Aller au contenu principal
Corps
NOËL, Henry(18..-19..) : Croyancesproeternaturelles du Bocage Normand (1900).
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (28.X.2011)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
Adresse : Médiathèque André Malraux,B.P. 27216,14107 Lisieux cedex
-Tél. : 02.31.48.41.00.- Fax : 02.31.48.41.01
Courriel : mediatheque@cclisieuxpaysdauge.fr, [Olivier Bogros]obogros@cclisieuxpaysdauge.fr
http://www.bmlisieux.com/

Diffusionlibre et gratuite (freeware)
Orthographe etgraphieconservées.
Texte établi sur l'exemplaire de laMédiathèque (Bm Lx : Norm 148) du Pays normand, revue mensuelle illustréed'ethnographie et d'artpopulaire, 1ère année, 1900.

Croyancesproeternaturelles du Bocage Normand
par
Henry Noël

~*~

A Madame Adolbhe Orain


La Normandie n'a rien à envier ; les bonnes traditions s'y sontperpétuées.
(MICHELET, Histoire de France, II).

LA Bretagne - si pieuse et si mystique soit-elle -n'est pas, comme on serait tenté de le croire, le seul pays de Franceoù le merveilleux ait encore ses fidèles. Certes, les duz, les nains etles poulpiquets, ces djinns occidentaux ; les génies bienfaisants desdolmens et des menhirs ; les lutins facétieux qui hantent les maisonset les cimetières ; les korrigans qui vont, sous les châtaigneraies,danser au clair de lune, constituent une admirable mythologie rustique.

Mais il ne faut pas, dis-je, en conclure que la Bretagne a lemonopole des superstitions populaires. L'intelligence humaine a la soifde l'étrange et il n'est guère de contrée où les vieux paysans, dansles veillées d'hiver, ne racontent à leurs auditeurs attentifs cesrécits merveilleux dont on rit quelquefois... en y croyant toujours.

Entre l'Orne et la Vire, dans ce pays fertile des plaines deCaen et du Bocage Normand, on ne retrouve pas les esprits légers etgracieux des landes bretonnes. Les gobelins et les elfes, les fées desgrèves et des bruyères ont perdu leurs derniers fidèles et sur laSeulle, la Souleuvre ou l'Odon, la Dame Blanche des marais ne flottepas, indécise et voilée, comme celle qui conduit les pécheurs de nacrevers le tournant de Trémeulé.

Le gobelin que je viens de nommer était le korriganNormand. C'est, nous dit Mme Bosquet dans son livre La Normandie romanesque et merveilleuse (1), un très petit lutin grandcomme un brin d'herbe, « plus malicieux que méchant. Il aime les bonstours, le petit mot railleur, les farces d'écolier ; il est moqueur et rusé et ne prend au sérieux que son amour-propre ». Ledernier gobelin, au dire de M. Madelaine, lauréat du Congrès deHonfleur, habitait, il y aune vingtaine d'années, la commune deMontchamps. On l'appelait Daniel. C'était un petit être joyeux etléger, qui tenait à la fois de l'écureuil et du chat. Souvent, à labrume, les charretiers le rencontraient assis sur la route et, pour nepas l'irriter, car sa colère aurait été terrible, le priaient doucementde s'écarter et de laisser passer leurs chevaux.

M. Orain, dans Le Monde des Ténèbres en Ille-et-Vilaine, nous apprendque le gobelin normand adore les bons dîners et fait dans l'office descouvents des razzias de confitures. Il aime enfin à détacher leschevaux, à les mener boire, à tresser leurs crins, et il éprouve pourles jolies filles une sympathie très marquée. Je regrette de voircomplètement disparue la croyance en ce joyeux compagnon.

Mais si personne ne croit plus à ces mignons diablotins, les sorciers,en revanche, les jeteux de sorts qui ont, dit-on, puisé dans de mauvaislivres leur science néfaste, qui connaissent l'art de nuire par desenvoûtements et des malédictions, répandent encore la terreur dans cepays, si réfléchi pourtant et si positiviste.

Qu'on rue permette une remarque, banale peut-être : Les croyancessurnaturelles sont toujours en rapport avec l'état d'âme d'un peuple.On a dit que si Dieu avait fait l'homme à son image, l'homme le luiavait bien rendu.

Les croyances locales sur la mort et sur l'âme, sur tout ce qui estproeternaturel sont réglées souvent d'après les besoins de tous et dechacun.

Un besoin de vie, de lumière et d'amour engendra, sous l'azur éternelde la Grèce antique, une mythologie vivante, éclatante, passionnée. Les peuples du Nord, au contraire, rigides et glacés, n'ont jamais mis un sourire sur les lèvres d'Odin, un regard detendresse dans les yeux de Frida.

De nos jours, avec des différences considérables, le même phénomènese produit : En Bretagne, par exemple, où l'on croit de toute sonâme, où l'on aime de tout son cœur, où l'on ne pardonne pas, où l'ons'attache à une idée comme le lierre à l'arbre, où l'on résiste auprogrès comme le granit aux flots, - « La Normandie, c'est la conquête; la Bretagne, c'est la résistance », a dit Michelet, - les divinitésse piquent de justice et d'équité. Comme les Euménides des Grecs oules Walkyries des Scandinaves, elles sont rémunératrices du bien,bonnes à ceux qui les honorent, mais implacables pour ceux qui lesoffensent.

En Normandie, où les questions d'intérêt prennent souvent le pas surles questions de sentiment, où le joyeux Ariel (2) irait parfois seheurter dans son
vol capricieux aux murs austères d'un tribunal, où l'on respire àdéfaut de poésie la bonne odeur des terres labourées et des moissonsd'or, les divinités travaillent à l'enrichissement du plus habile etles superstitions populaires ont trait surtout à la lutte pour la vie,à la fortune que le destin protège ou fait péricliter.

Et le destin a pour ministre le Sorcier.

LE SORCIER

Je ne puis vous donner son signalement. Il peut: être unvieillard ; il peut être un jeune homme ; il ne se distingue du commundes mortels ni par son visage, ni par son costume. Prenez-gardetoutefois aux bergers enveloppés dans leurs manteaux gris, aux taupetiers armés de leurs pièges, aux domestiques bruns venus on nesait d'où, à tous ceux qui prononcent des syllabes incohérentes, desmots que personne ne comprend.
 
Jamais le sorcier n'avouera ses capacités néfastes.Insaisissable comme Protée, il ne demandera grâce et pardon que prissur le fait et vaincu.

Le sorcier connaît l'avenir.

De tout temps d'ailleurs on lui a attribué ce pouvoir et lesEddas de Soemund et de Snorri (3) - chansons de geste des North-men - nous montrent déjà des vieillards qui prédisent lesdestinées. Dans le premier chant de « Sigurd, vainqueur de Fafnir», nous voyons le héros consulter le sage Gripir sur ses prouessesfutures et sa mort glorieuse : « Montre-moi le chemin, ô frère de mamère, puisque cela t'est possible. D'ailleurs tout est déterminé paravance. »
 
Cette croyance s'est implantée très solidement dans l'âmebocaine, soeur de l'âme scandinave. Mais aujourd'hui le sorcier nefait plus usage de ce don que pour aider à la réussite de ses projetsou à la solennité de ses menaces.

On ne lui reconnaît plus le pouvoir d'évoquer les ombres. LesCloches de Corneville et quelques coups de bâton ont expliqué bien desrevenants et personne n'entend plus la « voix des âmes en peine. »
 
Le sorcier contemporain a perdu encore son antique puissance delivrer ses ennemis aux chiens damnés de la meute d'Herpin (4). Cettemeute, par les nuits sombres, ravageait les récoltes et renversait leshommes. Elle se ruait en hurlant sur les troupeaux, chassait vers lesbois les moutons parqués et pénétrait dans les cours de ferme, sifortes soient les portes et si hauts soient les murs.

Mais, au dire des bonnes gens, le sorcier peut toujours, par desformules magiques, prendre une forme étrangère. Et je retrouve là unsouvenir des Eddas : La chanson de Sigurd précédemment citée nousmontre Otur changé en loutre, Andvari en brochet et Sigurd lui mêmeprenant la forme deGunnar.

Les métamorphoses les plus fréquentes aujourd'huiseraient le changement d'un homme en loup, en chien ou en chat. Choseextraordinaire et que tout le monde vous certifiera depuis Athis jusqu'au chemin de Sallent, untireur, si adroit soit-il, ne peut diriger le canon de son arme verscette bête humaine d'un nouveau genre ! Ce n'est que par hasard qu'ill'atteint et, si elle est blessée, la bête aussitôt reprend sa formehumaine. Ceci arriva dans le canton de Villers au sorcier Despuchets.Amoureux d'une servante, il la suivait toujours sous la forme d'unénorme chien jusqu'au jour où un rival qui ne disposait sans doute pasde ce moyen ingénieux de faire sa cour, envoya un coup de fusil par lafenêtre d'une grange à ce garde du corps. Chose étonnante ! le coupporta. Chose plus étonnante encore ! on trouva, nu, sous la peau du chien, Despuchets mourant.
 
Telle habitante de Jurques ou de la Bigne m'a raconté trèssérieusement qu'au temps du sorcier Goulimas, elle avait été maintesfois bercée dans son lit de petite fille par un très gros chat plein deprévenances et d'attentions. Quand il croyait l'enfant prête às'endormir, il allait s'asseoir gravement auprès de la mère et restaitimmobile, les yeux fixes, les oreilles dressées. Mais si le pèrerentrait à la maison, le chat disparaissait subitement.
   
A Coulonces, près de Vire, un homme prenait chaquesoir la forme d'une chèvre et parcourait les chemins jusqu'à minuit defaçon à saluer sept croix. C'était une obligation à laquelle il nepouvait se soustraire. Un jour qu'il se trouvait en joyeuse compagniedans une batterie de sarrazin, de robustes camarades voulurent, quandsonna l'heure fatale, le retenir au milieu d'eux ; mais soudainretentit à la porte une tempête de coups de fouet et le sorcier perdantsa forme humaine passa par dessus la table chargée de plats et de brocset, par la fenêtre ouverte, disparut dans la nuit.
   
Les communes de Tournai, de Bremoy, de Montchauvet,du Tourneur et de Danvou - j'en passe et des meilleures - ont toutesdans leur histoire des faits similaires. Les heuliers du PlessixGrimoult vous raconteront la mort du traitre Grimoult qui fut écorchévif avec un couteau de bois- et dont la mort. fut accompagnée deprodiges. M. J. Lecoeur s'est fait dans ses « Esquisses du Bocage » (5)l'historien fidèle de ces vieilles légendes. Il les a recueillies avecun soin jaloux et son livre est un des monuments les plus précieux duFolklore Normand.

Un habitant de Vassy a, parait-il, pendant longtemps, hanté lespays voisins sous la forme d'un chien blanc. Bien souvent des chasseursou des braconniers avaient tiré sur lui et jamais il n'avait étéblessé. Une nuit cependant, il fut frappé d'une balle que le tireuravait préalablement fait bénir et il put seulement regagner sa maisonoù il mourut. avant le jour.

Un individu qu'on m'a montré à Saint-Martin-des-Besaces auraitencore un autre pouvoir : celui de faire jaillir dans la nuit desmultitudes de petites flammes. Une femme qui s'en était moquée fut, àplusieurs reprises, suivie par des chandelles qui l'éclairaient pendant qu'elle trayait ses vacheset la reconduisaient ensuite jusque chez elle.

Le même homme portait contre les animaux des malédictions qui seréalisaient. S'il disait à un propriétaire .: « Voici un cheval quimourra bientôt » ou « Tu as là une bien jolie vache ; mais elle n'irapas jusqu'à Thorigni où tu veux la vendre lundi », ces bêtes prisesd'un mal subit, tournaient plusieurs fois sur elles-mêmes et mouraient,les yeux hagards, la peau couverte d'écume, la langue hors de la bouche.

Peut-être de sérieuses autopsies dérangeront-elles à l'avenir les plansdes... esprits. Mais encore qui sait ? Anatole France a peut-êtreraison : « Nous vivons dans l'attente de ce que Demain, Demain, roi dupays des Fées, nous apportera dans son manteau noir ou bleu, semé defleurs, d'étoiles, de larmes. O bright King ton morrow ! » (6).

En résumé, les croyances du Bocage Normand à l'intervention continuellede l'élément diabolique dans les événements de la vie, sont toujoursaussi vivaces. Les progrès de la science ont détruit certaineshypothèses ridicules. Mais ce paganisme a toujours ses fidèles. Lesorcier en est le pontife, la nuit est généralement son domaine et leGrimoire est son évangile.

LE GRIMOIRE

J'aurais été très heureux de pouvoir offrir auxlecteurs du Pays Normand quelques extraits de ce livre mystérieux.Mais je n'ai pu me procurer que les indications renfermées dansl'Emondeur des Bois, roman publié en 1897 dans le Courrier de Vassy,par Pierre de la Montjoie. M. Madelaine, instituteur à Montchamps, àl'amabilité duquel je suis heureux de rendre hommage une fois de plus,publiera sans doute, un jour ou l'autre, les fruits de ses importantstravaux sur cette question et je veux simplement raconter au sujet duGrimoire une aventure qui m'est personnelle.
 
J'avais manifesté à différentes personnes le désir quej'éprouvais de me procurer un grimoire. On m'indiqua la maison d'unepersonne qui en possédait un.

Je courus chez elle. C'était une vieille femme joyeuse etconfiante qui n'évoquait nullement par son teint rosé et par sescheveux blancs le souvenir, des sorcières de Macbeth. Elle avait étéservante chez un curé, grand ennemi du malin esprit et qui, paraît-il,avait laissé en mourant quelques livres terribles.
 
Je me présentai donc chez la vieille et je lui demandai - avecbeaucoup de périphrases - si elle ne pourrait me communiquer ces pagesmystérieuses. Le premier jour, je n'obtins rien. Je revins à la charge,patiemment. Je la fatiguai de mes demandes répétées et, chaque soir,quand elle revenait de traire ses chèvres, inexorablement j'étais là.Un jour, enfin, lasse de mes visites continuelles, elle me promitpour le lendemain ce livre où les initiés seulement pouvaient lire.

Toute la nuit, je ne songeai qu'au grimoire. J'allais sans douteme trouver en face d'un de ces redoutables in-folio que Faustfeuillette avec recueillement. Ce serait un « Grand Albert » ou bienquelque « Dragon Rouge » tout plein de signes cabalistiques et d'inscriptions effrayantes : « Malheur à toiqui veux connaître mes secrets ». - « Tourne la page, si tu l'oses ».
   
Le lendemain donc, la vieille me remit, « avec dessoins pieux et des gestes mystiques » (7), un petit volume enveloppédans un gros parchemin. Ce n'était donc que cela! Mais ce livreexhalait un parfum si vénérable de poussière antique et solennelle que mes espérances ne furent. point troublées.
   
Arrivé chez moi, je développai le grimoire quepersonne n'avait pu lire... et j'aurais beaucoup ri si je n'avais ététrès déçu.
   
C'était une édition grecque du Dialogue des Morts.Pauvre Lucien ! il n'avait guère été jusqu'à cette date que la terreurdes élèves de sixième.
   
Toutefois, je dois le dire, je n'avais pascomplètement perdu mon temps. Je découvris en effet, jetées sans ordresur la couverture du livre, de brèves indications sur les superstitionslocales. Il faut sans doute attribuer le prestige de l'opuscule quej'avais entre les mains à ces lignes tracées par un de ses ancienspropriétaires.
   
Beaucoup de croyances qui s'y trouvaient consignéessubsistent encore. J'y rencontrai la superstition du nombre 13 et duvendredi.
   
J'appris que la poule noire, la chouette et lecrapaud étaient des bêtes de mauvais augure; que la poule blanche,l'hirondelle, le rouge-gorge et le roitelet étaient au contraire unheureux présage.

Le rouge-gorge porte sur la poitrine une goutte desang depuis qu'il voulut arracher une épine au front du Christagonisant.

Le reblet (roitelet) est également protégé par la main divine ; d'où ledicton :

Le reblet est un oisé du bon Diu
Si t'en tues iun, tu deviendras bossu.

Un autre dicton, plus clément, mais dont je n'ai pasles termes exacts, affirme que la main qui déniche un nid de roiteletse couvre de verrues.

Le grillon porte bonheur.

Le coucou fait gagner au jeu... N'insistons pas.

La pie est un oiseau néfaste, excepté levendredi-saint. Si, à cette date, on peut en tuer une, il suffit de lapendre au plafond d'une maison et pendant toute l'année cette maisonsera préservée des rats.
   
Pour éloigner les taupes d'une pièce de terre, ilfaut, le jour des Rois (6 janvier), allumer dans un arbre un grand feude paille et danser autour de ce feu d'après un cérémonialsoigneusement réglé.
   
Un chat ne sera fidèle à son nouveau maître et nerestera dans sa maison que si on lui frotte les pattes sur les pierresde l'âtre.
   
Enfin - et pour terminer cette énumération déjà troplongue - il faut être sans pitié pour les vaches qui beuglent et pourles poules qui chantent comme le coq. C'est presque le dicton breton :

Fille qui subèle (siffle),
Vache qui beille (beugle),
Poule qui chantele coq,
Sont trois bêtes qui méritent la mort.

J'ai voulu traiter dans cette esquisse ce queBoileau appellerait le merveilleux païen, en Normandie. Et encore ai-jevolontairement laissé de côté tout ce qui a trait aux maisons hantéescomme la Buhotière, aux monuments druidiques comme la pierre Coupée etla pierre Dyalan, aux feux follets, aux légendes qui n'ont plus cours.
 
Je laisse à d'autres, plus autorisés, la question du merveilleux chrétien. Ils raconteront, par exemple, les pouvoirsmiraculeux de saint Cellerin et la chasteté protectrice de saintMarcouf. Ils diront comment, à Clairefontaine, sainte Radegonde guéritde la lèpre, comment sainte Eulalie, saint Jacques et saint Philippedonnent un clair soleil et des arbres féconds. Ils signaleront enfinles différents cultes de la Vierge et se demanderont sous quellerubrique il faut ranger les prédictions de Vintras et les apparitionsmerveilleuses du Calvados en ces dernières années.

Que furent ces nuages roses de Jurques et d'Aunay ?

Quel prodige put courber sous un même souffle de foi naïve etpoétique les pèlerins de Tilly-sur-Seulles ?

Car Tilly, ce fut bien la plus poétique des croyances bocaines.

Un peuple suspendu aux lèvres des voyantes joignaitle Miserere du malheur à l'Hosanna de la reconnaissance. Dans l'ombrede la nuit qu'irradiait la neige des pommiers en fleurs, montait uneprière ardente à l'être inconnu devant lequel des foules s'extasiaient.Oh ! ces nuits de Tilly où la mélopée des cantiques ne s'interrompaitjamais ! ces voix aimées clamant dans l'infini ! ces visages pâlis parla lune ou caressés par la lueur tremblotante des cierges ! ces maladeslevant par un effort immense leurs bras débiles vers les branches del'Orme, et guettant au ciel ces clartés incertaines que, dans les nuitsorientales, gemmées d'étoiles d'or, interrogeaient déjà les pâtres deChaldée ! .....

Henry NOËL.


NOTES :
(1) 1845.Paris, Techener. éditeur.
(2) Shakespeare, The Tempest.
(3) Onzième siècle.
(4) Ou Hennequin.
(5) Esquisses du Bocage Normand par JulesLecoeur. Tome 1er 1883, tome 2e 1887. Morel, éditeur, Condé-sur-Noireau. A cause de l'inégalité du sol, de sonciel gris, de ses landes, de ses bruyères et des superstitions quisurvivent encore, M. Lecoeur a donné au Bocage le nom très expressifde Bretagne Normande.
(6) Le Lys rouge. IX.
(7) R. Pierre, Pour deux roses.