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BRÉARD, Charles(1839-1913) : Procèscontre les Animaux : Exécution d'une truieà Falaise (1900).
Saisie du texte : O. Bogros pour la collectionélectronique de la MédiathèqueAndréMalraux de Lisieux (05.XI.2011)
[Ce texte n'ayantpas fait l'objet d'une seconde lecture contient immanquablement desfautes non corrigées].
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Texte établi sur l'exemplaire de laMédiathèque (Bm Lx : Norm 148) du Pays normand, revue mensuelle illustréed'ethnographie et d'artpopulaire, 1ère année, 1900.

Procèscontre les Animaux
Exécutiond'une truie à Falaise
par
Charles Bréard

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PENDANT longtemps on s'est refusé à croire à l'existencede procédures contre les animaux. Le doute s'est évanoui le jour où denombreux documents ont surgi des greffes criminels. Si étranges queparaissent ces procès, ils sont authentiques. Ce qui est plus encoreinconcevable, c'est l'observation des formalités de la procédure.

En 1405, à Gisors, un boeuf fut exécuté pour ses démérites. En 1425, untaureau ayant occis un jeune homme fut incarcéré dans la prison deLouviers et condamné à être pendu aux fourches patibulaires. En 1434,le 6 mars, on paya trente sols tournois à l'exécuteur de la hautejustice à Rouen pour sa peine d'avoir trainé au bout d'une charretteune truie depuis la dite ville de Rouen jusqu'à la justice et auprèsd'icelle l'avoir pendue à une potence par ordonnance de justice pour cequ'elle avait mangé le visage et tué un enfant.

Le plus souvent, la bête était pendue par les pieds de derrière ; dansce cas on l'étranglait auparavant. D'autres fois, on lui infligeait lapeine du talion. C'est ce qu'on vit, à Falaise en 1386. Une sentenceordonna qu'avant d'être pendue une truie serais mutilée à la tête et àla jambe pour avoir déchiré au visage et au bras un enfant qui étaitmort de ses blessures.

En exécution de ce jugement, on lui coupa le grouin. Mais, chosebizarre on l'avait au préalable habillée en homme. D'après l'abbéLangevin, la truie fut affublée d'une veste, d'un haut-de-chausses, dechausses aux jambes de derrière et de gants blancs aux jambes dedevant. Cette exécution singulière demeura peinte à fresque sur le muroccidental de l'aile ou croisée méridionale de l'église Sainte-Trinitéde Falaise. Un blanchiment du mur avec de la chaux exécuté vers 1820 afait disparaitre cette peinture.

On trouve la trace des frais de l'exécution de la truie de Falaise. Undes articles comprenait un gant neuf du prix de 10 sols. Quittance dela somme fut régulièrement passée devant Guiot de Montfort, tabellion,le 9 mars 1386.

L'occasion se présentera peut-être de citer une autre curiositéjudiciaire : la condamnation d'un coq accusé de sorcellerie.

Ch. BRÉARD.

VOIR AUSSI : Curieusesexécutions en Normandie au Moyen-âge (1892).