Corps
POULET-MALASSIS,Auguste (1825-1878).- Lesex-libris français depuis leur origine jusqu'à nos jours.-Nouvelleédition, revue, très augmentée et ornée de vingt-quatre planches.-Paris : P. Rouquette, 1875.- VIII-79 p.+ [1] p.-24 f. de pl. souschemise ; 27cm. Numérisation du texte et des images : O.Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (04.V.2009) [Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées]. Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex.-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01 Couriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr http://www.bmlisieux.com/ Diffusionlibre et gratuite (freeware) Orthographe etgraphie conservées. Texte établi sur l'exemplairede la médiathèque (Bm Lx : R 40.204). A. POULET-MALASSIS LES EX-LIBRIS FRANÇAIS DEPUIS LEUR ORIGINE JUSQU'A NOS JOURS NOUVELLE ÉDITION, REVUE, TRÈS-AUGMENTÉE ET ORNÉE DE VINGT-QUATRE PLANCHES PARIS CHEZ P. ROUQUETTE, LIBRAIRE 85-87, PASSAGE CHOISEUL, 85-87 MDCCCLXXV TABLE Préface de la première édition Avertissement a la seconde édition LES EX-LIBRIS FRANÇAIS XVIe SIÈCLE DE 1600 A 1650 DE 1650 A 1700 DE 1700 A 1789 PREMIÈRE RÉPUBLIQUE PREMIER EMPIRE RESTAURATION — MONARCHIE CONTITUTIONNELLE — SECONDE RÉPUBLIQUE SECOND EMPIRE — TROISIÈME RÉPUBUQUE LES DEVISES QUELQUES EX-LIBRIS SINGULIERS LES EX-LIBRIS DE THOMAS GUEULETTE LES EX-LIBRIS DU PRÉSIDENT DE BROSSES LES EX-LIBRIS DE LOUIS XV — DE Mme VICTOIRE DE FRANCE — DU CHATEAU DELA BASTILLE LES EX-LIBRIS DE LAUS DE BOISSY L’EX-LIBRIS DE GRIMOD DE LA REYNIÈRE L’EX-LIBRIS DE CHAMPCENETZ LES EX-LIBRIS DE BOYVEAU-LAFFECTEUR L’EX-LIBRIS DE FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU EX-LIBRIS DESSINÉS OU GRAVÉS PARLES PETITS MAITRES DU XVIIIe SIÈCLE FRANÇOIS BOUCHER BOUCHARDON PIERRE GRAVELOT COCHIN FILS CHARLES EISEN AUGUSTIN DE SAINT-AUBIN MOREAU LE JEUNE CHOFFARD WILLE FILS MARILLIER MONNET GAUCHER SERGENT-MARCEAU Mme LOUISE LE DAULCEUR LISTE GÉNÉRALE DES DESSINATEURSET DES GRAVEURS QUI ONT SIGNÉ DES EX-LIBRIS FRANÇAIS XVIIe SIÈCLE XVIIIe SIÈCLE XIXe SIÈCLE * * * PRÉFACE DE LAPREMIÈRE ÉDITION « C’estla collection à la mode, » nous disait, ces jours derniers, un librairedu quai, à qui nous demandions des ex-libris. « A la mode » est exagéré. Nous citerions bien, en vérité, les noms d'une vingtaine decollectionneurs, après lesquels il faudrait s'arrêter. Noyau excellentqui grossira et fructifiera, certes, mais fort disproportionné avec lenombre de tirage de ces notes, qui s'adressent ainsi beaucoup moins auxcurieux de l'heure présente qu'à ceux de demain, ou de l'an qui vient. Quoi qu'il en soit, nous avons essayé de résumer ici nos observationssur les marques intérieuresde bibliothèque, et sur leur usage en France depuis la fin du XVIesiècle, où elles commencent à se montrer, jusqu'à nos jours, où l'onpeut dire qu'elles sont en discrédit. Au siècle dernier, elles ont euleur grande vogue correspondant à un besoin général, en même temps queleur apogée artistique, suivi de l'inévitable retour que l'on sait. Ce mince objet de curiosité, longtemps négligé, s'est enfin montré auxbibliophiles et aux iconophiles comme la dernière épave à sauver dunaufrage du livre ancien. Cependant nous sommes le premier à en traiterà un point de vue d'ensemble, et les généralités sont même la partie lamoins défectueuse de ce travail. Dans le détail, il laisse beaucoup àdésirer, trop peut-être ; soyons le premier à le dire, comme à leconstater. Nous avons craint, nous devions craindre de nous aventurer dansdiverses parties de notre tâche, sans l’appui d'un assez grand nombrede documents vus et étudiés. Par exemple — un seul suffira — il a fallurenoncer à l’idée de dresser la nomenclature des ex-libris du XVIIIesiècle suivant la condition sociale de leurs titulaires :ecclésiastiques, grands seigneurs, gens de robe, de finance, savants,littérateurs, artistes, etc., etc. On comprend tout de suite quelintérêt bibliographique, voire historique, de semblables listes eussentoffert ; rien que leurs résultats statistiques seraient importants.Mais dans l’état actuel des collections, ces listes incomplètes eussenttrop perdu de leur signification. C'est besogne ajournée ; nous disons ajournée, et ne nous en dédironspas. Il nous est facile de renoncer d'avance, et sans regret, à uneseconde édition de cet opuscule, mais non pas à l'espérance d'uncomplément qui deviendrait surtout nécessaire si le libraire du quai,avec le coup d'oeil sûr du marchand, a vu clair dans l'avenir del'ex-libris. « C'est la collection à la mode » n'est pas une réalité ;mais sans doute une vue prophétique, à bref délai. En attendant de contracter de nouvelles obligations envers les curieux,remercions ici ceux qui ont bien voulu nous assister de leurscommunications : M. Assézat, du Journaldes Débats ; M. Aglaüs Bouvenne, l'amateur le plus connude Paris, dans ce genre (1); M. Bilco qui a rassemblé si vite une sicurieuse série ; M. Claudin, le libraire érudit, et surtout M. Preux,qui, avec la plus parfaite bonne grâce, n'a pas hésité à nous adresserde Douai et à nous confier pendant quelques jours la fleur de sa richecollection. 20 Janvier 1874. AVERTISSEMENT A LASECONDE ÉDITION Le libraire duquai était de l’ordre, peu considéré, des très-petits prophètes, maisil n'en prophétisait pas moins vrai. Les collections d'ex-libris sont « à la mode » présentement ;on peut le dire, et comme de tout nouveau genre de curiosité, on peutencore augurer de celui-ci qu'il fournira une carrière d'autant moinsbrève, qu'il apportera plus d'éléments variés d'instruction etd'intérêt. Si l'on considère l'ardeur actuelle des recherches, il est à craindreque cette carrière soit assez tôt bornée. Une promenade duPont-Saint-Michel au Pont-Royal suffit pour montrer que le livreancien, le livre à ex-libris, figure à peine pour un tiers dans ce quis'appelle le bouquin,et cette proportion doit décroître avec rapidité. A ce compte, lescollectionneurs courent le risque de se rencontrer, d'ici peu de temps,d'autant plus nombreux qu'ils n'auront qu'à glaner. Mais éloignons cette triste perspective, et collectionnons sans cesse,puisque les moments de collectionner semblent comptés. Nous promettions seulement un Complément aux Ex-libris français; les circonstances favorables en ont autrement décidé. Voici bel etbien une seconde édition très-réelle, revue avec soin, et augmentée aupoint d'être doublée ; le cadre est resté le même, mais nous l'avonsrempli en conscience, et peut-être même un peu bourré. De plus, nousayons cru indispensable de donner des planches à l’appui de nosobservations et de nos conclusions ; elles sont au nombre devingt-quatre, la plupart fac-similées par un procédé excellent, bienque coûteux. Cet opuscule, tel quel, est sans doute moins indigne dusuccès de son premier tirage ; souhaitons que les amateursbienveillants qui nous ont encouragé à le compléter partagent cesentiment. M. Ernest de Rozière, entre tous, a droit à notre gratitude. Sans lasérie de marques de bibliothèque mise par lui à notre disposition, laplus anciennement formée dans notre pays, et la plus riche en monumentsdu XVIIe siècle, il nous eût été bien difficile, sinon impossible, dereprendre à nouveau frais ce travail, de le remanier, de le précisersur nombre de points. Les plus importantes des pièces reproduites enfac-similé sont empruntées à ce cabinet hors ligne : nous citeronssurtout l’ex-libris de François de Malherbe. MM. Bilco, Claudin, Preux, de qui les conseils et les communicationsnous avaient été précédemment utiles, ont bien voulu nous lescontinuer, avec un redoublement d'obligeance. Enfin, nous sommes assezheureux pour avoir intéressé à notre oeuvre quelques artistes et gens delettres éminents de notre temps, et c’est ainsi qu’on distinguera entreles marques anciennes, des originaux d'ex-libris modernes signalés parles noms de leurs titulaires et de leurs signataires. Que MM. Edmond deGoncourt, Edouard Manet, Octave de Rochebrune, Aglaüs Bouvenne etBracquemond nous permettent de les en remercier ici. 10 janvier 1875. * * * Pas un desdictionnaires de la langue française n’a admis le terme ex-libris,composé de deux mots latins qui signifient des livres… faisant partiedes livres. Il est pourtant consacré par l'usage et se dit de toute marque depropriété appliquée à l'extérieur ou à l'intérieur d'un volume. Dans un sens plus restreint, il s'entend d'un motif d'art, blason,monogramme, allégorie, emblème, etc., gravé en relief ou en creux, etfixé sur les gardes ou sur le titre d'un livre, en signe de possession. C’est de ce genre d'ex-libris et de ses diverses fortunes dans notrepays que nous voulons seulement parler ici. XVIe SIÈCLE L'emploi de l’ex-libris gravé est beaucoup moins ancien, en France,qu'on ne serait tenté de le supposer. On connaît un grand nombre d'ex-libris allemands et une certainequantité d'ex-libris italiens du XVIe siècle ; il ne s'en rencontre pasde français. L'ex-libris semble avoir pris naissance en Allemagne ; dès lecommencement du siècle ce pays montre des marques de bibliothèquesdessinées et gravées par des artistes en renom qui prenaient le soin deles signer et de les dater ; l'usage s'en généralisa. Que l'Allemagne ait fait les premières applications, en tout genre, desdivers arts d'imprimerie qu'elle venait d'inventer, rien là qui puissesurprendre ; il convient de considérer aussi que le mouvement de laRéforme, en multipliant chez elle les produits de la typographie,rendit nécessaire l'emploi de marques de propriété à l'intérieur deslivres, et contribua à détourner leurs possesseurs de ce luxe dereliures et de marques extérieures par lequel se signalèrent, dans lemême temps, certains bibliophiles d'Italie et de France, restéscélèbres. L'Allemagne dès lors n'attacha qu'une importance secondaire àl'habillement du livre, le fond poux elle emporta la forme ; encoreaujourd'hui, elle ignore, ou à peu près, les raffinements de la reliureet de la condition,et se montre résolument indifférente auxdélicatesses bibliographiques qui préoccupent chez nous les curieux. Quoi qu'il en soit, l’ex-libris nous est venu d'Allemagne, non pas deplein saut, mais par étapes dans les pays de l’est et du nord que laFrance devait se réunir. Ces étapes, non encore étudiées, sont malconnues. Nous en pouvons cependant citer un notable exemple dansl’ex-libris de Nicolas de Lescut, savant jurisconsulte lorrain, travailincontestablement allemand, que son titulaire put commander pendantqu'il représentait à la diète de Spire (1541) le duc de LorraineAntoine dont il était secrétaire (2). Dans la première édition de ce travail nous avons présenté, comme leplus ancien ex-libris français connu, une marque au nom de Dacquet,en faisant remarquer toutefois que par la forme de l'écu encadré dansun cartouche orné et par le caractère du monogramme qui la décore, ellerestait une singularité, une exception dans la série des ex-librisauthentiquement français. Le nom de son titulaire nous avait induit enerreur. Après un examen plus approfondi il nous parait bien que cettepièce relève de l’art flamand des dernières années du XVIe siècle.C'est dans les Flandres, sans doute, qu'il faudrait s'enquérir deDacquet, artiste et peut-être peintre verrier. Quant à sa date(1574-1600), qui a été contestée et reportée au delà du règne de HenriIV, elle se trouve à nouveau certifiée par la découverte, récemmentfaite, d'un exemplaire collé du temps, sur la garde des Oeuvres dePhilippes Des Portes, Anvers, Arnould Coninx, 1596,in-12, quiconfirme, à la fois, notre attribution d'origine, car ce produit despresses anversoises dut trouver sa vente dans le rayon du marchéflamand. En somme, on doit douter de l'existence d'un ex-libris gravé en creuxou en relief, antérieur à l'année 1600, qui puisse être dit françaisdans les limites géographiques de la France d'alors. C'est pourquoinous en citerons un simplement typographique, composé en lettresmobiles : Exbibliothecâ Caroli Albosii E, Eduensis, avec la devise: Ex laborequies,et la date 1574. Réserve faite des signatures autographes de possesseurs de livres, dontnous n'avons pas à nous occuper ici, cet ex-libris d'un bibliophiled'Autun est la plus ancienne marque intérieure connue d'unebibliothèque française. DE 1600 A 1650 Les ex-libris français sont encore assez rares durant cette période,pour que nous croyions devoir donner la liste de tous ceux que nousavons pu étudier, et la description de quelques-uns, surtout desanonymes. Nous résumerons, à la fin du chapitre, les observationsqu'ils nous auront suggérées. Ex-libris de JeanBigot,sieur de Sommesnil et de Cleuville, doyen dela cour des Aides de Normandie. — Pour in-4, pour in-8 et pour in-12 ;tous trois anonymes : d'argent, au chevron de sable, accompagné detrois roses de gueules posées 2 et 1 ; le chevron chargé au sommet d'uncroissant d'argent. L'écu est irrégulièrement blasonné, et les heaumes, les cimiers, leslambrequins, les supports présentent un caractère si décidémentarchaïque dans ces trois pièces, que vues hors de série, ellessembleraient des premières années du XVIe siècle. Sans doute sont-ellesdes copies d'une peinture ou d'un dessin anciens ? Jean Bigot fit graver plus tard une suite d'autres ex-libris à sonnom, IohannesBigot,dont nous avons l’in-4 sous les yeux ; la désignationdes émaux de l'écu par les initiales de leurs noms a (argent ouazur), o(or), g(gueules), s(sinople ou sable), p(pourpre),y supplée à l'irrégularité du blasonnement, comme on le voit dansl'Armoriai de Claude Magneney, à la date de 1633. Le système dedifférencier les deux métaux et les cinq couleurs par des traits ensens divers et des points, se trouve établi, comme on sait, pour lapremière fois, dans les Tesseraegentilitiae du P. Silvestre PetraSanta, publié à Rome en 1638. Jean Bigot fut le chef d'une famille de magistrats normandsbibliophiles, dont Emeric, l'un de ses fils, est resté le plus célèbre. Ex-libris d'EmericBigot.— Pour in-8 et deux pour in-12 ; mêmesarmes que le précédent, excepté que le chevron est sans croissant,blasonnées régulièrement. Le nom du possesseur se lit au-dessous del’écu : L. E.Bigot; les trois pièces sont signées d'un monogrammeformé d'un B et d'un D enlacés. Nous citons ces ex-libris à la suite de ceux de Jean Bigot, bien quepeut-être postérieurs, mais de peu d'années, à 1650. Emeric Bigot étaitné en 1626. Il fut le grand bibliophile de son temps, le plus curieux,le mieux informé. Il avait tous les auteurs grecs et latins très-bienconditionnés, quantité de petits livres rares sur des matièressingulières, et des pièces fugitives qu'on aurait eu peine à rencontrerailleurs. Dans une lettre à Nicolas Heinsius, du 2 janvier 1659,Chapelain lui rend cette justice qu'il avait par-dessus Ménage, etpar-dessus lui, « d'estre plus soigneux que l'un à entretenir bonnecorrespondance avec ses amis, et qu'il étoit mieux informé que l'autrede ce qui se passoit dans la République des lettres. » Le Menagianacite souvent Emeric Bigot ; Bayle lui a consacré unarticle. Pour empêcher la dispersion de sa bibliothèque estimée à 40.000 livres,il la substitua dans sa famille. A sa mort, elle fut confiée à RobertBigot, sieur de Montville, conseiller au Parlement de Paris, avec unfonds considérable pour l'augmenter annuellement. Vigneul-Marvillesemble accuser de négligence ce successeur, qui eut aussi un ex-librisà son nom, et cite à son propos le proverbe : Bene parta, indiligentertutantur. Après le décès de Robert Bigot, tous les trésors littéraires amasséspar celte famille furent acquis en bloc par les libraires, et sevendirent à Paris, le 1er juin 1706 et jours suivants, collège de MeGervais, rue du Foin ; on en a le catalogue in-12 en cinq parties. Ex-libris deCharles deLorraine, évêque de Verdun (1592-1631). —Anonyme, pour in-8 : l’écu coupé de quatre royaumes soutenus de quatreduchés ; sur le tout, d'or, à la bande de gueules, chargée de troisalérions d'argent, qui est de Lorraine ; deux aigles supports. Pièced'un beau caractère et d'un travail brillant. Ex-libris deMelchiorde la Vallée. — Melchiora Valle protonotariusinsignis ecclae. Sancti Georgi Naceis cantor et canonicus Henr. II. D.Lotharin. et Barri eleemosinarius. Cette inscription endouze lignesde capitales romaines d'inégale longueur, dans un cadre reposant sur unsocle dont les extrémités font retour sur le devant, et supportent àgauche la Vierge tenant l'enfant Jésus, et à droite saint Nicolas, avecson attribut ordinaire des trois enfants dans le saloir. Au-dessus ducadre, deux anges soutiennent l'écu non blasonné de Melchior de laVallée, sur lequel l'un d'eux pose le chapeau de protonotaire de lacour de Rome. La date 1611 au milieu du socle, et à chaque extrémité lemonogramme du titulaire. Cet ex-libris d'un dessin incorrect et d'une pointe mal habile,attribué d'abord à Jacques Callot, a été donné avec plus devraisemblance à Jacques Bellange, par M. Beaupré, à qui nous enempruntons la description (3). La pièce est des plus rares ; on n'en connaît que deux épreuves. Le duc de Lorraine Charles IV fit expier par le feu à son titulaire,chantre et chanoine de la collégiale de Saint-Georges à Nancy, lafaveur dont il avait joui sous le règne de son prédécesseur. Melchiorde la Vallée, appliqué à la question ordinaire et extraordinaire, sousprétexte de sorcellerie, fut finalement supplicié. Ex-libris deChanlecy.— Marque anonyme d'un dignitaireecclésiastique de cette famille bourguignonne, pour in-8 : au 1, d'or àune colonne d'azur semée de larmes d'argent, qui est de Chanlecy ; au 2(?) ; au 3, d'argent à trois bandes de gueules, qui est de Semur ; au4, d’or à trois écrevisses de gueules, qui est de Thiard. Ex-libris deClaudeSarrau.— De sable, à trois serres ou pattesd'aigle d'or, 2 et l ; deux ex-libris anonymes, irrégulièrementblasonnés, l'un pour in-12, l'autre pour in-4, celui-ci signéde Briot; heaume et lambrequins, accolade de branches delaurier. La correspondance de ce conseiller au Parlement de Paris, mort en 1651,avec les savants de son temps, a été publiée par son fils Isaac (1654,in-8, avec front. signé des initiales d'Abraham Bosse). Il était lefondé de pouvoir de Christine de Suède pour ses acquisitionsbibliographiques. Le Briot signataire de la plus grande des deux pièces, et qui sansdoute aussi aurait pu mettre son nom à l'autre, est, à n'en pas douter,Isaac Briot, qui a gravé, d'après François Quesnel, la célèbre estampereprésentant Henri IV, en habits royaux, sur un lit de parade, après samort. Il ne signa pas toujours son nom de baptême, et par exemple, leportrait de Malherbe, d'après Luc Vorsterman, n'a que son nom defamille tout court. Ex-libris deChaponay,prévôt des marchands de la ville de Lyon en1627. — Anonyme, pour in-8 : d'azur à trois coqs d'or, crètés et barbésde gueules, 2 et 1, avec la devise : Gallo canente spes redit; lionssupportant l'écu sur un carrelage qui en reproduit les émaux,disposition ornementale très-riche, assez fréquente alors, notammentdans le recueil d'armoiries gravé par P. Mignot. Pour in-4, aussi anonyme, même devise ; les armes de Ghaponay sur denombreuses armes d'alliance, heaume avec un coq pour cimier,lambrequins, lions supportant le blason sur un carrelage émaillé auxpièces principales de tous les écus qui le composent ; du plus beleffet décoratif. Ioan.Picart incidit. Ex-librisd'AlexandrePetau, — Pour in-4 : Exlibris AlexandriPetavii in Francorum curia consiliarii. Pauli filii ;devise : Moribusantiguis.L'écu, écartelé aux armes de la femme d'AlexandrePetau, pose sur un carrelage émaillé où se reproduisent en alternanceles trois pièces des deux blasons : les roses, l’aigle issante, et lacroix ; heaume, cimier, lambrequins ; deux griffons supports. Paul Petau, conseiller au Parlement de Paris, mort en 1613, avaitlaissé à son fils une admirable bibliothèque. A la mort d'Alexandre,les manuscrits au nombre de plus de mille, français et latins, furentacquis par Christine de Suède qui les légua au Vatican. Les imprimésfurent vendus à La Haye, en 1722, avec ceux de François Mansart, et lesmanuscrits du cabinet de Juste Lipse. Ex-libris de LouisBrasdefer. — Pour in-folio, et pour in-8 ; le nomdu titulaire sur l’un et l’autre ; écu heaumé, lambrequins, accolade dedeux branches de laurier. Les émaux sont désignés par lesinitiales g(gueules) a(argent), comme nous l’avons déjà vu dans une des marquesde Jean Bigot. Ex-libris deGuillaumeGrangier. — GuillelmusGrangierius ;anagramme : Largiuseglumis nil urge ; devise : Manet alteracaelo, avec ce commentaire mystique de la gerbe, pièceprincipale desarmes : Largius e glumis nilurge. Hocstemmataavita Hoc quoque fatalilege anagramma jubet. Flava seges, caelorutilentiaque astra sereno, Horrea falici sattua messe replent, Laetior at multoest quae te Manet altéra caelo, Villice, si nomenstemmataque omen habent, Faict à Nancy p. LValdor. Jean Valdor, né à Liège, élève de Wierx, revenant d’Italie, s'arrêta àNancy en 1630 ; on le trouve établi à Paris en 1642. L'écu heaumé, avec une gerbe pour cimier, lambrequiné ; le heaume etl’écu échancré sont de formes inusitées en France. Ex-librisd'Auzolessieur de la Peyre, auteur de la SainteChronologie (1571-1642). — Anonyme pour in-4, Picart fe. :d’azur àtrois épis de blé d'or, surmontés de trois besans de même ; l’écu penduau col d'un lion debout et courant qui vomit un fleuve, avec la devise: Sub zodiacovales.Famille d'Auvergne. Ex-libris de Brinon.— Anonyme, pour in-folio : d'azur au chevrond'or, au chef denché de même ; heaume et lambrequins, lions supports.Famille normande. Ex-libris dePierreSarragoz, jurisconsulte, l'un des co-gouverneursde Besançon. — Anonyme pour in-4 : écu échancré, pallé d'or et degueules de 9 pièces, au chef endenché d'argent, chargé d'un phénix desinople sur un bûcher de gueules ; heaume couronné, soleil pour cimier,lambrequins ; sous un portique cintré où les statues de la Guerre et dela Renommée se dressent à droite et à gauche sur des piédestaux, etdont le centre présente, dans un médaillon, entre les vieilles armes del'Empire germanique et le blason des empereurs de la maison d'Autriche,l'empereur Rodolphe II, en buste, tendant de la main droite unecouronne, c'est-à-dire sans doute anoblissant les Sarragoz. P. Deloysisc. La famille Sarragoz, vraisemblablement originaire d'Espagne, avait étéanoblie en 1603 par l’empereur Rodolphe II. Pierre Sarragoz mourut le14 octobre 1649, suivant son épitaphe à l’église Saint-Maurice deBesançon. On ne connaît qu'un fort petit nombre d'estampes de Pierre Deloysi, ditle vieux,de Besançon, orfèvre et graveur des monnaies de sa villenatale. Ex-libris deRegnouart. — Pour in-8 ; De Regnouart, avecla devise : Age.Abstine. Sustine. Écu heaume et lambrequiné. Ex-libris deCharreton. — Pour in-8 ; le nom se lit au bas de l’écuheaumé, lambrequiné ; pour cimier un léopard ; pour supports deuxlévriers. Ex-libris deRoquelaure. — Pour in-folio, anonyme, signé : L. Tiphaigne: d'azur, à trois rocs d'argent, qui est de Roquelaure ; écartelé d'orà deux vaches de gueules, accornées et clarinées d'azur, qui est deBéarn, et sur le tout d'azur, au lion d'or, armé et lampassé de gueules; l'écu, sommé de la couronne ducale et posé sur le manteau d'hermines,est entouré des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Ex-libris deChassebras. — Pour in-8 ; le nom sur une banderole qui serelie aux lambrequins. Ex-libris deBoussac, enLimousin. — Pour in-8, anonyme : d'azur au sautoir dentelé d'or,cantonné de quatre croissants d'argent ; heaume et lambrequins. Ex-librisd'Antoine de Lamare. — Pour in-8 ; Ex libris Antonij de Lamare, D.de Cheneuarin; devise sur une banderole dont un monogramme forme le centre : εντουτω νιχη ; écu heaumé, avec une licorne naissante pour cimier ;lambrequins. Cet ex-libris offre la particularité de donner, au-dessous de l’écuécartelé, la description imprimée typographiquement, du blason deLamare, et de ceux des familles de Croisset et de Clercy, ses alliées.Il s'est rencontré sur la garde d'un livre portant la signatured'Antoine de Lamare, et la date de son acquisition, 1629. Lamare, seigneur de Chenevarin, est d'une autre famille que lebibliophile dijonnais du mêmôme nom, cité par Le Gallois dansson Traité desplus belles bibliothèques de l'Europe, Paris, Michallet,1680, in-12. Ex-libris desfrères Sainte-Marthe.— Pour in-8, anonyme : d'argent à la fasce fuselée de trois pièces etde deux demies de sable, au chef de môme, avec la devise : Patrice fœlicia tempora nebunt; heaume avec une aigle naissante éployée pour cimier, lambrequins,deux lions supports. I.Picart sc. Ex-libris deJean-Pierre de Montchal,seigneur de La Grange. — Anonyme, pour in-8 : de gueules au chef d'orchargé de trois molettes d'azur ; heaume, lambrequins ; pour cimier unsauvage issant tenant une lance couronnée de laurier, avec la devise: Ie lay gaignee; pourtenants deux sauvages armés de massues ; l'écu posant sur un carrelageémaillé à ses pièces. Famille du Vivarais. Dans son Traité des plus bellesbibliothèques de l’Europe (1680) Le Gallois cite labibliothèque de Montchal parmi celles « vendues ou dissipées dans cesderniers temps. » Ex-libris deNicolas-Thomas de Saint-André. — Anonyme et d'uneapparence archaïque, pour in-folio, avec la devise : Pietate fulcior Ex-libris de Scott,marquis de la Mésangère, en Normandie. — Anonyme, pour in-folio : d'orau cerf couché de gueules, orné d'un collier d'azur chargé d'une étoiled'argent entre deux croissants d'or ; heaume et lambrequins ; pourcimier un cerf issant, pour supports deux lévriers. La main senestre del'écu est la marque des cadets de famille en Angleterre. Ex-libris deGaribal. — Pour in-8 ; le nom au bas de la pièce ; familledu Languedoc. Ex-libris deBerulle. — Pour in-8 ; le nom au bas de la pièce. Ex-libris de Bovet.— Anonyme, pour in-8 ; d'azur au taureau passant d'or. Famille duDauphiné. Ex-libris deBernard de Nogaret, duc d'Epernon.— Anonyme, pour in-folio : de gueules à la croix potencée d'argent quiest de La Vallette, coupé de Nogaret qui est d'argent au noyer desinople, parti du premier à la croix vidée ; sur le tout d'azur à lacloche d'argent bataillée de sable, qui est deLagoursan-Bellegarde-Saint-Lary ; l'écu entouré des ordres deSaint-Michel et du Saint-Esprit, posant sur un trophée, entre deuxfigures allégoriques. Très-belle pièce, sans doute d'un artisteitalien. Ex-libris deFrançois de Varoquier. — Pour in-8 : Messire François de Varoquierchevallier de l’ordre du Roy son coner etmaistre d'hostel ordre Trésorier de France Gnaldes Finances et grand voier en la généralité de Paris.Avec la devise : Rectaubique sic et cor, allusionnelle à la main levée de l’écu. Ex-libris de LeFéron.— Anonyme : de gueules au sautoir accompagné en chef et en pointe d'unemolette à six branches, et à chaque flanc, d'une aiglette, le volabaissé, le tout d'or ; les pièces du blason se reproduisent sur lepavage émaillé ; aigles pour supports et pour cimier. Ex-libris de LePuy du Fou. — Anonyme, pour in-folio, signé I. Picart: au 1 et 4, de gueules à trois macles d'argent ; au 2 et 3, d'azur àune bande d'argent cottoyée de deux cotices potencées etcontrepotencées d'or, de 13 pièces, qui est du comté de Champagne ;heaume, couronne, cimier, lambrequins ; pour supports, deux aiglescouronnées tenant dans leur bec, ainsi que celle du cimier, unebannière aux armes de Le Puy du Fou. Anonyme, pour in-8, aussi signé de I. Picart : mêmeblason, couronné, entre deux palmes croisées et liées. Famille duPoitou. Ex-libris de JeanBardin. — Pour in-4 et pour in-8 : Ioannes Bardin presbyter.Autour de l’écu la devise : Hic ure, hic seca, modo parcasin œternum. Ex-libris deLesquen. — Famille bretonne ; pièce anonyme pour in-8 :d'or au palmier de sinople, avec la devise : VIN. CEN. TI.; heaume et lambrequins. Ex-libris deFrançois de Malherbe(1555-1628). — Anonyme, composé de ses armes, au-dessus de deux palmescroisées : « d'argent à six roses de gueules et des hermines de sablesans nombre, » ainsi qu'il les décrit dans son Instruction à sonfils. Superbe pièce qui emprunte un intérêt exceptionnel au nom de sontitulaire, irrégulièrement blasonnée, sans doute gravée dans lespremières années du siècle. M. Roux-Alpheran l’a signalée, entreautres, sur un volume in-4, Traitez des droicts et libertezde l’Église gallicane,Paris, 1609, avec la signature de Malherbe et la date de sonacquisition : « Emit filio suo M. Antonio, Fr. Malherbe, parisiis 1619(4). » Le poëte a eu un plus petit ex-libris aussi composé de ses armes, avecun lion léopardé pour cimier. L'un et l'autre se sont toujoursrencontrés collés au verso des titres des livres. Vincent de Boyer, seigneur d'Eguilles, conseiller au parlement d'Aix,fut l’héritier de Malherbe, et recueillit ses livres et papiers qui seconservèrent dans sa famille jusqu'à la Révolution ; ils furent alorsdispersés par suite de l'émigration de MM. d'Eguilles. Ex-librisindéterminé,irrégulièrement blasonné, pour in-folio : trois têtes de louparrachées, 2 et 1 ; loups supports, tête d'agneau pour cimier,lambrequins, avec la devise : In manus tuas Domine sortes meae,et la signature : I.de Courbes fecit. Ex-libris de Lamy.— Marquetrès-exceptionnelle, formée du portrait de ce curieux (5), gravé deface par quelque élève de Thomas de Leu, avec la devise : Usque ad aras, etles mots : AmyLamy, commentés d’une façon flatteuse dans les verssuivants : Desine mirari vultus dum cernisamicos, Quem picturarefert verus amicus hic est, Verus amicus hicest, ut re, sic nomine dictus, Talem, si rogitas,experiere virum, Ast etiam si nonrogitas, tuus ecce manebit, Qui sibi non natusjam suus esse nequit. Avec huit pièces anonymes indéterminées, dont la descriptionn'ajouterait rien à la nomenclature précédente, et trois armoiries dansl'oeuvre de Léonard Gaultier, au Cabinet des estampes, qui peuvent êtredes ex-libris (l’une de 1611, avec la signature du maître, serait lepremier français gravé, avec date), nous en récapitulons cinquante-cinqde 1600 à 1650. Dans trois mille pièces que nous avions pu voir pour lapremière édition de ce travail, nous en comptions vingt-huit, moins deune pour cent. Aujourd'hui que six mille au moins nous ont passé sousles yeux, la proportion reste la même, et selon toute probabilité, nesaurait guère varier. Si l'on élimine de cette suite les ex-libris lorrains et franc-comtoisde Melchior de la Vallée, de Guillaume Grangier et de Pierre Sarragoz,composés sous des influences étrangères ; celui de Nogaret d'Epernon,d'un maître italien, et le portrait de Lamy, pure singularité, on verraque toutes les marques de bibliothèques françaises, dans les limitesgéographiques de la France de 1600 à 1650, sont essentiellementhéraldiques, composées de blasons et de leurs ornements extérieurs :accolades de lauriers ou de palmes, heaumes, cimiers, lambrequins,supports ; les supports, en général, tiennent les blasons sur unterrain renflé des deux côtés, au centre duquel s'insère la pointe del’écu, et plus rarement sur un pavage émaillé à leurs pièces,décoration très-riche dont on ne retrouverait plus d'exemple passé1650. Les métaux et les couleurs, d'abord blasonnés sans régularité,sont ensuite désignés sur les armoiries par les initiales de leursnoms, et enfin indiqués suivant un système qui depuis n'a pas varié,mais aussi n'a pas toujours été suivi. Onze de nos cinquante-cinq ex-libris sont signés de noms d'artistes oude monogrammes ; un peu plus de la moitié portent les noms de leurspossesseurs, sans énumération de titres ni de qualités, un excepté ;deux seulement ont la formule Ex libris indiquantleur destination (6); aucun n'est daté. Leur époque se détermine aisément, malgré l'absence de dates, parl'usage de l'écu dit en accolade, du heaume et des lambrequins à amplesrinceaux descendant des deux côtés de l'écu, quelquefois l'enveloppanttout entier, et surtout par le métier serré et brillant des graveurs,élèves ou imitateurs de Léonard Gaultier et de Thomas de Leu. A peinequelques pièces, sans doute gravées en province, se réfèrent par leurtravail naïf à des modèles anciens. Les ex-libris français des règnes de Henri IV et de Louis XIII sont desincunables dans leur genre, dignes d'être recherchés pour leur belletournure héraldique, leur caractère artistique et leur rareté. Ilsn'ont pas été nombreux dans le temps, et les bibliothèques où ilsfiguraient se sont dispersées, pour la plupart, depuis près de deuxsiècles ; surtout la mise au pilon, dans d'effrayantes proportions, desin-folio et des in-quarto, a été pour eux une cause permanente dedestruction. Faisons remarquer que, parmi les pièces énumérées, sept,sans plus, sont franchement pour in-folio, et au moins est-il probableque les titulaires d'ex-libris des moindres formats en avaient aussipour leurs volumes du plus grand. L'in-folio a été le format parexcellence pour les premiers hommes à livres, pour les races érudites ;il composait la base précieuse et coûteuse de leurs bibliothèques,c'est celui pour lequel ils ont dû le plus se mettre en frais demarques de possession. Pierre d'Hozier avait eu l'idée de donner un Recueildes noms, surnoms, qualitez, armes et blasons de tous les curieux etamateurs des armoiries, généalogies et histoires, vivans en cet an 1631.Il ne l'a pas publié, mais son exemplaire au moins existe, avec untitre et de nombreuses notes autographes de sa main, et une dédicaceimprimée au marquis de Gesvres (7). Ce précieux recueil se compose decent vingt-cinq armoiries, gravées par Magneney et J. Picart. C'est lafleur des érudits et des amateurs du temps, possesseurs debibliothèques, titulaires possibles d'ex-libris. Eh bien ! dans cescent vingt-cinq curieux nous n'en avons compté que cinq dont lesmarques de bibliothèque soient aujourd'hui connues, en partie ; ce sont: Le Puy du Fou, Montchal, Auzoles de la Peyre, Jean Bigot, les frèresSainte-Marthe. D'autres encore parmi eux en ont eu, on peut l'affirmer; mais où les retrouver ? et les retrouvera-t-on jamais ? DE 1650 A 1700 L'un des ex-libris d'AndréFélibien escuier sieur des Avaux seigneur de Iavercy etc.historiographe du Roy,y avec la date 1650, particularité notable, peut être cité comme piècede transition. Il est gravé dans la manière grasse et colorée del'école d'Abraham Bosse ; l'écu en accolade, écartelé, s'y montretimbré du heaume, mais avec un lambrequin rétréci, et les deux licornesgardiennes posent sur un socle qui se variera en piédouche, encul-de-lampe, en accolade arabesque, et deviendra caractéristique decette période, où l'usage primitif et rustique de poser les supportssur un terrain herbu, renflé des deux côtés, se perd peu à peu. Les ex-libris ne sont pas encore nombreux, et offrent surtout, commecuriosité, les variations de la mode héraldique. Les lambrequinsperdent leur caractère somptueux, le heaume disparaît pour faire placeaux couronnes qu'on usurpe, dit un contemporain, « sans qu'elles soientdues à la naissance ni aux titres des terres, » l'écu quitte la formeen accolade pour l'ovale, et s'encadre dans un cartouche ; il continueà se montrer bien de face, et avec ses supports ou ses tenants,présente un ensemble marqué de parallélisme et de régularité. Ceschangements sont l’oeuvre du temps ; les armoiries conformes à celles dela précédente époque, mais, à la vérité, d’un travail sommaire etlâché, tiennent bon, et trouvent dans l’Armorial universelde Segoing, à la date de 1679, leur dernière expression collective.Mais à partir de l’année suivante l’ensemble dont la marque de labibliothèque de Félibien se trouve être le prototype, remportedécidément. Nous signalerons, entre 1650 et 1700, quelques ex-libris remarquablespar les noms de leurs titulaires, par ceux des artistes qui les ontsignés, ou intéressants par leurs dates : Quatre ex-libris pour les quatre formats, aux armes, aux noms etqualités et à la devise de Nicolas Martigny, de Marsal, par SébastienLe Clerc, tous quatre signés, l’in-folio et l’in-quarto datés de 1655et de 1660, gravés à Metz par cet artiste, avant son départ pour Paris. Aux années 1655, 1660, 1666 et 1701, Jombert, dans son Catalogue raisonné de l’oeuvrede S. Le Clerc(Paris, 1774, 2 vol. in-8), mentionne, sous le nom d’armes, septautres marques de bibliothèques de ce graveur célèbre, anonymes ou avecles noms de leurs possesseurs, signées les unes et les autres ; entout, onze pièces. Ex-libris deGuillaume Tronson, avec la devise : Virtuti non divitiis,signé A. B.Flamen; pour in-4, gravé en perfection pour le protecteur auquel l’artiste adédié les « Paisages dessignees après le naturel aux environs de Paris.» Ex-bibliot.Hadriani de Valois dom. de La Mare consiliarii et historiogr. Regii.Devise : Seucalamo, sive ense,. Ex-libris anonyme pour in-fol. de Jérôme Bignon II, grand maître de laBibliothèque du Roi : d’azur à la croix d'or coupée d'argent, accoléed'un cep de vigne de sinople chargé de trois grappes de raisin d'or, etcantonnée de quatre flammes d'argent ; heaume, lambrequins, pour cimierun ange issant, pour tenants deux anges portant des palmes. Superbe pièce sans nom de graveur, qui semble de François Chauveau. Ontrouve dans son oeuvre, au Cabinet des estampes, une marque debibliothèque pour in-8, qu'il n'a pas non plus signée : Clerget, avec ladevise : Inaniapello. Le jurisconsulte bourguignon Charles Fevret : Carolus Fevretus,devise : Concientiavirtuti satis amplum theatrum est. Leonor Le Françoisescr sr de Rigawille,avec la devise : Melioraseguentr, et la date 1673. Ex-libris anonyme, pour in-4, de Charles-Maurice Le Tellier, archevêquede Reims : d'azur, à trois lézards d'argent posés en pal, au chef cousude gueules, chargé de trois étoiles d'or ; signé : I.Blocquet, 1612.On a le Catalogue de la bibliothèque de ce prélat, rédigé par NicolasClément (Paris, Imp. royale, 1693, in-fol.). Louis François duBouchet marquis de Souches conseiller d’Estat prevost de l’Hostel etGrand Prévost de France ; pour in-4, signé : Mavelot, graveur de Mademoiselle. B. Btegde Mgr Pellot Per Presnt du Parlnt de Normandie.Pièce signée, à gauche, des deux initiales I. T. ; sans doute JeanToustain, graveur normand. Le premier président Pellot (1670-1686) avait une bibliothèqueconsidérable, composée en partie de livres italiens et espagnols. Guyet de laSourdière.Légende : au premier quartier de Le Roy qui porte parti de Sanguin, ausecond de Chassebras qui porte parti de Melun, au troisiesme deGallard, au quatriesme de Fougeu des Currées, et sur le tout de Guyetde la Sourdière. Nous avons déjà vu, dans le précédent chapitre, un exemple de cesénumérations d'alliances ; ils ne sont pas communs. Ex-libris anonyme de Rostaing, pour in-folio, signé de P. Nolin: dazur à la fasce haussée d'or, accompagnée en pointe d'une roue demême, sur des blasons d'alliances ; tenants, deux sauvages ; colliersde Saint-Michel et du Saint-Esprit ; monogrammes couronnés aux quatreangles. Pièce exactement reproduite dans l'Armorial de Segoing, gravé par P.Nolin, avec cette souscription : « Armes d'alliances de Messire Charlesmarquis et comte de Rostaing, gravées par son très humble serviteurPierre Nolin, 1650. » La planche de l’Armorial nous donne la dated'exécution de l’ex-libris. MreSimon Chauvel chevalier seigneur de la Pigeonniere conseiller du Roy enson conseil destat et prive président et lieutenant general à BloisMaistre des Requestes aurdinaires de Monseigneur frère unique du Roy; pour in-4, signé : P.Nolin. Ex-libris aussi reproduit, avec la légende abrégée, dans l’Armorial deSegoing. Cette constatation et la précédente nous ont fait regarder deprès à ce recueil héraldique, où de compte fait, se rencontrent plus desoixante planches d'ex-libris copiés par Nolin d'après lui-même, oud'originaux dont il avait eu communication dans sa clientèle ou chezses confrères. Nous citerons comme marques de bibliothèques formelleset indéniables, les diverses armes signées de Jacque Picar (n°161) etde Ladame (n°139, 140, 141, 142) ; parmi ces pièces empruntées, il s'entrouve deux, celles des Gougnon et des Ragueau, qui, survenues après lenumérotage des cuivres, sont restées sans numéros. Denis Godefroy,filsde Théodore, l'historien, petit-fils de Denis, le jurisconsulte, morten 1681 ; son nom au-dessous de ses armes sur des marques pour in-8 etin-12. Ex-libris anonyme aux armes de Potier de Novion, signé de Trudon ; seulemarque connue au nom de cet artiste qui a gravé toutes les planches deson Nouveautraité de la science pratique du blason, 1689, in-12. Ex-libris anonyme de Jules-Hardouin Mansart, surintendant etordonnateur des bâtiments de Louis XIV : d'azur, à la colonne d'argent,la base, le chapiteau et le piédestal d'or, surmontée d'un soleil dumême ; ladite colonne accostée de deux aigles d'or, affrontées etfixant le soleil, signée MontulayLenée. Ex-libris divers aux noms de Jean-Nicolas de Tralage,neveu du lieutenant de police La Reynie, grand curieux qui fit don detoutes ses collections à l'abbaye de Saint-Victor, en 1698. En feuilletant les collections, on ne voit pas que l'usage de la marquegravée, collée sur la garde du livre, se fût généralisé de 1650 à 1700.Beaucoup de savants y résistaient et conservaient leurs préférencespour la marque de possession frappée sur les plats, antérieure, et enquelque sorte nationale. Tels furent, entre autres, deux des plusgrands bibliophiles du siècle, Gilles Ménage et Huet, l'évêqued'Avranches, et s'il se rencontre des livres de leurs cabinets avec unemarque intérieure supplémentaire, c'est l'ex-libris de gratitudeajouté, après 1692, par les Jésuites de la maison professe de Paris, àqui l'un et l'autre avait légué sa bibliothèque. Les Pères firent bienles choses : l'ex-libris in-folio aux armes de Huet est une superbepièce, sans parler des trois autres ; le légataire était vivant, et lelegs de grande valeur : 8312 volimies, plus les manuscrits. Ilssemblent s'être mis en moindres frais pour Ménage, défunt, et quilaissait à peine 2000 volumes, bien que sa bibliothèque fût grossie decelle de son ami Guyet, savant en grande réputation alors, à peineconnu de nos jours par une épigramme de Maynard. Mais c'est déjàbeaucoup. DE 1700 A 1789 La vogue des ex-libris se détermine durant la grande querelle desAnciens et des Modernes ; ils se multiplient avec les bibliothèquescomposées surtout de livres en langue vulgaire, qui témoignent de laprédominance décidée, sinon de la prééminence, des lettres françaisessur les lettres grecques et latines. Leur nombre va toujours croissantdans le siècle, comme celui des lecteurs, des savants, des littérateurset des collectionneurs. Avant 1789, la France, suivant l'observation del'Anglais Arthur Young, était la nation où les esprits ornés etcultivés se trouvaient en plus grand nombre, — autant dire qu'elleétait un pays à ex-libris. Mais à cause de la superstition de la naissance persistant ets'irritant dans ce temps de philosophie, l'ex-libris reste héraldique,plus héraldique que jamais, et même le blason y montre d'incroyablesvisées. « Les gens d'esprit et les gens riches trouvaient la noblesseinsupportable, et la plupart la trouvaient si insupportable, qu'ilsfinissaient par l'acheter. » Cette observation de Rivarol explique lamanie nobiliaire d'alors, et l'audace de ses manifestations, servie etpoussée à l'extrême par la plus étonnante génération de vignettistesdécorateurs. Nous avons vu les gens de bonne race et de dignité sénatoriale secontenter, pour l’ornement de leurs écus, de lambrequins et d'animauxdu bestiaire héraldique ; les contemporains de Voltaire et desEncyclopédistes sont moins modestes : ils font adopter les leurs parles dieux, les lancent dans l’empyrée, les guindent parmi les astres etles constellations. Sur l’ex-libris du président Henault (dessiné par Boucher et gravé parle comte de Caylus), Minerve, ayant rejeté son égide, a pris pourbouclier l'écu de ce membre de l'Académie française : de sable, au cerfd'or, accompagné d'une étoile de même. L'abbé de Gricourt manifeste parle sien que notre globe terraqué est indigne de ses armes : un essaimd'anges les enlève au ciel, leur vraie patrie, en chantant hosanna (8)! Le personnel de l'Olympe, les nuées, les puissances, les foudres, leschérubins, les gloires, les arcs-en-ciel, les soleils, jouent, dans cesvignettes, en faveur des armoiries, des rôles de féerie. La palme del'ex-libris hyperterrestre et sidéral reviendrait sans doute à lamarque anonyme de la bibliothèque de M. de Montaynard, dessinée parEisen, génie excessif, et gravée par Lemire : le blason de ce seigneur,avec ses bons gardiens, son casque, son épée, les lauriers dont il estné couvert, monte au ciel sur une nuée qu'illumine un soleil allumépour la circonstance ; la couronne ducaleplane au-dessus et le devance, afin que la troupe immortelle puissed'abord s'écrier en choeur : C'est un duc ! il arrive (9)! Ceux-ci sont qualifiés, titrés, et nobles nouveaux, au moins. La fureurde l'égalité, sinon dans la noblesse, dans les signes de la qualité, enattendant mieux, est endémique parmi les gens de charges municipales etde professions libérales, et fait éruption en rébus étourdissants, maisblasonnés. Du blason, qui ne s'en donnerait encore plus que du galon !Et les armes dites parlantes sont là pour accentuer à outrance etgraver au plus profond des mémoires les noms destinés à la gloire : Ailly ! Mailly ! Créquy ! Tels noms, tellesarmes, tels cris ! M. Harlé, bon bourgeois, qui a les goûts d'un honnête homme, labâtisse, la musique, la lecture, adosse son blason, d'azur, àla hartet à la laied'or, à une pyramide entourée de violons et de livres, dans uneperspective de jardin à terrasses. J. N. Arrachart, chirurgien, non pasdentiste, se blasonne de sinople au chevron d'argent escaladé dedeux ratsde sable, sinon de cave, avec le char de même,traîné par un cheval marin (?). Deux crocodiless'entremangent sous les armes d'Odile, composées d'un troupeau de cessauriens, et une devise, à faire rêver Cyrano de Bergerac, commente cetensemble aimable : Terrâmetuendus et undis.Sur la terre et dans l’onde animal redoutable ! Quels êtres, cet Odileet ces crocodiles ! C'est effrayant, mais risible, et aussi sérieux.Pourtant, entre ces rébus prétentieux, il s'en rencontre de naïfs,venus tout seuls, composés en toute innocence et simplicité. On peutprendre pour tel le blason de François Dezoteux : trois hotteux ouporteurs de hottes, 2 et 1. Dans ce carnaval des armoiries, où la calembredaine se mêle àl’apothéose, rien ne se tient à sa place, tout se dérange et affecteles attitudes le moins convenantes, le plus équivoques. On voit desblasons sur des balcons, au haut d'escaliers, formant pavillon,glissant de côté, relevés par leurs tenants qui suent à la peine,lâchés par l’un d'eux qui se sent fatigué, écrasant leur gardien.Supports, tenants et gardiens en prennent aussi bien à leur aise avecleurs fonctions naguère sérieuses : ils flânent, baguenaudent, baientaux corneilles, jouent à cache-cache, se prennent dans les volutes descartouches, et quelques-uns, d'ennui, semblent s'appiquer à épeler leshiéroglyphes des écus, sans plus se soucier des importuns ni desmalveillants. Les griffons supports des armes de M. de Gourgue lesécaillent à coups de bec ; le lion gardien du célèbre chevalier Folard,ô prodige ! porte le blason de son maître en équilibre sur l'épinedorsale. Un certain nombre de pièces armoriées, dans la foule, se montrentrégulièrement composées, d'éléments disparates, il est vrai, et bienque contournées dans la forme, et attifées de palmes, de festons, deguirlandes, de rinceaux, de coraux, d'ailes de chauve-souris, etc., setiennent sérieuses et droites, à la bonne vieille mode. Ce n'est paselles qui sollicitent les regards ; l’oeil débauché court et s'attacheaux vignettes où l’ornementation se montre le plus capricieuse et leplus folle. Celles-ci sont bien du siècle ; les autres y semblentattardées. La plupart des ex-libris portent les noms de leurs possesseurs ;beaucoup sont signés ; trois sur cent ont des dates. Notons-en d'allégoriques, comme celui dessiné et gravé par Le Mire, deJ.-B. Descamps, l'auteur de la Vie des peintres hollandais: la Peinture, auréolée, assise sur les nuées, esquisse un tableau ; oucelui du libraire Prosper Marchand, dessiné par Bernard Picart : unphénix qui renaît de ses cendres, entre deux cornes d'abondance, d'oùroulent des volumes, avec la devise allusionnelle : Sic vitam post funera reddunt.Et d'autres formés de monogrammes modestes, mais fort agrémentés ;telle la marque, genre rococo, de Gabriel Fulchiron, ou celle de M.Lemoine, avocat et instituteur de la jeune noblesse, sur un écu ovaleentouré de palmes et de guirlandes, et timbré d'une couronne de roses,avec ces mots emphatiques : Les lettres nourrissent l’âme.Mais ils sont en petit nombre ; on les compte. Encore plus rares sontles marques de bibliothèque anecdotiques, rappelant une circonstance ourévélant un détail de la vie de leurs titulaires ; on peut citerpourtant Mouffle de Champigny et M. de Varville, qui ont donné dansleurs ex-libris des vues de leurs demeures préférées ; Félix Chevalier,l'historien de Poligny, qui a montré dans le sien une perspective de saville natale ; Chavagnac d'Amandine et le marquis de Grasse Briançon,qui ont fait représenter, sur les socles où posent leurs armes, desactions navales où ils s'étaient distingués. Les trois styles d'ornementation du XVIIIe siècle, Régence, rocaille,Vien, ou Louis XVI, sont amplement représentés dans le petit art del'ex-libris par de charmants spécimens ; une foule de graveurs et dedessinateurs héraldiques, des plus habiles, bien que restés obscurs, enont su épuiser autour des blasons les formes et les combinaisonsdiverses. Assez longue en serait la liste ; en tête se verraient lesnoms de Scotin, Gamot, Roy, Ingram, Faugrand, les Collin de Nancy (10),de la Gardette, Ollivault, etc., etc. Les meilleurs et les plus renommés artistes du temps se sont mis de lapartie, et comme gens pour qui leur métier n'avait rien d'indigne etqui ne pût être relevé par la grâce et la façon, Cochin, Gravelot,Pierre, Saint- Aubin, Choffard, Marillier, Moreau le jeune, Gaucher, demême qu'ils ont dessiné et gravé des encadrements, des invitations debal, des adresses de commerçants, des étiquettes de pommade, desentourages de lettres de mariage, etc., ont tracé sur le papier ou surle cuivre des ex-libris d'une fantaisie et d'un agrément infinis.Boucher lui-même a condescendu à la marque de bibliothèque ; en s'encachant, il est vrai, mais sans pouvoir dissimuler sa griffe ; un seuldes trois ex-libris connus qu'il ait dessinés, est signé de son nom, lepremier en date, sans doute, après lequel il eut à subir tropd'importunités. Dans un chapitre spécial, nous donnons la liste despièces dues à ce maître, suivie de celles des ex-libris échappés à lafacilité des petits maîtres à sa suite. En faisant reproduire onze pièces de 1700 à 1789, nous n'avons pas crutrop demander au XVIIIe siècle ; la plupart sont disséminées dans cetravail, mais cinq trouvent leur place ici : Ex-libris deJacqvss-Benigne Bossuet,évêque de Troyes, neveu du grand évêque de Meaux, qui hérita de labibliothèque de son oncle ; anonyme : d'azur à trois roues d'or. Lepremier nom des Bossuet était Rouyer. Belle pièce où des livres, deslauriers et des palmes se mêlent aux insignes épiscopaux ; sans doutegravée avant 1720. Ex-libris de labibliothèque du collège d'Eu,fondée par le duc du Maine, en 1729. Les armes du fondateur sur unpiédestal avec bas-relief, entourées d'attributs militaires ; marquedans la tradition de solidité et de régularité de l'art du règne deLouis XIV. De la bibliothèquede Mr de Joubert trésorier des Etats de Languedoc.Dans le style Louis XV, pièce de quelque graveur-décorateur du Midi. Lemême artiste a dessiné, sans y mettre son nom, de la même pointe légèreet brillante, l’ex-libris in-4 de Dillon, archevêque et primat deNarbonne. Ex-libris deMirabeau ;anonyme : d’azur, à la bande d’or accompagnée en chef d'une demi-fleurde lys du même, défaillante à dextre, florencée d'argent, et en pointede trois étoiles d'argent en orle. Il figure ici moins pour sa beautéque pour le nom de son possesseur ; c'est celui de Mirabeau l’Ami des hommes,père de Mirabeau tonnant et de Mirabeau tonneau. De la bibliothèquede M. Lavoisier,etc. Dans le plus pur style Louis XVI, dessiné et gravé par De laGardette ; le titulaire y prend la qualité de fermier général, quidevait lui être funeste. Ces ex-libris du XVIIIe siècle, si variés, si amusants, si spirituels,si tentants, étaient le menu gibier de l'amateur, en chasse au fourréchez les libraires, ou à découvert sur la ligne des quais. Poursuiteinnocente, battue égayante et piquante d'iconophile et de lettré, vousaurez été trop brève, vous avez fui ! Aujourd'hui, l'ex-libris, à peine aperçu, est décollé par lebouquiniste, et précieusement réservé pour être vendu à prix débattu.Plus de plaisir, plus d'émotion de découverte. C'est une valeurreconnue, en hausse, et qui pourrait dire où elle s'arrêtera ?Peut-être, un jour, dotera-t-on ses filles avec des ex-libris, etcelles qui en auront le plus et des plus rares passeront pour lesmeilleurs partis. Tout arrive sous le ciel. PREMIÈRE RÉPUBLIQUE Le vicomte de Bourbon-Busset remplace l’ex-libris à ses armes, d'azur àtrois fleurs de lys d'or, au bâton péri en bande, au chef do Jérusalem,deux anges pour supports, où il avait énuméré ses titres : premiergentilhomme de la chambre en survivance de M. le comte d'Artois,colonel-lieutenant commandant le régiment d'Artois-cavalerie, élugénéral des États de Bourgogne, par une marque encadréed'une couronne de chêne, où il s'honore du titre de citoyen français, àla date de 1793. Il a quelques imitateurs, entre autres Alexis Foissey, de Dunkerque,qui substitue le niveau égalitaire à la couronne de son ex-libris dansle style rococo. Le temps n'est pas aux marques de propriété sur les plats ni àl'intérieur des livres ; pourtant, deux ex-libris de conventionnelsassez inconnus se sont retrouvés : celui de P. M. Gillet, député duMorbihan, surmonté du bonnet de la liberté, avec la devise : Liberté, Égalité ;et celui de J. B.Michaud Pontissaliensis legati in Natli Conventu1791, également orné du bonnet phrygien, avec la devise: La liberté oula mort.Ce mélange de français et de latin surprend sur la marque d'un députédu Doubs, né à Pontarlier ; mais on pouvait être très-latiniste alors,et le montrer. Nous avons lu, à la même date, la Marseillaise d'unprofesseur, du nom de René Morel, Ad gallicam juventutemprofecturam et se in castra composituram. Un des derniers ex-libris avec emblèmes républicains, doit être celuide l’Adjudantgénéral Villatte,promu à ce grade le 5 février 1799. Son nom s'y lit entre les faisceauxsurmontés du bonnet, et un chapeau pastoral, couvrant une houlette, surlequel deux pigeons se becquètent. De même que le philosophe SylvainMaréchal, ce militaire cachait, sous une enveloppe trompeuse, un bergerde nature et de vocation. PREMIER EMPIRE Résurrection du blason qui faisait le mort pendant la tourmenterévolutionnaire. Il reparaît, panaché sur les ex-libris des sénateurset grands dignitaires de plumes d'autruche, en nombre impair,contournées dans des poses qui n'étonneraient pas davantage sur lapartie de la bête où l'homme les a ravies. La marque d'Antoine-Pierre-Augustin de Piis se distingue heureusementdans cette cohorte d'armoiries réglementaires ; elle se compose de sonmonogramme appendu au tronc d'un palmier qui porte à chaque rameau lenom d'un des maîtres de la chanson : Panard, Favart, Vadé, Collé, etc.; par terre sont éparses les oeuvres dont l'aimable vaudevillistepouvait se réclamer pour figurer à son tour sur cet arbre de gloire: Santeuil etDominique, le Rémouleur et la Meunière, les Amours d'été, les Veilléesvillageoises, Chansons. RESTAURATION.MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE. SECONDE RÉPUBLIQUE Rien, rien, et encore rien, que des marques héraldiques sans caractèreet sans style, pour lesquelles il y a des moules, à Paris, chez lesgraveurs des passages. Le moule dit au ceinturonfut un des plus en vogue, et peut-être l’est-il encore. C'est unceinturon entourant les armes ou le monogramme ; rien de plus, maiscela a charmé, le ceinturon avait le je ne sais quoi.Hermione, Rachel, veux-je dire, s'était donné le ceinturon ; M. ArmandBaschet a fait tracer le cercle en cuir du ceinturon autour du lion deVenise, Custosvel ultor, qu'il partage avec les d'Argenson, on ne saitpas assez pourquoi. L'art romantique n'a pas une pièce dans ce genre, où, comme dans lefrontispice et la vignette, il eût pu laisser trace de son originalité.Nous sommes à voir un ex-libris de Célestin Nanteuil, des Johannot, deGigoux ou de Camille Rogier. Dans ce désert, on s'étonne de rencontrerla marque de bibliothèque d'Alphonse Karr, la guêpe, sa bêtesymbolique, en train de couvrir d'écriture une longue pancarte ; sansdoute dessinée par le caricaturiste J.-J. Grandville. SECOND EMPIRE.TROISIÈME RÉPUBLIQUE A côté de la gravure industrielle des armoiries, qui prospère,constatons une petite renaissance artistique de l’ex-libris, due àcelle de l’eau-forte, et tout à fait étrangère à l’héraldisme. Depuis quelques aimées, des artistes connus ont pris le goût de graverpour les livres de leurs amis, littérateurs, savants ou curieux, laplupart roturiers, des marques de possession concordantes avec leursétudes, leurs goûts, ou emblématiques de leurs oeuvres. Tels: M. Alexandre Bida, qui a dessiné une jolie vignette pour l’étonnantebibliothèque, sitôt faite et défaite, de M. Félix Solar (11); M. Aglaüs Bouvenne, l’auteur des Monogrammes historiques d'aprèsles monuments,qui a dessiné et gravé les ex-libris de MM. Victor Hugo, ThéophileGautier, Champfleury, Alexis Martin, Maurice Tourneux ; celui de M.Victor Hugo, antérieur à la publication du livre Mes premières années à Paris,semble avoir inspiré à M. Auguste Vacquerie le vers mémorable : Les tours de Notre-Dame étaientl’H de son nom. M. Féhix Bracquemond, à qui MM. Charles Asselineau, Philippe Burty,Georges Pouchet, Edouard Manet le peintre, Christophe le statuaire sontredevables de leurs marques d'écrivains ou d'artistes lettrés ; lamarque de M. Manet le représente en buste sur un terme ; ladevise Manet etmanebit, affirme sa gloire, en jouant sur son nom ; M. Léopold Flameng, qui s'est employé à celles du bibliophile PierreDeschamps et du docteur Gérard Piogey ; M. Octave de Rochebrune, qui a encadré dans des motifs d'architecturede la Renaissance trois ex-libris de personnes de sa famille, ceux del’érudit Benjamin Fillon et de l'éditeur T.-S. Montagne, et le sienpropre, composé de ses armes, entre deux figures de Paul Ponce d'un desfrontons du Louvre, avec la devise : Labore surgo (12). Avant eux, Gavarni s'était complu à dessiner l'emblème fraternel de MM.Edmond et Jules de Goncourt, que Jules de Goncourt grava lui-même : unemain indiquant, de l'index et du médium, les lettres E et J, tra-céessur un papier ; image assez parlante pour se passer de la locutionpopulaire qui serait sa devise : Les deux doigts de la main. LES DEVISES La devise suit l'écu. Dans cette masse de gravures d'armoiries, le plusgrand nombre des légendes sont des affirmations ou affectations devertus obiliaires : fidélité au roi, impatience de combattre, fermetéinébranlable ; des déclarations de prépondérance féodale, des cris dejoie de compter parmi les puissants de ce monde, des allusionsflatteuses au nom qu'on porte, des commentaires avantageux de la pièceprincipale de son blason : A Créquy grand baron nul ne s'yfrotte, Créquy ; Plutôt crever queplier, Moreton-Chabrillan ; Impavidum ferientruinœ, Beaumont ; Duce non erramusOlympo, Carvoisin ; Fortis et fidelis,Forestier ; Fiddis sempercontra infideles, Beaufranchet de la Chapelle ; Attente nuit,Buissy, Buissy ; Une fois, Faletans,Faletans ; Honeur y gist,Balleroy ; Et habet suasidéra tellus, d'Hozier ; Fortis ut Samson,Samson ; Vetustate robur,Saint-Aulaire. Hogne qui vonra,est la devise des Mailly qui portent d'or à trois maillets de sinople ; Separata ligat etfluctuantibus obstat, celle des Pontevès qui blasonnent degueules au pont de deux arches d'or, maçonné de sable. Moderatur et urget,celle des Rouillé de Boissy qui ont trois mains dans leurs armes. Des élans vers les joies éternelles marquent les ex-libris desecclésiastiques : Hicure, hic seca, modo parcas in œternum,est la prière du prêtre Jean Bardin. Barré, curé de Monville, prèsRouen, en thésaurisant sa bibliothèque, fait un retour sur lasécheresse du célibat : Thesaurisat,et ignorat cui congregabit ea. Les savants manifestent leur préoccupation ou leur passionprofessionnelle, l'idée qu'ils ont de leur art, le but de leurs études,leur conviction philosophique. Sollicitudo vigilanti ,Vigilentia custos, Cunctando, sont les devises desmédecins Benningham, Raussin, Sauvage ; Je rapporte fidèlement ce que jedécouvre,dit le consciencieux historiographe et généalogiste Chevillard ; l’abbéMorellet, autour de son monogramme, a fait graver : Veritas omnia vincit,et l’érudit Delaulnaye, au centre de son nom, capricieusement contourné: Rerumcognoscere causas. L'homme a dit : Faisons Dieu,qu’il soie à notre image. Dieu fut ! etl'ouvrier adora son ouvrage. Ce distique, dans un encadrement du style Louis XVI, est la marqueanonyme du philosophe Sylvain Maréchal, et la formule surprenante deson athéisme (13). Les devises et inscriptions témoignant du plaisir de posséder unebibliothèque, assez rares sur les ex-libris, sont aussi de genresdifférents. Les plus communes expriment le goût de la lecture ; elleest un charme et une consolation : In secundis voluptas, inadversis perfugium ; In solitudine solamen; His me consolor; Fallitur horalegendo ; « C’estla meilleure munition que j’aye trouvé en cet humain voiage(Montaigne). » En quatre mots, M. Maurice Tourneux, bibliophile contemporain, a donnél'expression du parfait bonheur de la vie studieuse et modeste: In angulo,cum libello.Ce concert de bibliophilie n'est guère troublé que par la notediscordante d'une marque anonyme, composée d'un livre et d'une plume: Res optimœ,res pessimœ ; antithèse renouvelée de la controversed'Esope le Phrygien sur la langue, la meilleure et la pire des choses. Viennent ensuite les devises de libéralité qui indiquent le Mécène ;elles ont leur modèle, excellent, dans le fameux Grolierii et amicorum,souvent copié, non sans hypocrisie, et sur lequel ont trouvé moyen derenchérir Lambert de Villejust : Amicis et mihi, etun Savigny : Nonmihi, sed aliis ; dans ce dernier cas la générosité vajusqu'à la renonciation. Mais les inscriptions les plus heureuses, les plus sincères surtout,sont celles où la joie du bibliophile se montre en même temps que soninquiétude de prêter, ou que sa résolution de garder pour lui sesrichesses, de ne s'en séparer jamais. Lege et redde,dit François-Jean Sirebeau ; Hugo de Bassville lui fait écho : Rendés le livre, s'il vous plaît.« La premièrechose qu'on doit faire, quand on emprunte un livre, c’est de le lire,afin de le rendre plus tôt. » Vérité constante, que legrand comédien anglais Garrick a bien fait de répéter d'aprèsle Menagiana. Charles-Frédéric Hommeau, de qui l'ex-libris représente labibliothèque, ornée de la statue du dieu des arts, donne quatorze joursà l'emprunteur pour rendre le livre, en bon état, et afin que nuln'excipe d'ignorance, il a pris soin de faire graver, au bas de laplanche, cet article du règlement de son cabinet : LEXBIBLIOTHECAE Intra quatuordecimdies, commodatum ni reddideris, neque bellè custodieris, alio temporedominus : Non habeo, dicet. Ite ad vendentes,et emite vobis; Allez chez les libraires, et payez-vous-en ; c'est en s'autorisant desaint Mathieu qu'Aubry, docteur en théologie, curé deSaint-Louis-en-risle, ferme sa porte au nez des emprunteurs. Guilbert de Pixérécourt a pris la peine de formuler, en deux vers, lesraisons péremptoires pour lesquelles, sous quelque prétexte que cesoit, un curieux ne se doit dessaisir d'un livre : Guillaume Colletet, grand bibliophile, comme l’on sait, envisageait leprêt de ses livres avec la même horreur que celui de sa moitié, labelle Claudine elle-même, et avait ainsi déclaré son ferme propos : A MESLIVRES Chères délices de mon âme. Gardez-vous biende me quitter ; Quoiqu'on viennevous emprunter ; Chacun de vousm'est une femme Qui peut selaisser voir sans blâme Et ne se doitjamais prester (15). La plupart de ces malédictions aux emprunteurs se rencontrent, réuniesà des devises personnelles, sur l’ex-libris pour in-folio de M. AbelLemercier, gravé par M. Martial Potémont, qui présente de plus lasingularité de se pouvoir décomposer en marques de bibliothèque desdivers formats ; c'est une pièce originale parmi les modernes. * * * Les ex-libris de ThomasGueulette Simon-Thomas Gueulette, grand conteur de contes de fées, et grandcompositeur de farces pour le Théâtre Italien et le Théâtre desBoulevards, est, que nous sachions, le premier, peut-être le seul hommede lettres, qui ait eu l'idée de faire de son ex-libris une allégoriede l’ensemble de ses productions littéraires. Il a même eu deuxex-libris de la même allégorie, reprise et retournée, tous deuxcharmants, dignes de cette belle bibliothèque de littérature française,ou gauloise, si l’on veut, qu'il avait réunie à Choisy-le-Roi, à côtéde son théâtre particulier. Exlibris ThomaeGueulette et Amicorum, c'est leur légende ; Dulce est desipere in loco,c'est sa devise épicurienne, qu'un amour volant emporte dans les nuées.Dans la vasque d'une fontaine formée de son blason que décore une tigede muflier (16), entourée d'une volée de papillons, se baigne un Syrènetenant d'une main un miroir, et de l'autre une marotte ; à droite et àgauche se groupent un Tartare, un Mandarin, un Arlequin et un Cyclopetenant un enfant dans ses bras. Le Cyclope nous échappe, mais le seigneur tartare figure iciles Mille et unquarts d'heure, contes tartares, publiés en 1715,réimprimés en 1723 et en 1753, et formant les tomes XXX et XXXIIdu Cabinet desFées ; le beau Mandarin, les Aventures merveilleuses dumandarin Fum Hoam, contes chinois, dont il y a eu deuxéditions, sans compter la réimpression au tome XIX du Cabinet des Fées ;et enfin le sémillant Arlequin, tout le théâtre de Gueulette. Dans le second et le plus petit ex-libris, jolie eau-fortesignée Inv.Bellanger et sc.,la fontaine et les personnages, au lieu de se présenter de face, sedessinent à gauche, en perspective fuyante ; à droite, un Arlequinsinistre les désigne d'un geste moqueur, et les raille. C'est Arlequin-Pluton,héros d'une parade que Gueulette fit jouer en 1719, qui semblepromettre aux sombres bords le monument de son auteur. Et de fait, Gueulette littérateur n'est plus de ce monde, il avait prissoin, d'ailleurs, d'en épuiser jusqu'à quatre-vingt-trois ans lesjoies, les plaisirs et les succès. Les ex-libris du président deBrosses Quand Charles de Brosses vint à passer ses examens pour le grade debachelier en droit, il fallut l'élever sur un tabouret, pour montrer aupublic le petit prodige. Cette disgrâce d'être petit, au-dessous de la commune petitesse, sepeut consoler par d'illustres exemples ; pour un humaniste, commeCharles de Brosses l’était, la première phrase de Quinte Curce surAlexandre le Grand est déjà bien secourable. Et puis, en hommed'esprit, il ne tenait qu'à lui de prendre son parti de son exiguité,de l'arborer, d'en rire avant les rieurs ; et c'est ce qu'il fit,croyant bien faire. Sur le premier de ses ex-libris, gravé par A. Aveline, au-dessus de sesarmes, d'azur, à trois trèfles d'or, posés 2 et 1, sommées de lacouronne de comte et du mortier de président, on lit cette devise: Homunculiquanti sunt !Que grands sont les homuncules ! Mais Charles de Brosses n'eut sansdoute pas à se féliciter de son héroïsme à se traiter d'homoncule enantithèse à ses grandeurs de toute sorte ; sur son second ex-libris,gravé par Durand, la malencontreuse devise a disparu. Décidément il était trop petit, et tout en lui et de lui se tournaitcontre sa petitesse : s'il publiait un livre sur le culte des dieuxfétiches, par exemple, on l'appelait le président Fétiche. Ce ridiculele poursuit outre-tombe, et chaque fois que son nom est réveillé, c'estpour quelque avanie posthume à sa taille minuscule. Un des derniersSalons publiés de Diderot le fait voir comme un nabot, monstrueusementavantagé in eâparte quâ Achilles erat. L'ex-libris avec la devise Homunculiquanti sunt !énumère en latin les titres de de Brosses, « comte de Tournay, baron deMontfaulcon, président à mortier au parlement de Bourgogne, » et résumeainsi ce qu'il y eut de funeste dans la vie de ce galant homme. Le domaine de Tournay n'est autre que celui dont Voltaire acquit lapropriété viagère, et où il se chauffa, au détriment de son vendeur, dequatorze moules de bois, valant bien douze louis. De là une grosseaffaire, où l’on se menaça, de part et d'autre, de se déshonorer, etde se menerfort loin à la table de marbre.La conséquence en fut que Voltaire empêcha Charles de Brosses desuccéder, à l’Académie française, au fauteuil du président Hénault. Que de choses dans un ex-libris ! L'ex-libris de Louis XV L’ex-libris deMadame Victoire de France L’ex-libris duChâteau de la Bastille On nous avait bien dit que Louis XV avait eu un ex-libris. Nous n'envoulions pas croire les yeux d'un autre ; nous ne pouvions imaginer leslivres d'un roi de France avec une si modeste marque de possession,rappelant l'économie d'une branche cadette. Aujourd'hui, nous l'avons vu, de nos yeux vu. Le double L y figure enmonogramme sur un écusson entouré de trophées et sommé de la couronneroyale. Très-belle pièce pour in-folio, dessinée par A. Dieu, et gravéepar L Audran ; elle s'est rencontrée sur un volume couvert en veau, oùle double L était répété entre les nerfs, mais non sur les plats. Le blason de France, d'azur, à trois fleurs de lys d'or, existe enex-libris pour la bibliothèque de Mme Victoire de France, fille deLouis XV, et pour celle du Château royal de la Bastille. Les ex-libris de Laus de Boissy « Je gage, dit l’un, que je pourrai vous citer tel ouvrage et telécrivain dont vous n'avez jamais ouï parler. — Je vous le rendrai bien, répondit l’autre. Et en effet, ces messieursse mettant à disputer de petitesse et d'obscurité, on vit paraître surla scène une armée de Lilliputiens : Mérard de Saint-Just, Santerre deMagni, Laus de Boissy, criait l’un... » Ceci est du Rivarol, et en effet, à la date du Petit almanach de nos grandshommes(1788), Laus de Boissy était un écrivain assez obscur, et par malheur,destiné à le rester. Mais il aima les livres, il eut jusqu'à troisex-libris, l'un galant, bien troussé, bien gravé, et illustré d'uncalembour en latin ; il est notre homme. Voici : La Justice sur des nuées, vêtue d'une robe fleurdelysée, le bandeau surles yeux, tient d'un bras le glaive, et de l'autre qui replie lesbalances, s'appuie au blason de Laus de Boissy, qu'environnent desamours porte-lyres, et des colombes amoureuses ; l'un d'eux et l'uned'elles tendent une banderole festonnée de roses, où se lit : Virtuti et amori laus.Louange à la vertu et à l'amour ; ou plutôt : Laus est tout à la vertuet à l'amour. C'est charmant. Comme le chat fait la souris, Rivarol après avoir marqué Laus de ladent, dans la préface de l’Almanach,le reprend, à l'ordre alphabétique, pour le remordiller sur sa manie detitres littéraires et autres ; et en effet, l'ex-libris porte: Bibliotéque(sic) deM. de Laus de Boissy, Ecuyer Lieutenant particulier du siège de laConnétablie, Happorteur du Point-d'Honneur, Membre des Académies deRome, Padoue, Rouen, etc., etc. Dépourvu de talent et affamé de considération, de notre temps, cepauvre écrivain eût eu du moins la satisfaction de se faire décorer dequantité d'ordres extravagants. Il est venu au monde trop tôt. L'ex-libris de Grimod de laReynière Grimod de la Reynière dessinait et découpait très-agréablement avec samain mécanique en fer ; on a des vignettes signées de lui, entre autrescelle du volume anonyme intitulé Gastronomiana, quireprésente un gourmand déjeunant avec des huîtres et des pâtés. Son ex-libris est, à n'en pas douter, aussi de sa façon ; les objetsallusionnels qui s'y groupent le font assez voir. Ex libris A. B. L.Grimod de la Reynière.Sous son blason, sommé de la couronne de comte, à laquelle une toqued'avocat sert de cimier falot, sont jetés pêle-mêle, une robe, deslivres, une coupe, un masque, une marotte ; à droite, une énormelorgnette est guindée sur une colonne à chapiteau corinthien ; àgauche, une branche de laurier s'enroule à un bâton que surmonte lebonnet de la liberté. Cette composition dit la profession du personnage, avocat au parlement,ses goûts littéraires, ses habitudes de folie et d'indépendanceendiablée, et surtout son excentricité. La lorgnette monumentale y metune date. C'est en 1783 que Grimod publia son second livre : La Lorgnette philosophique,trouvée par un révérend père capucin sous les arcades du Palais-Royal.Au préalable, il s'était donné la satisfaction de lire des passages decet ouvrage à ses convives, pendant son second grand festincommémoratif de la mort de Melle Quinault, du 22 février de cetteannée-là. Sa vocation gastrolâtrique était encore indécise alors ; sans quoi nousverrions figurer dans l’ex-libris quelqu'un de ces puissants harnois degueule, qui dessinent de si imposantes lignes sur les frontispices de l’Almanach des gourmands L'ex-libris de Champcenetz Une caricature de 1789 représente MM. Casserole et Chambrenette (lisezRivarol et Champcenetz) collaborant au Petit almanach de nos grandshommes dans une mansarde des plus délabrées et démeublées. Il ne faudrait pas s’y laisser prendre. A cause de deux affreux verslatins sur le ridicule de la pauvreté, on l'infligeait, de tradition,dans la littérature française, à ses ennemis, même vivant sous deslambris dorés. Ce qui était le cas du marquis Louis de Champcenetz,lequel, de plus, s'était donné le luxe d'une très-belle bibliothèque etd'un ex-libris représentant son blason sur un amoncellement de nuées,au centre d'une gloire plus irradiée que celle d'aucun saint-sacrement.La pièce est enlevée au burin, et typique dans le style Louis XVI. La bibliophilie fut pour quelque chose dans la fin tragique dupamphlétaire royaliste. Il avait quitté Meaux où il s'était caché,surtout pour revoir sa bibliothèque, à ce qu'il dit à son ami lechevalier Joumiac de Saint-Méard, célèbre échappé aux massacres deSeptembre. Arrêté en novembre 1792, il fut exécuté sept mois après. Lavente de ses livres, commencée à son domicile, rue du Mail, n° 19, lequintidi 5 frimaire an IV (jeudi 26 novembre 1795) demanda quinzevacations ; le catalogue se composait de 1293 numéros. Journiac semble avoir beaucoup regretté Champcenetz, comme estomac.Quelques années plus tard, il fondait la société dite des Gobe-mouches,dont il empruntait le nom au titre de la plus plaisante productionlittéraire du défunt (17). C'étaient des habitués de l'ancienPalais-Royal, survivant au cataclysme révolutionnaire, qui seréunissaient pour se refaire de leur long jeûne, et aussi de leursémotions, en débridant fort et ferme. Leur président fondateur poussaplus loin que personne ces représailles de table. En 1808, âgé desoixante ans, il faisait « six repas par jour, sans compter tout cequ'il mangeait pendant la nuit. » Grimod l’affirme, et on l'en peutcroire (18). Phénomène de nature à consoler et à attrister à la foisles mânes du pauvre Champcenetz, appétit fauché dans sa fleur ! Les ex-libris deBoyveau-Laffecteur Qui n'a rencontré avec douleur des volumes où les blasons ont étécoupés sur les plats, et où, plus souvent encore, les ex-libris ont étécouverts d'un papier qui les laisse deviner dans sa transparence ? Cesont les marques exécrées des bibliophiles, de la proscription, pendantla première République, des signes et emblèmes nobiliaires, qu'uneterreur fort excusable faisait arracher au dissimuler. En gravure, comme en politique, il est des moyens ingénieux deretourner sa casaque, sans la mettre en pièces ; seuls, les malins s'enavisent : le citoyen Boyveau-Laffecteur en est un intéressant exemple. Avant la Révolution, Boyveau-Laffecteur, docteur en médecine, qui alaissé son nom à une postérité de médicaments, s'était fait graver unagréable ex-libris représentant, dans un paysage, un abreuvoirrustique, bien que monumental, où une vache se désaltérait ; au centrese détachait son blason, où figure une cigogne, emblème de la prudenceet de la sapience, couronné d'une belle couronne de comte. Boyveau, connusous le nom de Lafecteur,comme dit la banderole qui s'enroule à ce blason, était-il comte ? Iln'importe. On ne regardait pas de très-près aux couronnes, en 1789 ;mais en 1792, on y regarda de trop près. C'était un détail : Boyveau, sur son ex-libris, en un tour de main, lefit effacer et remplacer par un bonnet phrygien, énorme et triomphant ! L'ex-libris au bonnet se trouve bien moins souvent que l’ex-libris à lacouronne, qu'il recouvre parfois. Boyveau, sans doute, se refit comte ;son jacobinisme ne fut qu'une halte entre deux noblesses. Après tout, il est resté une des illustrations les plus tenaces à laquatrième page des journaux. L'ex-libris de François deNeufchateau A travers les événements, François de Neufchateau resta un porteur delyre. Cela se lit dans sa bibliographie où des poésies diverses, fugitives,odes, épîtres, poëmes, etc., alternent sans cesse avec des écritspolitiques, économiques, historiques, agronomiques. Presque du berceauà la tombe, il bégaya le langage des dieux : vocation impérieuse, quele talent trahit parfois. Elle explique le commentaire du blason queNapoléon Ier lui avait donné, et la célébration, sur son ex-libris, decette munificence, dans le rhythme ïambique, ou prétendu tel. Et que de titres ! que de têtes ! c'est une hydre politique,administrative, poétique, agricole, etc., que N.FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU LE PREMIER DES PRÉSIDENTS DU SÉNAT CONSERVATEUR, GRAND OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR, TITULAIRE DE LA SÉNATORERIE DE BRUXELLES, l'UN DES QUARANTE DE LA CLASSE DE l'INSTITUT QUI SUCCÈDE A l'ACADÉMIE FRANÇAISE, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ d'AGRIGULTURE DE PARIS, POUR LA SIXIÈME FOIS, EN 1811 ; ETC. Dans un siècle où l'or seul futun objet d'envie. De l'or je ne fuspoint épris. J'aimai le bienpublic, j'y dévouai ma vie ; J'en ai reçu ledigne prix : Du plus grand deshéros l'estime peu commune M'a doté de cetécusson ; Honneur bienpréférable aux dons de la Fortune, Il m'offre unedouble leçon. L'agréable est icifiguré par le cygne, Et l'utile par lesépis : Trop heureux eneffet qui serait jugé digne De ces emblèmesréunis. O mes livreschéris, conservez cette image, Seul trésor que jelaisserai. Et longtemps aprèsmoi, rendez encor hommage A la main qui m'adécoré ! Il va sans dire que l’écusson où l’utile se môle si étroitement àl’agréable, est ombragé d'une de ces toques sénatoriales d'où cinqplumes d'autruche s'élancent en ondoiements indescriptibles. Les ex-libris, recherchés surtout comme pièces bibliographiques etcomme images de décoration et d'ornement, offrent assez souvent unintérêt littéraire et biographique ; c'est ce que nous avons voulumontrer. Il n'a tenu qu'à nous d'en multiplier les exemples. * * * Cette liste ne se présente pas comme complète ; il reste bien quelquestrouvailles à faire. Telle quelle, elle se compose de vignettes biendifficiles à réunir, surtout en bonnes épreuves. Excepté lorsque lapièce est anonyme, nous nous contentons d'en donner la lettre, sansdescription. Il s'agit ici, bien entendu, des petits maîtres qui ont su donner àl’ex-libris un caractère de nouveauté, qui l’ont traité avec liberté,imagination et fantaisie, mais non des bons ouvriers en gravurehéraldique, tels que Roy, Bourgeois, Viotte, Ollivault, etc., etc., sinombreux au XVIIIe siècle. Les noms de ceux-ci se trouveront dansla Listegénérale des dessinateurs et graveurs signataires d’ex-libris français.Nous n'avons pu songer à les en tirer : les minores ont droit àplus d'attention que les minimi. FRANÇOIS BOUCHER Le Pdent Henault de l’Academie françoise. Sansnom de dessinateur ni de graveur. La lettre de cet ex-libris, sur l'épreuve de l'oeuvre du comte deCaylus, au Cabinet des estampes, est : Académie franc. PdentHenault. Boucherinv. C. (Caylus) s. Ex libris Joannis Laurentii Aublé. F. Boucher in. Pariset sc. Ex-libris anonyme du chevalier de Valori. F. B. inv. (sur unepalette au bas de la pièce, à droite), J. H. V.(Valori) scul. Se trouve dans l'oeuvre de Valori, Recueil des amateurs,au Cabinet des estampes. BOUCHARDON Mde Le Daulceur. Ed.Bouchardon in. Del. Louise Le D. (Daulceur) sculp. PIERRE Mr Mignot de Montigny. Pierredel. Louise Le D. (Daulceur) sculp. GRAVELOT Bibliothèque de Mr Thiroux d'Arconville, présidnt auParlement. H.Gravelot in. Mde Le D.(Daulceur) sculp. La composition de cet ex-libris a servi pour celui de Thiroux deGervillier aussi gravé par Mme Le Daulceur, et a été empruntée parJacobus Henricus Tribourdet legus partulset U. B. praefectus. H.Gravelot in. del. Fessard sculp. 1737 ; il existe desépreuves de cette dernière pièce avant le nom du titulaire. Ex-libris sans doute d'un comédien, avec la devise : Facies mutat semperque decenter.H. Gravelot inv. Major sc. 1747. Ex-libris anonyme, sans signature. Blason avec la devise : Magis ac magis. Compris, au Cabinet des estampes, dans l’oeuvre de Gravelot et danscelui de Choffard, comme destiné par le premier et gravé par le second. Ex-libris pour in-4, anonyme, sans signature, aux armes de Nicolaï :d'azur, au lévrier courant d'argent, accolé de gueules, bandé d'or.Même observation que pour le précédent. Voir l'article CHOFFARD. Il est singulier que Gravelot, grand liseur, et qui avait unebibliothèque nombreuse, ne se soit pas donné d'ex-libris. COCHIN FILS Ex-libris anonyme : un amour appuyé à un blason entouré d'attributs desarts et que surmonte une tête de boeuf. Cochin inv.1750. DeLafosse sc. Ex-libris anonyme de l’abbé Leblanc : des amours, parmi des rocherségayés de verdures et d'eaux vives, enguirlandent des cygnes autourd'un blason dont un cygne est la principale pièce. C. Cochin filius inv. C. O.Galimard sculp. L'abbé Leblanc et Cochin accompagnaient dans son voyage en Italie(1749) le marquis de Vandières, frère de Mme de Pompadour, depuis Mr deMarigny. Ex libris Le Vassor de la Touche. C.N. C. d. I. Ingram. Ex-libris anonyme et sans signature, aux armes de madame de Pompadour :d'azur, à trois tours d'argent, maçonnées de sable ; deux griffonsgardiens. Dans l'oeuvre de Cochin, annoté par lui-même, du Cabinet des estampes,on lit au-dessous de cette pièce : « Il y a apparence que ces armes ontété destinées à être collées sur les livres de la bibliothèque de cettedame. » Il est aussi probable que, gravées peu de temps avant sa mort,elles n'ont pas été utilisées. Mme Du Barry se fit aussi graver un ex-libris dont elle ne se servitque peu ; nous en avons vu deux épreuves, sans plus. M. Delero a bienvoulu vérifier qu'il ne se trouve sur aucun des nombreux volumes auxarmes de Du Barry et de Gomart de Vaubemier, de la Bibliothèque deVersailles. Pour les livres de la bibliothèque de son domaine de Crecy, près deDreux, la marquise de Pompadour avait un ex-libris formé d'un cartoucherocaille, au centre duquel se lit le mot Crecy. Ex-libris anonyme pour in-folio, aux armes de Poisson de Marigny,surintendant des Beaux- Arts, dans les nuées, entourées de figuresallégoriques. C.N. Cochin filius inv. C. O. Qalimard sculp. 1752. CHARLES EISEN Mde d'Arconville. C. Eisen del. Louise Le Daulceursculp. et in. Ex-libris anonyme aux armes de Monteynard. Voir p. 28. C. Eisen inv. Le Mire sc. Ex-libris anonyme pour in-4 de Claude-Antoine de Choiseul-Beaupré,évêque, comte de Châlons-sur-Marne : d'azur à la croix d'or, cantonnéede vingt billettes de même, cinq en chaque canton, disposées ensautoir. C.Eisen invenit. Aliamet scul. Ex-libris anonyme à la date de 1749, pyramide et génies. C. Eisen del. R. Strange scul. Ex-libris anonyme aux armes du marquis de Paulmy : d'azur, à deuxléopards d'or, couronnés à l'antique, passant l'un sur l'autre ; lelion de Venise pour cimier. Eisen inv. J. Aliamet. Dans son OEuvresuivie contenant différents sujets de décorations et d'ornements,etc., dédiée à ce même marquis de Paulmy, Charles Eisen a donné diverspasse-partout de blason, décorés d'amours, de guirlandes, de palmes etd'attributs divers, dont les graveurs héraldiques de son temps se sontfréquemment inspirés. AUGUSTIN DESAINT-AUBIN Ex libris Auguus de Saint-Aubin. Ex libris Ludovicus de Meslin. Aug. de Saint-Aubin fecit. Dans l'oeuvre d'Augustin de Saint-Aubin du Cabinet des estampes,rassemblé et légué par lui, ces deux petites pièces se montrent gravéessur la même planche. Ex libris F. de La Rochefoucault, marchionis de Bayers. Aug. de Saint-Aubin inv. Cette charmante pièce a trois états dans l'oeuvre précité : eau-fortepure, avant la signature, et avec la signature à laquelle Augustin deSaint-Aubin a ajouté de sa main : del. 1763. Quatre pièces anonymes du même oeuvre semblent des ex-libris, l'unesurtout, aux armes de M. de Béthune-Charost qui avait une bibliothèqueconsidérable, vendue en l'an X. MOREAU LE JEUNE Ex-libris anonyme de Moreau d'Hemery : d'azur à la fasce d'argentchargée d'une grenade tigée et feuillée de sinople, accompagnée detrois merlettes d'argent posées 2 et 1. Moreau i. et s. Ex libris Ludovici Deschamps des Tournelles. Moreau sculp. Ex-libris avec armes composées d'un chevron échiqueté, de deuxcroissants et d'un château ; lions supports. Moreau in. fecit.1768. Du cabinet de livres de M. A. P. de Fontenay, éc.rS.gr de Sommant, Noiron, etc., président etlieutenant génal au bailliage et siège présidial d'Autun. J. N Moreau le Jneinv. et sculp. 1770. L'oeuvre de Moreau du Cabinet des estampes a trois états de cette joliepièce : eau-forte pure, avant la lettre, avec la lettre. Ex libris marquis de Rognes. J. Moreau del. N Le Mire sculp.1777. Ex libris Boucherot du Fey. Sans signature. Comme dans l'oeuvre d'Augustin de Saint- Aubin, il se trouve dans celuide Moreau le jeune quelques ex-libris douteux. CHOFFARD De Gursay, de Landry et de la Parisière-Thomasseau, écuyer, origin.d'Angers. Malomori quam fœdari. Traduct. morale de la devise : Plutôtmourir que de me déshonorer. P. P. Choffard fecit.1756. De Gursay-Thomasseau. De sable, à l’émanche d'argent de cinq pièces, enpointe de l'écu. Explication : Sable (martre noire), Emanche (mancheantique décousue et déployée), signifie : Ennemis vaincus etdépouillés. P.P. Choffard fecit, 1756. Ex libris de Buissy. P.P. Choffard fecit, 1759. Franc. Jos. Ant. Hell, bailli de l'évêché de Bâle, des comtés deMontjoye et de Morimont, des départemsde Hirsingen et de Ht Landzer, et autres terresen Hte-Alsace. De la Société économique de Berne; etc. P. P.Choffard fecit, 1773. Ex libris Souchay, eq.is, Lugduni. C. Monet del. P. P. Choffardsculp. 1776. Le Cabinet des estampes a un état avant lalettre. Jean Armand Tronchin. P.P. Chofard fecit, 1779. Thellusson. P.P. Choffard fecit, 1782. Noble prussien, baron deRendlesham. Andréas de Salis, curiâ Rhœtorum. P. P. Choffard fecit. Ex libris (le nom resté en blanc). Pièce d'armoiries dont le Cabinetdes estampes a deux états. P.P.Choffard. Ex-libris anonyme, blason avec la devise Magis ac magis.Voir l'article GRAVELOT. Ex-libris anonyme aux armes de Nicolaï. Voir l'article GRAVELOT. Pinsot d'Armand. P.P.Choffard fec. WILLE FILS Ex-libris anonyme, représentant un faucheur nu, une draperie enroulée àsa ceinture. Willefilius del. 1766. Halm sculp. MARILLIER Ex libris Duché. P.Marillier inv. et del. 1779. De Launay le jeune sculp. MONNET Ex libris Souchay, eq.is, Lugduni. C. Monet del. P. P. Choffardsculp. 1776. Voir l’article CHOFFARD. Ex-libris avec monogramme formé d'un L et d'un B, dans un entouraged'attributs champêtres. Monnetinv. D’Elvaux sc. GAUCHER Cabre. CGaucher inc. 1775. De la Bibliothèque de François Grangier de Lamotte, cap. de Dragons au Rgtde Deux-Ponts. Dessinéet gravé par Ch. Gaucher de l’Acad. des Arts de Londres.1779. Messire André-Gaspard-Parfait comte de Bizemont-Primelé. Dessiné et gravé par Ch.Gaucher, de l’Acad. des Arts de Londres. 1781. Le comte de Bizemont-Prunelé a gravé à l’eau-forte, la même année,l’ex-libris de sa femme, Marie-Catherine d'Hallot, où il s'estreprésenté dessinant, dans des ruines, leur double blason sculpté surun piédestal ; motif remarquable à sa date. Treize ans plus tard, cetamateur, émigré en Angleterre, y vivait de son talent. Sa carte ornéede maître de dessin à Londres se remarque dans son oeuvre au Cabinet desestampes : M.Bizemont drawing master n° 19 Norton street, near Portland street.— Bizemont sc.London, 1794. Ex libris Jac. Desmares in Senatu Paris, patroni. C. E. Gaucher ex Acad. art. Lon.del. Ex libris Pétri Gosset de Saint-Clair, Doct. med. Facult.Monspelliensis. De Gaucher, sans aucun doute ; l’épreuve que nous avons vue était sansmarges. Ex-libris aux armes de Séguier : d’azur, au chevron d'or accompagné dedeux étoiles d’or en chef, et d'un mouton passant d'argent en pointe,avec la devise Perindolem bonus. C. Gaucher del. et sc. SERGENT-MARCEAU Mr Tascher. Sergentfecit. Ex libris D. D. d'Archambault. Devise : In armis leones. Sergent scul.Carnuti. Jolie pièce d'un travail précieux ; la première,presque grossière, doit être de l'enfance du graveur. MmeLOUISE LE DAULCEUR Il y aurait de l'injustice à ne pas donner place ici à cette femme dumonde, amateur de talent, gracieux intermédiaire entre les artistes sesmaîtres et ses amis, auxquels elle demandait des marques debibliothèque, et ses autres amis savants et lettrés, pour qui elle seplaisait à les graver. Mme Louise Le Daulceur, dans sa société, s'étaitfait de l’ex-libris une spécialité aimable. Bouchardon, Pierre,Gravelot, Eisen, lui ont donné des modèles ; les deux premiers n'en ontdonné qu'à elle. C'est une patronne toute trouvée pour lescollectionneurs, et du bon temps. Mde Le Daulceur. Ed. Bouchardon in. del. LouiseLe D. sculp. Voir l'article BOUCHARDON. Bibliothèque de Mde Le Daulceur. Plus petit quele précédent, et sans doute dessiné par Mme LeDaulceur elle-même ; sans signature. Bibliothèque de Mde la comtesse de Mellet. Signéà gauche, dans la draperie. Le D. Mde la comtesse de Mellet. Ed. Bouchardon in. del. LouiseLe D. sculp. M. de Montigny, de l'Académie des sciences. Gravé par Mde Le D. Le Cabinet des estampes a un état de cette pièce avant lalettre et avec la signature à droite. Ex-libris avec la même lettre, pour in-8 ; le précédent est pour in-4. Mr Mignot de Montigny. Pierredel. Louise Le D. sculp. Voir l'article PIERRE. Bibliothèque de Mr Thiroux d'Arconville, présidntau Parlemt. H. Gravelot in. MdeL. D. sculp. Voir l’article GRAVELOT. Ily a des exemplaires avec la lettre grise. Bibliothèque de M. le Cte Thiroux deGervillier. H.Gravelot in. Mde L. D. sculp. Mde d'Arconville. C. Eisen del. Louise Le Daulceursculp. et in. Voir l'article EISEN. Mde d'Alleray. Durand D. V. inv. del. Louise LeDaulceur sc. Nous n'osons attribuer à Mme Le Daulceurl’ex-libris de Mlled'Alleray, d’une pointe très-brillante, sans nom d'artiste : blasonappuyé à un buisson de roses, avec la devise enfantine, sur unebanderole flottante : Piccolasi, ma studiosa. A. Mde du Tailly. Louise Le D. in. sc. * * * XVIIe SIÈCLE
XVIIIe SIÈCLE
XIXe SIÈCLE
FIN. Paris. -Typographie Motteroz, rue du Dragon, 31. EN VENTE CHEZ P. ROUQUETTE NOTES : (1)Un article de M. Maurice Tourneux sur la collection d’ex-libris de M. Aglaüs Bouvenne a paru dans l’Amateurd'autographes, d’avril 1872. (2)Nous devons la communication d'une copie de cette pièceintéressante à M. Charles de Rozières, de Nancy; on l’a supposée lamarque d'une bibliothèque allemande, jusqu'à la découverte d'unexemplaire complet des légendes inscrites au-dessus et au-dessous desarmes de Nicolas de Lescut, et que voici ; au-dessus : Domine, ut scuto bonaevoluntatis tuae coronasti nos. Au-dessous : Scuto circundabit te veritaseius, non timebis à timore nocturno. D. Nicolai deLescut sacraeCœsareae aulae Palatini V. I. Licentiati : à consiliis et secretisIllustrissimi Lotharingiae etc. ducis. Les initiales N. D. L. sont de plus reproduites au bas de l'écu. (3) Journal dela Société d'archéologie lorraine. Nancy, 1864, in-18. (4) Recherchesbiographiques sur Malherbe et sur sa famille, par M.Roux-Alpheran. Aix, Nicot et Aubin, 1840, in-8, avec planche defac-similé. (5)Les portraits ex-libris sont fort rares, et après ce Lamy,bibliophile ignoré, nous ne savons que le fameux abbé Desfontaines quiait pris plaisir à se mirer dans son image, sur la garde de ses livres.Sans pouvoir douter de leur provenance, nous avons déjà rencontré unedizaine de volumes auxquels avait été ajoutée par une main intéresséela belle gravure de Schmit, d'après Tocqué, représentant Petr. Fr. Guyot Desfontainespraesb. Rothomag., illustrée d'un distique où il n'est pasépargné, ou ne s'est pas épargné : Dum te Phœbus amatscribentem,Maevius odit, Et lepidis salibusmaeret inepta cohors. Ce qu'on traduisit, ou qu'il traduisit par : Chéri du dieu des arts, craintet haï des sots, L'Ignorance encourroie frémit de ses bons mots. Un petit nombre de bibliophiles de ce temps-ci se sont fait représenterau milieu de leurs livres, accessoire assez important pour couvrir lerisque de la portraiture. N'oublions pas que le comédien Grassot avaitpour ex-libris sa charge, gravée sur pierre par le chanteur Gozora quil'a signée du rébus Gozoet un rat. Elle est reproduite, en réduction, sur le titre du cataloguede ses livres vendus en mars 1860. (6)Elle se trouve moins ancienne que celle Ex bibliothecârelevée sur la marque typographique d'Alboise, d'Autun, à la date de1574 (V. p. 4). Les formules de possession bibliographique nedeviennent fréquentes que vers 1700, et voici, à peu près par ordre dedates, toutes celles que nous avons pu relever, latines et françaises: Exbibliothecâ… Ex libris...Ex catalogo bibliothecâ... Ex musœo... Insigne librorum... Bibliothèquede... Du cabinet de... Je suis à M... J'appartiens à... (7)Petit in-4, dans la belle bibliothèque héraldique de M. Ernest deRozière. (8)Cette marque, à la date de 1750, signée A. T. Cys,est l'oeuvre d'un frère de l'abbé de Gricourt, Adrien Théry d'Inghem,chanoine régulier de l'abbaye de Cisoing. Voir sur cette familledouaisienne des Théry de Gricourt, artistes et amateurs uneintéressante notice signée A. P. (Preux), dans la France wallonne demai 1866. (9)Le motif de cet ex-libris supercoquentieux, comme on eût dit en1832, a été employé pour la marque anonyme de M. de Noyel, sans noms dedessinateur ni de graveur. On usait sans façon des compositionsd'artistes célèbres, comme de vulgaires passe-partout. Le bel ex-librisdessiné en 1701 par Sébastien Le Clerc, et gravé par C. Duflos, pourGeoffroy, ancien grand'garde du corps des apothicaires de Paris, seretrouve copié pour Véronneau, de Blois, par P. Picaut, graveurblaisois. Nous verrons plus loin Jacques- Henry Tribourdet s'emparer dela marque de bibliothèque des Thiroux d'Arconville et de Gervilliers,dessinée par Gravelot, et y substituer son blason. (10) Les Mémoires de laSociété d'archéologie lorraine,année 1861, ont donné une notice de M. Beaupré sur Dominique Colin etsur son fils, Yves-Dominique. On trouve dans le même recueil, année1867, un travail du même érudit sur d'autres graveurs nancéensd'ex-libris : les Nicole père et fils, Durig et Traiteur. (11)Gravée par M. Pollet. M. Solar a eu un second ex-librisgravé par M. Paul Chenay, d'après Andréa del Sarto ; il se trouve,imprimé à la sanguine, après les prix de vente et les tables desanonymes et des livres sur vélin de son Catalogue ; Paris, Techener,1860-61, 2 part. in-8. (12)Cette charmante planche a eu un état antérieur, avec la devise: Par la peineet le travail. Voir Ch. Marionneau, les Eaux- fortes de M. O. deRochebrune. Nantes, G. Grimaud et Forest, 1865, in-8. (13)Il s'y complaisait ; c'est l'épigraphe qu'il a donnée aux troiséditions, sous divers titres, de ses Fragmens d'un poëme moral surDieu ; la première à la date de 1781. (14)La devise de l'ex-libris de Guilbert de Pixérécourt est : Un livre est un ami qui nechange jamais; mais un artiste bibliophile, M. G. E. Thiery, lui a emprunté sondistique. L’ex-libris de Pixérécourt se trouve imprimé sur lefaux-titre de son Catalogue, Paris, 1838, in-8 ; nous remarquons aussil'un des ex-libris de la duchesse de Berry sur le titre du Catalogue de la richebibliothèque de Rosny... Paris, 1837, in-8. Ces deux bonsexemples n'ont guère été suivis dans les catalogues imprimés depuistrente ans. (15)Colletet n'a pas eu d'ex-libris ; les livres de sa bibliothèqueportaient sa signature GuillaumeColletet.Son sixain, que l'éditeur bibliophile Curmer avait fait inscrireau-dessus de la porte de son cabinet, à Passy, se trouve aussireproduit sur la jolie marque de M. Ch. Mehl, dessinée par M. GustaveJundt. Dans les Epigrammesdu sieur Colletet, avec un discours de l’Epigramme, Paris,Louis Chamhoudry, 1653, in-12, p. 26, immédiatement après laboutade A meslivres, se trouve cette apostrophe : AUXEMPRUNTEURS DE LIVRES QUI NE LES RENDENT POINT Emprunteurs, pour vous parlernet, (16) Antirrhinummajus, scrophulariée connue vulgairement sous les nomsde muffle deveau, gueule de lion. Ma bibliothèqueconnüe Est un meuble decabinet Qu'on ne crottepoint dans la rue. (17) LesGobbe-mouches. Au Palais-Royal, 1788, in-8 (anonyme).Auguis a reproduit cet opuscule, sous le nom de Champcenetz, dansses Révélationsindiscrètes du dix-huitième siècle. (18) Manuel desAmphitryons, éd. de 1808, in-8, p. 219. Les planches n° 9,14, 15, 16, 17, et 24 sont des originaux |