A mon ami Alfred LEFRANÇOIS à Nantes M
ON CHER A
LFRED,
Ce n'est pas sans un plaisir mélancolique que j'aicomposé ce dictionnaire du vieux jargon nantais.
Ces mots etces locutions dont beaucoup nous ont servi bien souvent, devaient plusd'une fois me reporter àl'époque déjà lointaine oùnous vivions, à Nantes, dans la plus cordialeamitié, les belles années de notre jeunesse.
Aussi je te prie d'accepter la dédicace de ce petit volume,non seulement comme un souvenir du temps passé, mais encorecomme le témoignage sincère d'une affection qu'unlong éloignement n'a fait que consolider.
Paul EUDEL.
25 Octobre 1884 ~ * ~
LETTRE A M. PAUL EUDEL
Paris, Septembre 1884
M
ON CHER COMPATRIOTE,
Ah ! quel monde de souvenirs vous venez de réveiller en moiavec votre petit dictionnaire ! Toute mon enfance y a passé; je me suis vu revivre dans la partie de ma vie qui m'est la pluschère, et j'ai vu réapparaître aussi maville natale, ma ville que j'aime tant et que je n'ai jamaisoubliée après tant d'autres citésparcourues. Une expression m'a rendu une sensation, un mot m'arappelé un quartier. On devrait faire pour chaque ville unvocabulaire intime ; le coeur en battrait plus fort àquelques-uns, comme il vient de me battre tout à l'heure, enlisant les épreuves du petit livre si curieux que vous avezbien voulu me communiquer. Eh ! oui, je suis né à Nantes,évènement de bien médiocre importance,que j'ai cru cependant devoir consigner jadis dans les strophesparfaitement oubliées qui commençaient ainsi : On m'a demandé, l'autre jour,
Vingt lignes de biographie
Au bas de ma photographie.
Le vilain mot ! Le vilain tour !
Les voici : la ville de Nantes,
A qui je n'en saurais vouloir,
M'a vu naître, sans s'émouvoir
De mes facultés étonnantes.
Le principal étant de vivre,
Fidèle au : « Tel père, tel fils»,
Ma ressource devint le livre ;
Mon père en vendait, - moi, j'en fis.
Je vous prive du reste du morceau. Mon père en vendait - ou plutôt il en louait, caril tenait un cabinet de lecture à un entre-sol de la placeGraslin se prolongeant sur un coin de la rue Jean-Jacques-Rousseau.C'est des fenêtres de cet entre-sol et du haut d'un tabouretque j'ai vu « les trois glorieuses » de «1830 », qui se résumèrent pour moi enun grand bruit sur la place et par un va-et-vient de soldatsà cheval. C'est encore de ces fenêtres qu'un peu plus tard je regardaispasser, avec un certain étonnement, quelques personnagesvêtus d'une tunique bleue serrée à lataille et d'un pantalon blanc, et coiffés d'unbéret. Lorsque je demandais qui étaient ces gens : - Ce sont dessaint-simoniens, me répondait-on. Et je n'étais pas plus avancé qu'auparavant ! Mais les saint-simoniens et les soldats à chevalétaient réservés pour les grandsjours. Le reste du temps il fallait me contenter des exercices desaltimbanques dont la place Graslin était lethéâtre presque quotidien, des montreurs d'oursassez fréquents, à cette époque, etdes cavalcades que les écuyers et lesécuyères des cirques de passage avaient coutumede faire par la ville, musique en tête et dans leurscostumes les plus magnifiques. Mon père, qui était un lettréremarquable autant que modeste, comptait parmi les habituésde son salon de lecture tout ce qu'il y avait à Nantesd'intelligent et de distingué : Lajariette, lecollectionneur émérite, Mellinet-Malassis, ledocteur Guépin, le docteur Aublanc (le médecind'Elisa Mercoeur), Emile Souvestre, Victor-Mangin père etfils, Allotte, etc... (1). Mes premiers joujoux me furent donnés par l'excellentcomédien Regnier, alors dans toute la fleur de la jeunesse,et qui jouait les premiers comiques au grandthéâtre de la place Graslin. Aussitôt que j'ai eu l'âge littéraire,je me suis enquis avec curiosité de la périoderévolutionnaire à Nantes. Pourquoi ? je n'en saisrien. Les enfants vont toujours aux énormités. Unjour j'interrogeai ma grand'mère sur Carrier, l'hommeeffroyable. Ma grand'mère avait porté la cocardeau bonnet, comme toutes les femmes d'alors, et elle aimait àrappeler que cela lui allait fort bien. - Tu as vu quelquefois Carrier, grand'mère ? - Si j'ai vu « monsieur » Carrier ? Je le croisbien ! C'était un fort bel homme ; il me saluait toujourslorsqu'il me rencontrait. Mon grand-père, lui, qui avait étémaître de poste, parlait plusirrévérencieusement de l'homme des noyades. Illui gardait une dent ; voici à quelle occasion. Une après-midi, mon grand-père menait boirequelques-uns de ses chevaux à la Loire. Un individu setrouvait sur le passage qui conduisait à la berge. - Veux-tu te ranger ? lui cria mon grand-père.
L'individuqui était Carrier, ne parut pas avoir entendu, car il ne sedérangea pas. Mon grand-père n'était pas patient. - Attends ! attends !je vais te faire bouger ! dit-il en descendant deses chevaux. Et se dirigeant vers le quidam, il lui détacha un grand coupde fouet à travers les jambes. Carrier sauta, en poussant un juron. Quelques personnes qui leconnaissaient accoururent vers lui. - Empoignez-moi cet animal ! dit-il en désignant lemaître de poste. L'ordre fut immédiatement exécuté. On emmena mon grand-père à la prison du Bouffay. Vous le voyez déjà guillotiné ! Non.Il en fut quitte pour quinze jours de cachot. N'importe, il ne cessa, pendant toute sa vie, de se plaindreamèrement et de maugréer contrel'infâme Carrier. C'est ce Nantes-là, le vieux Nantes, que votre petit livrem'a rappelé, mon cher compatriote ; le Nantes populaire desponts, du Pilori, de la rue du Petit-Bacchus, du Bois-Tortu, duPas-Périlleux, de la Casserie ; le Nantes des maisonsdisparues, de la maison des Enfants-Nantais (Donatien et Rogatien), duMarchix, de l'Arche-Sèche, de la Tour de Sauve-tout, desHauts-Pavés, de Saint-Similien, de la rue Moquechien, duquartier du Roi-Baco ; le Nantes plus pittoresque qu'on ne s'en doute,et qui parle encore journellement la langue de votre dictionnaire. Vous avez fait oeuvre pie en recueillant, de Barbin àTrentemoult, de la Ville-en-Bois à Richebourg, du quaiMoncousu au Port-Communeau, à la Petite Hollande et partout,aux Salorges, à la Place Bretagne et à la placeViarmes, des Dervalières aux Douves Saint-Nicolas, enrecueillant, dis-je, ces humbles vocables, sans famille, sansétymologie, enfants perdus de la parole et de la tradition,et qui, sans vous, auraient fini par s'en aller insensiblement au grandégoût de l'oubli. Grâce à vous, et en dépit dessplendides maisons neuves dont notre ville natale s'embellit chaquejour, il deviendra possible de reconstituer l'histoire de Nantesintime, et même d'y ajouter quelques types de la rue, commeceux des deux soeurs Amadou, par exemple, ces figures excentriques, siconnues du peuple, qui pinçaient inconsciemment de laguitare, habillées de toutes sortes de haillons et de rubansprétentieux ramassés au hasard dans le ruisseau,si sympathiques et si respectées même despolissons, ces demoiselles Amadou dont vous avez si bien fait deconsacrer les traits bizarres et légendaires. Merci donc, au nom des Nantais épris de leur berceau, commeils le sont presque tous d'ailleurs. J'ajouterai deux mots àvos renseignements si précieux. Ce serait mal meconnaître, et ce serait même ne pas meconnaître du tout, que de croire que je n'aurai pas unemention pour la nourriture bretonne. Elle a son caractèreparticulier, je parle surtout de la nourritureplébéienne, je parle des galettes deblé noir, débrassées avec du lait,finement dentelées, bien beurrées ; je parle des« caillebottes », blanches et frissonnantes,enfermées dans de jolis pots de grès ; je parledes fouaces vantées par Rabelais : « avec duraisin, c'est un délicieux mangier », aécrit l'illustre maître ès gueule. Je m'arrête, car je pourrais laisser courir ma plumejusqu'à demain sur un tel sujet ; jepréfère épuiser la matièrelors de notre prochain dîner de la « Pomme» à Paris, au restaurant Corazza, oùles Bretons en exil se donnent rendez-vous chaque mois. Charles MONSELET.
(1) Plus tard, l'établissement de mon père passaaux mains de Planson, un type long, efflanqué, noir, quidevint conseiller municipal. Le salon de lecture prit alors unecertaine couleur politique. ~ * ~
Les
LOCUTIONS
nantaises
A A la bonne flanquette - Sans cérémonie.
Abat-vent - Volet.
Abernotte - Sorte de racine comestible, de la forme d'un petit navet.
Abibo - Cousin, moustique. « J'ai étémordu toute la nuit par les abibos. »
Abîmer - «Vous abîmez ma robe.» Vous la salissez.
Abraser - Avoir soif. « Je suis abrasé par lamarche. »
Aboutonner - Pour boutonner. « Aboutonne donc ton paletot.»
Abroquer - Apostropher quelqu'un brusquement. « Je l'aiabroqué rue Moquechien. »
Accagner (s') - Faire le paresseux. Se laisser aller sansénergie.
Achaller - Exténué de fatigue et de chaleur.« Il est tout achallé. »
Acides - Substantif ma[s]culin pluriel. Bonbons acidulés.Tous les fouaciers vendent des acides.
Adlésie - Personne nerveuse ne sachant ce qu'elle veut.
Affaires - Vêtements. « Donnez-moi mes affaires.»
Agoniser - Accabler. « Je l'ai agonisé desottises. »
Agricher - Carotter. « Il a fini par m'agricher cela.»
Allée de traverse - Allée qui traverse.
Allons, ben à revoir ! - Expression sans laquelle deuxNantais ne se quittent jamais.
Aluettes - Jeu de cartes avec des figures spéciales,très en usage en Bretagne et en Vendée. Termes dujeu d'aluettes : « Monsieur, Madame, le Borgne, la Vache,Grand-Neuf, Petit-Neuf, Deux-d'épée ouDeux-d'Ecrit, Deux-de-Chêne. Faire un pourri, Robino, A moide rien, au-dessus, au-dessus du dessus, faire morguenne. »
A matin - « Je suis allé à laPetite-Hollande à matin. » Pour ce matin.
Anette - Aujourd'hui. « Je ne le ferai pas anette. »
Anchais - Vers pour la pêche.
Andilles - Anguilles.
Angible - Très éveillé.
Anhuis - Aujourd'hui.
Anucher - Répéter des mots. « Ilraconte en anuchant sans cesse. »
Août - On prononce a-oût, au lieu d'oût.« Nous irons en a-oût à Gourmalon.»
Apetissure - Etrécissure.
Appetisser - Diminuer.
Araigner - Oter les toiles d'araignée. « Jeanne,araignez ma chambre. »
Argent - « Son père lui a laissé de labonne argent. »
As - « Tirons à la première as.»
Assemblée - Fête foraine. L'assembléede Roquio à Rezé. L'assemblée desŒufs sur la route de Paris.
Assiettée - Une assiettée de soupe.
Asteure - Pour : à cette heure.
Attentionné - Pour attentif.
Au jour d'aujourd'hui - Aujourd'hui.
Attiné - Très occupé.
Aubée - De bonne heure. Partir àl'aubée.
Attigner (s') - Se chercher querelle.
Avanger - Ne pouvoir suffire à. « Nous n'avangeonspas à relever ses fautes d'orthographe. »
Avé - Pour avec. « Tu viendras avé moi.»
Avec - Remplaçant « de ». «Elle est amie avec ma sœur. »
Aveno - Instrument pour pêcher les crevettes.
Avesne - Pour avoine.
Avouillette - Un entonnoir.
Avous - Pour avez-vous.
B Baderne (vieille) - Vieille bête.
Badras ou bat-draps - Le battoire de la blanchisseuse.
Bagnole - Voiture. « Une vieille bagnole nous a conduitsà Vertou. »
Baillaud - Un homme qui a l'air bête.
Balayette - Lavette.
Balan - Equilibre. « Tiens bon le balan. »
Balle - Paille d'avoine servant aux matelas.
Ballée - Lot de légumes. Une ballée depatates.
Balline - Coussin employé pour les enfants.
Ballots (les) - Les lèvres. « Il a les ballotsenflés. »
Baluchon - Un petit paquet.
Barbeau - Pâté d'encre. Veut dire aussi hanneton.Les enfants chantent :
Barbeau, vole, vole,
Mon grand-père est à l'école.
Barbouillé minot - « Quel barbouilléminot. » Quel enfant barbouillé.
Bargigner - Tergiverser. Sans bargigner, sans hésiter.
Battaison - L'inclinaison d'un mur.
Batture - Pour battue. La pêche à la batture.
Barge - Petite chaloupe de transport.
Bauler - Pousser des cris pareils aux aboiements du chien.
Bassiner - Ennuyer. « Tu me bassines. »
Bancalin - « Son fils est bancalin » au lieu debancroche.
Baulée - Un grand feu de sarments. « Se chaufferà une bonne baulée. »
Baude - Jeune génisse.
Baudet - Petit veau. « La vache vient d'avoir son baudet.»
Bazarder - Vendre.
Bède - Terme de jeu de billes. Donner la bède :renvoyer la bille de son adversaire à une distance d'aumoins cinq mains ouvertes.
Beda - Un paysan.
Bedouflé - Enflé.
Béguin - Ver de terre.
Berdasser - Parler à tort et à travers.
Berdi-berda - Une grande berdi-berda. Une faiseuse d'embarras.
Berciller - Battre de la paupière. « Ses yeuxbercillent sans cesse. »
Bergigner - Marchander. « Il ne bergigne pas quand il va auBouffay. »
Bergot - Coiffure particulière aux femmes du peuple.
Berlingots - Petits bonbons qui se vendent rue de la Fosse.
Berlandiner - Aller lentement, se dandiner, remuer. « Lebouton de mon habit berlandine. »
Bernauder - Flâner, muser. « Qu'avez-vousà bernauder ainsi ? »
Bernicle - Coquillage en forme de chapeau chinois qui se colle auxrochers.
Bernique et pompon - « Je m'en moque. »
Bernotter - Manger du bout des dents.
Berouette - Pour brouette.
Berzillon (un) - Quelqu'un qui a mal aux yeux.
Berzounette - Une bretonne.
Bèser ou baiser - Mettre dedans quelqu'un. «L'a-t-il bien baisé ! »
Bessons - Jumeaux.
Beugner - Pleurer. Quel beugnoux !
Beurre blanc (un) - Plat de poisson avec une sauce de beurrerelevée par un filet de vinaigre. On ne préparebien le beurre blanc qu'à Roche-Maurice.
Beurrée - Tartine. Une beurrée de confiture.
Beutier - Conducteur de boeufs.
Bien dictée - Une lettre bien dictée, pour bienécrite.
Bignailler - Perdre son temps.
Bignoler - Cligner de l'oeil.
Bigourneaux - Pour bigorneaux. Coquillages. Les bigourneaux deSaint-Marc sont excellents.
Biguenazille - Basse carte.
Birrite - Un moineau.
Biroye - Chassieux. Des yeux pleins de biroye.
Bisbille - Querelle. Etre en bisbille, en froid.
Biscornu (un) - Esprit de travers. « Il est impossible dediscuter avec ce biscornu. »
Biser - Embrasser, donner un baiser.
Biser gouline - Embrasser la figure.
Bisque en coin - Anguleux, mal bâti, de travers. «Ce terrain est en bisque en coin. »
Biture (une) - Grande quantité. « Se flanquer unebonne biture de patates frites. »
Blanchirie - Blanchisserie.
Bleu - Un poisson bleu, pour ne pas dire maquereau.
Bobia - Avoir l'air d'un imbécile.
Bobillon - « Quel ennuyeux bobillon ! » Bavard.
Bogue - Cosse de pois ou d'amande.
Boirat - Abreuvoir.
Boire - Petite anse navigable dans la Loire. La boire de Toussaint, laboire des Récolets sur la ligne des Ponts.
Boisse - Moyenne carte au jeu d'aluette. Il y a des petites et desgrandes boisses.
Boissonner (se) - S'enivrer.
Boisure - Boiserie. « La boisure de la chambre. »
Boite - Du papier boite, au lieu du papier brouillard.
Boize - Arête de poisson.
Bolée (une) - Un bol plein.
Bonbons - Pour gâteaux.
Bondrée (une) - Vieille bête. « Jouercomme une vieille bondrée. »
Bon frère, bonne soeur - Frère, sœur,en parlant des individus de l'un et l'autre sexe engagésdans les ordres. L'adjectif n'implique pas l'idée debonté.
Bonnes étrennes - Etrennes. « Qu'est-ce que tu medonneras pour mes bonnes étrennes ? »
Bord (de l'autre) - Dans la pièce voisine.
Bosse - « Je me suis flanqué une bosse de rire.» J'ai bien ri.
Bossé - Ses boucles d'oreilles sont bossées(bossuées).
Bosselle - Panier d'osier pour prendre les anguilles.
Boston - Chapeau noir à haute forme.
Bottereau - Caisse en bois, percée de trous, qui plonge dansl'eau derrière les bateaux et sert à garder lepoisson vivant.
Boucherée - «Donnez-moi une boucherée de pain. »(bouchée).
Bouchon de vaisselle - Lavette.
Bouette (de la) - Mauvaise boisson.
Bouillard (un) - Averse.
Bouillon - Flaque d'eau remplie de boue. « J'ai eu de lapeine à éviter les bouillons. »
Boulotter - Se donner du bon temps. « Ça boulotte.» Ça va bien.
Bouquer (se) - Pour bouder. « Inutile de te bouquer, tu n'ygagneras pas. »
Bourdifaille - « Nous avons fait une bonne bourdifailleà la Jonnelière. » Petit festin.
Bourgeoise (la) - La maîtresse de maison. « Labourgeoise est-elle là ? »
Bourine - Maison construite en terre et recouverte en chaume.
Bourg (la) - Pour la bourrée. Fagot de marais.
Bourguignon - Poussière dans les coins.
Bourrichon - Panier grossier employé à lacampagne.
Bourricot - Un ânon.
Bourrier - Ordure, poussière. Ramasse-bourriers, pelleà main.
Boursette - La mâche.
Bousine - Vessie de cochon.
Boustifailler - Manger très souvent. « Pourvuqu'il boustifaille, il est content. »
Boutiqué - Baclé. « Qu'est-ce qui aboutiqué cela ? »
Bouture ou bouilleture - Matelotte d'anguilles.
Braiter - Vanter quelque chose. « Je sais bien braiter samarchandise. »
Brasser - Remuer, tourner. Brasser la salade.
Brenoux, beurnous - Sales.
Bricolis - Petits choux verts. (Brocolis).
Brin-de-zinc (être) - Gris. « Il étaitfortement brin-de-zinc. »
Bringue - Une femme faite comme un échalas.
Brisque - Sorte de jeu de cartes. Jouer à la brisque.
Brocher, brochure, broche - Tricoter, tricot et aiguille.
Brodure - « Cette robe a une belle brodure. »(broderie).
Brosser - Gagner. « Je l'ai bien brossé aubillard. »
Brouillase (il) - Il fait du brouillard.
Brouillasson - Négligent, paresseux.
Brouillé - Visiblement troublé. « Il enest tout brouillé. »
Buche de bois - Une bûche. « Mettez dans le feu unebûche de bois. »
Bûchelier - Bûcher. « Portez ce bois dansle bûchelier. »
Bue - Cruche en terre. On trouve des bues àl'Assemblée de Sainte-Anne.
Burettes - Vents-burettes. Brises de terre et de mer.
C Cabaginti - Synonyme de caberno.
Caberno ou
Carnibot - Petit cabinet. Victor Hugo dit : «carnichau » dans « 93 ». On dit auxenfants : « Si tu n'es pas sage, je vais te renfermer dans lecarnibot. »
Cabinet - Armoire à deux portes.
Cabner (se) - Se cacher sous les draps.
Cacoue - La queue d'un bonnet de coton.
Cagnot - Petit âne.
Caillebottes - Lait caillé que l'on vend dans des pots surles places de Nantes.
Calabrer (se) - Se regimber. Vient probablement de se cabrer.« Ce sont des gens qui se calabrent sans cesse. »
Calibier - S'entend pour un gros morceau de pain.
Câline - Coiffe en laine des poissonnières.« Il n'y avait que des câlines à lamesse de cinq heures. »
Calouret et calorgne - Borgne.
Calourette - Jeune fille borgne.
Camer - Roller, border ses draps.
Campette - Petite femme.
Canapreux - Coléreux. « Est-il assez canapreux ! »
Caneçon - Pour caleçon.
Cannotte - Pour canot.
Canuler - Ennuyer quelqu'un. « C'est une vraie canule. » « C'est un évènement canulant. »
Carcagnole - Tête. « J'ai peur que tu te fasses casser la carcagnole. »
Carre - Angle. La carre de cette maison. Le coin de cette maison.
Carne - Un paresseux. « Quel carne ! »
Casse - Lèchefrite. Instrument de cuisine.
Casse-museau - Sorte de pâtisserie très légère, faite de pâte échaudée.
Casser - Déchirer. « Ma chemise est toute cassée. »
Casuel - Fragile. « Cette vaisselle est très casuelle. »
Castilles - Petites groseilles. Il y a des castilles blanches et rouges. Les castilles noires sont le cassis.
Castonnade - Cassonnade.
Cathelinette - Cetoine. Petit insecte doré.
Catin - Poupéesans jambes ni bras. « Vas t'amuser avec ta catin », disentles mères à leurs enfants.
Catula - Employéd'octroi ou douanier, ainsi nommés à cause de la questionqu'ils posent : « Qu'as-tu là ? »
Caumé - Ce fruit est tout caumé. Bien mûr.
Caumaille - Une réserve de fruits.
Cercifis - Salsifis. « Qui veut mes cercifis ? » crient les marchands dans les rues.
Cesse (une) - Ecope, instrument qui sert à vider l'eau dans les embarcations.
Ceusse - Pour ceux.
Chabot - Toupie. Jouer au chabot.
Chacun (un) - Quelqu'un. « Tout un chacun le blâme. » Tout le monde le blâme.
Chambarder - Mettre tout sens dessus dessous.
Chambranler - Boiter.
Chancre, chevrette - Cancre de mer, crevettes.
Charitable - Caressant. « Voilà un enfant charitable. »
Charreau - Chemin dans le marais.
Charroyer - Charrier. « Il a charroyé mon bois. »
Chavirer - Renverser. « Ne me pousse pas, tu vas me faire chavirer ma tasse. »
Chat-petit (à) - Marcher à petits pas.
Chemineux - Vagabond.
Chéveneau - Barbillon.
Chiffer - Chiffonner. « Ma robe est toute chiffée. » (chiffonnée).
Chigrimine - Mine chétive.
Chigripie - Femme maigre et méchante.
Chintre - Espace inculte autour d'un champ.
Chope - Fruit avancé. « Cette poire est chope, » c'est-à-dire blette.
Choser - Faire. « Soyez tranquille, je vais choser cela. »
Cigale - Cigare. Fumer sa petite cigale.
Ciquoire - Sorte de pétard ou pistolet d'enfant. D'autres disent fiquoire.
Cintième - Pour cinquième.
Civelle - Frai d'anguille. Au figuré, maigre, délicat. Une grande civelle : une fille efflanquée.
Clampin - Boiteux.
Claver - Fermer. « J'ai clavé ma porte au verrou. »
Clincailler - Quincailler.
Clouter - Fixer avec des clous. « J'ai bien clouté cette caisse. » (cloué).
Coiffe - Conduit d'eau en bois. « Aller comme un coiffe », terme de marais.
Coin - Morceau. Un coin de beurre.
Coin (beurre de) - Un morceau de beurre de table.
Coincher - Prendre quelqu'un dans un piège. « Je l'ai bien coinché. »
Coléreux - Colère. « Il est coléreux en diable. »
Collation - Goûter. « Donnez aux enfants leur collation. »
Colidor - Pour corridor.
Colin-Jeannette - Homme qui s'occupe trop des petits détails du ménage.
Colline - Saute-mouton à suivre. Jouer à la colline.
Compagnie - « Bonjour, Messieurs, Mesdames et la Compagnie. » C'est un salut très employé parmi les artisans.
Comprenoire (la) - La compréhension. « Il a la comprenoire assez dure. »
Conséquent - Important, considérable. « Une incendie conséquente. »
Cornes - Sorte de fouaces en forme d'étoiles, arrondies aux pointes. L'assemblée des Cornes est célèbre.
Cossarde (la) - Instrument de maçon appelé l'oiseau, servant à porter le mortier aux étages élevés.
Côté - « Madame est de l'autre côté », c'est-à-dire, dans la pièce voisine.
Couée - Progéniture. « Elle est venue avec sa couée. »
Coulée - Vallon. « La coulée du pont de la Chésine. » « La rue des Coulées. »
Coulivetter - Cancaner de porte en porte.
Coulivettière - Celle qui se mêle de ce qui ne la regarde pas.
Couvert - Couvercle. « Le couvert de cette boîte. »
Craulle - Grande tasse ronde.
Crausille - Petite craulle.
Crébillonner - Faire le beau dans la rue Crébillon.
Cremets - Laitage enforme d'hémisphère préparé dans de petitspaniers d'osiers. Les meilleurs cremets de Nantes sont les «cremets d'Angers ».
Crescence - Croissance. « Donnez m'en une petite crescence. » Une petite cuillerée en plus.
Crézu - Participe passé du verbe croître. « Cet enfant a bien crézu. »
Crouiller - Fermer une porte au verrou.
Crousseton - Croûton de pain. « Je demande le crousseton. »
Crousilles - Terme générique pour désigner plusieurs coquillages à manger.
Cuite - « En revenant de Sèvres, j'avais une bonne cuite. »
Culs-salés -Sobriquet des femmes originaires de Saillé près deGuérande ; elles en portent la coiffe à bourrelet età ailerons. Beaucoup de ces fortes filles sont des porteuses depain.
Cutte - Jeu de cache-cache.
D Dail (un) - Sorte de faux. Instrument pour couper l'herbe.
Dalée -Traînée d'urine. « Voilà encore cet enfantqui a fait une grande dalée sur le plancher. »
Dame, oui, dame - Expression d'approbation ; revient sans cesse dans la conversation.
Danger (faire) - Faire mal au cœur. « Ça me fait danger. » « Ça me fait vomir. »
Dans - « Les souliers que j'ai dans les pieds » (aux pieds).
Daron - Lent.
Dégaliner - Dégringoler. Se laisser glisser.
Déguingandée - Pour dégingandée. Se dit d'une personne sans tenue, sans tournure.
Dégiter (se) - Changer de place. « Puisque je vous dérange, je vais me dégiter bien vite. »
Dégrammatiser - Détériorer l'enduit d'un mur.
Déballer (se) - Se traîner.
Démanché - Démis. Un bras démanché.
Demi-les-jours - De deux jours l'un.
Dent - « Il était couché à dent. » Sur le ventre.
Denuit - Vêtement de nuit pour les femmes. Un denuit.
Deriellage - Maçonnerie en tête du mur sous les chevrons.
Descendre en bas - Descendre. « Descendez donc en bas. »
Dessur et dessour - Pour dessus et dessous.
Devantière - Tablier de femme. « Elle avait une devantière toute moirée. »
Dévigogner - Se dépêcher, se hâter, se mettre en train.
Difficultueux - C'est une opération difficultueuse.
Diguedée - Trop manger. « Il s'est flanqué une diguedée. »
Diries - Racontars. « Tout ça, c'est des diries. »
Divers - Remuant. Etourdi. Un enfant divers.
Donner une drivée - Frapper quelqu'un.
Dorlotte - Coiffe en tulle.
Dormeuse - Coiffe à petits plis.
Dorures (des) - Bijoux de noces en or. « J'ai acheté mes dorures chez Toussaint Vier. »
Dragon - Cerf-volant.
Drapille - Vieille guenille.
Dret, à l'endret - Droit, à l'endroit. « Je suis allé tout dret à l'endret qu'elle m'avait indiqué. »
Drigailles - Vieux restes sans valeur. Vendre des drigailles.
Drille - La diarrhée. Avoir la drille.
Drimer - Marcher fort et longtemps.
Durer - Demeurer. « Durez donc tranquille. »
E Ebaupin - Pour aubépine.
Ebelloui - Ebloui.
Ebivoinde - Fatigué, harassé. « Je viens de faire mes 28 jours, je suis encore ébivoindé ! »
Ebobé - Bête, étonné. « Espèce d'ébobé de Chantenay. »
Eboguer - Décortiquer. Eboguer les pois.
Ebouler - Ebouriffé. « Comme vous êtes éboulé ! »
Ecabouir - Ecraser.
Ecarrure - Carrure. Un homme d'une belle écarrure.
Echaubouiller (s') - Se donner chaud. « Je suis tout échaubouillé. » Je suis en transpiration.
Echaudé - Sortede galette en forme de fer à cheval faite avec une pâtelourde. Les marchands qui les vendent crient : « A deux sous leséchaudés, à deux ! »
Ecolleté - Pourdécolleté. « Cette dame était-elleécolletée au concert des Beaux-Arts ! »
Eclis - Echarde. Morceau de bois entré dans la main ou dans 1'œil.
Ecoperche - Poteau d'échafaudage.
Ecoutez voir - « Ecoutez voir qui sonne. »
Ecrabouti - Ecrasé.
Ecroître - Pour accroître.
Effatué - Infatué. « Il est très effatué de sa personne. »
Effrillé (être tout) - Se sentir froid.
Egaillé (s') - Se disperser. Très employé pendant la guerre de Vendée : « Egaillez-vous, les gars. »
Egracinier - Pour égratigner.
Egrandir - Pour agrandir.
Egreniller (s') - S'en aller en miettes.
Emouvé - Emu. « Je suis très émouvé. »
Empottée (une) - Femme grosse et lente à se mouvoir.
Empulanter - Empuanter.
En - Se promener « en » campagne : aller à la campagne.
Enbas (un) - Rez-de-chaussée. « Cette maison est située dans un enbas. » Demeurer dans un enbas.
Encambronner - Allusion au mot fameux du général nantais « Tu m'encambronnes ».
Encancher (s') - Avoir des dettes, ne pouvoir les payer.
Enfeu - Concession à perpétuité dans un cimetière.
Engivane - Complication. « Il se trouve dans une engivane » dans une affaire compliquée.
Enguimanter (s') - S'informer de cela. « Je m'enguimenterai lundi. »
En pour - En échange. « Il m'a donné du gâteau en pour. »
Ensauver - Partir. « Il s'est ensauvé tout dret. »
Ensouillure - Toile à matelas ou à oreiller.
Entaillade - Entaille. Faire une large entaille.
Entendre haut - Avoir l'oreille dure.
Entremise - Une personne sachant se tirer d'affaire.
En venir (s') - Pour venir. « T'en viens-tu ? »
Epart (il) - Il fait de petits éclairs.
Epenillé - Effiloché. S'en aller en guenilles. « Le bas de sa robe est tout épenillé. »
Epiauler - Enlever la peau d'un lièvre ou d'un lapin.
Eprendre - « Le feu est épris », le feu marche.
Ebruler - Etre tout déchiré.
Erusser - Frotter trop rudement.
Esorbé - Sans cervelle.
Espérer quelqu'un - Attendre. « Il y a longtemps que je vous espère. »
Esquerbiton - Avorton.
Essarder - Essorer.
Estoper - Reprise. « Elle estope ses bas. »
Estourber - Etoudir.
Estrangouiller - Etrangler.
Eteinte (l') - Extinction. Vendre à l'éteinte de la chandelle.
E-tait - Il'tait tard.
Etier - Canal allant du marais à la mer. L'étier de Méans va de Savenay à Méans.
Etiller - Terme enfantin. « Etillons ! » Cherchons qui sera le premier à jouer.
Eusse - Pour eux.
Evailler et
Eparvailler - Etendre, éparpiller.
F Factrice - Demoiselle de magasin.
Fagnat (sentir le) - Sentir le moisi : vient de faguenat.
Failli (être) - Avoir l'air malade.
Failli gas - Mauvais sujet.
Fainé - Frelaté. Etre fainé.
Faire fricaille - Petit goûter.
Faire morguenne - Faire plus de levées que son adversaire au jeu d'aluette.
Faisandier - Personne chargée des intérêts d'autrui. Commis d'une administration ou d'une maison de commerce.
Faiserie - Une faiserie d'enfants.
Fait (du bon) - Intérieur confortable. Garde-robe bien montée. « Il a laissé du bon fait. »
Farcier - Farceur.
Fatigué - « Il est bien fatigué », très malade.
Faudrait que j'irais (il) - Au lieu que j'allasse. Locution vicieuse très employée.
Faver - Ensemencer des fèves.
Fayots - Pois secs.
Feuille (la) - Le journal. « Je n'ai pas reçu la feuille ce matin. »
Fenation - Pour fenaison.
Ficelé - « Il est bien ficelé. » Bien habillé.
Fichu - Col de femme.
Fièvres - Au pluriel au lieu du singulier : avoir les fièvres.
Fifeurlin - Grandfifeurlin. Un homme sans énergie. Quantité trèsminime. « Je n'ai pas gagné seulement un fifeurlin. »
Fils - Se prononce fi. « Que pensez-vous du dernier discours de mon fi ? » dit souvent Monsieur Laisant père.
Fignoler - Soigner. « Est-il assez fignolé ? »
Fion - Jouer à fion. Variété du jeu de saute-mouton.
Finir - « Tufiniras place Viarmes. » Terme comminatoire « Tu mourrassur l'échafaud se dressant place Viarmes. »
Flandrin - Lent à se mouvoir. « Quel grand flandrin 1 »
Flanquer une feurtopée - Donner des coups.
Flemme - Etat de paresse. « J'ai la flemme aujourd'hui. » L'envie de ne rien faire.
Flot - Pour fléau de la balance.
Foleiller - Devenir fou. Faire le fou.
Forcir - Grandir. Devenir fort. « Comme cet enfant a forci depuis six mois. »
Fortauper - Battre à coups redoublés.
Fouace - Gâteau local et célèbre, ayant la forme d'une étoile. Les Ménard, dynastie de fouaciers.
Fouailler - On dit d'un mets savoureux, mais fortement condimenté : « C'est bon, mais la goule en fouaille. »
Fouiner - Chercher. « C'est un fouineur, qui découvre tout. »
Founiller - Chercher dans un tas.
Fourmiller - Chercher dans un amas d'objets en désordre.
Foutimasser - Perdre son temps en niaiseries.
France et Bretagne (courir) - N'arriver à rien. Vieux terme du temps de la duchesse Anne.
Fraye - Petite pelle très étroite.
Fret - Pour frai. Du fret d'anguille.
Fricot - Le plat qui vient après la soupe, que ce soit viande ou poisson. Manger un bon fricot, faire un bon repas.
Fricoter - Se ruiner. « Il a tout fricoté. » Il a mangé son bien.
Frigousse - Aliments, nourriture.
Fringaller - Aller en zig zag. « Ma voiture fringalle. »
Fripouille - Un pas grand'chose.
Friquet (un) - Une écumoire.
Fristi - Faire son fristi, préparer sa nourriture.
Frissure - Boudin écrasé. « J'ai mangé de la bonne frissure au Mont Saint-Bernard. »
Fronteau - Bourrelet d'enfant.
Frousse - Peur. « J'ai la frousse », je ne suis pas rassuré.
Frusquer- Pour frustrer. « Il m'a frusqué un peu de temps.»
Frusques - Vêtements. « J'ai vendu mes frusques. »
G Gabareau (un) - Petite gabare.
Gadoue (du) - De la boue.
Gadouiller - Marcher dans l'eau boueuse, dans la gadoue.
Gagne-pain (le) - Petit morceau de bois dont les maçons se servent pour prendre plus facilement le mortier dans la truelle.
Galette - Sorte de crêpe faite avec de la farine de blé noir.
Galettoire - Ustensile pour confectionner des galettes.
Galinde - Grande fille bête. Une grande galinde.
Galopée (à la) - Vivement. La soupe de choux verts se fait à la galopée.
Gamion - Pour camion. « Les Grand-Jouan sont gamionneurs de père en fils. »
Gandilleux - Douteux. Se dit d'une chose difficile à résoudre. Très employé par le ministre WaldeckRousseau.
Gauiller - Marcher dans l'eau. « Vilain enfant, tu ne fais que gauiller. »
Garce - Fille. «Fils de garce », juron très employé sanspensée obscène ni même grossière. « Ah! mon fils de garce, je te repincerai. »
Garçon - Pour domestique. « Envoyez-moi votre garçon. »
Garde-Ville - Sergent de ville.
Garoutter - Courir les routes.
Gas - Petit gas, petit enfant. Mauvais gas, garnement, vaurien.
Gassot - Petite mare d'eau.
Gâter - Répandre, gâter de l'eau. Zola disait carrément pisser.
Gaule - Branche d'osier pour la pêche à la ligne.
Gaupe - Coureuse. Personne en l'air et de mauvais ton.
Gavache (une) - Femme dégingandée. « Quelle grande gavache ! »
Gélive - Sensible au froid. Avoir des dents gélives.
Genusse - Pente d'un mur.
Giler - Faire irruption. « En débouchant cette bouteille, la mousse m'a gilé à la figure. »
Gilet de peau - Gilet de flanelle qui se porte sur la peau.
Girie - Gestion. « Une mauvaise girie. »
Gniangnian - Bête et lente. « Cette bonne est une vraie gniangnian. »
Godie - Pli dans les robes.
Goret - Au figuré enfant sale. « Quel vilain petit goret. »
Gouape - Alphonse et noceur. « Méfiez-vous, c'est une vraie gouape. »
Goulée - Grosse bouchée. « J'ai pris une bonne goulée. »
Goule - Figure. « J'vas te fiche sur la goule. »
Goulipia - Qui mange salement.
Goumenettes - Scrofules, écrouelles.
Gourveiller - Veiller tard.
Gousson - Gousset. « Il a ben de l'argent dans son gousson. »
Gracieuse - Pour grasse. On dit d'une personne qui a de l'embonpoint qu'elle est gracieuse.
Graler (se) - Se mettre à la chaleur du feu ou du soleil.
Gralée (une)- Tartine grillée.
Gratte - Le fond. Avoir la gratte : prendre ce qui reste au fond de la casserole.
Grigne (la) - Extrémité du pain ; le grignon.
Grillbaud - Tache d'encre.
Gringonner - Fureter, ranger dans les appartements.
Gros plant - Vin blanc de la région.
Grosse trouille - Grosse femme molle.
Grossier - Pour gros. « Comme vous êtes devenu grossier ! »
Gros yeux (un) - Poisson du genre des rougets ayant de gros yeux.
Grouillée ou Guerouée (une) - Une grouillée d'enfants. Beaucoup de marmots.
Grousser - Remuer. « Surtout ne groussez pas. »
Groux (des) - Bouillie de blé noir. Manger des groux.
Grumelot - Pour grumeau.
Guenasse (il) - Il tombe une pluie fine et pénétrante.
Guenée - Avoir une bonne guenée. Etre complètement mouillé.
Guerine - Boue. Avoir de la guerine à sa robe.
Gueuleton (un grand) - Un grand dîner.
Guianneuf - Quête faite par les marguilliers à Noël, au profit de l'église.
Guillaré - Petite fouace.
Guinche - Sorte de varech.
Guibolle - Jambe. « Il a les guibolles de travers. »
H Hactonner - Hésiter. « Vous hactonnez toujours. »
Haillir - Pour haïr. « Je t'haillis-t-il ! »
Haria - Travail mal réglé. Les bonnes disent souvent « Quel haria il y a dans cette maison ! »
Haricoter - Chicaner. Veut dire aussi chercher à gagner sa vie en travaillant de droite et de gauche.
Hatille - Déchet de porc. Les paysans se régalent de hatille.
Haut - Grand. « Il est aussi haut que vous. »
Hérasser - Frotter à hérisser le poil ou écorcher le drap d'un vêtement.
Heure (à ct') - Pour à cette heure.
Hiberon - Moustique.
Hiberonnée - Feu d'herbe qu'on allume dans les maisons pour chasser les moustiques.
Hotter - Etre habillé tout d'une venue. « L'as-tu vue, comme elle est hottée ! »
Houle - Pot en grès. « J'ai acheté une bonne houle de beurre au marché Talensac. »
Hubiau - Houteau. Sorte de cornet pour donner de l'air aux greniers.
Huchée - Distance. « Il y a encore une bonne huchée pour arriver. »
Hucher (se) - Pour se jucher. Se hisser sur un tas, sur une butte.
I Ici-te - Pour ici. « Arrêtons-nous ici-te. »
Imitations - Pour mutations. « J'ai oublié d'aller aux imitations. »
Indigne - Pourtrès mauvais. « Impossible de sortir, les chemins sontindignes. » Et aussi pour incapable : « Si ma main neguérit pas, je serais indigne de gagner ma vie. »
Installer (s') - Tomber. « Je me suis installé sur le trottoir de la rue Crébillon. »
In - Pour un.
J Jà - Point. « Je n'irai jà. »
Jabot - « Quel jabot ! » Quel bavardage !
Jacasser - Parler mal à propos.
Jacquot - Un perroquet.
Jailloux - Vidangeur, et aussi tous ceux qui font la répurgation.
Jalle - Engelures. « Les mains de ma fille sont couvertes de jalles. »
Jappe - La blague. « Il ne faut pas le tanner, il a une bonne jappe. »
Jarreteler - « Jarretelez-vous ». Mettez vos jarretières.
Jen jen (n'avoir pas de) - Pas d'initiative, pas d'entregent.
Jotte - Mur latéral du touc.
Jottereaux (avoir les) - Maladie des enfants. Avoir les glandes du cou enflées.
Jouasse - Aimer à jouer. « Ce petit chien est très jouasse. »
K Kalendrer - Passer le linge au cylindre.
Katé vous - Avec vous. « Venez donc katé moi. »
Kilo (boire un) - Boire un litre de vin.
Kiss-not - Coiffure destinée à préserver du soleil.
L Laisser - « Mon fils ne laisse pas que de me coûter cher. »
Lampraie - Lamproie. « A la bonne lampraie ! » disent les marchands de Basse-Indre.
Langeux - Les langes d'un enfant.
Légume (la) - Légumes du pot-au-feu.
Lendes - OEufs de poux. « Il a la tête couverte de lendes. »
Lessis - La lessive. Les blanchisseuses de Barbin ont la spécialité du lessis.
Levé (un) - Se dit au jeu de cartes, pour une levée. « Il a fait un levé de plus que moi. »
Liassée - Fagots. Une liassée de bois.
Liens (des) - Des lacets.
Licher - Lécher. « Il a liché toute la bouteille. » Se dit un peu partout.
Lieux (les) - Les latrines.
Limas - Escargot, limaçon. Les enfants chantent :
« Limas, montre-moi tes cornes,
T'auras du pain et des pommes. »
Lindi - Lundi.
Longie - Lent.
Loquet - Cléservant à ouvrir la porte d'entrée de la maison. «Ne perds pas ton loquet, nous resterions dans la rue. »
Lorseque - Pour lorsque.
Losse - Louche. Avoir une losse, être bavard.
Lotice - Parcelle de terrain. « J'ai une lotice dans Doulon. »
Luçais (un) - L'un des côtés d'une porte séparée en deux.
Lumière - « Allumez la lumière. » Pour apportez-nous de la lumière.
M Mâché (être) - Avoir les chairs contusionnées.
Mâcre -Châtaigne d'eau particulière à l'Erdre. «Cette rivière est couverte de mâcres. »
Maline - Pour maligne.
Manne aux ordures - Panier en osier pour les ordures.
Manteau de nuit - Camisole.
Marais-cat - Marais abandonné.
Marbres - Billes. Jouer aux marbres.
Marcou - Gros chat, équivalent du matou.
Mare (une) - On dit souvent le pléonasme : une mare d'eau.
Margoulette - Bouche d'enfant. Avoir la margoulette enflée.
Marguin - Petite anguille.
Marie-salope - Une drague.
Mariennée - Sieste. Faire la mariennée, la méridienne.
Marponne - Grosse redingote lévite.
Mecredi - Pour mercredi.
Mesle - Nèfle. (Du latin mespilum). Se prononce mêle.
Memé - Grand'mère.
Menette - Une femme qui fait du bien avec l'argent des autres.
Menitte et menotte - Petite main. Une main d'enfant. « Donnez-moi la menotte. »
Mès-huis - Maintenant. « Je ferai cela à mès-huis. »
Métiver - Moissonner.
Miachée - Faire une miachée pour les chats, une soupe très épaisse.
Minable - Mauvaise mine. « C'est-il minable chez ces gens-là.! »
Misou - Petit. « Misou-misou », tout petit.
Mitan - Milieu.
Mitaude - Galette trempée dans du vin blanc.
Mitonnée - Panade.
Moche de beurre (une) - Un fort morceau de beurre.
Moindrement - « Je ne l'ai pas vu moindrement. » Pour pas le moindrement.
Mon-à-main - « Cela n'est pas à mon-à-main » : du côté où je puis agir.
Monter le bourrichon (se) - Se monter la tête.
Montez en haut - Monter.
Mort d'eau (le) - Pour la morte eau. Epoque des plus basses marées.
Morguennée (la) - Le matin.
Morvia - Crachat.
Motons - Agglomération de farine ou de terre.
Mougeasse - Gamine délicate. « Petite mougeasse ».
Mouiller - Pleuvoir. Ilmouille à plein temps. Se dit aussi dans le sens de se mouiller: « Si vous ne prenez pas de parapluie, vous allez mouiller.»
Mouroir (au) - A toute extrémité. « Cette dame est depuis hier au mouroir. »
Mûr - « Le mûr est dedans. » Se dit d'un fruit presque mûr.
Mulon - Amas en forme de cône. Un mulon de sel, un mulon de foin.
Muscadet - Vin blanc de première qualité.
N Nantais - Décalitre. Un nantais de blé noir.
Napperon - Torchon, au lieu de petite nappe.
Narrée - Narration. « Il m'a fait une narrée ennuyeuse. »
Navette - Gâteau de forme triangulaire qu'on fait revenir à la poêle.
Nayé - Noyé. « Ce pauvre homme s'est nayé. »
Nenni (un) - Refus. « Jamais un nenni avec lui, quand on lui offre quelque chose. »
Nierge - Sale, pas blanc. « Comme ce linge est nierge. »
Nice - Enfant malin. « Est-il nice ! »
Nivasser - Niaiser. Perdre son temps.
Noces (des) - Bouilli de gruau. « J'ai mangé de bonnes noces. »
Nousou - Peureux.
O OEu - « Donnez-moi un oeu » pour oeuf.
On - Remplace souvent nous dans la conversation. « On est allé voir les baraques sur la place Bretagne. »
Opprimé - Pour oppresser. « Je suis opprimé de la poitrine.»
Ormoire - Armoire. N'est employé que par le peuple.
Orine - Vient d'origine. Des poules de la grande orine. Se dit aussi des personnes.
Osée ou ausée - Averse. « Il est tombé une rude ausée sur la Fosse. »
Oublies - Ce qu'on appelle des plaisirs à Paris. Les marchandes d'oublies se tiennent souvent sur le cours Saint-Pierre.
Ouvrage - « C'est de la bonne ouvrage. »
P Pace que - Terme très employé lorsqu'on ne veut rien répondre. « Pourquoi ? Pace que ? »
Pacré (tout) - Se dit de la ressemblance. « C'est son père tout pacré. »
Paisan - Pour pay-san.
Paisse - Moineau. C'est le pierrot de Paris. Par extension on appelle l'habit noir un habit à queue de paisse.
Palourdes - Coquillages du bord de la mer.
Palatre - Linteau en bois. Couverture d'un touc.
Pante - Petit dîner fin. Faire une petite pante chez Monnier.
Pannerée - Lot defruits et de légumes dans un panier en joncs. «Voulez-vous ma belle pannerée de poires ? » disent lesmarchandes avec un accent traînard trèscaractéristique.
Paour - Pataud.
Paré - Prêt. De « paratus ». « Allons, êtes-vous bientôt paré ? »
Pareil - « J'ai fait pareil. » J'ai fait de la même manière.
Par en bas (un) - Rez-de-chaussée.
Partures - Engelures. « Ses mains sont pleines de partures.»
Passage - « Prenez le passage du Commerce allant à la rue Santeuil. » Un passage ne va pas, il conduit à.
Passagère - « La rue d'Orléans est passagère. » Il y passe beaucoup de monde.
Patates - Pommes de terre.
Pataud - Un gros sous.
Patira (un) - Souffre-douleur. « Cet enfant est le patira des autres. »
Patons (des) - Cataplasmes que l'on met aux pieds.
Patoches (les) - Pieds. « Lève les patoches, pour ne pas te gauiller. »
Patouiller - Remuer l'eau pour s'amuser. « Les enfants de Trentemoult sont de vrais patouillards. »
Paugnon (une) - Petite fille.
Peaugrigner - Pétrir un objet et le déformer.
Pen-bas - Bâton avec une boule au bout. Vient du breton.
Pepé - Un grand-père.
Perdarer (se) - Se promener. « L'as-tu vu se perdarer ? »
Perjuter - Couler en dehors. « Ma pipe perjute beaucoup. »
Petée (avoir une)- Etre complètement gris. « Il a pris une bonnepetée à l'Assemblée de la route de Paris. »
Petassier - Bavard, qui fait des racontars. « C'est une petasse. » « Prenez garde à ce petassier. »
Pibole - Pie borgne. « Cet enfant jase comme une pibole. »
Picra - Une femme méchante et bavarde.
Picron - Un clou, une pointe. « J'ai dans mon soulier un picron qui me blesse. »
Piger - Prendre. « Nous avons tous pigé dans le plat. »
Pigner - Gémir. « Il pigne sans cesse. »
Pignouf - Homme à l'esprit étroit et mesquin. « Quel pignouf ! »
Piler - Marcher. « Prenez garde, vous pilez sur ma robe. »
Pimpenaux (des) - Sorte d'anguilles.
Pince - Pour pincettes. « Passez-moi la pince. »
Pinule - Pour pilule.
Pipie - Pour pépie.
Piquaillons - Monnaie. « Pour passer ici il faut cracher des piquaillons. »
Pire en torse (la) - « Avoir la pire en torse et le jabot de côté » : être malade.
Pirvolette - Volant d'une raquette. Faire une pirvolette tourner sur ses talons.
Pissoit - Garde-langes.
Place - Carreau. «Laver la place. » Laver par terre dans une chambre. « Mafemme a été malade. Elle a été toute lanuit par les places. » c'est-à-dire debout toute la nuit.
Plaque (une) - Fer à repasser.
Plaque - Adj. Imbécile ; une vieille plaque.
Platée ou platerée - Un plein plat de mets.
Platine - Une bonne platine, une bonne langue.
Plée - Un moineau.
Pleurard - Pleureur.
Pli - Une levée de cartes.
Ployer - Pour plier. « Vous ne ployez pas votre serviette. »
Pocrin - Avare.
Poileux - Pour velu. Poileux ne se dit ni des cheveux ni de la barbe.
Point fin - Peu dégourdi, peu malin. « Es-tu assez point fin mon pauvre enfant ! »
Pois - Pour haricots blancs.
Pois de Rome - Haricots verts.
Poison (de la) - Chose mauvaise : « N'y touchez pas, c'est de la poison. »
Poison (une) - Femme de mauvaise vie. « C'est une vraie poison. »
Poisse - Lanière en cuir qui sert aux enfants. Se dit aussi d'un gavroche : « Va donc, mauvais poisse. »
Police (faire la) - S'amuser. « Nous avons fait la police ensemble, lorsque nous étions jeunes. »
Pommade de cancrelats - Eau. « Il ne se met sur la tête que de la pommade de cancrelats. » Il trempe son peigne dans l'eau.
Pontonnois - Habitantsdu quartier des Ponts, le Faubourg Saint-Antoine de la ville de Nantes.Dans une réunion publique tenue lors des dernièresélections, M. Colombel, maire de Nantes, a dit : « Je suisquelque peu pontonnois. »
Porrée (la) - Des poireaux.
Portal - « Je me suis abrité sous le portal » (porte cochère). Portail ne se dit que d'une église.
Portatif - S'emploie pour indiquer une chose que l'on peut encore mettre. « Ce pantalon est encore très portatif. »
Porterie - Conciergerie, loge du concierge.
Portoire - Un panier. Une portoirée de pommes. Mesure de vendange.
Poté - Un jeune canard. «En naissant les potés vont à l'eau. »
Pottée (une) - Mesure de lait. Se dit aussi d'une femme grosse et grasse.
Potinier - Tracassier. « Je n'ai jamais vu un homme aussi potinier. »
Poufiasse - Femme perdue. « Va donc, poufiasse » disent les filles de la rue d'Ancin.
Pougriner - Patiner.
Pouiller (se) - Se vêtir. Ce terme est le contraire de dépouiller.
Pouilloux - Celui qui a des poux.
Poulet de mer - Crabe, cancre.
Pouponner - Etre enceinte. « On dirait que votre femme pouponne.»
Pour de bon - Tout de bon. Jouer pour de bon.
Pourissard - Un enfant malpropre.
Poussiéreux - Pour poudreux.
Pratique - Bambocheur de bas étage : « Quelle vieille pratique ! »
Prée (la) - La prairie. Se dit surtout de la prairie de Mauves.
Propos - « Pardonnez si je vais sur vos propos. » Si je vous interromps.
Puron - Bouton d'échauffement.
Purpurale - Au lieu de puerpérale (fièvre des femmes en couche).
Q Quérée -Mauvaise viande de collège. Se dit aussi au figuré d'unefemme grande, maigre. « Quelle quérée ! »
Quenot - Poupon. « Et la quenotte a-t-elle été gentille et n'a-t-elle pas pleuré en route ? »
Quoique ça - Malgré cela.
R Rabibocher ou
rabiboter- Faire une réparation quelconque à un objet. «J'ai rabiboché mon habit tant bien que mal. » Se dit aussiau figuré d'un individu ruiné qui s'est relevé.« Il a rabiboché sa fortune. »
Rabinée (la) - La moitié du jour.
Rabistoquer - Réparer tant bien que mal. « J'ai rabistoqué mon habit ».
Rache (la) - Espèce de teigne des enfants.
Rafistoler - Raccommoder. « J'ai rafistolé mon vieux taf. »
Ragaller ou
ringaller- Remuer. Poursuivre avec un baton ou un objet quelconque, sous lesmeubles, soit un chat, soit une souris ; ou bien encore chercher dansun tas de bois. « Qu'a-t-il à ragaller par là ?»
Ragane (la) - Ardoise piquée dans un mur pour remplacer le solin.
Ragougnasse - Ratatouille. Mauvais ragoût.
Rai (un) - Pour une raie. Se dit beaucoup à Pornic.
Raie (jouer à la) - Jeu de saute-mouton.
Ramichonner - Revenir sur le même sujet.
Ramonia - Ramoneur.
Ranches - Pour ridelles. Les ranches d'une charrette.
Rapia - Avare.
Rapetonner - Mettre de petits tapons.
Rappliquer (se) - Se diriger sur. « A cinq heures du soir, les habitués rappliquent vers leur cercle. »
Ratiboiser - Râtisser. Gagner au jeu. La ratiboise est au baccarat une banque qui rafle tous les enjeux.
Ravaud - Faire du bruit. « Les chats ont fait du ravaud toute cette nuit. »
Ravouiller - Remplirà nouveau avec du liquide. Se dit aussi au jeu, au figuré: « Allons, il faut ravouiller », donner de nouveau del'argent.
Rachaller - Réchauffer.
Recoupi - Sémillant, gai. Avoir l'air tout recoupi.
Remplenir - Faire le plein d'un vase.
Renaré - Très rusé. Difficile à tromper.
Renaud (en) - Etre ennuyé. « Laissez-moi, je suis en renaud. »
Rencogner (se) - Se renfoncer dans un coin.
Rendonnée (une) - Chose ressassée. « Il m'ennuie avec son éternelle rendonnée. »
Rendu - Arrivé à destination. « Sommes-nous bientôt rendus ? »
Rengober - Recevoir l'objet qu'on vous jette.
Renoter - Murmurer entre ses dents.
Renverser - Vomir. « Il est malade, il a renversé plusieurs fois de suite. »
Repiqué - Revenir sur. « En arrivant à Sainte-Luce, j'ai repiqué sur Nantes. »
Resciée (la) - L'après-midi. « Il a bêché son champ toute la resciée. »
Resipèle - Pour érésipèle.
Revoyure (à la) - Au revoir.
Ric rac - Tout juste.
Rime (une) -Rangée de sacs pleins et empilés. Les douaniers sur laFosse sondent les sacs de sucre en passant dans les rimes.
Rimer - Brûler. « Ce lait a de l'odeur. Il est rimé. »
Riorte - Pour hart. Lien de fagot.
Ripopée - Fille de peu de chose. « C'est une petite ripopée. »
Riquiqui - Liqueur.« Voulez-vous un verre de riquiqui ? » Il y a aussi lethéâtre de Riquiqui, rue Mercœur.
Robier - Garde-robe.
Rogue - Rauque. « Quelle voix rogue ! »
Roler - Border la couverture d'un lit. Rouler. Roler ses cheveux.
Rondir - Pour arrondir. « On dirait un chat qui rondit les yeux. »
Rouablée (à) - A profusion. « Nous avons des poires à rouablée. »
Rouche - Grosse herbe de marais.
Roucher - Ronger. « Pas un os à roucher. »
Rouille - « Cette serrure a du rouille », de la rouille.
Roupille (être à la) - Etre déguenillé. « Mes vêtements sont tout à la roupille. »
Rousti (être) - Avoir perdu au jeu. « Je suis rousti. »
S Sagoiller - S'amuser à remuer l'eau.
Sagouillon - Personne malpropre.
Salon à manger - Salle à manger.
Salon de compagnie - Salon.
Salopette - Pantalon de travail en toile pour les ouvriers.
Salopiau - Homme peu délicat. Terme injurieux.
Saperlote ou
saperlipopette - Petit juron, familier dans plusieurs pays.
Sarciller - Mal couper.
Sarrau - Tablier d'enfant.
Seg - Quand les enfants jouent ils se numérotent ainsi : Prèm, premier. Seg, second. Dern, dernier.
Seille, séiau, siau - Seau pour puiser l'eau. « Avez-vous tiré les siaux du puits ? »
Sente (la) - L'odeur. « Ce beurre est mauvais, on le voit rien qu'à la sente. »
Sequée - Terme de mépris pour une famille. « Quelle sequée ! »
Serine (il) - Il pleut légèrement.
Serpidat - Personnage rusé, petit serpent, enfant turbulent. « Ah ! quel serpidat ! »
Serpillière -Toile d'emballage hors d'usage servant à laver le plancher.« Allons, prenez une serpillière et essuyez la place.»
Serveur - Maître d'hôtel. Un extra.
Signailler - Pour limer.Se dit en jouant au billard. Au figuré, tourmenter quelqu'un :« Il est toujours à me signailler. »
Sigournais - Mauvais vin blanc.
Sinou - Pêcheur à la seine ; sorte de filet.
Sorette, saur - « Un harang sorette. »
Souille - Taie d'oreiller. Très employé par certaines ménagères et par les blanchisseuses.
Soulaison, soulographie - Etat d'ivresse. « Il a pris une bonne soulographie. »
Soupièrée - Coutenu d'une soupière pleine.
Sourissoire - Souricière.
Sous-ventrière - « Il s'en ferait craquer la sous-ventrière. » Se gonfler de plaisir.
Souvent - Vite. « Il ne vient pas souvent. »
Souventes fois - Très souvent.
S'tenuit - « Il a fait beau s'tenuit », (cette nuit).
Sucrin (un) - Petite citrouille très sucrée.
Suer une chemise - « J'ai sué trois chemises » (mouillé).
Sur - « Je suis allée me promener sur Barbin. »
Suspente - Pour soupente.
T Tablé - Linge uni. « La lingère a repassé le tablé toute la journée. »
Taf - « Où est mon taf ? » Où est mon chapeau ?
Taille (une) - Pour corsage.
Tailleuse - Pour couturière.
Taiser - Se taire. « Veux-tu te taiser ? »
Tambouille (faire sa) - Préparer ses aliments.
Tamponne - Cuisine. Faire sa tamponne ensemble.
Tampiner - Quereller.
Tanner - Ennuyer. « On le fuit, car c'est un personnage bien tannant. »
Tant pire - Tant pis.
Tantia - Lente et bête.
Tantine - Tante. « Va biser tantine. »
Tapée - Forte dose. « Donnez-moi une bonne tapée de pommes de terre. »
Tapiner - Mettre des petits morceaux aux vêtements.
Tapon - Petit paquet. Mettre ses affaires en tapon.
Tarouiller - Fermer.
Tatiller (se) - Se disputer. Tatillard, un individu disputeur.
Tatouille - Recevoir une tatouille. Recevoir une correction.
Tauroillon - Un petit taureau.
Tenue - Avenuebordée de maisons avec jardins. Il y a des tenues sur la routede Rennes et sur la route de Paris. Jadis existait la tenue Robert,grand jardin au bout du boulevard Delorme : aujourd'hui la principaleest la tenue Camus.
Température - Pour tempérament. «Il a une bonne température. »
Tertous - Tous. « Venez tertous. »
Têtu - Gros marteau de maçon.
Tibi - Petit bouton de chemise.
Tignasse - Tête mal peignée.
Tinais - Morceau debois, pointu des deux bouts, sur lequel on frappe avec un courtbâton pour le faire sauter. On dit : « Jouons au tinais.»
Tingot - Ustensile deménage ou pièce de vaisselle écornée,cassée ou ébréchée.
Tirette - Pour tiroir.
Tomber - Arriver à. « Passez par la rue des Capucins, vous tomberez sur la Fosse. »
Tonton - Oncle.
Toroiller - Mal essuyer la cuisine ou les meubles.
Toroille (Marie), toroye, toroyon - Femme touche-à-tout et malpropre. Une personne se mêlant de tout, à tort et à travers.
Touque ou
touc - Egout.
Touquette - Jeu où les enfants jettent des billes dans un trou fait le long d'un mur.
Traînée - Une fille perdue. « Les traînées font le trottoir, le soir, dans la rue Crébillon. »
Treizaine (une) - Douzaine, plus un par dessus le marché.
Tremontade - Pour tramontane. Perdre la tremontade. Se troubler.
Tribelle - Pour trident. Fourche à trois dents.
Trifflé - Mal habillé. « Elle était trifflée comme quatre sous. » Très mal habillée.
Tripotée - Volée de coups de poing.
Tripotter - Combiner quelque chose. « Qu'est-ce que tu tripottes donc là ? »
Trombine - Figure, binette. « Quelle trombine il a ! »
Trottir (se) - Aller quelque part.
Trouille (grosse) - Grosse femme molle.
Trumeau - Au figuré, vieille coquette fanée. « C'est maintenant un vieux trumeau. »
U Usement - Pour usage. Vendre à l'usement de Nantes.
Urluberlu ou
Ustuberlu - Tournefou.
Ustache - Pour eustache. Couteau grossier.
V Vache - Carton des écoliers. C'est aussi le mot vulgaire du jeu de cartes d'alluettes.
Vaillant - Bon travailleur. « Ce garçon de ferme est vaillant. »
Valdrague (tout va à la) - Laisser aller tout en désordre.
Vallet - Vin blanc de Vallet. « J'ai du bon Vallet dans ma cave. »
Vançon - Vente. « J'ai fait une bonne vançon aujourd'hui. »
Venelle (une) - La venelle du lit, pour la ruelle du lit.
Vengeur (un) - Quelqu'un de rancunier qui cherche à se venger.
Vent - « Cette viande a goût de vent », pour sent l'évent.
Venter - Vanner le blé.
Vermine (une) - Une vipère.
Verner - Fouiller partout.
Verrée - Un verre plein.
Verrette - La petite vérole.
Verre à patte - Verre à pied.
Veser - Pleurer.
Vesse - Fille de mauvaise vie. « Fils de vesse », juron très employé.
Vessier - Coureur de filles.
Vétillard - Pour vétilleux.
Vétille (avoir la) - Ressentir une irritation nerveuse.
Veuvier - Un veuf.
Vèze - Une musette.
Vieusir - Vieillir. Se dit surtout au participe passé : «Il a beaucoup vieusi. »
Vimer - Pour vimoire. Dégâts causé par les ouragans.
Vinoche - Sentir la vinoche. Avoir odeur du vin.
Virebrequin - Pour vilebrequin.
Virer - Virer au cabestan. Faire tourner le cabestan.
Viste - Jeu où l'on se cache. « Jouons à la viste. »
Vive (à la) - « A la vive ! A la vive ! » Cri employé pour vendre les sardines.
Volte (la) - Pour la vole. Faire tous les points d'écarté.
Vormée (à la) - Procédé pour pêcher l'anguille.
Vous (que de) - « Si j'étais que de vous ». Si j'étais à votre place.
Vous - « Je vaisvous dire. » Expression qui se répète àchaque phrase, comme le « Savez-vous ? » des Belges.
Voyette - Petit sentier où les voitures ne sauraient passer.
Vrenisse - Mauvais lit.
Vriotte - Vive. « Quelle enfant vriotte ! »
Vulgai - Pour vulgaire. « Tout le monde sait ça, c'est vulgai. »
Y Y – « Je n'y vois pas », pour je ne vois pas.
Z Zigue - Joyeux drille. « Où vas-tu, mon vieux zigue ? »