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BOUTRY,Léon(1861-19..) : La Toilette desNormandes en 1820 (1900).
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (03.XI.2011)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
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Orthographe etgraphieconservées. Les illustrations ne sont pas reproduites.
Texte établi sur l'exemplairede laMédiathèque (Bm Lx : Norm 148) du Paysnormand, revue mensuelle illustréed'ethnographie et d'artpopulaire, 1ère année,1900.

LaToilette des Normandes en 1820
par
Léon Boutry

~*~


UN almanach de 1821, Les Folies Parisiennes, nous transmet lesimaginaires propos suivants échangés entre une « faiseuse à la mode »et une Normande récemment débarquée clans la Capitale :

De ma province hier au soir
J'arrivai dans la Capitale,
Et je viens chez vous pour avoir
Les atours que la mode étale ;
Mettez-moi dans le dernier goût,
Vous devez le savoir, je pense ?
- Oui. madame, nous savons tout.
D'abord, ayez lacomplaisance
D'ôter ce bonnet. - Le voilà.
- Quittez ce jupon... Bien cela ;
Débarrassez-vous de vos poches,
Ellesvous rendent lourdes, gauches ;
Renoncez à votre fichu ;
Découvrez .. -Mais... - Quoi !... La décence...
- Fi donc ! que ce mot est déchu !
Vous n'habitez donc plus la France ?
- Qui, moi ? madame, Eh ! mais si fait ;
En ce moment je viensd'Avranches.
- Ah ! mettez ce léger corset ;
Du bas serrez bien le lacet ;
Passezcette robe sans manches...
- J'ai froid. - L'autre vous étouffait ;
Rengorgez-vous, tendez leshanches ;
Mirez-vous, madame : c'est fait.
- Quoi ! si peu vêtue, une femme...
- N'a besoin de rien pour briller.
S'habiller, aujourd'hui, madame,
Veut dire se déshabiller !


L'auteur a manié agréablement la satire, mais il est fâcheux pour luiqu'il ait cru devoir chercher à la fois sa rime et sa provinciale aupays normand (1). S'il avait eu la bonne fortune non pas d'entrer en...relations avec nos gracieuses compatriotes, - un misérable rimailleurd'almanach est-il digne d'une semblable faveur ? - mais tout simplementd'examiner les gravures de la mode normande, il n'eût pas hésité à allerplanter sa rime chez les honnêtes Périgourdins ou ailleurs, en ouvrantà notre endroit la parenthèse de la juste et prudente exception. Orcette bonne fortune nous est advenue sous la forme d'un dossier de laBibliothèque municipale d'Alençon, malheureusement incomplet, et quicontenait primitivement : « 500 costumes des départements de la SeineInférieure, du Calvados, de la Manche et de l'Orne. A Paris, chezDurand, rue de la Paix. »

Il s'agit d'un recueil de planches coloriées et sans texte, dessinéespar Lauté et gravées par Gâtine (2).

C'est à ces estampes que nous allons essayer d'ajouter une courtenotice explicative, non sans remercier tout d'abord M. Adolphe Lefolauquel nous devons la reproduction des dessins insérés dans le texte.

La toilette de la femme comprend, chacun le sait, deux parties biendistinctes qui ressortent de deux professions différentes : lacoiffure, spécialité des modistes, et le vêtement, ou costumeproprement dit, art de la couturière.

La coiffure 1820, c'est encore la coiffe, la grande coiffe auxvastesailes, le « caractéristique » de la toilette normande. Point n'estbesoin d'en présenter une minutieuse description; elle est assez connuepar les gravures des géographies, voire par les affiches-réclames desvoyages circulaires. Michelet, dans son tableau de la France, s'estchargé au besoin de les interpréter et de les compléter quand il aécrit : « Le bonnet triomphal des femmes de Caux qui annonce sidignement les filles des conquérants de l'Angleterre, s'évase versCaen, s'aplatit dès Villedieu ; à Saint-Malo il se divise et figure auvent tantôt les ailes d'un moulin, tantôt les voiles d'un vaisseau ».

Du pays de Caux à l'Avranchin, du Perche à l'Alenconnais, c'est. donctoujours le même air de famille : l'air du « pays d'ousques nous sommes » ! Etpourtant si l'on examine avec attention la coiffure de chaque district,de chaque canton, on peut noter, avec le même auteur, sinon deprofondes et radicales divergences, au moins de curieuses et originalesvariétés.

Il n'entre pas dans notre plan d'examiner ces variétés en détail. Nousnous bornerons, à titre d'exemple, à l'examen de la coiffure desornaises. Toutefois on ne peut séparer la coiffure de laBasse-Normandie des autres parties de la province lorsqu'il s'agit d'endéterminer l'origine. Cette origine remonte, croyons-nous, au temps deCharles VI et de Charles VII.

« Les dames et demoiselles de l'hostel de la Reyne, écrivaitJuvénaldes Ursins vers 1410, menaient grands et excessifs estats, et cornesmerveilleuses, et avaient de chascun costé, au lieu de bourlées (époqueprécédente), oreilles si larges que quand elles voullaient passerl'huis d'une chambre, il fallait qu'elles se tournassent de costé etbaissassent ». On donna à cette coiffure le nom de hennin. On en étaitarrivé à produire de véritables monuments. « Ils avaient, d'aprèsParadis, la longueur d'une aulne ou environ, aigus comme clochers,desquels pendaient par derrière de longs crespes à riches franchescomme estendars ! » « Que dirai-je des cornes et des queues, nous ditencore Clemengis. Les cornes des femmes ne sont-elles pas l'image descornes du diable (3) ? » Voilà bien la coiffe telle que lesanciennes xylographies nous la représentent, telle que la portait Eudedes Ursins, la fastueuse Isabeau de Bavière et, plus tard, Marie deBourgogne, femme de Maximilien d'Autriche. Elle fut adoptée par laNormandie, et comme les Normandes sont tenaces, elles l'ont conservéeau moins dans ses grandes lignes. De ci, de là on s'attifa certainesfois de quelques modèles des modes subséquentes ; par exemple la petitecoiffe Anne de Bretagne recouverte du chaperon (4). Les dames deCoutances et les caennaises s'acoquinèrent un moment de la coiffureElisabeth d'Autriche (1570) ; mais ce ne furent qu'exceptions amenéestout au plus pour nous faire apprécier le degré de persistancedes coutumes dans les provinces.

Quant à-la généralité d'Alençon, les goûts d'antan ne se sont guèremodifiés les élégantes de la cour n'auraient su y implanter « l'attifetet l'escoffion ». La rigide et bigote dame de Guise (5) aurait-ellesongé à faire suivre dans sa bonne ville d'Alençon les errements deMademoiselle de La Vallière ou de Madame de Maintenon ? Le hasard destemps a mis il est vrai nos modes d'accord avec les édifices pyramidauxde la fin du XVIIIe siècle, mais les allégories patriotiques des femmesde la Révolution n'ont point eu le don d'émouvoir leurs concitoyennesde l'Ouest pas plus que les excentricités à l'antique du 1er Empire(6). Voilà comment on retrouvait en 1820 la Normande portant encoregaillardement la coiffe aux grandes ailes quand les « romantiques » parisiennes exhibaient les larges chapeaux « decrespe lisse ou paillés de riz, ornés de plumes, d'un espritpanaché et de marabouts » (7).

Adoptée par les élégantes, par la classe aisée, la coiffe était le plussouvent un objet de luxe. Le point d'Alençon dut faire merveillesmalgré la concurrence des Flandres. On sait que Napoléon, passant dansl'Orne en 1811 avec l'impératrice Marie-Louise, exprima son admirationà l'adresse de l'industrie locale : « C'est merveille, dit-il, commeon travaille bien en France ». Tout porte à croire que les damesn'avaient pas manqué de faire grand étalage de leurs riches dentellesà l'occasion des réceptions.

Mais elle n'eut qu'un temps, l'influence impériale. Au surplus, désle XVIIIe siècle, le Nord produisait à meilleur marché. La dentelle auxfuseaux, - malines et valenciennes - les blondes de Normandie et lesproduits anglais avaient pris en 1820 la place du point d'Alençon.C'est du moins ce qui ressort des gravures, des renseignements fourniset des constatations faites d'après les éléments d'une collection.

La coiffe ornaise présentait de loin la forme d'un gros papillon auxailes baissées. Un poète galant aurait pu la décrire :

Semblable. au papillon reposant sur les roses.

Divers dessins la représentent soit placée verticalement, soit inclinéeen arrière. En fait la mode 1820 avait généralement pris parti pourl'inclination. Cette habitude provenait de l'annexe d'un bandeau dedentelle enserrant le front. Plus tard la coiffure reprend la positionverticale et par suite le bandeau disparait.

La coiffe Lexovienne et la coiffe de Coutances ne diffèrent passensiblement de celle d'Alençon. Quant à celle d'Avranches, nous nepouvons mieux la comparer qu'à une loque de pâtissier sous laquelleémergent deux ailerons de papillon.

Avec la grande coiffe et parallèlement à celle-ci, la tenue de négligéadopte le petit. bonnet plat, tombant et s'ajustant sans brides sur lecou et les oreilles. Celte coiffure rappelle assez exactement lacoiffure Anne de Bretagne dépourvue du chaperon. La gravurereprésentant l'alençonnaise nous fait voir une dame de conditionportant un semblable bonnet.

Du moment qu'il s'agit de la classe aisée, le bonnet n'est pas exemptdes enjolivures de l'art féminin. Les belles dentelles appartiennent àla coiffe, l'ornement principal, mais la coiffure d'intérieur, quoiqueplus simple, ne devait elle pas réserver une petite place aux exigencesde la coquetterie ? La bordure les accapara. On y adjoignit la tuyautéen valenciennes. On trouve même des coiffures de ce genre entièrementexécutées en broderies « ajourées au point d'Alençon ».

Aux femmes de condition inférieure revient le serre-tête ou goulinemonté en mousseline avec ou sans bordure de dentelles ou de broderies.Notre recueil de gravures montre la Grisette de Lisieux munie d'unserre-tête orné d'un ruban vert rayé de jaune et noué sur la tête àgrand tralala de coquetterie. L'Orne ne possédait sans doute pas letrésor de beauté, correspondant au genre grisette ; par suite un simplefilet remplaçait le ruban.

Si la mode parisienne n'a pas exercé son influence sur la coiffure féminine, le vêtement a subi sesfluctuations et ses caprices. Cette remarque n'est d'ailleurs pasparticulière au département de l'Orne ou au Perche ; elle a trait à toute la Normandie. Levêtement s'est accomodé des ajustements de l'époque ; il s'y estconformé dans toute l'étendue de la région. Les normandes de 1820,comme les parisiennes, en sont au genre Empire arrangé au goût dujour. Les épaules sont renforcées de gros bouillonnés, la taille vaencore prendre naissance sous les seins, et le bas de la jupe estgarni de volants ou de rubans de velours. Toutefois les règles de ladécence, dont parle le poète satirique de l'almanach, sont scrupuleusement observées. Les bras nesont jamais à découvert ; les manches aboutissent. en entonnoirjusqu'au milieu des mains en les encadrant de gracieux « poignets dedentelle ».

La décence était de règle ; faudrait-il pour cela conclure à lapruderie et aux allures « gauches et lourdes »? Oh que nenni, nos aïeules n'étaient ni prudes nidisgracieuses. Autrement la vue des cauchoises aurait-elle fait naîtrecette description sous la plume de Jules Janin : «Parlez-nous d'un juponécarlate et d'un jupon court ; nous avons la jambe fine et leste, lecou de pied haut et vif, le bas Blanc et à jour, sans compter l'espritdu sourire, la pose du geste et la finesse du regard ! ».

Elles n'étaient point lourdes et gauches les normandes de 1820, bienplus elles étaient fort sémillantes et accortes. Les estampes sont làpour attester la justesse de cette observation qu'il s'agisse desgrandes dames en falbalas ou des servantes éveillées, trottant légèreset court vêtues,

Cotillon simple et souliers plats.

Nous pourrions remercier en outre les artistes de les avoir montrées «fraîches et roses », mais ce sujet nous amènerait à demander, commedans l'opérette, si elles « savaient beaucoup de choses » ! ...Constatons seulement qu'elles s'étudiaient à l'art de plaire, car ellesconnaissaient au mieux l'art de la toilette.

Elles n'étaient point prudes, les Normandes de 1820, et nous nesaurions leur adresser un blâme en ajoutant qu'elles étaient pratiques.Elles ne dédaignaient pas les couleurs voyantes, le rouge, le jaune àrayures foncées, le rose, le bleu, le violet, bref toute la gamme descouleurs mais différant en cela des Parisiennes, elles s'attachaient àn'acquérir que de bonnes et solides étoffes. D'ailleurs était-il besoind'aller les chercher bien loin ? Le pays les fabriquait.

On trouvait la grande draperie à Valognes, Vire et St-Lô. Qui neconnaissait les draps ou ratines (8) d'Ecouché, les serges (9)d'Alençon, de Falaise, de Verneuil et de Logny, les frocs forts (10) deLisieux et Bernay, et les droguets (11) d'Argentan et de Nogent le-Rotrou ? Il y en avait pour toutes les bourses et toutes lesconvenances ; les étamines sur soie, dites crespons façon Alençon (12)se fabriquaient depuis longtemps dans cette ville. D'autres variétésd'étamines appelées retors et minimes, provenaient de Nogent-le-Rotrou,;Soüencé, Séez et Belesme. Enfin on avait à sa disposition lestiretaines (13) de Serre et d'Argentan et les berluches (14) croisées surfil de cette dernière fabrique (15).

Et les acheteurs ne craignaient pas d'être attrapés sur la qualité dela marchandise, car on se rappelait certain règlement du 16 Juillet1737, défendant sous peine d'amende et de confiscation d'employer «aucunes laines de pelures, d'abbats, de moraines, de bourres » etautres de mauvais aloi (16).

Ces détails n'étaient pas ignorés, et la preuve c'est qu'il n'est pasrare de rencontrer certains de ces vêtements qui, n'étant pas encoreusés, trouvent acquéreurs au marché de la fripperie. On y voit en outrele vêtement de travail, l'ancien « pet-en-l'air ou caraco, bâti commele haut d'une robe ordinaire, dont le bas aurait été retouché, etaussi le juste des femmes de la campagne, qui ne vient que sur lehaut des cuisses, comme la veste d'homme » (17). La collection n'a pas,que nous sachions, fait main basse sur ces vénérables défroques, maisil n'en a pas été de même relativement aux châles et fichus quiformaient le complément indispensable des toilettes et, serventfréquemment aujourd'hui à draper les chevalets et les guéridons desboudoirs et des salons.

Le fichu croisait sur la poitrine ; un charmant parterre de guipures oude dentelles apparaissait dans l'entre-baillement sous l'exquisecollerette. Le cou n'était pas à découvert comme le veut l'auteur del'almanach. Elle s'en gardait bien, la rusée et coquette normande. Ellelaissait à l'imagination le soin de bâtir ses agréables fantaisies.Combien le champ de l'inconnu n'a-t-il pas d'attraits ? Et puis

Quand on croit deviner, on se trompe souvent !...

Il existait plusieurs sortes de fichus : les fichus de soie, de laine,d'indienne ou de toute autre étoffe légère, et les fichus de lingerie.Les premiers sont les seuls qui soient indiqués sur les gravures quinous servent de thème. C'était en effet le cas le plus fréquent. Lescouleurs étaient variées, claires pour les jeunes filles, foncées pourles personnes d'âge mûr, mais la bordure se composait invariablementd'un feston cachemire avec les effilochés genre passementerie. Le fichude lingerie « coupé carrément dans une mousseline de trois quarts,était garni tout autour d'une petite dentelle : on portait toujoursunisceux « en batiste » (18).

Dire que l'on se contentait uniformément de la petite dentelle, ceserait faire injure à la coquetterie des femmes. On faisait interveniraussi les délicates broderies blanches ; à cet égard le luxe s'estrévélé d'une façon particulièrement intéressante. Nos aïeules, suivanten cela les traditions de Marguerite de Navarre

Adonnaient leur courage
A faire maint bel ouvrage
Dessus la toile, et encor
A joindre la soie et l'or (19).


Les broderies du commencement du siècle ont été exécutées d'après lesmodèles des épopes antérieures, ces modèles ayant été transmis de génération en générationdans les familles. Elles n'en sont pas moins curieuses ; d'autant quedepuis l'introduction des travaux mécaniques, les ouvrages de broderiene sont plus guère en honneur parmi les dames d'Alençon. Nous pouvonsen passant en exprimer le regret, car, suivant l'expression de M.Ernest Lefebure, « à côté du métier mécanique ne restera-t-il pas toujours une placepour l'oeuvre soignée, indispensable au luxe de bon aloi, où l'arttrouve une place plus large que dans le seul choix du dessin ? »

Lorsque nous aurons mentionné la mante à capuchon, les ceintures de soie brodées, le tablier àbavette, les gants à mailles, les bas blancs à jour et les gracieuxpetits escarpins à boucles, nous aurons esquissé le costume d'unenormande 1820, qu'elle soit de Honfleur, d'Alençon, du Cotentin ou duPays de Caux.

La mèrne uniformité de goût se retrouve dans les bijoux. Aux oreillesbrillent les grands anneaux d'or et d'argent souvent garnis debrillants ou de strass (20), au cou la croix normande que tout le mondeconnaît et la grande chaîne de montre. La montre conserve encore àcette époque les fines ciselures sur le cadran et le boitier : roses,feuillages et rinceaux aux trois ors. Nous citerons en outre lesbagues, les agrafes des mantes et les boucles de ceinture, sans oublierle réticule ou ridicule de velours à fermoir d'argent ou d'acier poli.Enfin n'est-ce pas omettre un détail important que de négliger lesépingles d'or ou de doublé destinées à assujettir solidement lacoiffure trop souvent exposée aux capricieuses fantaisies du vent ?

Mais ici, on remarquera que cette notice prend les allures d'uneénumération sèche et froide. Et pourtant combien intéressante seraitl'étude du bijou normand ! Quelles piquantes observations il pourraitsuggérer ! Cependant à tout. bavardage, il faut une limite. Nous nousbornerons donc à ce simple aperçu, certain d'ailleurs que les damessauront, mieux que nous, évoquer le souvenir de nos aïeules en faisantrevivre leur grâce et leurs charmantes toilettes aux réunions du salonet des garden-party.

Léon BOUTRY.


NOTES :
(1) Les provinciaux et notamment les Normands ont eu de touttemps le privilège de provoquer la verve des auteurs parisiens.L'auteur de la satire n'a fait que suivre les anciens errements.
(2) Nous devons la cormnunication du dossier dont il s'agit aux indicationsde M. Chéreau l'aimable adjoint de la bibliothèque municipale, et àla complaisance de M. Bertet, conservateur.
(3) Quid de cornibus et caudis loquar ?...  Adde quod in effigiecornutae faeminae diabolus plerumque pingitur. - Le diable est souventreprésenté sons les traits d'une belle femme cornue.
(4) Le chaperon des femme était une bande de velours ou de toute autre étoffe qu'ellesportaient sur le bonnet. L'imitation normande a remplacé l'étoile parla mousseline ou les dentelles relevées sur le milieu de la tête. C'està la fois moins lourd et plus gracieux.
(5) Isabelle d'Orléans, duchesse de Guise, appelée Mademoiselled'Alençon, arriva dans cette ville en 1676 ; elle mourrut aVersailles en 1696. « Elle étoit effectivement bigote et se laissoit conduire par son confesseur », lit-on dans les Mémoires historiques d'Odolant Desnos.
(6) V. Ary Renan. - Le Costume en France.
(7) V. L'Observateur desModes, - Paris, 1820.
(8) Ratine: sorte d'étoffe de laine à poil frisé, servant à doublerles vêtements.
(9) Etoffe commune et légère de laine croisée.
(10) Froc : étoffe grossière de laine croisée. Les frocs constituaientla spécialité des fabriques de Lisieux, de Bernay et de la Beauce.
(11) Le droguet est une étoffe moitié laine et moitié fil dans legenre des ratines
(12) Etoffe mince travaillée en quadrillé comme la toile. Onfabriquait depuis longtemps cette sorte d'étamine, appeléevoile, « qui est toute de soie crue telle qu'elle vient du coton »(Trévoux). Le crépon différe de l'étamine en ce que la chaîne en esttrès torse, de là le nom de retors ou minimes suivant le degré detorsion donné à la chaîne.
(13) Tiretaine : sorte de droguet grossier moitié fil et moitiélaine.
(14) Les berluches ont la trame de laine etla chaîne de fil.
(15) La moindre de ces fabriques pourrait donner lieu à d'intéressantesrecherches. Nous nous permettons de faire appel, à cet égard, aubienveillant concours et à l'érudition des lecteurs.
(16) Lettres patentes dur Roy, sur le règlement des étoffes qui sefabriquent dans la généralité d'Alençon, données à Versailles le 16Juillet 1737, registrées au Parlement de Rouen. (Arch. de l'Orne).
(17) Encycl. Ve Manufactures et Arts.
(18) Encycl. loc. cit. - Remarquons encore que les fichus étaient enusage à Paris comme en Normandie. Les dessins sontsensiblement les mêmes.
(19) Ronsard. Ode VII à la Reine de Navarre ; liv. II.
(20) C'est avec intention que nous omettons de citer le diamantd'Alençon. Les bijoux normands que nous connaissons sont tous garnis destrass. Il n'en faudrait peut-être pas conclure au dédain absoluvis-à-vis du cristal d'Alençon, surtout au XVIIIe siècle ; mais àl'époque qui nous occupe le simili-diamant a certainement eu lapréférence.