qui lisent tout au plus leur journaldu matin (6). Depuis le début de la guerre, tout ce public est composé,pour la grande majorité, des gens d'âge et d'expérience. Eh bien, nousserons frappés d'un fait général : chacun de ces hommes est bien devenuun homme dans sa spécialité et dans ce qui s'y rattache, mais, s'ils'agit d'autre chose, il a à peu près la mentalité d'un bon élève ducertificat d'études primaires ou d'un jeune lycéen. Certes, dans la vieordinaire du temps de paix, beaucoup de ces hommes, par prudence,réserveraient leur jugement à propos de questions auxquelles ils nepeuvent pas comprendre grand-chose ; pour beaucoup d'autres, c'est toutsimplement parce qu'ils n'éprouvent pas alors le besoin de penser,d'anticiper, d'imaginer. Mais en temps de guerre, leur émotivité esttout autre. A ce propos, certaines personnes diront : « C'est effrayantcomme la bêtise du public a augmenté depuis la guerre. » Ce jugementest superficiel. Ce qu'ils appellent la bêtise, cette chose faiteprincipalement d'incapacité de jugement, d'ignorance et d'inexpérience,ne varie que très lentement en temps ordinaire, si tant est qu'alorselle varie. En temps de guerre, elle est beaucoup plus apparente, voilàtout. La chose est bien compréhensible, car une foule de questionsdiplomatiques, militaires, économiques sont alors forcément exposées aupublic, lesquelles en temps de paix restent réservées à une élite despécialistes, et étant donné son émotivité du moment le publicforcément réagit, imagine, anticipe. J'ai fait remarquer plus haut qu'àl'encontre du jugement superficiel précité, le public prend quelqueexpérience au cours d'une longue guerre. Tous les hommes dont je viens de parler sont les éléments quiconstituent l'être collectif, foule ou public, ou l'un de ses étages.Pendant le cours de leur journée, tous vivent de leur vie spéciale etde leur vie intime, ils pensent et agissent comme individus, en hommesd'expérience dans leur spécialité ; pendant ce temps l'être collectifdort. Lorsqu'ils lisent leur journal le matin, puis, lorsqu'à certainesépoques de la guerre, ils prennent connaissance du communiqué, alorsils ne sont plus dans leur spécialité, ni dans leur intimité ; ilspensent comme éléments de foule, l'être collectif est réveillé (7).Chacun de ces éléments est alors, en fait de capacité de jugement etd'anticipation, à la hauteur du certificat d'études primaires ou despremières années de lycée. Ainsi donc, si l'ignorance, la faiblesse dejugement, l'émotivité, etc... sont communes à la foule — ou au public —et à l'enfant, c'est parce que l'homme une fois entré dans la viepratique ne se développe, en général, que dans un seul sens.Personnellement je me revois aujourd'hui assez bien comme élément d'unêtre collectif à certaines époques (guerre russo-japonaise, guerre desBalkans, révolution russe, etc...). Je dis « aujourd'hui », parce que,bien naturellement, dans le moment on ne se voit pas. Par rapport aumirifique obus Turpin j'avais la mentalité du lycéen de 13 à 14 ans,lecteur de Jules Verne, discutant avec des amis de son âge la questionde la conformation intérieure de la terre (Voyage au centre de laTerre) ou celle de la vitesse d'un obus capable de quitternotre globe(De la Terre à la Lune).Lorsque j'y réfléchis aujourd'hui, jecomprends que je n'étais pas plus capable d'émettre une opinionraisonnable à 50 ans qu'à 13 ans sur la très difficile question de lapossibilité d'augmentation du rayon d'efficacité d'un explosif. Ainsi la foule pense comme l'enfant, elle chante, rit, pleure, tempêteet casse, comme lui. Elle est souvent ingrate et oublieuse commel'enfant, quelquefois perspicace comme lui. Tout récemment le vers deLucrèce que j'ai mis en tête de ces remarques vint à ma connaissance ;c'est ce qui me décida à les rédiger, parce que ce vers du génial poèteest une justification. * * * Revenant aux deux principales classes de faux bruits, jelaisse maintenant de côté le faux bruit consolateur; son rôle se jouepar rapport aux événements du passé et j'ai dit qu'il y avait là, commeune manifestation de guérison chez l'être collectif. L'autre classecomprend tous les faux bruits créateurs d'espoir ; ceux-ci ont trait àl'avenir. Etant de leur essence amplificateurs, ils appartiennent à lacatégorie de l’illusion. Dans les moments où l'individu pense oumanifeste en tant qu'élément de foule ou d'un public, par exemple lorsde la lecture du journal, il y a illusion collective. J.-H. Rosny ditfort bien : « L'homme est essentiellement créateur de mirage (8). »Pour ce qui suit j'ai besoin de préciser et de dire « créateurd'illusions » ; c'est du reste très probablement ce qu'a eu dansl'esprit ce penseur en disant « mirage ». En effet, en disant miragemental, chose qu'il ne faut, bien entendu, pas confondre avechallucination (9), on introduit forcément par l'emploi du mot « mirage» le rapport avec mirage physique. Qui dit « mirage » dit « amplification d'une réalité ». Donc le mirage,au mental comme au physique, est formé d'une part de réalité et d'unepart d'illusion. C'est seulement cette dernière part que l'homme crée. Je pense que la formation de l'illusion est un phénomène d'adaptationaux circonstances de la vie et je crois qu'on peut faire voir cela dansle cas de l'homme qui lutte. D'une part, cet homme amplifie le résultatqu'il est destiné à atteindre, résultat futur qui n'est autre chose quel'ensemble des réalités possédées par lui au début de l'entreprise,mais un ensemble transformé d'autre part, il amplifie dès le début cesréalités, et en particulier sa valeur personnelle. Un exemple rendracela plus clair. Considérons un jeune homme qui entreprend quelquechose par exemple un bon ouvrier installant une petite industrie ou unmagasin. Il a pour lui sa valeur réelle, puis, éventuellement, un petitcapital et peut-être quelques véritables amis. Notre homme entrevoitdans l'avenir une belle réussite, sinon une grande tout au moins unemoyenne fortune. Revoyons-le dix ans plus tard le résultat obtenu, leréel, c'est qu'il a abouti tout au plus à faire vivre plus ou moinsbien sa famille ainsi que lui et en arrivant peut-être à mettre quelqueargent de côté. S'il avait pu voir par avance cette réalité il y a dixans, il en aurait fait bien moins et se serait contenté de vivre aujour le jour, sans entreprendre, à la façon de certains tempéramentsfaibles et atones, lesquels sont sans illusion parce qu'incapables deformer des mirages, c'est-à-dire d'avoir un idéal quelconque. Ainsidonc, pour obtenir le résultat au bout de dix ans, il a fallu laréalité du début, valeur personnelle, etc. choses réelles qui seretrouvent transformées dans ce résultat, plus l'illusion ; il a fallule mirage, somme des deux choses. Or la vie de cet homme nous montreque la partie illusoire du mirage l'a puissamment soutenu, aidé, etstimulé, dès le début et en cours de route. L'illusion est créatriced'effort (10), comme la réalité. L'homme dont je parlais plus haut diramélancoliquement et souvent même en cas d'assez belle réussite : «Certains de mes espoirs ne se sont pas réalisés. » Il ne voit pas quesans ces espoirs stimulants, enfants de son illusion, il ne serait pasarrivé à obtenir le résultat. Les efforts provenant de l'illusionfurent nécessaires dès le début et en cours de route à cause del'imprévu, de l'imprévisible, des accidents, des obstacles nouveauxsurgissant çà et là, etc... Si l'illusion n'avait pas été là, si cemirage mental qu'est l'idéal ne s'était pas produit, le pauvre petitrésultat, en général si modeste, n'aurait pas été réalisé. On voit doncqu'il s'agit d'une transformation d'énergie, d'une question demécanique pratique. Pour tout ce que l'homme entreprend, dans l'ordrephysique et dans l'ordre mental, il met plus et beaucoup plusd'énergies, dès le début et dans la suite qu’il ne retrouvera dans lerésultat (11). L'homme est créateur d'illusions parce qu'il est un transformateurd'énergie. Chez l'homme qui entreprend et chez l'enfant en particulier,on constate une surabondance d'énergie vitale ; elle tend à sedépenser, à se transformer, comme toujours lorsqu'il y a surabondance.Il me paraît que c'est cette surabondance qui se traduit dans le mentalsous forme d'illusion (projets plus ou moins ambitieux, belles etriantes perspectives, etc…) Tout au début, ce n'est qu'un phénomèneaccompagnateur, mais bien vite l'illusion joue un rôle analogue à celuides idées-forces conscientes. Mais comment l'homme connaît-il une telleloi de mécanique pratique ? Il ne la connaît pas (12) il la possède etlui obéit. Dans une quantité innombrable d'actes de la vie, par exemplelorsqu'il soulève un poids léger, lorsqu'il écarte un obstacle, etc...,la nécessité l'oblige à faire un effort toujours un peu plus grand etcela pour la rupture de l'équilibre. Mais, en général, il fait uneffort beaucoup plus grand encore. Si l'on vérifiait mon effort audynamomètre de précision lorsque je prends un livre sur ma table, ontrouverait cet effort toujours très exagéré. L'homme possède donc laloi par habitude, l'enfant par habitude ancestrale, car l'individu estle sommet d'une pyramide d'êtres. L'homme est bourré d'automatismes (A.Forel). D'où les a-t-il, encore enfant, si ce n'est de sa lignée ? D'après tout ce qui précède, la création d'illusions seraitun phénomène d'adaptation aux circonstances de la vie individuelle etancestrale. En résumé, il y aurait comme condition première unesurabondance d'énergie chez l'homme qui entreprend ; elle tend à sedépenser et cela se fait conformément à la loi des transformateurs, loique l'homme possède de par une longue habitude. Mais, dira-t-onpeut-être, « que d'illusions dangereuses, que de mirages néfastes, quede non-réussites, que d'erreurs » ! Je crois bien ! Croirait-on quel'adaptation de l'homme et des sociétés se fasse toujours au mieux ?Elle se fait tant bien que mal. Parce que l'homme possède une loi demécanique pratique, cela ne veut pas dire qu'il s'en serve au mieux.Dans le choix d'un but, dans l'emploi de ses énergies, dans ladirection donnée à ses efforts, il erre et gaspille souvent (13). * * * Ces remarques peuvent-elles avoir quelque conclusion pratique ? Parexemple à propos de l'attitude à prendre vis-à-vis des faux bruits dela guerre ? — faut voir ce qu'il en est advenu après quatre ans.Beaucoup sont morts de leur belle mort après avoir produit leur officede calmants. Lors de l’offensive de Champagne (1915), un brave hommem'avait apporté une lettre contenant une abracadabrante explication partrahison. Si je lui avais déclaré que son explication me paraissaitabsurde, tout en n'ayant sur le moment rien pour la remplacer, jen'aurais fait que l'exaspérer. Quelques mois plus tard, me trouvant unpeu documenté, je lui en parlai à nouveau, sur quoi il me répondit : «C'est effrayant ce que l'on croit de blagues. » Quelquefois deshistoires de ce genre contiennent des précisions nominatives, maisc'est l'exception ; elles peuvent alors compromettre faussementquelqu'un, pendant un temps seulement. Alors l'important est qu'ellesne paraissent pas « imprimées ». Il n'y a qu'à s'en remettre aux soinsd'une certaine personne aux grands ciseaux que facilement on représentesous les traits d'une vieille parente grinchue et ennuyeuse. Vieille sil'on veut, c'est une sage veille ; elle sait ce qui convient auxenfants, petits et grands. Ainsi, lorsque paraissent dans la presse àcertains moments des nouvelles et des exposés optimistes où, d'après laforte expression de M. Dauzat, « le possible est présenté comme réel »ou comme très probable, comme très proche, elle se garde bien d'enentraver la propagation (14). Mais il y a certains faux bruitsnettement décourageants dans de tels cas il faut intervenir de suite,ainsi que du reste le fait remarquer M. Dauzat. Cependant, dans le casqu'il cite des midinettes condamnées pour avoir déclaré que lecanon-monstre tirant sur Paris n'existait pas, la punition n'étaitpeut-être pas exagérée. Ne serait-ce point qu'elles auraient ajouté : «Ce sont des canons ordinaires et l'ennemi est près de Paris » ? Ainsi,un monsieur ayant dit en société « Un canon portant à 120 kilomètresest une impossibilité technique, par conséquent on nous cache que lesAllemands sont à 30 ou 40kilomètres de la capitale », on lui fit dirediscrètement qu'en cas de récidive de sa part, on se ferait un devoirde le dénoncer au commissaire de police. Cette mesure vraiment pratiquefut beaucoup plus efficace que n'auraient été de longues discussions.Mais que faire à l'égard des mirages mentaux en général ? Quand etcomment doit-on aider la nature et quand l'entraver ? Quelle est labonne dose de réalité et d'illusion ? A ce propos je me contenterai deciter les paroles d'un sage « Le monde est plein d'erreurs obstinémentmaintenues, parce que l'homme redoute de changer les illusionsfamilières pour d'âpres vérités chargées d'inconnu. Et qui sait, aprèstout, dans ce douloureux conflit du monde vrai avec le monde imaginé,dans quelle mesure un séduisant mirage peut venir en aide à lafaiblesse humaine pour l'achèvement de sa journée ? » (G. Clemenceau.) V. CORNETZ. NOTES: (1) Mercure deFrance du 16 juillet 1918. (2) Celui qui voudrait entreprendre l’étude approfondie des bienfaitset des méfaits des faux bruits et fausses nouvelles de la grande guerreaurait, je pense, deux choses à faire. D'abord une classification desdocuments, ensuite une évaluation, un bilan, pour chacun d'eux. Cettedeuxième partie du travail exigerait un long temps. Par la lecture d'ungrand nombre de journaux, par une enquête verbale faite dans lesmilieux les plus divers, il faudrait établir l'effet et la durée d'unfaux bruit, les impressions et répercussions qui s'en suivirent. Voiciun exemple Dès le début de 1915, une idée germa dans des milliersd'esprits et c'était « Cela ne peut pas durer, cette guerre detranchées, il va y avoir un grand coup et puis la fin de la guerre danssix mois. » De là le faux bruit du « grand coup », bruit qui se fitentendre ensuite de nombreuses fois. Cette idée « cela ne peut pasdurer » s'accompagnait d'une représentation simpliste et enfantined'une guerre brève se terminant par une immense bataille courte etdécisive. Les gens qui çà et là venaient parler d'une longue suite denombreuses batailles et opérations d’usure étaient fort mal reçus. Lemauvais effet de ce faux bruit fut que bien des travaux ne furent pasfaits qui auraient pu être entrepris de suite. Beaucoup de gensrestèrent dans le provisoire, attendant la fin très proche, au lieud'agir et de produire. D'autre part, cette croyance fit prendre etreprendre patience à bien des personnes qui n'auraient pas pu supporterl'idée d'une guerre longue de quatre à cinq ans. Mais il y a quelquechose de plus important encore à mettre en balance. Sans la ditecroyance, beaucoup de gens disposant d'argent auraient employé tousleurs efforts et toute leur ingéniosité à faire des provisions. Il yaurait eu de brusques hausses de prix, beaucoup d'objets et de denréespeu périssables auraient disparu de la circulation, et l'on sereprésente facilement les formidables colères de tous ceux qui,manquant d'argent comptant, n'auraient pu en faire autant. Pour laclassification, il y a deux grandes divisions qui me paraissents'imposer : 1° La formation collective, selon la bonne expression de M.A. Dauzat ; c'est celle dont j'ai esquissé la nature au cours de cetarticle ; 2° La formation individuelle : ce sont les fausses nouvelles,les canards, les ballons d'essai, etc. …, bref toutes les formationsprovenant d'un individu plus ou moins ingénieux. On serait amené ici àcollectionner aussi les formations provenant de plusieurs personnes seconcertant, par ex. conseils de gouvernement, cénacles influents, etc….et à les englober toutes sous le nom de « version ». La « version »destinée au public lui donne un aspect de la réalité d'un événement,aspect choisi de telle façon que certaines choses restent dans l'ombrealors que d'autres, bien éclairées, apparaissent au premier plan. Lesdocuments de la première division se caractériseront pour l'observateuren ce qu'ils donnent une impression de naturel, de naïveté, de volitioninconsciente, de non-calculé. Ce sont les faux bruitsproprement dits, émanations de foules ou de public. Les documents de ladeuxième classe donneront l'impression d'artificiel, de fabriqué, devoulu conscient, de calcul. (3) Il est bon de rappeler que l'introduction du terme «cristallisation » en psychologie est due à Stendhal, l'historiette quien est le point de départ n'étant peut-être plus présente à la mémoiredu lecteur. D'après le souvenir que j'en ai, Stendhal visitant desgrottes souterraines en compagnie d'une belle dame d'Italie voit descristallisations. Ils rencontrent un jeune officier autrichien quitombe amoureux de la dame. C'est le coup de foudre ! Alorsl'amoureux magnifie extraordinairement tout ce qui a trait à la bellepersonne. De là l'ingénieux et utile rapprochement. Il est fécond. (4) Mercure deFrance du 16 juillet 1918, p. 251. (5) Je cite de mémoire et à quatre ans de distance je me demande si mamémoire est bien fidèle en ce qui touche la source. Cette trèspittoresque historiette a paru dans le Temps quelquesjours aprèsl’abandon de Dixmude. Je la revois en première page, au haut de ladernière colonne à droite et imprimée en petits caractères. (6) Voir Dauzat, ibid.Le cas du médecin-major. (7) Il ne faut pas confondre cette conception d'unêtre collectif vivant d'une vie intermittente, faite de longs sommeilset de courts réveils, avec la vie générale de l'individu en tantqu'élément d'une même nation ou d'un même peuple. Cette dernière vien'est pas intermittente, car dans celle-ci l'individu vit constamment,à chaque instant, très consciemment soumis aux lois et aux mœurs.Tolstoï écrit : « La vie de l'homme est double : l'une, c'est la vieintime, individuelle, d'autant plus indépendante que les intérêts ensont plus élevés et plus abstraits ; l'autre, c'est la vie générale, lavie dans la fourmilière humaine, qui l'entoure de ses lois et l'obligeà s'y soumettre. » On pourrait donc dire que la vie de l'homme esttriple. (8) Mercure deFrance du 18 juillet 1918. (9) Au Sahara, un voyageur fatigué et malade peut éprouver unehallucination visuelle que ses compagnons n'ont pas. Par contre, la vuede tous les membres d'une même caravane est affectée lorsqu'il y amirage. Dans ce dernier cas, il existe toujours un objet réel qui peutmême être en réalité au-dessous de l'horizon. Lors d'un mirage, l'imagetrès amplifiée est quelquefois encore agrandie par une image renversée.Si l'on utilise le phénomène physique du mirage en le transposant dansl'ordre des idées et que l'on dise « mirage mental », en parlant ainsiau figuré, on doit conserver la relation entre la figure que l'on faitet le phénomène physique qui l'a suggérée. Un mirage mental aura donctoujours sa partie réelle et sa partie illusoire, par définition. (10) Le fait particulier de l'amplification de sa valeurpersonnelle par l'individu qui lutte est des plus intéressants àétudier par l'observation directe de certaines catégories de gens. Jel'ai fait pour le joueur d'échecs et pour l'escrimeur dans un opusculeintitulé : Undes aspects de l'illusion du joueur d'échecs (Paris,Preti et Delaire, 85, Faubourg Saint-Denis). Dans ce mirage mental quia soi-même pour objet, il y a donc deux parties : la valeur réelle del'individu à un certain moment, puis son illusion que l'on pourraitappeler ici la sur-estime. Y-a-t-il des cas et des ensembles de cas oùces deux grandeurs peuvent dépendre l'une de l'autre ? Peut-on établirun aspect de cette illusion en tant que dépendant de la valeur réelle ?Je pense que oui. L'homme de grande valeur réelle n'a qu'une petiteillusion, mais il en a toujours quelque peu. L’homme de petite valeur,luttant et ayant obtenu déjà quelques succès, si minimes soient-ils, aune très grande illusion. Entre ces deux extrêmes on peut situer lesautres individus. On peut exprimer cette opinion provenant del'observation par une formule qui trouve son application aussi biendans le cas d'un seul et même individu observé au cours de sa vie quedans celui de plusieurs individus de valeurs réelles diverses observésà la même époque. Si on désigne par v la valeur réelle,par Vlavaleur que l'individu s'attribue, alors V - v représente laquantité d'illusion et on aurait V - v = I /vc'est-à-dire : la quantité d’illusion est en raison inverse de lavaleur réelle. A cette règle générale on trouvera facilement bien desexceptions qu'il sera intéressant d'étudier, afin de rechercherpourquoi dans de tels cas, l'individu observé s'écarte de la norme. Uncas d'exception bien actuel c'est celui d'un homme entreprenant uneformidable lutte, d'un homme possédant de grandes valeurs réelles dedivers genres, mais qui se surestime énormément malgré cela, alorsqu'il ne devrait avoir d'après la règle susdite qu'une minime illusion.Il y a ici hypertrophie de l'illusion, cas d'aberration dans laformation du dosage lors du mirage mental. On comprend sans peine dequi je veux parler. Chose curieuse, cet homme a dans sa lancée unproverbe qui dit : « L'orgueil précède la chute. (Proverbe allemand: Hochmut kommt vor dem Fall.) Lorsque l'homme qui entreprend, ouqui lutte, est encore débutant,c'est-à-dire lorsque sa valeur réelle v est encore trèspetite, c'estalors sa grande illusion qui est, pour la grande part, déterminanted'effort. Mais, plus tard, quand sa valeur réelle est devenueimportante, c'est beaucoup plus le sentiment qu'il a de cette valeurréelle qui constitue son principal soutien. Cependant si fort et sicapable qu'il puisse être devenu, on observera toujours chez lui unepetite quantité d'illusion. Je ne tiens pas compte, bien entendu, despériodes d'abattement, de ces moments de maladie psychique où l'hommese sous-estime, ni des rares individus ayant la force d'âme d'unGuillaume d'Orange, dont on rapporte que sa devise était « Toujoursentreprendre, même sans espoir. » (11) « La froide réalité, toujours au-dessous de ce qu'on peut enattendre (Tolstoï). (12) Une illusion reconnue d'emblée comme telle se dissiperaitinstantanément. « Les illusions s'en vont comme les écorces d'un fruitet ce fruit c'est l'expérience : la saveur en est amère maisréconfortante » (Gérard de Nerval). Normalement, les illusions s'envont en leur temps et sont remplacées par d'autres. Si on arrachebrutalement, prématurément l'écorce, le fruit ne mûrit pas, (13) On en voit des exemples dans la vie animale. Lesfourmis, dansbeaucoup de leurs habitudes, n'agissent nullement au mieux des intérêtsde la fourmilière, ni d'elles-mêmes. Ainsi, lors des semaillesd'automne, en Algérie, la fourmi de l'espèce dite moissonneuse amassesans trêve des grains, comme elle le fait en été en utilisant alors lesgraminées sauvages. Puis, les pluies viennent et toutes les fourmis seretirent pour l'hiver à une profondeur de plus d'un mètre où ellesrestent inertes et amassées en boules. Les grains, lesquels sont dansdes chambres trop proches de la surface du soi, se mettent à germer etl'on voit ensuite çà et là des touffes serrées de graminées quiindiquent les nids de fourmis. L'année d'après, cela recommence. Cesfourmis, dont la force est considérable par rapport à leur taille,amassent énormément plus de grains au cours de leur existence qu'il neleur serait nécessaire. Elles font cela de par un automatismeancestral, automatisme de transport qui s'intensifie dans certainesconditions de chaleur, d'humidité, d'électricité, etc... Ainsi sedépense leur grande surabondance d'énergie. La grande quantité desmouvements chez des êtres minuscules comme les moucherons, les mouchesdomestiques, etc..., s'explique très bien ainsi. L'oiseau-mouche sanscesse bat des ailes pour des motifs analogues ; les dimensions de soncœur, moteur central, sont tout à fait hors de proportion avec cellesde son petit corps. — De telles exagérations d'activité ne sontnullement nécessaires pour la continuation de l'espèce. La petitearaignée sauteuse, insecte admirablement équilibré dans sa vie, chasse,tue, mange ce qu'il lui faut, après quoi elle fait de longs repos. Orson espèce se perpétue fort bien. Cet insecte est très petit aussi,mais chez lui la grande énergie est tout dépensée en mouvementsstrictement utiles au cours des difficiles péripéties des chasses, parexemple les bonds et les sauts souvent sans résultat. (14) Elle a fort bien compris que « la faculté des'illusionner favorablement vaut mieux que de broyer du noir », d'aprèsla bonne expression de M. Ch. Merki (Mercure de France,16 août 1918,p. 736). |