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DEVILLE, Etienne(1878-1944) : Une mystique lexovienne au siècledernier, Catherine Bunel, 1782-1814 (1924).

Saisie du texte : S. Pestel pour la collectionélectroniquede la Médiathèque André Malraux deLisieux (16.III.2006)
Texte relu par : A. Guézou
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216, 14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@ville-lisieux.fr, [Olivier Bogros]obogros@ville-lisieux.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusion libre et gratuite (freeware)
Orthographe et graphie conservées.
Article paru dans le Journal de Rouen du11 juillet 1924. Texte établi sur l'exemplairede la médiathèque (BmLx : ms 117). 

Une mystiquelexovienne au siècle dernier,
Catherine Bunel
1782-1814
par
Etienne Deville

~*~

Un dimanche du mois de juillet 1814 s'éteignait àLisieux, après de terribles souffrances, une jeune filledont le nom et la vie ne sont connues que par un opuscule rarissime et,sans date, imprimé à Caen, chez Chalopin.
 
Sorte de livret populaire que Frère n'a pas connu, c'estplutôt une oeuvre d'édification qu'une biographieproprement dite, qui se présente sous la forme d'un petit,in-8 de 48 pages intitulé : Soupirs de Catherine Bunel,amante du Sauveur, morte à Lisieux en juillet 1814,âgée de 32 ans ; au-dessous, un buste dereligieuse encadré dans un médaillonformé de deux palmes, le tout grossièrementgravé sur bois.

Catherine Bunel naquit à Lisieux, en 1782, de parents peufortunés, auxquels elle prodigua tous ses soins durant leslongues maladies dont ils furent affligés. Rien ne laissesupposer que cette fille eut, à un moment donné,embrassé la vie religieuse. Son état decoiffeuse, écrit l'auteur anonyme du livret, qui faitl'objet de cette note, lui procura l'occasion de former à lavertu le coeur de plusieurs jeunes apprenties. Elle étaitd'une piété exemplaire, entendait la messe tousles matins et communiait plusieurs fois la semaine.

A 28 ans, en 1810, « le Sauveur lui fit entendreintérieurement quelques paroles qu'elle entendit aussi bienque si c'eût été aux oreilles du corps.» Ç'est à partir de ce moment quelle ades colloques divins, des ravissements, des extases, desappréhensions, des craintes, surtout au moment de lacommunion. Comme une autre Madeleine ou l'épouse descantiques, elle cherche avec ardeur celui qu'elle aime et sonâme est triste quand elle ne le trouve pas.

Les propos de Catherine Bunel sont empreints d’un mysticismepoussé à l’extrême ; elle enredoutait elle-même l’illusion,préférant, dit-elle « allerà Dieu par une voie simple et commune. » Suivantle conseil de son directeur, elle se fit entendre plusieurs fois, enprésence de prêtres et de dames ; elle parlait deDieu d’une manière « si affectueuse queses auditeurs en pleuraient d’attendrissement. »

L’auteur anonyme du livret cite plusieurs cas extraordinairesde la vie de Catherine, qui durent se passer entre 1810 et 1813, car ilne précise jamais l'année. Pourtant il affirmeque, le 16 mars 1813, elle ne put se pénétrer dela présence de Dieu, « ni même avoir lafoi nue ». Les l8 avril et 26 juin, nouveaux entretienscélestes rapportés tout au long, extraits d'un« Recueil beaucoup plus étendu qui ne renfermelui-même qu'une partie des communications que Dieu a faitesà cette fille vertueuse. »

Ce qu'il y a de curieux dans ces pages, c'est de constater qu'au milieudes événements extérieurs sonmysticisme ne cesse de grandir. On pourrait faire de curieuxrapprochements entre la vie de Catherine Bunel et celle de laBienheureuse Thérèse de l’EnfantJésus, la « petite voie » de cettedernière était déjà connuede Catherine Bunel et la coiffeuse de Lisieux y avait fait deremarquables progrès.