Messagedu 9 Février 1895
Q
UE ferait-on bien pour passer lasoirée ?
On ne peut pas toujours parler, on ne peut pas toujours boire, et l'onne peut pourtant pas lire tout le temps les gazettes, surtout qu'ellesne sont pas si plaisantes et qu'on ne sait vraiment plus qu'y mettrepour noircir le papier.
Celui qui est marié trouve aisément àpasser la soirée, quand les enfants sont allésdormir.
Il a quelqu'un avec qui causer : tout en fumant sa pipe, ilécoute sa femme lui raconter ce qui s'est passéle long de la journée.
Mais ceux qui sont garçons n'ont pas cetamusement-là.
Amusement, dis-je, c'est encore à voir. Chaque jour du bonDieu, faire la même chose, il n'est pas certain que ce soitsi joyeux qu'on veut le dire !
Oh ! si nous étions dimanche ou jeudi, il n'en serait pas demême, et nous ne serions certes pas dans l'embarras.
Ces deux jours-là, les soirées paraissent tropcourtes, n'est-ce pas, mes, enfants ? On ne se demande pas ce qu'onferait bien pour passer le temps.
Ce sont les jours où l'on courtise. Dés qu'on estrevenu de l'ouvrage, on soupe au galop, on enfile un sarrau propre, et,vite, en route, pour aller voir Mayon !
Mais les autres jours, pour l'amour du bon Dieu, que ferait-on bien ?
Heureusement que les cartes n'ont pas été faitespour les chiens et que, quand on s'ennuie, on peut jouer quelquesparties.
A deux, on choisit le piquet, mais si la chance veut que l'on soità quatre, on joue un
match. (1).
Pour mon compte je ne connais pas de jeu plus amusant quecelui-là.
N'est-ce pas vrai, peut-être ?
Savez-vous rien de plus joyeux que quatre bons camarades qui jouentun
match?
Ils sont là, assis à la table, leur tas de petitssous devant eux, ils ont chacun leur pipe aux dents, et la chambre esttoute bleue de fumée.
A tous moments, ce sont des éclats à n'en plusfinir. C'est l'un d'eux qui fait double, un autre qui mêledeux fois de suite, un sou qui n'a pas étépayé, l'as appelé qui se fait re-couper ou bienle
speetch(2) qui ne tombe pas au premier pli...
Et le temps passe sans qu'on ne s'en doute tant on s'est bienamusé.
Vers dix heures, on va dormir, content de la soirée.
On a perdu ou gagné trois sous et l'on n'a pas dit du mal deson prochain, ce qui est rare aujourd'hui !...
Chaque fois que l'on voit deux personnes s'arrêter pourcauser on peut quasiment affirmer qu'elles médiront d'unetroisième, et que, sur dix camarades que l'on a, il y a neufmauvaises langues.
« Et savez-vous bien ceci, et savez-vous bien cela ? etavez-vous entendu dire de Fifine ? Vous a-t-on raconté quele grand Louis avait battu sa femme et que le fils de Garitte ne lui arendu que douze francs pour son mois ? ne dites pas que c'est moi quil'ai dit, savez-vous, ne me mettez pas au jour pour rien ; je ne veuxpas être mêlé à tous cesvilains commérages ! »
N'est-ce pas ce que l'on entend toujours dire et n'est-ce pas ainsitout le long du chemin ?
C'est assez malheureux, allez, de voir tant de bonnes gens n'ayant quece plaisir-là, passer les trois quarts de leur vieà jeter le poison sur les autres, ils tâchent desavoir ce qui se passe dans les ménages, d'apprendre cequ'on fait, ce qu'on dit, ce qu'on boit, ce qu'on mange et ce qui cuitdans la marmite.
C'est un bonheur pour eux de constater que quelque chose ne va pas.
Pour moi, quand je rencontre un individu de cette espèce quim'arrête pour médire, je m'en vais tout de suite ;sinon, je me fâcherais - et je taperais dessus !...
Il y a encore d'autres gens pour lesquels il nous faut destrésors de patience. Je veux dire ceux qui, sansdéchirer personne, se mettent à nous raconterleurs malheurs, leurs guignons, leurs ennuis, et tout ce qu'ils ontsubi de triste durant leur existence.
Si, d'aventure, vous les rencontrez, où que ce soit, sur lesroutes, dans le train, à un enterrement ou à unevente, - il faut que tout le chapelet y passe. Et les trois quarts dutemps, ils ne sauraient raconter leur vie sans pleurer.
C'est pourtant assez pénible d'entendre cesbavardages-là. Ils sont sans fin et, l'on peut bien prendrecourage : celui qui raconte ses malheurs et ses misères n'apas vite fini !
On a pourtant assez de peine et de tourments soi-même, sanss'embarrasser des sou-cis des autres.
Ainsi voilà moi : j'avais une bonne-amie, il n'y en avaitpas de plus gentille. Et croiriez-vous qu'un jour.....
Vous voyez bien, j'allais me mettre moi-même àraconter tout ce qui m'est arrivé de triste.
Et sûr qu'il n'y aurait pas eu assez de place dans toutle
Mestré(3) car j'ai passé les sept croix, savez-vous, moi !
C'est le moment de me taire. J'ai beaucoup parlé pour nerien dire, mais je ne veux pas laisser le débat ainsi sansvous donner deux bons conseils.
Le premier, c'est celui-ci : quand l'un ou l'autre vous dira du mal dequelqu'un, fût-ce d'un étranger,répondez tout bonnement que vous ne vous souciez pas de ceque font les autres et que vous n'avez pas le tempsd'écouter des bêtises.
C'en sera assez.
Voici le deuxième, et il vaut encore mieux ! Quand vousentendrez un homme, ou même une femme, se plaindre et direqu'elle est malheureuse sur la terre, dites-lui d'emblée :« Lisez le
Mestréet vous ne songerez plus à tout cela ! »
Message du 30 Mars 1895
C
ETTE fois-ci, nous pouvons êtresûrs que le bon temps va revenir : la semainedernière j'ai vu repasser les grues et j'airencontré des vélocipèdes sur lesroutes.
Pour les grues, c'est chaque année la même chose.Mais pour les vélocipèdes, il y en a toujoursdavantage ; c'est étonnant ce que cette clique pullule detous côtés. C'est encore pire que les lapins !
Heureusement qu'elle ne fait pas autant de tort aux habitants de lacampagne. Maintenant, en été, par les beauxjours, si vous faites un tour, vous rencontrez à tousmoments des hommes à roulettes. Les routes en sont couverteset, à l'instant où vous entendez l'alouettechanter en s'élevant, c'est soudain derrière vousdes « tutûtes » (4), " tutûtes„ qui vous font sursauter ; et, comme la foudre, c'est unhomme à roulettes qui passe à voscôtés.
Je ne veux pas de mal aux vélocipèdes, bien loinde là. Mais cela me fait de la peine de les voirgâter le paysage.
Avant l'invention de ces mécaniques-là, lescampagnes, le dimanche, étaient endormies au soleil ; onn'entendait que les oiseaux et les ruisseaux.
Comme il faisait bon se promener alors, un livre à la mainou une bonne amie à son bras !
Pour se reposer, on entrait boire du lait dans la premièreferme venue. C'était bien meilleur que le verre de bockqu'on trouve dans toutes les maisons des villages depuis qu'il passedes vélocipèdes ; les paysans savent bien que lebock est le lait des hommes à roulettes!
Oh oui! ils gâtent la campagne, car ils ont fait changerjusqu'aux enseignes des cabarets : on n'y lit plus, àprésent, que des «
Repos des cyclistes» ou bien «
Auxvélocipédistes ».
Elle est bien au diable, allez, la vieille branche de sapin pendue audessus de la porte et qui jadis servait d'enseigne aux cabarets. Maislaissons-là les hommes à roulettes, car jecommencerais à en dire du mal...
Parlons d'autre chose.
Mais de quoi parler, pour l'amour de Dieu? En tous les cas, pas desFlamands, parce que je me fâche tout de suite quand il s'agitd'eux.
Je ne parlerai pas des femmes ; je n'ai pas le temps ; ni des maladies,car on n'a entendu parler que de cela ces temps derniers et j'en suisfatigué. D'abord nous avons assez de peine, et de tracaspour qu'il nous faille parler des Flamands, des femmes et des maladies,qui sont bien, à mon sens, les trois plus grandes plaies dela terre !
Essayons de trouver quelque chose de plus joyeux... parlons un peu dupremier avril, car c'est déjà lundi ; comme letemps s'en va, n'est-ce pas, mon Dieu ! c'est triste.
Il y en aura encore beaucoup de bafoués, da, lundi prochain! Bien des gens de la bonne année vont êtreenvoyés de l'un à l'autre à larecherche d'huile de bras, d'une manne d'eau ou de cinq litres devapeur !
Le premier avril devrait être appelé le jour desinnocents : c'est bien ce jour-là qu'on reconnaîtceux qui méritent de passer pour tels.
Et comme on rit de bon coeur ; quels éclats quand celuiqu'on a chargé d'une commission revient tout penaud ou toutfâché parce que l'on s'est moqué de lui!
Le plus beau du jeu, c'est que tout le monde se laisse prendre.Pourtant, personne ne veut passer pour innocent.
Ainsi, voilà moi, qui ne suis pas plus bête qu'unautre, il n'y a pas tant d'années, j'ai cherchéjusqu'à tomber mort, durant trois heures, dans toutes lesboutiques de Huy, un demi-kilog. de cuir de poisson que mon vieuxcousin le cordonnier m'avait demandé d'acheter pour lui.
Depuis, je me suis toujours méfié, et, pourêtre plus sûr, le premier avril, je ne sors pas dema maison. Oh ! non cela, je ne me mettrais pas en route pour un empire; pas même pour aller voir un combat de coqs.
J'en suis amateur, savez, pourtant. Je ne connais rien au monde de plusamusant que de voir se battre deux vieux coqs. C'estdéfendu, direz-vous. Je le sais bien. Mais c'est justementpour cela qu'on s'y amuse tant. On est là, tous ensemble,autour du treillis. On fume sa pipe, on dit des bêtises, onrit et l'on blague.
Tout d'un coup, on ne rit plus : on vient de mettre les combattantsdans l'enceinte. Comme la foudre, les bêtes seprécipitent l'une sur l'autre et commencent às'éperonner.
C'est alors qu'il faut entendre le brouhaha !
Les parieurs crient au plus fort. Et celui qui n'est pas au courant decela se demande comment tous ces aboyeurs peuvent se comprendre et seretrouver dans leurs paris.
Pendant ce temps-là, les deux coqs, toutensanglantés, ne font que se lancer l'un sur l'autres'excitant à coups de bec et d'éperon !
Beaucoup trouvent cela méchant, et ne conçoiventpas comment on peut aimer de tels plaisirs. A ceux-là, je nedirai qu'une chose : c'est qu'il s'agit d'un coq se battant contre uncoq, tandis que des gens, qu'on ne trouve pas méchants,tirent aux pigeons pour se distraire.
Je n'ai pourtant jamais entendu dire qu'un pigeon se fûtrevengé.
Message du 24 Avril 1895
N
OTRE camarade, le vigoureux
Spirou, (5) disaitl'autre jour, qu'il avait une bonne nouvelle à annoncerà ses lecteurs : que la
Sociétéliégeoise de littérature d'accordavec quasi tout le monde, allait demander et tâcher de fonderune « Académie Wallonne ». Dommage,seulement, d'apprendre cette nouvelle le premier Avril.
Sinon, je crois que nous aurions été tous biencontents de savoir qu'on allait enfin se remuer un peu et pousserensemble à la roue pour faire marcher un peu mieux lesaffaires.
Il n'y aurait certes aucun mal.
Car il est temps que nous mettions le holà, si nous nevoulons pas qu'un beau jour - ou, plutôt, un laid jour ! -les flamingants nous viennent manger l'âme.
Ah ! si la
Sociétéliégeoise avait voulu, comme elle aurait bienmené le mouvement! N'avait-elle pas tout ce qu'il fallaitpour cela ? des hommes instruits, des gens riches et toutes sortes dechoses qu'il est inutile d'énumérer.
Mais non, elle reste où elle est ; pour rien au monde on nelui ferait faire un pas de plus. C'est malheureux ; maisvoilà, il faudra bien marcher sans elle.
Malgré moi, quand je considère lemouvement wallon, je songe en voyant les auteurs, lessociétés, les théâtres etles gazettes, je songe, dis-je, aux petits ruisseaux qui courent dansles prés, en chantant, et qui font plus de bien auxcampagnes que le grand étang immobile, resserrédans les roseaux.
A parler de ruisseaux et d'étang, je pense que ceux quihabitent le long de la Meuse ou de l'Ourthe, l'ont encoreéchappé belle cette année.
Si toutes les pluies des jours derniers étaienttombées quelques semaines plus tôt, au moment dudégel, ç'aurait encore étéplus affreux qu'en l'an 1880.
Un monsieur, tout en bavardant, me disait l'autre jour: « Oh!les grandes eaux, ce n'est rien : elles ne sauraient faire que du bienaux bouteilles de Bourgogne ! » Il faut vraiment ne passavoir ce que sont les grandes eaux pour parler ainsi.
Je dis moi, que c'est, de beaucoup, plus terrible que le feu.
D'abord, le feu, même le plus fort, ne brûle jamaisque deux ou trois maisons : on parvient toujours à lemaîtriser en quelques heures.
Mais les grandes eaux ! Elles ne se contentent pas dedétruire quelques maisons ; elles ravagent, enmême temps, maints et maints villages, et ce n'est pas en peud'heures qu'elles se retirent ; il leur faut quelquefois huit jours !
Et, quand elles sont parties, le danger ne l'est pas, lui. Car, biensouvent, des boues et des limons abandonnés par les eaux,s'exhalent des poisons qui répandent la maladie parmi leshabitants de ces maisons humides. Dirait-on jamais, enété, quand on se promène le long del'eau et qu'on regarde la belle Meuse, toute reluisante de soleil,porter les petites nacelles et courir sans bruit, comme la pluspaisible des eaux, dirait-on jamais qu'elle a étédéjà - et qu'elle peut encore être unjour ou l'autre - si méchante et si dangereuse ?
Elle est encore plus fausse qu'une bonne-amie ! Plus fausse qu'unebonne-amie, ce n'est pas peu dire, pourtant. Car, dans cetteespèce-là, la plus honnête ne vaut rienau monde ; et quand la plus franche et la plus gentille vous diraquelque chose, si même vous êtes sûr quec'est vrai, eh bien ! méfiez-vous tout de même !
Il ne faut pas croire, savez, pourtant, à m'entendre parlerainsi, que je ne les vois pas volontiers : vous vous tromperiez, car jesuis aussi sot et aussi innocent que les autres !
Mais j'ai bien choisi, - et je ne puis mal - moi, avec la mienne.
D'abord, elle est muette, ce qui fait que je n'ai jamais àme plaindre de ses bavardages. Puis, elle n'est pas trop maligne, cequi fait que nous nous entendons toujours bien. Et, comme elle estaussi laide que le péché, je ne redoute personne,et cela ne m'inquiète pas de la laisser toute seuleà la maison quand je vais par monts et par vaux.
Aussi, quand je dois donner quelques bons conseils à unjeune homme qui veut se marier, je lui dis toujours : Mongarçon, si vous voulez garder votre femme, prenez-en unelaide.
Si vous ne voulez pas passer pour une bête, prenezune femme qui ne soit pas aussi maligne que vous : peut-être,en cherchant bien, en trouverez-vous une. Puis, si vous voulezêtre son maître, à lapremière raison déplacée, tapez dessus! De cette manière, le ménage peut encoreêtre quelque chose d'assez plaisant pour celui dont c'est legoût.
Mais, je le dis, il ne faut pas avoir peur de se faire de la peine nide se donner du mal pour trouver une femme qui convient.
Ce n'est pas pour le temps que cela prend, car on est toujoursattrapé assez vite.
Message du 13 Juillet 1895
C'
EST ce mois-ci que les examens commencentà l'Université. Je suis bien sûr queles trois quarts des étudiants ne songent plus qu'aux laidsmoments qu'ils auront à passer dans quelques jours.
Et, ceux qui se sont un peu amusés durantl'année, se cassent la tête, nuit et jour, pouressayer de rattraper le temps perdu et être prêtsau moment voulu.
Bien aimé bon Dieu, si on était jamais« busé » (6) quelle vilaine affaire ceserait ! Les parents fâchés, qui vont bouder etserrer les cordons de leur bourse! Les vacancesgâtées ! Faire une croix sur levélocipède et écrire à sabonne-amie qu'on ne pourra plus la voir d'ici à longtemps !Voilà tout ce qui tombe sur la tête del'étudiant qui a eu le malheur d'échouer.
Tout cela ne serait rien, pourtant ; le pis c'est que, plus tard, quandil sera docteur, ingénieur ou avocat, le pauvregarçon qui aura raté un examen, trouvera toujoursdes gens qui s'en souviendront, et qui ne manqueront pas de le luimettre sous le nez.
Cependant, quand on y songe bien, qu'est-ce que cela veut dire, lesexamens ?
Rien du tout, me semble-t-il.
Pensez-vous qu'un docteur qui aura passé tous ses examensavec la plus grande distinction aura mieux le tour de guérirquelqu'un que celui qui aura mis huit ans pour obtenir undiplôme?
Non, savez !
Les docteurs, les bons comme les mauvais, parviendront toujoursà sauver les gens de toutes les maladies - sauf d'unepourtant : la dernière.
Et dire qu'il y en a qui ne jugent les hommes que sur leursdiplômes et leurs certificats !
Ils ne voyent pas, les innocents, que, bien souvent, ceux qui ontétudié sont beaucoup plus à plaindreque les autres.
Par le temps qui court, je vous le demande, ne vaut-il pas cent foismieux pour un jeune homme qui n'a pas de rentes, de mener la charrue oude faire des souliers que de savoir lire le latin et d'avoirmisère ! Comme ils mentent, ceux qui disent quel'instruction mène les hommes à tout !
Qu'ils voient un peu où sont les trois quarts desdiplômés.
Ils sont là, tous ensemble, à se presser l'un surl'autre pour entrer le premier dans un bureau, où estvacante une place de neuf cents francs.
La grande cause de tout cela, c'est que l'onrépète sans cesse aux petits enfants qui sontà l'école, et qu'on leur met en têtequand ils sont encore jeunes : que celui qui est le premierà l'école, restera le premier dans la vie.
Et le sot, ma parole, qui croit cela, s'épuise àétudier pour monter toujours plus haut.
Et, quand, à vingt-cinq ans, il dégringole etretombe au ruisseau, sa seule consolation est de souffrir beaucoup plusqu'un autre qui n'aurait pas tant étudié.
Quand je pense bien à tout cela, je vais encore plus loin.Et je me demande sérieusement si les étudesrendent les gens plus malins.
Il me semble que non.
Car bien souvent je vois autour de moi des avocats, des docteurs, desingénieurs qui ne savent rien, mais rien au monde, quiparlent de tout avec n'importe qui, parce qu'ils ont passéleurs examens à l'Université.
Il y avait encore l'autre jour dans mon jardin un avocat qui me disaitque j'avais de belles carottes, et, cela, en me désignantsix rangs de betteraves !
Vous voyez bien que ce n'est pas le tout d'être avocat.
Et il y a encore d'autres preuves.
Regardez : voilà moi, par exemple. Je voulais êtreavocat: au premier examen, j'ai échoué ; j'ailaissé la chose ainsi ; je voulus entrer au Conservatoire :j'échouai encore. On ne me voulut nulle part oùil y avait des examens à passer. Pourtant, je suis biendevenu rédacteur au Mestré.
Et malgré mes échecs, on ne m'a jamaistrompé dans mes marchés.
Je parie même que, pour la malice, il n'y a pas un notaireà m'égaler.
Notes :
(1) Jeu où la dame de pique est atout.
(2) Le 7 d'atout.
(3) Titre d'un journal wallon.
(4) Pour le son de la trompette que l'on employait avant les cornes etles timbres.
(5)
Ecureuil(titre d'un journal).
(6) Si l'on échouait.